Créabulles, Expositions, Dédicaces, Rencontres.

Chroniques

Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture. 

  • OBLIVION SONG

    Oblivion songTome 1: Le chant de l'oubli
    Scénario: Robert Kirkman
    Dessin: Lorenzo Di Felici
    Couleurs: Annalisa Leoni
    Editeur: Delcourt Comics
    Dépot légal: mars 2018
    Nombre de pages: 160

    Nathan Cole organise des voyages interdimensionnels afin de récupérer un maximum d'humains partis de "l'autre côté", à Oblivion. Cela fait dix ans déjà que 300.000 habitants de Philadelphie ont mystérieusement disparu, littéralement happés dans cette autre dimension où vivent des monstres géants qui chassent les humains pour s'en nourrir. Nathan Cole et ses hommes ont déjà effectué plusieurs missions-suicide pour ramener des survivants mais devant les maigres résultats de leurs dernières expéditions sauvetage, le gouvernement ne veut plus les financer. De plus, une certaine inquiétude se fait jour concernant la solidité de la barrière séparant les deux mondes car si elle venait à se dégrader, les humains se retrouveraient impuissants face à ces monstres. Malgré tout, Nathan Cole ne peut se résoudre à abandonner et continue d’y aller seul, sans soutien, d'autant que son frère Edward est toujours coincé de l'autre côté. Quand les derniers rescapés qu’il ramène parlent d'un certain Ed qui aurait pris la tête d’une sorte de commando, il veut en avoir le cœur net coûte que coûte!

    Oblivion song plancheMon avis: Robert Kirkman nous revient en force, après "The Walking Dead" dont le succès n'est plus à démontrer et qui lui a valu le prix Eisner Award en 2010. Le voici aux commandes d’une série de science-fiction interdimensionnelle qui ne nous lâche plus. Après un début typique des séries du genre, l’intrigue se complique rapidement et soulève de nombreuses questions pour notre plus grand plaisir. Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé de ne plus aider Nathan Cole dans ses missions de récupération de rescapés d’Oblivion ? Pourquoi certains ne souhaitent-ils pas être "rapatriés" de cette autre dimension et qui sont-ils ? Son frère Ed est-il toujours vivant et où se trouve-t-il ? À quoi correspond ce "chant de l'oubli" ? Kirkman nous propose un scénario solide, bien ficelé avec une bonne dose de mystères et de surprises pour nous tenir en haleine pendant un bon bout de temps, comme il en a l'habitude si l’on en juge d’après ses précédentes séries comme "Invincible", "Haunt" ou "Outcast" et "The Walking Dead" pour ne citer que quelques-uns de ses travaux. 

    Oblivion song planche suiteLa partie dessin a été confiée à Lorenzo di Felici qui après des débuts dans le monde de la BD italienne, franco-belge et américaine comme coloriste et dessinateur s’est rapidement hissé au rang de dessinateur attitré. Dans Oblivion song, il nous propose un dessin dynamique et clair, avec des personnages bien reconnaissables, des monstres atypiques et impressionnants face auxquels on n'aimerait pas trop se trouver. La mise en page est efficace, dans un style plutôt cinématographique qui confère son plein d'énergie à cette série.

    Oblivion song planche suite 2La couverture donne tout de suite le ton et est très représentative du contenu, que ce soit pour les personnages, le style de dessin et les couleurs, ce qui devient de plus en plus rare, soulignons-le, dans le comics.

    Les couleurs réalisées par sa compagne Annalisa Leoni apportent de la profondeur aux personnages et aux décors et font bien ressortir l’énergie qui se dégage de l’album. Un très bon moment de lecture fortement conseillé aux aficionados de ce genre de comics.

    SDJuan

  • SOURIRE 58

    Sourire 58Coup de coeur 1Scénario : Patrick Weber
    Dessin : Baudouin Deville
    Couleurs : Baudouin Deville et Bérengère marquebreucq pour la couverture
    Dépot légal : le 21 mars 2018
    Editeur : Anspach
    Nombre de planches :52

    Kathleen Van Overstraeten ignore encore qu'elle va vivre une aventure d'espionnage des plus périlleuses lorsqu'elle pose sa candidature au poste d’hôtesse à l'exposition universelle de 1958. Kathleen fera partie des 280 personnes sélectionnées sur près de 3000 postulantes. Si elle doit suivre une formation de quatre mois, elle est vite avantagée par rapport aux autres candidates grâce à son sourire surnommé "Sourire 58" par la responsable du recrutement. Les choses se compliquent lorsqu’elle croise un voleur à la tire qui lui arrache son sac à main en pleine visite guidée du chantier peu de jours avant l’inauguration de l’expo. Heureusement, son sac est aussitôt récupéré par Jean-Marc Spruydt qui passait par là. Kathleen sera choisie pour la cérémonie officielle d’inauguration de l’exposition puis pour l’accueil de hauts dignitaires et responsables des pavillons nationaux les jours suivants. Tout semblait donc aller pour le mieux pour Kathleen jusqu’à ce que les problèmes surgissent: une statue représentant le Christ décalé de la croix – œuvre de l’artiste tchèque Svoboda – est dérobée dans le pavillon du Vatican. Puis la délégation de l’URSS fait savoir que son pavillon a fait l’objet de ce qui s’apparente fortement à un sabotage. En pleine guerre froide, ces événements menacent directement les négociations de paix et risquent de transformer cette guerre froide en conflit ouvert. 

    Sourire 58 plancheMon avis: Cet album tombe à pic pour célébrer les 60 ans de l'Expo 58 et de l'Atomium. A noter qu’il fait l’objet de deux expositions, l’une intitulée "Outdoor Atomium" présente au pied de l’Atomium du 23 mars au 16 octobre 2018 les grandes étapes de l'expo universelle de 1958 illustrées par des vignettes agrandies de l'album Sourire 58. La seconde se tiendra à la Galerie Champaka du 13 avril au 5 mai. 

    Sourire 58 atomiumLe romancier et scénariste BD Patrick Weber nous plonge en pleine guerre froide avec ce thriller géopolitique autour de l’exposition universelle de 1958 qui réunit tous les ingrédients du genre: intrigue policière, négociations pour la paix sur fond de conflit USA/URSS, manipulations et trahisons, amours et faux-semblants, etc. L’innocente Kathleen va se retrouver mêlée malgré elle à la plupart de ces événements mais ne se laissera pas menée par le bout du nez aussi facilement qu’on aurait pu le penser. Un récit d’aventure très plaisant et agréable à lire et original par son traitement "à l'ancienne". 

    Sourire 58 planche formationLe travail méticuleux de Baudouin Deville contribue largement à cette réussite et répond tout à fait à notre attente. Deville développe un style Ligne claire impeccable qui colle parfaitement au récit. Il met à profit ses talents de graphiste et d'illustrateur pour nous faire revivre à travers son dessin le Bruxelles de la fin des années 50 avec beaucoup de plaisir et de curiosité. Ses illustrations détaillées et très documentées (sur la base notamment des archives de la fille du commissaire général de l'exposition 58, Jacqueline Moens de Fernig) nous offrent une reconstitution des plus intéressantes du Bruxelles de l’époque, ses rues, ses places, ses automobiles et tramways, mais aussi les multiples costumes, tenues et coiffures, sans oublier les charmantes hôtesses d’accueil engagées pour l’Exposition universelle de 1958 qui a attiré 42 millions de visiteurs.

    Sourire 58 bannerUn bel album dédié aux 60 ans de l'expo 58 qui devrait ravir tous les nostalgiques mais aussi curieux de cette belle époque, une expo qui fut le reflet d’une société confiante en son avenir et à l’origine de l’Atomium devenu au fil du temps le monument emblématique de Bruxelles. Les lecteurs assidus et connaisseurs reconnaîtront des personnages illustres de la Ligne claire que Deville s'est amusé à représenter parmi les visiteurs de l'expo.

    A noter que c'est le premier album des Éditions Anspach. Souhaitons-leur la bienvenue dans le monde de la BD

    SDJuan

    Lire la suite

  • Le Vendangeur de Paname

    Vendangeur de panameUne enquête de L’Écluse et la Bloseille
    Scénario: Frédéric BAGÈRES 
    Couleurs: David FRANÇOIS
    Dessins: David FRANÇOIS
    Dépôt légal: 24 Janvier 2018
    Éditeur: Delcourt HORS COLLECTION
    Nombre de pages: 60 planches 


    "Deux policiers d’une incompétence rare relèvent le défi d’un tueur machiavélique… Le Paris du début du 20e siècle, son argot chantant, ses bouchons et ses estaminets ressuscités par un duo d’auteurs bien chambré…" (Delcourt).

    Paris 1912, Pierre Caillaux, la Bloseille (le petit nouveau fils de ministre pistonné), et l'Écluse, un alcoolique patenté "porté sur la boutanche", forment une belle paire d'inspecteurs. Ils ont été mis au placard et priés de ne surtout pas se mêler de l’enquête qui mobilise toutes les forces du 36 Quai des Orfèvres. Ainsi en a décidé le Commissaire Divisionnaire. Il a même été très clair sur ce point: "Avec la barbaque en devenir qui navigue en ce moment dans les rues de Pantruche, je tiens pas à voir un bleu bite et un soiffard se mobiliser pour nous ralentir". Nous voilà dans l’ambiance !

    Bloseille et l'Écluse ont de toute façon d’autres chats à fouetter. Ils décident, de commun accord, de faire équipe pour plancher sur "le décapsulé de Bercy – Marc Grappa – un caviste de la cour Saint-Émilion qu’on a sabré au ras des épaules". Le duo, mal assorti, apprendra à se connaître et arrivera, tout de même (ouf !), à aller au bout de ses investigations.

    Vendangeur de paname plancheLe scénariste Frédéric Bagères, dont c’est la première bande dessinée, nous offre avec Le Vendangeur de Paname, un vaudeville au langage fleuri avec un bouquet de personnages truculents, attachants et hauts en couleurs. Sur le ton de parodie (série TV), les auteurs nous font découvrir les méthodes de la toute nouvelle police scientifique en ce début de siècle. C’est drôle et pas au goût des anciens du 36.

    Vendangeur de paname planche suite

    Aux pinceaux de ce polar comique de la Belle époque, nous retrouvons David François, le dessinateur de l’excellent diptyque "Un homme de joie" (Casterman). Le dessin est souple et élégant. David François donne du dynamisme aux scènes dans des décors posés et splendides. Les visages des personnages sont très caricaturaux et expressifs. Un style graphique maitrisé collant à la narration de son complice Frédéric Bagères.

    Vendangeur de paname crayonnesAppréciez l’encrage au pinceau David François d'une planche tirée de la bande dessinée "Le vendangeur de Paname". Moi, j’en redemande !

    Michel

  • MONDO REVERSO

    Mondo reverso couvTome 1: Cornelia & Lindbergh
    Scénario : Arnaud Le Gouëfflec 
    Dessin : Dominique Bertail 
    Couleurs : Dominique Bertail 
    Dépot légal : Janvier 2018
    Editeur : Fluide Glacial
    Nombre de planches :70

    Cornelia est de retour en ville et les problèmes aussi. Ce n'est pas la shériffe qui va lui causer des ennuis car elle est rapidement abattue par une bande d’indiennes mais plutôt une pasteure nommée Hatchet, chasseuse de primes à ses heures perdues et dont Cornelia va devoir se méfier. Dans le village voisin, Mumu, dont tout le monde sait qu’elle n’est pas une petite sainte, connaît un médecin appelée Suzette, en réalité un homme, un imposteur qui cherche à sauver sa peau et qui s'appelle en fait Lindbergh. Ce dernier va devoir traiter en urgence le gros problème auquel est confrontée Mumu. Car Mumu se transforme, un pénis lui pousse entre les jambes. Or si ses acolytes l’apprennent, Mumu risque bien de devoir se cantonner dans un rôle ménager avec les autres hommes, préparer les repas et s'occuper de la lessive. Lindbergh sera sauvé par Myrtille qui lui raconte que Camille, qui n’a pas toujours été un homme, sait comment traiter ce genre de problèmes au moyen d’un breuvage magique capable de changer le genre. Lindbergh et Cornelia qu'il va croiser dans sa fuite, vont tout faire pour mettre la main sur le secret de Camille.

    Mondo reverso planche 1Mon avis: Voici un album plutôt atypique, dérangeant penseront certains, qui illustre bien le formatage auquel nous sommes soumis depuis des siècles selon lequel l'homme accomplit des tâches d'hommes et les femmes des tâches réservées aux femmes. Ici, les codes sont inversés, et je l'avoue, il faut un petit temps d'adaptation. On se demande même si et quand les choses vont devenir "normales". Le philtre serait-il la solution? Mais voilà, tout dépend de ce qu’on entend par "normal". Voir des femmes cow-boys, oups! "cow-girls", honnêtement ce n’est pas vraiment gênant, mais on sourit et on est embarrassé en voyant des hommes en robe, bas résille et talons aiguilles dans le rôle du sexe dit faible. Déjà, cela démontre bien que ça ne court pas les rues et qu'il y a beaucoup de chemin à faire.

    Mondo reverso planche suite 1Vous l'aurez compris, il s’agit d’un album qui va à l’encontre de nos stéréoptypes et qui cherche à provoquer, non pas dans le mauvais sens du terme, mais bien pour nous secouer un peu et nous faire (sou)rire au passage, d’autant que les dessins de Bertail sont de toute beauté (sans jeu de mot) et on en redemande. Il est vrai que là aussi on doit faire un petit effort d’adaptation dans un premier temps, mais à mesure que l'on tourne les pages, le côté drôle prend vite le dessus. Et si les transgenres viennent égayer l’album, on ne peut qu’apprécier la beauté des paysages, les jeux d'ombres, les costumes, les décors. Bertail multiplie les belles prises de vues et alterne les scènes burlesques avec quelques séquences un rien plus dramatiques. Le choix du brou de noix pour la couleur donne un très beau résultat et un très beau rendu notamment pour tout ce qui concerne les paysages et vastes plaines de l'Amérique des westerns.

    Un album drôle, qui ne se prend pas au sérieux, débordant d’imagination et très original de par le thème choisi et dont on attend la suite avec impatience.

    SDJuan

  • LE COEUR DES AMAZONES

    Coeur des amazones couverture 1Coup de coeur 1Scénario: Géraldine Bindi 
    Dessin: Christian Rossi 
    Couleur: Christian Rossi 
    Editeur:
    Casterman 1
    Dépot légal: Mars 2018
    Nombre de pages: 157

    La guerre de Troie s’éternise et les Grecs sont confrontés aux multiples attaques d’un ennemi inattendu, les Amazones qui vivent dans leur forêt impénétrable avec à leur tête la jeune reine Penthésilée. Voici venu le temps de la "fête des fleurs" célébrant le plaisir du combat si cher au cœur de ces femmes-guerrières mais également celui des sens et de la reproduction. Plusieurs beaux spécimens mâles sont capturés parmi les nombreux combattants grecs et conduits auprès des amazones qui n’auront que quelques jours pour en profiter. Les Grecs ignorent qu’une fois la fête des fleurs terminée, ils seront exécutés, tout comme plus tard les bébés de sexe masculin qui ne peuvent vivre avec les amazones. Seule Penthésilée ne trouvera pas son compte durant cette fête. Aucun roi ni prince ne figure parmi les mâles captifs. Pour soulager les émois de la reine, Protoé lui propose une décoction à base de plantes narcotiques et lui raconte qu’il y aurait un prince demi-dieu nommé Achille parmi les guerriers Grecs. Si cela semble être la solution idéale pour la jeune reine chasseresse, c’est pourtant elle qui va devenir la proie d’Achille et de ses hommes qui finiront par la capturer avec plusieurs de ses amazones. Cette confrontation va avoir de lourdes conséquences car en tombant amoureuse de son pire ennemi, Penthésilée va certes changer sa manière de voir les choses mais aussi le modèle social des amazones par ses choix qui vont à l’encontre de leurs traditions.

    Coeur des amazones plancheMon avis: Cet album est le résultat d’un long travail de collaboration entre Géraldine Bindi dont c’est la première incursion – réussie disons-le tout de suite – dans le monde de la bande dessinée, et Christian Rossi, bien connu des amateurs grâce à ses nombreux albums depuis "Le chariot de Thespis" en 1982 jusqu’à ce magnifique "Cœur des Amazones" en 2018, en passant par "La Gloire d’Héra" (1996-2002), "Tirésias" (2001), "W.E.S.T." (2003-2011), "Deadline" (2013) ou "XIII Mystery" (T9 - 2015). Nous retrouvons ici les Amazones en pleine Guerre de Troie dans un scénario qui combine habilement les versions d'Homère et de Quintus de Smyrne où Penthésilée est transpercée par la lance d'Achille et celle d’Heinrich von Kleist dans laquelle Achille succombe à l'attaque des chiens de Penthésilée. On pourrait presque la résumer en disant qu’il s’agit d’une histoire d’amour impossible. Mais derrière ce portrait des amazones, beaucoup de questions sont abordées par Géraldine Bindi, dont plusieurs d’une actualité brûlante. "Je pense que les femmes peuvent se reconnaître dans les Amazones. Je pense qu’il y a une part d’amazone dans chaque femme", nous a-t-elle déclaré (lors de notre interview à retrouver ici). Surtout, au sein de ce groupe de guerrières, des individualités se manifestent et on sent germer chez certaines amazones la graine du pardon, le désir d'en finir avec la haine qu’elles ont nourri contre les hommes depuis des générations.

    Coeur des amazones planche amazones 1Côté dessin, cet album est réellement fascinant et nous donne l’occasion d’apprécier le magnifique dessin de Christian Rossi. D’ailleurs pour que l’ensemble demeure réaliste, celui-ci a tenu à ce que les dieux soient graphiquement invisibles même si on sent bien leur présence. Cette plongée au cœur de l’univers des amazones est l’occasion d’admirer de belles jeunes femmes très sexy mais sans jamais tomber dans l'excès. Ici, il n’est pas question de "blondes à forte poitrine". Les auteurs ont choisi d’un commun accord de présenter des femmes naturelles. Les amazones sont bien faites et attirantes mais très athlétiques et sportives puisque ce sont des guerrières toujours prêtes à se battre. Christian Rossi nous offre ce qu'il maîtrise à merveille, des corps nus ou presque, des guerriers à l'état pur, des visages expressifs (il a beaucoup travaillé d’après modèle vivant durant sa carrière) , de très beaux chevaux mais aussi des décors impressionnants. Son dessin est légèrement encré et coloré au lavis à base de brou de noix, une teinte chaude qui fait éclater la lumière dans la forêt magique et luxuriante où vivent les amazones, ainsi que sur leurs corps à la peau claire ou légèrement hâlée. Coeur des amazones illu avec titre 1Une illustration de couverture – une amazone en tenue de guerrière à la fière posture sur son cheval – révélatrice du contenu de l’album, de même qu’un titre "Le cœur des amazones", qui évoque ce cœur qui reste à conquérir du fait de cet amour impossible que ces guerrières se sont imposé.

    Image1 53Un magnifique univers onirique au cœur de la forêt d'Artémis pour faire flancher le cœur de tout lecteur aimant les belles aventures. 

    A noter, en ce moment vous pouvez aller admirer les planches exposées à la librairie Slumberland à Wavre !

    Exposition du 15 mars au 15 avril !

     

    Juan et Patrick

    Lire la suite

  • GHOSTLAND

    GhostlandUn film de Pascal Laugier
    Avec Crystal Reed, Anastasia Phillips, Emilia Jones, ...
    Genre Epouvante-horreur
    Nationalités Français, Canadien
    Date de sortie le 14 mars 2018
    Durée du film: 1h31

    Synopsis du film:

    Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque.
    Tandis que Beth devient une auteur renommée spécialisée dans la littérature horrifique, Vera s’enlise dans une paranoïa destructrice. Seize ans plus tard, la famille est à nouveau réunie dans la maison que Vera et Pauline n’ont jamais quittée. Des évènements étranges vont alors commencer à se produire…

    Ghostland 1 Ghostland 2

    L'avis de Frédéric Briones:

    Le nouveau film de Pascal Laugier est une bombe d'intensité et de violence.
    Le film assume avec vigueur son statut de film de genre, brutal, dur, criard, moite et angoissant.
    Trois femmes seules, une intrusion violente, l'urgence de se défendre coûte que coûte.
    Mais l'originalité du film réside dans le fait de traiter du chemin intérieur des victimes pendant et après l'événement et d'en mesurer les ravages plutôt que de mettre l'acte de survie et l'éventuel héroïsme au centre du film. Ce n'est pas un survival même si l'enjeu de survie est important.

    Ghostland 3 Ghostland photo 3

    L'ambiance est rapidement et efficacement posée, étrange et pesante avant même l'attaque, avec son lot d'icônes (les poupées, H.P. Lovecraft...). Pendant un moment on est dans le film qui fait peur, à la mode en ce moment (Conjuring, Insidious, etc.), puis on rentre soudain dans un cinéma de tension frontal et brutal qui évite ou limite les effets gores mais exacerbe l'ouragan de folie qui s'abat. On est alors dans le cinéma de Rob Zombie.
    Il faut donc être prêt à être secoué et dérangé dans le confort de son fauteuil. Ce film mérite son interdiction aux moins de 16 ans. Clairement. 

    Ghostland photo 4 Ghostland photo 5

    D'autant que le trio d'actrices est épatant d'authenticité et que la mise en scène est particulièrement maîtrisée et habile pour maintenir la tension tout au long du métrage. Celui-ci s'avère anxiogène et éprouvant, ce qui était clairement le but recherché.
    On est vraiment content de sortir de la salle et de revoir la lumière, preuve en soi que cette plongée dans les ténèbres et la violence aveugle et limite surnaturelle est plutôt réussie.
    Après c'est purement une affaire de goût.
    Pour ma part, c'est réussi. À petite dose, c'est OK pour moi.

    Suivez les chroniques de frédéric ici

     

  • LA PETITE SOURIANTE

    Petite sourianteOne Shot
    Scénario: Zidrou
    Dessins: Benoît Springer
    Couleurs: Benoît Springer et Séverine Lambour
    Dépôt légal: février 2018
    Editeur:
    Dupuis 1 "Grand Public"
    Nombre de pages: 54 pages + cahier graphique

    Combien de fois faut-il tuer un amour pour qu’il cesse de vous hanter ? 
    Telle est la question que nous posent de manière ironique, les auteurs de "La petite souriante". Dans un format compact, à la couverture "usée", Zidrou et Benoît Springer nous proposent un thriller gore avec Josep Pia dit Pepito ou Pep, dans le rôle de l’éleveur d’autruches, Isabela dans celui de sa maîtresse haineuse et belle-fille et enfin Dora dans celui de son increvable épouse.
    Dès les premières planches, le ton est donné. Sous les regards inquiétants de ses « "poulets de plus de 100 kilos", Josep massacre à coups de lourde masse la tête de sa gênante épouse. Il se débarrasse ensuite du corps en le balançant au fond d’un puits. Le plan des amants diaboliques semble être une complète réussite. Rentrant chez lui, apaisé du devoir pénible accompli, Joseph croise alors …son épouse souriante sur le pas de la porte.

    Petite souriante planche 1Après le succès de librairie des albums "Le Beau Voyage" et "L’indivision", le duo Springer-Zidrou récidive avec "La petite souriante", un récit crade et sordide. Jugez-en: une épouse qui ne meurt jamais, des amants psychopathes aux mœurs incestueuses, un décor crasseux, des autruches, de la haine, le tout saupoudré de couches de rancœur.

    À ma connaissance, il s’agit du premier thriller scénarisé par le prolifique Super Zidrou et c’est à mon humble avis, une grande réussite ! Le récit de Zidrou est noir de chez glauque mais ironique et efficace. Du récit brutal se détachent quelques petites perles telles que la visite de l’autrucherie par un groupe de petits vieux d'une maison de retraite et le délicieux "tu n’as pas oublié le beurre au moins" que je vous conseille de découvrir. C’est bidonnant.

    Petite souriante planche couleurBenoît Springer appuie de sa palette bichromique l'intensité et l’atmosphère de brutalité dans laquelle trempe "La petite souriante". Le découpage est rythmé, les plans idéalement cadrés et les personnages tous extrêmes, très expressifs.
    "La petite souriante" est inspiré par une célèbre chanson écrite par Edmond Bouchaud en 1908, intitulée "Elle était souriante". Personnellement, le récit me rappelle plutôt une autre chanson popularisée par Steve Warring: Le matou revient (adaptation d'une chanson américaine, écrite en 1893 par Harry S. Miller sous le titre "The Cat Came Back). Je terminerai donc exceptionnellement ma chronique en chantant :
    "Le fermier découragé envoie son chaton chez le boucher
    Pour qu'il en fasse du hachis Parmentier, du hamburger.
    Le chat hurle et disparaît dans la machine.
    «De la viande poilue» est affiché sur la vitrine.
    Mais le matou revient le jour suivant
    Le matou revient, il est toujours vivant."

    Michel

  • BATMAN Detective Comics 2

    Batman detective comicsTome 2 . Le Syndicat des victimes
    Scénario : Margueritte Bennett et James Tynion IV
    Dessin : Ben Oliver, Al Barrionuevo, Szymon Kudranski, Carmen Carnero, Alvaro Martínez, Eddy Barrows, 
    Couleurs : Hi-Fi, Ben Oliver, Brad Anderson, Gabe Eltaeb et Lucas Adriano
    Encrage : Paul Fernandez, Ben Oliver, Szymon Kudranski, Scott Hanna, Al Barrionuevo, Eber et Julio Ferreira, 
    Couverture : Jason Fabok, et Brad Anderson
    Dépot légal : Le 12 janvier 2018
    Achev. impr. : décembre 2017
    Editeur : Urban Comics
    Collection : DC Rebirth
    Planches :158

    Une nouvelle équipe a vu le jour, créée à l’initiative de Batman et entraînée par Batwoman, sa cousine Kate Kane dans la vie privée. Beaucoup parmi les membres et co-équipiers de Batman se posent des questions depuis l’attaque des monstres et depuis qu’ils ont vu Red Robin disparaître considérant, à commencer d'ailleurs par Batman, qu'il est sans doute mort. Ils redoutent surtout que le venin monstrogène crée d’autres monstres et s’interrogent sur les chances de réussite d’une telle équipe et sur ses motivations puisque la plupart de ses membres sont des filles de super-vilains – Batwoman, Spoiler ou Orphan – ou d'anciens criminels comme Gueule d'Argile. L’arrivée du "Syndicat des Victimes", un groupe aux pouvoirs extraordinaires pouvant battre cette nouvelle Bat-équipe ne va pas faciliter les choses surtout lorsque ce Syndicat demande à Batman de retirer son masque et de prendre sa retraite. A leurs yeux, c’est la présence de Batman à Gotham qui est la cause principale des malheurs qui s'y produisent et qui fait que les super-vilains y prolifèrent en causant beaucoup de victimes collatérales. Sans l’aide de Red Robin, Batman et Batwoman se demandent s'ils vont réussir à contrecarrer l’action de ce Syndicat alors même qu’il a réussi à semer le doute au sein de la nouvelle Bat-équipe.

    La seconde partie de l’album est un retour aux sources, aux origines du personnage qu’est devenu aujourd’hui Batwoman. Kate Kane se destinait à une carrière au sein de l'armée jusqu'à ce que ses supérieurs découvrent son homosexualité et la remercient. Après cet échec, elle sera prise en main par son père, Jacob Kane, qui va l’entraîner aussi durement qu'à l'armée dans le but d’en faire "Colonie Prime", le premier membre d’une organisation militaire étudiant le mode opératoire de Batman et opérant à Gotham City. Mais elle préférera étudier seule Batman et se rapprocher de sa méthode de combat contre les criminels de Gotham. Elle découvrira par la suite qu'il n'est autre que son cousin Bruce Wayne. Aujourd'hui, elle va devoir affronter celui qui a endossé le rôle de Colonie Prime. Son père, désormais en prison, va lui proposer un deal qu'elle ne pourra refuser. Mais comment faire confiance à un père devenu criminel ?

    Batman detective comics 2 planche

    Mon avis: Batman et ses partenaires ne sont pas les bienvenus aux yeux du Syndicat des Victimes et le trouble s'insinue lorsque ce dernier explique qu’il n’y aurait pas ou peu de victimes collatérales s’il n’y avait pas de super-héros. La nouvelle équipe constituée par Batman et entrainée par Batwoman acquiert toute sa puissance et sa crédibilité dans ce second tome de Batman Détective Comics. Il faut dire que les personnages sont ceux de séries – Batman Eternal et Batman & Robin Eternal – pilotées par le même scénariste. Il a donc tout loisir de les diriger comme il l’entend et cela se ressent. Il joue de leurs états d'âme, de leurs doutes, de leurs interrogations sur leur maintien ou non dans une équipe de prime à bord improbable mais qui parviendra à se forger une identité et une raison d’être sauf pour l’un de ses membres qui décidera de la quitter. On notera surtout l’omniprésence de la violence dans les séries Batman avec des ennemis de plus en plus agressifs et n’hésitant plus à tuer, ce qui d’un certain point de vue justifie pleinement l’appellation "super-vilains". Coté dessin, c’est selon le goût de chacun. Pour ma part, je n’y vois que du bon. Pour les épisodes du Syndicat des Victimes, Eddy Barrows, Alvaro Martinez, Al Barrionuevo et Carmen Carnero nous offrent un travail de qualité donnant un très beau résultat globalement cohérent tant sur les personnages que les décors. Les héros sont  charismatiques, expressifs, leurs mouvements clairs et fluides, les décors d’arrière-plan soignés et bien fournis, les scènes d'actions superbes avec des cadrages dynamiques. L’encrage réalisé par Raul Fernandez, Eber Ferreira (finitions Julio Ferreira) et Al Barrionuevo est également à la hauteur. Les couleurs soulignent le travail des artistes, leur donnant de la profondeur et jouant également avec la lumière.

    Dans la seconde partie de cet album, consacrée aux origines de Batwoman, on prend plaisir à retrouver cette héroïne souvent considérée comme mystérieuse. Pour cet épisode, James Tynion IV est rejoint par Marguerite Bennett au scénario. Tous deux connaissent bien le personnage sur lequel ils ont déjà travaillé ensemble. Ils donnent de la profondeur à Kate Kane, n’hésitant pas à rapprocher les Bat-cousins Bruce et Kate, et nous apportent des précisions sur la nature des relations entre Kate et son père et du même coup sur les origines de "Colonie Prime". Sur cet épisode, les illustrations de Ben Oliver s'apparentent davantage à de la peinture alternant les tons chauds et froids et agrémentée de beaux jeux de lumière.

    Un très bel album vivement recommandé à tous les amateurs de Batman.

    SDJuan