Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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LES DANOIS
- Par asbl-creabulles
- Le 31/01/2018
One shot
Scénario: Clarke
Dessin: Clarke
Couleurs: Cerise
Dépôt légal: Janvier 2018
Editeur:
Planches : 100Un récit interpellant à ne manquer sous aucun prétexte !
" De plus en plus de naissances seraient perturbées par un virus inconnu affectant les gènes des nouveau-nés: ces six derniers mois, on a enregistré pour la seule ville de Copenhague 830 naissances d'enfants blonds aux yeux bleus dans les communautés immigrées. Les implications d'un tel bouleversement pourraient se révéler catastrophiques..."L’histoire se passe en 2018 au Royaume du Danemark ou une épidémie insolite s’est déclarée: le virus blond. Que se passe-t-il quand les enfants de familles issues de l’immigration naissent avec des caractéristiques physiques peu habituelles? Comment la population, les communautés religieuses et les pouvoirs réagissent-ils? Quels sont les impacts sociologiques et politiques?
Clarke vous répond en vous proposant une fable originale. Dans "Les Danois", vous suivrez le quotidien de mères lambda à la recherche d’harmonie dans un phénomène dont elles ne comprennent pas la portée, les recherches criminelles de firmes pharmaceutiques et l’enquête de journalistes à la recherche de la première personne touchée par le virus blond. Malgré eux, des personnages faillibles et proches de nous se débrouillent comme ils peuvent dans un chaos génétique.
Pas d’effets spéciaux, de pleines pages ou d’envolées héroïques dans ce roman graphique. Il s’agit de conter de manière réaliste, humaniste et efficace, une anticipation plausible. Utilisation de découpages classiques, expressivité des personnages, dessins très bien exécutés et mouvements de décors aident la narration d’une histoire riche et complexe.Mon avis: Un grand plaisir de lecture assuré. Je vous conseille vivement Les Danois de Clarke. Cette BD ambitieuse est une vraie réussite. Sous la forme d’un thriller génétique aux personnages faillibles, Clarke aborde, sans clichés et avec une pointe d’humour empathique, le thème actuel du multiculturalisme. A souligner, le superbe dessin de la couverture "La Madone à l’hijab" et sa mise en page digne d’une collection de thrillers scandinaves bien connus. Entre nous, je vous le dis, ce roman graphique mériterait amplement une adaptation cinématographique. Qu’en pensez-vous ?Michel
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DUKE 2
- Par asbl-creabulles
- Le 30/01/2018
Tome 2: Celui qui tue
Scénario: Yves H.
Dessin: Hermann
Couleur: Hermann
Editeur:
Dépot légal: 26 Janvier 2018
Nombre de pages: 56Morgan "Duke" Finch pensait pouvoir mener une vie sans complication après avoir quitté Ogden. Il s'était même installé avec sa petite amie Peg. Mais quand Jim vient le voir pour lui demander de l'aider à neutraliser des bandits de grand chemin, véritables tueurs professionnels qui s'attaquent principalement aux diligences, Duke lui oppose d’abord un refus net. Mais après avoir appris que Mullings, le riche et puissant patron de la mine d’or, est prêt à verser 500 $ au Marshal Sharp et la même somme à quiconque débarrassera Ogden de ces crapules, il comprend que quelque chose se cache derrière cette offre. Il décide donc d'aller voir Mullings pour en avoir le cœur net et dans le même temps il met en garde son frère Clem pour qu'il n'intervienne pas dans ce genre d'affaire. En effet, c'est tout près de chez lui qu’une petite fille, seule rescapée et témoin de la dernière attaque, est retrouvée apeurée et traumatisée.
Mon avis: Au scénario, Yves H nous propose un western dans la plus pure tradition avec son lot de bandits de grand chemin, attaques à main armée, tireurs à la gâchette facile mais aussi une jeune rescapée du massacre de ses parents et un héros essayant de s’assagir et de se ranger. Les surprises vont bon train dans ce second tome d’une série dont l’avenir s’annonce prometteur. Le village d’Ogden est toujours le centre de l’intrigue malgré le départ de Duke. En réalité, il ne s’en est pas trop éloigné car sa famille est restée sur place. D’ailleurs son retour, il fallait s'en douter, va faire du bruit mais pas vraiment comme on aurait pu le croire. Yves H égrène habilement les éléments de l’histoire afin de nous tenir en haleine tout en révélant quelques informations sur le passé de Duke.
Quant aux dessins d'Hermann, ils sont comme toujours d'une qualité exceptionnelle. On sent bien qu’il cherche à nous surprendre, en créant de l’inédit, en se renouvelant sur chaque case, chaque décor, chaque angle de vue. Cette recherche de la nouveauté est un moyen pour lui de stimuler sa création. Il nous étonne jusque dans l’utilisation de scènes très anodines comme celle où la femme qui donne à manger à ses poules ou ce bouquetin au coucher du soleil. Il est clair qu’il prend plaisir à nous étonner, à nous surprendre. Les couleurs ne sont pas en reste, au contraire, à commencer par la superbe couverture de l’album qui accroche immédiatement le regard et se démarque des autres en boutique. Mais les planches sont tout aussi bluffantes, notamment dans le choix et le mélange des couleurs ou la recherche de nuances qu’il s’agisse des paysages, des rayons de lumière filtrant à travers le feuillage des arbres, etc. autant d’éléments qui témoignent d’un dessinateur à l’esprit créatif. Je conseille vivement de procéder à une seconde lecture de l’album pour véritablement prendre le temps d’apprécier tout le talent de l’artiste qu’est Hermann.
Illustration de la couverture du prochain tirage de tête Néerlandais - Fantasia, Amsterdam
Voir la chronique du tome 1
SDJuan
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VALOIS
- Par asbl-creabulles
- Le 28/01/2018
Tome 1: le mirage italien
Scénario: Thierry Gloris
Dessin: Jaime Calderón
Couleur: Felideus
Editeur:
Collection: Histoire & Histoires
Dépot légal: 24 janvier 2018
Nombre de pages: 48La guerre de Cent ans vient à peine de s’achever. Charles VIII, roi de France depuis 1483, se trouve dans l’obligation de prendre des décisions et ne peut compter que sur son entourage pour y parvenir. Sa sœur, Anne de Beaujeu, qui l’a élevé ne le sait que trop. En fait, Charles VIII est incapable de prendre seul une décision. L'Italie et ses cités-États sont alors au cœur de toutes les convoitises et Charles VIII aimerait bien qu'on le prenne au sérieux puisque le royaume de Naples semble bien être la solution à ses problèmes. De son côté, Blasco de Vilallonga, cadet d’une famille bourgeoise de Barcelone, se voit contraint de fuir sa ville à cause d’une querelle amoureuse l’ayant entraîné dans un affrontement au cours duquel il a blessé son adversaire. Il doit à présent s’enfuir pour rejoindre un monastère à Florence et y mener une vie monacale s'il veut échapper à la mort. Il chemine vers l’Italie en compagnie de son frère Arturo, du cardinal de Carpentras, Giuliano della Rovere, de Messire de Brie et d'Henri Guivre de Tersac, un jeune nobliau désargenté qui travaille au service de ce dernier. Mais durant leur périple vers Florence, la chance va les abandonner et ils vont tomber dans un guet-apens auxquels les Borgia, craints de tous, ne sont pas étrangers. En pleine rivalité avec Giuliano della Rovere, Rodrigo de Borja (Rodrigo Borgia en Italie), futur souverain pontife sous le nom d’Alexandre VI, vient d'échapper de justesse à une tentative d'assassinat par empoisonnement. Blasco et Henri vont devoir s'unir pour échapper à la mort et leurs destins en seront complètement bouleversés.
Mon avis: Thierry Gloris nous invite à suivre les débuts du règne de Charles VIII, jusqu’ici placé sous la tutelle de sa sœur Anne de Bretagne, alors qu’il cherche la reconnaissance en tant que roi. Outre le cheminement de Charles VIII, ce premier tome installe divers personnages en évitant – ce qui n’est pas toujours le cas des récits historiques – d’être rébarbatif, au contraire. Les jeunes Blasco et Henri apportent même une touche chevaleresque et téméraire. La plupart des personnages donnent lieu à une description de l'époque avec ses hiérarchies, ses frasques à tous les niveaux de l’échelle sociale, ses manipulations, ses luttes pour le pouvoir, ses alliances et ses désunions tant humaines que politiques. On découvre l'importance de l'Italie et de ses Cités-États prospères qui sont convoitées voire revendiquées comme c’est le cas par la France, qui organise une expédition vers Naples puisque Charles VIII en est le suzerain légitime, espérant ainsi monter une croisade vers Jérusalem dont il espère qu’elle lui vaudra le ralliement de l’ensemble de la chrétienté.
Que peut-on dire des dessins de Jaime Calderón qui n’aurait pas déjà été dit ? Ils sont toujours aussi détaillés et d'une précision phénoménale, le trait fin et minutieux, super-réaliste nous donnant une impression de profondeur et de volume. Les visages sont presque vivants alors qu’il s’agit bien de visages dessinés jusqu’au moindre détail et non de photos retravaillées comme on peut en voir chez d'autres auteurs. Les costumes sont tout aussi somptueux tout comme les décors avec de fabuleuses perspectives. Je reste toujours aussi stupéfait devant un tel résultat dont la qualité me fait penser au travail que réalisait Philippe Delaby (Murena) mais aussi à celui actuellement effectué par Éric Bourgier (Servitude), Eugenio Sicomoro (Lumière froide, La Porte au Ciel) ou Valentin Sécher (Méta-Baron) pour ne citer qu’eux. Véritablement, la grande classe!
Et comme si cela ne suffisait pas, son travail est encore magnifié par la magnifique mise en couleurs de Felideus (encore un artiste espagnol!), qui loin d’écraser le trait ou les détails, comme cela s’est malheureusement produit sur les travaux précédents de Jaime, les met en valeur et les respecte au plus haut point.
Sur pas mal de cases, Felideus arrive à nous donner l'impression qu’il s’agit d’images (ultra-)haute définition, certaines se rapprochant même de la 3D, voire de peintures. Du travail de pro que l’on a pu découvrir en 2017 sur "Les Traqueurs" avec Tirso au dessin ou "Les Chevaliers d'Héliopolis" avec Jérémy au dessin. Espérons que le tandem Calderón-Felideus continuera sur cette série, mais aussi les futures séries de Jaime Calderón dont le travail minutieux et élégant mérite amplement d’être ainsi mis en valeur.A noter qu'il existe une jaquette Canal BD dont vous pouvez découvrir le visuel ci-dessus.
SDJuan
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DEADPOOL
- Par asbl-creabulles
- Le 27/01/2018
Graphic Novel: Bad Blood
Histoire: Rob Liefeld
Scénario: Rob Liefeld, Chris Sims, Chad Bowers
Dessin: Rob Liefeld
Encrage: Rob Liefeld, Shelby Robertson, Adelso Corona, Marat Mychaels
Couleurs: Romulo Fajardo JR
Editeur: Panini Comics
Collection: Graphic Novel
Dépot légal: Août 2017
Nombre de pages: 128Deadpool, de son vrai nom Wade Wilson, est la recherche de l'arme ultime. Une arme tellement bien protégée qu'il ne parvient pas à en savoir davantage et encore moins à s’en approcher d'assez près pour se faire une idée de son efficacité. Car, à chaque à fois, apparaît un robot nommé Panpan (oui, vous avez bien lu !) qui lui file une raclée monumentale. S'il n'avait pas son pouvoir d’autoguérison (et d'autodérision), il aurait déjà passé l'arme à gauche. À tel point qu'il se sent obligé de demander de l'aide auprès de Domino. Mais quand on parle de Domino, Cable et l’équipe X-Force ne sont pas loin.
Mon avis: Le retour de l'X-Force et de Rob Liefeld constituent une agréable surprise. Ce roman graphique de 128 pages publié dans la collection "Marvel Graphic Novels" est totalement déjanté et tout à fait comme on les aime sous l’intitulé Deadpool qui, cette fois, est utilisé à très bon escient ! Rob Liefeld s’est chargé de l'histoire et Chris Sims et Chad Bowers du scénario. A eux trois, ils font vraiment des étincelles. Au final, sur une bonne intrigue, très simple mais aux rebondissement successifs, cette BD est très divertissante et nous permet de retrouver d’anciens personnages.
Coté dessin, je ne peux qu'être ravi de revoir Liefeld que j'apprécie beaucoup. Je sais qu’il a pas mal de détracteurs mais je n'en fais pas partie. Son trait est soigné et précis, nerveux et dynamique. Ses pages dégagent une telle énergie, une telle force, une telle clarté que je me demande pourquoi il s'est absenté aussi longtemps, et cela même s’il fait ici quelque peu l’impasse sur les décors, largement compensés par une mise en couleurs confiée à Romulo Fajardo qui rend cet album visuellement très plaisant à lire. Un très agréable moment de lecture à ne rater sous aucun prétexte si vous êtes comme moi amateur des dessins de Rob Liefeld.
SDJuan
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GIANT 2/2
- Par asbl-creabulles
- Le 26/01/2018
Giant - Giant 2/2
Scénario : Mikaël
Dessin & Couleurs : Mikaël
Dépôt légal : Janvier 2018
Editeur :
Planches : 54Dans ce deuxième volet de la chronique humaniste de Mikaël sur le New York des années 30, nous retrouvons les thèmes très contemporains déjà développés précédemment: la crise économique, le brassage de cultures, les émigrants et l’enfermement dans le quotidien et la solitude.
Giant est un colosse taciturne qui travaille en tant que riveteur à la construction de la tour principale du Rockefeller Center. S’étant fait passer pour le défunt mari de Mary Ann qui vit de l'autre côté de l'océan avec ses trois enfants, il a envoyé, dissimulant la triste vérité, une partie de sa paie à la veuve et entretenu une relation épistolaire. Ces lettres permettent à l’émigrant irlandais de combler les limbes de sa vie et à Mary Ann, sa pénible solitude.
Vient alors le jour où Mary Ann et ses enfants débarquent à New York. Une amère vérité n’est-elle pas préférable à un doux mensonge ?« Le temps doit nous aider à avancer même sous le poids de nos cicatrices passées, si profondes soient-elle. »
Mikaël est un très bon raconteur. Avec le diptyque Giant, il nous offre un travail bien documenté, exceptionnellement réussi. L’histoire humaniste est intelligemment construite. Elle séduit par ses thèmes universels et des propos justes et qui surtout sonnent authentiques. Le casting des personnages principaux ou secondaires est bien étudié. Chaque personnage possède sa propre identité et son vécu. Le quotidien des bâtisseurs nous est raconté en images couleurs d’un passé "photographique". Planche par planche, nous découvrons l’amère réalité d’un pays où tout semble malgré tout possible.
Mikaël est aussi un excellent "illusionniste": le dessin qui est numérique a un rendu artisanal. L’auteur joue très bien sur le monochrome et le sépia "passé" rajoutant des tons vieux roses ou jaunes au cours de la narration. L’encrage est soigné aux effets contrastés. Mikaël utilise des fonds blancs, dessine des décors détaillés ou épurés. Ses cadrages sont également variés. Le graphisme est expressif et en partie caricatural pour les personnages. Du très beau travail !
Michel
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SPIROU ET FANTASIO
- Par asbl-creabulles
- Le 26/01/2018
One Shot: Le triomphe de Zorglub
Scénario: Olivier Bocquet
Dessin: Brice cossu et Alexis Sentenac
Couleurs: Johann Corgié
Editeur:
Collection: Tous Publics
Dépot légal: 26 janvier 2018
Nombre de pages: 60Certain d’être choisi lors du casting prévu pour le film Spirou et Fantasio dont le tournage va bientôt commencer, Fantasio n’imagine pas un seul instant que le seul rôle qu'on va lui proposer est celui de Champignac. Fantasio, qui a mal digéré cet affront, pique une crise de colère et se fait aussitôt éjecter du casting. Il s’empresse d’aller raconter sa mésaventure à Spirou qui lui propose tout de suite une solution: se présenter en tant que journalistes du "Moustique" pour réaliser un reportage sur le making of du tournage du film. Rendez-vous pris, lorsqu’ils arrivent sur place, ils tombent nez à nez avec l'acteur engagé pour jouer Zorglub qui ressemble comme deux gouttes d'eau au personnage et qui est en réalité le producteur du film. Ils doivent absolument mettre la main sur le scénario pour voir de quoi il retourne réellement. D'autant que le film va s'appeler "Le triomphe de Zorglub", un comble! Seccotine est prête à venir leur prêter main forte.
Mon avis: N’ayant pas encore vu le film (au cinéma le 21 février 2018), il est difficile de porter un jugement sur la bande dessinée (qui en est une adaptation libre) par rapport à ce dernier. Et c'est tant mieux, car ainsi j’ai une bonne impression de l'album puisque "ceci n'est pas tout à fait la BD du film". En fait, c'est l'enquête autour du film qui constitue le fond du sujet. Olivier Bocquet a dû s'amuser en bâtissant le scénario et en mettant chaque personnage face à soi-même. Seul Spirou bénéficie d’un acteur qui en est le sosie parfait. D’ailleurs, même Spip se trompe lorsqu’il se jette dans les bras de l'acteur au lieu de Spirou. Seccotine et Fantasio en revanche ne comprennent pas bien pourquoi les acteurs choisis ne leur ressemblent pas vraiment et, du coup, adoptent un comportement des plus étranges qui ne leur ressemble pas trop non plus.
Un scénario plutôt cocasse, agrémenté de rebondissement inattendus, sur lequel le duo Alexis Sentenac et Brice Cossu s’en est donné à cœur joie, multipliant les scènes drôles, très dynamiques et efficaces. Plongées, contre-plongées, rien ne fait peur aux auteurs, le tout avec une aisance épatante mais toujours en gardant l'esprit de la série. On retrouve avec plaisir cette galerie de personnages très expressifs tour à tour loufoques, caractériels, candides et tendres ou terrorisés, Champignac, Spip, Zorglub mais aussi la turbotraction.
Les auteurs ont eu accès au scénario et photos du film et ont pu ainsi encore mieux jouer et s'amuser du travail effectué lors du tournage. En s’attaquant à ces symboles de la BD, ils ont certes pris un risque mais ont relevé le défi haut la main!
Les couleurs très agréables de Johann Corgié rendent la lecture encore plus plaisante.SDJ
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Expo Frank Pé
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AQUAMAN Rebirth
- Par asbl-creabulles
- Le 25/01/2018
Tome 1: Inondation
Scénario: Dan Abnett
Dessin: Philippe Briones, Scot Eaton, Oscar Jimenez, Brad Walker
Couleurs: Gabe Eltaeb
Editeur:
Dépot légal: Janvier 2018
Nombre de pages: 160Arthur Curry, roi de l'Atlantide surnommé Aquaman, a décidé d'ouvrir une ambassade atlante sur la terre ferme, plus précisément sur les côtes du Massachussetts. Cette ambassade, de son vrai nom "Station Embruns" (Spindrift Station), a pour mission d’améliorer les relations entre la surface et le royaume de la mer en rapprochant les deux peuples, les Atlantes et les habitants de la terre ferme. Mais à peine a-t-elle été inaugurée qu’Aquaman doit faire face à Déluge et ses troupes, une cellule terroriste atlante férocement xénophobe, qui a décidé de brûler les habitants de la côte. Un autre ennemi, Black Manta, fait également sa réapparition déguisé en journaliste du Daily Planet, bien décidé à se débarrasser d'Arthur Curry pour venger son père. Il réussira à faire exploser une bombe qui en ouvrant une brèche dans le compartiment aquatique va inonder le bâtiment, anéantissant l’espoir qu'avait le monarque de rassembler les peuples. Alors que Black Manta est secrètement approché par une mystérieuse organisation appelée N.E.M.O., Aquaman est arrêté pour crime contre les Etats-Unis alors qu’il se rendait à la Maison Blanche pour parler au Président. En effet, Atlantide aurait revendiqué la récente attaque contre un navire de l’US Navy, l'USS Pontchartrain.
Mon avis: Nouveau départ pour Aquaman, présent depuis 1941 et membre de la JLA à partir de 1960. Perçu par la plupart des lecteurs comme un personnage plutôt secondaire, il est pourtant l’un des plus intéressants. En sa qualité de Roi de l'Atlantide, il se doit d'inspirer le respect, d’être prudent et réfléchi avant toute action et doit assumer la méfiance du peuple de la terre ferme. Le voici donc reparti pour de nouvelles aventures qui commencent sur les chapeaux de roue. Pleine de bonnes intentions, son incursion à la surface pour lancer son ambassade, va s’avérer désastreuse. Et le pire c'est que ses plus gros ennuis viendront de ses propres rangs – du peuple atlante – et qu’ils lui vaudront une incarcération en bonne et due forme. Dan Abnett est seul à bord pour ces premiers épisodes dans lesquels le calme souverain d'Aquaman est mis à dure épreuve jusqu'à la confrontation avec un autre justicier de taille!
On appréciera les dessins tout à fait convaincants et adaptés aux deux ambiances du récit réalisés par Scot Eaton, Oscar Jimenez, Brad Walker et notre dessinateur français préféré et ami, Philippe Briones, qui a fait un travail hors pair et que l’on a toujours grand plaisir à retrouver. Son trait est net et son dessin toujours aussi riche en action, en décors, avec un découpage à couper le souffle. On ressent une certaine frustration en constatant que l'affrontement final a été confié à Brad Walker. Certes, le résultat est très bon, mais pourquoi ne pas laisser un si bon dessinateur français, qui encre lui-même ses planches et réalise trois épisodes de suite, terminer l’album alors que Brad Walker ne s’est chargé "que" de l'épisode #1 de la nouvelle série ?
Soyons honnête, l’ensemble est superbe, les pages magnifiques avec de multiples scènes d’action sur terre et des scènes aquatiques très réussies, dessin comme couleurs. Un album DC Rebirth qui relance de belle manière le souverain des mers.
SDJ
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THE DREAM
- Par asbl-creabulles
- Le 24/01/2018
Tome 1: Jude
Scénario: Jean Dufaux
Dessin: Guillem March
Couleur Guillem March
Editeur:
Collection: Dupuis Grand Public
Dépot légal: 12 janvier 2018
Nombre de pages: 56Megan travaille pour la société "Invisible Art Production". Elle recherche des talents pour un nouveau film en préparation. Elle cherche surtout un comédien pour un second rôle ayant une certaine prestance. Elle pense l'avoir trouvé en la personne de Jude qui pour le moment travaille dans le porno mais en live dans un club à Broadway devant un public de gens huppés et nantis. Si Megan est personnellement déjà convaincue, Jude devra encore passer des tests devant des personnes aussi passionnantes que dangereuses pour obtenir le rôle. Mais c’était sans compter avec la fille du caïd de la mafia chinoise qui a jeté son dévolu sur Jude et cet obstacle va se révéler de taille. Sina Songh n’hésitera pas à casser le contrat de Jude avec le cabaret où il se produit et à se débarrasser de sa copine et collègue de scène. Désormais Juge lui appartient et elle ne compte pas le laisser partir aussi facilement que Megan et la société souhaitant l'engager l’avaient prévu.
Mon avis: Lors de la première prise en main, on pourrait croire qu’il s’agit d’un album érotique où le sexe règne en maître, surtout lorsque Jude en est l'instrument. Eh bien non, détrompez-vous, ce n'est pas seulement le pouvoir du sexe sur les hommes et les femmes mais bien tout ce qui l'entoure, à commencer par le voyeurisme ou les fantasmes, mais aussi les frustrations, les jeux de pouvoir, les interdits et surtout les coulisses du show business ou les échelons à gravir pour réussir dans ce milieu. C’est de tout cela dont il est question dans ce premier tome d’une série étonnante de par le thème qu’a choisi Jean Dufaux pour son scénario.
Au dessin, on retrouve avec plaisir l’artiste espagnol Guillem March pour lequel Neal Adams, Jean-Pierre Gibrat et Milo Manara sont des sources d’inspiration. Il est clair qu’il maîtrise parfaitement l'anatomie humaine, en particulier celle de la femme comme le confirment les différentes postures qu’il réalise ici avec brio. L'encrage est soigné, le plus souvent très léger, pour laisser s'exprimer la couleur. L’ensemble donne un résultat qui peut surprendre au premier regard mais qui gagne à être apprécié à sa juste valeur. Scènes en extérieur, plongées et contre-plongées, plans rapprochés, gros plans, Guillem March sait y faire et ravira les curieux qui se laisseront porter par son dessin et ses couleurs. Un travail de toute beauté, bien mis en valeur en particulier sur les scènes en extérieur où rayonnent les couleurs. Un travail consciencieux très impressionnant qui sera tout à fait agréable aux regards attentifs.Un premier album réussi pour un nouveau tandem des plus efficaces. Après Djinn en collaboration avec Ana Mirallès, Jean Dufaux nous revient avec une nouvelle série "sensuelle" également illustrée par un auteur espagnol des plus prometteurs qui nous vient tout droit du comics (DC comics) avec Batman et une Catwoman très sexy qui en a surpris plus d’un, mais qui s’est également essayé à la BD franco-belge, d’abord chez Paquet (Souvenirs, Jours gris) puis chez Dupuis où il a publié en 2015 la série Monika, sur un scénario de Thilde Barboni, dans un genre qui lui va comme un gant.
Une nouvelle série à découvrir, sexy et sensuelle mais accessible (d’ailleurs n’est-elle pas publiée dans une collection intitulée "Grand Public" chez Dupuis) sur le thème du suspense érotico-fantastique qui devrait plaire aux amateurs du genre.SDJ