Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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MURENA
- Par asbl-creabulles
- Le 17/11/2017
Tome 10: Le Banquet.
Scénario; Jean Dufaux
Dessin: Théo Caneschi
Couleurs: Lorenzo Pieri
Editeur:
Dépot légal: Novembre 2017
Nombre de pages: 54Alors qu’une partie de Rome n’est plus qu’un tas de ruines et de cendres, les fêtes ont repris dans la cité. Ce soir, c’est Trimalchion qui reçoit. L’empereur en personne est là, accompagné du centurion Ruffalo de la garde prétorienne. Pétrone aussi, venu soutenir Lucius Murena qui souhaite expliquer à Néron que contrairement aux rumeurs qui circulent, l’incendie n’est pas un acte criminel mais la conséquence fortuite d’un simple incident, une torche a embrasé une échoppe. Mais combien de temps ce rapprochement des deux hommes va-t-il durer ? Nul ne peut le dire. Ce qui est certain en revanche, c'est que ces retrouvailles ont bien failli ne durer qu’une seule nuit. Car un ancien gladiateur et un petit homme difforme appelé "Le Besogneux " ont été commandités pour éliminer Murena. Lorsque celui-ci quitte la fête à l’aube, il est roué de coups, poignardé et laissé pour mort par ses agresseurs, ce qui va en partie le sauver car le commanditaire de l’agression ne cherchera pas à le retrouver. C’est la sœur du sénateur Pison qui va véritablement le tirer de ce mauvais pas en le récupérant et en chargeant sa guérisseuse de le rétablir. Cependant, le prix de la vie va se payer bien cher car selon les propres dires de cette dernière, "si le poison combat le mal, la douleur, il peut également emporter avec lui la raison du malade effaçant toute trace de son existence passée, de sa vie antérieure". Murena va recouvrer la santé mais va également devenir une proie toute trouvée pour servir les sombres desseins des ennemis de l’empereur.
Mon avis: La parution de cet album (tome 10 de la série) était attendue depuis bien longtemps, mais succéder à notre ami et regretté Philippe Delaby, brutalement décédé le 28 janvier 2014, n’était pas chose facile.
En 2015, c’est à Theo Caneshi qu’est revenue la lourde tâche de reprendre le flambeau. A l’époque, ce choix m’avait laissé un peu dubitatif. Non pas que je n’apprécie pas le dessin de Theo, bien au contraire comme en témoigne son remarquable travail sur "Le Trône d’argile" et surtout "Le Pape terrible", mais comment allait-il relever le défi ? J’étais donc impatient de voir ce nouvel album qui s’est fait attendre jusqu’à cette fin d’année 2017. Allons droit au but, il m'a fallu quelques pages pour m'habituer à cette nouvelle mouture, sans doute parce que Delaby reste bien présent dans notre subconscient. Mais une fois accoutumé au style de dessin de Theo qui, je dois le dire, est très réussi, son talent saute aux yeux. Il s'approprie chaque personnage avec brio et efficacité, tant Néron, Murena que Ruffalo qu’il marque de son empreinte en leur donnant des visages aux traits plus prononcés. Les scènes de combat sont impressionnantes à souhait. On sent les coups de poing écraser la chair et faire gicler le sang. On ressent presque la douleur. Les paysages, les costumes sont soignés et détaillés, les décors somptueux. L’ensemble est bien équilibré, alternant les scènes contenant une multitude de personnages et de décors – combats de rue, banquet – avec d’autres beaucoup plus paisibles, et se lit avec fluidité.Soulignons aussi la qualité du travail effectué par Lorenzo Pieri qui nous propose des couleurs harmonieuses donnant de la profondeur au dessin de Théo. Le travail sur la lumière est extraordinaire et saute aux yeux dès qu'on feuillette l'album. Du grand art !
Au scénario, Jean Dufaux comme à son habitude a concocté une intrigue qui nous tient en haleine de bout en bout, s’appuyant sur une machination diabolique ourdie par divers conspirateurs et utilisant au final un Murena ayant perdu la mémoire. On retrouve avec plaisir tout le savoir-faire de Dufaux. Le complot prend de l’ampleur au fil des pages, chaque personnage est bien ancré dans son rôle, l’intrigue se développe sur des bases solides et historiques impliquant des événements ou personnages importants comme Pison ou Pétrone. Vingt ans plus tard, notre héros vit un nouveau départ dont nous suivrons les aventures toujours aussi captivantes avec intérêt, comme à l'époque de Philippe Delaby.A noter le très bel hommage rendu à Philippe Delaby par Jean Dufaux dans une longue préface et en fin d’album un supplément sous forme de cahier graphique d’une dizaine de pages réservé à la première édition.
Il existe aussi un album de crayonnés en édition unique et numérotée à tirage limité (3500 exemplaires) qui déçoit un peu dans la mesure où les pages sont présentées dans un format un peu trop réduit pour apprécier pleinement le travail réalisé par Theo (certaines planches sans ajout auraient mérité d’être proposées en pleine page).SDJ
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DAREDEVIL 3
- Par asbl-creabulles
- Le 15/11/2017
Tome 3: Art macabre
Scénario: Charles Soule
Dessin: Ron Garney
Couleurs: Matt Milla
Editeur: Panini Comics
Dépot légal: Novembre 2017
Nombre de pages: 112.Matt Murdock, alias Daredevil, et son apprenti et partenaire Samuel Chung, alias Blindspot, se remettent à peine de leur affrontement avec Dix-Doigts, Blindspot surtout car sa rencontre avec une Elektra en furie ne s’était pas vraiment passée comme Daredevil l’espérait. Sam a néanmoins récupéré et est désormais prêt à accompagner l'homme sans peur dans ses rondes nocturnes. Venus sur les lieux d'un homicide, ils découvrent une gigantesque peinture murale qui a été réalisée avec le sang d’une centaine de personnes. Tout semble indiquer qu’il s’agit de l’œuvre d’un serial killer. Mais si le responsable de ce carnage se présente comme un artiste et compte même ouvrir une galerie, il s’agit en réalité d’un inhumain se faisant appeler "La Muse". Daredevil a tôt fait de comprendre que c’est Medusa, la reine des Inhumains, et ses hommes qui tirent les ficelles sur cette enquête. Ayant déjà travaillé avec la famille royale des Inhumains, Daredevil sollicite une audience auprès de la reine en espérant qu’elle voudra bien collaborer. Mais il n'en est rien. Medusa refuse catégoriquement de coopérer. Tout problème concernant un inhumain doit être traité par les Inhumains. La chance va néanmoins sourire à Daredevil. Un certain Frank McGee, chef du service de sécurité de New Attilan, auparavant flic à New-York avant de devenir inhumain sous l’effet des brumes terratogènes, accepte de l'aider et de transmettre des infos au bureau de Matt Murdock qui seront les bienvenues vu la violence et la cruauté de l'assassin.
Mon avis: Charles Soule est toujours au scénario. Avocat dans la vie, spécialisé dans les affaires d'immigration, il est à l’aise – et cela se ressent – pour mettre en scène Daredevil, lui-même avocat le jour, et Blindspot, son partenaire, un migrant clandestin. L'album commence sur les chapeaux de roue et les crimes et la violence ne cessent d’augmenter au fil des pages. La justice semble en perte de vitesse, presque impuissante face à ce nouveau type de tueur en série, chez qui la créativité artistique associée à des meurtres effroyables s’apparente à de la pure folie. De plus, il n’y a plus aucune compassion, aucun égard pour les victimes, aucune décence surtout lorsque des visiteurs demandent à voir cette prétendue œuvre d’art. L’Inhumain qui se fait appeler "La Muse" est très impressionnant et très dérangeant pour Daredevil et Blindspot mais aussi pour nous. Petit regret, les passages concernant l'audience auprès de la reine Medusa et l'affrontement/combat avec Karnak auraient mérité un plus long développement.
Côté illustration, c'est Ron Garney qui a repris le crayon pour ce tome 3. On retrouve son traitement original des personnages, en noir et blanc, avec quelques petites touches de couleur rouge pour Daredevil, faisant penser à Sin City de Frank Miller. Découvrir ainsi Daredevil sur un fond de décors en couleurs est assez dérangeant au début mais on s'y fait rapidement. Les personnages sont charismatiques, en particulier le criminel "La Muse", et les décors très bien rendus. On appréciera de belles scènes d'action et de poursuite et les différents épisodes d'invisibilité de Blindspot évoqués avec beaucoup d’habileté. La violence est prédominante dans cet album qui marque une étape importante pour Daredevil que l’on découvre travaillant en tandem, chose rare pour ce héros solitaire, surtout lorsqu’on le découvre à ce point lié à un partenaire masculin, lui qui était surtout intime avec ses conquêtes féminines, la Veuve Noire puis Elektra. Un bon moment de lecture même si la fin surprenante me laisse dubitatif sur l'avenir de ces deux nouveaux partenaires.
SDJ
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SOLO 3
- Par asbl-creabulles
- Le 13/11/2017
Tome 3 le Monde Cannibale
Scénario: Oscar Martín
Dessin: Oscar Martín
Couleurs: Oscar Martín
Editeur:
Dépot légal: Octobre 2017
Nombre de pages: 122En quête de nourriture, Solo revient bredouille de la chasse. Le monde a changé et il est de plus en plus difficile pour lui de trouver autre chose que des prédateurs dans cette nature aride, sauvage et de plus en plus dangereuse. Une mauvaise surprise l’attend lorsqu’il rentre. Lyra, sa bien-aimée, a disparu. En réalité, il y a bien quelqu'un à l’intérieur de la maison: des singes qui n’ont pas l’air amical et qui sont prêts à en découdre. Comme ils ont la réputation de travailler avec les hommes, Solo se dit qu’il serait bon d'en garder un vivant afin de l'interroger sur la disparition de Lyra. Le singe capturé finit par passer aux aveux car Solo sait s'y prendre pour tirer les vers du nez. Ce sont les humains qui kidnappent des femelles rats pour mettre sur pied une reproduction à grande échelle, sans doute pour s’assurer une source de nourriture... Solo est prêt à tout pour retrouver sa dulcinée, à se lancer corps et âme dans une course-poursuite à travers un monde hostile et sans pitié.
Mon avis : Cette série post-apocalyptique intelligente et pilotée de main de maître par Oscar Martin se termine en apothéose! Mettant en scène des animaux anthropomorphes, le scénario est tout à fait réaliste et particulièrement efficace. Depuis le début, l’aventure de Solo n’a cessé d’éveiller la curiosité et l’intérêt. L’histoire est captivante mais également poignante lorsque l’on partage le combat intérieur du personnage principal confronté à l’instinct de survie malgré cette envie de mourir qui le hante. Si la violence, voire l’ultra violence est évidemment bien présente dans l’univers rude et difficile où évolue Solo, elle cède la place à des moments de tendresse, de compassion et d'empathie. Oscar Martin clôt cette aventure avec brio, respectueux de l'univers qu'il nous a offert tout au long de ces trois albums qui constituent l’une des meilleures mini-séries du genre.
Les dessins sont remarquables, au même niveau de qualité que la narration : soignés, sans concession, efficaces pour des personnages hauts en couleur, charismatiques et impressionnants – de la simple larve aux félins, chiens, grands prédateurs en passant par les humains – tous superbement rendus mais également pour l’ensemble des décors et paysages naturels. Oscar Martin a rempli son contrat en nous offrant un final de toute beauté pour une série qui aura tenu ses promesses de bout en bout. Une véritable réussite et un coup de cœur depuis le premier tome paru il y a déjà trois ans!
SDJ
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TANGO
- Par asbl-creabulles
- Le 09/11/2017
Un océan de pierres
Scénario: Matz
Dessin: Philippe Xavier
Couleurs Jean-Jacques Chagnaud
Editeur:
Dépot légal: 3 novembre 2017
Nombre de pages: 72John Tango a enfin trouvé la paix et la tranquillité dans ce coin perdu de Bolivie, au beau milieu de la Cordillère des Andes. Il s’est installé près d'un village et petit à petit a réussi à se faire accepter par les habitants, buvant un verre avec les uns, donnant un coup de main discret aux autres, offrant même une petite aide financière à ceux, heureusement rares, en ayant réellement besoin. Mais surtout, il a rencontré Agustina, une femme belle et intelligente employée comme barmaid au bar du village, avec laquelle il a noué une relation amoureuse forte. Ayant fraternisé avec le jeune Diego, le fils de son voisin Anselmo, ils partent ensemble à cheval ramasser des pointes de flèches incas ou de vieilles céramiques. Un jour lorsqu'il raccompagne Diego chez son père, il croise des visiteurs qui ne semblent pas très amicaux. Si d’ordinaire John fuit les problèmes, cette fois il ne peut éviter l'affrontement et tue les trois assaillants. Cherchant à rester discret et à étouffer l’affaire, Anselmo explique qu'il était seul et en état de légitime défense. Mais l’info circule et va éveiller les soupçons d’amis dont John aurait bien voulu oublier jusqu’à l'existence. Mario Borgès, un enquêteur privé, est à la recherche d’Anselmo et surtout de son fils Diego. Manifestement, John ne semble plus être le seul dans ce village des Andes à avoir de sombres secrets du passé enfouis au fond de sa mémoire.
Mon avis: Si d’après le résumé imprimé au dos de l’album, l’histoire paraît simple de prime abord et donne une impression de "déjà lu", en réalité elle réserve beaucoup de surprises dès que l’on s’y plonge. Plusieurs histoires s’entrecroisent et provoquent de multiples rebondissements, faisant de cet album un one shot original. John va ainsi voir son passé lui exploser à la figure, mais pas seulement (au risque de trop en dévoiler), et de nombreux règlements de comptes vont se produire dans un lieu, la Cordillère des Andes, où jamais il aurait imaginé que cela puisse arriver. Bonne nouvelle, le récit étant complet, il ne sera donc pas nécessaire d'attendre 15 épisodes pour en connaître la fin. Amitié, amour, famille, solidarité, trahisons, règlements de comptes, secrets et mensonges sont au menu de ce récit captivant qui s’appuie sur une intrigue bien conduite. Partez pour ce road trip avec Matz (Adios Muchachos, Mexicana, Dahlia Noir, Geronimo, Le tueur, etc.) et Xavier (Paradis Perdu, Conquistador, Croisade, Hyver 1709, etc.), mais n'ajoutez pas vos secrets à une liste déjà bien fournie!
Au dessin, Philippe Xavier, quittant ses récits d’inspiration historique, nous plonge dans un univers contemporain avec voitures, camions, chevaux, jeans et flingues sur fond de paysages désertiques de la Cordillère des Andes. Son trait fin et détaillé colle parfaitement au récit. L'atmosphère et l'ambiance sont très bien rendues sans doute parce que les auteurs n’ont pas hésité à faire le déplacement pour mieux les transcrire dans leur album. Les pages sont bien équilibrées, pleines d’énergie avec de nombreuses cases découpées dans un style presque cinématographique. La mise en couleurs d'excellente qualité de Jean-Jacques Chagnaud (Alix Senator, Hyver 1709, Le Gouffre de Padirac, Conquistador, Down Under, Croisade, etc.) constitue un plus indiscutable. Son travail soigné et précis respecte celui du dessinateur tout en donnant de la profondeur aux décors, aux paysages. Un très beau résultat donc.D’autres aventures du même calibre sont d’ores et déjà prévues autour du personnage de John Tango, mais je ne vous en dirai pas plus. A noter, pour les amateurs, que Le Lombard propose également une édition N&B de l’album.
Une présentation de quelques planches a eu lieu en même temps qu'une séance de dédicaces à la librairie Brüsel.
SDJ
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SHI 2
- Par asbl-creabulles
- Le 08/11/2017
Tome 2: Le Roi Démon
Scénario: Zidrou
Dessin: Homs
Couleur: Homs
Editeur:
Dépot légal: octobre 2017
Nombre de pages: 56Après leur rencontre dans de bien tristes conditions au Crystal Palace de Londres lors de la première exposition universelle de 1851, cela fait maintenant plusieurs mois que Jennifer et Kita ont été séparées. Chacune de son côté, elles vivent un véritable calvaire et cette vie de souffrance et de tourments insupportable ne cesse d’attiser leur haine. Jennifer est régulièrement battue par son époux, le révérend Green, au moindre prétexte. Un jour, dans un geste de défense elle lui jette du mercure brûlant au visage. Arrêtée, elle sera aussitôt internée au Hitchborough Asylum. Quant à Kita, non seulement elle doit se prostituer dans un bordel de luxe – "Le sanctuaire de la volupté", comme aime tant le crier haut et fort Madame Muse sa patronne – mais elle est également obligée de se prêter à une sombre machination visant à compromettre la réputation et faire chanter des membres de la haute société, photographiés à leur insu au moyen de daguerrétotypes. De leur côté, les membres de la loge secrète du colonel Winterfield, le père de Jennifer, se remémorent une bien triste aventure dont ils ont réchappé par miracle des années auparavant. C’est la visite surprise du Sensei de Kita, venu prendre la mesure de la puissance du Roi Dragon qu’elle porte en tatouage sur son dos, qui va changer la donne. Après avoir arraché Jennifer à l'asile, Kita escompte bien qu’elles pourront ensemble prendre leur revanche. Mais l'Empire britannique a décidé d’envoyer sur place un certain Mr Kurb, un être déterminé et sans pitié aux ordres directs de la Reine Victoria !
Mon avis: Pour bien apprécier ce récit riche et captivant impliquant de nombreux personnages importants, il est conseillé de relire ou, au moins, de refeuilleter le premier tome.
Zidrou a donné davantage d’ampleur et de profondeur aux protagonistes de cette intrigue. On sent la rancoeur et la haine monter chez nos deux héroïnes tandis que de multiples ramifications interviennent en coulisses, atteignant des membres de la haute société, jusqu'à la cour royale. Tous les coups sont permis.
A l’époque, les écarts sont très marqués entre les différentes classes sociales. La femme doit obéir à l’homme et être docile, surtout dans la haute société. Jennifer va devoir lutter pour s’en sortir mais Kita sera là pour l’aider.
Un récit dense et entouré de mystères dans lequel Zidrou mélange habilement les époques, même si c’est moins le cas dans ce deuxième tome.Le dessin, toujours assuré par José Homs, est de toute beauté. Chaque case constitue une petite pépite où l’énergie et la puissance émanent des regards, de la gestuelle, des costumes ou des décors aussi bien dans les milieux aisés de la société que dans la rue où les pauvres sont prêts à tous les sacrifices pour gagner une pièce et un peu de chaleur, à l’image des sœurs Pickles.
José Homs parvient à nous fait vivre cette aventure comme si nous y étions. Les cases défilent sous nos yeux tel un documentaire mettant en scène des personnages donnant l'impression de vivre tout simplement.Des couleurs tout aussi efficaces offrent une profondeur supplémentaire aux illustrations. José Homs a un talent fou. Personnellement, j'adore et j’adhère totalement.
Ce deuxième album d’une série prévue en quatre tomes augure bien de la suite que l’on attend déjà avec impatience.SDJ
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BATMAN
- Par asbl-creabulles
- Le 08/11/2017
La nuit des monstres.
Intrigue: Steve Orlando, Tom King, Tim Seeley et James Tynion IV.
Scénario: Steve Orlando.
Dessin: Riley Rossmo, Roge Antonio et Andy McDonald.
Couleurs: Ivan Plascencia, Chris Sotomayor et John Rauch.
Editeur: .
Dépot légal: Octobre 2017
Nombre de pages: 152.Depuis la très violente tempête de l'an zéro, aucune autre tourmente n'avait touché Gotham avec une telle puissance. Les éléments se sont déchaînés en provoquant des dégâts d’une ampleur inouïe, la ville devant même se préparer à un sérieux risque d’inondation. Mais le pire est encore à venir. En effet, une véritable déferlante de monstres géants arrivant de toutes parts s’abat soudain sur Gotham. Face à cette menace, Batman persuade sa cousine Batwoman d’entraîner physiquement un maximum de membres de la Batfamily, en particulier les "jeunes". Il crée plusieurs groupes, en général des équipes de deux, afin de parer au plus pressé et limiter les dégâts. Mais malgré leurs efforts, la situation devient hors contrôle et cette épidémie de monstres finit même par toucher la Batfamily. Si Hugo Strange semble être derrière ces événements, en est-il le seul et unique responsable ?
Mon avis: En lieu et place d'un Joker complètement déjanté, d’un Double-Face psychologiquement dérangé ou des super-vilains habituels sévissant à Gotham, etc. , nous avons affaire ici à des monstres d’une taille gigantesque. Il ne faudra pas moins de la Batfamily tout entière ou presque pour en venir à bout. La catastrophe météorologique qui s’abat sur Gotham suivie de cette déferlante de monstres vont toutefois provoquer certaines tensions au sein de la famille sur le choix de Batwoman comme responsable de l’action, même si chacun a bien conscience du fait qu’étant fille de militaire élevée et entraînée dans une discipline très stricte elle seule était apte à diriger l'équipe comme il se doit en de telles circonstances.
On peut noter quelques différences dans le rythme du récit et le graphisme car ce crossover est constitué d’histoires tirées de plusieurs séries. De même, la qualité peut varier du très bon au bon d’un épisode à l’autre, mais l’ensemble demeure intéressant. L’accent est mis sur les monstres et là c’est un régal. On a droit à toute une gamme de monstres tous plus affreux et étonnants les uns que les autres. On sent que les auteurs ont réellement donné libre cours à leur imagination. Côté dessin, mon cœur balance davantage vers l’équipe créative Riley Rossmo / Ivan Plascencia plutôt que Roge Antonio / Chris Sotomayor (même si le résultat est bon) ou Andy McDonald / John Raugh car ces auteurs ont su donner davantage de puissance à ce déluge de pluie, de monstres et aux combats.
La couverture est bluffante mais il faut également s’attarder sur la fin de l'album qui réunit des illustrations, sketchbooks/bestiaires et couvertures qui valent le détour. Un récit complet efficace qui ravira les amateurs d’action.
SDJ.
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DEAD INSIDE
- Par asbl-creabulles
- Le 06/11/2017
One shot
Scénario : John Arcudi
Dessin : Toni Fejzula
Couleurs : André May
Dépot légal : Octobre 2017
Editeur :
Collection : Contrebande
Nombre de planches: 128
Linda Caruso a été promue un peu malgré elle au rang d'inspectrice auprès du shérif du Comté de Mariposa. Sa première enquête au sein de la division des crimes en milieu carcéral porte sur un assassinat survenu à la Prison Bennett. Tout semble indiquer que l’enquête est presque bouclée quand elle arrive sur place. Mais quelque chose ne colle pas lorsqu’elle inspecte les corps. Un homme de forte stature a été poignardé par un autre plus petit et tout frêle qui s’est aussitôt donné la mort par pendaison. Si l’arme du crime a bien été retrouvée, curieusement, les caméras de surveillance ne fonctionnaient pas juste devant la cellule où s’est déroulé le meurtre. La seule vidéo disponible montre le présumé meurtrier avaler quelque chose. De plus, les autorités de la prison refusent qu’elle fasse pratiquer une autopsie ou un examen toxicologique. Une amie de Caruso lui suggère de faire une simple radio du thorax du meurtrier pour découvrir ce qu'il a bien pu avaler. La radio va tout chambouler en révélant qu’il a une balle dans l’estomac. Mais pourquoi aurait-il avalé un projectile ayant déjà servi alors qu'il vient de poignarder un codétenu? Décidément, il y a quelque chose d’incohérent dans cette affaire et de plus il est évident qu’on essaye de lui mettre des bâtons dans les roues.Mon avis: Voici une enquête policière prenante et captivante dès les premières pages. Les choses vont rapidement se compliquer à mesure que l’enquêtrice progresse, n'en finissant d’aller de surprises en rebondissements. John Arcudi ( B.P.R.D., Batman, Hellboy, Rumble, etc.) au scénario nous propose un polar noir dans la tradition du genre, se déroulant en milieu carcéral et faisant aussitôt penser à la superbe série "Oz". Tous les protagonistes sont à un moment ou un autre liés à l'affaire, du petit délinquant aux gardiens de prison ou même leurs supérieurs. Le dessin porte bien la griffe du serbe Toni Fezjula (Central zéro, Veil, etc.), aujourd’hui installé à Barcelone. On reconnaît immédiatement son style, sa manière à lui d’ombrer les visages, les silhouettes, les décors ou de disposer ses images. Le milieu carcéral ne l’a pas effrayé, au contraire il l’a rendu tout à fait crédible, comme si on y était. On accroche et on se laisse guider. Encore un artiste de talent qui fait son chemin avec brio.
A noter les suppléments en fin d'album: storyboards, recherches de personnages et hommages d'autres auteurs: Dave Johnson, Faith, Erin Hicks, Francis Portela, Danijel Zezelj, R.M. Guéra, Fernando Blanco, Marcial Toledano, Roger Vidal, Martin Pardo, Roger Ibañez, Aleksa Gajic, Max FumaraSanti Arcas -, Javier Hernandez, Enrique Fernandez et Roman Santacruz.
SDJ
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La HORDE du CONTREVENT
- Par asbl-creabulles
- Le 06/11/2017
Tome 1: Le cosmos est mon campement
D'après l'oeuvre d'Alain Damiaso
Scénario: Eric Henninot
Dessin: Eric Henninot
Couleurs: Gaëtan Georges
Editeur:
Dépot légal: Octobre 2017
Nombre de pages: 80.C’est à Aberlaas, la cité de l’Extrême-Aval, que les membres de la 34e Horde du Contrevent ont été formés depuis l’enfance. Bien que cet entraînement soit parmi les plus durs, les plus contraignants et impitoyables qui soient, tous ont réussis haut la main. Car ce n’est qu’une fois devenus adultes et parfaitement entraînés qu'ils pourront quitter Aberlaas et marcher d’ouest en est, jusqu’à la source de ce vent qui ne cesse de souffler sur leur monde. Leur mission ultime est d'arriver jusqu'en Extrême-Amont, en affrontant une nature hostile dont ils ne savent pas grand-chose, jalonnée d’obstacles, où un simple caillou peut se transformer en projectile létal. Ils sont tous différents mais unis pour former un bloc, soudés les uns aux autres pour se protéger contre les rafales les plus puissantes, seul moyen d'avancer et de se protéger face au vent. Tous ont un rôle bien défini comme Golgoth le traceur, à la tête de la 34e Horde, Sov le scribe ou Oroshi, une femme "aéromaître". Les rares accalmies, si tant est qu’on puisse les nommer ainsi, permettent de faire le point, de s’orienter avant de reprendre le chemin dans l’espoir d’effacer l’échec des 33 premières hordes.
Mon avis: Cette adaptation en bande dessinée du roman de science-fiction d’Alain Damasio paru en 2004 est prévue en cinq ou six tomes. Dès les premières pages la mise en place d’Éric Henninot est efficace. On sent l’extrême importance de la mission qui doit être accomplie et seuls les meilleurs, chacun dans son domaine de prédilection, feront partie de la grande aventure. Les personnages ont de l'ampleur, de la profondeur, du charisme. On comprend vite que le vent va être la source de tous les problèmes que vont rencontrer les membres de cette 34e Horde.
Au dessin, Éric Henninot relève également le défi haut la main. Son adaptation en bande dessinée est très réussie et pleine d’énergie: la puissance du vent sous forme de lignes latérales, les vêtements des hordiers qui se déforment et s’étirent au gré des bourrasques, les objets, les débris, la poussière qui volent autour d’eux mais aussi et surtout la position des personnages obligés de s’arrimer les uns aux autres car risquant à chaque instant de se faire emporter. Les couleurs de Gaëtan Georges épousent parfaitement le dessin fd'Eric Henninot et donnent également cette atmosphère pesante du vent continuel dans ce décor tout aussi impressionnant.
Un premier tome d’une série tout à fait originale et prometteuse à l’image du passionnant roman dont elle s’inspire. Je ne peux que vous dire "bon vent" en espérant que ce dernier vous mènera à une librairie pour vous le procurer.
A noter: il existe une version en Noir et Blanc avec en plus 3 pages de croquis en fin d'album.
SDJ