Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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La CATHÉDRALE DES ABYMES 2
- Par asbl-creabulles
- Le 25/01/2019
Tome 2 - La guilde des assassins
Scénario : Jean-Luc Istin
Dessin : Sébastien Grenier
Couleurs : Sébastien Grenier
Dépot légal :Janvier 2019
Editeur :
Collection : Heroic Fantasy
ISBN : 978-2-302-07411-8
Nombre de planches : 53Pier de La Vita, en route vers Anselme la grande capitale du Nord, a décidé de faire appel aux services d’un avocat, Maître Don Coskarelli, afin de poursuivre en justice le mage Ronfield qui a refusé de le payer au terme des travaux de construction d’une tour pour lesquels il l'avait engagé. Sans compter que Ronfield est aussi responsable de la mort de sa femme et de l'une de ses filles. Face au danger que représente le sorcier, ils n’ont pour seule protection qu’une elfe engagée par Don Coskarelli. Pendant ce temps, à Dakareen, Sinead sent que quelqu’un la suit dans la rue depuis un bon moment quand, subitement, elle croise le chemin de celui qui a tué ses parents, Don Costelnau, accompagné de son nécromant Lazérath. Malgré la présence de nombreux gardes et soldats, elle est sur le point de bondir sur lui pour assouvir sa vengeance mais l’inconnu qui la suivait la stoppe dans son élan et l’invite à le suivre. Elle se retrouve au sein d’un peuple du désert auquel appartient celui qui l’a certainement empêché de se faire tuer. Là, Sinead va rencontrer le druidd Brahnann, prenant conscience de la réelle importance de l'évangile d'Ariathie qu'elle transporte et qu'elle doit remettre à son maître. Car cet évangile est destiné à rassembler les deux empires. Sauf que Don Costelnau est là justement pour s'emparer de cet évangile et empêcher cette union.
Mon avis: Avec ce deuxième tome, Jean-Luc Istin consolide son histoire dans le temps et dans l'espace. Dans le temps grâce à quelques flashes-back bien pensés et dans l'espace puisque chacun de nos deux héros – Sinead et Pier de La Vita – suit son chemin au sein de son univers, la vengeance et la justice étant leur principal moteur ainsi que leur point commun. Le mystère autour de la Cathédrale et des deux empires qui s'opposent prend toute son ampleur avec les divers éléments que Jean-Luc Istin égrène çà et là avec une véritable intensité, comme cette révélation à propos des différentes races qui peuplent la région, notamment ce peuple du désert, son secret, sa force, sa puissance. Istin prend son temps non pas pour abuser de notre patience mais bien pour enrichir et approfondir l’univers et les personnages de cette aventure. Les secrets entourant la prophétie sont toujours bien présents au sein d’une intrigue des plus captivantes dont il faudra se résoudre à attendre la suite.On est fasciné par les dessins ou plutôt les illustrations à la beauté d’une rare évidence de Sébastien Grenier. Je vous conseille vivement de lire l'album d'une seule traite puis de le reprendre au début pour admirer les pages, les cases une à une afin de mieux apprécier le travail réalisé. Si chez Jaime Calderón le soin du détail s’applique au dessin et à l'encrage, Sébastien Grenier concentre sa maîtrise du détail sur la peinture. Ses choix de mise en scène, de cadrages, plans généraux ou premiers plans comme les visages ou les regards sont des plus pertinents mais on peut dire qu’ils prennent vie et surtout du volume grâce au soin apporté à la mise en couleurs et à l’utilisation efficace de la lumière et des ombres sur chaque case. Décors et paysages sans parler de la couverture sont tout simplement à couper le souffle grâce à ce jeu des couleurs, d'ombre et de lumière! Un deuxième tome qui confirme le talent des deux auteurs.
A ne pas rater!
SDJuan
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STERN 3
- Par asbl-creabulles
- Le 24/01/2019
STERN 3
Scénario : Frédéric Maffre
Dessin : Julien Maffre
Couleurs : Julien Maffre, Laure Durandelle, Etienne Oburie & Bastien Lavaud
Dépot légal : Janvier 2019
Editeur :
Format : Grand format
Nombre de planches : 70Morrison, Kansas, le 23 décembre 1882. Comme chaque année, le shérif préside un débat animé dans l’école à propos du budget de la ville quand une femme annonce qu’un duel est sur le point d’opposer le maire et un certain Colorado Cobb. En effet, alors que la période de Noël se veut joyeuse, la venue à Morrison du fameux Colorado Cobb, un cow-boy connu comme célèbre personnage des romans populaires de l'Ouest, invité par le libraire de la ville pour dédicacer son autobiographie, ne se passe pas vraiment comme prévu. Même si le duel a vite tourné court, le maire s’étant tiré une balle dans le pied en dégainant son arme, immédiatement après la séance de dédicaces, alors que tout le monde boit son verre en écoutant les exploits de Cobb, deux hommes armés surgissent bien décidés à en découdre avec lui et n’hésitant pas à faire feu. Elijah et quelques clients réussissent à neutraliser les deux assaillants sauf qu’ils ne sont pas venus seuls pour mettre le grappin sur Cobb. La petite ville de Morrison risque bien de vivre ses pires heures. Noël, n'est plus ce qu’il était dans l'Ouest.
Mon avis: Un troisième tome qui une nouvelle fois crée la surprise. Cela a commencé par une enquête policière. Ensuite, dans une ambiance hostile et déjantée, notre héros s’est retrouvé malmené par d'anciennes connaissances. Enfin, voici que sa place dans la ville est remise en question pour des raisons budgétaires. Différente des albums précédents, l’intrigue est plus générale, et donne plus d’importance à chaque personnage mais surtout c’est la ville qui est devenue l’héroïne de l'album. Si Stern est presque mis de côté, je rassure tout le monde, il demeure bien présent mais il cherche sa place, il a envie d'entrer en action plus franchement. On voit nettement l'évolution du personnage et de son entourage. C’est donc un scénario surprenant et haletant que nous sert Frédéric Maffre. On est davantage dans le Far West comme on y est habitué sans pour autant qu’il soit nécessaire de mettre une arme dans les mains d'Elijah évidemment! Une pelle d'accord, qu’il manie très bien et pas seulement pour creuser des tombes vous vous en doutez. Un déroulement savamment ménagé, avec moult rebondissements, parfois sombres dont un assez triste, violents comme le récit doit l'être, mais aussi avec quelques moments tendres et même parfois drôles.
En ce qui concerne la partie graphique, belle évolution du personnage au gré des tomes mais également de l’ambiance générale. Si le trait demeure aussi énergique et plaisant, l’encrage semble ici plus marqué et les couleurs plus intenses et dans une palette bien plus large qu’auparavant. Encore une belle surprise. Ajoutons de bons cadrages et un découpage cinématographique qui sied parfaitement au récit. Un rendu fidèle des éléments les plus typiques de l'Ouest américain, chevaux, saloon, pistoléros, etc. Aux côtés des personnages principaux, on en découvre de nouveaux tout aussi charismatiques. Et toujours ce jeune croque-mort sans cesse à la recherche d'un bon bouquin, plutôt solitaire et nouant de rares amitiés bien fragiles dans le temps. Un personnage attachant qui s’est fait une belle place dans la BD actuelle, ce qui n’est pas évident vu le nombre de sorties du genre. Bravo aux auteurs et longue vie à Stern !
SDJuan
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REINES DE SANG - CLÉOPÂTRE 2
- Par asbl-creabulles
- Le 23/01/2019
Tome 2 - La Reine Fatale
Scénario : Marie et Thierry Gloris
Dessin : Joël Mouclier
Couleurs : Joël Mouclier
Dépot légal : novembre 2018
Editeur :
Format : Grand format
Nombre de planches : 54L'entente entre la reine Cléopâtre et le roi Pharaon, son frère Ptolémée XIII, ne va pas en s'améliorant, bien au contraire. Cléopâtre, qui a cherché et obtenu le soutien de Jules César pour faire respecter le pacte de son aïeul, Ptolémée XII – le partage du trône d'Egypte avec son frère-époux Ptolémée XIII – va pousser ce dernier à se rebeller dans le but de reprendre seul la direction du pays afin qu’il dérape jusqu'à l'inévitable affrontement avec César. Après un assaut raté pour chasser les Romains, Ptolémée ne s'avoue pas vaincu. Il a l'avantage du nombre, mais la jeunesse et l'impétuosité de ce tout jeune pharaon ne va pas jouer en sa faveur. Cléopâtre de son côté voit grand, régner sur une Egypte indépendante mais également au-delà sur un autre continent. Et pour cela, elle compte beaucoup sur sa beauté et son art de la manipulation. Sera-t-elle à la hauteur ?
Mon avis: Marie et Thierry Gloris qui connaissent et maîtrisent parfaitement leur sujet ont construit leur scénario de manière à piquer notre curiosité et éveiller notre attention. On est témoin des multiples jeux politiques et manipulations grâce auxquels la jeune, belle et aguichante mais aussi très intelligente Cléopâtre arrive à ses fins, au besoin sans aucune pitié comme avec son jeune frère-mari pharaon. Elle n'a absolument peur de rien et de personne, persuadée qu'elle peut arriver à tout puisque proche des divinités et certaine d’en être une. Une trame bien menée et bien construite mais également superbement illustrée par Joël Mouclier qui met parfaitement en valeur la beauté juvénile de Cléopâtre et exprime bien le caractère bougon et colérique de son frère. Ses personnages sont tous très expressifs, les visages reflétant bien les diverses émotions et humeurs, crainte, étonnement, peur, colère, etc. Ajoutons des paysages et décors majestueux, des cadrages et mises en scène soignés, le tout colorisé dans des tons à dominante chaude donnant de la vie et du tonus à ce bel album.
SDJuan
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GREEN VALLEY
- Par asbl-creabulles
- Le 22/01/2019
Green Valley
Scénario : Max Landis
Dessin : Giuseppe Camuncoli
Couleurs : Jean-François Beaulieu
Encrage : Cliff Rathburn
Couverture : Giuseppe Camuncoli & Jean-François Beaulieu
Dépot légal : Septembre 2018
Editeur :
Collection : Contrebande
Format : Format comics
Nombre de planches :215Sir Bertwald, Sir Ralphus, Sir Gulliver et Sir Ingrid sont les plus valeureux chevaliers de Kelodie. Partout où ils vont, leur réputation les précède et leurs exploits face à des armées de combattants pourtant aguerris sont connus de tous. Aussi lorsqu'ils croisent le chemin du seigneur barbare Brutus Gargus de Pendergast et de ses 400 hommes, ils ne sont en rien déstabilisés arrivant même uniquement par la persuasion à le faire fuir lui et ses hommes sans devoir tuer un seul d’entre eux. Las de toutes ces batailles et profitant de moments de répit, Bertwald se décide enfin à officialiser ses fiançailles avec Amalia, sa bien-aimée. Mal lui en prit car cette même nuit, Brutus et ses hommes décidèrent de revenir saccager le village et massacrer ses habitants. Seuls rescapés, les Chevaliers de Kelodie se retrouvent isolés et dans un grand dénuement jusqu'au jour où un jeune homme vient leur demander de l'aide. À Green Valley, un mage et ses dragons sèment la terreur et ont tué son père. Ils finissent par accepter de lui venir en aide ignorant que le mage n'en est pas vraiment un. Il vient du futur, et les dragons sont en réalité des .... dinosaures !!
Mon avis: Le scénario surprend, dérivant soudainement d’une aventure médiévale dans le genre série d’heroic fantasy vers de la pure science-fiction, le tout agrémenté d’une pointe d'humour. On pourrait presque le regretter car la lecture de l’album avait l’intérêt de nous captiver avec une histoire plutôt prenante même si elle est assez conventionnelle dans le genre, avant qu’un homme venu du futur débarque donnant la possibilité à Sir Bertwald de changer son passé pour faire revenir à la vie son épouse et le village saccagé par Brutus. Sans en dire plus et sans rien dévoiler, je dirais que cette particularité du récit ne gêne pas le déroulement de l'histoire mais surprend et, au fur et à mesure de la lecture, soulève un questionnement: que ferions-nous à sa place?
Les dessins de Giuseppe Camuncoli, qui a travaillé essentiellement chez Marvel sur des séries réputées telles que Spider-Man, Star Wars, etc., sont dans un style plutôt différent de ce à quoi il nous a habitué par le passé mais qui se marient très bien avec ce récit hors normes, hors codes. Un dessin clair, détaillé, aéré alternant gros plans et plans larges avec aisance. Un découpage et des cadrages efficaces donc pour de belles scènes de combats ou des moments d’émotion plus intenses. Il maîtrise bien les styles illustrés (SF et heroic fantasy).
Les couleurs de Jean-François Beaulieu globalement assez vives soulignent bien le dessin et offrent une bonne lisibilité. Un récit sympathique sous forme de one shot agrémenté de suppléments.
SDJuan
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CONAN LE CIMMÉRIEN 4
- Par asbl-creabulles
- Le 21/01/2019
Tome 4 - La Fille du Géant du Gel
Scénario : Robin Recht
Dessin : Robin Recht
Couleurs : Robin Recht assisté de Fabien Blanchot
Autres : Patrice Louinet
Préface : Michael Moorcock
Adapté de : Robert E. Howard,
Dépot légal : Novembre 2018
Editeur :
ISBN : 978-2-344-01847-7
Nombre de planches : 68Comme chaque année, le jour qui suit l'hiver, la loi du Nordheim veut que les Aesirs et les Vanirs s'affrontent sur le lac gelé. Un seul guerrier, le plus fort de tous, sortira vainqueur de cette terrible bataille. Atali, la déesse aux cheveux rouges, fille d'Ymir le Géant du Gel, observe ces combats à mort. Elle jubile de voir autant de sang, de têtes et de bras tranchés, de cadavres au sol et d’entendre le fracas des armes. Elle n'a plus qu'à attendre le vainqueur, l'élu, le survivant, le seigneur de la guerre. Cette fois, tout semble désigner le Vanir Heimdul, "jarl" autrement dit chef de guerre du clan des loups, comme prochain vainqueur, d’autant qu’il a usé de traîtrise pour vaincre les Aesirs. Mais contre toute attente, lors de l’ultime affrontement voici qu’un homme terrasse Heimdul, le dernier Vanir. Son nom: Conan de Cimmérie. Subjugué par la beauté d’Atali et décidé à la soumettre, il poursuit la déesse, la pourchasse dans les montagnes sans se rendre compte qu'en définitive il est tombé dans son piège. Elle l’emmène tout droit à l'Odroerir devant son père afin qu'il le dévore!
Mon avis: Robin Recht s'empare avec force et efficacité de cette courte nouvelle de Robert E. Howard qui met en valeur la puissance, la violence mais aussi la sexualité et le côté bestial de Conan. Ayant connu le personnage plus chevaleresque, plus attentif, plus protecteur envers les femmes, on le découvre ici sous un tout autre angle, alors même que la BD se veut une version édulcorée de la nouvelle. Car en réalité le texte de Robert E. Howard est encore plus violent et plus explicite en ce qui concerne l'acte sexuel forcé, pour ne pas dire le viol, même si Robin Recht développe de façon explicite dans l’album la scène d'Atali se masturbant. Son adaptation constitue un récit plus marquant, plus dur, plus violent et réaliste que la plupart des autres adaptations des nouvelles d’Howard. J'ai vraiment aimé ce mélange des genres tout à fait passionnant.
Au dessin, Robin Recht excelle comme d'habitude. Habitué à travailler les noirs avec un encrage intense, il nous plonge en plein cœur des combats et batailles. On a l'impression de succomber sous les coups, d'entendre le choc des épées ou des haches, de frémir en voyant les chairs se déchirer. Et puis, soudainement, il utilise un trait bien plus fin, plus doux, plus lumineux pour la déesse Atali dont on ne peut qu'admirer les courbes et formes généreuses, le visage doux et enchanteur couronné par une abondante chevelure rousse et épaisse. On apprécie ses cadrages variés et ses belles illustrations pleine page, voire double page, ses vues de paysages glacés sous la neige telles des pauses dans le récit. On sent presque le fracas des éclairs sur la montagne. Et même si les "Tômtôm, Tômtôm" se rapprochent au point d’occuper toute la page et dissimuler le dessin, on en ressent presque les effets. A noter un travail sur les couleurs également très inspiré.
Une très belle adaptation d’un drame intense et violent mettant en scène des combats de barbares manipulés par des dieux. L’album contient une préface rédigée par l’écrivain de science-fiction, fantastique et heroic fantasy Michael Moorcock, ainsi qu’un bonus de 8 pages réservé à la première édition comprenant une notice explicative de la nouvelle de Robert E. Howard rédigée par Patrice Louinet et diverses illustrations dont un hommage de Mathieu Lauffray. Il existe un tirage grand format mettant encore un peu plus en valeur l'excellent travail en N&B de Robin Recht.SDJuan
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LANFEUST ODYSSEY 10
- Par asbl-creabulles
- Le 18/01/2019
Tome 10 - Un destin karaxastin
Scénario : Scotch Arleston
Dessin : Didier Tarquin
Couleurs : Luc Perdriset et Lyse
Dépot légal : Novembre 2018
Editeur :
Nombre de planches : 50Alors qu'ils viennent de vaincre Lylth et son armée et que la vie reprend ses droits, Lanfeust et ses amis doivent vite trouver de l'aide. Car il faut anéantir au plus vite Lilth puisque bien que battue, son énergie, sa puissance démoniaque a pris une autre forme et gagné celle de millions de banshees ailées, sortes de petites fées bleues diaboliques et vampiriques. Sous cette forme, sa puissance est tout aussi mortelle et peut atteindre tous les continents du monde de Troy. Mais dans sa quête, Lanfeust ne rencontre pas le succès espéré auprès de la version divine de lui-même et des Dieux du Darshan. Bien que dotés de pouvoirs, les habitants de Troy ne pourront pas survivre à une telle invasion. Pour vaincre Lylth et ses banshees, Lanfeust et ses fidèles compagnons vont devoir trouver d’urgence le centre du monde alors qu’ils n’ont aucune idée de l’endroit où il pourrait se trouver. Tout un programme!
Mon avis: Après un tome 9 très riche, je craignais une fin de cycle un peu expédiée. Mais il n'en n'est rien. Chaque personnage conserve une place importante, on retrouve même avec plaisir d'anciens personnages, et le récit recèle pas mal de références au premier cycle Lanfeust de Troy. L’univers Lanfeust est donc bien toujours là, agrémenté d’humour, de personnages toujours aussi sympathiques évoluant sur un ton rythmé. Et même si l'ennemi sous la forme de "petites bestioles" semble moins impressionnant, on sent que le scénariste avait bien agencé son récit sur la durée depuis le premier tome pour mettre en avant, par rapport à l'ensemble de la saga, chacun des personnages et ses liens avec les autres, mais aussi chaque cycle, chaque album afin de conclure la série de manière tout à fait efficace et distrayante.
Côté dessin, on prend toujours autant de plaisir à suivre le travail de Didier Tarquin qui nous propose de magnifiques paysages et de belles scènes d'action. On apprécie dans ce dernier album son trait dynamique et efficace et, plus globalement, le dessin de qualité qu’il nous a offert tout au long des trois cycles qui ont fait sa réputation. En charge des couleurs, Lyse a largement contribué au succès de la série même si son nom ne figure pas sur les couvertures à côté de ceux du scénariste et du dessinateur. Lorsqu’on feuillette un album en librairie, les couleurs sont un élément très important de la première approche. J’ai personnellement vite refermé des albums aux couleurs ratées. Donc saluons ici la qualité de son travail en collaboration avec Luc Perdriset. A noter que l’on peut d’ores et déjà retrouver Tarquin et Lyse sur leur nouvelle série de science-fiction "U.C.C. Dolores" dont ils assurent à la fois le scénario, l’illustration et la mise en couleurs.
SDJuan
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La MONTAGNE INVISIBLE 1/2
- Par asbl-creabulles
- Le 17/01/2019
Tome 1 . Le Disque de Kailash
Scénario : Makyo et Richaud
Dessin : Leomacs
Couleurs : Claudia Chec
Dépot légal : Novembre 2018
Editeur :
Collection : Machination
Nombre de planches : 54Juif et abandonné par son père, le jeune Zacharie Kahn pensait avoir trouvé sa voie dans la boxe mais par la force des choses et un peu à cause d'un passage forcé par la case prison le voici finalement devenu philosophe. Lors d’une conférence, il fait la connaissance de Nina avec qui il passera une nuit torride. Mais au petit matin, deux hommes armés défoncent sa porte et les agressent violemment. Nina s'en sortira mais se retrouve plongée dans le coma. A l'hôpital, Zach relatant aux policiers ce qu’il s'est passé avec plus ou moins de succès apprend que Nina est en réalité une néonazie. La police ne croit guère qu'elle ait simplement voulu coucher avec lui sachant qu’il est juif. Profondément intrigué par ce mystère, Zach découvre qu’un jeune allemand s'intéresse lui aussi à cette affaire, un certain Gunther Grüber, le frère de Nina. De fil en aiguille, l’affaire va remonter à l'époque des camps nazis. En 1942, dans le camp de Mauthausen, David Kahn, le grand-père de Zach, linguiste mondialement réputé, a rencontré par hasard Franz Grüber, le grand-père de Gunther et Nina. Ensemble, ils auraient travaillé sur un mystérieux bloc d’argile portant des inscriptions dans des langues inconnues, le disque de Kailash, qui donnerait accès à une "Montagne Invisible". Quiconque verrait cette montagne serait aussitôt doté d'un don incroyable qui pourrait changer la face du monde.
Mon avis: Une bonne intrigue, un déroulement original et souvent inattendu, des rencontres plus que surprenantes font de cet album une belle surprise. Au scénario, Makyo et Philippe Richaud mêlent habilement des thèmes diamétralement opposés comme nazis et juifs ou camp de concentration et montagne invisible source de super-pouvoirs. Cela fonctionne. L'enquête est bien menée et crédible, les flashes-back sont clairs, les divers rebondissements nous tiennent en haleine dans l’attente des révélations à venir.
Les dessins de Leomacs restituent de belle manière les différentes ambiances, scènes d’action, mouvements, combats avec peu de plans larges, tout comme les tête-à-tête favorisant les plans rapprochés et gros plans donnant l’impression de suivre les personnages de près voire en huis clos. Un dessin globalement harmonieux et agréablement mis en couleurs par Claudia Chec.
SDJuan
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Les OGRES-DIEUX
- Par asbl-creabulles
- Le 16/01/2019
Tome 3 . Le Grand Homme
Scénario : Hubert
Dessin : Bertrand Gatignol
Couleurs : <N&B>
Dépot légal : Novembre 2018
Editeur :
Collection : Métamorphose
Nombre de pages :186Les Ogres-Dieux sont tombés et Yori le chambellan triomphe. Il s’est emparé du pouvoir contre l’avis du peuple tandis que Petit, le fils du roi, a réussi à fuir pendant l’assaut des soldats. Grièvement blessé, il a assisté impuissant à la capture de Sala, une humaine dont il est tombé amoureux. Pour gagner l’assentiment du peuple et continuer à profiter du pouvoir, Yori a compris qu’il doit s’appuyer sur Petit. Mais pour le moment, Petit a été secouru et recueilli par Lours. Personnage mystérieux, ancien soldat et grand stratège respecté de tous d’où son surnom de "Grand-Homme", il est à la tête des "Niveleurs", un groupe de résistants. Lours considère Petit, dernier survivant de la lignée des Géants et légitime pour revendiquer le trône, comme un ultime espoir car il sent en lui une bonté que n'avaient pas ses prédécesseurs. Sa montée sur le trône permettrait de réconcilier Humains et Géants. Le marché est simple: Lours et les Niveleurs sont prêts à aider Petit à sauver Sala à condition qu'il accepte de monter sur le trône et désavoue publiquement le Chambellan. Mais Yori dispose encore d’un atout en la personne de Maître Sol, un ancien "apprenti" de Lours qui connaît toutes ses stratégies de combat. Au service du chambellan, Sol va tout faire pour barrer la route à Lours et ses Niveleurs et mieux encore, les éliminer.
Mon avis: Troisième tome de l’efficace duo Hubert et Gatignol, cet album est un subtil mélange de pages de bande dessinée et de textes. La mise en place des personnages est époustouflante et, surtout, captivante. Le contexte des événements et des personnages à chacune des périodes évoquées nous est proposé sous forme de textes courts alternant avec les sections dessinées. Une construction un rien déconcertante pour qui n'a pas lu les deux premiers tomes, mais à laquelle on s'habitue très vite au point même d’en redemander. Le héros principal de ce troisième tome est Lours, même si Petit y conserve toute sa place évidemment. On ressent tout à fait les conflits intérieurs qui préoccupent les personnages comme cette peur bleue qui tourmente Petit de ressembler à son père, un homme despotique et cruel. Lours aussi dont le passé est peu glorieux et qui est issu d'un endroit (sans rien dévoiler) où la peur n'est pas permise et doit être enfouie au plus profond de son être si l’on veut survivre. Les récits sous forme de flashes-back concernant le personnage de Lours lui donne tellement de profondeur que l’on s'y attache tout de suite. Chacun a sa place dans ce monde, Petit, le fils d'un géant et d'une humaine, les castes des "Bien-nés", les Niveleurs, les Ogres-Dieux, mais aucun n’accepte les différences alors que justement la survie de ce monde dépend de l'acceptation de l'autre. D'où cette révolte du peuple contre l'ordre injustement établi. Comme toujours, ce troisième tome peut se lire indépendamment des autres même s’il se présente comme la "suite" du premier intitulé "Petit".
Gatignol nous régale d’un dessin soigné et précis, plein d'énergie et de vie grâce auquel chaque émotion est parfaitement rendue, un dessin qu’il a teinté ici d’une touche de manga en particulier dans le regard des personnages. On notera surtout cette forêt dense et inquiétante qui prend vie sous ses traits, pleine d’arbres et de feuillages démesurés d’où pourrait jaillir tout et n'importe quoi à chaque instant. Trois albums en noir et blanc d'une qualité à couper le souffle, avec des formes que l’on dirait travaillées et ciselées comme de l'orfèvrerie, des pleines pages de toute beauté et une histoire à ne rater sous aucun prétexte. Sans aucun doute l’un des gros coups de coeur 2018. Ne passez pas à côté de cette plongée dans le monde des Ogres-Dieux, vous ne le regretterez pas !
SDJuan