Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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KILL OR BE KILLED 3
- Par asbl-creabulles
- Le 21/12/2018
Tome 3
Scénario : Ed Brubaker
Dessin : Sean Phillips
Couleurs : Elizabeth Breitweiser
Couverture : Sean Phillips
Dépot légal : Octobre 2018
Editeur :
Collection : Contrebande
Format : Format comics
Nombr de pages : 106Après sa tentative de suicide manquée, Dylan était persuadé qu'un démon lui avait proposé un pacte: tuer une crapule par mois ou être tué. Mais depuis qu'il a vu dans le grenier les dessins et peintures de son père représentant un démon, il a fini par se demander s'il ne s’agissait pas simplement d’une fixation et si ce démon existe réellement. Il s’interroge aussi car un médicament qu’il prend parfois pourrait en être la cause en provoquant chez lui une sorte d'hallucination. Il décide donc de passer outre et d’arrêter de tuer pendant un certain temps. Seulement sa situation est devenue de plus en plus délicate. Non seulement la police s’intéresse à un tueur masqué qui exécute des malfrats et crapules dans la ville mais comme il n’a pas hésité, pour protéger Kira, à tuer des membres de la mafia russe, celle-ci est désormais également à la recherche de ce "justicier" masqué.
Mon avis: Vous pensiez avoir tout compris? Eh bien, c'était sans compter avec Ed Brubaker qui joue avec les codes du polar et du fantastique! Il nous entraîne dans des flashes-back qui changent la donne en remettant beaucoup de choses en question. Le récit prend une nouvelle tournure alors qu’il s’agit de l’avant-dernier tome, ce qui risque de venir bousculer des déductions faites trop hâtivement. Ed Brubaker se plaît à tout chambouler quand on pense avoir trouvé la solution. Bien plus compliquée qu'il n'y paraît, l’intrigue est savamment construite et c'est ce qui fait de ce scénariste l’un des meilleurs du moment. On aime ou on n’aime pas, mais lorsqu’on aime, on ne décroche plus. Le duo qu’il forme avec Sean Philips est sans conteste ce qui se fait de mieux. D’ailleurs, ces deux auteurs travaillent très souvent ensemble pour notre plus grand bonheur.
Pour son dessin sombre, à l'ambiance très noire, Sean Philips utilise un encrage puissant qui joue parfaitement avec l'ombre et la lumière. Il nous régale de scènes violentes, sans concession, où évoluent des personnages aux visages expressifs. Les couleurs confiées à Bettie Breitweiser sont de bonne qualité et soignées. L’effet de surprise est efficace et nous rend impatient de savoir comment se conclura cette extraordinaire aventure.
SDJuan
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M.O.R.I.A.R.T.Y
- Par asbl-creabulles
- Le 20/12/2018
Tome 1 : Empire mécanique 1/2
Scénario : Jean-Pierre Pécau & Fred Duval
Dessin : Stevan Subic
Couleurs : Scarlett Smulkowski
Couverture : Nicolas Siner
Dépot légal : Septembre 09/2018
Editeur :
Collection : Neopolis
Nombre de pages : 64Depuis des jours au Club Diogène dans le quartier londonien de Mayfield, un joueur de poker sort gagnant à tous les coups. Impossible de comprendre comment il peut gagner partie sur partie. Même Watson qui prenait alors un verre avec Winston Spencer Churchill a vu ce vieil homme en chaise roulante remporter avec facilité sa énième partie. Et pourtant, il faudra à peine quatre minutes au grand Sherlock Holmes sollicité pour élucider ce mystère pour comprendre qu’il s’agit en fait d’un automate et pour le mettre hors circuit. Pendant ce temps dans une fumerie d'opium réputée de Londres, un homme qui s’était soudainement transformé en un monstre hideux est abattu de sept balles par la police qui fait transporter son cadavre à l’hôpital. C’est de là que Mr Hyde, à présent redevenu le sympathique Dr Jekyll, parvient à s'échapper discrètement. Holmes, auquel un ami du Dr Jekyll a signalé la disparition en précisant avoir vu un étrange personnage sortir de sa maison, décide de se rendre avec Watson au domicile du Dr Jekyll pour expliquer sa disparition. Mais lors de cette visite, ils se font attaquer par des hommes armés qui dérobent une boîte au contenu qui aurait certainement intéressé Holmes au plus haut point.Mon avis: Ce n'est pas la première fois que ces deux grandes pointures de la littérature anglaise que sont Holmes et Jekyll/Hyde font l'objet d'un cross-over, et certainement pas la dernière. Tout en restant fidèles à l’identité des personnages, Fred Duval et Jean-Pierre Pécau réussissent à nous proposer une aventure inédite et bien rythmée. On retrouve ainsi le jeu de rivalité que se livrent Sherlock et son frère Mycroft, la duplicité de Sherlock envers le Dr Watson et l’esprit de compétition forcené qui l’oppose à Moriarty, son ennemi de toujours, dont on sent la résence monter. On apprécie une action bien présente dès les premières pages du récit, des rebondissements plutôt savoureux, des énigmes et les déductions auxquelles elles donnent lieu de la part du célèbre détective, le tout agrémenté d’une pointe de fantastique.
Au dessin, Stevan Subic installe l'ambiance dès les premières cases. Son trait réaliste et dynamique offre des scènes d'action assez impressionnantes. Plutôt sombre, très encré, son trait semble même parfois un peu trop poussé au point que d’une case à l’autre les mêmes personnages ont des proportions différentes dues aux ombres mises ça et là et aussi sur les visages, ce qui les vieillit subitement. C'est d'autant plus dommage que son trait et ses cadrages sont des plus efficaces et donnent toute sa puissance à son dessin très énergique. Les décors londoniens de la fin du 19e siècle sont parfaitement rendus.
Une vision sinon originale du moins très personnelle de nos héros. La mise en couleurs de Scarlett Smulkowski accompagne et donne de la profondeur au dessin.
Un premier tome qui attise notre curiosité.
SDJuan
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MILLENIUM SAGA 3
- Par asbl-creabulles
- Le 19/12/2018
Tome 3 . La fille qui ne lâchait jamais prise
Scénario : Sylvain Runberg
Dessin : Belén Ortega
Couleurs : Belén Ortega et Amparo Crespo Cardenete
Adapté de : Stieg Larsson
Dépot légal : Octobre 2018
Editeur :
Collection : Grand Public
Nombre de pages : 62Non seulement Lisbeth Salander et le journaliste Mikael Blomkvist ont réussi à suivre et infiltrer la piste des kidnappeurs de leurs amis hackers Bob the Dog, Trinity et Plague, mais ils en ont attrapé le chef pour l’interroger. Auteur et homme politique défendant des idées d’extrême-droite, Mark Borrow et son réseau d’extrémistes appelé "Sparta" les avaient enlevés pour pirater la Sapö, les services secrets suédois, découvrant au passage l’existence du programme secret Hugin de surveillance des communications dans le monde entier. L’affaire va rapidement s’amplifier lorsque les ravisseurs demandent une rançon sous peine de diffuser l’information. Le ministre de l'intérieur engagé dans une action de moralisation et de transparence de la vie politique découvre que le projet Hugin créé à son insu et avec l’aval du Premier ministre. Lisbeth et Mikael se retrouvent en plein milieu d'une affaire aux implications explosives qui doit être étouffée au plus vite! Un allié de longue date va refaire son apparition et le groupe Sparta qui détient les amis de Lisbeth va également apporter son lot de surprises. Parmi eux, un hacker va enfin dévoiler son visage et risque bien de bousculer l'équilibre et la détermination du groupe.
Mon avis: Mort prématurément à l'âge de 50 ans, Stieg Larsson projetait encore une dizaine de romans avec ses deux personnages principaux, Lisbeth et Mikael. Ces projets ayant avorté de même que d’éventuelles adaptations cinématographiques, cette année nous assistons quasi simultanément à la sortie sur grand écran d’un film adapté du roman de l'auteur suédois David Lagercrantz (Millénium 5) et en BD du troisième tome de la mini-série Millénium Saga, suite dérivée (spin-off) de la série Millénium quant à elle adaptée de la trilogie originale de Stieg Larsson. Le moins qu’on puisse dire est que ce dernier tome est mouvementé et bien rythmé, faisant se succéder un kidnapping, des menaces de révélations, des courses-poursuites, des revirements de situations et moultes fusillades. L'intrigue imaginée par Sylvain Runberg est toujours aussi captivante, mais également complexe pour dérouter ceux qui n’auraient pas lu les tomes précédents. Elle met en scène les grands personnages de la série et le suspense se maintient jusqu'au bout sur fond de problèmes et préoccupations bien actuels, cyberattaque de hackers, lanceurs d’alerte, manipulations politiques, rhétorique populiste aux relents nationalistes. Tout est habilement mis en scène y compris quelques événements inattendus pour bien nous tenir en haleine.
Au dessin, Belén Ortega illustre cette saga comme il se doit avec des cases pleines d’énergie, diverses scènes de fusillade et de course-poursuite aux cadrages très variés et souvent de nature très cinématographique. Si l’ensemble se révèle dynamique, on regrettera un léger manque de détails sur certaines cases dû à la mise en couleurs de son dessin déjà très encré, des couleurs plutôt sombres et peu nuancées qui, en revanche, posent parfaitement l'ambiance.
Fin d’une série adaptée de Stieg Larsson qui a été largement appréciée.
SDJuan
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VANIKORO
- Par asbl-creabulles
- Le 17/12/2018
Vanikoro
Scénario : Patrick Prugne
Dessin : Patrick Prugne
Couleurs : Patrick Prugne
Dépot légal : Octobre 2018
Editeur : Daniel Maghen
Format : Grand format
Nombre de pages : 86 + 16 pages de suppléments
Juin 1788. Déjà trois ans que l'Astrolabe et la Boussole, les deux frégates de la Marine Royale de l'expédition de découverte La Pérouse commanditée par Louis XVI, voguent autour du globe pour recueillir des données scientifiques afin de compléter les connaissances en matière d'astronomie, de géographie, de navigation, d'histoire naturelle et d'anthropologie. Partis explorer l'océan Pacifique, les deux bâtiments font voile vers l'archipel des îles Salomon lorsqu'ils essuient une tempête qui va les fracasser sur la barrière de corail et les récifs entourant un groupe d'îles du sud de l'archipel des îles Santa Cruz appelé Vanikoro. Tandis que la Boussole sombre, les hommes sont projetés dans une mer déchaînée et comme si cela ne suffisait pas infestée de requins. Utilisant le moindre morceau du navire détruit, trois rescapés fuient à bord d’un radeau de fortune qui les mènent jusqu’à un îlot de l'archipel. Quant à l'Astrolabe, elle s’est échouée sur des rochers ce qui donne le temps à quelques dizaines d’hommes de rejoindre le rivage non sans difficultés et de débarquer, sur ordre du capitaine, un maximum de matériels, de vivres et d’armes. Si l’urgence est de construire un bateau de fortune, les premiers contacts avec les autochtones venus dépouiller des cadavres flottant au gré des marées sont des plus violents. Le lieutenant ordonne la construction d’une palissade de bois pour se protéger d'une attaque, pense-t-il, imminente.Mon avis: Voici l’histoire du mystère de l'expédition La Pérouse racontée et illustrée par Patrick Prugne. Ce projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps aura mis cinq ans à prendre forme car il a nécessité un énorme travail de recherche. Il s’appuie sur des faits historiques avérés par les dernières découvertes concernant ce double naufrage. En réalité, il n'y aurait eu que deux survivants rescapés sur l'île. On ignore quel a été le sort du reste de l'expédition. On sait qu'ils ont construit une embarcation de fortune et une palissade de bois, attestant l’existence d’un danger. Mais était-ce dû à une confrontation, à un choc des cultures? C’est là qu’intervient Patrick Prugne pour imaginer ce qui a pu arriver aux rescapés durant leur séjour sur l'île face à des indigènes hostiles et des animaux dangereux, sans oublier l’élément symbolique de toute bonne aventure, un coffre contenant un trésor que tout le monde convoite.
Son travail à l'aquarelle et à la gouache est de toute beauté. On reconnaît bien là sa griffe. De page en page, de case en case, ses cadrages et ses découpages respirent l'aventure, nous transportent en pleine mer ou en plein cœur d’une forêt luxuriante peuplée d’animaux sauvages impressionnants. On apprécie le beau travail réalisé sur les ombres et les lumières qui permet de vivre pleinement cette aventure avec un grand A.
Complétant les pleines pages de l'album qui constituent de véritables tableaux, Patrick Prugne nous gâte avec divers suppléments, notamment des illustrations sur les dernières découvertes faites sur l'île à propos de ce naufrage, un storyboard mais aussi plusieurs peintures qui auraient pu également faire office de couverture. Saluons ici la librairie Slumberland d’avoir réalisé un ex-libris inédit avec la couverture du tirage de tête.
Un très bel album de 86 pages (avec supplément de 16 pages) paru aux éditions Daniel Maghen qui invite à l’aventure et incite à en savoir davantage sur cet événement.
SDJuan
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JUSTICE LEAGUE Presse 9
- Par asbl-creabulles
- Le 16/12/2018
The TITANS; La chute de Troy
Scénario: Dan Abnett
Dessin: Brett Booth et Minkyu Jung
Editeur:
Collection : DC Presse
Date de sortie : septembre 2018
Pagination : 160 pages
Contenu vo : THE TITANS #12-18Omen (Lilith Clay) rend visite en prison à Psimon (le Dr. Simon Jones), l’un des super-vilains les plus puissants en matière de télépathie et de manipulations psychiques. Sûre d’elle et de ses pouvoirs de prémonition et télépathie, Omen le défie en se livrant à un duel mental avec lui. Ce dernier réussit à lui faire comprendre que dans un futur proche l’un des membres des Titans va trahir leur groupe. Si dans un premier temps elle tient à n'en parler à personne, même pas à ses amis, le poids de cette révélation pèse sur son être d’autant qu’elle craint qu’il ne s’agisse d’elle. L’info finalement dévoilée va peu à peu dégrader les relations entre les Titans qui ne sont pas au bout de leurs surprises. Le passé semble leur revenir en pleine figure avec le retour de Mister Twist et la Clé auxquels ils ont eu affaire récemment. Et comme si cela ne suffisait pas, Wally West découvre qu’en lien avec son problème au cœur ses pouvoirs ont pris une nouvelle forme: il peut arrêter le temps! Mais cela ne sera pas sans conséquences.
Mon avis: Ce qu’on aurait pu prendre pour une histoire simple et sans intérêt au départ devient très vite séduisant, au fil des pages, et finit par nous accrocher. La trame est solide et on n'arrête pas d’aller de surprises en surprises. D'anciens alliés ainsi que d'anciens ennemis refont surface, tel un hommage à d'anciennes aventures. Le talent de Dan Abnett est de réussir à nous surprendre en multipliant les rebondissements et le suspense tout en prenant le temps de s’attarder sur les diverses personnalités des membres des Titans. Ainsi, Wally West est de plus en plus préoccupé par de multiples interrogations. On se souvient qu’il a disparu dans la force véloce qui lui a volé quelques années de sa vie et l’a effacé de la mémoire du commun des mortels mais aussi et surtout de celle de ses anciens amis Titans. A présent, il souffre d’un problème au cœur qui affecte ses pouvoirs de manière inattendue. Omen fait également quelques révélations sur ses pouvoirs. Mais surtout, les relations entre les Titans se compliquent encore un peu plus et pourraient bien nous surprendre bientôt.
Si le récit est de qualité, on reste bouche bée devant les dessins. Qu'ils soient de Kenneth Rocafort, Ken Marion, Brett Booth ou Minkyu Jung, ils manifestent tous une énergie spectaculaire avec de superbes pleines pages (splash). Les cases s'entrecroisent et chevauchent sans gêner la lecture, il faut le souligner, vu le découpage osé de certaines pages. Les scènes d'action sont à couper le souffle et rien ne semble arrêter les artistes. Le résultat est là, superbe et impressionnant. L'anatomie humaine n'a aucun secret pour eux, même si parfois certaines poses pourraient sembler improbables. L'effet produit est magique. Très beau travail également de la part des encreurs et coloristes.
Un très bon moment de lecture.
SDJuan
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TROLLS DE TROY 23
- Par asbl-creabulles
- Le 15/12/2018
Tome 23 . Art brut
Scénario : Scotch Arleston
Dessin : Jean-Louis Mourier
Couleurs : Claude Guth
Dépot légal : Octobre 2018
Editeur :
Nombre de planches : 46Grâce à la fortune qu’il a accumulée avec, entre autre, les perles, le khalife Hopeïdemerfeil a transformé Hogdad, un village de pêcheurs situé au milieu des sables du Delpont, en une cité des plus modernes. Mais sa fille Petypoï et lui s’inquiètent de voir la ville restée peu connue et désespérément vide d’habitants. Ensemble, ils ont l'idée d’organiser un événement dont tout le monde de Troy devrait entendre parler: une exposition universelle associée à une exposition/concours de peinture sur le thème des Trolls. La nouvelle sera diffusée partout afin d’inciter le plus grand nombre d’artistes à venir se défier pour remporter le concours puisque le premier prix est la main de la fille du Khalife. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu. Tous ceux qui s’approchent trop près du village des trolls pour les dessiner sont dévorés ou découpés et transformés pour être mangés finement. Cela n'arrange pas du tout les affaires du khalife qui décide donc de kidnapper quelques trolls en utilisant les pouvoirs magiques de certains humains du monde de Troy pour créer un village troll à Hogdad qu’il fait protéger par un dome magique que seuls les artistes peuvent traverser. Mais qui a dit que les trolls n'avaient pas la fibre artistique? Les humains ne sont pas au bout de leurs surprises.
Mon avis: Pour cet album anniversaire – la série fêtant ses 20 ans en 2018 – Arleston et Mourier nous proposent une aventure qui se veut différente et plutôt originale. Les trolls vont nous surprendre, nous divertir et souvent nous amuser sur le thème de l'Art. On va ainsi croiser des peintres célèbres comme Dali ou Van Gogh pour ne citer qu'eux et bien d'autres références à la BD franco-belge. Certains y verront un album satirique, d’autres un très bel hommage, mais tous tomberont d’accord pour reconnaître que Mourier et ses amis se sont bien amusés et nous aussi. Qui peut bien espérer contenir des trolls, quelle que soit la magie utilisée, sans s'en mordre les doigts, ou plutôt sans se faire mordre et pas que les doigts, justement !
On connaissait déjà le talent incontestable de Jean-Louis Mourier, mais avec cet album, il s'est fait plaisir. Il suffit d’ailleurs de le parcourir et d'admirer les superbes illustrations contenues dans le cahier graphique en fin d'album. Voici un album généreux en tous points. La famille des Trolls de Troy a encore un bel avenir devant elle et dans la grande famille Arleston, cette série demeure bien l’une des meilleures tant la qualité est au rendez-vous. Un bon scénariste, un bon dessinateur et n'oublions pas non plus les couleurs de toute beauté de Claude Guth avec son large éventail de couleurs alternant les teintes lumineuses et les tons plus pastels selon les situations. Tout concourt à la réussite de cette nouvelle aventure.
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NADA
- Par asbl-creabulles
- Le 14/12/2018
Nada
Scénario : Doug Headline et Max Cabanes
Dessin : Max Cabanes
Couleurs : Max Cabanes
Adapté de : Jean-Patrick Manchette
Dépot légal : Octobre 2018
Editeur :
Collection : Air Libre
Nombre de pages :188Quand on est d'extrême gauche et qu'on a des envies de kidnapping, il faut d’abord recruter une équipe certes de choc mais avant tout sérieuse et fiable. C’est ainsi que va se constituer le commando "Nada" autour de l’anarchiste catalan Buenaventura Diaz avec D'Arcy, Treuffais, Meyer et Cash, la seule fille du groupe. Ils ont déjà tout planifié pour enlever l'ambassadeur américain Richard Poindexter qui a un faible pour les maisons closes, en particulier le club Zéro. Chaque détail, chaque minute ont été pensés et calculés pour mener à bien l’opération, mais ils ont besoin d'un sixième membre qu'il va falloir convaincre. Un membre indispensable, André Épaulard car il a l’expérience du FLN en Algérie. A présent, le groupe "Nada" va faire parler de lui sauf que la situation va déraper. On comptera des blessés et un policier tué. Un coup pareil en plein Paris ne pouvait passer inaperçu mais surtout l’incident diplomatique et le meurtre d'un agent de police vont attirer sur Nada la détermination et la ruse du commissaire Goémond, un commissaire hors norme, prêt à tout pour débusquer ces anarchistes.
Mon avis: Tirée d'un polar noir de Jean-Patrick Manchette paru en 1972, cette adaptation en BD vaut bien celle réalisée pour le cinéma par Claude Chabrol en 1974. Dès les premières pages, on se sent happé par l’action de ce groupe de révoltés aux caractères hétéroclites bien trempés. Chaque personnage est complexe et va nous livrer ses secrets, ses écorchures de la vie, sa raison d'être. Un récit captivant, empreint de suspense et de violence, que certains jugeront peut-être un rien trop lent. Ce qui frappe avant tout à la lecture de cet album, c’est cette impression d’être dans un long métrage. Les personnages prennent vie et on les suit pas à pas dans leur obsession d'anarchistes révoltés à travers des scènes mémorables et des cadrages incroyablement crédibles. Et pourtant, il s’agit bien de BD. Max Cabanes et Doug Headline (le fils de Jean-Patrick Manchette) ont adapté Nada et c'est du très bon. A ne rater sous aucun prétexte.
Max Cabanes réalise l'adaptation sous forme de bande dessinée d'une manière magistrale. On rechignerait presque à terminer la lecture et refermer l'album tant son trait réaliste est plaisant à suivre. L’encrage léger laisse une place hautement méritée à la couleur qui souligne les diverses ambiances et favorise telle ou telle scène ou tel ou tel personnage par rapport au reste de la case ou de la page, alternant les tons de bleu, de jaune, de rouge, de rose ou de vert. On est captivé par les personnages, les visages, les lieux parisiens des années 70 tout au long de ce bel album de 188 pages.
La collection Air Libre nous a déjà régalé de nombreux titres de qualité et celui-ci ne peut que venir s’ajouter à la liste.
SDJuan
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L'HOMME à la TÊTE de VIS
- Par asbl-creabulles
- Le 13/12/2018
L'Homme à la tête de vis et autres histoires déjantées
Scénario : Mike Mignola
Dessin : Ryan Sook et Mike Mignola
Couleurs : Dave Stewart
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Collection : Contrebande
Nombre de planches : 87 + 11 de supplémentsAlors qu’un événement surnaturel menace les États-Unis, c’est le président Abraham Lincoln en personne qui décide de faire appel au détective "Tête de Vis". Une fois encore, l'Empereur Zombie est la source des problèmes. En effet, il a réussi à dérober au Musée des livres et papiers maudits le "Fragment du Kalakistan" qui indique, dans une langue intraduisible, l'endroit où se trouve le bijou supposé conférer des pouvoirs surnaturels à celui qui le possède. Mais ce ne sera pas l'unique affaire que Tête de Vis et ses collègues vont devoir résoudre. Il y a aussi ces trois haricots magiques qui, au lieu de mener vers un monde merveilleux, conduisent au diable en personne. Le piège comploté par d'étranges nonnes va ainsi se refermer sur un jeune garçon. D’autres magiciens et sorciers mais aussi des serpents vont venir s'ajouter à la longue liste des missions que Tête de Vis va devoir mener et, si possible, régler définitivement.
Mon avis: Nous retrouvons ici l'univers de l'étrange qui a fait la renommée mondiale de Mike Mignola. Avec "L'homme à la tête de vis et autres histoires déjantées", il ne déroge pas à la règle. Ses personnages sont forts, charismatiques, impressionnants, très originaux, parfois farfelus, souvent étranges et marquent incontestablement les esprits. Un album paru en 2008 mais dont la présente réédition qui comporte des récits inédits se compose de six histoires courtes, parfois très courtes, mélange de fantastique, de sorcellerie, de mythes et légendes et de polar noir, toutes rondement menées. L'imaginaire de Mike Mignola, sans doute plus connu avec le personnage de Hellboy ou la série B.P.R.D., ne semble donc pas avoir de limites.
Son trait reconnaissable entre tous nous ravit d'emblée. Un encrage généreux et puissant, constitué de peu de traits, qui donne vie à toutes sortes de situations de la plus belle et de la plus efficace des manières sans qu’il soit nécessaire de développer le texte. Les amateurs apprécieront un graphisme exceptionnel et une mise en scène tout à fait caractéristiques de son talent. La mise en couleurs, toute en retenue, de Dave Stewart sert l’ensemble à merveille. A noter en fin d’album un cahier graphique (sketchbook) de 11 pages reprenant les différents personnages. Un album original dont les histoires "L’homme à la tête de Vis" et "Le Magicien et le Serpent" ont été récompensées par un Eisner Award.
SDJuan