Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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CYBERWAR 1
- Par asbl-creabulles
- Le 11/12/2018
Tome 1 - Day one
Scénario : Daniel Pecqueur
Dessin : Denys
Couleurs : Jean-Paul Fernandez
Couverture : Nicolas Siner
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Collection : Neopolis
Nombre de pages : 48Washington lors de la finale du championnat de baseball en présence du Président des États-Unis. Soudain, le terrain et les gradins se retrouvent plongés dans le noir à la suite d’une coupure d’électricité. Craignant un mouvement de panique et respectant le protocole, la sécurité évacue le Président dans son hélicoptère qui survole une ville entière plongée dans l’obscurité. Au stade, le public a réagi en pensant tout de suite à un attentat. Bousculade et chaos se sont aussitôt installés. S’efforçant de fuir les lieux à moto malgré les embouteillages, Jack et sa petite amie Lily tombent sur un homme à l'agonie qui leur donne une clé USB en leur demandant d’aller la remettre directement au président des Etats-Unis à la Maison Blanche afin d'éviter une troisième guerre mondiale. Car la situation est bien pire que l’on pensait. La panne concerne tout le territoire à l'exception de l'Alaska. Le chaos a rapidement gagné le pays: arrêt brutal de trois centrales nucléaires, multiplication des incidents ferroviaires et routiers en l’absence de feux de signalisation, arrêt des communications, pillages. En réalité, il s'agit d'une cyberattaque de grande envergure. Évacué d’urgence à Camp David, le Président doit y faire le point de la situation avec ses généraux et les membres de son gouvernement. Les nouvelles ne sont pas bonnes mais surtout personne ne sait d’où provient cette attaque virale d’une telle ampleur. Et que peut bien contenir la mystérieuse clé USB ?
Mon avis: Le scénario de Daniel Pecqueur fait vraiment peur d’autant que les États, les grandes entreprises nationales et les très grandes multinationales subissent déjà des attaques de hackers plus que déterminés. Si on se rassure en se disant que son histoire ne peut arriver, on sent déjà que l'équilibre et la sécurité de chacun dans nos sociétés d’hyperconnexion sont de plus en plus fragiles. Oui, la troisième guerre mondiale pourrait bien être cybernétique comme cet album le rend plausible. Le récit est bien documenté, d’une approche très pratique et d’une accessibilité impressionnante pour des lecteurs peu ou pas familiarisés avec une telle situation. On peut toutefois émettre un doute sur la facilité avec laquelle Jack réussit à remettre la clé à son destinataire compte tenu du chaos qui prévaut. Mais la mise en place est efficace, le suspense bien présent dans le déroulement d’événements qui engendrent beaucoup de violence, y compris de la part des nombreux personnages.
Côté illustration, Denys nous plonge tout de suite dans l'action. Les mouvements de panique en début d'album donnent le ton. Son trait réaliste va à l'essentiel, les diverses scènes sont bien cadrées et efficaces, les différents environnements bien restitués, les très nombreux personnages bien reconnaissables. On est tout de suite curieux de savoir comment la première puissance mondiale va s’en sortir, et ce en passant par Paris. Un bon thriller.
SDJuan
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MAUSART
- Par asbl-creabulles
- Le 09/12/2018
Mausart
Scénario : Thierry Joor
Dessin : Gradimir Smudja
Couleurs : Gradimir Smudja
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Collection : Jeunesse
Nombre de planches : 32 + dossierWolfgang Mausart est une petite souris qui vit à l’intérieur d’un piano avec sa famille: sa mère Anna Maria, son père Léopold et ses six autres frères et sœurs, parmi lesquels sa sœur préférée Maria Anna qui, comme lui, est passionnée de musique. Tous deux ont toujours rêvé d’avoir un piano à eux. C’est pour leur faire plaisir que la famille s’est installée dans celui du musicien officiel de la cour du roi d'Autriche, le loup Antonio Salieri. Chaque matin, Mausart se régale en écoutant Salieri jouer du piano, même s'il aimerait parfois apporter quelques modifications à ses prestations. Un jour, profitant de son absence mais aussi et surtout de celle de son chat, Mausart décide de s’emparer du piano, sautillant sur les touches pour y jouer un air de sa composition. La mélodie enjouée arrive aux oreilles de tous y compris à celles du roi et de la reine dont le carrosse passe alors sous les fenêtres de Salieri. Pour célébrer l’anniversaire de la reine le lendemain, le roi convoque Salieri en lui demandant de rejouer le morceau tant apprécié. Paniqué, Salieri doit absolument retrouver l’artiste inconnu pour le forcer à jouer la mélodie en faisant croire à toute la cour que c’est lui l’exécutant.
Mon avis: Ayant changé de casquette, c’est le scénariste Thierry Joor qui nous raconte l'histoire de cette petite souris habitant avec toute sa famille dans un piano pour vivre sa passion. On suit avec plaisir cette fable positive et agréable, parsemée de quelques rebondissements évidemment, mais on n'ose imaginer une fin violente. Comme pour les récits de Disney, on attend une justice équitable car on s’attache tout de suite à cette petite famille. Gradimir Smudja avec son talent maintes fois confirmé dans ses précédents albums, notamment Vincent et Van Gogh ou le Bordel/Cabaret des muses, nous livre cette fable comme lui seul sait le faire, c’est-à-dire de la plus éblouissante des manières.
C’est un véritable foisonnement et chatoiement de dorures, d’enluminures et de couleurs, et c'est bien le mot "couleurs" qui prend toute son sens entre les mains de l'artiste tant il excelle dans ce domaine. Car derrière les couleurs, il y a aussi un dessinateur hors pair qui donne du mouvement et de la vie aux animaux qu’il met en scène en personnages à part entière. Chaque case est un véritable bijou, un véritable tableau qu'on aimerait sortir de l’album pour l’accrocher au mur. On poursuit néanmoins la lecture car on n'a pas envie de perdre une seule miette de ce conte merveilleux complété par un superbe cahier graphique d’illustrations et d’esquisses. C'est du grand art et en cette période de fête, voici un beau cadeau à offrir à la Saint-Nicolas, à Noël ou lors de la Fête des Rois Mages! Un album pour jeunes et moins jeunes à ne rater sous aucun prétexte!
SDJuan
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NAINS 11
- Par asbl-creabulles
- Le 08/12/2018
Tome 11. Torun de la Forge
Scénario : Nicolas Jarry
Dessin : Pierre-Denis Goux
Couleurs : J. Nanjan et Bertrand Benoît
Dépot légal : Août 2018
Editeur :
Collection : Heroic Fantasy Soleil
Nombre de pages : 69Orphelin, Torun vit avec son grand-père et ses deux sœurs loin de sa terre natale. Il n'aspire qu'à une seule chose, devenir forgeron. Mais dans ce petit village de Lombardie où sa famille s'est exilée pour fuir la vengeance d'un Maître du Talion, il n’a point de mentor pour le former et son seul avenir possible se limite à suivre en bon disciple l’enseignement du maître du temple pour devenir prêtre. Il trouve du réconfort auprès d’un ami humain avec lequel il part à l'aventure mais aussi braconner des lapins lors de moments de pure liberté. C’est lors de ces balades qu’il croisera le chemin d'autres nains guerriers puis, un jour, tout à fait par hasard, celui d’un nain hirsute, violent et irascible vivant en ermite dans une cabane où Torun retrouvera certains de ses lapins mais aussi du matériel de forgeron et des armes portant des inscriptions runiques. Torun sent en lui une lueur d'espoir. Il va enfin pouvoir atteindre son but: devenir forgeron. Ce qu'il ignore, c'est que ce nain, sous les traits d’un vagabond semblant atteint de folie, est en réalité une véritable légende vivante!
Mon avis: Dans ce onzième tome (déjà !) de la série Nains, Nicolas Jarry nous invite à suivre le chemin de Torun, un gamin courageux et obstiné, vers son destin. Un one shot relatant l'ascension d'un nouveau personnage qui va croiser la route de celui qu'on n'attend vraiment pas. Une belle surprise pour les fans de la série car l’album marque une différence par rapport aux précédents. Mais très habilement, Jarry n’oublie pas d’évoquer des personnages et des événements antérieurs pour ne pas trop dépayser les anciens comme les nouveaux lecteurs. Les voix off jouent parfaitement leur rôle pour décrire les sensations qu’éprouvent les personnages. Un récit bien construit, un rythme bien présent pour cette belle aventure.
Coté illustration c'est toujours du haut niveau. Pierre-Denis Goux nous régale une nouvelle fois par son savoir-faire tant pour les personnages que les décors mais aussi en matière de cadrage et de découpage. Il est clairement à l'aise avec cet univers des nains. Cela se ressent. Ses personnages dégagent une puissance qui les rend impressionnants. Les décors, les paysages ne sont pas en reste non plus. On n'ose à peine imaginer le temps qu'il doit passer sur ses planches (comme bien d'autres dessinateurs, évidemment) tellement elles sont travaillées et détaillées. La mise en couleurs est agréable et respectueuse du travail du dessinateur. Un beau démarrage pour ce troisième cycle de la saga Nains.SDJuan
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JOUR J 34
- Par asbl-creabulles
- Le 07/12/2018
Tome 34 . Le Dieu vert
Scénario : Fred Duval et Fred Blanchard
Dessin : Lajos Farkas
Couleurs : Thorn
Couverture : Ugo Pinson et Fred Blanchard
Dépot légal : Août 2018
Editeur :
Collection : Neopolis
Nombre de planches : 54Depuis que les troupes d'Isabelle la Catholique et de Ferdinand ont été terrassées par la peste, les Maures ont repris le dessus avec l’aide de renforts venus d'Afrique sous le commandement du calife Al-Walid Ben Abd Al-Malik grâce à un accord passé avec l'empereur du Mali. Tout le sud de l’Espagne est tombé. Accompagnée de son amante, l'amazone Immana, Jeanne chassée de France et aujourd’hui en fuite rend visite à son oncle Philippe à Tolède, près de Madrid. Inquiet de la nouvelle situation pour l’avenir de ses affaires, celui-ci pense se faire aider par Jeanne dont la réputation de redoutable combattante et chef de mercenaires n’est plus à faire. Sa mission: monter une petite armée pour protéger et garantir la sécurité de ses convois de marchandises – des lames de Tolède et de l’orfèvrerie – vers les terres africaines du Mali et du Niger où ils sont trop souvent attaqués par des bandits musulmans et chrétiens. Mais aussi protéger les convois rapatriant le précieux métal des mines d’or dont ces pays sont largement pourvus.
Mon avis: Sous la plume de Fred Blanchard et Fred Duval, voici Jeanne comme jamais on aurait pu l'imaginer. Dès les premières pages, on entre dans l’histoire arrangée par nos deux scénaristes, qui vient bousculer quelque peu la version officielle lue dans nos livres d'histoire. Mais c'est bien là le propos de la série "Jour J". Leur version totalement revue et corrigée nous raconte l’histoire de Jeanne et d’Immana l'amazone venues donner des leçons de savoir vivre aux machistes du XVè siècle et s’ils refusent, c’est la mort. On suit donc avec intérêt et envie la route de la Condottiere et de l'amazone, une route parsemée d'embûches et de défis vers l'Afrique et ses trésors qui attisent bien des convoitises. Le dénouement très inattendu en étonnera plus d'un, je peux vous l'assurer.
Classiques, clairs et précis, les dessins de Lajos Farkas nous font voyager de Tolède jusqu'au Mali de la plus belle manière. On différencie parfaitement les personnages, les paysages et les cultures. On apprécie la diversité et la précision des costumes et tenues aussi bien des guerriers et villageois espagnols et arabes que des Africain(e)s mais aussi de nos deux héroïnes. De belles scènes de combat ponctuent cet album d'aventure et d'action.
Le choix des couleurs ajoute encore à l’efficacité du récit en donnant de l'espace et de la profondeur à des paysages grandioses
SDJuan
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Le CHALET BLEU
- Par asbl-creabulles
- Le 05/12/2018
Le chalet bleu
Scénario: Jean-Claude Servais
Dessin : Jean-Claude Servais
Couleurs : Raives
Dépot légal : Octobre 2018
Editeur :
Collection : Aire Libre
Nombre de planches : 72Alice a grandi bercée par toutes ces belles histoires que son grand-père écrivait au sujet de "La Vallée aux Loups" et de Cybèle, la déesse Mère des dieux. Elle a toujours su qu’elles existent vraiment. Ses parents, qui ne veulent rien entendre, l'ennuient profondément avec toutes leurs règles qui lui semblent absurdes. Jusqu’à ce jour où toute la famille se met en route vers le chalet situé en plein milieu de la forêt. A présent, elle le sait, elle le sent, elle doit partir à la recherche de cette vallée et du monde merveilleux que son grand-père décrivait avec tant de détails. Après de longs moments de promenades et recherches dans les bois, de découverte de la nature et rencontres avec les animaux, elle croise un jeune garçon, Jeantou, qui semble s’être égaré. Ayant fait sa connaissance, elle tombe sur le fameux Chalet Bleu et découvre que Jeantou erre depuis plus de mille ans en échappant au vieillissement. Une nouvelle vie s'ouvre à Alice qui va vivre une sorte de conte de fée mais pas seulement ...
Mon avis: Pour notre plus grand plaisir, Jean-Claude Servais revient à ses premières amours, la nature, sa beauté à l’état brut, mais aussi sa cruauté, sa magie, ses mythes et légendes, ses envoûtements et ses mystères. Alice, dont le voyage initiatique fait penser à celui d’Alice au pays des merveilles, a enfin la preuve que l’univers décrit par son grand-père est bien une réalité. Son destin est désormais scellé, au sein de cette nature, au milieu des animaux, auprès de ce garçon mystérieux, au rythme naturel des saisons. Pourtant, la curiosité, le besoin de savoir, l’exigence de vérité vont venir chambouler la vie de nos héros et de leur enfant. Un récit passionnant tout autant marqué par la poésie et le fantastique que par l’évocation d’éléments incontournables de notre quotidien, et servi par une écriture subtile et un dessin magnifique. Comme toujours, Servais maîtrise parfaitement son univers.
Son trait, reconnaissable entre tous, ravit ses fans à chaque nouvelle parution. Ici encore, le dessin est soigné, travaillé avec minutie et magnifiquement mis en valeur par les couleurs de Raives. Sous son crayon, la nature et les animaux nous sont restitués de manière vivante et parlante. Une véritable ode à la nature et à la féerie qui ravira tous les amoureux du genre.
SDJuan
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ORCS & GOBELINS 4
- Par asbl-creabulles
- Le 22/11/2018
Tome 4 . Sa'ar
Scénario : Nicolas Jarry
Dessin : Paolo Deplano & Bojan Vukic
Couleurs : Digikore Studios
Couverture : Olivier Héban & Bojan Vukic
Dépot légal : Août 2018
Editeur :
Collection : Heroic fantasy
Nombre de planches : 54Sa'ar en a vu de toutes les couleurs dans l’exercice de son métier de grenouilleur des marais. La vie ne lui a fait aucun cadeau durant ces années passées dans les marécages proches de la cité des sang-mêlé, cet "enchevêtrement de tire-laine, de surineurs, de camelots, de bâtards et de corniauds". Au retour d'une partie de pêche au gros poisson, il se sent impuissant face au massacre de ses proches et des membres de son clan. Il est fait prisonnier et c'est là que tout se déclenche. Les orcs marchandent avec les humains et les gobelins sont souvent méprisés et réduits à l'esclavage. Envoyé dans les mines, Sa'ar décide de prendre sa vie en mains. Il parvient à s'évader en entraînant avec lui Ursr, un autre prisonnier qui va rapidement révéler sa véritable nature de sale brute. À peine libéré, il oblige Sa’ar à se soumettre à son autorité, l'empêchant même de rester avec Fa’a, une femelle qui ressentait les mêmes sentiments que lui. C’est la fois de trop pour Sa'ar qui n'en n'est que plus déterminé à ne plus être une proie mais à devenir un "viandar", un meneur. Il veut à tout prix prendre la place du maître des lieux, devenir le maître de la Cité des sang-mêlé, ce ramassis de la lie de la société. Mais pour y arriver, il n'aura d'autre alternative que d'être pire qu'eux!
Mon avis: Avec ce nouvel album, Nicolas Jarry nous fait partager l'ascension d'un jeune gobelin constamment opprimé par ses ennemis de toujours, sa montée au pouvoir et les dangers qu'il doit affronter. Le scénario est riche en événements et rebondissements en tous genres mais du fait que l'on est dans la tête du héros, on vit de l'intérieur ses craintes, ses envies, ses prises de conscience sur tous les événements qui se succèdent et sa marche vers ce à quoi il aspire par la force des choses. Un album très dense et détaillé et surtout bien pensé, bien construit que l’on suit aisément malgré le nombre élevé de personnages qui y apparaissent au fil des pages.
La partie illustration a été confiée au serbe Bojan Vukic et à l’italien Paolo Deplano. Leur duo fait des merveilles jusque dans les nombreuses petites cases. Leur talent s’exprime aussi bien dans les décors que dans la représentation réaliste des multiples personnages. Un ensemble à la fois très fouillé et bien équilibré. Dommage que les couleurs pourtant de très bonne qualité viennent écraser beaucoup de détails sur certaines cases.
Un album réussi qui confirme la qualité de la série et qui peut, comme toujours, se lire séparément des autres puisque l’histoire est complète.
SDJuan
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Le RESTE du MONDE 3
- Par asbl-creabulles
- Le 12/11/2018
Tome 3 . Les frontières
Scénario : Jean-Christophe Chauzy
Dessin : Jean-Christophe Chauzy
Couleurs : Jean-Christophe Chauzy
Dépot légal : octobre 2018
Editeur :
Nombre de planches :110Comment s'en sortir dans un monde qui n’est plus que désolation, maladies, guerres, destruction et violence? Comment survivre après "LA" catastrophe qui a complètement mis le monde sens dessus dessous? Rachel, Jérémy, Faryda, Hugo, Jules et les autres semblent avoir trouvé la solution en créant leur colonie. Ils y cultivent leurs fruits et légumes, ils chassent à l’arc en groupe d'au moins quatre personnes, non pas pour rapporter plus de gibier mais par simple sécurité pour faire face à un ennemi qui peut venir de n’importe où. Car le monde est infesté de pillards et de fous furieux qui vont même jusqu’à invoquer la religion pour justifier les pires des atrocités. Ils savent qu'ils ne sont pas à l'abri d'une attaque, mais pensent qu’ensemble ils pourront au moins faire face à toute éventualité. Du moins, c'est ce qu'ils croient...
Avis: Jean-Christophe Chauzy réussit le pari de nous plonger dans un climat plutôt sombre et oppressant qui correspond parfaitement à une planète violente aux paysages apocalyptiques. Conséquence de l’apocalypse, la Terre est peu encline à la bienveillance et les guerres de territoire pour la survie sont la norme. Le petit groupe constitué par nos jeunes héros a réussi à s'isoler et à créer son petit coin de "paradis", presque autosuffisant en nourriture hormis des parties de chasses obligatoires pour la viande, mais il sait qu’un jour il finira par tomber aux mains d’autres groupes ou de pilleurs qui eux aussi s’efforcent de survivre dans un monde redevenu sauvage.
Chauzy illustre à merveille, parfois même sur d’impressionnantes doubles pages, cette ambiance noire et dantesque où règnent le désordre, la saleté et les poubelles à perte de vue, la maladie et surtout les épidémies dévastatrices. Au milieu de cette noirceur, il intercale des séquences ouvertes sur la vie et empreintes de luminosité lorsqu’il évoque la communauté presque "paradisiaque" de nos héros survivants. Le contraste est saisissant. Le trait est clair et précis, les pages riches en décors et en personnages aux caractères bien trempés et facilement reconnaissables.
Un album décrivant un monde qui pourrait bien ressembler au nôtre si nous n'y prenons par garde et qui a, au moins, le mérite de nous y faire réfléchir.
SDJuan
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SPIROU ou l'espoir malgré tout
- Par asbl-creabulles
- Le 06/11/2018
Tome 14 - Spirou ou l'espoir malgré tout - Première partie
Scénario : Emile Bravo
Dessin : Emile Bravo
Couleurs : Fanny Benoît
Dépot légal : Octobre 2018
Editeur :
Format : Grand format
Nombre de planches : 86Janvier 1940. La Belgique est en pleine effervescence, la guerre est à ses portes. À Bruxelles, l’inquiétude est vive. Spirou, toujours employé comme groom, s’efforce de rester positif même si dans les rues enneigées où les enfants jouent à la guerre il tente en vain de s’interposer avec son fidèle Spip. Il reçoit une lettre de Kassandra, sa petite amie allemande qui lui annonce qu'elle a été arrêtée par les Soviétiques et qu'elle va être extradée en Allemagne. Un couple d’artistes-peintres juifs allemands semblent être les seuls à savoir comment venir en aide à Kassandra. Malheureusement, la Belgique est rapidement occupée et ils seront arrêtés sans que Spirou puisse intervenir. Quant à Fantasio, en bon patriote il s’est engagé dans l’armée belge qui sera vite dépassée par la déferlante nazie, lui-même ayant réchappé à l'anéantissement de son unité au fort d’Ében-Émael à la frontière allemande. Il souhaite poursuivre son métier de journaliste en publiant un article qui pourrait faire scandale. Mais est-il considéré comme un rescapé ou un déserteur? Quoi qu'il en soit Spirou et Fantasio sont bien décidés à défendre du mieux qu’ils peuvent une Belgique désormais occupée par les Allemands. Tout un programme.Mon avis: Ce Spirou de Bravo – qui nous a déjà offert il y a près de dix ans sa vision du personnage dans l’album "Le journal d'un ingénu" qui a marqué les esprits – ne ressemble à aucun autre. Bien que conservant ses grands traits de caractère, Spirou s’y présente un rien plus grave. Sous l’effet des événements, nous allons le voir acquérir de la maturité d'esprit, de la sagesse. Il se sentira même animé par la révolte face à l'injustice. Ce nouvel album se situe dans le prolongement de celui de 2008. Le récit est prévu en quatre tomes, soit près de 350 pages. Tout le talent d’Émile Bravo est de nous montrer un Spirou confronté à cette guerre tragique et aux horreurs qu’elle va entraîner, tout en conservant le gamin que l’on connaît, même s’il est à présent moins naïf que dans "Le journal d'un ingénu" et bien décidé à ne pas rester inactif face à la menace allemande. On croise des personnages bruxellois qui ont existé comme ce couple d'artistes juifs bien présents dans le récit. Ou Anselme, ce paysan ayant vécu la guerre précédente et animé par le bon sens, la sagesse et la raison. A côté de Spirou, Fantasio qui est revenu du front d'une manière un peu douteuse, cherche à s’impliquer et prendre parti mais d’une manière certainement maladroite. Toutefois, ne vous y trompez pas, cet album est tout public. On y retrouve donc un Fantasio instinctif, éternel gaffeur, qui apporte juste ce qu'il faut d’humour à un récit où les sujets graves ne manquent pas. Problème sociaux, déportations, antisémitisme, dénonciations, trahisons sont au menu de "L'espoir malgré tout".
Côté dessin, Émile Bravo nous régale. Sa "version BD" d’une époque tragique se veut dans la tradition classique de l’école dite de Marcinelle, mais largement marquée de sa griffe. Le trait est précis et efficace, et si les pages sont riches de détails et de décors, le rendu des mouvements et l’expression des personnages sont tout particulièrement soignés, comme ce trait volontairement plus noir pour représenter les soldats allemands. La mise en scène, les cadrages et le découpage offrent des pages équilibrées pour une lecture aisée mais percutante là où il faut. La mise en couleurs confiée à Fanny Benoît contribue largement à faire de cet album une réussite.
Un premier tome d’une "tétralogie" dont l’aspect didactique est certainement le bienvenu pour transmettre à la nouvelle génération la connaissance d’une période tragique de l’histoire de nos pays.
SDJuan