Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • LA MAISON USHER

    Maison usher laCoup de coeurLa maison Usher
    Scénario : Jean DUFAUX
    Dessin : Jaime CALDERÓN
    Couleurs : Jaime CALDERÓN
    Adapté de La Chute de la Maison Usher par Edgar Allan POE
    Dépot légal : 22 novembre 2023
    Editeur :
    Delcourt
    Format : 25,6 x 34 x 1,4 cm

    EAN/ISBN : 978-2-413-03818-4
    Nombre de pages : 72

    Damon Price est joueur professionnel de poker. S’il adore le jeu, ces derniers temps la chance semble l'avoir abandonné. Battu à plate couture par King Leon en personne, il sait qu’il aura fort à faire pour s’en sortir. Cette fois, on dirait bien qu’il va devoir rembourser ses dettes. King Leon ne lui laisse que 24 heures pour trouver l'argent. Damon ne voit pas d’autre échappatoire que d’emprunter l’argent que Nina, sa petite amie qui travaille pour une certaine Madame Michelle, a mis de côté pour qu’ils puissent s’enfuir ensemble. Si Nina sensible à sa détresse accepte de l'aider, ses économies ne suffiront pas. Pour combler le manque, elle propose d’honorer un contrat avec M. Findler, un riche client de Madame Michelle… Soulagé et rassuré, Damon la quitte. À peine dehors, une berline noire tirée par deux chevaux surgit. Damon s’en approche mais dès qu’il ouvre la portière une puanteur épouvantable s’en dégage et il remarque comme des trainées de sang sur les parois du véhicule. Troublé par cette rencontre, Damon se dirige vers un troquet où un homme se disant écrivain l’interpelle, semblant connaître son avenir. Lorsque Damon se présente chez Madame Michelle pour voir Nina, il apprend qu’elle a subi les pires atrocités de la part de M. Findler. Se sentant désemparé, Damon pense trouver de l’aide auprès d’Olaf Fergusson, le prêteur sur gages. Mais dans sa boutique, il retrouve cette même odeur nauséabonde jusqu’au moment où il découvre le cadavre d’Olaf. Et en sortant, il tombe sur King Leon et ses hommes. Sa seule issue est de fuir mais soudain la berline qu’il avait croisée auparavant surgit à point nommé. Le cocher l’invite à monter. L’odeur putride est toujours bien présente. Avec Damon pour seul passager, la berline va poursuivre son chemin pendant deux jours… le menant tout droit à la Maison Usher alors qu’il est bien loin d’imaginer les horreurs qui l'attendent.Maison usher la planche 1

    Mon avis: Il fallait oser adapter en BD l’une des plus célèbres nouvelles d'Edgar Allan Poe. Jean Dufaux se l'est parfaitement appropriée.
    La première chose que l'on ressent en lisant cet album, c'est la tension qui s’installe dès les premières pages, une certaine mélancolie et qui s’intensifie avec l’arrivée de cette berline noire. Ensuite, l’impressionnante Maison Usher, sorte de manoir sombre et sinistre, semble nous observer et installe une pression constante. L’atmosphère est oppressante. À l'intérieur ce sera encore pire !

    Adaptant le texte d’Allan Poe, Jean Dufaux procède à quelques aménagements dont il a le secret. Poe fait partie du récit en la personne de cet écrivain, de cette histoire, qui nous raconte tout ce qui arrive à Damon comme une fatalité. Dufaux ajoute également une touche d’action imprévue avec King Leon et ses hommes.
    Le mélange du fantastique avec l’horrifique fonctionne et la maison omniprésente en devient un acteur à part entière.Maison usher la planche 2
    La deuxième chose qui frappe à la lecture de l’album, c'est la symbiose qui existe entre le récit de Jean Dufaux et le dessin extraordinaire de Jaime Calderón.
    Connaissant le dessin fouillé jusqu’au moindre détail de Jaime Calderón, je pensais être ralenti dans ma lecture. Pas du tout. Au contraire, c’est d’une fluidité déconcertante, on vit le récit, on ressent chaque émotion, chaque peur à chaque page, à chaque instant.
    Les deux narrations, tant écrite que visuelle, sont étroitement mêlées. C'est exceptionnel.
    Cela faisait longtemps que je n'avais plus ressenti un tel effet. Cela remonte aux épisodes des Uncanny X-Men magnifiquement écrits et dessinés par Chris Claremont et John Byrne. J'espère que d'autres lecteurs auront ce même sentiment de narration quasi parfaite !

    Encore une fois le dessin de Jaime Calderon est d'une beauté rare. Une beauté sombre, inquiétante dès la couverture. Devant la silhouette d’une maison plongée dans la pénombre, à peine éclairée par un rayon de lune, une femme descend un escalier en tenant un chandelier qui projette son ombre fantomatique sur le mur/la façade. On est bien dans l'épouvante, l'horrifique comme le confirme la vision de la maison dès la première page. Ensuite, chaque case est un tableau qui transmet son lot d'émotions et de surprises.
    Le récit se poursuit largement agrémenté d’ellipses qui assurent une lecture visuelle des plus fluides. Maison usher la planches
    Jaime Calderón comme à son habitude a travaillé chaque détail avec soin et minutie mais cette fois il a volontairement conservé la majeure partie de son trait de crayon et de ses ombrages.
    Maîtrisant (enfin) son travail du début à la fin, il a lui-même réalisé la mise en couleurs par ordinateur sans écraser ses propres crayonnés mais en leur donnant encore plus de volume, de clarté, de lumière même dans les cases les plus sombres.

    Maison usher tirage de tete par jaime calderon et jean dufaux[NB : Un tirage de tête N&B en nombre très limité au format 40x30 cm et sans les bulles de texte, avec couverture inédite et suppléments a été réalisé par Les Corsaires de la BD qui permet d’apprécier à sa juste valeur la performance graphique que constitue le travail de Jaime.]

    L’album est enrichi du texte de la traduction originale de Charles Baudelaire de la nouvelle La Chute de la Maison Usher d'Edgar Allan Poe agrémenté d’illustrations de Jaime Calderón au crayon.

    Un bijou !

    SDJuan

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  • GUNMEN OF THE WEST

    Gunmen of the westScénario : Tiburce OGER, 
    Dessin : Dominique BERTAIL, Benjamin BLASCO-MARTINEZ, Stefano CARLONI, Jef & Nicolas DUMONTHEUIL, Eric HÉRENGUEL, Laurent HIRN, Paul GASTINE, Hugues LABIANO, Félix MEYNET, Christian ROSSI, Ronan, TOULHOAT, Olivier VATINE
    Couleurs : Emilie BEAUD, Dominique BERTAIL, Stefano CARLONI, Laurent HIRN, Paul GASTINE, JEF, Jérôme MAFFRE, Jack MANINI, Isabelle MERLET, Félix MEYNET, Christian ROSSI, Jean-Jacques ROUGER, Olivier VATINE
    Couverture : Laurent HIRN
    Dépot légal : Novembre 2023
    Editeur : Bamboo Édition
    Collection : Grand Angle
    Grand format 244 x 320 mm
    EAN/ISBN :979-10-41103-98-0
    Nombre de pages : 112

    Un jeune homme dissimulant le bas de son visage sous un foulard pénètre dans une armurerie pour la dévaliser. Gardant son calme, l’armurier n’hésite pas à l’interpeller en lui déclarant que rien ne vaut la peine de braquer quelqu’un. Il entreprend alors de lui raconter l’histoire des armes présentées dans ses vitrines, de lui dire à quels hors-la-loi elles ont appartenu et de quels crimes, tueries ou massacres elles ont été responsables, autant de témoignages de l’histoire violente et sans pitié de l’Ouest. Par exemple, ce fusil Kentucky à silex propriété des sanguinaires frères Harpe ou ce Colt 1851 ayant appartenu au célèbre bandit californien Tiburcio Vasquez condamné et exécuté en mars 1875…  Au fil du récit, l’armurier devenu notre "conteur" va réussir à s’attirer la confiance du jeune voyou et le remettre dans le droit chemin.Gunmen of the west planche

    Mon avis : Après Go West Young Man en 2021, Indians en 2022, Tiburce Oger que l’on sait connaisseur et amoureux du Far West et du genre western nous propose Gun Men of the West couvrant la période 1799-1916. Ce troisième album sur l’Ouest américain composé de plusieurs histoires dessinées par autant d’auteurs se développe selon une même trame, une sorte de fil conducteur pour chaque album, une montre passant de main en main dans le premier, un aigle survolant les terres indiennes dans le deuxième et, cette fois, en guise de point commun les armes utilisées par des hors-la-loi animés par la violence, la révolte ou la vengeance. Quoi de mieux pour nous conter toutes ces histoires qu’un armurier ! Excellente idée de Tiburce Oger. Un album très riche et captivant, abondement documenté autour d’une douzaine de récits durs et violents, sans transition, basés sur des faits réels.
    Tous reflètent bien ce qu’était la vie à l’époque du vrai Far West, avec un danger pouvant surgir à tout moment et de n’importe où et une impunité ou quasi-impunité de tous ces bandits et criminels tant qu’ils échappaient à la justice ou qu’ils n’hésitaient pas à en abattre les représentants.
    Une belle collection de récits courts, peut-être trop courts pour certains, qui en tout cas s’inscrivent bien dans l’esprit recherché. Gunmen of the west planche autre
    Côté dessin, Tiburce Oger s’est entouré de dessinateurs de talent pour illustrer ses récits depuis le premier tome.
    Des virtuoses qui se sont déjà frottés au genre western comme Rossi, Bertail, Labiano, Meyer, Meynet, Herenguel, Blasco-Martinez, Vatine, Dumontheuil, etc. mais aussi la belle surprise d’y trouver depuis le tome 2 un certain Laurent Hirn (à qui l’on doit la couverture) mais aussi pour ce nouvel album Stefano Carloni, autant de dessinateurs qui sont des champions de la narration visuelle et de la mise en scène cinématographique.
    Un très bon choix une fois encore d’illustrateurs ayant pour la plupart réalisé eux-mêmes la mise en couleurs de ces 11 portraits de hors-la-loi.
    Les trois albums de la série sont déjà, pour moi, des incontournables de la BD.

    En fin d'album : 4 pages de portraits et d'archives. À noter qu'il existe deux autres versions de cet album, la première de luxe N&B avec une couverture de Gastine et la seconde avec une couverture variante de Toulhoat en exclusivité Fnac.

    Gunmen of the west version n b Gunmen special fnac

    SDJuan

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  • COMPLAINTE DES LANDES PERDUES - CYCLE 4 - T3

    Complainte des landes perdues les sudenne 3Tome 3  . La folie Seamus
    Scénario : Jean DUFAUX
    Dessin : Paul TENG
    Couleurs : Bérengère MARQUEBREUCQ
    Dépot légal : Octobre 2023 
    Editeur :Dargaud
    Cycle 4 - Les Sudenne
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-505-11360-7
    Nombre de pages : 56

    J’ai déjà écrit ici tout le bien que je pensais du cycle Les Sudenne dessiné par Teng pour La Complainte des Landes perdues scénarisée par Dufaux.  
    Ce n’est pas ce 3e volume qui va me faire changer d’avis.  
    Tout y est parfait.  
    Les traits si purs, si attirants d’Aylissa ou de Sioban.  
    La force de leurs regards, leurs yeux véhiculant tant d’émotions diverses.  
    Les ambiances sombres.  
    Les couleurs et les éclairages de Bérengère Marquebreucq.  
    Les éléments fantastiques.  Complainte des landes perdues cycle 3 tome 3 plancheUne arme terrible, le Fitchell aux ordres du mental d’Aylissa.  
    Elle a envoûté Seamus mais ça ne suffit pas.  
    Elle veut la mort de ce Chevalier du Pardon.  
    Sioban parviendra-t-elle à le sauver?  
    L’aide du Cryblood annihilera-t-elle la Magie Noire utilisée par Aylissa?  
    Teng est vraiment à l’aise dans cet univers.  
    Son dessin a tellement de force dans les scènes inquiétantes nimbées de magie térébrante, dans les scènes d’action.  
    Comme pour les traits et les positions des personnages qui vivent, souffrent, espèrent… devant nos yeux.  
     

    M.Destrée

  • Astérix - L’iris blanc

    Asterix l iris blancTome 40 - L'Iris blanc
    Scénario : FABCARO
    Dessin : Didier CONRAD
    Couleurs : Thierry MEBARKY
    Dépot légal : 26 octobre 2023
    Editeur : Hachette
    Format normal 228 x 294
    EAN/ISBN : 978-2-01-400133-4
    Nombre de pages : 48

    Comme tous les deux ans désormais semble-t-il, le nouvel album des aventures d’Astérix, "L’iris blanc", vient de sortir, toujours avec Didier Conrad aux dessins, mais cette fois, après 5 albums, Jean-Yves Ferri cède la place à Fabcaro au scénario. Fabcaro, c’est un peu le touche à tout de la culture, à la fois scénariste de BD, auteur de romans, musicien et même illustrateur de jeux de société. Pas forcément celui qu’on attendait pour prendre en charge les tribulations du petit gaulois et de son village. Il s’en tire cependant relativement mieux et aurait même tendance à rehausser le niveau général de la série. Mais nous y reviendrons.Asterix l iris blanc page 5Alerte à Rome ! Les légions de César n’ont plus de motivation pour combattre, en particulier les irréductibles ! César ne sait plus à quel saint se vouer. Intervient alors le médecin-chef des armées, Vicévertus, qui prône la méthode de l’iris blanc, censée lutter contre le négativisme ambiant à grands coups de maximes et de sentences, et en favorisant le bien-être personnel. Mal convaincu, César donne sa chance à son médecin en l’envoyant au camp de Babaorum, pour soumettre le village gaulois. L’entreprise semble sur le point de réussir, les gaulois prompts à se battre se laissent mollir, ils trouvent même des circonstances atténuantes à Assurancetourix le barde. Il trouve en particulier une oreille attentive en la personne de Bonnemine, la femme du chef. Heureusement, Astérix veille au grain… Un peu comme dans le Devin ou la Zizanie, l’Iris Blanc met en scène une forme de péril pour le village gaulois, un péril intérieur venu de l’extérieur. Mais ici, ce n’est pas la bagarre qui fait loi, plutôt la pensée positive. Vicevertus, bien plus malin et sympathique que celui dont il est inspiré, BHL, montre aussi les limites de son enseignement.

    Didier Conrad est parfaitement à l’aise dans la reprise des personnages au point qu’il devient difficile désormais de faire la différence entre ses traits et ceux du Maître Uderzo. À noter cependant que son César m’a semblé un peu différent des précédents, les traits plus ascétiques, un petit quelque chose en moins ou en plus.Asterix l iris blanc plancheNouveau venu dans l’univers des Gaulois, Fabcaro s’en tire admirablement malgré un cahier des charges que l’on imagine très lourd au vu de cette BD au tirage gargantuesque, 5 millions d’exemplaires. On y trouve donc quelques scènes savoureuses, comme cette Société Nouvelle des Chars et du Foin, toujours en retard de plusieurs sabliers en raison d’incidents sur la voie, la clarinette et le charri’lib, clin d’oeil au vélib, le musée de Kébranlix, le pot-pourri des chansons d’Assurancetourix, mais aussi quelques citations cinématographiques ou politiques qui ont fait date, comme les sesterces de dingue (un pognon de dingue), on ne peut pas tremper mille fois mille personnes (clin d’oeil à la Cité de la peur), Que la force soit avec vous, et l’esprit sain dans un porcin… Il y en a bien d’autres à découvrir. Une des scènes les plus savoureuses reste sans doute celle où les sangliers deviennent eux aussi adeptes de la pensée positive et se comportent comme des chats devant Obélix au point que celui-ci en perd presque le goût de la chasse, ou les Romains qui se félicitent presque de se faire taper dessus. Depuis le combat des chefs, on n’avait également pas vu Abraracourcix prendre une telle place dans un album. La conclusion reviendra à Panoramix qui, sans condamner la méthode, pense qu’elle conviendra peut-être aux générations futures…

    L’Iris Blanc se referme avec la satisfaction d’avoir pu lire un bon album d’Astérix, une histoire originale, qui sort un peu des classiques sans vouloir diminuer le mérite de Ferri. Fabacro réussit son entrée en jouant parfaitement sur les thèmes imposés et en y apportant une touche personnelle dans la réflexion et la modernité. Quatre ans après la mort d’Uderzo, et 46 ans après celle de Goscinny, Astérix n’a donc pas dit son dernier mot.

    Richard Colombo

  • LA BÊTE 2

    Bete 2Tome 2
    Scénario : ZIDROU
    Dessin : Frank PÉ
    Couleurs : Elvire DE COCK
    Dépot légal : Octobre 2023
    Editeur : Dupuis
    Format : Autre format
    EAN/ISBN : 979-10-34738-22-9
    Nombre de planches : 200

    Résumé:

    Que le Kraken me croque…

    Le Marsupilami débarque en Belgique via le port d’Anvers. Mis en cage par l’Homme, il a traversé l’océan non sans encombre. Le navire a eu 20 jours de retard pour cause d’avarie. Le temps fut long pour les animaux coincés dans les cales sous 40 degrés minimum, sans eau ni nourriture. Il y a pourtant un survivant…

    Franz est un petit garçon courageux et débrouillard. Il grandit avec sa maman dans une ménag… une maison où la vie n’est pas toujours facile. Franz se fait appeler François. Ça sonne mieux, surtout 10 ans après la Seconde Guerre mondiale. Tiens, 10 ans c’est son âge. Eh oui, le petit François a pour papa un soldat allemand… Il ne le connaît pas, il sait juste que son papa a gagné une médaille aux jeux olympiques de 1936 ! Le jeune homme lui voue un culte mais la réalité est tout autre: son père était marié avant la guerre et a deux petites filles.

    La maison de François, c’est l’arche de Noé ! Il y ramène tous les animaux et souvent des animaux blessés, mal en point ou avec des caractéristiques inhabituelles : un dindon qui se prend pour un coq, un sanglier qui se prend pour un chien et j’en passe.

    La vie de François n’est pas simple. C’est le fils d’un chleuh. Après une altercation musclée avec des camarades de classe, tondu comme une femme ayant couché avec l’ennemi, la coupe est pleine…François fugue et va faire une rencontre qui va changer sa vie ! Un marsupial inconnu mais bien connu des fans du neuvième art.

    Une espèce inconnue dans les rues de Bruxelles c’est plutôt inhabituel. Je vous laisse suivre les aventures de ce jeune garçon dans la capitale ! Entre menace pour les habitants et curiosité du monde scientifique, le Marsupilami va faire parler de lui !

    La bete 2Mon avis: Parler de chef-d’œuvre ne me paraît pas inapproprié. Frank Pé nous livre ici le travail de sa vie. On y retrouve tout ce qu’il aime ! Je dois bien avouer que les planches dans le Musée d’Histoire Naturelle avec une multitude d’animaux sont de loin mes préférées !

    Certaines cases constituent des planches à tomber par terre ! Une luminosité bestiale, un angle parfait et La Bête est devant nous pour le plaisir de nos yeux ébahis ! Merci à Elvire de Cock pour son fantastique travail et son rendu d’ambiance !

    Le scénario est complet, avec des registres pour chaque personnage et il fallait bien 300 pages pour ne rien éluder et donner un énorme plaisir aux lecteurs. Merci à Zidrou pour cette aventure !La bete 2 planche autreLe petit plus de cet album est double. Il est savoureux de retrouver du Bruxellois dans les cases avec des expressions bien connus comme "Lange staart" ou "Ket". Cela rend le Marsupilami encore plus Belge !

    Le second petit plus sont les clins d’œil à la Belgique avec Tintin ou Spirou via Seccotine.

    Il faudrait une année entière pour savourer ces deux albums à leur juste valeur, épiant les détails, le jeu d’ombres afin de ne rien rater de ce chef d’œuvre qu’est La Bête.

    Une édition spéciale avec coffret existe chez Slumberland BD World. Les cahiers graphiques et explicatifs sont très intéressants afin de suivre ce que Frank Pé désirait insuffler à cette aventure. 

    Merci aux trois personnes de l’ombre pour ce fantastique moment de lecture !

    Jordan Maenhout

  • LA FAUNE SYMBOLIQUE T1

    Faune symbolique 1Tome 1 . Renard rusé
    Scénario : Jean-Claude SERVAIS
    Dessin : Jean-Claude SERVAIS

    Couleurs : RAIVES
    Préface : Tanguy DUMORTIER
    Dépot légal : Octobre 2023
    Editeur : Dupuis
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-8085-0273-3
    Nombre de pages : 80

    Comme le Beaujolais qui arrive, le Servais nouveau, lui est déjà là.
    Ce Renard Rusé est le premier album d’un nouveau cycle qui sera consacré aux animaux sauvages proches de nous.
    Ce n’est pas un long récit mais plusieurs histoires courtes.
    12 exactement de pagination différente, de 2 à 11 pages.Faune symbolique renard ruse plache animal totemFaune symbolique 1 le renardElles ont pour acteur principal, le renard évidemment qui parcourt des récits légendaires, des contes de fée, des comptines…
    Juliette est aussi plus longuement présente dans des rôles différents ainsi qu’Arnaud le vagabond qui vit en symbiose avec la nature.
    Certaines de ces histoires mises en images sont nées en Afrique, en terre amérindienne, au Japon, en Chine et plus près, en France.
    Ce qui les pare d’une universalité bienvenue.
    Évidemment, les personnages n’ont pas le temps d’émouvoir le lecteur comme dans les longs récits habituels de Jean-Claude Servais.
    Mais dans ce livre, la nature y est si belle.
    La forêt, les sous-bois, les clairières sont si réels qu’ils donnent envie de s’y promener et de s’enivrer de leurs senteurs.Faune symbolique renard ruse plancheQue dire de la faune? Servais se serait-il encore surpassé?
    Mais les yeux de son (ses) renard(s) sont si vivants, si pénétrants.
    Les autres animaux ne sont pas en reste. Quelle beauté ils dégagent. Leur plumage, leur pelage semblent réels.
    Un regret quand même, que s’est-il passé à la page 47? Une distraction?
    Je pense qu’à la case 7, les oreilles du renard devaient rester droites. Ici elles tombent trop et on dirait un chien.
    J’avoue aussi que je n’ai pas pu lire le texte d’Adrien de Prémorel (trop daté pour moi) qui termine en postface ce magnifique album.
     

    MDestrée

  • ARROWSMITH Intégrale cycle 1

    Arrowsmith 1 couvArrowsmith tome 1 edition collectorCoup de coeurTome 1 - Si élégants dans leurs jolis uniformes
    Scénario : Kurt BUSIEK
    Dessin : Carlos PACHECO
    Couleurs : Alex SINCLAIR
    Encrage : Jesús MERINO
    Couverture : Carlos PACHECO, Rafa FONTERIZ et José VILLARUBIA
    Dépot légal : Novembre 2023
    Editeur : Delcourt
    Collection : Contrebande
    Format comics
    EAN/ISBN : 978-2-413-08028-2
    Nombre de pages : 210

    L’assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo en juin 1914 va enclencher la Première Guerre mondiale. Très vite, l'Europe va se retrouver à feu et à sang et l'Amérique finira par s’engager dans le conflit. En avril 1915, à Herbertsville dans le Connecticut, États-Unis de Columbia, le jeune Fletcher Arrowsmith ne rêve que d’une chose, aller se battre aux côtés des Alliés. Il est littéralement fasciné par les affiches placardées par l’Unité d’élite aérienne. Un jour, il croise des soldats de l'Unité avec qui il échange quelques mots qui le confortent dans sa décision. Il n'en démord plus. Il veut, il doit s'engager dans cette unité d'élite basée dans la ville voisine d’Acadia quel qu’en soit le prix, contre la volonté de son père Martin Arrowsmith, forgeron de métier, qui a des idées bien arrêtées à propos de la guerre, et contre l'avis de son ami Rocky, un troll de pierre, qui ne cesse de lui dire qu'il n'y a rien de noble dans la guerre. Fletcher quitte le domicile familial en vue de rejoindre Acadia avec son ami Jonathan Kerry. Leur but : apprendre à voler, apprendre la magie, se battre pour une bonne cause. Au départ, Fletcher se réjouit d'apprendre à voler avec les dragons grâce à la magie. C’est un élève sérieux, concentré et prometteur. Il rencontre la jeune Grace avec qui il compte bien faire sa vie. Elle, en tant que conductrice d’ambulance volontaire, et lui en tant que combattant aérien iront sur le champ de bataille où ils seront assez vite confrontés à la dure réalité de la guerre et au coût humain à payer pour aider les amis de Gallia et de Lotharingia contre les agressions de l’ennemi de Prussia, Bavaria, Swabia et Tyrolia Hungary. Arrowsmith comicraft

    Mon avis : Disons-le tout de suite, voilà une magnifique série même s’il aura fallu attendre 20 ans pour en connaître la suite puisqu’elle a été publiée (en VF) en 2004 par les Éditions USA dans deux albums regroupant chacun trois épisodes de la version US (une "intégrale" regroupant ces deux albums a également été publiée en 2005 par les Éditions USA).
    Aujourd’hui, c’est Delcourt qui nous propose une réédition enrichie de cette même intégrale contenant les 6 épisodes d’Arrowsmith plus un récit de 8 planches paru initialement dans Astro City / Arrowsmith flipbook. L’album contient également une postface de Kurt Busiek, un cahier de 28 pages présentant le monde et les protagonistes de l’aventure, une galerie de couvertures (7 pages) et enfin 4 pages montrant les différentes étapes de la réalisation des dessins. Pour être complet, notons que Delcourt propose une édition spéciale limitée, avec couverture variante, de cette même intégrale en collaboration avec Central Comics et Excalibur Comics.Arrowsmith int page 2Je me rappelle qu'à l'époque j'avais adoré cette histoire. À sa relecture aujourd'hui, la BD n'a vraiment rien perdu de sa superbe. Le récit s’appuie sur un scénario solide et l’intrigue est superbement bien amenée. Le mélange histoire, fiction et magie fonctionne à merveille. Dans cette uchronie, la magie remplace en quelque sorte notre évolution mécanique, technologique et nucléaire, le tout très naturellement, tout comme la présence des créatures de nos mythes et légendes. Fletcher, notre sympathique héros, va découvrir la discipline, l'entraide, la solidarité, l'amitié et même l'amour mais aussi les horreurs de la Grande Guerre qui nous sont rapidement dévoilées au fil du récit.
    La qualité de l’écriture est bien au rendez-vous et il n’y a rien d'étonnant à cela puisque le scénariste n'est autre que le grand Kurt Busiek, l’un des meilleurs scénaristes US. Busiek a déjà travaillé avec Carlos Pacheco sur "Avengers Forever", un autre petit chef-d'œuvre de ces deux auteurs, mais aussi avec Alex Ross pour nous offrir "Marvels", et il nous a régalé avec bien d'autres séries, notamment Astro City. Autant de preuves du talent du scénariste et d’un travail largement documenté.
    Arrowsmith1 pageLes dessins de Carlos Pacheco font mouche, clairs, limpides, élégants, fluides et en même temps bourrés d'énergie… et bien qu'on le connaisse davantage par son travail sur l'univers des comics de super héros, avec Arrowsmith Carlos Pacheco est au sommet de son art. Les décors sont somptueux et bien détaillés, tout comme les différents costumes d'époque.
    Le travail sur la mise en scène des apprentissages des futurs "aériens" est de toute beauté. La dureté et les horreurs de la guerre sont également bien exprimées graphiquement ainsi que la folie humaine.
    Bien qu'ils n'aient jamais arrêté de travailler pour le marché américain du comics, Busiek et Pacheco avaient à cœur de terminer cette magnifique série, encore plus après avoir entendu dans un épisode de la série télévisée The Big Bang Theory un libraire et Neil Gayman en dire beaucoup de bien.
    Cette création personnelle va donc (enfin) connaître son dénouement en français dans les mois qui viennent (à noter qu’en Espagne, l’intégrale 2 en castillan est déjà disponible).
    Fait marquant, le regretté Carlos Pacheco, dans son testament, a demandé que ses cendres soient incorporées à l’encre ayant servi à imprimer cette seconde intégrale (oui, c’est possible en Espagne !).

    Vous l'aurez compris, cette série est un incontournable de la BD, et le fait d’avoir dû patienter vingt ans pour lire la suite ne change rien à mon jugement.Arrowsmith decorsC'est vraiment du très bon et c’est une chance pour nous lecteurs que Carlos Pacheco ait pu la terminer avant de s'en aller vers d'autres cieux le 9 novembre 2022. J'espère qu'il repose en paix.
    Depuis sa mort, plusieurs hommages lui ont été rendus à travers toute l'Espagne. Créabulles a tenu également à saluer ce grand dessinateur et lui témoigner son admiration en présentant à la Galerie Passerelle Louise du 27 octobre au 11 novembre une vingtaine de dessins hommages réalisés par des auteurs amis ou confrères l’ayant côtoyé ou appréciant beaucoup son travail (voir le lien en cliquant sur l'image ci-dessous). 
    À noter que le bénéfice de ces ventes sera versé à l’Association européenne contre les leucodystrophies, des maladies génétiques rares comme la maladie de Charcot qui a emporté Carlos Pacheco bien trop tôt. 

    SDJuan

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  • Sigi

    SigiCoup de coeurTome 1 - Opération Brünnhilde
    Scénario : Erik ARNOUX
    Dessin : David MORANCHO
    Couleurs : David MORANCHO
    Storyboard : Erik ARNOUX
    Dépot légal : Août 2023
    Editeur :
    Editions glenat logo
    Grand format
    EAN/ISBN : 978-2-344-03550-4
    Nombre de pages : 62

    Allemagne, fin des années 20. Sigi, de son vrai nom Sigrid Hässler, est pilote de course professionnelle, métier alors quasi réservé aux hommes. Malheureusement pour elle, lors d’une course sur le circuit du Nürburgring, un accident coûte la vie à un pilote. Non seulement elle se retrouve accusée et exclue à vie des courses automobiles, mais tous ceux qui la soutenaient jusque-là vont lui tourner le dos. Qu’à cela ne tienne ! Elle annonce sa décision d’entreprendre un tour du monde en voiture, moyen pour elle de démontrer que les femmes sont capables de faire aussi bien que les hommes. Mais là encore un obstacle va se dresser sur son chemin. Sa famille pourtant fortunée lui refuse tout soutien financier jugeant son idée totalement folle. Les semaines d’échecs et de désillusions se succèdent et Sigi est au bord du découragement quand, enfin, une ancienne copine d’école lui propose de rencontrer son amant, un certain Herr Geyer qui va rapidement financer son projet avec ses associés. L’expédition Sigrid Hässler est désormais sur les rails. Elle doit démarrer aux États-Unis. L’équipe a présent constituée rejoint le port du Havre pour embarquer à bord du paquebot Île-de-France pour une traversée de cinq jours à destination de New York. Toute à son bonheur de réaliser son projet, Sigi ne voit pas ce qui  se trame dans son dos. Geyer s’efforce de prendre en main l’expédition allant même jusqu’à éliminer le mécanicien qui devait faire partie du voyage. À quelles fins ? Le temps le dira mais bien d’autres problèmes, souvent de taille, vont se poser mettant des bâtons dans les roues de Sigi alors même qu’elle ignore que son mécène occupe un poste important dans la hiérarchie du parti nazi.Sigi 1 plancheMon avis : L’idée est née du reportage que David Morancho a vu sur la première femme pilote, Clärenore Stinnes, à avoir réalisé un tour du monde en 1927.
    Après avoir soumis une ébauche à Érik Arnoux, le projet a rapidement pris forme, les deux auteurs ayant choisi de modifier les dates et le décor pour nous raconter sous la forme d’une fiction un peu romancée l’histoire d’une femme forte face à un monde sexiste jusque dans sa propre famille.
    Le récit fait la part belle à Sigi, au récit de son aventure et de ses rencontres sur fond d’émancipation féminine mais pas vraiment féministe. Car bien que forte, Sigi s’attire tout un lot de soucis et même de catastrophes mais n’a pas vraiment conscience des véritables motivations d’un nazisme émergeant.
    Un album plein de surprises et de rebondissements bien pensés et bien amenés qui nous fait voyager de Berlin aux States mais qui nous plonge aussi dans la période de la Grande Dépression économique des années 30. Un récit à suspense plutôt captivant… et ce n’est que le premier tome !Sigi planche 2Une nouvelle fois David Morancho nous gâte par son dessin tout en finesse et précision. Déjà dans sa série Sara Lone coproduite avec Érik Arnoux, il nous avait offert une belle immersion dans l’Amérique des années 50-60 avec ses voitures si typiques et ses décors fascinants.
    vec Sigi, il nous entraîne dans les années 20-30 d’une manière tout aussi spectaculaire.
    Sa narration visuelle est riche et efficace.
    Pour les personnages dont certains sont de vraies figures historiques, tous bien mis en situation mais et surtout pour les regards, autant chez Sigi et son amie que chez les autres personnages qu’ils soient importants ou secondaires.
    Pour les ambiances bien sûr, pour les décors aussi et ils sont nombreux, bateaux, voitures, environnements urbains d’époque, paysages naturels des lieux évoqués (Berlin et États-Unis).
    Tout est précis, détaillé, efficace.
    On sent que les illustrations s’appuient sur un immense travail de recherche documentaire.
    Le tout bénéficiant d’une très belle mise en couleurs. Si la couverture accroche le regard, le contenu de l’album vaut tout autant le détour. Encore une série à ne pas rater. Sigi planche 4À noter l’initiative très louable et intéressante de Glénat qui publie en parallèle un tirage N&B grand format avec dos toilé et dossier de 16 pages limité à 1000 exemplaires qui donne vraiment l’occasion d’apprécier tout le talent de David Morancho.Couv gd format n b
    SDJuan