Chroniques

Lune de miel - Le baiser du sphynx
Scénario : Bastien VIVÈS
Dessin : Bastien VIVÈS
Couleurs : Bastien VIVÈS
Dépot légal : février 2025
Editeur : Casterman
Format normal
EAN/ISBN : 978-2-203-29040-2
Nombre de pages : 48

Sophie et Quentin sont enfin en congé, loin des soucis et des enfants. Ils se délassent sur une plage grecque et espèrent profiter de ce paradis quand soudain ils sont interpelés par une ancienne connaissance. Un certain Oliver, croisé lors d’anciennes soirées parisiennes mais pas vraiment le genre de personne dont on conserve de bons souvenirs, insiste pour les inviter à dîner sur son "p’tit rafiot" avec d’autres amis. D’abord hésitante, Sophie finit par se laisser tenter "on voit, et si c’est nul… on rentre". En fait de rafiot, ils sont accueillis à bord d’un immense yacht de luxe, richement décoré de tableaux de maîtres et d’objets d’art, avec même une magnifique collection de BD originales qui fait saliver Quentin. Oliver finit par avouer qu’il est seulement chargé de convoyer le bateau aux Baléares. Tandis que Sophie libère par mégarde un papillon monarque en manipulant un petit sceptre mystérieux, Quentin se rend tout de suite compte que malfrats, escrocs, magouilleurs et autres trafiquants sont les principaux invités de la soirée. Les choses ne vont pas se passer comme Sophie et Quentin l’espéraient, sans possibilité de quitter les lieux…Mon avis : Dès la couverture, on s'interroge car sous un titre genre BD à l’eau de rose, l’illustration semble annoncer le contraire... Pas le temps en effet pour notre couple qui espérait vivre une lune de miel tranquille de respirer et de prendre du bon temps. À bord du yacht, les événements vont s'enchaîner très vite. Bastien Vivès nous propose une aventure où personne ne contrôle plus rien. Le chaos surgit subitement, juste le temps pour nos héros de fuir, loin d’imaginer que ce n’est que le début de leurs ennuis.
Un récit captivant, riche en émotions et en rebondissements, un récit d’aventure plein d’énergie prouvant que Vivès est plutôt éclectique dans ses centres d’intérêt et activités créatives.

Côté dessin, son style est clairement reconnaissable, un trait clair, à la fois souple et dynamique, approprié pour restituer les ambiances mais aussi les expressions des personnages à l’exception peut-être d’Oliver que je trouve dessiné de manière quasi caricaturale, voire cartoonesque par rapport aux autres personnages.
L’ensemble est bien ficelé, rythmé, alternant scènes courantes et/ou sensuelles et scènes de chaos et même de tuerie sans nom.
Un cocktail plutôt efficace pour un agréable moment de lecture.

SDJuan

Scénario : Viktor HACHMANG
Dessin : Viktor HACHMANG
Couleurs : Viktor  HACHMANG
Traduction : Basile BÉGUERIE
Dépot légal : janvier 2025 
Editeur : Casterman
Grand format
ISBN : 9782203276529
Nombre de pageses : 88

Geo travaille au service d’assainissement de la Terre devenue une immense poubelle, une décharge, abandonnée par l’humanité partie vivre sur une planète artificielle. Il est éboueur de l'espace. Un boulot pénible et plutôt dévalorisé mais au moins il a un boulot. Tout semble bien se passer jusqu’à ce jour où son vaisseau-benne victime d’une panne d’alimentation finit par s'écraser sur ces terres ravagées… Seul, il doit rapidement trouver de quoi survivre. Mais les jours ont passé… puis les semaines et les mois… La solitude est devenue pesante dans ce monde en pleine désolation, la Terre n'étant plus que ruines où même l'eau est polluée. Un jour, au gré de ses déplacements, alors qu’il cherche à s’abriter d’une pluie torrentielle, il trouve un livre : La Tempête de William Shakespeare. Désormais, l’ouvrage sera son compagnon, son guide pour survivre dans ce monde hostile.Mon avis : Dès les premières cases, dès les premières pages, l’histoire intrigue et plonge le lecteur dans un univers visuel et narratif singulier. Ce livre propose un mélange fascinant de genres, science-fiction et allégorie, beaux-arts et bande dessinée, qui sont la marque de fabrique de l’auteur néerlandais Viktor Hachmang. Dans plusieurs de ses précédentes publications (Book of Void – Livre du vide 2016 / 4 Fragments 2018 / Twin Mirrors – Deux paraboles 2019…) il explorait le terrain de la narration sans parole, style que l’on retrouve en partie ici. Le récit est fait d’un mélange de drame psychologique et de science-fiction, tout en explorant des thèmes profonds liés à l'identité, la mémoire et la perception du monde. Le protagoniste, en quête de réponses, se voit confronté à des défis de plus en plus étranges, alors que le monde dans lequel il évolue semble avoir une vie propre.Au dessin et à la couleur, le travail graphique de Viktor Hachmang est un des points forts de l'album. Son style, mêlant SF/anticipation et manga, est tout en contrastes, combinant des teintes sombres et lumineuses comme pour souligner la tension et l’ambiguïté de l’histoire. Les décors et environnements jouent un rôle essentiel dans le récit, créant une atmosphère oppressante qui illustre bien la quête que poursuit Geo. Viktor Hachmang réussit à rendre chaque planche aussi immersive que l’histoire elle-même, avec des décors qui sont presque à la fois un personnage et un reflet de l’état mental du protagoniste.

Une BD qui propose une expérience de lecture très forte, parsemée de citations de La Tempête de Wiliam Shakespeare, peut-être davantage destinée à ceux qui aiment les récits introspectifs et les atmosphères complexes.

SDJuan

Scénario : HERGÉ 
Dessin :  HERGÉ 
Nouvelle colorisation
Dépôt légal : 8 janvier 2025
Editeur : Moulinsart / Casterman
Format : 242 mm x 320 mm
ISBN : 9782203291195
Nombre de pages : 146

L’album d’Hergé Le Lotus Bleu a été prépublié entre août 1934 et octobre 1935 en noir et blanc sous le titre Les Aventures de Tintin reporter en Extrême-Orient dans le supplément jeunesse du journal Le Vingtième Siècle intitulé Le Petit Vingtième dont Georges Remi alias Hergé était le rédacteur en chef. Ces aventures ont ensuite été publiées sous forme d’album N&B de 123 pages sous le titre Le Lotus bleu en janvier 1936, réédité en 1939 puis 1942 dans ce même format.

Pour la première mise en couleurs, Casterman avait décidé à l’époque que les albums ne devaient plus dépasser 62 pages. Hergé avait donc dû retravailler tout l’album et en quelque sorte compacter son histoire pour rentrer dans un format plus serré. C’est en janvier 1946 que paraît l’album mis en couleurs par Edgar P. Jacobs dans le nouveau format de 64 pages.

©Hergé/Tintinimaginatio2024

En ce mois de janvier 2025, Casterman en coédition avec les Éditions Moulinsart nous propose l’édition noir et blanc colorisée du Lotus Bleu. Il s’agit de la réédition de l’album original de 124 pages initialement publié en 1936. Réalisée à partir des planches originales, cette nouvelle édition nous replonge dans la toute première version de l’histoire. Au premier coup d’œil, on découvre des planches plus "aérées" et agrémentées d’une nouvelle palette de couleurs, plus riches, plus fines, plus nuancées, soulignant les détails et tout à fait en harmonie avec l'esthétique de l'époque. On peut réellement parler d’une redécouverte de cet album.

Le Lotus Bleu est l'un des albums les plus marquants de Tintin car il introduit le personnage de Tchang Tchong-jen, un jeune étudiant chinois qui sous la plume d’Hergé va devenir un ami très précieux pour Tintin. Considéré comme le premier chef-d’œuvre d’Hergé, ce récit l’est surtout sur le plan scénaristique et graphique grâce à cette rencontre et collaboration entre Hergé et Tchang Tchong-Jen, un artiste complet à la fois aquarelliste, peintre et sculpteur. Ce dernier va accompagner Hergé dans l’élaboration de son nouvel album en lui apportant de la documentation et en vérifiant l'authenticité des détails seule garante de la véracité de l’ensemble du récit. Avec cet album, Hergé s’est ouvert à la différence en évitant de ne s’appuyer que sur des a priori, des idées reçues ou autres clichés afin de donner toute sa place à la documentation. Cette histoire a également marqué un tournant dans la manière dont Hergé a abordé les enjeux politiques et sociaux de l'époque, en se concentrant sur la situation en Chine et en critiquant la présence coloniale japonaise en Mandchourie.

©Hergé/Tintinimaginatio2024

Après Les Bijoux de la Castafiore (publié en octobre 2023 dans la version du Journal de Tintin), puis les trois albums Tintin en Amérique, Tintin au Congo et Tintin au pays des Soviets (parus en édition Petit Vingtième colorisée en novembre 2023), Le Lotus Bleu est donc le cinquième titre de la collection colorisée des albums originaux parus dans les années 1930.

C'est une excellente occasion pour les nouveaux lecteurs de découvrir cette aventure essentielle de Tintin, et pour les fans de longue date de la redécouvrir avec des yeux neufs. La nouvelle couverture est la reproduction d’une case de l’édition originale mais j’avoue avoir une préférence pour la couverture du dragon noir sur fond rouge.

L’ouvrage est enrichi d’une préface de Philippe Goddin, spécialiste de la vie et de l’œuvre d’Hergé, qui nous apporte les clés de la réalisation de l’album à l’époque.

SDJuan

Scénario : S. AL SABADO
Dessin : Janine JANSSEN
Couleur :  Janine JANSSEN
Dépôt légal : février 2025
Editeur :
Format : 15.6 x 23.4 cm
ISBN : 9782203291195
Nombre de pages : 320

Voici l’histoire de Sébastien, un adolescent qui a choisi de quitter sa famille pour s’installer à Paris. Précision importante, il s’agit d’un Paris surnaturel. Un soir, en marchant au hasard, sans but précis, il passe devant un bar gay et décide d’entrer. L’ambiance est plutôt festive et pourtant il s’y sent mal à l’aise. Il finit par se réfugier dans un coin calme mais n’y reste pas longtemps seul car un vampire à la peau bleue le bouscule par mégarde. Quelques paroles sont rapidement échangées avant un baiser langoureux et passionné. C’en est trop pour Sébastien qui stoppe tout et s’enfuit. Le lendemain matin, quelle n’est pas sa surprise de le croiser sur son palier. Le vampire s’appelle Elia et vient d’Italie. Ils sont donc voisins. Profondément troublé par cette coïncidence, Sébastien le quitte pour rejoindre sa tante Alair et son oncle Antoine désolés que ses parents ne l’aient pas laissé utiliser ses dons de magie librement. 

Mon avis: Si le webtoon, la bande dessinée en ligne, existe depuis une vingtaine d’années déjà, j’avoue ne pas vraiment connaître ce produit. Et encore moins les adaptations en format papier qui ont récemment été faites de certains titres. Les Normaux est le premier webtoon que je lis. C'est étrange comme lecture, sans doute en raison du format d’origine du webtoon, proposé en épisodes (comme une série télé) que l’on fait défiler à l’écran de son smartphone. Et si les webtoons abordent souvent des thèmes liés à la romance ou la fantasy, Les Normaux correspond parfaitement à cette définition. Le récit se déroule sur un tempo plutôt lent, mêlant gros plans fixes et plans plus larges contemplatifs. Il donne l'impression de se passer en mode huis clos. Chaque événement, chaque situation, chaque personne qui se présente, tout semble s’appuyer sur les pensées et réflexions de chacun, tant sous forme de dialogues que de monologues, d’expression ou de quête d’opinion et d’avis de l’un et de l’autre sur les événements qui les concernent. Il m'a fallu un petit temps d'adaptation mais au final les pages défilent rapidement. On comprend assez vite qu'une relation va se nouer entre Elia et Sébastien. Mais il ne faut pas oublier que tout se déroule dans une ville où l'on côtoie vampires, magiciens, cyclopes, etc. Comme Sébastien, on est amené à découvrir que pas mal des proches d’Elia ont des orientations sexuelles multiples et très différentes. On est bien dans un univers surnaturel et beaucoup de choses ne s’expliquent pas de façon rationnelle... Mais au-delà de cette diversité et de cette différence, l’album fait la part belle à l'amitié, à l’amour, à l’esprit de communauté. Un hymne à la différence. 
Côté dessin, Janine Janssen alias JJ transmet parfaitement les ambiances, les émotions mais aussi l'humour. Quelque part, c’est un exploit quand on voit qu'elle s’acquitte de cette mission avec une telle efficacité vu le nombre de pages de l’album et qu’il s’agit très souvent de cases où seulement deux personnages se regardent ou se parlent même si de temps à autre on y voit aussi l'un ou l'autre décor comme Paris et sa tour Eiffel, les différentes pièces d’un appartement, la sortie chez des ami(e)s et ça et là quelques scènes cartoonesques. 

À découvrir en fin d'album, une fiche des différents personnages pour mieux comprendre la situation et l'orientation "sexuelle" de chacun et une brève biographie de l’autrice et de son assistant.e pour l’écriture et le lettrage du webtoon.
 

SDJuan

Scénario : SIRIUS
Dessin : SIRIUS
Encrage : Gérald FORTON
Préface ; François DENEYER
Dépôt légal : novembre 2024
Editeur : AD HOC éditions
Format : Grand format
ISBN : 9782960354508
Nombre de pages : 132

Quelle bonne idée!
Éditer les planches en fac-similé N&B de ce marin gouailleur qui fabule et invente des aventures marines plus extraordinaires les unes que les autres.
Pour un seul auditeur qui gobe tout..? Pas certain.
En tout cas , il aime les histoires de Pemberton, notre garçon de café.
Une bonne pinte pour Pemberton et vogue le navire.
Sirius aussi qui se permet toutes les extravagances inimaginables dans la caricature des personnages ou le réalisme du mouvement des vagues.Ça sent l’embrun et la marée.
C’est aussi un marin qui dessine.
Ces aventures de 6 à 8 pages paraissaient dans le Pilote mensuel.
J’aimais bien.
Les voici dans un recueil et il y en aura deux.
Un dossier d’une dizaine de pages aux jolies illustrations, écrit par François Deneyer agrémente l’album.
Ce que je ne savais pas, c’est que Gérald Forton avait encré les 4 premières histoires.
Et ça se voit.
Suivez le regard de ces jolies dames.

MDestrée

Tome 7 - Pas nés de la dernière pluie
Scénario : Luke PEARSON
Dessin : Luke PEARSON
Couleurs : Luke PEARSON
Dépot légal : février 2025
Editeur :
Format : 17.5 x 24.8 cm
ISBN : 9782203287419
Nombre de pages : 56

Hilda accompagnée de son renard-cerf Twig s’en vont se promener. Hilda adore explorer les environs et vivre des aventures qui sont parfois un peu trop périlleuses aux yeux de Twig. Cette fois, à peine sont-ils partis que des gouttes commencent à tomber ce qui n’inquiète guère Hilda. Sauf que très rapidement il se met à tomber des cordes et les petits arbres qu’ils trouvent sont bien trop chétifs pour les protéger. Finalement, Twig réussit à trouver une grotte mais ils ne sont pas seuls à avoir eu l’idée, d’autres animaux y ont aussi cherché un abri. Tout a l’air de bien se passer mais Twig a un mauvais pressentiment. Et il avait peut-être bien raison de se méfier quand il finit par jeter un œil vers l’extérieur…

Mon avis : Enfin diront les fans d’Hilda ! En effet, ce nouvel album s’est fait attendre cinq longues années pour nous permettre de retrouver notre jeune héroïne aux cheveux bleus et au tempérament plutôt intrépide dont les aventures font la joie des petits et des grands. Et la magie opère une nouvelle fois. Luke Pearson nous propose un sympathique récit d’aventure toujours aussi rythmé, multipliant les rebondissements et les scènes d’humour tout en s’appuyant comme il en a l’habitude sur les légendes, mythes et contes. Il nous régale d’une narration agréable qui pique sans cesse notre curiosité pour savoir si Hilda risque d’être réellement en danger. Heureusement Twig, le renard-cerf, veille au grain malgré sa petite taille et acquiert quasiment une place de héros principal.
Encore un succès assuré.
Côté dessin, Luke Pearson maîtrise parfaitement son sujet pour nous offrir une très belle narration visuelle qui multiplie les décors et nous régale de bouilles très expressives.
Le dessin est de qualité, globalement dynamique et profite d’un découpage très imaginatif qui explique largement le succès de l’adaptation de la série en dessin animé (à voir sur Netflix).
Un travail toujours aussi soigné jusque dans la mise en couleurs.

SDJuan

Tome 1 : Dead Smile
Scénario : MAKYO
Dessin : Eugenio SICOMORO
Couleurs : Marco FERRACCIONI
Dépot légal : Janvier 2025
Editeur :
Collection : Conquistador
Grand format
ISBN : 9782756097527
Nombre de pages : 56

Nord-est de l'Arizona. En ce mois d’avril 1840, plusieurs Indiens Hopi se sont réunis pour célébrer une cérémonie rituelle. Soudain, ils sont attaqués par le Colonel Lewis et ses hommes. C’est un véritable massacre et plusieurs femmes dont Tuvka l’épouse d’un chef de tribu sont violées. De ce viol naîtront des jumeaux, l'un à la peau mate, l’autre à la peau majoritairement blanche bien que tachetée. Une année s’est écoulée quand un jour le bébé à la peau rouge est découvert abandonné devant la porte du fort Kachinas. Le commandant Lewis décide de confier le bébé à Kate, une veuve obligée de se prostituer pour survivre, qui élève avec beaucoup de difficulté sa fille, seule survivante du massacre perpétré par des indiens qui ont tué son mari et ses trois fils. Elle n'en revient pas qu'on ose lui confier un bébé indien. Menacée par Lewis d’être pendue haut et court si elle refuse d’élever l’enfant ou le laisse périr, elle finira par accepter de s’en charger après que sa fille a protégé l’enfant que sa mère renonçait à élever normalement. Mais le plus étrange, c'est que de leur côté les Indiens ont décidé d'élever l'enfant de couleur blanche. 

Mon avis : Au scénario, Makyo a trouvé en la personne de Sicomoro l'homme qu'il fallait pour illustrer ce western dur et impressionnant. En effet, il a bien compris qu'il n'était pas nécessaire de développer de longs textes ni de longs dialogues pour nous faire apprécier cette aventure violente et dramatique qui mêle habilement mysticisme, croyances et rédemption et dans laquelle les deux enfants vont représenter, parfois bien malgré eux, le bien et le mal. 
Eugenio Sicomoro aime le western et cela se ressent. Il nous l'avait déjà clairement montré avec Rio Grande en 1989. Avec ce premier album d’un dyptique, il nous donne l’occasion de constater une nouvelle fois qu'il dessine admirablement bien les Indiens mais aussi tout ce qui constitue l’univers si caractéristique de l'Ouest américain. Les décors, les chevaux, les cow-boys évidemment mais aussi ces gueules amochées par la dureté du climat et de la vie de l’époque.
Du grand art magnifié par les superbes couleurs de Marco Ferraccioni qui donne encore plus de réalisme et de lumière au dessin de Sicomoro.  
Un excellent moment de lecture dont on attend la suite avec impatience !

SDJuan

Marcel - Cerdan, le cœur et les gants
Scénario : Bertrand GALIC
Dessin : Jandro GONZÁLEZ
Couleurs : Jandro GONZÁLEZ
Dépot légal : Octobre 2024
Editeur :
Format : 22.5 x 29.8 x 1.5 cm
ISBN : 9782413015291
Nombre de pages : 104

D’origine espagnole, leurs ancêtres ayant émigré en Algérie au 19^e siècle, les Cerdan en ce début des années 1920 vivent à présent au Maroc sous protectorat français. Le jeune Marcel adore jouer au foot avec ses copains mais son père en revanche voit en lui un futur champion de boxe. Et même si Marcel refuse de devenir boxeur, son père n'en démord pas quitte à le punir et même parfois à le rouer de coups quand le petit ne veut en faire qu'à sa tête. Sa mère n'en peut plus de vivre ces conflits familiaux incessants. Marcel finira par céder et se consacrer pleinement à la boxe en s’entraînant dans un club. Très vite, il va remporter ses combats les uns après les autres non seulement au Maroc, en Afrique du Nord, en France ou en Europe mais aussi aux États-Unis. De victoire en victoire, il va devenir champion de France, champion d'Europe et finalement champion du monde des poids moyens en septembre 1948 !

Mon avis: "[…] Il se dégageait de lui une grâce et une phosphorescence de l’âme qui jouaient dans sa gloire un rôle supérieur à sa force. […] Cerdan était un vrai héros, et c’est à ce titre qu’il s’attachait les foules et que, comme le dit Racine, il voyait partout les cœurs voler à son passage." Tels sont les mots de l’hommage rendu par Jean Cocteau après la disparition brutale de Marcel Cerdan.
Le scénariste Bertrand Galic avoue partager la fascination de sa grand-mère pour ce personnage remarquable dont on ne retient pourtant que sa relation avec Édith Piaf et ses matches de boxe. Avec cet album, il tenait à nous raconter la vie familiale du jeune Marcel, son enfance et ses rapports laborieux avec la boxe puis à côté de son parcours incroyable et rapide mais bien trop bref, ses amours et ses soucis au quotidien. 
La narration est agréable et intéressante du fait même de cette diversité. L’auteur évite de faire simplement la liste exhaustive de la centaine de combats remportés par un boxeur hors normes. Il nous fait même découvrir son esprit antifasciste durant les années de guerre et l’aura qu’il a acquise ensuite. 
Au final, le pari d’une biographie vivante et passionnée est gagné haut la main.Jandro au dessin illustre parfaitement l'univers de Marcel Cerdan avec cette bonté qui le caractérisait en dépit d’un sport plutôt dur et violent ou le contexte de la guerre et de la montée du nazisme et du franquisme. On accroche tout de suite à son personnage, à l’enfant avec une bouille mignonne mais déjà cabochée dès sa première apparition (voir sur la première planche d'illustration), puis à l’adolescent désobéissant qui préfère aller jouer au foot, et enfin au multi champion de boxe malgré son surnom de "champion aux mains fragiles". 
Le tout est bien mis en page avec un très bon découpage tant en ce qui concerne les moments de la vie privée que les scènes de combats de boxe. Le dessin dynamique de Jandro colle parfaitement au personnage.Cet album m'a clairement donné envie d'en savoir davantage au sujet de Marcel Cerdan que je ne connaissais pas bien et qui a disparu il y a 75 ans, le 28 octobre 1949 à l'âge de 33 ans. "Cerdan, c'est 119 victoires sur 123 combats en 15 ans de carrière. Il reste le plus grand boxeur français de tous les temps, un de nos plus grands champions tout court", s'enthousiasme le journaliste spécialiste de boxe Jean-Philippe Lustyk.
Interview du scénariste Bertrand Galic, fan de sports, menée par Kris en fin d'album. Elle vous aidera à bien comprendre la fin de l'album.Une biographie en BD à ne pas rater !

SDJuan