Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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ORC STAIN 1
- Par asbl-creabulles
- Le 04/10/2018
Tome 1
Scénario : James Stokoe
Dessin : James Stokoe
Couleurs : James Stokoe
Dépot légal : septembre 2018
Editeur :
Collection : Paperback
Nombre de planches: 168Dans le monde des orcs, celui qu’on surnomme "Qu'un Œil" aurait pu mener une vie des plus paisibles, jusqu'au jour où "Orctsar" décida de lancer tous les chasseurs Shakatuu à ses trousses. Solitaire et borgne, "Qu'un Œil" est quasiment invincible grâce à son marteau. Il peut tout forcer, tout ouvrir, tout abattre, tant les objets comme des portes ou des coffres que ses adversaires et les importuns. Rien ne résiste à ce pouvoir spécial qu'il est seul à posséder et au titre duquel tout le monde le respecte ou le craint. En toute logique, Orctsar qui a réussi à unifier et fédérer toutes les tribus orcs et qui était sur le point de s'emparer du "Membre Divin" n'aurait donc jamais dû s'en prendre à "Qu’un Œil". Sauf qu’une prophétie a prédit qu'un borgne allait mettre son trône en péril ! Et comme si la traque des chasseurs de l’Orctsar ne suffisait pas, "Qu’un Œil" est également poursuivi par la bande d’un ancien coéquipier qu’il avait castré pour se venger de l’avoir entraîné dans une affaire l’ayant condamné à une mise à mort dont il avait pu réchapper in extremis. Une poursuite étrange s’engage qui va conduire "Qu’un Œil" à croiser la route d’une certaine Bowie Enocraz Yaramund, tueuse à gages de profession, qui va très vite se révéler plus fascinante encore que le héros du début.
Mon avis: Lors de sa prise en main, l’album paraît déjanté. L’univers que l’on y découvre est totalement inattendu, déroutant, extravagant, cocasse. Manifestement l’auteur déborde d’imagination. Mais l’ensemble tient la route et une fois qu’on s’y est plongé, le récit se déroule de manière tout à fait normale avec suffisamment de rebondissements pour le rendre passionnant. Beaucoup de personnages et d’orcs plus impressionnants et surprenants les uns que les autres, qui ressemblent beaucoup aux grandes sagas, mythes et légendes que nous connaissons mais revus et modifiés à la mode James Stokoe. L’action va crescendo faisant de cet album un très bon divertissement.
Également aux manettes du dessin, James Strokoe nous offre des illustrations plutôt chargées mais également détaillés ce qui les rend assez claires pour que l'œil s’habitue à autant de traits. On peut réellement parler d’un travail de fou sur chaque case, sur chaque planche. Ce faisant, l'auteur n'a pas choisi la facilité mais le résultat est magnifique. La couleur y joue un rôle important en apportant de la clarté et de la profondeur. Une vision personnelle étonnante et originale des orcs pour un résultat de qualité qui vaut le détour.
SDJuan
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KIVU
- Par asbl-creabulles
- Le 02/10/2018
One shot
Scénario : Jean Van Hamme
Dessin : Christophe Simon
Couleurs : Alexandre Carpentier
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Collection : Signé
Nombre de pages: 72Jeune ingénieur des mines diplômé de l'ULB, François Daans effectue son travail plutôt monotone et routinier au sein du service marketing pour le Benelux de la multinationale Metalurco. Un jour, il est convoqué par le président de la société pour une mission au Kivu. Il doit engager un nouveau directeur de production, autrement dit un nouveau chef de guerre, car le précédent, un certain colonel Ernest Malumba, est "mort dans l’exercice de ses fonctions", en d’autres termes il a été assassiné. François qui a montré qu’il connaît bien le sujet et la situation au Kivu accepte cette mission dont il assume le risque, mais jamais il n'aurait pu imaginer ce qu’il va découvrir sur le terrain. A Bukavu, un ancien mercenaire belge, Peter de Bruyne, est chargé de l'accueillir et de le conduire à son hôtel. Sur la route, leur voiture renverse une gamine de 12 ans, Violette Kizongo. Avec son frère Jérémie, elle fuyait les assassins de sa famille, ayant elle-même échappé à son viol grâce à Jérémie. François et Peter décident d’amener la gamine au dispensaire d’Ibanda, ignorant que c’est son frère, que la police vient d’arrêter, qui a tué le colonel Ernest Malumba pour la sauver. Contacté et débauché de la South Mining Ltd pour reprendre le poste de directeur d’exploitation laissé vacant par Malumba, le colonel Isidore Lumbahé va vite se révéler bien plus gourmand que son prédécesseur. Surtout, il veut retrouver Violette pour la punir et en faire un exemple, ce qui lui permettra de devenir le chef incontesté des 50000 interahamwe (miliciens hutus) de la région. Confronté à la violence et la corruption, François décide d'aider Violette à retrouver son frère vendu par la police comme esclave, avant de démissionner et de rentrer en Europe.
Mon avis: Le Kivu, riche région du nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC) recèle dans son sous-sol parmi d’autres minerais un produit universellement utilisé puisqu’il s’agit d’un élément clé de nos GSM et autres smartphones, tablettes ou PC: le coltan ou plus exactement la colombite-tantalite. Mais ce qui aurait pu être une bénédiction pour les habitants du Kivu est devenu la pire de leurs malédictions. La région est convoitée par le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda qui y soutiennent diverses milices et autres troupes rebelles. Cette histoire basée sur des faits réels et faisant référence à des personnes existantes mais évoluant dans un contexte de fiction se base sur l'espoir de briser le silence sur les malheurs – esclavagisme, assassinats, torture, viols – engendrés dans cet enfer congolais par les milices et même la police. L’espoir vient des médecins qui s’efforcent sur place de rendre surtout aux femmes l'humanité et la dignité, en plus de la reconstruction physique. Le dessinateur Christophe Simon en a été le témoin lors d’un séjour sous haute sécurité en compagnie du docteur Guy-Bernard Cadière, dont il est revenu marqué à vie a-t-il confié.
Jean Van Hamme a été approché par le Dr Guy-Bernard Cadière, qui travaille à l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles, co-auteur du livre "Panzi" avec le Dr Denis Mukwege, qui travaille à l'hôpital Panzi de Bukavu. (Ce 5 octobre 2018, le Comité Nobel norvégien a décerné de manière très symbolique et très forte le prix Nobel de la paix au Congolais Denis Mukwege et à la Yézidie Nadia Murad, deux personnes très impliquées dans la lutte contre les violences faites aux femmes en temps de guerre.) Ce livre relate le drame qui frappe la région du Sud-Kivu au quotidien. Des hommes et des gamins enfants soldats, venus du Rwanda depuis la guerre de 1994, des mercenaires, des rebelles, des gouvernants ou des policiers corrompus entretiennent la terreur en violant et mutilant systématiquement les femmes, les gamines et même des bébés, éliminent les vieillards et les invalides, capturent les adolescents et jeunes hommes emmenés en esclavage dans les mines. L’hôpital est spécialisé dans les soins et la reconstruction chirurgicale des femmes victimes de violences sexuelles. Outre son rôle de médecin s’efforçant de "réparer les femmes", le Dr Mukwege n’a de cesse de dénoncer ce régime de la terreur et l’impunité qui l’accompagne, en réclamant une solution politique au gouvernement de RDC qui ne s'y intéresse pas, tout comme les multinationales qui achètent le coltan au Rwanda. Car quiconque se met en travers de leurs routes comme ce jeune diplômé envoyé au Kivu pour désigner un nouveau "directeur d’exploitation" sera automatiquement écarté voire tué. Sensible à la demande du Dr Cadière, Jean Van Hamme a voulu avec ce récit faire une BD choc, en forme de reportage, pour contribuer à "déchirer l'empire du silence" et révéler la situation au Kivu avec le maigre espoir que cela puisse (enfin) faire bouger les choses.
Cet album en forme de docu-fiction est saisissant pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, autant à travers le scénario de Jean Van Hamme que les illustrations de Christophe Simon. Connu pour son dessin traditionnel dans le style "ligne claire", Simon nous offre ici un travail beaucoup plus réaliste et plus sombre influencé par ce qu'il a vu et vécu sur place. Son séjour à Bukavu a beaucoup joué dans cette métamorphose. On reconnaît aisément chacun des personnages dont il maîtrise parfaitement les expressions auxquelles il donne davantage de puissance, notamment dans les regards ou l’extériorisation des sentiments comme la frustration dans cette scène où Violette repousse François.
Un travail rigoureux, documenté, agréablement découpé et agrémenté de décors détaillés constituant un ensemble d’images parfois dures, mais volontairement moins que le texte, pour un album traitant d’un sujet douloureux dont on espère qu’il contribuera à dénoncer une réalité abominable. Les couleurs d'Alexandre Carpentier viennent confirmer la très bonne qualité de l'album.
SDJuan
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THANOS les frères de l'infini
- Par asbl-creabulles
- Le 01/10/2018
Tome 1/3: Les Frères de l'infini
Dessinateur : Alan Davis
Scénariste : Jim Starlin
Coloriste : Ciane Dusk
Editeur : Panini Comics
Dépot légal : Août 2018
Collection : Graphic Novel
Nombre de pages: 112Alors que Thanos, le Titan Fou, a tout pour être satisfait depuis qu'il a terrassé "Maîtresse Mort", une distorsion temporelle soudaine vient perturber sa quiétude. Thanos n'est pas la seule victime de cette aberration. Son frère Eros, originaire lui aussi de Titan, a également été attiré et même happé par ces perturbations. Ce dernier va vite en découvrir l’origine: Kang le Conquérant est en train de faire des voyages temporels afin de pouvoir modifier le temps à sa guise. Thanos et Eros vont devoir s'allier pour sauvegarder leur avenir et celui du Multivers. Mais chacun va vouloir le faire à sa manière. Et cela risque bien au final de laisser le champ libre à d'autres pour placer leurs pions et prendre de l'avance afin de sceller l'avenir de l'univers et bien plus encore.
Mon avis: Créateur de Thanos, Jim Starlin nous propose cette nouvelle aventure prévue en trois tomes dans laquelle il fait certes voyager son héros dans le temps mais en l’obligeant à se plier à ses propres exigences et à faire alliance avec son frère Eros. Aucun doute désormais, Jim Starlin est bien devenu le spécialiste de Thanos et l’expert des conflits cosmiques et interdimensionnels. Il maintient le suspense en égrenant les actions impliquant chaque personnage au fil de rebondissements très impressionnants dans ce premier tome d’une trilogie qui s'annonce une fois de plus des plus intéressantes.
Côté dessin, Alan Davis relève une fois encore le défi de très belle manière. Lui aussi est un expert en aventures cosmiques et il nous le prouve ici. Beaucoup de planches sont impressionnantes, mêlant découpages classique et à l'américaine sans aucun problème de fluidité. Les cases sont très claires et explicites, les mots seraient même superflus. Une nouvelle trilogie à ne pas rater pour tous les amateurs d’aventures cosmique et du Titan Fou Thanos.
SDJuan
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CONAN le Cimmérien 3
- Par asbl-creabulles
- Le 28/09/2018
Tome 3 . Au delà de la rivière noire
Scénario : Mathieu Gabella
Dessin : Anthony Jean
Couleurs : Anthony Jean
Autres : Patrice Louinet
Adapté de : Howard, Robert E.
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Collection : Grafica
Nombre de pages:46Territoire de Conajohara, province aquilonienne des Marches occidentales entre la rivière Noire et le fleuve Tonnerre. C’est là que Balhus a été sauvé d'une attaque picte par un Cimmérien connu sous le nom de Conan. Balthus hésitait entre acquérir une terre comme beaucoup d’autres colons arrivés avant lui ou s'enrôler dans la garnison de soldats chargée de protéger la frontière au Fort Tuscelan. Conan, lui, a été engagé comme mercenaire pour patrouiller le long de la rivière Noire que les Pictes n’hésitent plus à franchir de plus en plus souvent pour s’attaquer aux soldats et autres occupants de la garnison. A leur tête, un certain Zogar Sag qui s’est retrouvé sous les verrous parce qu’il avait volé des mules au marchand Tibérias, chose qu'il ne fallait surtout pas faire car il s’agit d’un puissant sorcier picte. Depuis, Zogar Sag a lancé un démon des marais sur les traces de Tibérias et des hommes qui l'avaient capturé. Voulant envoyer un message clair aux Pictes, Valannius décide de charger Conan et ses meilleurs soldats Hyboriens de trouver et de tuer Zogar Sag. Le temps presse car celui-ci a entrepris de rassembler les différents clans pictes pour lancer une attaque concertée dont la colonie pourrait ne pas se relever.
Mon avis: Adaptée de la nouvelle "Au-delà de la rivière noire", considérée comme la plus réussie de toutes, cette histoire se veut différente des précédentes, pas de scènes de sexe ou de femmes dénudées, pas de paysages exotiques mais plutôt tout ce qui fait penser à un bon western: des colons aidés par les soldats défendant leurs terres convoitées par les Pictes. Pari réussi donc pour Mathieu Gabella dont l’adaptation constitue une belle réussite. Car si on plonge dans la forêt, dans l'inconnu qui se dévoile petit à petit, il en va de même du contexte et de l'histoire des différents acteurs – colons et envahisseurs – tout au long d’un récit dynamique et bien rythmé. Gabella a parfaitement respecté la nouvelle de Robert E. Howard jusqu'à utiliser des phrases-clé telles quelles comme la toute dernière de l'album.
Coté dessin, Anthony JEAN fait très fort, multipliant les scènes de combat grandioses et nous offrant un Conan magnifique et très convaincant, véritable force de la nature dont la prestance force le respect. On est également impressionné par son ingéniosité pour représenter les Pictes et leur sorcier Zogar Sag. Le cadrage et le découpage sont très efficaces, avec effets de plongée ou contre-plongée, gros plans, grandes cases entrecoupées de plus petites permettant de vivre les scènes de manière presque cinématographique tout en gardant une lecture très fluide. L’ensemble est bien mis en valeur par des couleurs du plus bel effet. Un album à ne rater sous aucun prétexte, et comme pour les précédents – scénarisés et illustrés par Jean-David Morvan et Pierre Alary et par Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat – il ne faut pas être fan du personnage pour l’apprécier à sa juste valeur. En fin d’album, 16 pages de suppléments réservées à la première édition. À noter qu’il existe également une version N&B grand format (comme pour les deux premiers tomes de la série).
Info édition : Contient, en fin d'album, et réservé à la première édition, un cahier explicatif de 3 pages de Patrice Louinet sur la nouvelle d'Howard, 8 pages de dessins et de croquis ainsi que 5 pages d'hommage de Mikaël Bourgouin, Laurence Baldetti, Christophe Regnault, Yann Tisseron et Jean-Baptiste Andreae. Un tirage N&B grand format également disponible chez votre libraire.
SDJuan
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LAYLA Conte des marais écarlates
- Par asbl-creabulles
- Le 27/09/2018
Layla - Conte des marais écarlates
Scénario : Jérémy
Dessin : Mika
Couleurs : Alexandre Boucq, Mika & Hamo
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Nombre de planches: 94Grenoye se souvient de sa rencontre avec Layla, créature aussi belle et sensuelle que dangereuse, lorsque cherchant des champignons pour soulager sa mère malade il s'était retrouvé par hasard dans les Marais Écarlates, ce lieu interdit à tout homme quelque peu sensé. Il se souvient de ce serpent qui l’avait surpris et fait tomber dans cette rivière où le destin avait décidé de le conduire. Il se souvient surtout de cette femme nue au milieu des serpents et portant une pierre rouge au cou. Il se souvient enfin du désir qui l’avait alors envahi. Mais il n'a jamais su pourquoi la créature l'avait épargné. Treize ans plus tard, à Nosgrey, capitale en déclin du royaume de Flyne Yord, Grenoye – qu’on surnomme grenouille – a perdu sa mère et se retrouve à la rue. Il devra sa survie à ses dons de cuisinier qui vont lui permettre de remonter la pente pour vivre auprès d’Édith, son ancienne voisine et amie qu’il finira par épouser, même si son obsession pour Layla ne l’a jamais quitté. C'est à l’occasion de la fête d’anniversaire de Syrénia, la fille du roi Ragnar Falx, que Layla va réapparaître même si Grenoye aurait sans aucun doute préféré la revoir dans d'autres circonstances. En effet, Layla vient d’assassiner le roi qui s'est jeté sur elle pour lui arracher l'Escarboucle, cette pierre rouge source d'immortalité et de puissance, Grenoye s’étant alors senti comme obligé de tuer à son tour pour la protéger et la sauver. Alors qu’il est devenu père de famille et a retrouvé un semblant de vie heureuse, la situation va vite se dégrader car la convoitise de la reine Syrénia pour les nouvelles terres enneigées et sa soif de pouvoir vont venir tout bousculer.
Mon avis: Disons-le tout de suite, avec Layla Jérémy nous offre un premier scénario captivant et réussi. Une plongée dans l'univers du fantastique de la "dark fantasy" qui lui a été inspirée par la lecture du roman de Marcel Aymé "La Vouivre" qui met notamment en scène un personnage de légende, sorte de sauvageonne protégée par des vipères lorsqu’on essaye de lui voler le rubis ornant son diadème. Amour-passion, cruauté, sorcellerie, soif de pouvoir, vengeance sur fond de mythes et légendes sont les maîtres mots de ce récit concocté avec un savoir-faire surprenant, un souci du détail impressionnant, une montée en puissance des plus efficaces. Grâce au héros Grenoye, on découvre les Marais Écarlates où vit la Vouivre Layla, qui peut se transformer soit en créature fantasmagorique et sensuelle soit en serpent implacable et mortel. Elle-même est devenue immortelle grâce à l'Escarboucle, ce joyau suspendu à son cou, qui est en général la dernière convoitise de ceux qui vont devenir ses victimes. Qui ne connaît pas Jérémy Petiqueux ? Jeune coloriste des séries "Murena" et Complaintes des Landes Perdues" au début des années 2000 auprès du prodigieux Philippe Delaby qui nous a quitté bien trop tôt. Puis en 2010 le dessinateur/coloriste Jérémy de la série en six tomes "Barracuda" toujours avec Jean Dufaux au scénario et depuis 2017 le dessinateur de la série "Les Chevaliers d'Héliopolis" avec au scénario cette fois Alejandro Jodorowsky et une mise en couleurs confiée au devenu célèbre Felideus. Et en 2018, Jérémy est de retour avec Layla, un one shot de 94 pages dont il avait le scénario depuis longtemps. Il nous raconte l'amour de Grenoye pour cette créature, sa passion qui ne le quittera plus et le mettra en danger plus d'une fois et remettra en question sa propre vie, ses propres choix. Un innocent entre les mains d'une créature si libre, si indépendante, si forte, si puissante, si impitoyable aussi avec les hommes qui veulent la soumettre ou la déposséder de son joyau. Cela faisait 10 ans que Jérémy voulait sortir ce projet de son placard.
Ayant commencé à apprécier la BD avec Peter Pan de Loisel, sa rencontre avec Mika a été l’élément déclencheur car son style s'approche de l'univers de Loisel et le résultat est tout simplement bluffant. Car au dessin, Mika (qui a notamment travaillé sur les Contes du Korrigan et Les Contes de Brocéliande) nous livre un album d’une grande beauté, avec des décors très réussis et des personnages hauts en couleurs. Le résultat est tout à fait impressionnant, autant les scènes brûlantes ou simplement sensuelles, que celles en forêt ou dans des environnements médiévaux et même les scènes de combat. Mika maîtrise bien ses personnages à commencer par Layla, la femme serpent. La mise en couleurs du trio Hamo, Alexandre Boucq et Mika sert parfaitement cet album qui mérite vraiment le détour.
SDJuan
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APOCALYPTI GIRL
- Par asbl-creabulles
- Le 26/09/2018
One shot
Scénario : Andrew MacLean
Dessin : Andrew MacLean
Couleurs : Andrew MacLean
Dépot légal : Août 2018
Editeur :
Collection : Paperback
Nombre de planches: 88À force de s'entretuer, les hommes ont quasiment disparu de la planète en la laissant à l’état de ruines. Du temps où les peuples étaient unis, ils avaient découvert au fond des océans une source d’énergie illimitée qu’ils avaient appelée "photon magistral". Mais la lutte pour son contrôle avait fini par provoquer l’apocalypse. Puis la nature et la végétation ont lentement repris le dessus et désormais deux clans d’humains, quasi des mutants, s’affrontent et s’entretuent: les bleus et les barbes grises. Au milieu de cet univers désolé peuplé de ces tribus sauvages et de robots, Aria poursuit sa mission, semblant oublier qu’elle l’a entreprise il y a 6 ans déjà! Sa seule occupation consiste à tenter de retrouver l’énergie perdue pour réparer un "mecha" (prononcer méka) géant, autrement dit un robot qu’elle a surnommé "Gus". A ses côtés également, son petit compagnon, le chat Réglisse.
Mon avis: Sur fond d’univers post apocalyptique, Andrew Maclean parvient à traiter un sujet sérieux avec une certaine drôlerie, en grande partie due au caractère de son héroïne, Aria, dont il fait un personnage plutôt charismatique, entourée de son chat et de son robot qu’elle s’efforce (en vain) de réparer. Si le récit semble un peu déjanté, on n’en découvre le véritable objectif que vers la fin et au final l’ensemble s’achève sans vraiment avoir répondu à l’attente qu’on concevait au départ.
Le dessin dans un style semi-réaliste est lui aussi déconcertant lorsqu’on entame la lecture de l’album. Rassurez-vous, on s’y habitue. Andrew Maclean a choisi de se démarquer franchement en adoptant des formes plutôt longilignes ainsi que des cadrages et couleurs plutôt inattendus. Son travail est une sorte de mélange entre animation, manga, film de science-fiction et anciens comics d’aventure américains. Un titre original, sans doute pas le meilleur album de la collection Paperback dont on a beaucoup apprécié Mech Academy ou Magnus.
SDJuan1
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L'ART DE MOURIR
- Par asbl-creabulles
- Le 24/09/2018
Scénario : Raule
Dessin : Philippe Berthet
Couleurs : Dominique David.
Traduction : Geneviève Maubille
Dépot légal : Août 2018
Editeur :
Collection : Ligne Noire
Nombre de pages: 64Barcelone. La police enquête sur le suicide d'Emma Bellamy Martin, une jeune étudiante en histoire de l’art qui mentionne un père qu’elle n’a jamais connu dans une lettre retrouvée près de son corps. À la demande de l’inspectrice Gimeno, Philippe Martin, un policier parisien séparé de sa femme Sophie Bellamy depuis près de 25 ans, est venu à Barcelone pour identifier le corps. Si selon toute apparence, Emma se serait suicidée, Philippe tient à comprendre son geste. S’efforçant de retracer ses derniers jours, sa première piste le conduit auprès de Folch, son ex petit ami membre d’une famille très aisée. En interrogeant sa mère, Philippe comprend tout de suite qu’elle lui ment lorsqu’elle affirme que Folch n'est pas présent à la maison. Et, en effet, quelques instants plus tard Philippe le voit sortir. Remarquant son comportement étrange, Philippe décide de le suivre. C'est en interrogeant le jeune peintre auquel Folch est venu rendre visite et avec lequel il s’est disputé que Philippe commence à comprendre que sa fille n’a pas pu se suicider.
Mon avis: Qui mieux qu’un scénariste né et vivant à Barcelone pourrait imaginer un polar bien noir se déroulant dans sa ville ?!? Un polar des plus efficaces avec son lot de rebondissements et de volte-face autour d’une intrigue dont la tension se ressent tout au long de l'album. Raule sait jouer avec les codes du genre, comme il nous l'a déjà largement démontré. De plus, il utilise habilement cette aventure d'un père à la recherche de la vérité sur la mort de sa fille pour nous faire visiter la ville qu'il connaît dans ses moindres recoins, tant les beaux quartiers que les plus déshérités ou les plus dangereux. Raule nous a déjà offert de très bons albums et séries comme Jazz Maynard (2007), Arthus Trivium (2016), Vies à Contre-Jour (2011), Isabellae (2013) illustrés par de talentueux dessinateurs espagnols comme Roger, Gabor ou Landa.
Mais cette fois le voici avec un auteur que l'on ne présente plus: Philippe Berthet ! Un spécialiste de l’esthétisme et du polar également. Son trait efficace et élégant est reconnaissable entre tous. Ses personnages sont charismatiques, ses décors bien fournis et travaillés, son découpage des cases souvent original, l’ensemble bénéficiant d’une belle mise en valeur par les couleurs à l’aquarelle de Dominique David. L’album est également très documenté, Berthet n’ayant pas hésité à se rendre sur place prendre des photos et s'imprégner de l'ambiance notamment lors d’un séjour à l’occasion des "Jornadas Comiqueras" auxquelles il fait un clin d'œil dans la BD. Poursuivant sur la lignée de Perico (avec Régis Hautière), Le Crime qui est le tien (avec Zidrou), Motorcity (avec Sylvain Runberg) dans la collection "Ligne Noire" dédiée aux polars en one-shot ou diptyque, ce nouvel album est une belle réussite et permet à Philippe Berthet de faire une nouvelle fois la démonstration de son talent.
MThomas et SDJuan Case de la dernière page de l'album oblige! MDR
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HOLLY ANN 4
- Par asbl-creabulles
- Le 20/09/2018
Tome 4 . L’Année du dragon
Scénario : Kid Toussaint
Dessin : Servain
Couleurs : Servain
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Nombre de planches :48La Nouvelle-Orléans. Au loin dans le bayou, sur une toute petite île, Holly Ann fait une macabre découverte: plusieurs Marrons, ces esclaves en fuite qui ont formé une communauté sans existence officielle, ont été massacrés et leurs cadavres semblent flotter dans les airs. Une cagoule du Ku Klux Klan et un flacon d'opium sont les seuls indices encore visibles, menant l’un à la piste du crime raciste et l’autre à celle d’un trafic d'opium qui conduit tout droit Holly Ann au "Dragon bleu", l’établissement de M. Gao Wang à Chinatown. Car sur l’île, quelqu'un a mis le feu, effaçant définitivement toute trace de l’agression.
Mon avis: Poursuivant sur le mode "récit complet", Kid Toussaint nous entraîne dans un épisode qui met Holly Ann à rude épreuve et qui accroche le lecteur dès le début. La Nouvelle-Orléans semble être une source inépuisable d'histoires pour notre héroïne, mêlant sorcellerie, magie, légendes et meurtres étranges et mystérieux. En combinant d’anciens esclaves noirs en fuite, l'opium et le Ku Klux Klan, Kid Toussaint nous offre ici un scénario qui maintient la tension au fur et à mesure que progresse l'enquête d’Holly Ann.
Au dessin, le travail de Servain est très agréable. Son trait nerveux et efficace donne tout de suite le ton sans pour autant négliger les décors et les détails, en particulier des visages très expressifs. Les pages sont bien équilibrées, alternant des cases bien remplies et des séquences plus aérées. Le choix restreint de couleurs chaudes ou froides pose bien l'ambiance tout au long de l'album. La couverture donne le ton, belle et efficace. Un bel album qui aurait sans aucun doute mérité une édition en noir et blanc.SDJuan