Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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FARMHAND
- Par asbl-creabulles
- Le 26/11/2019
Tome 1
Scénario : Rob GUILLORY
Dessin : Rob GUILLORY
Couleurs : Taylor WELLS
Dépot légal : Septembre 2019
Editeur :
Collection: Contrebande
ISBN : 978-2-413-01658-8
Nombre de pages : 132Ezekiel, de son surnom Zeke, se réveille en sursaut, émergeant d’un cauchemar dans lequel il a vu son père, Jedidiah Jenkins, enterré vivant. En fait, cela fait des années qu’il ne l’a plus vu. Aujourd’hui marié et père de deux enfants, il vient lui rendre visite à Freetown en Louisiane à son invitation, accompagné de sa famille. Tout se passe très bien. Son père a développé la ferme de façon exceptionnelle et prospère, mais tout à fait hors du commun. Avec la sœur d’Ezekiel, il a créé des graines très spéciales qui donnent des organes humains qu’il cultive de façon tout à fait ordinaire pour des transplantations. Bien qu’intrigué par les choix de son père, Zeke dont la carrière d’écrivain ne se déroule pas vraiment comme il l’espérait, décide de rester à la ferme avec sa famille. Mais les recherches du père commencent à avoir des effets inattendus. Ses cultures peu traditionnelles ont déclenché d’étranges phénomènes dans le sol de la ferme et la contamination commence à se répandre. Mon avis: A première vue, le récit semble complètement déjanté et assez déroutant. En réalité, au fil d’une intrigue qui s’avère solide, l’auteur aborde des sujets tout à fait actuels comme les problèmes au sein de la cellule familiale, les manipulations génétiques, les excès de l’agrochimie, l’écologie, la mondialisation libérale, l’argent-roi, le comportement d’apprenti-sorcier de l’homme… Rob Guillory introduit du suspense et des éléments fantastiques dans son récit ainsi qu’une touche de comique de situation. Les personnages sont plutôt démonstratifs, en tout cas typiques du style comédie noire. Tous ces éléments sont intelligemment réunis pour constituer un ensemble attrayant. Auteur complet, Rob Guillory s’est également chargé du dessin et on reconnaît tout de suite le style du dessinateur de "Tony Chu, détective cannibale". Il utilise un trait fort dans des cases bien aérées et très agréables au regard où les personnages sont aisément reconnaissables. Cette histoire d’épouvante est donc bien servie par un dessin précis, des cadrages variés et des couleurs dans des tons plutôt vifs réalisées par Wells Taylor (qui a accompagné Guillory sur Tony Chu à partir du tome 7). Sans être gores, certaines scènes sont même très impressionnantes. Un premier tome (qui contient les épisodes US #1-8 parus chez Image Comics) très prometteur.
SDJuan
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Encyclopédie non exhaustive des savoirs approximatifs
- Par asbl-creabulles
- Le 21/11/2019
Encyclopédie non exhaustive des savoirs approximatifs
Scénario : La Mine
Dessin : La Mine
Couleurs : La Mine
Edition :
Collection: Pataquès
Dépot légal : Mai 2019
Format : Carré
Nombre de pages : 106L’Encyclopédie non exhaustive des savoirs approximatifs ou apprendre (ou pas) en se poilant !
"L’Encyclopédie non exhaustive des savoirs approximatifs est un manuel très dispensable, pour celles et ceux qui ne veulent rien savoir (ou presque) sur tout et son contraire. De petites fiches illustrées détaillées et précises permettront ainsi au lecteur d’approfondir sa vague culture dans les catégories suivantes: Art et culture / Traditions et folklore / Histoire / Vie moderne / Santé et bien-être / Sport et loisirs / Faune et flore."
Cette petite BD carrée, jaune, sans case (eh oui) est une des dernières œuvres "Made in Collection Pataquès - L’humour qui prend aux strips". Pataquès est, pour rappel*, un des nouveaux chevaux de bataille de la collection Delcourt.
*L’hilarant "Open Bar" de Fabcaro, paru en avril dernier et chroniqué par Créabulles, c’était déjà Pataquès !
Les BD de cette collection traitent, avec un humour très contemporain, de sujets actuels de société. Elles portent toutes un regard critique, des plus décalés ou absurdes sur le monde qui nous entoure, sur nos comportements. Des perles, je vous le dis !
La Mine en est le scénariste, l’illustrateur et le coloriste …
La biographie ci-dessous est celle présentée sur la page Delcourt. Pour en découvrir plus encore sur La Mine, je vous conseille un passage sur le site http://lesoiseux.blogspot.com"La Mine né en Belgique en 1985, vit à Wépion. Une fois sa thèse achevée (2014), celui qu’on appelle "M. la Mine"décide de consacrer une bonne partie de son temps à son violon d’Ingres: le dessin d’humour et d’actu. Publiés sur son blog et les réseaux sociaux, ses strips, cartoons et planches lui ménagent un public toujours plus nombreux et enthousiaste. Depuis 2016, il professionnalise petit à petit son activité de dessinateur, qu’il mène parallèlement à une carrière plus "académique". Il réalise ainsi une série d’affiches et de couvertures de livres, collabore avec quelques journaux et magazines en Belgique. En 2018, il intègre la collection Pataquès des Editions Delcourt, ce qui lui offre l’occasion de publier un premier recueil de ses planches à l’humour profondément marqué sa formation littéraire, la satire désabusée et un certain goût pour l’absurde."
La BD est souvent désigné comme le "neuvième art" mais connaissez-vous les autres?
Cette BD sans case n’est pas, et loin de là, un simple livre d’images. En effet, La Mine, le bien nommé, vous offre au fil des pages que vous pouvez, bien entendu, feuilleter sans tenir compte de l’index établi, une riche palette graphique qui évite les répétitions de style. Ce livre est très amusant, en couleurs, agréable à compulser. Le trait en est élégant et le fou rire est garanti.
En guise d’amuse-bouche, je vous cite, pris au hasard, quelques intitulés de pages. Les imaginer est déjà très jubilatoire !
- Vos séries en VP (Version Picarde)
- Cinéma - Genres moins populaires: Film d’Inaction, Dessin Inanimé, Film Charcutier …
- Le livre dont vous êtes un personnage très secondaire
- Halloween: styliser votre citrouille, selon Warhol, Banksy, Fabergé…
- Produits du terroir: Confiture aux cochons, Huile de coude, Dragées hautes …
- Créatures légendaires: fantôme de la récession, spectre du chômage, …
- etc.
Et deux dernières illustrations pour la route (… vers votre libraire favori).DMichel
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LE JARDIN DE DAUBIGNY
- Par asbl-creabulles
- Le 15/11/2019
Scénario : Bruno DE ROOVER
Dessin : Luc CROMHEECKE
Couleurs : Luc CROMHEECKE
Dépot légal : septembre 2019
Editeur : Editions Anspach
ISBN : 978-2-9602104-5-3
Nombre de pages : 52Auvers-sur-Oise. En ce dimanche matin de 1890, Vincent Van Gogh rend visite à son ami le docteur Gachet. Reconnaissant une toile de Daubigny que le docteur a connu autrefois, il lui demande de lui en dire davantage à son sujet. Fuyant le "mauvais air" de Paris, le petit Charles-François est élevé à Valmondois au cœur du Vexin français, à deux pas d’Auvers, par la mère Bazot. Depuis sa plus tendre enfance Daubigny baigne par conséquent dans cette nature pour laquelle il va se passionner, donnant libre cours à son amour du dessin et de la peinture en milieu naturel. Un voyage en Italie viendra ensuite confirmer cette inclination. S’enfermer pour assouvir sa passion: très peu pour lui ! Il préfère sortir, hors de toute contrainte, pour être au contact direct de cette nature qu'il aime par-dessus tout. Il se confectionnera même à partir d’une barque son propre atelier flottant appelé "Le Botin" sur lequel il peindra au gré de ses envies (voir illustration de couverture). Totalement libre d'aller où il veut il n'en oublie pas pour autant les gens qui l'entourent, notamment ses autres amis peintres avec qui il partagera de nombreux et agréables moments.Mon avis: Sur un scénario de Bruno De Roover, le récit se présente en neuf chapitres qui vont à l’essentiel pour nous faire découvrir les étapes importantes du parcours de Daubigny: une enfance et une jeunesse plutôt heureuses, une entrée assez facile dans la vie active, le bonheur de pouvoir profiter de la vie en réalisant sa passion pour cette nature qu’il adore sans aucune contrainte – contrairement à d'autres artistes –, ses amitiés, sa générosité. Un beau récit soigneusement documenté. Le plus bel hommage à son travail est bien cette toile que Van Gogh, peu avant sa mort survenue le 29 juillet 1890, a peinte et intitulée "Le Jardin de Daubigny". Au dessin, le trait nerveux de Luc Cromheecke sert parfaitement l'histoire en donnant une touche d'humour au personnage du peintre, un homme simple, sans excès, sans fioritures. Des planches et des cases claires, de beaux décors et paysages tout à fait en harmonie avec le style Daubigny. Il nous permet de percevoir son désir et son amour d’une vie paisible et empreinte de fraternité, d’une vie simple et naturelle. Un ensemble vivant qui bénéficie en outre de couleurs très agréables et douces. A noter un dossier biographique de huit pages en fin d’album.
SDJuan
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EMPEREUR DU JAPON
- Par asbl-creabulles
- Le 14/11/2019
Tome 1
Scénario : Issei Eifuku
Dessin : Junichi Nojo
Couleurs : N&B sauf les 12 première pages
Adaptation de: Kazutoshi Handô
Editeur :
Collection : Delcourt Tonkam SeinenOctobre 2019
Dépot légal : Octobre 2019
Format : Manga
ISBN : 978-2-413-02014-1
Nombre de pages : 19414 août 1945. Le Japon, affaibli par les frappes nucléaires sur Hiroshima (6 août) et Nagasaki (9 août) mais aussi par l’invasion soviétique en Manchourie, se résigne à capituler. C’est l’empereur Hirohito en personne qui l’annonce dans une allocution radiophonique. Les actes de la reddition japonaise seront signés à bord de l’USS Missouri dans la baie de Tokyo en présence du général MacArthur. Le 27 septembre 1945, Hirohito, 124e empereur du Japon, rencontre le général MacArthur, commandant des forces US en Extrême-Orient et commandant suprême des forces alliées. L’empereur lui déclare assumer l’entière responsabilité des actes et agissements de l’état-major de l’armée et des responsables politiques de son pays et se dit prêt à s’accommoder du jugement qui lui sera réservé. Le récit se poursuit alors sous la forme d’un flash-back dans lequel le scénariste Issei Eifuku explore le passé de l’empereur Hirohito afin de nous expliquer comment un souverain peut offrir sa vie pour le salut de son peuple. En fait, c’est tout un ensemble de conventions, de traditions, d’habitudes familiales et culturelles qui ont ainsi forgé le jeune prince Michi né le 29 avril 1901. Selon la coutume impériale, il a été rapidement séparé de sa famille et confié à une nourrice, Taka Adashi, également chargée de son instruction. Des liens très forts vont même se nouer mais dans le respect du rang de chacun. Ensuite, le prince passera entre les mains des meilleurs éducateurs. Il va ainsi recevoir une éducation plus spécialisée auprès du général Maresuke Nogi qui dirige le Gakushuin, un établissement éducatif réservé à la noblesse. Son éducation sera complétée par une formation tant militaire que morale, philosophique et religieuse, dispensée notamment par Jugo Sugiura, à la fois éducateur, journaliste et penseur, à l’Institut du Palais de l’Est que l’amiral Heihachiro Togo va diriger à partir de 1914. Tout a été fait selon les règles établies pour préparer le prince à son futur rôle d’empereur.Mon avis : Voici le premier tome d’une série commémorant les 30 ans de la mort de l'empereur ayant eu le plus long règne de l’histoire du Japon: 64 ans. Dès les premières pages, on est captivé par le savoir-faire des auteurs, tant en ce qui concerne le scénario d’Issei Eifuku que le dessin de Junichi Nojo qui sont d’une exceptionnelle richesse. A noter que ce manga est une adaptation libre du livre "Histoire de Shôwa - Récits des grands événements historiques pendant le règne de Hirohito 1926-1989" de Kazutoshi Handô, un auteur spécialisé dans l'histoire moderne du Japon. D’une construction solide et parfaitement documentée, le récit commence au lendemain de la fin des conflits de la grande guerre d'Asie orientale ou Guerre du Pacifique (1941-1945) puis, sous la forme d’un flash-back, évoque l’enfance et la jeunesse du futur empereur. On y découvre comment un prince est éduqué et formé à son futur rôle d’empereur dans un style qui accroche tout de suite le lecteur. Le côté didactique des us et coutumes du Japon n’est en rien dérangeant et on se prend même à vouloir en apprendre davantage tant le récit est captivant et bien raconté. Côté illustration, Junichi Nojo nous régale d’un dessin soigné, riche et détaillé. Son trait fin et réaliste restitue bien l’ambiance japonaise en particulier dans les expressions des personnages tout en assurant une lecture fluide. Ce premier tome qui constitue une très belle découverte met la barre très haut et annonce une série des plus intéressantes.
SDJuan
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NO BODY 5
- Par asbl-creabulles
- Le 13/11/2019
Saison 2 tome 1/3 : L'agneau
Scénario : Christian DE METTER
Dessin : Christian DE METTER
Couleurs : Christian DE METTER
Dépot légal : Novembre 2019
Editeur :
Collection: Noctambule
ISBN : 978-2-302-07900-7
Nombre de pages : 96Issue de la haute société romaine, Gloria, la fille du juge Agnelli, vient d’être kidnappée malgré les gardes du corps chargés de protéger la famille et une policière affectée à sa sécurité personnelle. Avec habileté, elle va parvenir à échapper à ses ravisseurs masqués et à s’éloigner suffisamment pour être hors de leur portée, mais dans sa fuite elle glisse sur un rocher, se brise une jambe dans sa chute avant de s’évanouir de douleur. Tout a commencé quelques jours plus tôt. Alors qu’elle était en voiture avec son grand-père et la policière affectée à sa protection rapprochée, leur véhicule a été heurté par une camionnette. Sur les lieux, les ravisseurs déguisés en ambulanciers n’ont pas hésité à tirer, tuant la policière et laissant son père sans connaissance après la collision. La famille aussitôt contactée ne devait prévenir ni la police ni la presse. Une enquête a toutefois été lancée et deux policiers chargés de retrouver Gloria. Ce qui semble être un kidnapping tout à fait banal va vite se transformer en fiascos successifs avec la fuite de Gloria…Mon avis: Si Christian de Metter situe ce deuxième cycle dans l’Italie des années dites de plomb (fin des années 60 - début des années 80) marquées par des violences de rue, la lutte armée et des actes de terrorisme, bien loin donc de l’ambiance américaine du premier cycle qui lui avait valu en 2017 le prix Polar de la meilleure série francophone au Festival Polar de Cognac, on retrouve avec plaisir l’ambiance typique des polars bien noirs. Tout est là pour nous offrir un récit captivant et surprenant: une ambiance sombre, des gangsters, l’enlèvement de la fille d’un juge, des courses poursuites, une enquête policière qui démarre, etc. De Metter installe de manière efficace et bien construite les éléments d’une intrigue à l’atmosphère oppressante dans laquelle il fait évoluer des personnages fortement typés, certains même plutôt inquiétants, qui forment une belle galerie de gueules charismatiques. Côté illustration, fidèle à lui-même, il nous propose d’une main de maître un dessin empreint d’originalité qui nous fait vivre l’aventure dans un style très fluide grâce à un découpage et des cadrages qui servent parfaitement l’histoire. Sa mise en couleurs vient encore souligner des effets graphiques soignés. Premier tome introductif d’une trilogie prometteuse.
SDJuan
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LEOPOLDVILLE 60
- Par asbl-creabulles
- Le 07/11/2019
Léopoldville 60
Scénario : Patrick WEBER
Dessin : Baudouin DEVILLE
Couleurs : Bérengère MARQUEBREUCQ
Dépot légal : octobre 2019
Editeur : Anspach
ISBN : 978-2-9602104-6-0
Nombre de pages : 52Après sa belle prestation d’hôtesse à l’exposition universelle de Bruxelles en 1958, Kathleen Van Overstraeten fait désormais partie du personnel de bord (PNC pour personnel navigant commercial comme on dit aujourd’hui) de la Sabena en tant qu’hôtesse de l’air affectée aux longs courriers. Son premier vol est à destination de Léopoldville, capitale du Congo belge où elle rend visite à son ancienne collègue Monique chez ses parents. Plus tard, au restaurant, elle aura l’occasion de revoir un passager du vol, Frans Vermeulen, qui avait eu un comportement plutôt désagréable à bord. Mais c’est surtout le climat anxiogène régnant sur place qui la préoccupe elle et tous les ressortissants belges établis au Congo. Le désir d’indépendance du Congo "belge" se fait sentir à chaque instant désormais et l’inquiétude voire la peur grandissent parmi les colons. Les puissances étrangères négocient déjà en sous-main la part du gâteau qu’elles espèrent obtenir. Kathleen qui a déjà vécu à l’expo 58 des moments de tension sera d’une grande aide dans le processus de décolonisation qui vient de débuter… ce qui ne l’empêchera pas de mener sa propre enquête sur les magouilles de certains pour s’approprier illégalement les richesses du Congo.Mon avis: Dans ce nouvel album, Patrick Weber nous entraîne au Congo belge de 1960, période de troubles qui verra son indépendance faisant suite à la montée d’un mouvement nationaliste né en 1958 qui s’est progressivement radicalisé et accompagné d’une agitation dans tout le pays en 1959. Si Kathleen est au centre de cette nouvelle aventure, au cœur de Léopoldville, les relations entre la Belgique et le Congo constituent l’essentiel du récit. Patrick Weber nous propose une description plutôt vivante et pittoresque de la réalité historique, des travers et défauts de la colonisation, privilégiant l’aventure au fil d’une intrigue bien ficelée où l’on retrouve les mêmes ingrédients que dans le récit précédent même si le contexte historique est cette fois davantage présent. Il s’agit bien d’une BD historique, sans prise de position, sans jugement, une sorte de témoignage certes succinct mais bien documenté sur un événement majeur de l’histoire de la Belgique, une première approche que chacun a tout loisir d’approfondir et un bon moyen de découvrir ce qu’a été l’époque coloniale pour un lectorat plus jeune qui néglige souvent les cours d’histoire à l’école ou au collège. Côté dessin, Baudouin Deville nous régale de nouveau de belles illustrations dans ce même style ligne claire qui nous avait fait apprécier Sourire 58. Il nous transporte dans le temps et nous faire vivre l’aventure tant à Bruxelles qu’à Léopoldville. Les planches sont soignées, détaillées et bien documentées. On sent qu’il a effectué un gros travail de recherche pour nous offrir de très belles cases riches en décors urbain et/ou champêtre, objets de la vie courante, véhicules, aéronefs de la Sabena (Douglas DC-5 ou DC-7 et Boeing 707), costumes, tenues et coiffures des très nombreux personnages présents mais tous aisément reconnaissables. Une lecture très agréable grâce à l’excellente mise en couleurs de Bérengère Marquebreucq. A noter en fin d’album un cahier graphique très instructif sur le Congo belge et Léopoldville.
Attachez bien vos ceintures car cet album, fiction oblige, constitue une aventure bien fournie en rebondissements pour passer un agréable moment de lecture. On ne peut que souhaiter qu’il connaisse le même succès que Sourire 58 (vendu à 22000 exemplaires et objet de 4 éditions).
SDJuan
SDJuan
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CORTO MALTESE Le jour de Tarowean
- Par asbl-creabulles
- Le 05/11/2019
Tome 15 Le jour de Tarowean
Scénario : Juan DIAZ CANALES
Dessin : Ruben PELLEJERO
Couleurs : Ruben PELLEJERO et SASA
Dépot légal : novembre 2019
Editeur :
ISBN: 978-2-203-18588-3
Nombre de planches : 80Tout commence ce 1er novembre 1912, jour de la Toussaint, sur l’île de Tasmanie, située à 200 km au sud-est de l’île principale de l’Australie. C’est le jour traditionnel de Tarowean ou jour des surprises selon la tradition aborigène. Engagé par le Moine pour une mission, Corto fait appel au pirate Raspoutine et à quelques autres de ses connaissances. Ils doivent se rendre dans l’ancien pénitencier de Port Arthur, un lieu désormais abandonné qui malgré sa sinistre réputation attire des touristes. Là, ils doivent libérer l’un des derniers prisonniers, un jeune homme nommé Calaboose, et le ramener sur l'île d'Escondida, dans le Pacifique Sud. On ne sait pas très bien si Calaboose est maintenu prisonnier à Port Arthur ou s’il a lui-même pris la décision de ne pas quitter son trou. En revanche, en tant qu’aborigène samoan, ce "détenu" pourrait bien être la clé de tous les conflits dans la région. Il va sans dire qu'au cours du voyage qui va ensuite les mener jusqu’à Bornéo, Corto, Raspoutine et le jeune Calaboose vont faire des rencontres qui vont s’avérer cruciales pour la réussite ou non de leur mission.Mon avis: Plus de 50 ans après la parution de l’histoire d’Hugo Pratt où apparaît pour la première fois Corto Maltese, Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero nous donnent l’occasion avec ce troisième album qu’ils ont signé de découvrir les origines d’une image qui a marqué bon nombre de fans de la série: Corto trouvé en pleine mer sur un radeau, là même où a commencé l'aventure du héros dans l'album d’Hugo Pratt intitulé "La ballade de la mer salée" (publié en italien dès 1967 puis en français à partir de 1974 avant de faire l’objet d’un album Casterman N&B en janvier 1975). L'aventure se déroule en partie dans les îles du Pacifique, où Corto va devoir faire face à un conflit dont l’enjeu est le latex d’hévéa opposant les autochtones à des puissances internationales. On y retrouve avec plaisir quelques-uns des personnages du premier tome signé Pratt, occasion pour Díaz Canales et Pellejero de lui rendre un bel hommage. Le récit développe diverses intrigues sur fond de conflit politico-économique tout en y ajoutant du romantisme, un peu de magie et du fantastique, mais aussi du rêve avec un Corto plus jeune, peut-être plus franc, plus pirate, en tout cas toujours prêt à se lancer dans l'aventure avec un grand A. Tous les ingrédients qui ont fait la réussite du personnage sont bel et bien présents dans ce troisième opus concocté par le duo infatigable que forment Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero, jamais à court d'idées et dont on peut réellement dire qu’ils se sont parfaitement appropriés le personnage de Corto Maltese sans jamais le dénaturer. Leur tandem fonctionne à merveille car ils font partie de ces auteurs qui travaillent vraiment ensemble, presque main dans la main, et non pas chacun isolé de son côté. Leur collaboration aboutit à la conception d’albums qui, du coup, réussissent à nous surprendre à chaque fois. Bravo !Coté illustration, Rubén s'est complètement approprié le personnage de Corto en adoptant une manière de le travailler qui respecte l’œuvre de Pratt tout en y apportant sa touche personnelle, son style si particulier: les personnages, les cases, les pages sont ainsi plus dynamiques, plus nerveuses, plus actuelles et, au final, cela fonctionne à merveille, du moins c’est ce que je ressens en lisant ce très bel album de Corto Maltese. Belles couleurs, travaillées à quatre mains avec sa fille Sasa, tout aussi respectueuses de l'univers de Corto Maltese !
Un must !
SDJuan
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SAMURAI LÉGENDES T6
- Par asbl-creabulles
- Le 04/11/2019
Tome 6: Reiko
Scénario : Jean-François DI GIORGIO
Dessin : Cristina MORMILE
Couleurs : Christian DENOULET
Dépot légal : Octobre 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-302-07756-0
Nombre de pages : 46
Archère hors pair capable de prouesses extraordinaires, Reiko est follement amoureuse de Tadamochi. L’arrivée prochaine de la fête du Setsubun qui célèbre le passage de l’hiver au printemps va lui donner l’occasion de rejoindre son petit ami. Prenant prétexte de se rendre à la fête, elle accepte, pour rassurer ses sœurs ainées Furiko et O-Kane, d’y aller accompagnée par leur ami Ota puisque leur voyage les oblige à traverser les rizières noires réputées dangereuses. À peine arrivée à destination, Reiko s’esquive discrètement pour rejoindre Tadamochi. Après une nuit de rêve durant laquelle les deux amoureux se donnent l’un à l’autre, au petit matin Reiko se réveille à côté d’un cadavre: Tadamochi est mort empoisonné et son corps est couvert de pustules. Reiko est très vite suspectée du meurtre du jeune homme et c’est grâce à l’aide de ses sœurs qu’elle échappe à une mort certaine. Qu’est-il arrivé à Tadamochi et comment nos trois Sœurs de l’Ombre vont-elles échapper à leurs poursuivants mais aussi à ce qui a tout l’air d’être une malédiction ?Mon avis: Jean-François Di Giorgio sait comment accrocher l’attention du lecteur. Si l’aventure commence dans la bonne humeur, la légèreté et les joies de la vie vécues par Reiko, la plus jeune des trois sœurs, la situation tourne vite au cauchemar tout au long d’un récit plutôt dynamique. Les ennuis arrivent alors en cascade, les secrets qui entourent les personnages s’écroulent l’un après l’autre et les révélations vont bon train, le surnaturel venant en plus corser l’histoire. Les dessins bien maîtrisés de Cristina Mormile servent parfaitement l’histoire, tour à tour drôles, sérieux, coquins, violents. L’ensemble dégage une belle énergie, notamment dans les superbes scènes de combat, et bénéficie d’un découpage et d’une mise en page efficaces ainsi que d’une très agréable mise en couleurs confiée aux soins de Bertrand Denoulet. Un récit toujours aussi dépaysant et plaisant à lire. Les fans de la série ont encore de beaux jours de lecture devant eux.
SDJuan