Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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CORTO MALTESE - La ligne de vie
- Par asbl-creabulles
- Le 19/11/2024
Tome 17 - La Ligne de vie
Scénario : Juan DÍAZ CANALÉS
Dessin : Rubén PELLEJERO
Couleurs : Rubén PELLEJERO
Lettrage : Philippe GLOGOWSKI
Traduction : Hélène DAUNIOL REMAUD
Adapté de Hugo PRATT
Dépot légal : Octobre 2024
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-203-27647-5
Nombre de pages : 78Corto Maltese est un peu à sec en ce moment. La remise en état de son bateau La Niña de Gibraltar a englouti ses dernières économies. Alors qu’il met la dernière touche de peinture, l’une de ses vieilles connaissances, Bouche Dorée, vient lui proposer une nouvelle mission : se faire passer pour le représentant d’un musée européen auprès d’un archéologue sans scrupules, Edward Herbert Thompson, afin de gagner sa confiance et lui acheter une pièce inestimable dans un lot d’antiquités mayas. Tout en parlant, Bouche Dorée a saisi la main de Corto et lui apprend que sa ligne de vie est en train de s’écourter car la mort le guette et elle parle espagnol… ce qui visiblement n’inquiète guère Corto. En effet, nous le retrouvons au Mexique en plein affrontement entre les Cristeros en grande partie menés par le général Gorostieta et le gouvernement républicain et ses nouvelles lois anticléricales. Il y retrouve deux autres anciennes connaissances, Raspoutine devenu curé et Banshee, la révolutionnaire irlandaise, qui a trouvé une nouvelle cause à défendre.
Mon avis : Ce nouvel album renoue avec l’aventure. Dans un style moins polar que le précédent, mais toujours dans une construction d’une densité rare. Juan Díaz Canales réussit à nous proposer une belle aventure à la lecture très fluide et attractive mettant en scène des personnages sortis de l’histoire avec un grand H sans toutefois tomber dans le piège du trop didactique.
L’ensemble témoigne d’une belle efficacité narrative.
Quelques personnages y font leur retour et sont très bien amenés en conservant l’esprit de l’univers de Pratt accommodé à la sauce espagnole par Canales et Pellejero. Avec eux, aucun risque qu’il soit dénaturé !
Avec ce cinquième album de Corto Maltese, force est de constater s’il en était besoin, que Rubén Pellejero maîtrise parfaitement cet univers et ses personnages. Il est aussi à l’aise avec Corto qu’avec les autres personnages mais aussi avec les nombreux décors qui invitent au voyage, un peu la marque de fabrique de Pratt.
Juan Díaz Canales participe très activement à la recherche de documentation pour les décors mais aussi les nouveaux personnages autant pour lui-même et l’écriture du scénario que pour aider son collègue dessinateur à ne pas dénaturer le récit.
Une nouvelle fois, Rubén Pellejero excelle dans son style très caractéristique.
Une très belle narration tout à fait à la hauteur de nos attentes de la part de ces deux grands auteurs.SDJ
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LUC DASSAUT
- Par asbl-creabulles
- Le 17/11/2024
Tome 1 . Les rescapés de l'eldorado
Scénario : Christian LALLEMAND
Dessin : TYEF
Couleurs : TYEF
Adapté de : Henri VERNES
Dépot légal : septembre 2024
Editeur : Editons Du Tiroir
Collection : Henri Vernes
Format normal
EAN/ISBN : 978-2-931251-10-2
Nombre de pages : 48En 1953, Henri Vernes créé pour les éditions Marabout son célèbre personnage Bob Morane, sans savoir encore qu’il l’occupera pour le reste de son existence. Quatre ans plus tard, pour les éditions Hachette, il imagine son presque frère jumeau, Luc Dassaut, journaliste possédant les mêmes idéologies de défense de l’opprimé, un sens aigu de la justice et un caractère fonceur. Seule différence notable (en dehors du physique), Luc fume, beaucoup d’ailleurs, des cigarettes de Virginie.
Dassaut ne connaîtra que deux aventures, Les Rescapés de l’Eldorado et Base Clandestine, avant de se faire oublier pendant de longues années. Base Clandestine dont le personnage initial dans le secret de l’Homme en Noir s’appelle Fred Leslie, et qui sera par la suite republié sous le titre Des dinosaures pour la comtesse. Mais ne dit-on pas que les vrais héros ne meurent jamais ?Sous l’impulsion des Éditions du Tiroir, revoici donc Luc Dassaut, dans sa première aventure, cette fois en bande dessinée. Aux manettes, on retrouve Christian Lallemand, cofondateur des Éditions, diplômé de l’Académie des Beaux-Arts Jean-Jacques Gaillard de Saint Gilles, scénariste, habitué à côtoyer auteurs et dessinateurs. On le sent à l’aise dans l’adaptation d’Henri Vernes, réussissant à condenser dans 45 pages l’intrigue fouillée et les innombrables rebondissements qui font la signature des romans de l’auteur.
Au dessin, Tyef, de son véritable nom Tyffenn Guerveno, apporte au personnage une identité graphique réelle, des traits clairs mais également anguleux, nerveux, un peu bruts comme on l’attend d’un héros, avec un vrai dynamisme dans les cases et un souci du détail. Si je n’avais pas forcément en tête cet aspect pour Dassaut, Tyef réussit à imposer sa propre image, sans donner dans le classicisme de certaines BD actuelles. On a beau connaître cette histoire pour l’avoir maintes fois lue étant gamin, on referme la BD avec le sentiment d’avoir eu en mains un bel objet graphique. Ce qui n’est pas mince affaire dans le marché actuel pléthorique du neuvième Art.
Mes remerciements aux Éditions du Tiroir pour leur confianceR.Colombo
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LA FAUNE SYMBOLIQUE T2
- Par asbl-creabulles
- Le 17/11/2024
Tome 2 . Le roi cerf
Scénario : Jean-Claude SERVAIS
Dessin : Jean-Claude SERVAIS
Couleurs : RAIVES
Dépot légal : octobre 2024
Editeur :
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-8085-0515-4
Nombre de pages : 68Servais continue sa série d’albums sur les animaux de la forêt ardennaise.
Cette fois, après le renard, c’est le cerf qui est à l’honneur.
Mêlant des courts récits illustrant des légendes et s’intercalant dans une histoire plus longue, il met en valeur cet animal si majestueux qui reste invisible pour le promeneur.
En suivant Édouard et son grand-père ainsi que le garde-chasse, le lecteur s’instruit sur les mœurs du cerf en découvrant les si belles pages de ce livre qui nous montre le cervidé dans sa vie de tous les jours et des saisons, sans oublier la chasse et les chasseurs.
Il y verra le cerf blanc, le cerf moine…
La forêt est magnifique dans cet album. Guy Raives parvient à la rendre réelle avec sa palette de couleurs.
Deux légendes sont remarquables : Diane et Actéon ainsi que Cierva la blanche.
Pages 35, 40, 42, 45, 47, Servais nous offre des vues vertigineuses sur des châteaux impressionnants.Je terminerai en le félicitant pour la beauté, la majesté et la force des cerfs qu’on rencontre tout au long de la lecture.M.Destrée
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WYOMING 1863
- Par asbl-creabulles
- Le 15/10/2024
Tome 1 - Cinq jours pour mourir
Scénario : Jean-François DI GIORGIO
Dessin : Fabrizio DES DORIDES
Couleurs : Garluck AGUIRRE
Encrage : Michele PASTA
Dépot légal : Octobre 2024
Editeur : Soleil Productions
Grand format
ISBN : 9782302094581
Nombre de pages : 501863 sur les terres agricoles et d’élevage du Wyoming. Les Logan ont tout pour être heureux même si leur fils Edward en quittant le ranch familial pour l'université s’apprête à briser le cœur de sa mère. En vérité, cela n'est rien en comparaison de ce qui va leur arriver… quand surgit la bande mexicaine de tueurs et voleurs de chevaux aux ordres de Diego. Ils n’hésitent pas une seconde à tuer le jeune Edward sous les yeux de sa mère avant de massacrer toute la famille pour s’emparer d’une poignée de chevaux et des économies de toute une vie avant d’incendier la maison. Les Logan ne sont pas leurs seules victimes, les Anderson aussi, ainsi que le vieux Mc Harin. Quiconque croise leur route est aussitôt dépouillé, une route jalonnée de viols, de massacres, de pillages dont tous les témoins sont sauvagement éliminés. Mais Diego vise encore plus haut, le Creek Ranch, pourtant réputé bien protégé. Il n'en démord pas, affirmant qu’il sait comment s'y prendre. Au ranch, c’est jour de fête. On prépare le mariage de Virginia, la soeur de Julia. Enfin la diligence arrive, Virginia est accompagnée de son fiancé Bill, dont les visées ne sont pas encore très nettes. Une autre passagère en descend, Emma Bridges, dont on va rapidement découvrir qu’elle a pour unique objectif de se venger après l'enlèvement de ses deux filles. Pendant ce temps, les pillards préparent leur assaut.
Mon avis : Dans ce premier tome d’une trilogie, l’histoire commence sur les chapeaux de roue. Jean-François Di Giorgio n'y va pas de main morte : attaques surprises, vols à main armée, destruction de biens, violence physique sur les personnes, enlèvements, exécutions sommaires, viols… Le cadre des événements est posé mettant en scène des hors-la-loi notamment la bande de voleurs mexicains de Diego, d’honnêtes familles propriétaires de ranches, une jeune femme en quête de vengeance et un jeune homme au comportement peu commun. Quand les choses se "calment", le scénariste nous présente les personnages qui vont jouer un rôle prépondérant dans l'histoire. Ils ne manquent pas d'attrait ni d'intérêt compte tenu des retombées de leur passé respectif. Si on peut être surpris par ce changement de rythme, on sent bien que la tension continue de monter.
Côté illustration justement cette tension est presque palpable. Les émotions sont à fleur de peau et l'action se concrétise par un dynamisme parfois spectaculaire. Le dessinateur italien Fabrizio Des Dorides nous propose un dessin dans le plus pur style western mais au découpage cinématographique très moderne. Sa mise en scène est bourrée d'énergie et ses personnages bien caractérisés physiquement et moralement au profit d’une narration visuelle très réussie. Garluk Aguirre réalise une mise en couleurs lumineuse et agréable ajoutant encore de la clarté au dessin.
Premier album d’une série qui devrait faire parler d’elle parmi les nombreuses parutions western qui garnissent actuellement les présentoirs des librairies spécialisées.
SDJuan
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GELUCK - TOUT EST VRAI
- Par asbl-creabulles
- Le 11/10/2024
Tout est vrai
Scénario : Philippe GELUCK
Dessin : Philippe GELUCK
Couleurs : Serge DEHAES
Dépot légal : Octobre 2024
Editeur :
Format : 17 x 22.5 cm
EAN/ISBN : 9782203280847
Nombre de pages : 144En ce mois d’octobre 2024, Philippe Geluck nous propose un nouvel album, petit par son format mais riche par son contenu qui se déroule sur près de 144 pages sous le titre Tout est vrai (je le jure).
À travers plus de 150 anecdotes, agrémentées de nombreux dessins de presse couvrant plus d’une vingtaine d’années, l’auteur du Chat nous raconte de manière amusante, drôle et optimiste quelques-unes de ses innombrables rencontres avec des personnalités du monde de la chanson, du théâtre, du cinéma, de la danse, de la musique, de la littérature mais aussi de la télévision, de la radio et du monde politique bien sûr.Il faut dire que Philippe Geluck a de très nombreuses facettes : dessinateur de BD mais aussi de presse, concepteur de statues monumentales (rappelez-vous l’exposition Le Chat déambule admirée par plusieurs millions de visiteurs), comédien, chroniqueur en radio et télé, etc. C’est un touche-à-tout et cela lui a donné l’occasion de croiser et rencontrer beaucoup de monde. Il avait donc énormément de matière à sa disposition pour nous conter diverses aventures drôles de sa vie, en tout cas largement assez pour faire ce livre illustré de scènes toujours aussi drôles et cocasses mais principalement constitués de textes courts bien trouvés, souvent décalés, savoureusement piquants ou satiriques mais toujours amusants et tendres, et plein de cette autodérision qui le caractérise si bien. Et si parfois c’est de mauvais goût, c’est totalement assumé.Si Geluck donne libre cours à son imagination, tout est vrai comme le confirme le titre de l’ouvrage. Pour preuve, il y évoque aussi sa vie privée, dont certaines scènes tout droit inspirées de son enfance et de son adolescence, de ses proches et de ses connaissances plus familières.
Quant aux fans du Chat, rassurez-vous, il est partout et on le retrouve souvent dans l'album, d’ailleurs il partage même l’affiche de l’album.Un excellent moment de détente, de plaisir et de rire. Geluck n’est jamais en manque d’inspiration. On se réjouit de sa vivacité d’esprit à travers les innombrables réflexions pertinentes qui agrémentent ses récits.SDJuan
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LA PISTE DE L'OREGON
- Par asbl-creabulles
- Le 22/09/2024
La piste de l'Oregon
Scénario : Eric CORBEYRAN
Dessin : Jean-Marc KRINGS
Couleurs : Vera DAVIET
Dépot légal : Septembre 2024
Editeur : Kennes
Format normal
EAN/ISBN : 978-2-380-75862-7
Nombre de pages : 801843. Impatients d’entamer une nouvelle vie, un groupe de pionniers est en route pour Oregon City, à l’ouest des Montagnes Rocheuses, sur les rives de la rivière Willamette. Ils s’apprêtent à traverser le Nouveau Monde d’Est en Ouest depuis la ville d’Independence dans le Missouri en bravant toutes sortes de dangers : tribus indiennes, animaux sauvages, maladies, rigueurs de la météo, voleurs, etc. Leur convoi est des plus hétéroclites même si l’homme blanc y est majoritaire. Il est placé sous la responsabilité du capitaine Patterson qui s’assure que les colons ont une bonne conduite. Patterson est largement secondé par Wakanda, une femme d’origine Sioux, et son mari Pierre Charbonnier, un trappeur français, qui veillent au bon déroulement du voyage. Leur aide va s’avérer indispensable car il peut prendre jusqu’à six mois.
Mon avis : Les étals des librairies sont largement remplis de BD western en ce moment. Le genre est indémodable et ne cesse de s’adapter à l’air du temps. Le cow-boy y est parfois remplacé par un croque-mort ou par un journaliste et parfois aussi par une femme…
La Piste de l'Orégon, avec Eric Corbeyran au scénario, relate la grande traversée d'Est en Ouest de personnes que l’on peut qualifier d’aventuriers laissant derrière eux une vie qu'ils fuient en espérant vivre ensuite des jours meilleurs.
L’album met l'accent sur l’aspect "road movie" d’une histoire dans laquelle les personnages, héros comme anti-héros, se côtoient du mieux qu'ils peuvent, en tout cas pour certains. Car il y avait de tout parmi les colons, du bon comme ces jeunes couples pour qui le but est de bâtir leur vie dans cette nouvelle Amérique, mais aussi du moins bon comme des truands, des arnaqueurs, des violeurs, etc. qui partaient sans doute aussi vers de nouveaux horizons mais sans réelle volonté de changer de mode de vie. Le Capitaine Patterson, épaulé par le trappeur français Pierre Charbonnier et l'indienne Wakanda, est chargé de mener à bien cette mission où les guettent bien des dangers.
Un récit avec beaucoup de matière donc, au point que l’on a vraiment l'impression de faire le voyage avec les colons, de s’émerveiller devant la beauté de certains paysages mais aussi de s’inquiéter au moindre danger. L’album en évoque quelques-uns comme les attaques de brigands ou de bandits de grand chemin mais aussi de groupes d’indiens belliqueux ainsi que le harcèlement sexuel et les tentatives de viol au sein même du convoi ou les propos racistes de certains colons…
Heureusement, il y a aussi du positif comme les élans de solidarité entre membres du groupe en cas de difficultés, de la persévérance et beaucoup de courage.Les dessins de Jean-Marc Krings illustrent parfaitement la réalité d’une telle aventure. On notera toutefois que le dessinateur avec son trait bien à lui y souligne plutôt l’aspect positif et agréable en laissant au second plan le côté trop sombre de certains événements. Les personnages charismatiques évoluent dans de beaux décors et paysages. Le découpage très dynamique accompagne une belle narration visuelle.
Les couleurs de Vera Daviet donnent aussi de l'énergie et mettent encore un peu plus en valeur le dessin de Jean-Marc Krings. Même si on peut regretter, sans doute à cause de l'impression, que les couleurs sont parfois un rien trop sombres sur les scènes de nuit, elles n'enlèvent en rien la bonne énergie qui se dégage de l'album.Existe aussi en version luxe des éditions BDMust à tirage limité sous la forme d’un album cartonné N&B à dos toilé brun, avec une couverture couleur inédite, un cahier graphique de 8 pages et trois ex-libris.
SDJuan
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WESTERN LOVE 2
- Par asbl-creabulles
- Le 19/09/2024
Tome 2 - Noël en famille
Scénario : Augustin LEBON
Dessin : Augustin LEBON
Couleurs : Augustin LEBON
Dépot légal : août 2024
Editeur : Soleil Productions
Collection : Aventure
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-302-09976-0
Nombre de pages : 56Profitant d’une vie pleine d’insouciance, Molly et Gentil rêvent de partir s’installer en Californie. Mais pour le moment, ils n'ont qu'une idée en tête : profiter au maximum de l'agent de leurs braquages. Arrive alors ce qui devait arriver. Ils finissent par être rattrapés par les représentants de la loi et ne doivent leur salut qu’en soudoyant les hommes du shérif. La fuite est leur seule issue. Sur leur route, à l’orée d’un bois, ils entendent les cris d'un bébé et décident d'aller jeter un coup d'œil. Ils tombent sur une scène horrible, un bébé en pleurs, seul près de sa mère étendue au sol dans la neige, tuée par balle. Ils récupèrent le bébé et alors que Molly vient de trouver une photo laissant supposer qu’il aurait de la famille à Kingston, quatre cavaliers surgissent annonçant que l’enfant est à eux. La réaction est immédiate. Ils abattent trois des hommes tandis que le dernier prend la fuite. Si le danger reste bien réel, Molly et Gentil décident malgré tout de se mettre en route vers Kingston pour retrouver la famille du bébé. Alors que les problèmes vont de nouveau les rattraper, mettant (provisoirement) fin à leur rêve de Californie, la question d'avoir ou non des enfants va vite prendre le dessus.
Mon avis : Comme dans le premier tome, les événements s’enchaînent rapidement et la tension va crescendo donnant au récit un rythme soutenu. Augustin Lebon alterne les passages plus durs ou violents comme la découverte du bébé près du cadavre de sa mère ou l’arrivée des bandits sanguinaires avec des moments plus drôles ou tendres voire de réflexion durant lesquels nos deux amoureux se posent bien des questions.
Une ambiance agréable se dégage de l’album faisant passer au second plan la dureté et la noirceur de l'époque.Pareil côté dessin et couleurs, c'est bourré d'énergie !
L’album mélange habilement les pages pleines de tendresse ou drôles de nos deux tourtereaux, les paysages bien fournis et décors de toutes sortes d’où ressortent plusieurs cases ou pages beaucoup plus spectaculaires en particulier sur les scènes d'action bien maîtrisées.Western Love, un titre que l'on va aimer.
SDJuan
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G.I. GAY
- Par asbl-creabulles
- Le 14/09/2024
Scénario : ALCANTE
Dessin : Juan Bernardo MUÑOZ SERRANO
Couleurs : MUÑOZ SERRANO
Dépot légal : septembre 2024
Editeur : DUPUIS
Collection : Air Libre
Grand format
EAN/ISBN : 979-10-34747-38-2
Nombre de pages : 130En réponse à l'attaque surprise de l'armée japonaise contre la base américaine de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, le président Franklin Delano Roosevelt engage les États-Unis dans la Deuxième guerre mondiale. À l'hôpital de San Diego, le psychiatre Alan Cole, qui bénéficie pourtant d'une exemption de conscription, a choisit sous la pression de son futur beau-père de s'engager dans l'armée américaine. Il sera cependant à l'abri du front car son rôle se limitera à "filtrer" les nouvelles recrues. Il devra écarter tous ceux qui pourraient poser des problèmes ou avoir un comportement inadéquat dans l'armée, les délinquants de toutes sortes, les criminels, les alcooliques, les dépressifs mais aussi les homosexuels au prétexte que ce sont des malades mentaux et que leur différence pourrait être contagieuse et se propager parmi les soldats. Mais alors qu'il examine Merle Gore, un jeune homme enthousiaste à l'idée de combattre pour son pays, quelque chose se déclenche chez le psy. Il découvre qu'il ressent une attirance pour ce futur jeune soldat. Alan Cole va devoir accepter son attirance pour les hommes. Il va découvrir progressivement un autre monde qu'il ignorait complètement et doit accepter que sa vie qu'il pensait toute tracée en sera totalement bouleversée.
Mon avis : Alcante, après son succès avec La Bombe en 2020 aux côtés de Laurent-Frédéric Bollée au scénario et Denis Rodier au dessin, nous revient aujourd'hui avec un sujet peu traité en BD qu'il aborde de manière simple et naturelle sans tomber dans le militantisme.
L'approche des faits et la narration s'appuient sur un gros travail de recherche documentaire. Jusqu'à l'abrogation de la loi « Don't Ask, Don't Tell » par le président Barack Obama en 2011, révéler son homosexualité dans les rangs de l'armée américaine était proscrit. Outre le rejet, tout soldat pouvait même être emprisonné comme un criminel ou être victime de lynchage puisque considéré comme un moins que rien, comme une personne méprisable, comme un malade mental voire un monstre dont il faut se débarrasser au plus vite afin d'éviter qu'une armée virile, forte, saine, obéissante et disciplinée par définition ne soit contaminée.
Le personnage du jeune psy est au centre du récit, en particulier son évolution et sa prise de conscience de sa différence sur une question qui demeure pour beaucoup une grande difficulté à assumer. Aujourd'hui encore, l'homosexualité reste un sujet polémique. Elle n'est pas aussi bien perçue qu'on voudrait le faire croire comme en témoignent les faits graves relatés aux infos mais aussi certaines réflexions ou remarques homophobes entendues dans la rue ou véhiculées par les réseaux sociaux et, surtout, qui demeurent bien ancrées dans nos mœursCôté dessin, Juan Bernardo Muñoz Serrano illustre cet album de manière très agréable.
Un trait plutôt réaliste, précis, soigné et élégant qui va à l'essentiel. Il transmet par les visages et les regards juste ce qu'il faut des émotions des personnages mais aussi de la froideur ou de la dureté des événements qui, ne l'oublions pas, se déroulent en période de guerre.
Le découpage se révèle efficace avec des cases sans contour, simplement délimitées par la couleur.
À noter diverses pauses visuelles sur certaines scènes où il arrive à capter le regard du lecteur.
Dans cet album marqué par un bel équilibre des planches, le dessinateur transcrit bien la discrétion qui était alors le maître mot pour passer inaperçu ou le soutien des uns et des autres pour ne pas éveiller l'attention au risque d'être rejeté voire lynché par ses propres camarades ou amis de guerre.
De belles couleurs ajoutent encore plus de lisibilité à la narration visuelle déjà bien réussie. Un album fort et efficace qui a toute sa place dans la belle collection Aire Libre des éditions Dupuis. Voir aussi l'album avec Jacquette et Ex-Libris encarté du tirage limité.
SDJuan