Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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CHAPLIN EN AMÉRIQUE
- Par asbl-creabulles
- Le 08/01/2020
Tome 1/3
Scénario : Laurent Sessik
Dessin : David François
Dépot légal : septembre 2019
Editeur : Rue de Sèvres
Nombre de pages : 72Il y a 130 ans, le 16 avril 1889, Charlie Chaplin naît dans le Sud Est de Londres, à Lambeth. L’homme, au parcours de vie incroyable – d’une enfance difficile à la gloire mondiale – est l’incarnation du rêve américain. L’artiste a, quant à lui, marqué des générations de par son humanisme et légué au monde des chefs-d’œuvre cinématographiques.
Les événements de commémoration pour fêter la naissance de la star du muet sont nombreux. Droit sorti des presses des Editions de Sèvres, nous vous présentons aujourd’hui, le premier volume d’un tryptique BD intitulé, Chaplin en Amérique !
A noter aussi, l’intéressante bd-biographie Charlie Chaplin parue chez Dupuis et qui inaugure la toute nouvelle série « Les Etoiles de l’’Histoire ».
Chaplin le conquérant : L’Amérique, l'Amérique, je veux l'avoir et je l'aurai !
Premier album d’un tryptique consacré à la vie romancée de Charles Spencer Chaplin aux Etats-Unis. Les auteurs, Laurent Sessik et David François, nous déroulent le film des événements marquants de Chaplin en Amérique depuis son débarquement en 1912 sur le Nouveau Monde en tant que jeune comédien britannique ambitieux de la troupe comique de Fred Karno jusqu’à 1918, année de création de "The Bond*" et de son mariage avec la très jeune Mildred Harris.
* film de propagande écrit et réalisé par Charles Spencer Chaplin à ses frais qui avait pour but de soutenir les obligations de guerre américaines Liberty Bonds durant la première Guerre mondiale
Au-delà du mythe !
Les auteurs nous livrent de l’artiste un portrait sans concession. Nous découvrons, au long d’un récit très mouvementé, un homme aux ambitions démesurées. Charles Spencer combine à la fois une soif incroyable de reconnaissance, une force de travail incroyable et une confiance ÉNORME en son succès. Le personnage doué est aussi très complexe. Il a ses côtés sombres. Il est souvent désagréable et arrogant. Il s’avère être aussi un homme à femmes (très jeunes) et est obsédé par son pénible passé. Habilement intégrés dans le récit, des flashs-back sur l’enfance de Chaplin nous apprennent notamment le destin tragique du père de Chaplin, lui-même acteur, alcoolique finissant misérablement sa vie comme un "charlot" sur les trottoirs de Londres.
Ce premier volume décrit avec brio l’ascension de la star Charlie Chaplin tout en nous faisant découvrir, l’ambivalence du personnage. A la lecture, de cet opus, ma vision, quasiment iconique, de l’acteur en ressort, je l’avoue, un peu bousculée !
Très bon travail scénaristique et de dialogues de la part du romancier Laurent Sessik à qui l’on devait déjà en BD les biographies romancées et réussies de Stefan Zweig et Modigliani.
Le dessin, la mise en scène et la colorisation de Chaplin ont été confiés à l’excellent David François (voir "Le Vendangeur de Paname" chroniqué par Créabulles). Pas de doute, après successivement Guillaume Sorrel et Fabrice Le Hénanff pour ses précédents ouvrages, Laurent Sessik s’entoure de dessinateurs très talentueux !
David François retrouve avec ce nouvel ouvrage, l’Amérique du début du 20e siècle, qu’il avait déjà si bien peinte dans son dyptique "Un homme de joie". D’un trait souple caractéristique, le dessinateur, en accord complet avec le récit, développe des mises en scène qui semblent libérées de toutes les contraintes formelles de la BD. La narration est très enlevée, aérienne même (voir planche ci-dessous). David varie les plans, la vitesse et les couleurs. Le plan large succède à la double page succédant elle-même à une pluie de vignettes. Et ainsi de suite.
La plus grosse difficulté que j’ai rencontrée dans cette chronique a été mon incapacité de relever le nombre de planches de la BD. David François a dessiné partout hors case et presque hors BD. C’est génial ! Bravo !Et comme toujours chez Rue de Sèvres, un beau format d’album et du papier épais à souhait pour magnifier les beaux Mickeys.
Michel
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LE SERPENT ET LA LANCE
- Par asbl-creabulles
- Le 07/01/2020
Tome 1: Ombre-Montagne
Scénario : HUB
Dessin : HUB
Storyboard : HUB et Emmanuel MICHALAK
Couleurs : LI
Dépot légal : novembre 2019
Editeur :
Collection: Terres et Légendes
ISBN : 978-2-7560-9903-3
Nombre de pages : 178Au cœur de la cité de Tenochtitlán, on ne plaisante pas avec les rumeurs d’enlèvement de jeunes filles. Lorsqu’une paysanne se présente devant le très respecté et puissant fonctionnaire Serpent pour signaler une disparition en menaçant d’en référer à l’empereur en personne, il sait ce qu’il doit faire: l’éliminer sur-le-champ. Et il faut agir vite car on a également découvert au-delà des enceintes de la cité des corps momifiés dont on a retiré les yeux et blanchi le visage. Pour étouffer la rumeur sur ces assassinats de jeunes filles et mener l’enquête aussi discrètement que possible, les autorités décident de confier l’affaire à Serpent, surnom qu’il doit à son corps sans bras. Mais les autorités ne sont pas les seules au courant. Le grand prêtre Cozatl s’interroge lui aussi sur ces meurtres très similaires aux rituels de sacrifice de sa confrérie. Il décide de retrouver son vieil ami, Œil-Lance pour enquêter sur l’affaire. Si ces trois-là se connaissent depuis bien longtemps, Serpent et Œil-Lance ne s’apprécient pas vraiment… Mon avis: Après s’être consacré des années durant à deux univers très différents mais tous deux très typés dans ses précédentes séries Okko et Aslak (Michalak au dessin), Hub nous entraîne cette fois dans le monde des Aztèques avant l’arrivée des Conquistadors, un monde qui atteindra un niveau de civilisation particulièrement avancé pour l’époque (13e - 16e siècles) mais un monde également marqué par une société très hiérarchisée en castes, par le poids de la religion et des prêtres (dont nous avons surtout retenu les sacrifices humains), par l’esclavage, etc. Hub aborde donc un univers particulièrement riche et foisonnant en inimitiés et rivalités en tous genres. La situation créée par ces assassinats va être le prétexte pour chacun de faire valoir ses droits, mettre en avant ses talents, ses capacités, son pouvoir et sa détermination. Avec ce premier tome, Hub met en place ses principaux personnages dans un nouvel univers bien maîtrisé et nous fait habilement voyager dans le temps pour mieux les replacer dans leur contexte respectif – sans nous faire perdre pied – et en maintenant une intrigue qui nous réserve (déjà) bien des surprises. L’histoire est prévue en trois volumes de plus de 150 pages chacun où présent et passé vont être étroitement liés. Un récit au scénario rigoureux à suivre de près, de très près même !Côté dessin, Hub nous régale de magnifiques illustrations (auxquelles a activement collaboré Emmanuel Michalak via le storyboard). Tout au long de ce gros volume, il a particulièrement soigné les décors et l’expression des personnages pour un beau rendu agréablement mis en couleurs par Li. Ajoutons un découpage plutôt dynamique et une grande variété de cadrages, d’angles et points de vue permettant une lecture agréable et très fluide. Une très belle surprise.
A noter : il existe une édition N&B éditée par Delcourt à ne pas rater.
SDJuan
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SPIROU à BERLIN (une aventure de.../ Le Spirou de...)
- Par asbl-creabulles
- Le 06/01/2020
Série: "Le Spirou de … " n°16
Scénario : Flix
Dessin: Flix
Couleurs : Marvin Clifford
Dépot légal : octobre 2019
Editeur :
ISBN : 979-10-34731-70-1
Nombre de pages : 124Le Spirou de …ou Spirou contrairement à Tintin, n’appartient à personne ou plutôt il appartient à l’éditeur Dupuis.
Un petit rappel :
Pour "nourrir le mythe" du groom Spirou né en 1938, l’éditeur Dupuis lançait en 2006 la série "Une aventure de Spirou et Fantasio par…" (qui sera par la suite renommée "Le Spirou de…"), dont le principe était (et est encore) de permettre à un auteur ou une équipe d'auteurs d'exprimer son/leur point de vue sur la série mère (*): "Il s’agit d’une collection d'albums spéciaux de la série de BD Spirou et Fantasio, avec laquelle ils n’interféreront pas, chaque tome étant un one shot confié à des auteurs différents".
(*) Aux dernières nouvelles, il semblerait que Dupuis ait pris la décision de suspendre provisoirement (?) la série principale (Note: déjà en arrêt depuis 3 ans) au profit de la série parallèle Super Groom, le duo de la série officielle Yoann et Vehlmann délaissant LE Spirou pour le super-héros dont les premières aventures ont fait l’objet d’un hors-série numéro 5.
Mais bref, revenons à nos moutons et à la série "Le Spirou de …" dans laquelle la mascotte Dupuis passe de main en main ! Pour l'instant, seize albums ont déjà vu le jour dans la collection ! Le dernier né, "Spirou à Berlin", a la particularité d’être un Spirou 100% made in Germany. En effet, il est entièrement dessiné et scénarisé par l’auteur berlinois Flix. Destiné initialement au marché allemand, à l’initiative des éditions Carlsen, ce hors-série est paru en 2018 en version originale (**). Il sort aujourd’hui en version française chez Dupuis et porte le numéro 16 de la collection. Pour rappel, 2019 est l’année commémorative de la chute du mur et il est à supposer que les éditions Dupuis veulent ainsi prendre part à l’évènement (et non mettre une pierre à l’édifice).
(*) A noter l’existence d’autres hors-séries non encore traduits, parus pour le marché néerlandophone (trois volumes des flamands Charel Cambré et Marc Legendre [Robbedoes Special] et un volume très intéressant du hollandais Hanco Kolk [Tulpen uit Istanboel]). Mais bon, seront-ils un jour traduits pour le marché francophone ?Un mot sur Flix
Il est l’auteur de la bande dessinée Glückskind (publiée tous les lundis dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung) et a été récompensé du prix Rudolph Dirks. Peu connu chez nous, il a néanmoins déjà publié en français chez Glénat, en 2017, "Les jolies filles" et participé à l’album collectif "Mickey All Stars" sorti cette année chez Disney/Glénat.
Le pitch de Spirou à Berlin
1989, le Comte de Champignac refusant de participer à un congrès sur la mycologie se déroulant à Berlin-Est, est enlevé. Spirou et son comparse Fantasio toujours à la recherche DU scoop, décident de le retrouver et se rendent clandestinement sur place, derrière le mur. Ils vont devoir affronter le cousin maléfique Zantafio et la terrifiante Stasi. Ils découvriront ainsi un détonnant et étonnant réseau de combattants de la liberté et … le mur tombera.
Spirou à Berlin est une aventure sympa dans laquelle les hommages à l’univers et aux différentes "périodes" de Spirou sont très nombreux. Je vous conseille d’aller zieuter la planche 4 qui se déroule dans le village de Champignac. Elle est particulièrement savoureuse et réussie.L’originalité de l’album réside principalement dans le traitement graphique de l’histoire et des personnages. Le découpage des cases est très dynamique, varié et colle particulièrement bien aux péripéties. Belle mise en scène et superbe mise en couleurs à épingler.
Les traits des personnages quant à eux se réduisent à une large collection d’émoticônes, ce qui peut surprendre mais n’est certainement pas dérangeant.
Le scénario est simple et fonctionne bien dans la première partie du récit qui est très agréable à lire. L’humour y est bien présent.
Le reste du récit est moins intéressant car assez convenu. Les rebondissements pêchent par manque de crédibilité et de consistance.
En résumé, il s’agit d’un album plaisant et d’un auteur dont le talent graphique est à découvrir.
Michel
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Jérôme k, Jérôme Bloche 27
- Par asbl-creabulles
- Le 16/12/2019
Tome 27: Contrefaçons
Scénario : Alain DODIER
Dessin: Alain DODIER
Couleurs : Cerise
Dépot légal : octobre 2019
Editeur :
ISBN : 979-10-34736-29-4
Nombre de pages : 70"Jérôme est invité chez Madame la baronne Barbier de Conches. À peine arrivé au château de celle-ci, la propriétaire lui montre la vidéo qu'elle a reçue la veille, montrant son fils Gaëtan ligoté aux mains d'un individu exigeant une rançon... Mais cette septuagénaire autoritaire est convaincue que c'est un coup monté et demande donc à Jérôme d'enquêter sur ce pseudo-enlèvement… "
La suite, je vous laisse la découvrir dans l’album "Contrefaçons": la 27e aventure de Jérôme K. Jérôme Bloche animée et scénarisée par Alain Dodier. Jérôme y exerce toujours à sa manière, maladroite mais efficace, vêtu des très symboliques imper "Colombo" et feutre "Bogart", la profession de détective privé.
Pour rappel, c’est en 1982, que les premières planches du lunaire et attachant détective paraissent dans le journal Spirou. Nous y découvrions, sur un scénario de Makyo et Serge Le Tendre, un jeune étudiant de l’école des détectives par correspondance, aux prises avec un tragique travail pratique: la filature de son propre professeur se terminant par l’assassinat de ce dernier par une énigmatique Ombre qui tue.
A noter qu’à la même époque son association avec Makyo - son voisin dunkerquois - donne naissance à la fantaisiste série "Gully".
Très vite, Dodier aura l’univers de Jérôme bien en main (c’est le sien) et son besoin d’écriture le poussera à devenir seul maître à bord de la série. Depuis, avec régularité, il nous propose les aventures et mésaventures du tendre "limier-amateur" au solex.
L’univers de cette série et l’humanité sincère qui s’en dégage m’a toujours séduit. Il représente pour moi, un "produit fraicheur" sur les vastes étals de la BD. Derrières les histoires que l’auteur nous conte, derrière le fait rocambolesque, il y a la description d’un contexte social. Il s’agit principalement du monde provincial ou de quartier. Un monde que Dodier semble bien connaître car il est inégalable dans ses descriptions d’épiceries du coin, de concierges et autres personnages savoureux.
"Contrefaçons", le cru 2019, se révèle excellent. L’auteur y mélange, à nouveau très habilement, tension et émotion, investigation et humour. Dans une intrigue bien ficelée, pleine d’humanité, Dodier nous offre des dialogues qui font mouche et le casting est parfait.
Graphiquement, c’est très beau, très efficace ! Son découpage régulier est hyper lisible et son trait précis et fin ; les décors et les personnages réalistes et parlants.
Un travail d’orfèvre !
Michel
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INVINCIBLE 25
- Par asbl-creabulles
- Le 13/12/2019
Tome 25: La fin de tout (Deuxième partie)
Scénario : Robert KIRKMAN
Dessin et encrage: Ryan OTTLEY et Cory WALKER
Couleurs : Nathan FAIRBAIRN
Dépot légal : octobre 2019
Editeur :
Collection: Contrebande
ISBN : 978-2-413-01544-4
Nombre de pages : 158Nolan Grayson plus connu sous l’alias Omni-Man et père de Mark Grayson, alias Invincible, est un extraterrestre viltrumite venu sur la planète Terre pour vérifier si son peuple pourrait y vivre comme sur Viltrum, le but étant de conquérir la Terre et de la coloniser. Mais au final, avec l’aide de son fils, il finira par défendre et protéger la Terre contre ses semblables déjà arrivés en nombre. A la tête de l’empire viltrumite, Thragg le "Grand Regent" n’a guère apprécié ce revirement jugé comme une trahison. Au terme de l’affrontement titanesque qui va alors les opposer, Omni-Man acceptera d’épargner Thragg mais ce dernier reviendra plus tard se venger et n’hésitera pas à tuer Omni-Man. Désormais, Mark Grayson, n’a plus qu’une idée en tête, mettre Thragg hors d’état de nuire, vengeant ainsi la mort de son père, et placer les Viltrumites sous ses ordres. Pour cet affrontement final, Invincible a prévu de compter sur ses amis terriens et d’autres races d’extraterrestres. Mais il n’imaginait pas que Rex, un robot allié occasionnel allait se retourner contre lui, persuadé qu’après avoir éliminé Thragg et les Viltrumites, Invincible s’en prendrait à lui et à tous ses confrères dans une sorte de réflexe d’auto-défense avant l’heure contre tous les robots.Mon avis: Et voilà, "Invincible" c’est fini ! Avec ce vingt-cinquième tome intitulé "La fin de tout (Seconde partie)" nous voici à la toute fin d’une série qui nous aura tenus en haleine des années durant – près de 15 pour être précis – et l’aventure s’achève comme elle a commencé, tambour battant. Dans ce dernier tome, Robert Kick nous donne l’occasion de revoir quasiment tous les personnages qui ont joué un rôle déterminant depuis le début de cette fabuleuse aventure. Un scénario bien construit qui revient sur divers événements du passé et clôture l’histoire avec un ultime et fantastique combat entre Mark Grayson et Thragg. Saluons cette série qui a tenu sur la longueur avec une qualité quasi équivalente tout au long de son existence. On retrouve pour cette fin de série le dessinateur créateur Ryan Ottley qui nous revient en force avec toujours autant de dynamisme, de réussite dans ses découpages et bien que le nombre de personnages soit impressionnant, on suit le récit sans aucune difficulté, sans confusion possible avec une mise en couleurs agréable, aux tons plus vifs dès que l’action démarre. Là aussi, la série n’a jamais faibli sur la durée, ce qui en soi est déjà un exploit à souligner. Ce dernier album s’achève par un sketchbook de 17 pages. Une série vivement conseillée.
SDJuan
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JENNY FINN
- Par asbl-creabulles
- Le 12/12/2019
One shot
Scénario : Mike MIGNOLA, Troy NIXEY
Dessin : Farel DALRYMPLE et Troy NIXEY
Couleurs : Dave STEWART
Dépot légal : Octobre 2019
Editeur :
Collection: Contrebande
ISBN : 978-2-413-00903-0
Nombre de pages : 94L’époque victorienne regorge de mystères et la cité de Londres participe largement de cette tendance. Tandis que les pêcheurs se lamentent sur les difficultés de leur métier, un assassin rôde dans les docks choisissant ses victimes, le plus souvent des femmes, au hasard. Et comme si cela ne suffisait pas, une étrange maladie est apparue qui affecte les gens dont le corps se couvre de tentacules et de coquillages. Joe, qui travaille depuis un bout de temps déjà dans ces quartiers réputés dangereux, a remarqué une jeune fille qui se promène seule. Elle se nomme Jenny Finn. Lorsqu’il s’efforce de la prévenir du danger qu’elle court, elle lui répond qu’elle n’a pas peur et qu’il devrait la laisser tranquille car elle n’est pas du tout ce qu’il croit et il devrait se méfier. En effet, l’homme qui sera accusé (puis exécuté) d’être l’éventreur semble en savoir beaucoup sur cette jeune fille qui serait née en mer et propage une malédiction sans nom. Mon avis: Cet album est la réédition en couleurs d’un album N&B paru en VF en 2009 chez Emmanuel Proust (compilant les comics US Jenny Finn #1-2 paru en VO en 1999 et Jenny Finn: Messiah en 2005). Tout commence lorsque Troy Nixey, admirateur du travail de Mignola, décide de lui envoyer quelques dessins en lui demandant de lui proposer un scénario à illustrer. A sa grande surprise Mignola répondra favorablement à sa demande en lui proposant cette histoire située dans le Londres victorien. Nixey a été associé au scénario de cette histoire dure, faite d’un habile mélange de fantastique et d’horreur, qui retient notre attention dès le début par ses multiples rebondissements inattendus comme seul un Mike Mignola pourrait en imaginer. Et malgré des faits horribles, grâce à son savoir-faire en la matière, le scénario joue sur les ambiances et arrive même parfois à être drôle. Si dès 1999, Mignola a illustré les couvertures, les dessins ont été réalisés par Troy Nixey et Farel Dalrymple (pour le dernier épisode) dans un style qui convient parfaitement à l'univers de Mignola: une ambiance surnaturelle, plutôt sombre voire inquiétante, un large éventail de personnages particulièrement typés et expressifs qui sortent tous de l'ordinaire, certains étant même attendrissants malgré l'horreur des situations, et toute une série de monstruosités typiques d’un récit fantastique et d'épouvante. Merci à Delcourt de nous proposer cet album en version couleurs et pas n'importe quelles couleurs puisqu’il s’agit de celles de l'habitué des histoires de Mignola: Dave Stewart, rien que ça (la version US ayant été republiée à partir de 2017).
SDJuan
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Et nos lendemains seront radieux
- Par asbl-creabulles
- Le 10/12/2019
Scénario : Hervé BOURHIS
Dessin : Hervé BOURHIS
Couleurs : Hervé BOURHIS
Dépot légal : Avril 2019
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 76Peut-on sauver la planète le temps d’un orage ?
En séjour au Fort de Brégançon (Bormes-les-Mimosas, Var), Françoise Métivier, présidente de la République française, vient de quitter le mini-sommet sur le climat auquel elle participait avec la chancelière allemande. Ravie des avancées sur les questions environnementales, la présidente entend préparer en toute quiétude, avec ses deux jeunes proches conseillers, Sylvain et Marion, un important communiqué sur le climat. Peut-être sera-t-elle réélue dans quelques mois ? Alors l’écologie politique c’est bien gentil, mais c’est 5% max, un point c’est tout !
Ses conseillers, qui se révèleront plus idéalistes, ne l’entendent pas de cette oreille et comptent bien mettre à profit l’isolement du lieu, pour convaincre la présidente d’engager de vraies réformes en faveur d’une écologie radicale. Un orage se prépare et on annonce la tempête du siècle autour du Fort. Les services de sécurité surveillent, tant bien que mal, les alentours. L’orage éclate, le générateur fait des siennes et le huis clos commence !
Devant les réticences de Françoise Métivier, les deux jeunes militants vont passer à la vitesse supérieure et passer au plan B: la prise d’otage.
"Et nos lendemains seront radieux" est le titre du percutant "petit livre vert" qu’Hervé Bourhis publie aux éditions Gallimard. Une BD politique dérangeante qui a pour thème l’écologie totale et le faible engagement vert de nos gouvernements.
J’ai trouvé cet ouvrage riche en suspense. Il bouscule et interpelle de façon intelligente et bien documentée le regard que chacun peut avoir sur la société de consommation actuelle.
Le dessin est simple, les décors minimalistes. L’utilisation des aplats de couleurs facilite la lecture des échanges et propos graves.
Les dialogues percutent, le texte est efficace et les propos justes: "Mais moi, je dois gouverner un peuple. Et le Français, quel que soit son bord, son âge ou sa confession, il veut une ou deux bagnoles, continuer à recevoir ses colis du bout du monde. Et des flics partout."
Hervé Bourhis à qui l’on doit, ne l’oublions pas, la poilante trilogie culte "Le Teckel", nous propose, avec "Et nos lendemains seront radieux", une BD politique passionnante et rythmée sur la thématique de l’urgence écologiste.
Michel
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DRACULA
- Par asbl-creabulles
- Le 03/12/2019
Scénario : Georges BESS
Dessin : Georges BESS
Couleurs : N&B
Adaptation de: Bram Stocker
Dépot légal : Octobre 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-344-00762-4
Nombre de pages : 200Londres en cette toute fin de 19e siècle. Cela fait des semaines que Mina attend et espère des nouvelles rassurantes de son fiancé, Jonathan Harker, qui travaille dans un cabinet notarial depuis que celui-ci est parti en Transylvanie rencontrer le comte Dracula, prince de Valachie, afin de régler ses acquisitions de propriétés à Londres. Sur place, Jonathan ne peut s’empêcher de repenser sans cesse à ce voyage effroyable et au sentiment de malaise qu’il a ressenti en arrivant dans la région puis en pénétrant dans le château de Dracula. Très vite il s’est rendu compte que son hôte était plus qu’étrange et qu’en fait il était SON prisonnier. Mais cela n’est rien par rapport à ce qui les attend lui et ses proches, la première victime étant Lucy, la meilleure amie de Mina. Mon avis: En lisant cet album, ce sont tous nos souvenirs de lecture mais aussi cinématographiques qui reviennent en mémoire tant le scénario écrit par Georges Bess est fidèle au roman de Bram Stoker. On est littéralemment plongé dans l'ambiance morbide et terrifiante du récit, et même suffocante parfois. Dracula est parfaitement représenté en tant qu'homme de pouvoir mais aussi en bête imprévisible et surtout implaccable. Et comme si cela ne suffisait pas, dès les premières pages, on est littéralement hypnotisé par ses superbes dessins en noir et blanc, je devrais dire "illustrations" vu la qualité et la beauté de l’album. Les cases sont rigoureusement pensées et construites et pourraient se passer de texte tant le dessin est éloquent. Sans oublier une mise en scène aboutie et un découpage on ne peut plus efficace ainsi que de multiples scènes époustouflantes de beauté, d’angoisse ou de terreur. Magnifique exemple du travail d’un grand artiste à ne rater sous aucun prétexte.
Ce très bel opus de 200 pages est vivement conseillé à tous les amateurs de N&B mais aussi aux sceptiques du genre qu’il devrait rapidement et facilement convaincre que l’on peut faire du très très beau en se passant de couleurs.
SDJuan