Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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FONDATION Z
- Par asbl-creabulles
- Le 25/04/2018
Fondation Z
Scénario : Pierre-Denis Filippi
Dessin : Fabrice Lebeault
Couleurs : Greg Guilhaumond
Dépot légal : Avril 2018
Editeur :
Nombre de pages: 68Spirou est censé suivre l'exemple de son grand-père et devenir un bon employé au service de l'Administration tout comme son père l’a fait avant lui, espérant être l'employé du mois. Pas du tout comme sa sœur Seccotine qui est devenue la honte de la famille pour ses parents depuis qu'elle a rejoint les rebelles. Elle vient justement de déjouer la sécurité pour dérober au nez et à la barbe de son frère son badge d’accès au niveau 7 dont elle a besoin pour porter un bon coup à l'Administration. Spirou se lance à ses trousses pour essayer de lui éviter la prison. Ensemble, ils se retrouvent face à trois robots géants armés. Heureusement, un agent répondant au nom de Fantasio vient les sauver in extremis. Il cherche alors à les enrôler pour retrouver la "Fondation Z". Après d'âpres négociations, nos trois héros se rendent compte qu'ils suivent un même idéal et Spirou les mènera sur le consortium alien dans le système Fripion, sur la planète Franqua pour retrouver le fameux Z.
Mon avis: Denis-Pierre Filippi (dont j'apprécie beaucoup "Le Voyage Extraordinaire" illustré par Silvio Camboni) nous livre une version surprenante et futuriste de héros bien connus qui font l’objet de modifications par rapport à la version originale donnant un résultat tout à fait efficace. Fantasio dans la peau d’un agent musclé, cela change radicalement de la version de Franquin et de ses successeurs mais c'est précisément la particularité de la collection "Le Spirou de" (à l’origine appelée "Une aventure de Spirou et Fantasio par …"). Par contre, on retrouve pas mal de références aux séries TV US ou manga et au cinéma tout au long d’un récit plutôt dense à l’intrigue captivante. Un petit bémol tout de même: la Fondation Z car on n’a pas, au final, toutes les réponses attendues ou espérées.
Au dessin, Fabrice Lebeault nous livre sa version de Spirou et Fantasio qui s’apparente beaucoup à son univers. On reconnaît bien son graphisme si particulier révélé par la série Horologiom avec notamment la voiture et autres objets volants et mécaniques. Il est tout à fait fidèle à son style, très aérien, dynamique, futuriste, incluant diverses références à des engins mythiques tels l’hélicoptère portatif, les voitures, etc. qui ont fait le succès de la série. A noter un beau travail sur les couleurs très variées et efficaces qui rendent la lecture très agréable.
Un album atypique, bien fait et surprenant, qui constitue une belle surprise.
SDJuan
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IRONS
- Par asbl-creabulles
- Le 24/04/2018
T1 – Ingénieur-conseil (histoire complète)
Scénario: Tristan Roulot
Dessins: Luc Brahy
Couleurs: Hugo Facio
Dépôt légal: avril 2018
Editeur: Lombard / Collection Troisième Vague
Nombre de planche: 54La collection Troisième Vague se veut la référence du thriller contemporain en bande dessinée. En mettant un peu de lumière sur des univers en général méconnus ou inaccessibles du grand public du 9e art, elle nous permet, en tout cas, d’en comprendre de façon "ludique" et passionnante une partie des rouages et enjeux du monde actuel.
Après la crise des subprimes dans Hedge Fund et le mythe de la fin du pétrole avec Koralovski, le lecteur peut découvrir cette fois, avec la série Irons, le monde assez opaque de l’ingénierie des ponts.
Ah oui au fait, notre nouvel (anti- ?) héros, Jack Irons est un ingénieur- conseil des ponts, brillant, sportif et… diagnostiqué dyssocial.
L’histoire :
Point Pleasant, Etats-Unis, décembre 1967. Un pont se rompt et la famille de Jack meurt noyée au fond du fleuve. Seul, lui survit au drame.
Est-ce donc pour régler des comptes avec son passé tragique que Jack Irons est devenu ingénieur en construction de ponts ? Que se cache-t-il derrière la personnalité atypique et froide de cet ingénieur ?
Aujourd’hui, nous le retrouvons sur l’île du Prince Edouard, bloqué par le blizzard canadien, essayant de rejoindre l’aéroport de Moncton. Coïncidence scénaristique, le pont qu’il doit traverser s’écroule.
Les bases du thriller sont posées … s’agit-il d’un accident, d’un attentat ou d’un défaut de conception de la géante infrastructure ? Notre héros misanthrope, se retrouvant bien malgré lui bloqué sur l’île, va se charger de découvrir la vérité.
Mon avis :
J’ai adoré ce premier opus, récit complet d’introduction à la série "Irons". Tristan Roulot, "habitué"de la collection Troisième vague, nous propose ici un scénario à rebondissements bien maitrisé et une intrigue dense. Le scénariste nous documente sur l’ingénierie des ponts tout en nous sensibilisant aux conséquences économiques et écologiques locales de telles constructions, et ce, en nous plongeant dans le quotidien d’un petit patelin de pêcheurs. Les dialogues sonnent justes et le casting des personnages, mêmes secondaires, se révèle judicieux.
Le dessin précis et détaillé de Luc Brahy étoffe le réalisme de cette nouvelle série. L’ambiance y est glaciale et sombre à souhait. Le pull et le bonnet (blizzard oblige) sont conseillés aux lecteurs frileux. Un coup de cœur également pour la subtile mise en couleurs d’Hugo Facio.
Un conseil, un seul: Achetez la BD !
Michel
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NOS EMBELLIES
- Par asbl-creabulles
- Le 23/04/2018
Scénario: Gwénola Morizur
Dessins: Marie Duvoisin
Couleurs: Marie Duvoisin
Dépôt légal: mars 2018
Editeur: Bamboo Édition, collection Grand Angle
Nombre de pages: 68 planchesAu moment où Lily apprend qu’elle est enceinte, Félix lui annonce qu’il va partir en tournée et lui confie Balthazar, son neveu, qui arrive du Canada pour passer les vacances de Noël en France. "Ne t’inquiète pas, un gamin de 7 ans tu l’emmènes au fast-food et tu lui fais voir la Tour Eiffel, il sera heureux comme tout !"
Lily tente sans succès d’apprivoiser ce petit inconnu qui parle peu et traîne avec lui la tristesse de la séparation de ses parents. "On laisse tomber la visite de la Tour Eiffel et je t’emmène faire un tour en montagne ?" Lily décide de quitter Paris avec Balthazar. "On the road", ils rencontrent Jimmy, un jeune homme en marge. Leur périple les amène tous les trois chez Pierrot, un berger solitaire délaissé par ses enfants.
Gwénola Morizur, scénariste du très bon "Bleu Pétrole", est passionnée par les histoires de fratrie et les liens parents/enfants. Pour elle, c’est dans ces liens que se joue une grande partie de l’humanité, de nos émotions et de nos contradictions. Gwénola était elle-même enceinte au moment où elle a écrit le scénario, c’est une période qui soulève des doutes, des questionnements que l’on retrouve également dans le personnage de Lily: "Comment fait-on pour devenir parent ?"
Résumons:
4 personnages déboussolés: une femme bouleversée par la nouvelle de sa grossesse, un enfant traumatisé par le divorce de ses parents, un fils rejeté pour sa différence et un berger solitaire.
1 ferme isolée dans la montagne avec de la neige
1 chien et quelques chèvres …Place à l’introspection et, peu à peu, les protagonistes de ce "huis clos à la montagne" laissent tomber leur défense, l’ambiance se détend, et ils confient leurs problèmes et retrouvent goût à la vie.
Réflexions profondes et sensibles sur des tranches de quotidien, "Nos embellies" nous propose un beau bouquet d’émotions positives. Les personnages sont attachants et le ton est juste, simplement humain.
Marie Duvoisin, au graphisme pour son premier album, nous propose une mise en images fluide et fouillée en parfaite adéquation avec le rythme du récit. Les décors sont soignés, tout en finesse et les couleurs tendres. Une réussite complète et prometteuse."Quelques mots sur ma technique de travail spécifique sur «Nos Embellies»".
Comme le scénario était complètement écrit lorsque nous avons signé le contrat, j'ai pu travailler tout le story-board en amont (mise en place de la narration, choix des cadrages, composition des planches et des cases). Ce qui permet de le laisser murir, le faire lire, vérifier l'efficacité du rythme sur l'ensemble de l'album, et enfin, l'affiner au cours d'échanges avec le ou la scénariste, ainsi que l’éditeur. trice. Ensuite, je suis passée aux planches, et ma méthode est tout ce qu'il y a de plus habituel: mes meilleurs amis sont Photoshop, ma table lumineuse, ma théière et ma patience.
Ah, et j'ai oublié les logiciels 3D, pour la mise en place des décors d'intérieur. Je peux ensuite résumer ma routine de travail par les étapes suivantes:
- impression du story-board (dans lequel j'ai inséré des captures d'écran des décors en 3D si nécessaire) pour travailler le crayonné par-dessus;
- scan & corrections sur ordinateur;
- impression du crayonné pour effectuer par-dessus l'encrage ou plutôt, dans mon cas, le clean au crayon de la planche;
- à nouveau scan & nettoyage;
- et enfin colorisation de la planche.Note : Vous pouvez suivre les travaux de Marie sur marieduvoisin.blogspot.be !
Michel
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DEATHSTROKE Rebirth 1
- Par asbl-creabulles
- Le 20/04/2018
Tome 1: Le Professionnel
Scénario: Christopher Priest
Dessin: Carlo Pagulayan, Larry Hama et Joe Bennett
Encrage: Jason Paz, Mark Morales et Belardino Brabo
Couleur: Jeromy Cox
Editeur:
Dépot légal: Mars 2018
Nombre de pages: 144Deathstroke, de son vrai nom Slade Wilson, a un passé plutôt lourd: il est un père sévère, quasi tortionnaire avec ses enfants Grant et Joseph qu’ils forment à la dure et qui ne le voient que pour être battus ou trainés de force chasser dans les pires conditions, mais il est aussi un époux peu présent auprès de sa femme bien que très porté sur la chose. Il est désormais l’un des mercenaires-assassins les plus dangereux et impitoyables au monde. Aujourd’hui, il doit intervenir dans une situation aux nombreuses implications géopolitiques mais aussi se sortir vivant d'une machination internationale impliquant entre autres Clock King, un criminel qui vit hors du temps. Il doit aussi protéger sa fille Rose, menacée de mort, qui se fait appeler Ravager du surnom de son demi-frère décédé en voulant essayer la drogue ayant rendu son père bien plus fort et plus rapide que la moyenne des hommes. Le commanditaire du contrat placé sur la tête de Rose vivant à Gotham, Batman et Robin vont dès lors se retrouver impliqués bien malgré eux et auront du mal à composer avec les règles imposées par Deathstroke.
Mon avis : Ceux qui ont connu la grande époque des New Teen Titans (Jeunes Titans en version française), série scénarisée par Marv Wolfman et dessinée par Georges Perez, connaissent bien ce super-vilain qui a donné bien des soucis à la jeune équipe des Titans qui s’est constituée autour de Raven à cause de l’arrivée de Starfire après qu’elle ait répondu à son appel à l’aide. C’est dans ces premiers épisodes qu’on a pu découvrir Deathstroke, un militaire "dopé" grâce à un produit miracle qui lui a donné des capacités surhumaines – force, rapidité, réflexes, régénération, intelligence – mais également son fils Ravager qui fera une brève apparition puisqu’il meurt lors d’un combat contre les Jeunes Titans en essayant de ressembler à son père. Par la suite, un second fils, Joseph, fera son apparition mais sera kidnappé et torturé et finira par rejoindre les Jeunes Titans sous le nom de Jericho. Et enfin, apparaît sa fille Rose, issue d’une aventure extraconjugale qui, elle aussi, rejoindra les Teen Titans. Aux commandes de cet album, on retrouve Christopher Priest qui a travaillé sur de nombreux personnages de Marvel et DC Comics. Dans cette première partie, qui contient de nombreux flashes-back, l’action est rondement menée, plaçant Slade / Deathstroke en plein milieu d’un thriller géopolitique, en proie à des manipulations et chantages en tous genres et confronté à des super-vilains comme Clock King et essayant d’éviter une épuration ethnique. L’intrigue mouvementée et de ce fait assez compliquée cède la place, en seconde partie, à un épisode plus classique centré sur Rose, devenue Ravager, qui fait l’objet de menaces de mort et Joseph va être amené à jouer un rôle non clairement défini pour le moment.
Les trois dessinateurs nous proposent un dessin de bonne facture rendant cet album plaisant à lire et à suivre. S’il est vrai que le trait de Carlo Pagulayan se révèle plus efficace et plus dynamique que celui de Joe Bennett et Larry Hama, cela ne nuit en rien à la lecture car l'homogénéité d’aspect est bien présente. On apprécie de très belles cases d'action pure ou d’autres dans lesquelles la tension est bien rendue mais aussi certaines plus intimistes davantage chargées en émotion. La plupart des planches bénéficient de nombreux décors. La mise en couleurs est globalement agréable.
Ce premier tome de Deathstroke Rebirth passionnera sans aucun doute les fans du personnage mais constitue une belle découverte pour un public non initié car il n'est pas vraiment nécessaire de connaître toute l'histoire de cet anti-héros pour l'apprécier à sa juste valeur.
SDJuan
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GASTON Méga Hors Série
- Par asbl-creabulles
- Le 20/04/2018
Méga Spirou
Hors-série
Spécial Gaston
Editeur:
Dépot légal: Avril 2018
Nombre de pages: 120 pages
Version kiosque: 6.90€
version librairie: 11,90€Accompagnant la sortie du film réalisé et interprété par Pierre-François Martin-Laval, Dupuis nous fait découvrir l'univers du gaffeur sachant gaffer, l'adorable Gaston Lagaffe. Ce Méga Spirou Hors Série nous plonge dans l'univers du film, avec plein d'anecdotes à la clé mais aussi des révélations sur les modifications nécessitées par une adaptation cinématographique se voulant plus "moderne" si l’on peut dire. On y retrouve les interviews des principaux comédiens, Pierre-François Martin-Laval dans le rôle de Prunelle, le patron de Gaston, Théo Fernandez dans la peau de Gaston, Alison Wheeler (M'oiselle Jeanne), Arnaud Ducret (Longtarin), Jérôme Commandeur (Aimé De Mesmaker) et bien d'autres qui nous parlent de leur lien avec le personnage de Gaston Lagaffe, de la manière dont ils ont été sélectionnés ou comment ils ont envisagé d’apprendre, de répéter, de jouer leurs rôles respectifs.
En fait de "modernisation", on se doit de constater que derrière chaque case, chaque gaffe ou chaque invention, Gaston était bien en avance sur son temps et qu’il défendait déjà des idées bien actuelles, comme l'écologie, la sauvegarde des espèces, etc. On découvre ainsi l'interview de représentants actuels menant ces combats, notamment Yann Arthus-Bertrand bien connu par ses livres, ses photographies, ses documentaires, ou Jean-François Juillard ancien reporter sans frontière qui dirige actuellement Greenpeace France, qui nous expliquent comment Franquin abordait la question de l’écologie et la traitait avec force et détermination. Idem avec l'écrivain et militant écologiste Cyril Dion, cocréateur du mouvement citoyen Colibris et réalisateur du film "Demain" ou du journaliste Pascal Canfin, directeur général du WWF France. Bien d’autres sujets sont abordés: côté cuisine c'est au tour de Philippe Etchebest et pour la chimie, Jean-Pierre Sauvage, colauréat du Prix Nobel 2016 pour ses travaux sur la chimie de coordination, etc... Chaque thème est illustré par une ou plusieurs planches tirées d’albums de Gaston par Franquin. C’est ici l’occasion de rappeler que Franquin a créé avec une efficacité extrême pour Amnesty International une planche qui sera utilisée pour ses diverses campagnes d’affichage.
N’oublions pas les hommages d'autres dessinateurs comme Erre, Fabcaro, Libon ou Zep, ainsi que celui de l'astro-physicien doublé d'un militant écologiste Hubert Reeves qui nous révèle ce désir intense qu'avait Franquin de vouloir lier la science à l'écologie.
Gaston un rebelle, un adepte de la désobéissance civile? José Bové et l'avocat Arnaud Gossement nous racontent quelques anecdotes démontrant de manière évidente que Gaston pouvait l'être tout naturellement et ce sans aucune agressivité.
En ce qui concerne plus directement la BD autour de Gaston, nous découvrons le lien qui existait entre Franquin et Frédéric Jannin, un véritable lien d’affection pour le créateur et son personnage. Nous découvrons comment ce dernier a réalisé un délicat travail de restauration en retravaillant les couleurs de la plupart des 940 planches que représente la collection complète des Gaston Lagaffe, ce qu'il a souhaité retoucher, ce qu'il a voulu préserver à tout prix.
Vous l'aurez compris, on s’amuse beaucoup à la lecture de ce Méga Spirou non seulement truffé d'hommages et de surprises mais qui va vous faire découvrir un Gaston Lagaffe que vous pensiez bien connaître et dont vous ne soupçonniez pas la face cachée.
Cet ouvrage est disponible en version magazine souple dans les kiosques (6,90 €) et en version album à couverture cartonnée chez votre libraire spécialisé (11,90 €).
A noter qu’il paraît presque en même temps que le tome 1 d’un autre ouvrage intitulé Gaston, en direct de la rédaction (Chroniqué ici)
SDJuan
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Les PETITES DISTANCES
- Par asbl-creabulles
- Le 19/04/2018
Scénario: Véro Cazot
Dessin: Camille Benyamina
Couleur: Camille Benyamina
Editeur:
Dépot légal: 22 avril.
Nombre de pages: 154Max est un jeune homme qui de plus en plus a l'impression de ne pas exister. En effet, les gens l'oublient dès qu'ils le quittent. Et lorsqu’ils le recroisent, ils ne le reconnaissent pas. Il a déjà ressenti cette impression avec sa mère pour qui il existait à peine, au point d’être transparent. Les choses semblent aller de mal en pis. Même sa psy, qu'il s'est enfin décidé à consulter, ne se souvient plus de lui. Même son colocataire ne le voit plus alors que Max vient à peine de s’installer chez lui. Plus les jours passent, plus il devient invisible aux yeux de tous. Plus personne ne le voit, ne le sent. Les gens lui passent au travers. Pourtant Léonie, une voisine qui vit seule à cause des fantômes et présences maléfiques qui la hantent chaque soir, semble être la seule personne capable de pouvoir entrer en contact avec lui. En effet, lorsqu'ils se sont traversés dans les escaliers, elle semble avoir senti sa présence. Max se décide donc à entrer en contact avec elle, mais rien ne semble se passer. Une nouvelle fois, il est invisible pour elle. Mais il finira par se sentir bien chez Léo et s'y installera, même invisible, même en tant que fantôme.
Mon avis: Voici une comédie sentimentale dans laquelle le fantastique va prendre le dessus petit à petit. A la base l’histoire est dure car elle parle du mal être, de la déprime, du cafard, des moments de doute ou de questionnement lorsque, comme dans le cas de Max, les gens ne se souviennent plus de vous au point d’avoir l’impression de ne plus exister, ou de vivre dans un monde parallèle. Mais comme dans la vie réelle, lentement ce sentiment va tendre vers le positif, le désir de s’affirmer et de vivre, pour finalement exister vraiment. Max va ainsi vivre auprès de sa voisine Léonie, dans son intimité, partager ses rencontres d’un soir, ses visites, en fait cohabiter avec elle dans la plus grande intimité. Une histoire de peurs, de phobies mais aussi d’amitiés et surtout d’amour et d’affirmation de soi que Véronique Cazot a bien maîtrisée dans cet album au scénario intelligent et surprenant.
Au dessin, Camille Benyamina réussit parfaitement à rendre cette impression d’intangibilité progressive en jouant avec les couleurs qu’elle superpose sur un même point, symbolisant deux corps qui se fondent sans pouvoir se toucher puisque Max au fil des pages devient impalpable. Son trait est juste et précis tant pour les scènes du quotidien que pour les scènes plus ou très intimes, en évitant le malsain ou le voyeurisme. Elle le fait avec justesse, tendresse parfois, avec une touche d’humour aussi, avec des couleurs agréables parfaitement adaptées à chaque atmosphère.
SDJuan
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VALHARDI Intégrale 4
- Par asbl-creabulles
- Le 16/04/2018
VALHARDI L’intégrale 4 (1956 1958)
Scénario: Jean Michel Charlier, Philip (Philippe Gillain)
Dessins et couleurs: Jijé (Joseph Gillain)
Introduction documentée de Jérôme Dupuis
Dépôt légal: Avril 2018
Editeur:
Collection: Patrimoine
Nombre de pages: 264Jean Valhardi, c’est le héros type, tel qu’on le concevait en 1941, incarnant la force, le courage, l’intelligence et la droiture. Jean Valhardi est surtout la première série réaliste d’expression francophone publiée dans Spirou !
En 1946, Joseph Gillain, qui a créé les traits de Valhardi sur une idée de Jean Doisy (intégrale 1) abandonne son personnage et choisit le jeune Eddy PAAPE pour le poursuivre (intégrales 2 et 3). Ce dernier, en duo avec les scénaristes Doisy, Delporte et Charlier, réalise des albums restés dans les mémoires, notamment "Le château maudit", véritable classique de l’école de Marcinelle.
Au milieu des années 50, lorsque Jijé décide de reprendre son personnage, il trouve son personnage changé. Valhardi, le gentil employé d’assurances passionné de camping a mûri et est devenu un détective indépendant.Valhardi par Jigé / première et seconde manières
Avec Jijé, Valhardi va affronter le grand banditisme. Les gangsters connaissent sa renommée et efficacité. "Valhardi, c’est la peste! Depuis des années, il mène la vie dure à bien des organisations! Autant d’enquêtes, autant des succès retentissants! Et s’il est sur notre piste!" (Le Mauvais œil, intégrale 4)
Pour Jijé, qui a ramené "Jerry Spring" dans ses bagages des Etats-Unis, "Valhardi" est très différent de son cow-boy préféré, et la différence tient évidemment au genre. Le western est un genre typé par les paysages et les costumes. "Valhardi", c’est autre chose, plus moderne. "De là, un dessin qui a un autre gueule" dira-t-il.
En effet, car entre le Valhardi première manière et celui des années cinquante, il y a une révolution technique: Joseph Gillain est passé de la plume au pinceau. Son héros y gagne en souplesse et en élégance.
Au passage, Gillain va relooker son personnage. Dans l’épisode "Le soleil noir", comme il semble loin le Jean Valhardi en costume croisé bleu à grands carreaux que Jijé a abandonné dix ans plus tôt! Fini les acolytes devenus ringards, l’auteur imagine Gégène comme compagnon, un jeune photographe beaucoup plus moderne.Dans cette intégrale 4, consacré au grand retour de Joseph Gillain, nous retrouvons des épisodes aussi mythiques que "Le soleil noir", "Le gang du diamant", "L’affaire Barnes" et "Le mauvais œil".
Comme pour se réattribuer complètement sa création, Jijé prend la décision de scénariser le premier épisode de Valhardi - deuxième époque, "Le soleil noir". Un titre qui évoque l’organisation secrète japonaise contre laquelle Valhardi va lutter avec succès. Pour "Le Gang du diamant", au titre également révélateur, il décide de contacter Jean-Michel Charlier qui a déjà brillamment travaillé sur la série avec Paape. À noter que le scénario des trois dernières planches s’égarera et que Jijé improvisera. Dans l’intégrale, vous trouverez en bonus la fin originale et très différente que donnait Charlier à ce second opus. Pour "L’affaire Barnes", Joseph Gillain demande à son fils de lui faire un synopsis d’une nouvelle histoire qui se déroulera au Mexique, pays pour lequel, y ayant vécu, Jijé n’a pas besoin de documentation. Philippe a les idées, son père s’occupe du découpage et bien évidemment de la mise en images. Collaboration informelle qui sera étendue à l’épisode suivant "Le mauvais œil"
Superbe ouvrage, bien documenté et passionnant de la splendide collection Dupuis Patrimoine dont le slogan "Des séries de légende éditées en recueils pour permettre à tous d'accéder à un patrimoine mythique de la BD" est bien mérité.
Pour en découvrir plus sur Joseph Gillain, maître graphique de la bande dessinée franco-belge, je vous conseille vivement de vous plonger dans la lecture de l’ouvrage "Quand Gillain raconte Jijé" (organisé autour de plusieurs thèmes, à l'image de la carrière de Jijé: "Premiers pas", "Spirou", "Les westerns", "Dessins humoristiques", "Les femmes", "La peinture", "Le métier de dessinateur").
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LEFRANC 29
- Par asbl-creabulles
- Le 15/04/2018
Tome 29: La stratégie du chaos
Scénario : Roger Seiter, Jacques Martin
Dessin : Régric
Couleurs : Bruno Wesel
Dépot légal : Avril 2018
Edition :
Nombre de pages :48En route vers l’Australie pour couvrir les Jeux Olympiques de Melbourne pour "Le Globe", le journaliste Guy Lefranc atterrit à Perth le 20 novembre 1956, deux jours avant leur ouverture officielle. Mais la tempête fait rage et son vol en correspondance est annulé. Par chance, un groupe de passagers en transit, dont il fait partie avec son ami Jean Duval et sa collègue américaine Janet Kear du New York Times, va pouvoir embarquer à bord d’un hydravion Latécoère 631. Leur appareil pris dans la tempête, avec deux moteurs touchés par la foudre, doit faire un amerrissage d’urgence. A bord, c’est la panique quand soudain apparaît un navire gigantesque de la taille d’un porte-avions. Curieusement, autour l’océan s’est transformé en une mer étale permettant à une sorte de tube ascenseur de descendre récupérer les passagers. À peine à bord, un missile tiré du navire fait exploser l’hydravion. Les rescapés de plus en plus intrigués sont cernés par des gardes armés, des indiens d’Amazonie de la tribu Korubo ne parlant pas leur langue, qui les guident vers des dortoirs. Parmi les rescapés, le riche homme d’affaires Jim Myers ne cesse de se montrer présomptueux et arrogant. Alors qu’il devient menaçant et exige de rencontrer le commandant resté invisible jusqu’à présent, il est abattu par l’un des gardes. Lefranc et d’autres passagers cherchent alors à en savoir davantage. Pendant ce temps à Melbourne, la police a abattu dans une zone interdite au public une femme cagoulée, elle aussi korubo, tenant en main un étrange boîtier. En outre, un avion de liaison Cessna en route vers Auckland est porté disparu depuis quelques jours et des pêcheurs ont remarqué une chaloupe métallique d’un modèle inconnu échouée sur le rivage. Ces événements et la disparition de deux avions à quelques jours de l’ouverture des J.O. sèment l’inquiétude parmi les forces de sécurité australiennes tandis qu’à bord du navire l’ambiance se dégrade laissant place au malaise et à une anxiété grandissante.
Mon avis: Mêlant histoire et fiction, ce 29e album de Lefranc est tout à fait fidèle à l’esprit des récits du célèbre personnage créé par Jacques Martin. Le contexte historique est habilement distillé par Roger Seiter tout au long d’un récit qui allie le mystère à l’aventure. Les fans de la ligne claire apprécieront dans les nombreux cartouches les divers éléments narratifs et descriptifs, notamment historiques, qui permettent de situer l’action. La lecture est attrayante car il a également intercalé entre les nombreuses scènes à bord du mystérieux navire divers éléments de l’intrigue se déroulant sur la terre ferme.
Un album de facture classique dans son contenu – le héros est souvent à l’initiative ou agit en soutien d’autres personnages pour préserver la paix ou éviter une catastrophe – mais aussi dans sa forme grâce au talent de Frédéric Legrain, alias Régric qui se montre tout à fait dans le ton des albums de Lefranc.
Le trait est typique du genre qu’il affectionne, les décors sont soignés et détaillés, les personnages sans défaut. La mise en couleurs de Bruno Wessel est douce et agréable et n’altère en rien les nombreux détails, y compris dans les scènes nocturnes ou celles situées dans une mer tempétueuse particulièrement bien rendue comme sur la couverture de l’album.
Un agréable moment de lecture pour petits et grands à commencer par tous les amateurs des aventures de Lefranc.
F. Patrick