Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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SMART GIRL
- Par asbl-creabulles
- Le 24/04/2019
Tome 1
Scénario : Fernando Dagnino
Dessin : Fernando Dagnino
Couleurs : N&B
Dépot légal : mars 2019
Editeur :
Nombre de pages : 124
ISBN : 979-1093603377Tome 2
Scénario : Fernando Dagnino
Dessin : Fernando Dagnino
Couleurs : N&B
Dépot légal : juillet 2019
Editeur :
Nombre de pages : 100
ISBN : 979-1093603407En 2028, l’ère de l’I.A. a franchi un grand pas donnant naissance aux premiers robots androïdes. Désormais, rien ne sera plus pareil.
Juillet 2085. Yuki, en réalité l’unité 7117, est une "smart droïde" conçue pour obéir au doigt et à l’œil de son propriétaire, Hiroshi Tonazzi, l’un des principaux ingénieurs d’IMAI Tech. Prodige de l’intelligence artificielle, Yuki est à la fois son garde du corps, sa secrétaire, son ordinateur personnel et sa partenaire sexuelle. Depuis sa conception il y a deux ans déjà, Yuki assume son rôle à la perfection. Tout semble aller pour le mieux jusqu’à ce que surgisse au sein du conseil de l’entreprise un projet visant à créer de nouveaux smart droïdes de sécurité. Cette innovation va bousculer les habitudes et – chose impensable jusque-là – inciter les membres fondateurs qui avaient de grands projets bien plus humanistes à prendre la direction de la sortie. Yuki quant à elle souffre depuis quelque temps de bugs et de toutes sortes d’anomalies et de micro-coupures dans son fonctionnement. Elle doit se réinitialiser de plus en plus souvent. Elle fait même des rêves étranges pour lesquels elle ne trouve aucune explication. Ce problème est connu chez IMAI. Au terme de deux ans d’existence, les smart droïdes commencent à penser par eux-mêmes, causant des soucis à leurs propriétaires. C’est le cas d’Hiroshi qui ne supporte plus l’attitude de Yuki et décide d’acquérir une nouvelle Smart Girl, Séverine, à la pointe de la technologie et du progrès. Mais avant de se débarrasser de Yuki, il doit récupérer toutes ses données personnelles archivées dans la mémoire du droïde. Très attachée à Hiroshi, Yuki est jalouse mais également offensée et révoltée. Elle décide de se rebeller et de s’enfuir malgré les ordres donnés par son "maître". Hiroshi ne peut qu’en rendre compte à sa supérieure et lancer une traque sur Yuki. Une Smart Girl ne s’était jamais à ce point émancipée et rebellée. Yuki compte à tout prix comprendre ce qui lui arrive. Mais elle aura besoin d’aide et va faire des découvertes surprenantes la concernant.
Mon avis: Fernando Dagnino a toujours caressé le projet de publier ses propres histoires en tant qu’auteur complet. Le résultat qu’il nous propose avec Smart Girl est ... bluffant ! Un scénario intelligent mêlant les genres anticipation, science-fiction et polar noir, le tout mêlé d’une touche de super-héros. Il réunit le meilleur de Blade Runner, Alita, Westworld, Real Humans et bien d’autres films ou séries TV pour nous offrir un récit dynamique, rythmé et bourré de rebondissements. Surtout, il réussit à nous surprendre alors qu’on aurait pu craindre une énième version d’un sujet déjà largement traité. Eh bien non. Il parvient à faire quelque chose d’original d’un sujet devenu courant. Au final, Dagnino a gagné son pari de tout arrêter pour nous livrer cet opus, véritable petit bijou à ne rater sous aucun prétexte. Cela lui permet de soulever des questions pertinentes concernant les I.A., de plus en plus présentes dans nos vies au quotidien. Une I.A. peut-elle prétendre avoir une conscience ou même une âme? Peut-elle faire preuve de sentiments, d’altruisme? Smart Girl se situe dans un avenir proche mais nous donne l’impression d’être un témoignage solide et palpable de ce qui nous attend avec tous les progrès de la cybernétique, un monde qui se déshumanise à grand pas pour laisser place à la robotique, à l’automatisation à outrance, bref à l’intelligence artificielle.
Côté illustration, l’auteur a une nouvelle fois frappé très fort. Les scènes d’action sont spectaculaires, le dessin attrayant et captivant, magnifiquement découpé, la lisibilité hors du commun, malgré un format (en VF) un rien trop petit à mes yeux pour parfaitement se rendre compte de la qualité du travail effectué. A noter également que le tome 1 de la VF reprend les trois premiers chapitres de la version espagnole (qui en compte cinq au total). Fernando Dagnino a beaucoup travaillé pour le comics US (Batman | the Outsiders, Wonder Woman, Teens Titans, Suicide Squad, Tarzan on the Planet of the Apes, etc) dont la Galerie Passerelle Louise à Bruxelles expose les planches jusqu’au 30 avril (lien vers expo ici). Cela se ressent nettement dans son style. Avec Smart Girl, il nous propose un album en noir et blanc avec divers tons de gris renforçant les ombres et donnant du volume au dessin, qui est digne des plus grands auteurs du genre. Les personnages sont tous reconnaissables et particulièrement expressifs. Certains sont plutôt truculents. Les décors urbains sont bien mis en valeur et évidemment, tout ce qui a trait à la domotique et plus généralement aux techniques de l’intelligence artificielle, est très bien rendu. "Smart Girl" est à lire, à dévorer au plus vite (le second tome en VF est annoncé pour le 27 juin).
A noter les superbes illustrations de Smart Girl réalisées par d'autres dessinateurs prestigieux, notamment Sergio Davila, Cafu, Jorge Fornes, etc., disséminées tout au long de l’album.
SDJuan
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RETOUR À LA TERRE 6
- Par asbl-creabulles
- Le 19/04/2019
Scénario: Jean-Yves Ferri
Dessin: Manu Larcenet
Couleur: Dominique Thomas
Dépôt légal: mars 2019
Editeur:
Nombre de pages: 46 pages"Un jour, Mariette et moi on en a eu marre de la ville. Alors on a loué un camion pour mettre nos cartons et on est partis vivre aux Ravenelles… Les Ravenelles, c’est chouette, c’est la campagne et il y a des arbres, des fleurs et des oiseaux… À l’arrivée, nous attendait Monsieur Henri. Il nous a gentiment tendu les clefs …" Ainsi commençait, en 2002, signé par Ferri et Larcenet, "La Vraie Vie", premier volume de la série "Le Retour à la Terre". Nous découvrions, à l’époque, les premières péripéties d’un jeune couple, Manu "Larssinet" et Mariette, qui ayant quitté la ville s’installait dans le quotidien de la campagne profonde.
Six années ont séparé le premier album (2002) du cinquième (2008) et plus de dix années ont passé depuis… et, ô miracle aujourd’hui, le sixième opus de la série ("Les Métamorphoses") paraît pour notre plus grand plaisir. Je ne m’y attendais plus, voir n’y songeais plus du tout, tant la production de nos deux compères a été importante, riche et bluffante durant cette période. Ne citons déjà que l’extraordinaire histoire de BLAST (attention chef-d’œuvre !) de Larssinet, pardon Larcinet, et la reprise réussie d’ASTERIX par Ferri (la série ne m’avait plus fait rire depuis le décès de Goscinny, je l’avoue). Bref, je ne peux que me réjouir du "retour inattendu du Retour !" car il consacre pour moi le retour d’une série d’humour grand public qui ne laisse pas, comme c’est bien trop souvent le cas, la place à la vulgarité ou aux jeux de mots à 10 cents. Pour moi, l’humour c’est du sérieux ! C’est un art, une poésie zygomatique.Ceci dit, prenons maintenant la direction de Ravenelles…
Mariette attend un deuxième enfant et Manu, en plein déni, semble découvrir que sa femme Mariette est enceinte de 7 mois. La délicieuse Madame Mortemont apprend à utiliser son portable Samsong® et s’essaye à l’envoi d’emojis très déroutants. Loupiot, l’épicier, exerce ses étranges talents de voyance. Henri, le propriétaire de Manu, tombe amoureux de son aide à domicile … Et pendant ce temps, les patrons de Dargaud se mettent à douter sérieusement de la validité du très noir projet PLAST de Manu. Qu’il est bien loin le temps du charmant Retour à la Terre! Pensant avoir définitivement perdu Ferri ("qui travaille sur Astérix"), ils décident de relancer la carrière de Larssinet en lui proposant l’adaptation d’un "comix" américain et pour cela envoient l’éditeur Philippe en mission très aventureuse aux Ravenelles…Mon avis: Toujours aussi désopilant ! Regards sur le quotidien et autodérision. Découpage épuré des saynètes en six cases (principalement). Bon tempo et chutes. Le sens du théâtre de la vie, assaisonné de running gags drôles et de personnages truculents. C’est subtil et bourré de "clin d’yeux" à l’actualité (les migrants, la biodiversité et les inévitables technologies...)
A ranger précieusement sur vos rayons, parmi vos Gaston et autres antidépresseurs !Michel
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CONAN le CIMMERIEN T5
- Par asbl-creabulles
- Le 12/04/2019
Tome 5 - La Citadelle écarlate
Scénario : Luc Brunschwig
Dessin : Etienne Le Roux
Couleurs : Hubert
Autre : Patrice Louinet
Adapté de : Robert E. Howard
Dépot légal : mars 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-344-02253-5
Nombre de pages : 68Roi des Aquiloniens, Conan, à la tête de son armée de près de cinq mille hommes, part prêter main-forte au roi Amalrus d'Ophir. Mais sur place, il doit se rendre à l’évidence. Les barbares annoncés ne sont pas là et en réalité Ophir lui a tendu un piège. Ce sont pas moins de 30.000 hommes qui attendent Conan sous les ordres du roi Ophir allié au roi Strabonus et soutenu par le sorcier Tsotha-Lanti. Les soldats ophiriens et kothiens et la garde rapprochée du sorcier viennent vite à bout de Conan et de ses cinq mille Aquiloniens. Seul Flavio, le ménestrel de Conan, en réchappe, certain d'avoir vu le dernier guerrier aquilonien tomber sous l’un des coups en traître du redoutable sorcier. Ce qu’il ignore, c'est que Conan a été capturé au moyen d’un sortilège. Le sorcier et les rois complices sont prêts à payer Conan pour qu’il quitte la région. Ce dernier, fou de rage, refuse. Convaincu qu’il pourra réduire à néant la volonté du cimmérien, le sorcier fait jeter Conan dans une geôle de la Citadelle écarlate car, il en est convaincu, Conan acceptera une fois qu'il aura affronté la peur. Tout un programme!
Mon avis: Cinquième récit de Conan le Cimmérien d’après les textes de Robert E. Howard écrits en 1932, ce nouvel opus nous conte l'épopée de Conan roi d’Aquilonie. Luc Brunschwig s'est approprié cette aventure de belle manière pour nous offrir un récit épique marqué par de grandes batailles en début et fin d'album mais aussi par le combat plus personnel de Conan face à cette peur qu'un terrible sorcier a suscité chez lui au cœur d'une montagne diabolique. Le récit est dur car si on découvre un Conan en habit de roi, il n’hésite pas un instant sur le champ de bataille à donner libre cours à sa sauvagerie, sa bestialité, sa rage de guerrier prêt à mourir. Il se bat aussi contre l’injustice refusant le chantage des nobles qui ne pensent qu'à prendre sa place pour profiter du pouvoir et des richesses en laissant le peuple mourir de faim et vivre en esclave.
Un nouveau récit d’auteurs franco-belges de talent mêlant tous les ingrédients ayant fait la notoriété de Conan le Barbare – sorcellerie, bêtes féroces, surnaturel, félonie, batailles homériques – mais surtout lui redonnant vie d’une manière plus fidèle aux nouvelles de Robert E. Howard. En effet, l’illustration bénéficie du trait classique, efficace et puissant d’Etienne Le Roux qui nous régale d’un Conan dans la plus pure tradition (la barbe en plus). Le roi Conan se tient droit et fier et nous impressionne à cheval. Puis, nous le découvrons tel une bête enragée posant sur les cadavres des hommes qu’il vient de terrasser. Les scènes d'action, de violence, d’horreur des combats et blessures sont très bien rendues mais également les monstres et autres animaux sauvages ainsi que les très nombreux décors. Son dessin exprime parfaitement la tension qui anime Conan lorsqu’il est enchaîné et emprisonné. La mise en couleurs réalisée par Hubert est comme de coutume de très bonne qualité.
L’album est enrichi de plusieurs suppléments, l’analyse du récit de Robert E Howard par le spécialiste Patrice Louinet et la superbe galerie d’illustrations de Laurent Hirn, Stephane Perger, Cecil, Olivier Taduc, Dimitri Armand et Vincent Froissard. Rien que ça!
SDJuan
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LE DERNIER ATLAS
- Par asbl-creabulles
- Le 11/04/2019
Tome 1
Scénario : Gwen De Bonneval & Fabien Vehlmann
Dessin : Hervé Tanquerelle
Couleurs :Laurence Croix
Design : Fred Blanchard
Dépot légal : Mars 2019
Editeur :
Format : Autre format
ISBN : 978-2-8001-7116-6
Nombre de pages : 232Ismaël Tayeb sait se faire respecter des membres de son milieu qui, il faut le dire, n’est pas très net. Sous les ordres d’un certain "Legros", il fait le tour des bars de la région nantaise où les machines d’anciens jeux d'arcades devraient rapporter bien plus que certains patrons de bar le prétendent, préférant de loin arrondir leurs fins de mois. C'est Ismaël qui est chargé de leur mettre les "poings" sur les i. L’arrivée en France de Legoff, leur patron, inquiète Ismaël qui sait d’avance que ça ne va pas être de tout repos. Lors d’une sortie en discothèque, la situation dégénère et Ismaël doit même calmer et neutraliser Legoff mais lui brise accidentellement un doigt. Forcés de quitter les lieux, Legoff réussit à fuir tandis qu’Ismaël se fera interpeller par la police. Le temps passe jusqu’au jour où Ismaël et "Legros" sont convoqués à Oran. Si Legros est renvoyé en France avec un doigt en moins (pour compenser le doigt cassé de Legoff), Ismaël doit rester en Algérie avec Legoff pour s’occuper d’un deal d'armes et de drogue au sud du pays. C'est là qu’Ismaël se retrouve à côtoyer des Maliens djihadistes à la recherche de substances radioactives. Legoff et Ismaël proposent de leur fournir ce qu’ils demandent mais, pour cela, ils doivent dérober une pile nucléaire qui se trouve au cœur du dernier Atlas, le dernier de ces immenses robots utilisés par les Français en Algérie sur les chantiers de construction jusque dans les années 70. Ce robot surnommé Georges Sand est le dernier de cette main-d'œuvre gigantesque depuis qu’elle a été retirée du service et démantelée après la catastrophe survenue à Batna. Mais sa carcasse se trouve à présent en Inde. Dans le même temps, des événements des plus étranges sont en train de se produire non loin de là dans le parc naturel de Tassili où une multitude d'oiseaux migrateurs habitués du parc ne cessent de tournoyer sur place sans vraiment se décider à repartir.
Mon avis: Ce premier tome constitue en quelque sorte l’intégrale couleur des dix fascicules initialement parus en N&B et en nombre limité de juin 2018 à mars 2019. Aux commandes, on compte pas moins de quatre auteurs prestigieux, Fabien Vehlmann et Gwen De Bonneval au scénario, Hervé Tanquerelle au dessin et Fred Blanchard au design. L'intrigue, qui commence sur les chapeaux de roue, démontre la dextérité et l'efficacité avec lesquelles Ismaël fait face à toutes les situations, lui permettant de très vite devenir le bras droit de Legoff et de gravir les échelons. Le scénario est construit avec beaucoup de soin pour nous offrir un thriller solide dont le suspense fonctionne parfaitement et dans lequel évoluent des personnages bien écrits ayant de l’épaisseur. Ce récit réaliste explosif multiplie les intrigues en abordant plusieurs thèmes, notamment l'écologie. Les deux prochains tomes (volumineux) qui formeront une trilogie apporteront sans aucun doute leur lot de réponses au mystère de la catastrophe écologique annoncée. Les auteurs réécrivent l'histoire pour en faire une uchronie mélangeant habilement thriller, écologie et fantastique qui va nous mener de France en Algérie et même en Inde autour de ce robot géant qui a fait la grandeur de la France.
Au dessin et au design Hervé Tanquerelle et Fred Blanchard donnent toute sa force au récit avec un trait énergique voire nerveux, des personnages charismatiques et un découpage et une mise en page bien ficelées qui rendent la lecture captivante. La mise en couleurs de Laurence Croix est tout à fait adaptée, respectueuse des volumes en noir et blanc et plus généralement du dessin auquel elle donne de la profondeur.
Un récit fascinant qui va en surprendre plus d'un et dont le succès semble déjà assuré.
SDJuan
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SOFT METAL VAMPIRE
- Par asbl-creabulles
- Le 05/04/2019
Tome 1
Scénario : Hiroki Endo
Dessin : Hiroki Endo, Seiwa Yamamoto, Niihara Hirofumi
Couleurs : N&B
Dépot légal : février 2019
Editeur :
Format : format manga
ISBN : 9782203172388
Nombre de pages : 192Depuis toute gamine, Miika Itzuki possédait le pouvoir de manipuler le métal d'argent. Puis, à l’âge de 10 ans, son pouvoir a disparu subitement alors que dans le même temps de nouvelles lois étaient promulguées interdisant la possession ou la manipulation de cet élément. Il faut dire que le monde est alors dominé par les vampires qui ont totalement asservi la race humaine sur la Terre et qui ont le pouvoir de manipuler les éléments chimiques. Le temps passe, Miika est désormais une lycéenne de 16 ans vivant seule avec son père. Un jour, elle se fait violemment bousculer par "Four Hands", un jeune homme qui la drague un peu lourdement. Ce qu'elle pense alors être une simple rencontre pourrait s'avérer être un piège qui va se refermer sur elle. Car Miika ignore que les vampires se sont rendu compte que le pouvoir qu’elle peut de nouveau exercer sur le métal d’argent représente un danger mortel pour eux. Ils sont donc déterminés soit à la contrôler soit à l'éliminer. Mais le seul être qui semble capable de la protéger n'a qu'une idée en tête, coucher avec elle!
Mon avis: Les lecteurs qui connaissent Hiroki ENDO à travers les 18 volumes parus chez Panini entre 1998 et 2009 de sa série de science-fiction "Eden – It’s an endless world" risquent bien d'être déçus. Pour les autres, cette nouvelle mini-série va sembler assez déconcertante. Pas par son contenu, plutôt léger, mais par la manière dont l'auteur cherche à nous faire entrer dans un univers où les vampires dominent le monde. Car, hormis une morsure ou deux, nos vampires n’ont de vampire que leurs ailes de chauves-souris puisqu’ils ont déjà la réserve de nourriture que constituent l’humanité entière. Personnellement, je vois plutôt en eux des mutants dotés de super-pouvoirs sur les principaux éléments chimiques, qui s’affrontent lors de combats à coups de manipulation de ces éléments ou à coups d’armes à feu. L’aspect déjanté et l’humour plutôt lourd qui se dégagent de ses personnages est assez sympathique.
Côté dessin, c'est du pur manga survitaminé. Les scènes drôles, quasi caricaturales, sont typiques du manga et fonctionnent à merveille. Les scènes d'action, souvent assez violentes, sont très bien rendues. Attention toutefois, la lecture nécessite une attention renforcée aux divers personnages car il n’est pas toujours évident de distinguer qui est humain, vampire ou Dhampir. Espérons que dans les prochains volumes l'auteur nous donnera quelques explications sur l'origine de cette domination des vampires sur l'homme et des pouvoirs que possèdent les principaux protagonistes sur certains éléments chimiques comme Miika sur l’argent ou Four Hands sur le carbone. De par son univers, un ouvrage sans doute à réserver aux fans du genre.
SDJuan
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KILL OR BE KILLED 4
- Par asbl-creabulles
- Le 04/04/2019
T4 - Tome 4
Scénario : Ed Brubaker
Dessin : Sean Phillips
Couleurs : Elizabeth Breitweiser
Couverture : Phillips, Sean
Dépot légal : Février 2019
Editeur :
Collection : Contrebande
Format : Format comics
ISBN : 978-2-413-01343-3
Nombre de pages :160Dylan avait réussi à mieux cerner le rapport qu'entretenait le démon avec sa famille, démon avec lequel il avait passé un pacte pour rester en vie après sa tentative de suicide. Mais alors que les choses semblent s'arranger, le voici rattrapé par ses hallucinations au point qu’il finit par se rendre à la police. A présent admis dans un centre psychiatrique, il devrait logiquement pouvoir y clarifier ses questionnements intérieurs: ce démon existe-t-il vraiment ou est-ce le produit de son imagination? Ce pacte venait-il de lui ou était-ce un besoin de tuer finalement devenu comme une seconde nature? D’autant qu’il a découvert que son propre père avait dessiné son démon et qu’il a eu un frère qui s’est suicidé (en lien avec le démon, cela il ne le saura jamais?). Pour soulager un peu sa conscience, il accepte de se confier à son psychiatre auquel il avoue son autre identité, celle du justicier masqué. Mais le psychiatre lui fait comprendre que sa place est bien à l’hôpital car il ne peut être celui qu'il prétend être puisque le tueur à la cagoule rouge vient encore de faire des victimes. Dylan ne comprend plus rien. Qui est ce nouveau justicier masqué, cet imitateur qui s'attaque à de petits dealers alors que lui ciblait les gros poissons? Même l’hôpital ne lui donnera pas l’occasion de se livrer à l’introspection puisqu’il va vite remarquer les agissements suspects et intolérables d’un infirmier sur des jeunes filles et femmes fragiles. Dylan ne semble pas pouvoir échapper à son destin.
Mon avis: Depuis le premier tome, l'état psychique de Dylan est bien le centre de ce thriller fantastique. Son passage en centre psychiatrique fermé est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur son état d'esprit, mais aussi sur les avis tout aussi fermés des psychiatres lorsqu'ils croient détenir la solution ou le diagnostic final. Sauf que même là, on n'est pas à l'abri d'autres détraqués dont Dylan pourrait bien s'occuper à sa manière. Ed Brubaker est passé maître dans ce genre de récits sombres, polars bien noirs où le bien et le mal se côtoient et/ou finissent par se confondre. Mais surtout, il est très fort pour capter ses lecteurs tout au long d’un récit dont il pilote l’intrigue comme il l’entend. Ce dernier tome clôture la série plus calmement qu'elle n'a commencé sans pour autant qu’elle perde de son intérêt. Ed Brubaker a bien construit son scénario sur 20 épisodes (publiés en quatre tomes chez Delcourt), préservant un rythme effréné pour bien accrocher le lecteur et ne plus le lâcher.
Coté illustration, Sean Philips s’est révélé tout aussi doué pour restituer tout au long de cette aventure les ambiances et atmosphères d’un thriller puissant, avec des personnages hauts en couleurs, de superbes scènes d'action, parfois (très) sanglantes, des scènes d'introspection, de huis-clos ou de pure folie qu’il dessine avec force et puissance. L’ensemble profite de son propre encrage mais également de la mise en couleurs efficace d’Elizabeth Breitweiser qui alterne les pages où domine une belle palette de couleurs et les pages très sombres réduites à deux ou trois teintes seulement pour mieux cerner les ambiances. Le scénario, l’organisation et le déroulement du récit, le dessin énergique, tout est remarquable dans cette série vivement conseillée et pas seulement aux fans du genre. A noter une galerie de couvertures à la fin de cet album de 160 pages.
SDJuan
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Les NYMPHÉAS NOIRS
- Par asbl-creabulles
- Le 02/04/2019
Récit complet
Scénario : Fred Duval
Dessin : Didier Cassegrain
Couleurs : Didier Cassegrain
Adapté : du roman de Michel Bussi
Dépot légal : Janvier 2019
Editeur :
Collection : Aire Libre
Format : Grand format
ISBN : 978-2-8001-7350-4
Nombre de pages :132Giverny, ce village qui attire les touristes du monde entier grâce aux peintures impressionnistes de Claude Monet, abrite aussi trois femmes, Fanette Morelle, une adolescente de 11 ans passionnée de peinture, Stéphanie Dupain, la très aguichante institutrice âgée de 36 ans et une veuve de 80 ans vivant en solitaire tout en épiant ses voisins. Ces trois femmes très différentes n’ont aucun lien de parenté mais partagent le même rêve de quitter Giverny qu’elles considèrent comme une prison. Le 13 mai 2010, les grilles du parc s’ouvrent. On a découvert le cadavre de Jérôme Morval, chirurgien ophtalmo originaire de Giverny. Et pendant 13 jours les grilles vont rester ouvertes jusqu’à ce second meurtre survenu le 25 mai 2010. L’inspecteur Sérénac et son collègue sont chargés de l’affaire. Un lien avec l’art et tout particulièrement la peinture impressionniste semble être le point commun à tout ce beau monde.
Mon avis: Fred Duval réussit une magnifique adaptation du polar et roman qui a lancé la carrière de Michel Bussi. Sous sa plume, l’enquête policière se déroule paisiblement, dans un décor féerique, mais néanmoins sans temps mort. Mélange de mystère et de poésie, l’intrigue nous tient en haleine jusqu’au dénouement, comme une sorte de révélation qu’on n’a pas vu venir.
Chaque personnage apporte son lot de surprises et on a bien conscience que l’enquête ne va pas être des plus simples, d’autant que les deux inspecteurs ne vont pas vraiment dans le même sens et n’ont pas les mêmes buts ni les mêmes convictions. Un thriller bien mené et bien pensé, parfaitement adapté au support BD, avec ce qu’il faut de modifications intelligentes pour bien en profiter.
Pour ce polar situé à Giverny, territoire impressionniste s’il en est, Didier Cassegrain nous offre une illustration particulièrement agréable jouant avec les couleurs et les effets de lumière, ceux-là même qui ont inspiré les peintres impressionnistes. Certaines cases sont de véritables petits tableaux. Le trait est globalement discret sauf lorsque le dessinateur décide de l’accentuer sur certains éléments ou personnages qu’il souhaite faire ressortir au premier plan. Le résultat est superbe et on ne peut que s’émerveiller devant le travail accompli. Un très agréable moment de lecture alliant suspense et poésie.
SDJuan
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SARA LONE 4
- Par asbl-creabulles
- Le 25/03/2019
Tome 4 - Arlington Day
Scénario : Erik Arnoux
Dessin : David Morancho
Couleurs : David Morancho
Dépot légal : mars 2019
Editeur :
Format : Format normal
ISBN : 978-2-390-14248-5
Nombre de pages : 46Sara a été entraînée et travaille pour les services secrets américains comme tireuse d’élite. Son savoir-faire et sa dextérité ont joué en sa faveur faisant d’elle la personne la plus apte à déjouer un complot visant à éliminer le président des États-Unis. Toutefois, son passé toujours bien présent risque bien de la déconcentrer alors même que l'on connaît la date et le lieu d'où pourrait agir l'assassin responsable d’un événement qui changera à tout jamais la face du monde. Il ne reste plus à Sara Lone qu’à éliminer la menace une fois pour toutes.
Mon avis: Non seulement, ce quatrième et dernier tome scelle le destin du président des États-Unis mais il achève en beauté cette très bonne série. Erik Arnoux a su nous tenir en haleine au fil des quatre tomes avec beaucoup de savoir-faire. Depuis la parution du premier tome en octobre 2013, nous avons bénéficié d’un récit bien rythmé, sur un scénario bien construit, truffé d'éléments bien pensés et savamment calibrés. Ce dernier album prouve que Sara Lone est bien une série incontournable du catalogue des éditions Sandawe. Entre drame familial, polar et événement historique, Erik Arnoux jongle avec les indices, joue avec les personnages et nous livre un polar fort et percutant.
David Morancho a mis cette série en images de la plus belle des manières. Un dessin clair et précis, bien maîtrisé, très détaillé et efficace dans le choix des armes, des décors texans mais aussi des personnages pour quatre albums hauts en couleurs. Son travail aurait sans aucun doute mérité un format un peu plus grand, mais le résultat est bien au rendez-vous. Une belle immersion dans l’Amérique des années 50-60 avec ses voitures si typiques et ses décors fascinants. Le tout sans rien perdre de l'énergie et du dynamisme dont l'histoire avait besoin pour rendre crédible cette jeune femme au caractère bien trempé.
La mise en couleurs également réalisée par David Morancho contribue largement à la qualité de l’ensemble. Très réussies, les couleurs apportent du volume à des cases très détaillées et en assurent une bonne lisibilité. Cerise sur le gâteau: ce dernier tome s’achève avec un dossier secret de 16 pages sur Joy Carruthers alias Sara Lone, mais aussi les liens entre l'histoire et la fiction !
A lire absolument !
SDJuan