Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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LES CHIENS DE PRIPYAT.
- Par asbl-creabulles
- Le 05/02/2017
Tome 1: St Christophe.
Scénario : Aurélien Ducoudray
Dessin : Christophe Alliel
Couleurs : Magali Paillat
Editeur : Bamboo Édition
Collection : Grand Angle
Dépot légal : Janvier 2017
Nombre de planches : 54Histoire:
6 mois après l’explosion à la centrale de Tchernobyl, quand le risque de contamination a décru, un groupe de 5 chasseurs sont envoyés dans la zone irradiée pour tuer les chiens qui y survivent. Ce « commando » atypique se compose de Kolia, 16 ans et de son père le « Sanglier » flanqués de Sputnik , alcoolique, de Pravda, ancien Spetnaz post-traumatisé et de Petit Père, un tireur d’élite. Dans la zone interdite, ces chasseurs de canidés privés de maîtres croiseront de dangereuses brigades et d’étranges personnages.
"La ville de Pripyat, construite dans les années 70 à trois kilomètres de Tchernobyl, et prévue au départ pour accueillir le personnel de la centrale, est devenue une ville fantôme."
La ville de Pripyat telle que nous la représente le dessinateur Alliel dans ce premier volume (histoire en 2 tomes), est telle qu’elle apparait aujourd’hui : une végétation qui reprend le dessus, des immeubles vides et une fête foraine avec sa grande roue abandonnée. Aurélien Ducoudray nous propose une aventure historique et fantastique, au cœur de la zone irradiée de Tchernobyl. Après le très bon diptyque Amère Russie il nous conte la vie d’un groupe de personnages fouillés et pittoresques. Il s'attache à décrire sur les difficultés des groupes et individus vivant sous la menace invisible mais très perceptible de la contamination. Alliel au dessin assure très bien le travail. Le dessin est fouillé et précis. Les environnements sont soignés. Seule réserve : une mise en couleurs, peut être, un peu trop « douce » pour ce Pompéi soviétique. A vous de juger !
Un premier tome, en tout cas, réussit qui se termine par une dernière page bien intrigante !
Pripyat pour les Nuls : La ville est évacuée au bout de 30 heures, le 27 avril, le lendemain de l'explosion, dans l'urgence. Un convoi de l'armée soviétique composé de chars et 1 225 autocars est mobilisé afin d'accélérer le processus. La consigne a été donnée de ne rien emporter, les autorités ayant annoncé un retour sous trois jours. Les cars chargés d’évacuer la population forment un convoi long de 20 km. Pripyat étant devenue hautement radioactive, l'armée a été amenée à détruire un grand nombre d'objets présents au sein des appartements et des bâtiments pour éviter qu'ils soient ensuite récupérés et que des personnes s'aventurent dans cette zone. Mais cette mesure avait également pour but de dégoûter les anciens habitants de Pripyat de s'y reloger illégalement. Pripyat est aujourd'hui une ville abandonnée, devenue un musée témoignant de la fin de l'ère soviétique. À ce titre la ville est souvent comparée à Pompéi.
MDC
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MAÎTRES INQUISITEURS 6
- Par asbl-creabulles
- Le 02/02/2017
À la lumière du chaos
Scénario : Jean-Luc Istin.
Dessin: Stefano Martino.
Couleurs : Digikore Studio.
Edition : Soleil.
Dépot légal : Janvier 2017.Histoire:
Depuis quelque temps déjà, chacun a pu sentir que la magie revenait. Mais tout le monde sait bien que le retour de la magie signifie que le chaos et la guerre sont réapparus entre les grandes maisons. Les Mages ont d’ailleurs établi l’Ordre des Maîtres Inquisiteurs pour préserver la paix, ceux-là même qui sont aujourd'hui la cible des Maîtres Assassins. Mais le plus terrifiant dans ce conflit, c'est qu’au-dessus existe un mage, un maître inquisiteur ou quelqu'un de plus puissant encore, sans que l’on puisse vraiment cerner la menace qu’il représente. Ce qui est sûr, c’est qu'un mage nommé Corwyn a bénéficié de complicité pour s'évader de la Prison de Tredd et qu’il a la capacité de prendre l’apparence et les pouvoirs de toute personne qu’il approche de près; d’autre part, des armes ont été volées et un Sorcier Noir se cache derrière ces phénomènes mais, surtout, des armées sont en marche pour assiéger Ares, la cité des Maîtres Inquisiteurs. Le doute n’est plus possible, c’est bien la magie qui est visée mais certainement aussi la monarchie défendue par Aquilon et sa soeur Assynia. Face à l’hécatombe qui s’abat sur l'Ordre des Maîtres Inquisiteurs, en restera-t-il assez pour sauver la couronne et la magie en Oscitan ?
Mon avis: Cette mini-série en six albums s’achève en apothéose. On ne pouvait pas espérer mieux et cette fin va certainement en surprendre plus d'un. Les cinq albums précédents constituaient déjà une réussite mais celui-ci surpasse l'ensemble. Il faut dire que tout convergeait vers ce dernier chapitre qui du coup concentre toute la tension ressentie et montée en puissance dans les cinq albums dédiés chacun à un Maitre Inquisiteur. Une belle réussite scénaristique mais aussi une belle couverture constituée d’un assemblage des couvertures des albums déjà parus. Sans oublier la performance artistique de Stefano Martino qui relève le défi de reprendre dans ce dernier opus autant de personnages qui demeurent aisément reconnaissables. Les pages sont riches en décors et en personnages représentés en plongée et/ou contre-plongée, en gros plans, en scènes d'ensemble pour les batailles et les armées, en scènes de combat et de magie à profusion qui bénéficient également d’un fabuleux travail sur la mise en couleurs. Un album à ne pas rater pour tous les amateurs de magie, sorciers, dragons et créatures elfiques.
SDJ
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PROIES FACILES
- Par asbl-creabulles
- Le 27/01/2017
Scénario : Miguelanxo Prado.
Dessin: Miguelanxo Prado.
Couleurs : Miguelanxo Prado.
Edition : Rue de Sèvres.
Dépot légal : Janvier 2017.Histoire:
Février 2013, un couple de pensionnés se suicide. Mars 2014, scène de crime sur laquelle arrivent l’inspectrice Tabares et son collègue, l’inspecteur Sotillo, encore loin d’imaginer que d’autres homicides seront commis les jours suivants. En effet, chaque jour un nouveau meurtre est constaté avec pour dénominateur commun des victimes qui sont toutes liées au milieu bancaire. L’enquête s’annonce difficile. Les victimes se situent à tous les niveaux de l’échelle sociale et travaillaient dans des banques différentes. A priori, elles ne se connaissaient même pas. S’agit-il d’un tueur en série ou d’un terroriste même si tout semble indiquer que ce n’est pas l’œuvre d’une seule personne? En tout cas, il faut faire la lumière sur ces meurtres au plus vite car de toute manière la panique pourrait s’emparer du public.
Miguelanxo Prado s'essaye à un nouveau genre : le polar. Il prend le parti d’un scénario qui certes ne prétend pas révolutionner le système bancaire mais qui sert de prétexte pour exprimer son mal-être face à cette situation qui est partie d'un fait réel, le suicide de deux petits vieux. Un polar donc mais aussi un état des lieux de la crise vécue par toutes ces personnes âgées qui ont durement économisé durant toute leur vie pour finalement être jetées à la rue du jour au lendemain ou qui ne supportent plus de se faire voler et décident de le faire savoir d’une manière radicale à l’encontre des personnes directement coupables à leurs yeux.
Ce polar s’appuie sur une enquête minutieuse menée de main de maître par les inspecteurs Tabares et Sotillo, relevée par un rien d'ambiguïté dans leur relation professionnelle. Ce soupçon de drague vient d’ailleurs un peu alléger l'atmosphère noire et lugubre liée à cette série de disparitions dans une Espagne en pleine crise de l'immobilier à l’origine d’une vague de suicides et d’expulsions. Son dessin de qualité est criant de vérité et de réalisme. Le choix du noir et blanc sur papier gris agrémenté d’un large éventail de tons blancs et grisés, renforce le côté sombre et tragique du récit, aussi bien les scènes en huis clos pour décrire le travail solitaire d’enquêteur au bureau que les scènes en extérieur dans les ruelles d'une ville galicienne ou dans un hospice auprès de retraités aux visages marqués par le temps. Les personnages sont attachants et on ne peut que partager cette sensation d'injustice. Après Ardalén, un magnifique récit couleur dédié à la mémoire et ses limites (publié en espagnol en 2012 chez Norma Editorial et en français chez Casterman en 2013), Migelanxo Prado nous revient en force une nouvelle fois là où on ne l'attendait pas.
SDJ
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SHI # 1
- Par asbl-creabulles
- Le 23/01/2017
Scénario : Zidrou.
Dessin: Josep Homs.
Couleurs : Josep Homs.
Edition : Dargaud.
Dépot légal : Janvier 2017.Tome 1: Au commencement était la colère.
Histoire:
De nos jours. Alors que le Tribunal vient de rejeter la plainte déposée par Human Rights Watch et Handicap International accusant Lionel Barrington d’être responsable de la mort en 2013 d’un gamin de 7 ans victime d’une mine antipersonnel fabriquée dans son entreprise, celui-ci assiste impuissant à la mort de son propre fils tué sous ses yeux également par une mine antipersonnel fabriquée dans ses usines d’armement. Londres, 1851. Une partie de la famille du Colonel Winterfield est venue au Cristal Palace visiter la première exposition universelle. Au cours de cette visite, la fille du colonel, passionnée par la photographie, veut prendre en photo une mère japonaise tenant dans ses bras un bébé. Mais lorsqu’elle se rend compte que le bébé est mort, une altercation se produit qui sépare le bébé et sa mère dans des conditions plus que déplorables. Une série incroyable d’événements va s’ensuivre aux dépens de son père et de cette famille bourgeoise du XIXe siècle. Mais quel est le lien qui relie ces deux affaires ?
Mon avis: Zidrou (Chlorophyle, la Mondaine, Lydie, La Peau de l'Ours, Marina, Rosco, Tamara, les 3 Fruits, Une Aventure de Spirou, etc) nous surprend chaque fois un peu plus mais dans le bon sens. Depuis Lydie, il a trouvé un nouveau terrain fertile pour ses histoires, sans toutefois délaisser les albums d’humour, et cela ouvre la porte à de petits bijoux comme Shi.Deux époques qui ont un lien, non seulement par leur aspect tragique, mais aussi par leur histoire bien ancrée au XIXe siècle. Car voici un album qui augure un bel avenir pour cette série qui commence sur les chapeaux de roue. Avec ce premier tome, Zidrou pose habilement les fondements d’une histoire prévue en quatre tomes et que l’on sent bien structurée. Tous les personnages valent le détour, même si déjà les deux héroïnes prennent l’avantage à vue d’œil.
Au dessin, on retrouve avec plaisir José Homs, un auteur espagnol tout droit sorti de l’école Joso de Barcelone. Il a d’abord travaillé dans le dessin de publicité et de presse, mais aussi dans le comics où il est l’auteur de la belle et sauvage Red Sonja. Mais il délaisse rapidement cet univers du comics américain pour se tourner vers la BD franco-belge qui lui permet mieux d’exprimer son talent de dessinateur. Désormais, il a davantage de temps pour peaufiner ses planches. S’ensuivront Secrets-L’Angelus sur un scénario de Frank Giroud, puis Millénium basée sur la trilogie de Stieg Larsson. Il contribue aussi (dessin et/ou couleurs) à divers travaux comme l’intégrale Jazz Maynard (de Raule et Roger) ou la série Orbital (de Sylvain Runberg et Serge Pellé). Aujourd’hui il nous revient avec cette nouvelle série où il peut se livrer avec ardeur à ce qu’il aime par-dessus tout, dessiner des cases bien remplies et très détaillées sans pour autant nuire à une bonne visibilité de l’ensemble. Un maître en soi. Jolies filles et décors grandioses sont donc au menu de Shi. Rien ne semble lui faire peur tant il maîtrise parfaitement le crayon: plongées, contre-plongées, expressions des visages, anatomies humaines et/ou animales, décors flamboyants ou ruelles sombres, tout lui réussit à merveille. Et lorsqu’on croit qu’il y a un léger problème de couleurs, en réalité le résultat est le fruit d’une mûre réflexion de l’auteur. Les couleurs mettent en valeur sa maîtrise du dessin et respectent la clarté visuelle de chaque case et de chaque planche.
Premier album coup de cœur de l’année, attendu avec impatience, Shi est une bonne et grosse surprise. Je pense ne pas être le seul à le penser ! Un album à découvrir, lire, relire et à faire connaître autour de vous au plus vite.
SDJ
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Le RÈGNE
- Par asbl-creabulles
- Le 19/01/2017
La saison des démons.
Scénario : Sylvain Runberg.
Dessin: Olivier Boiscommun.
Couleurs : Olivier Boiscommun.
Edition : Le Lombard.
Dépot légal : Janvier 2017.Histoire:
Dans un monde apocalyptique en proie aux pires catastrophes climatiques, où non seulement les animaux sont devenus anthropomorphes au terme d’une évolution fulgurante mais où les humains désormais disparus sont considérés comme des divinités, la saison des démons est synonyme de migration des peuples vers un sanctuaire devenu mythique appelé "Shrine". Seules les castes des riches peuvent s’y rendre car pour accéder au sanctuaire, il faut apporter des offrandes aux Moines-Guerriers Cathardis, des épices mais surtout des esclaves. C'est là que nos trois mercenaires – Isaac, Octavia et Pantacrius – vont être amenés à aider et sauver d'un massacre inévitable la famille du seigneur Jason, du clan des Arbatach, en train de se faire attaquer sur le chemin du sanctuaire. Mais le danger s’étend au-delà du dernier pont à traverses où des pillards de différentes races qui se sont unis sous la direction d’un certain Sertor en s’octroyant un droit de passage équivalant à 50% des offrandes vont tout faire pour les racketter. Nos trois mercenaires vont-ils réussir à mener la famille du seigneur Jason à bon port ?
Mon avis : Sur fond de violence et de tragédie omniprésentes, Sylvain Runberg développe assez longuement dans ce premier tome la présentation des personnages et la description de cet univers dans lequel les castes, les riches, les pauvres, les mercenaires, les moines, les pillards en tous genres ne font pas bon ménage même s’ils poursuivent tous le même objectif: atteindre le sanctuaire de Shrine. On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec les situations périlleuses que vivent actuellement les milliers de migrants affluant vers l’Europe.
Les dessins anthropomorphiques d'Olivier Boiscommun sont de toute beauté. Son talent s’exprime surtout dans l’expression des têtes et des visages: la joie, le doute, la haine ou la rage, tout est réussi. Sa mise en couleurs caractéristique renforce encore la qualité de son trait qui s’exprime aussi dans le choix des paysages et des scènes d'action où les pillards menés par Sertor sont particulièrement impressionnants. En fin d’album, Runberg et Boiscommin nous donnent un avant-goût des nouveaux personnages à venir dans le prochain épisode dans lequel on espère obtenir quelques explications sur la disparition des humains, l’endroit où ils auraient pu se réfugier, l’origine et le regroupement des mercenaires et sur les fondements de ce sanctuaire. On attend donc avec impatience la suite.
SDJ
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La SORCIÈRE ROUGE
- Par asbl-creabulles
- Le 16/01/2017
La Route des Sorcières
Scénario : James Robinson.
Dessin:. Marco Rudy, Chris Visions, Javier Pulido, Vanesa Del rey et Steve Dillon.
Couleurs : Collectif.
Edition : Panini Comics.
Dépot légal : Décembre 2016.Histoire:
Wanda Maximoff, alias la Sorcière Rouge, n'a jamais connu une vie facile. Durant son adolescence, les habitants la chassent de son village à cause de ses étranges pouvoirs et elle doit fuir avec son frère Pietro, alias Quicksilver. Tous deux rejoignent la confrérie des mauvais mutants dirigée par Magneto mais finiront par rallier les Avengers. Elle connaîtra aussi un amour impossible avec un androïde – la Vision – et apprendra que Magneto est son père.
Ayant pris conscience du potentiel quasi illimité de ses pouvoirs "hex" (magie du chaos) sur les probabilités et la sorcellerie, elle décide de suivre les conseils d'une sorcière nommée Agatha Harkness, la nounou de Red et Jane Richard, deux membres des 4 Fantastisques. Pourtant sa magie va lui jouer des tours au point d’utiliser son pouvoir de sorcière pour créer des enfants de toutes pièces. Elle y perdra la raison, finissant par s'en prendre à ses coéquipiers et au monde entier mais aussi aux gènes X des mutants et donc à leurs pouvoirs qu'elle fera presque disparaître en totalité. Le chemin de la rédemption s’annonce semé d’embûches, d’autant que tout le monde se méfie d'elle désormais. Elle découvre que son frère et elle ne sont pas les mutants qu’ils pensaient être et que Magneto n’a jamais été leur père. Constatant aujourd'hui que la magie est mal en point, elle veut enquêter de son côté, comprendre ce qui se passe, découvrir pourquoi la magie va aussi mal. Tous les moyens sont bons pour découvrir la vérité, pratiquer des exorcismes ou faire front à des créatures mythiques. Plus rien ne pourra la détourner de sa mission quitte à devoir faire le tour du monde ou affronter l'enfer s'il le faut.
Mon avis : La vie de Scarlet Witch étant extrêmement confuse depuis sa première apparition en 1964, il semble nécessaire pour les profanes (et peut-être même aussi pour les initiés) de relire sa biographie pour mieux comprendre la complexité du personnage. Dans cet album situé à Manhattan, elle enquête sur les pratiques occultes, avec le soutien du fantôme d’Agatha Harkness qui l’accuse de l’avoir tuée. La Sorcière rouge est donc devenue détective de l’étrange dans ces nouvelles aventures qui corroborent les premières enquêtes menées par le Docteur Strange sur la disparition de la magie dans notre monde (album déjà chroniqué ici).
Dans le droit fil du chaos entourant notre héroïne, ces nouvelles aventures manquent de piquant, de crédibilité, de "magie" comme si l’éditeur avait voulu minimiser les risques. Si le scénario a été confié à une seule personne, James Robinson, les différents styles graphiques adoptés pour ce début de série choquent un peu. Un autre personnage aurait "bénéficié" d’une grosse pointure pour les premiers épisodes afin de lancer la série. Même si on note quelques tentatives de l'un ou l'autre artiste pour booster son épisode, on a du mal à accrocher alors que ce personnage a un potentiel presque illimité. Il aurait été plus efficace de donner carte blanche à l'un ou l'autre d’entre eux pour s'approprier le personnage et en faire un album harmonieux, en tout cas plus agréable à suivre.
Car on passe brutalement d'une magnifique Sorcière rouge à une jeune sorcière dodue et potelée en passant par une sorcière fripée et vieillie par l’effet boomerang de ses propres sortilèges ! Cet album est à l'image de son héroïne dont l’histoire n’a cessé d’être modifiée à souhait par l’introduction de plusieurs arcs et plans de la réalité, et où chaque artiste ne tient aucun compte du travail de ses prédécesseurs.
La Sorcière rouge est un personnage auquel va ma préférence et je regrette beaucoup la manière dont ses aventures sont traitées. Espérons qu’un bon coup de baguette magique la fera redevenir la grande Sorcière Rouge du temps des John Byrne, Georges Perez et autres grands scénaristes et/ou dessinateurs qui savaient travailler sur la durée et cultiver la grandeur et la réputation d’un personnage au fil des épisodes.
A noter les superbes couvertures variantes en fin d'album dont celles de David Aja.
SDJ
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VECTORAMA
- Par asbl-creabulles
- Le 21/12/2016
Artbook.
Scénario : Arthur De Pins.
Dessin: Arthur De Pins.
Couleurs : Arthur De Pins.
Edition : Soleil production dans la collection Venusdea.
Dépot légal : Décembre 2016.Contenu:
Comment évoquer au mieux le parcours d'un auteur sinon par le biais d'un artbook. Intitulé Vectorama, celui dédié à Arthur de Pins surprend par sa taille, son volume et surtout son contenu. Chaque illustration est accompagnée d’une notice explicative qui nous informe sur sa méthode de travail et nous dévoile ses sources d’inspiration et ses influences. On y découvre ses travaux pour des affiches, flyers, revues, l'animation et la bande dessinée ainsi que sa méthode de travail au stylet. Richement doté en superbes illustrations couleur de grand format, cet ouvrage retrace en six chapitres sa carrière d’auteur atypique qui a surpris tout le monde avec ses petites femmes rondouillardes dans la série "Péchés mignons", des femmes aux formes plutôt généreuses mais toujours dynamiques et esthétiquement agréables à l’œil, ou son évocation des petits secrets féminins, jugée taboue par les plus pudibonds d’entre nous mais croustillante par les amateurs d'anecdotes évoquant le sexe féminin souvent très drôles, toujours intelligentes, provocantes, sexy et pleines d'entrain.
La plupart du temps, l'illustration seule suffit et les dialogues sont réduits au minimum nécessaire. C’est encore le cas avec "La Marche du Crabe", une série tout aussi amusante qui est l’adaptation BD du court métrage intitulé "La Révolution des Crabes" couronné par diverses récompenses, l'histoire de trois crabes de l’espèce Cancer Simplicimus tout aussi sympathiques, qui font leur révolution en trois tomes. N’oublions pas "Zombillénium", un parc d'attraction peuplé de monstres tels que des vampires, loups-garous et autres créatures imaginaires effrayantes traitées à la sauce De Pins. Un auteur hors norme qui a amplement mérité ce format hors norme de grande qualité. Les formes et les couleurs n'ont plus aucun secret pour lui et laissent libre cours à notre imaginaire. Un artbook de qualité à ne rater sous aucun prétexte pour apprécier encore davantage son talent.
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DE CAPE ET DE CROCS
- Par asbl-creabulles
- Le 15/12/2016
Tome 12: Si ce n'est toi...
Scénario : Alain Ayroles.
Dessin: Jean-Luc Masbou.
Couleurs : Jean-Luc Masbou.
Edition : Delcourt.
Dépot légal : Décembre 2016.Histoire:
Alors même qu’il avait pu intégrer la garde du Cardinal, Eusèbe le lapin n'en finit plus de changer de métier. Après son renvoi de cette unité, il se retrouve un temps comédien avant de devenir rôtisseur, réussissant même à fréquenter les dames du salon de Dame de Trois-Croix. Mais sa carrière à ce dernier poste ne durera pas longtemps. Il est capturé et emmené à la Cour des Miracles, un endroit rempli de brigands en tous genres plutôt inapproprié pour notre lapin. Quelle ne sera pas la surprise d’Eusèbe d’y retrouver son frère jumeau Fulgence en chef incontesté d’un endroit aussi mal famé. Mais rien ne peut venir perturber son optimisme naturel car pour lui, Fulgence ne peut être aussi mauvais et machiavélique. Quelque part, dans son for intérieur, doit exister une lueur qui le fera changer. Même si Fulgence côtoie Fagotin le singe assassin, même s’il se fait passer pour lui auprès des dames du salon afin de les détrousser, Eusèbe ne perd pas espoir. Assurément, son frère jumeau reviendra auprès de lui et finira par retrouver le droit chemin.
Mon avis : Voici le dernier tome de cette série devenue un incontournable du catalogue Delcourt, une série lancée en 1995, pilotée par des auteurs de talent et appréciée à sa juste valeur. Alain Ayroles a su mettre en scène ses personnages tels les acteurs d’une pièce de théâtre à la fois drôle et héroïque. Une série pleine de passion dont les aventures de cape et d’épée laisseront une empreinte indélébile. Une série pleine d’actions d’éclat, d’humour, de duels impensables, de trahisons mais où l’amour et la tendresse trouvent également leur place. Cette dernière aventure en deux tomes consacrée au petit mais fougueux lapin Eusèbe ne déroge pas à la règle.Que dire du travail de Jean-Luc Masbou sinon qu’il est de toute beauté avec une profusion incroyable de décors, des costumes plus beaux et somptueux les uns que les autres, des personnages charismatiques très finement travaillés qui ont fait sa réputation et son succès. Une réussite largement due également au travail exceptionnel qu’il a réalisé sur la mise en couleurs, très délicate et précise. Sans parler des couvertures qui auront marqué notre mémoire à jamais.
En refermant ce dernier tome, on se dit que cette série va nous manquer à coup sûr.
SDJ