Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
-
LES INDES FOURBES
- Par asbl-creabulles
- Le 05/09/2019
Scénario : Alain Ayroles
Dessin : Juanjo Guarnido
Couleurs : Juanjo Guarnido + Jean Bastide et Hermeline Janicot-Tixier
Dépot légal : Août 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-7560-3573-4
Nombre de pages : 160 dont 145 planchesDepuis sa plus "tendre" enfance, Pablos a été élevé à la dure dans l’unique but de profiter de la vie comme seul un pauvre gueux peut le faire, selon les règles et commandements de son père, un barbier peu scrupuleux et malhonnête, primo de ne pas crever et secundo de ne point travailler. D’emblée, on sait à quoi s'en tenir ! Pablos a donc appris à mentir, voler, chaparder, arnaquer, trafiquer mais surtout à manipuler les gens en attirant leur sympathie par ses belles paroles, ses histoires et ses jeux d'acteur. Devenu adulte et n’ayant plus désormais qu’une seule idée en tête – trouver de l’or et devenir riche – Pablos part pour le Nouveau Monde à la recherche du fabuleux et mystérieux Eldorado. Si sa fourberie va lui permettre de gravir avec aisance les échelons de la société, le désormais connu "Don Pablos de Ségovie" sera poursuivi et rattrapé par une malchance qui ne le quittera plus, le faisant régulièrement dégringoler au plus bas. Il sera même capturé par les seigneurs Alguazil et Reyes, tous deux au service de la Couronne d'Espagne. Et alors qu’il cherche à s’attirer la sympathie d’Alguazil auquel il offre une petite besace qui contient de l'or mais surtout une carte indiquant l’emplacement de l'Eldorado, ce dernier au lieu de remercier Pablos va le torturer pour l’obliger à révéler l’origine de cet or et de cette carte et expliquer comment il a pu entrer en possession de la tête réduite de Don Diego. Pablos de Ségovie commence alors à raconter son histoire sans oublier aucun détail...
Mon avis: Juanjo Guarnido (Blasksad, Voyageur [pour les couvertures et tome 13]) et Alain Ayroles (De Cape et de Crocs, Garulfo, etc.) nous ont vraiment gâtés avec cet album: par son format (25x34cm), par son volume (160 pages dont 145 planches), par son histoire respectant le style narratif du roman picaresque de Francisco de Quevedo et par son illustration. Je me suis régalé. Deux auteurs tout à fait hors du commun pour un album réellement superbe et passionnant!
Le personnage de Pablos de Ségovie est né durant le Siècle d'Or de la littérature espagnole picaresque du XVIe siècle sous la plume de Francisco de Quevedo dans un roman intitulé "El Buscón" paru en 1626 *. "Les Indes Fourbes" se présente comme une suite libre du roman à la fin duquel un départ aux Indes est prévu mais que l’auteur n’a jamais écrit. Une suite entièrement imaginée donc par nos deux auteurs, gardant la même idée, racontée à la première personne, et mettant en scène les extrêmes – les pauvres très pauvres et les riches très riches – et des situations improbables, rocambolesques et truculentes, dont une rencontre avec "le diable". Certains personnages frôlent même l'exagération allant jusqu'à la caricature. Les auteurs se complètent parfaitement comme dans ces séquences où tandis que le texte raconte une version falsifiée des faits, le dessin nous en montre la dure réalité, ou bien sur ces pages où deux séries de cases parallèles donnent l’impression de se situer au même endroit alors qu’elles concernent des lieux et situations totalement différents. Les auteurs nous font énormément voyager et découvrir la Cour d’Espagne, le Pérou, Cuzco et sa région mais aussi le Panama ou la forêt amazonienne. Ayroles nous offre des dialogues ciselés, des textes dans un style littéraire qui pourraient se passer d’images tant ils captivent le lecteur et, inversement, Guarnido nous régale de cases et de pages qui pourraient se passer – et se passent parfois – de texte, mais la symbiose des deux auteurs est incroyable, voire jubilatoire. Tout est bien pensé même dans l’exagération mais reste, contre toute attente, tout à fait plausible. Tout se tient, la magie opère avec force et conviction. On y retrouve le héros, attachant malgré tous ses méfaits, et quelques autres qui apparaissent dans le roman d’origine, mais la BD est également pleine de références à l'Espagne historique et artistique, par exemple des visages d'acteurs, des références à Diego Vélasquez (Velazquez en español) – ses tableaux en entier ou des personnages sortis de la toile comme ces nains qui prennent vie dans l’album – et aussi à la littérature comme Don Quichotte et Sancho Pança (Don Quijote y Sancho Panza) de Miguel de Cervantes. Guarnido parsème l’album de petits détails venant démontrer que la présence des Espagnols n’a pas provoqué que des désastres dans cette Amérique du Sud encore appelée "Les Indes" à l’époque.Plus de trois années de travail lui auront été nécessaires pour boucler cet album. Ses illustrations sont de toute beauté, je dirais même, pour certaines, à couper le souffle. Cela a nécessité un gros travail de recherche et de documentation et il est même allé au Pérou pour s’imprégner des ambiances et des couleurs largement mises en valeur sur des pleines pages et parfois même en double page. Il insiste sur l’encrage des personnages, certains premiers plans ou ce qu’il veut faire ressortir guidant ainsi le regard du lecteur vers ce qu’il estime important. Les décors et paysages sont presque uniquement en couleurs directes avec, le cas échéant, un encrage très léger créant un effet de profondeur proche de la 3D. N’oublions pas les multiples combats violents superbement illustrés tout au long de l’histoire. Une deuxième lecture s’impose pour bien profiter de toutes ces cases qui constituent autant de peintures à contempler. Un magnifique travail de la part de Guarnido finement aidé sur plusieurs pages par Hermeline Janicot-Tixier et Jean Bastide pour la mise en couleurs à l’aquarelle.Ne ratez sous aucun prétexte cet ouvrage exceptionnel – "hors collection" selon la terminologie Delcourt – qui rend hommage à la culture espagnole et sachez que Juanjo travaille déjà sur le prochain dyptique de Blacksad avec Juan Díaz Canales !* Note : Pour ceux qui veulent en savoir davantage, ils peuvent se reporter au roman de Francisco de Quevedo "Historia de la vida del Buscón, llamado Don Pablos, ejemplo de vagabundos y espejo de tacaños" disponible en français depuis 2010 chez Fayard sous le titre "La vie du truand Don Pablos de Ségovie, vagabond exemplaire et modèle des filous". La bande dessinée d'Alain Ayroles et de Juanjo Guarnido imagine la suite de ce roman jubilatoire.
SDJuan
-
LES FILS D'EL TOPO
- Par asbl-creabulles
- Le 04/09/2019
Tome 2: Abel
Scénario : Alejandro Jodorowsky
Dessin : José Ladrönn
Couleurs : José Ladrönn
Dépot légal : Juin 2019
Editeur :
Collection: Grafica
ISBN : 978-2-344-00592-7
Nombre de pages : 70Alors que Caïn et Abel ont pris des chemins différents, Caïn est sauvé in extremis des sables mouvants dans lesquels il est tombé par des Mormons auxquels il offre la jeune vierge qui l’accompagne en échange d’un cheval. Puis il retrouve son frère Abel qui a entrepris de transporter la dépouille de leur mère vers l’île Sainte. Abel lui avait demandé – même s’il sait qu’un jour Caïn le tuera de ses propres mains – de le rejoindre et de l’accompagner dans son voyage jusqu’à l’île pour y enterrer leur mère aux côtés de leur père, conformément à ses dernières volontés. Si Abel voit dans ce geste un moyen de parvenir à la sainteté, Caïn accepte uniquement de l’aider dans le but de s’emparer de menhirs en or.
Mon avis: Initiateur des "midnight movies" aux États-Unis grâce à John Lennon et Yoko Ono en décembre 1970 – minuit étant l’horaire de projection de nombreux films décalés aux États-Unis à cette époque alors que la France avait développé dès le début des années 60 un réseau de salles dites "art et essai" ayant contribué à l’éclosion d’un nouveau "cinéma d’auteur" – le film El Topo d’Alexandro Jodorowsky va contre toute attente rencontrer un succès planétaire avant de devenir un film culte. Malgré ce succès, Alejandro Jodorowsky ne parviendra jamais à convaincre Hollywood de produire une suite au cinéma. Attaché à son projet, Jodorowsky va dès lors choisir de la produire sous forme de BD sous le titre "Les fils d’El Topo", avec un premier tome intitulé Caïn paru en 2016 suivi d’Abel en juin 2019.
Cette nouvelle version d'Abel et Caïn est pour le moins décalée, avec un côté mystique affirmé qu'Alejandro affectionne tout particulièrement mais elle contient aussi beaucoup de violence, du sexe, des idées à foison et de l’inattendu. Si son ouvrage choque ou dérange, il n'en n'a cure et c'est tant mieux. La liberté d'expression a toute sa place dans ce récit qui n'arrête pas de nous surprendre, sorte de western violent tout à fait déjanté, surréaliste et allégorique. S’il est parfois difficile de tout comprendre, on est malgré tout fasciné, d’autant que le scénario de ce deuxième tome apporte de la clarté à une histoire plutôt confuse dans le premier opus.
Mais si l’album séduit c’est aussi grâce au travail spectaculaire de José Ladrönn qui est pour Jodorowsky le dessinateur attitré pour cette histoire. Car Ladrönn illustre à merveille la foule d'idées de Jodorowski en restituant les aspects fantastique, fantasmagorique, mythique et souvent provocateurs du récit. On ne voit pas souvent ce genre de western en BD, encore moins avec une telle qualité graphique. La mise en page est époustouflante, les illustrations se suffisent souvent à elles-mêmes. Une superbe couverture, de magnifiques paysages, de beaux visages particulièrement expressifs, des chevaux très réussis, un univers provocateur à la fois mystico-religieux et fantasmagorique, une très belle mise en couleurs, un découpage très cinématographique, tout contribue à faire de ce tome 2 un album de toute beauté.
L’aventure se poursuit donc et on attendra avec impatience une conclusion qui devrait en principe nous surprendre, Jodorowsky oblige, car pour les dessins Ladrönn sera encore une fois égal à lui-même.
SDJuan
-
HILLBILLY 3
- Par asbl-creabulles
- Le 03/09/2019
Tome 3
Scénario : Eric Powell
Dessin : Eric Powel
Couleurs : Eric Powell
Dépot légal : juin 2019
Editeur :
Collection : Contrebande
Format : Format comics
Nombre de planches : 93Eldorade, sorcière respectée de toutes ses consœurs, s’est vite rendu compte du danger que représente ce jeune homme costaud, barbu et rugueux, de son vrai nom Rondel mais que tout le monde appelle "Hillbilly", ce qui signifie "habitant des montagnes" mais aussi "bouseux" ou "péquenaud" en argot, né sans père et sans yeux. C’est pourquoi elle a pris la décision de toutes les réunir car ensemble elles pourront faire front et en finir avec la menace que représente ce tueur de sorcières. Elles vont même renforcer leurs rangs en soumettant à leurs pouvoirs toutes les créatures démoniaques des environs: des serpents volants, le dernier cyclope, le démon Tailypo et bien d’autres encore. Mais de son côté, Hillbilly, lui aussi, compte bien faire appel à ses amis et aux ennemis des sorcières. Alors qu’une guerre sans merci est sur le point de se déchaîner dans les Appalaches, la question se pose de savoir ce que les hommes ont l’intention de faire ?
Mon avis: Dans les deux albums précédents, Eric Powell a largement pris le temps de nous présenter sa panoplie de personnages et de créatures, bons ou mauvais, mais tous plus insolites les uns que les autres. Et par le biais d'histoires courtes, il a mis en scène leurs premières rencontres, ou retrouvailles pour certains d'entre eux. Ce troisième tome rassemble tous ces personnages que l'on connaît bien à présent pour un combat final du "bien" contre le "mal". Un univers bien construit sur des bases solides. L’auteur est clairement à l’aise avec les contes et légendes, mettant en scène des personnages connus qu’il n’hésite pas à revisiter comme Hansel et Gretel ici transformés en monstres.
Les illustrations d’Eric Powell sont vraiment très belles, en particulier sa représentation des différents personnages, qu’il s’agisse des sorcières, des gobelins, des serpents volants, de l'ourse Lucille, du lynx Alma Rose, de James Stoneturner, etc., mais aussi et surtout du héros, Hillbilly, armé de son hachoir géant, tous impressionnants, tantôt tendres, truculents, tantôt peu ragoûtants voire terrifiants. Si les flashes-back sont laissés en crayonné, on retrouve par ailleurs son style caractéristique et bien reconnaissable fait de couleurs monochromes dans des tons de jaune, d’ocre et de vert avec effets de dégradé pour ce voyage dans les Appalaches, riche en décors naturels très verdoyants ou sombres et lugubres. Seules les illustrations séparant les chapitres offrent une gamme plus étendue de couleurs.
A noter en fin d'album une dizaine de pages démontrant son talent de dessinateur sous forme de dessins préparatoires, planches crayonnées ainsi que les différentes étapes de la réalisation d’un dessin, de l’esquisse à la mise en couleurs.
SDJuan
-
CATWOMAN Selina Kyle 1
- Par asbl-creabulles
- Le 02/09/2019
Tome 1: Pâles copies
Scénario : Joëlle Jones
Dessin : Joëlle Jones & Fernando Blanco
Encrage : Scott Williams
Couleur : John Kalisz & Laura Allred
Couverture: Lau Stanley
Dépot légal : Juin 2019
Editeur :
Collection: DC Rebirth
ISBN : 979-1-02-681626-3
Nombre de pages : 152Après l’échec de son mariage avec Bruce Wayne, alias Batman, Selina Kyle, alias Catwoman, a décidé de quitter Gotham pour se réfugier dans sa ville natale, Villa Hermosa, où elle espère se remettre de sa douleur. Là, elle passe ses nuits dans des clubs chics et autres établissements de jeux, s’occupant de ses chats le reste du temps, mais cela fait plusieurs jours qu’elle n’arrive pas à dormir. Lors d’une sortie nocturne, elle manque de se faire arrêter par l’inspecteur Yilmaz de la police de Villa Hermosa. Ce n’est qu’une fois rentrée chez elle qu’elle apprend aux infos télévisées que lors d’un cambriolage au centre commercial de San Marcos une femme habillée en Catwoman a ouvert le feu sur deux policiers dont l’un est décédé. La police recherche activement la suspecte armée et dangereuse pour l'interpeller. Bien placée pour savoir qu’il ne peut s’agir d’elle, Catmowan décide de reprendre du service d’autant qu’Alfred Pennyworth vient justement de lui envoyer un paquet contenant ses affaires. En poursuivant une autre Catwoman vêtue d’une copie de l’un de ses anciens costumes, Selina va rapidement découvrir un véritable repaire de Catwomen … plus d’une vingtaine au total, toutes en lien avec la richissime épouse du gouverneur de Villa Hermosa.
Mon avis: Nouvelle série et nouvelle vie pour Sélina Kyle/Catwoman, bien loin de tout repos à en juger d’après ce premier album. Surprise par une de ses "doubles", elle va se prendre une bonne claque et sera même qualifiée de "vieille"! Le scénario de Joëlle Jones est bourré de surprises et de rebondissements qui mettront assez souvent notre héroïne, peut-être un peu trop sûre d'elle, dans de beaux draps et la confronteront aux sombres côtés de la politique. Joëlle Jones aidée par Fernando Blanco sur trois histoires de ce premier tome (il sera bien plus présent dans le tome 2) nous régale d’une Catwoman élégante et pleine de féminité, rayonnant dans la haute société avec une aisance déconcertante, mais aussi la Catwoman acrobate que l’on apprécie pour son côté combatif. Si le trait est marqué et l'encrage plutôt fort, l’héroïne bénéficie d’une belle mise en valeur. On prend plaisir dans l'épisode des copies de Catwoman à redécouvrir plusieurs des anciens costumes portés par la féline dans le passé. Les couleurs plutôt sobres de John Kalisz et Laura Allred accentuent encore l'ambiance et donnent de la profondeur au dessin. Un bon départ pour de nouvelles aventures de notre super-héroïne adorée.
A noter en fin d'album la superbe galerie de couvertures alternative réalisée par Stanley "Artgerm" Lau et deux pages encrées par Joëlle Jones.
SDJuan
-
SEXYSUN 3
- Par asbl-creabulles
- Le 30/08/2019
Scénario : Bruno Di Sano, Mythic et Didgé
Dessin : Bruno Di Sano et François Walthéry pour la p27
Couleurs : F. Levy, R. Mangeat, O. Dekeyser et F. Brihaye
Dépot légal : juin 2019
Editeur : BDLabo
Nombre de pages : 32Tout comme les deux précédents tomes parus respectivement en avril et octobre 2018, le présent album (tome 3 de la série) est une compilation de divers travaux du dessinateur Bruno Di Sano. Si certaines planches sont issues des séries "Alys et Vicky" et "Blagues Coquines", l’album inclut également des planches inédites, des cartoons, ex-libris et diverses illustrations réalisées au cours de ces 30 dernières années dont certaines ont été reproduites en poster, et même des étiquettes de vin ou de champagne.
Bruno Di Sano a travaillé en tant qu’auteur complet, mais aussi illustrateur sur des scénarios de Mythic ou de Didgé, à diverses histoires courtes tournant autour de jeunes femmes plutôt coquines – libertines diront certains – en tout cas très libres, mais toujours avec une bonne dose d'humour ou parfois de cynisme. Oui, c’est osé mais jamais graveleux.
Grâce à son trait assuré, Di Sano (qui a travaillé sur les derniers tomes de Rubine aux côtés de François Walthéry et sur beaucoup d’autres séries) montre une parfaite maîtrise des formes et rondeurs de jolies demoiselles en tenue sexy très légère (voire absente), de la volupté du corps féminin, sa beauté, sa sensualité, sans pour autant négliger les décors et autres personnages évoluant autour des héroïnes. Cette série de "gags polissons", selon ses propres termes, agréablement mise en couleurs par lui-même et d’autres coloristes, constitue un bon moment de distraction.
Comme il s’agit d’un tirage limité à 300 exemplaires numérotés, avis aux amateurs !
SDJuan
-
NAINS 15
- Par asbl-creabulles
- Le 29/08/2019
Tome 15 : Oboron du Bouclier
Scénario : Nicolas Jarry
Dessin : Nicolas Demare
Couleurs : Digikore Studio
Dépot légal : juin 2019
Editeur :
Collection: Héroïc Fantasy
ISBN : 978-2-302-07663-1
Nombre de pages : 51Oboron se retrouve étendu au fond d’un ravin, transpercé de flèches et d’une lance qui auraient dû lui être fatales. Mais, étrangement, il est bien vivant même s’il ressent d’atroces douleurs. Il ne comprend pas ce qui lui arrive d’autant que ses souvenirs ne reviennent que par bribes. Il est encore plus surpris de se retrouver enchaîné par les siens face à l’aumônier Faradum. C’est lors d’un combat mortel face à des elfes qu’il s’est retrouvé dans cet état. Oboron avoue qu’il a toujours su qu’il y avait quelque chose de sombre et machiavélique en lui, une force qui ne demandait qu’à sortir et qui lui a déjà valu pas mal de mésaventures. Mais jamais il n’aurait jamais pu imaginer une telle puissance capable de résister à la mort. Voulant juste retrouver et sauver les siens, Oboron va devoir lutter contre les funestes projets que Maître Faradum a prévus pour lui. Et la première chose à faire est certainement de fuir…
Mon avis: Chaque tome de cette série constituant une histoire complète, ce nouvel album cible plus particulièrement Oboron du Bouclier et nous en apprend davantage sur la malédiction qui le frappe. Nicolas Jarry nous tient en haleine tout au long de ce récit dans lequel il intercale, par le biais de flashes-back, les nombreux souvenirs qui reviennent à la mémoire d’un nain plutôt déboussolé qui ne sait plus trop ce qui lui arrive. Comme toujours, la construction fait preuve d’efficacité, ne laissant passer aucun détail et dévoilant à petites doses l’intrigue qui se joue sous nos yeux.
Les dessins de Nicolas Demare (déjà aux commandes des tomes 5 et 10 de la série) font le reste, c'est-à-dire nous proposer de belles illustrations pour nous faire partager cet univers de fantasy plutôt sombre. On ressent la tension que vit le nain, sa douleur, sa rage de vivre. Les planches sont riches en décors, en scènes de combat et dégagent une belle énergie mais le dessinateur veille à ne pas étouffer les cases de détails pour bien guider notre regard à l'essentiel. Ajoutez un découpage dynamique réussi, une belle mise en couleurs de Digikore Studios et vous obtenez un très bel ensemble.
SDJuan
-
L'AGENT
- Par asbl-creabulles
- Le 28/08/2019
Tome 1 : Initiation
Scénario : Mathieu Gabella
Dessin: Fernando Dagnino et Carlos Morote
Couleur : Carlos Morote
Dépot légal : Juin 2019
Editeur :
Collection: Grindhouse
ISBN : 978-2-344-02315-0
Nombre de pages : 144Paris, métro République. Jeune lieutenante aux stups, dont le meilleur atout est de travailler "à l'instinct", Rhym file le train à un homme censé la conduire, elle et son équipe, à un trafiquant de drogue auprès duquel il vient s’approvisionner. Mais la filature va vite tourner à l’échec. Ayant repéré la manœuvre, le dealer n’hésite pas à faire feu dans la foule et son tir abat l’homme servant d’informateur malgré lui à Rhym. Quant au dealer, il réussit à filer non sans avoir auparavant jeté en l’air une poignée d’herbe qui rend les voyageurs complètement déboussolés et amnésiques à l’exception de Rhym qui, étrangement, se souvient de tout. De son côté, Sébastien Ferrant, agent spécial de la DGSI, est le témoin direct d’un pétage de plombs, sans raison apparente, d’un de leurs meilleurs ingénieurs spécialistes des drones dotés d'IA. Apparemment, il a été victime d’un artéfact de malédiction. Point commun entre les deux affaires: la magie noire. Quant à Rhym, elle se révèle être une puissante sorcière.
Mon avis: Une enquêtrice à la brigade des stups, un agent secret de la DGSI mais surtout un dealer qui non seulement détient une substance ayant la capacité de désorienter les gens et d’effacer toute trace de son passage mais aussi une arme tirant des balles atteignant leur cible à tous les coups. Tout ça n'a rien d'habituel. Normal, car il y a de la magie dans l’air, de la magie noire avec des rituels vaudou, des enchantements, des sortilèges et autres maléfices aussi puissants les uns que les autres. On retrouve là les sujets de prédilection de Mathieu Gabella: agents secrets et sorcellerie, ce qui lui permet de nous proposer un thriller/polar noir très efficace mais pimenté d’une bonne dose de magie pour mieux nous captiver. La chasse à l'"homme" se révèle très énergique et ne quittera plus l'histoire de bout en bout avec de multiples scènes d’action superbement illustrées par Fernando Dagnino. L’évocation des origines de Rhym annonce bien la couleur pour la suite de l’aventure. En bonus, des dossiers classés secrets, croquis, couvertures et interview des auteurs en fin d'album.
Au dessin, on retrouve donc avec plaisir Fernando Dagnino qui nous offre déjà en tant qu'auteur complet la superbe mini-série Smart Girl (voir chronique ici) située dans l'univers des IA. On le retrouve donc ici tout aussi à l’aise dans un polar policier mêlé de sorcellerie. Un dessin réaliste, des pages dynamiques où dominent l'action – courses- poursuites dans le métro et dans les rues de Paris – mais également la magie noire avec de superbes illustrations de sorciers tout droit sortis de l'Orient mystique. Un découpage plein d’énergie, des scènes d’action spectaculaires, des personnages hauts en couleurs confèrent à cet album une prodigieuse puissance d’envoûtement. En plus de sa belle contribution aux décors, Carlos Morote nous offre une agréable mise en couleurs qui fait bien ressortir l’ambiance menaçante, lugubre parfois même oppressante.
Un album à ne pas rater !
SDJuan
-
LES TRAQUEURS 3
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2019
Tome 3 : La dernière chasse
Scénario : David Muñoz
Dessin : Tirso
Couleurs : Tirso & Javi Martín
Dépot légal : Août 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-344-02630-4
Nombre de planches : 56Enceinte de Jonas, la jeune indienne Mara est rentrée en Angleterre avec la créature aztèque connue sous le nom de "Cerbère des dieux", dont elle seule a désormais le contrôle. Mais pour cela elle a dû trahir tout le monde, Jonas d’abord mais aussi son mari, Toledano, en échange de quoi sa peuplade – les Cocomes – a pu recouvrer la liberté. Pour le roi d'Angleterre, le cerbère est avant tout l’arme de guerre absolue et d’ailleurs il s’empresse de l’utiliser contre la flotte hollandaise qui est anéantie jusqu’au dernier navire. Cette victoire totale annonce d’autres attaques contre d’autres ennemis de l'Angleterre. Mais comme le pensait l'oncle de Jonas, en accouchant Mara perdra le contrôle de la créature. Jonas, jeune botaniste et naturaliste qui lui aussi avait la capacité de contrôler la bête, se voit proposer par les Anglais qui l’ont fait prisonnier de reprendre le contrôle du cerbère. Son oncle est même prêt au moyen de certains rituels de l’aider à récupérer son pouvoir et de devenir un traqueur comme son père avant lui. Mais tandis que Mara donne naissance à son bébé, Jonas refuse catégoriquement…
Mon avis: Suite et fin de ce très bon triptyque sur fond de grandes explorations, mythes et légendes largement agrémenté de fantastique. Un troisième tome dans lequel les rebondissements ne manquent pas et qui nous apporte toutes les réponses. David Muñoz aura réussi à nous tenir en haleine jusqu’au bout. Un scénario efficace qui aura donc tenu toutes ses promesses. Au dessin, Tirso Cons nous entraîne dans ce grand voyage d’explorations et de guerres maritimes avec élégance. Une ambiance forte, oppressante et sombre sur certaines cases avec des personnages forts et une bête transformée en arme de destruction massive. A noter de beaux arrêts pleine page dans l’espace-temps comme cette vue depuis les profondeurs de l’océan sur le naufrage du navire et de son équipage surplombé par la créature qui semble en suspension au-dessus. Très spectaculaire! Les scènes en intérieur et en extérieurs sont particulièrement réussies et dynamiques et bénéficie d’une mise en couleurs de Tirso et Javi Martín qui leur apporte un surcroît de volume et d’énergie.
A découvrir en fin d’album de très beaux hommages de la part de Jaime Calderón, Rubén Pellejero, Chuma Hill, Gabriel Hernández Walta, Stefano Carloni, Timothé le Boucher, Lolita Aldea et Enrico Marini !
SDJuan