Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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SPIROU et FANTASIO (Le Spirou de.. HS4)
- Par asbl-creabulles
- Le 26/10/2018
HS 4 . Le petit théâtre de Spirou
Scénario : Jean Doisy et André Moons
Dessin : Al Severin
Couleurs : Al Severin
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Nombre de planches: 44Oyez, oyez braves gens, jeunes lecteurs et fans du Journal de Spirou. Voici enfin venu le temps de le découvrir en vrai, de l'entendre et de suivre ses aventures si le cœur vous en dit ! Grâce aux marionnettes du Théâtre du Farfadet, vous allez pouvoir assister à un spectacle au cours duquel Spirou mettra en scène, avec l’aide de Tif et Tondu, une momie, un antiquaire, un fantôme. Vous pourrez aussi assister aux dernières péripéties de Fantasio, sans oublier le fougueux Spip !
Mon avis: Difficile de résumer un album basé sur plusieurs petites pièces de théâtre mais il est vivement conseillé de se le procurer car seul Alec Séverin pouvait réussir l’exploit d’illustrer un album dégageant autant de vie et d’énergie. On a vraiment l'impression de voir les personnages prendre vie et bouger, c'est très impressionnant pour des marionnettes. Les histoires écrites par Jean Doisy, alors rédacteur en chef du Journal Spirou, ont été jouées dans le théâtre de marionnettes du Farfadet fondé par André Moons. Ce théâtre a sillonné la Belgique pendant l’occupation allemande pour compenser l’interdiction de parution du journal. Cet album est donc l’adaptation par Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, les auteurs de "La véritable histoire de Spirou" (deux albums parus chez Dupuis) de ces textes tombés dans l’oubli après la guerre. Les pièces sont drôles ce qui est d’autant plus étonnant quand on sait que le petit théâtre ambulant servait aussi de couverture à un réseau de résistants pour passer des messages. À sa manière, Spirou a donc lui aussi fait de la résistance.
Désormais sans ficelle, ni fil pour les animer, ces pantins sont pourtant hyper actifs sous le crayon d’Alec Séverin qui restitue à merveille le style du Spirou créé par le français Rob-Vel et repris par Jigé puis Franquin. L’auteur de "Spirou sous le manteau" (2013) et "À tous les coups, c'est Spirou!" (2016) nous offre un travail soigné, méticuleux, respectueux d’une certaine forme d’académisme. Il revendique ce style graphique "à l’ancienne" ayant été nourri à la maison avec des bandes dessinées issues de l'école belge ou française. Je conseille fortement de lire l'album d'une traite et de le feuilleter ensuite page par page pour admirer et apprécier le travail d'Alec Séverin, son dessin comme sa mise en couleurs pleine de tonus.
Un Spirou peu ordinaire qui s’ajoute à celui d'Emile Bravo également situé lui aussi durant la seconde guerre mondiale. Un bel opus à ajouter à sa collection Spirou !
SDJuan
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THE REGIMENT 2
- Par asbl-creabulles
- Le 24/10/2018
The Regiment II
Dessin: Thomas Legrain
Scénario: Vincent Brugeas
Couleurs: Merete Jepsen et Elvire de Cock
Editeur:
Dépot légal: septembre 2018
Nombre de pages: 54Nous retrouvons d’emblée nos trois compères du SAS, Paddy le Fou, Sterling le Génie et Jock le Futé de la bande et le moins que l’on puisse dire, c’est que les missions de sabotage du matériel militaire nazi et fasciste se succèdent et sont couronnées de succès. Le SAS ou L Department glane ses premières lettres de noblesse… britannique! Personne n’aurait parié une livre sterling sur la pérennité d’une telle équipe!
Tout serait trop beau (et faire un album où tout va bien, c’est moins drôle!) s’il n’y avait pas un petit grain de sable (normal dans le désert hum hum) pour venir enrayer la machine du SAS. Un soldat de l'équipe, Bill Fraser, vient faire de l’ombre à nos amis. En effet, ce dernier est plus fou, plus culotté, plus arrogant et plus indiscipliné que le reste de la troupe. Up yours, les ordres! La devise du SAS "Qui ose gagne" est taillée pour lui!
De retour au QG après la dernière mission, il est temps de faire les comptes et celui qui a le plus mangé de nazis au petit-déjeuner et de fascistes au dîner n’est autre que Bill Fraser. Ce n’est pourtant pas ce qui préoccupe Jock et Sterling. En effet, un soldat vient rendre compte de problèmes avec le fougueux Paddy, le chien-fou. Il est tellement incontrôlable sur le champ de bataille qu’il met son détachement en danger… J’ai tout de même envie de dire qu’en territoire ennemi, cela sent forcément le danger. Si vous voulez éviter le danger, restez chez vous à boire du thé. Et encore, l’eau chaude, c’est dangereux.
Les missions vont s’enchaîner à un rythme effréné car il faut laisser le moins de temps possible à Adolf et Benito de prendre des décisions permettant une sécurité accrue des aérodromes et des alentours. C’est pourtant trop tard… Argh, la rigueur allemande!En effet, Paddy devait s’occuper de l’aérodrome de Tamet (qu’il avait déjà attaqué deux semaines auparavant mais c’est comme les voleurs, ils reviennent toujours sur les lieux de leur crime) mais il est déjà trop tard et son équipe ne fait pas le poids…
Sterling connait la même mésaventure. Une division blindée allemande emprunte exactement le même itinéraire que lui… Ah si seulement WAZE existait à l’époque, il aurait pu prendre les petits chemins! Qu’à cela ne tienne, même s’il fait déjà nuit et que l’aérodrome est plus que sécurisé, tu laisses une trace de ton passage, tu ne rentres jamais bredouille! En guise de message, Sterling laisse quelques cadavres, signé de son arme.
Enfin, Jock fait le même constat. Les ennemis ont dispersé les avions sur l’ensemble de la piste. Trop dangereux, pas assez de bombes, on laisse tomber et on remballe. Show annulé.
Sur le chemin du retour vers le QG, un événement que même Nostradamus n’avait vu venir va se produire. Et je dis chapeau au scénariste. J’applaudis, je reste sans voix, j’admire même! Il n’a pourtant aucun mérite, il ne fait que relater les faits comme ils se sont passés à l’époque mais je ne m’y attendais pas. Au détour d’une page, sans crier gare, c’est le drame. J’en pleure encore aujourd’hui, je vais avoir besoin d’un suivi psy pendant au moins dix ans tellement c’est fort! Cela vous prend aux tripes et vous vous dites c’est bon, j’arrête la série, je ne lis plus. Vous refermez la BD et vous allez même jusqu’à vous poser des questions sur le sens de la vie, de la justice dans ce monde, etc.
Après un événement pareil, même les soldats du SAS ont posé leurs vacances… Il n’y a que Sterling qui continue le combat et il demande des renforts car il a perdu énormément de soldats… Si vous voulez vous battre, il faut plus d’hommes… Un contingent de soldats français débarque au SAS. Le port de Bouerat est la prochaine cible!Mon avis: Bravo au dessinateur et au scénariste car ils ont su faire évoluer la série. J’avais peur que le tome 2 soit aussi, et uniquement, axé sur les batailles et que cela ne raconte "que" les faits d’armes du SAS. Dans ce tome 2, la partie intéressante est la psychologie des personnages. On laisse un peu les fusils de côté et on s’intéresse aux trois compères. Cela donne plus de profondeur à la série.
C’est toujours un régal de regarder les cases dessinées par Thomas Legrain. Il a dû souffrir car il y a énormément de véhicules militaires et de scènes de batailles mêlant avions et blindés. Le résultat est plus que convaincant et on reconnaît directement son style.
Quant au scénario, ce n’est jamais facile de faire entrer l’Histoire dans des cases BD. Il faut arriver à intéresser le lecteur alors que tout est écrit d’avance. Il n’y a pas de marge de manœuvre, on ne peut pas inventer des intrigues supplémentaires de peur d’avoir les historiens sur le dos. C’est sans conteste une réussite!
Je ne peux que vous conseiller d’acheter ce tome deux du Regiment!MJordan
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HAUTEVILLE HOUSE 16
- Par asbl-creabulles
- Le 22/10/2018
Tome 16 . Mélancholia
Scénario : Fred Duval
Dessin : Thierry Gioux
Couleurs : Nuria Sayago
Storyboard : Emem
Couverture : Manchu et Thierry Gioux
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Collection : Neopolis
Nombre de planches : 46Afrique du Sud, 1867, dans les mines d’or du Witwatersrand, au sud de Johannesbourg. Plus personne, en tout premier lieu le directeur de la mine, ne s’étonne de l’exploitation des ouvriers Noirs qui travaillent dans des conditions épouvantables pour extraire des gisements le minerai contenant le précieux métal. Jusqu’à ce jour où une découverte étonnante dans les nouvelles galeries va bouleverser le déroulement des travaux. Dans l’une d’elles, des ouvriers ont trouvé des petits galets gravés aux étranges pouvoirs qu’on appelle "runes". L’annonce de cette découverte arrive jusqu'à Londres où Eglantine, agent spécial d'Hauteville House, retrouve dans un asile son ami le Fantôme de Paris. A peine lui a-t-il remis un recueil de poésie d’un certain Paul Verlaine qu’il est attaqué par des guerriers zoulous. Or ce livre contiendrait toutes les instructions pour retrouver la fortune que le Fantôme de Paris a léguée en héritage à Eglantine à laquelle il demande également de transmettre un message à Victor Hugo, son grand-père: "Adèle est toujours vivante" !
Mon avis: (Re)voici nos héros, du moins une partie d’entre eux et en particulier Eglantine, embarqués en Afrique où ils doivent faire face à d'étranges guerriers à la poursuite du Fantôme de Paris. Depuis Hauteville House à Guernesey, l'enquête va une nouvelle fois être menée avec toute la dextérité qui caractérise nos personnages préférés. Entamant un nouveau cycle avec ce tome 16, Fred Duval nous fait évoluer dans le milieu de la littérature française avant de nous entraîner dans une enquête policière de l'étrange au cours de laquelle événements et découvertes fantastiques ou terrifiantes, selon ce que chacun ressent, vont se succéder sur un rythme soutenu.
Les dessins de Gioux sont toujours aussi efficaces et visuellement très agréables, avec beaucoup d’éléments mécaniques et de décors du Paris de l'époque. La tension est bien rendue, déjà par l’utilisation d’un trait plus nerveux, y compris pour les personnages. La trame France/Afrique assure un bon dépaysement. Les couleurs de Nuria Sayago font mouche en donnant de la profondeur, de l'intensité et de la gaieté à l’album. Elle utilise une large palette de couleurs qui viennent enrichir et rehausser les illustrations de Thierry Gioux.
Une série qui se renouvelle régulièrement pour notre plus grand plaisir.
SDJuan
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MECH ACADEMY 2
- Par asbl-creabulles
- Le 20/10/2018
Tome 2
Scénario : Greg Pak
Dessin : Takeshi Miyazawa
Couleurs : Triona Farrell
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Collection : Paperback
Format : Format comics
Nombre de planches : 104L'attaque surprise des envahisseurs Shargs a pu être contrée mais a révélé une nouvelle menace: ils contiennent des milliers d’œufs. Malgré leur victoire, les cadets Yu, Sanchez, Olicetti et Park de la Sky Corps doivent toutefois affronter leur hiérarchie pour désobéissance. Punis et mis à pied, ils sont transférés à l’unité de nettoyage. Affectés au sol, ils sont chargés de retrouver le moindre œuf que les monstres auraient pu déposer sur Terre. Mais si à leur grand étonnement, ils ont pu garder leurs robots Mecha pour effectuer cette opération de destruction des œufs, dès la nuit tombée, le capitaine Tanaka continue de les entraîner au combat dans le plus grand secret. Une nuit, au retour d’une de ces sorties nocturnes d’entraînement, les quatre jeunes cadets découvrent que leur base a été envahie. De plus, un astéroïde/vaisseau rempli de Shargs et d’œufs s’est placé en orbite au-dessus de la base. Curieusement, alors que la menace et le danger sont imminents, le commandement central veut rapatrier tous les Mecha à leur base au lieu d'affronter en force l'ennemi immédiatement. Que peut bien cacher cet ordre venu du haut commandement ?
Mon avis: Deuxième épisode des aventures de notre jeune équipe de binômes humain/robot à la Mech Academy qui débute alors que les envahisseurs aliens ont pris une belle raclée. Les personnages ont à présent trouvé leurs marques et les équipes prennent forme pour mieux se souder face à l'ennemi commun, un ennemi qui n’est cependant pas toujours évident à définir. Heureusement, le coach "secret" de nos cadets y contribuera beaucoup. De nombreuses scènes d’action et un scénario au contenu solide et suffisamment accrocheur pour ressentir une certaine frustration lorsqu’à la dernière page on se rend compte qu’il faudra attendre le prochain tome pour connaître la suite.
On retrouve avec plaisir les dessins de Takeshi Miyazawa à mi-chemin entre le manga et le comics. On sent que son cœur balance et le nôtre aussi. Des planches très dynamiques et très aérées, sans pour autant sacrifier les décors, donnent tout de suite le ton. Un dessin clair et détaillé, des scènes de combat à couper le souffle mais aussi de beaux cadrages en plan général ou rapproché. La mise en couleurs réalisée par Triona Farrell rend les pages très agréables en leur donnant une belle lisibilité. Que l'on soit plus comics que manga, ou inversement, cette série devrait donc ravir les deux camps.
SDJuan
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IRA DEI 2
- Par asbl-creabulles
- Le 19/10/2018
Tome 2 . La Part du diable
Scénario : Vincent Brugeas
Dessin : Ronan Toulhoat
Couleurs : Rémy Pennarun et Ronan Toulhoat
Dépot légal : Octobre 2018
Editeur :
Nombre de planches :54Cette fin de cycle est très difficile à résumer car l’album est très dense et fourni. Il contient tant de secrets, de manigances ou encore de traîtrises que je suis tiraillé entre le fait de tout dévoiler – ouh le méchant – et ainsi de vous priver de la lecture de ce bel ouvrage ou d’évoquer seulement quelques faits et de vous laisser la joie de découvrir cette deuxième partie plus que réussie! J’ai choisi de ne pas vous assommer avec une chronique de 48 pages et de vous présenter le livre dans les grandes lignes.
Nous avons laissé "Komes" Tancréde en pleine confiance après son haut fait d’armes, à savoir la prise tant attendue par le strategos Maniakés de la cité de Taormine. De plus, le responsable de son enlèvement, le jeune Etienne, est maintenant enfermé dans une cage, exhibé aux yeux de tous. Rien ne peut venir assombrir ce moment…et pourtant.
Dans ce second volet, et fin du premier cycle, Tancréde est pourtant de plus en plus isolé. En effet, depuis qu’il a ordonné qu’Etienne, jeune moinillon qu’il tient pour responsable de ses malheurs, soit enfermé, il n’est plus le même. Cela n’échappe pas à l’homme d’Eglise, ni aux propres amis du guerrier.
Du fond de sa cage, Etienne va alors savamment orchestrer la chute de l’impétueux Tancréde grâce à sa sœur, Marie. Cette dernière, sauvée d’une mort certaine par Eudoxie, l’épouse d’Harald, va apprendre à être une femme forte…au grand dam de notre héros.Marie et Etienne ne sont pas les seuls à vouloir la chute de Tancréde. Le strategos Maniakés, chef des chefs de tout ce beau petit monde, ne voit pas d’un bon œil les victoires de notre héros. Il ne tolérera pas qu’on ose être son égal. Un bon rival est un rival mort. Reste à savoir par quel(s) moyen(s) l’éliminer!
Lorsque des personnes veulent vous éliminer, elles peuvent créer un syndicat du crime et s’allier. C’est ce que comptent faire Maniakés, Etienne et l’innocente (mais pas trop) Marie.
Il reste cependant deux personnages pouvant sauver la peau de notre héros: le baraqué Guillaume et le Prince déchu Harald. Leurs relations vont subir quelques tourments et il est clair que Tancréde est sous l’emprise de sa propre part du Diable mais même aux portes de l’Enfer, une main sera toujours tendue pour vous aider…
Sur fond de batailles – les dessins de Toulhoat sont tellement vivants que nous pourrions tout à fait nous croire au milieu du combat –, de traîtrises, d’amis qui deviennent ennemis et inversement, ce premier cycle a tenu toutes ses promesses. C’est un véritable Game of Thrones que nous offrent Toulhoat et Brugeas.
Strategos Toulhoat et Brugeas, merci pour ce premier cycle très réussi!MJordan
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TRAVIS 13
- Par asbl-creabulles
- Le 17/10/2018
Tome 13 . Serpent à plumes
Scénario : Fred Duval
Dessin : Christophe Quet
Couleurs : Pierre Schelle
Couverture : Nicolas Siner et Christophe Quet
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Collection : Neopolis
Nombre de planches :46Mexique, 2054. Travis et Vlad sont toujours déterminés à sauver les Fils de Marcos. S’ils ont effectivement récupéré l'ordinateur censé fournir des infos sur les IA, ils sont coincés avec Salina dans un bunker cerné par des centaines de cyborgs et de robots tueurs. Désormais leur seul recours est leur ami hacker Pacman, le seul à pouvoir monter une opération de sauvetage. Car il ne s'agit plus seulement d’une guerre dans laquelle les narcotrafiquants et les multinationales pétrolières luttent pour prendre le contrôle politique du Mexique, mais bien d’une guerre orchestrée par des intelligences artificielles des plus redoutables puisqu’elles ont réussi à corrompre les fichiers de l'Unesco. Une récompense est offerte à qui les ramènera en vie, en particulier Travis, ainsi que la mallette en plomb contenant le précieux ordinateur.
Mon avis: Avec cet album, le cycle des enfants de Marcos au Mexique se termine haut la main. Tous les protagonistes s'affrontent et tous les coups sont permis pour prendre le contrôle du pouvoir et du pays. Au milieu des narcotrafiquants, des multinationales et des IA, Travis et Vlad auront bien besoin de l'aide de leur allié Pacman. Sur un rythme soutenu, Fred Duval joue avec ses personnages, indépendants et non-conformistes, qu’il met en scène dans les pires des situations. C'est comme ça qu'on aime la série.
Les dessins de Quet sont parfaitement adaptés au récit dans son style bien particulier et rythmé, aux cadrages originaux et bien étudiés, nous offrant de nombreuses scènes de combat, toutes sortes de robots menaçants et ce serpent à plume impressionnant et très original puisque c’est surtout le jeu des couleurs plutôt vives de Schelle qui lui donne forme. L'équipe Fred Duval, Christophe Quet et Schelle clôture donc ce cycle en beauté, en éveillant notre curiosité sur l’orientation que prendra la série dès le prochain tome.
SDJuan
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ZORGLUB 2
- Par asbl-creabulles
- Le 10/10/2018
Tome 2 . L'apprenti méchant
Scénario : José-Luis Munuera
Dessin : José-Luis Munuera
Couleurs : Sergio Sedyas
Décors : Sanvi
Dépot légal : Serptembre 2018
Editeur :
Format : Format normal
Nombre de pages : 64Les affaires vont bien pour Zorglug même s’il a fait la promesse à Zandra, sa fille adoptive – plus exactement une androïde créée de ses mains – de ne plus vendre d'armes. Ainsi pour sa dernière vente en territoire arabe plongé en plein conflit au milieu du désert, il proposait des tanks F18 et autres engins militaires … gonflables évidemment pour ne pas trahir la promesse faite à Zandra. Mais alors qu’il était en pleine négociation, un engin de petite taille ultra rapide et ultra maniable est venu perturber la vente. C’est un gamin se faisant appeler Zédrik – car c’est bien plus impressionnant que Cédric – qui le manipulait avec dextérité. Personnage étrange, il prétend être le plus grand fan de Zorglub. Il veut absolument devenir l'apprenti du plus machiavélique et du plus intelligent des méchants quitte à lui faire rater sa vente. Car ce gamin a plein de projets en tête, tous plus fous les uns que les autres, mais toujours de même nature: créer des armes de destruction parfaites ! Bien obligé d'accepter le chantage, Zorglub va donc devoir s’occuper d’un gamin doué d’un génie diabolique et qui, en plus, s’est amouraché de Zandra même s’il sait déjà qu’il s’agit d’une androïde.
Mon avis: L’histoire démarre sur les chapeaux de roues et ne s'arrête plus durant les 60 pages que compte l’album. José Luis Munuera fait très fort grâce à un scénario bien construit qui nous accroche tout de suite. Les gags, les scènes d'action, les péripéties et situations drôles, humoristiques voire rocambolesques alternent avec le machiavélique et l'improbable sans que cela pose le moindre problème ou ne soit invraisemblable tant Munuera est habile et à l’aise, allant jusqu’à l’extrême autant pour le scénario que pour le dessin. C’est de la haute voltige!
Tout semble possible entre ses mains. On retrouve ce dynamisme dans un dessin énergique à souhait, avec un trait d’une puissance incroyable, mais qui assure une lecture claire et fluide malgré un découpage tout aussi improbable incluant même une planche qui se déploie sur 4 pages (à déplier tel un pop-up) tout aussi bluffante. José Luis Munuera jongle avec ses personnages qu’il maîtrise parfaitement au plan physique comme sur celui des émotions. Il leur donne de la profondeur et les rend attachants et même attendrissants. Un deuxième tome encore plus jouissif. Mais en plaçant la barre si haut, il va devoir redoubler de talent, d’ingéniosité et de détermination pour soutenir cette montée en puissance.
PS: attention à la lecture, il y a un petit soucis suite à l'erreur de numérotation lors des doubles pages dépliantes.
SDJuan
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L'HOMME DE L'ANNÉE 14
- Par asbl-creabulles
- Le 08/10/2018
L'homme qui vainquit les légions de Rome
Scénario : Jean-Pierre Pécau
Dessin : Fafner
Couleurs : Fafner
Couverture : Nicolas Siner
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Collection : Histoire & Histoires
Nombre de planches : 62Chef de guerre du peuple germanique des Chérusques, Arminius se retrouve "otage" à Rome, tout comme son frère. Selon cette tradition réservée à des personnes de rang élevé, c’est leur père qui les a envoyés en gage de respect vis-à-vis de Rome où ils seront traités comme des hôtes et élevés comme des citoyens romains. C’est ainsi qu’Arminius va devenir un officier respecté au sein des légions équestres. Poursuivant sa politique de conquête de nouveaux territoires, Rome l’envoie avec son compagnon d’arme Flavius en Dalmatie. C'est au cours de cette mission qu'Arminius va prendre conscience que les soldats d’origine étrangère comme lui resteront toujours considérés comme des barbares et donc inférieurs aux Romains. Flavius va même perdre la vie lors d’une discussion ayant tourné à la bagarre. Pour éviter toute crise avec son allié germanique, Rome choisit de l’innocenter, mais Arminius sera malgré tout sanctionné. Il est envoyé en Germanie pour de nouvelles conquêtes. C’est l’assassinat de son frère qui va enfin lui ouvrir les yeux. Désormais, il a choisi son camp, faisant germer la graine de la révolte chez les siens, les Chérusques, mais aussi parmi les autres tribus germaniques. Teutobourg est à la veille d'une bataille qui va marquer l'histoire à jamais, infligeant aux Romains l’une de leurs plus cuisantes défaites.
Mon avis: Une fois de plus, cet album de la collection "L'homme de l'année" nous surprend en nous faisant (re)découvrir sous forme de tranches de vie les grandes sagas de l'histoire, passées inaperçues ou tombées aux oubliettes. Sur fond de péplum et de faits historiques devenus légendaires, ce tome captivant nous plonge dans l’histoire de l’Empire romain, ses conquêtes et ses batailles à travers le destin d’un homme. Fidèle à la thématique de la série, Jean-Pierre Pécau nous relate la vie d’Arminius, pourtant promis à un bel avenir dans la société romaine, mais dont le destin va en décider autrement, soulignant au passage les inégalités et faiblesses d’une société romaine qu’un seul homme ou une poignée d’hommes va réussir à déstabiliser.
Les dessins/illustrations de Fafner contribuent largement au succès de l’album qui absorbe le lecteur de bout en bout, avec des personnages impressionnants par leur stature et leurs armures, des femmes aux corps de déesse, des décors superbes, des champs de bataille, campements militaires, corps d’armée à perte de vue et des scènes de combat à couper le souffle. L’ensemble est violent et bien mis en valeur par une mise en couleurs très soignée où dominent les tons chauds. Un bel album.
SDJuan