Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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MAUDIT SOIS-TU
- Par asbl-creabulles
- Le 04/11/2019
Tome 1/3 : Zaroff
Scénario : Philippe PELAEZ
Dessin : Carlos PUERTA
Couleurs : Carlos PUERTA
Dépot légal : septembre 2019
Editeur :
ISBN: 1-03-350978-7
Nombre de planches : 64Une chasse à l’homme a lieu dans les égouts de Londres. Une chasse organisée par le milliardaire russe Nicholas Zaroff, qui ne laisse aucune chance à ses futures victimes. Le cadavre que retrouvent les inspecteurs a été tué d’une flèche à plusieurs pointes dans la gorge qui a ensuite été violemment arrachée comme le confirme le médecin légiste. D’autres chasses sont d’ores et déjà prévues et cette fois dans un seul but : la vengeance. Les futures victimes ? Les descendants des quatre personnes – Richard Burton, Mary Shelley, Emily Brontë et Charles Darwin – qui, il y a plus de 150 ans, ont fait interner son aïeul, le Comte Piotr Vassili Zaroff, dans un asile de fous, ce qui a enclenché une malédiction sur tous ses descendants. Plus grave, ils seraient également mêlés de près à la mort du docteur Moreau. Aujourd’hui en 2019, Charles Moreau et Nicholas Zaroff sont déterminés à venger leurs aïeux et à reprendre le flambeau. Mon avis: Philippe Pelaez m'a beaucoup surpris avec ce premier album d'une trilogie qui s’annonce des plus sombres, mêlant roman, ciné et faits réels avec savoir-faire. Un récit bien rythmé au suspense palpitant et agrémenté d’une touche de fantastique qui le rend encore plus fascinant. Comme dans le film "Les chasses du comte Zaroff", les chasses à l'homme organisées par le descendant du comte, un riche et bel aristocrate russe raffiné, sont hors normes, cruelles et sans pitié. Cette alliance avec le descendant du docteur Moreau du 19e siècle ajoute encore à l'horreur du récit qui tourne autour d'une vengeance aussi implacable que démesurée, le tout dans une ambiance des plus suffocantes, parfaitement rendue par le dessinateur et illustrateur espagnol Carlos Puerta qui nous plonge d'entrée de jeu dans un univers oppressant, sombre et des plus angoissants. Ses pages, son découpage, sa maîtrise de la mise en scène dans un style très cinématographique, son habileté à restituer les expressions, tout nous immerge dans cette atmosphère de violence qui nous attend jusqu'à la dernière page de ce premier tome très prometteur. Puerta use d’un trait et de couleurs qui rendent l'album hyper réaliste, parfois proche de la photo, ce qui le rend encore un peu plus effrayant. Le premier tome se situe à notre époque en 2019, le second intitulé "Moreau" à paraître en 2020 se situera en 1848 et le troisième "Shelley" (prévu en 2021) se déroulera en 1816. Une très belle et originale adaptation de la courte nouvelle de Richard Connell intitulée "The most Dangerous Game" (1924) ayant servi de base au film sorti en 1932 sous le même nom (titre français "Les Chasses du Comte Zaroff").
SDJuan
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APRÈS L'ENFER
- Par asbl-creabulles
- Le 30/10/2019
Tome 1/2 : Le jardin d'Alice
Scénario : Damien MARIE
Dessin : Fabrice MEDDOUR
Couleurs : Fabrice MEDDOUR
Dépot légal : juin 2019
Editeur :Bamboo
Collection :
ISBN : 978-2-8189-6689-1
Nombre de pages : 54La guerre de sécession qui s’est achevée par la défaite des troupes confédérées a laissé un sud humilié, en ruines et dévasté après quatre années de pillages, massacres et viols qui ont été le lot quotidien de beaucoup d’habitants. Dorothy a ainsi vu sa mère se sacrifier et subir les pires sévices et atrocités pour qu’elle ait la vie sauve et la ferme familiale entièrement pillée. Aujourd’hui la voici décidée à se lancer avec son chien Toto sur les traces des bourreaux et assassins de sa mère pour obtenir vengeance et justice. Sa route va croiser celle d’une autre victime, la jeune Alice, qui s’est réfugiée dans un monde qu’elle s’est créé pour échapper à cette dure réalité, un monde qu’elle connaît bien puisqu’il s’agit de celui d’une autre Alice, le Pays des Merveilles. De leur côté, trois anciens soldats sudistes, Hunk, Zeke et Hickory, eux aussi traumatisés par cette guerre fratricide, se rendent compte qu’il ne reste plus rien chez eux. Ils décident de prendre la route vers l’ouest... ou ailleurs et pourquoi pas vers le trésor que le général Sherman, dit-on, aurait amassé. Le destin va tous les réunir mais à quelles fins?Mon avis: Damien Marie nous livre un scénario sans concession, dur, sombre et violent comme il se doit pour décrire les méfaits et atrocités perpétrés par les soi-disant vainqueurs d'une guerre fratricide. Et très habilement, il y inclut des allusions claires au Magicien d'Oz (dans lequel évolue une héroïne nommée Dorothy) ou à Alice au pays des Merveille, des références qui, sans aucun doute, soulignent le traumatisme psychologique et physique subi par ces deux jeunes filles à présent en quête de justice, chacune affrontant le drame à sa manière, par la violence ou par le silence, mais assurément animées par un besoin viscéral de vengeance. En charge de l'illustration, Fabrice Meddour fait très fort. Ses dessins à l’aquarelle sont superbes. Les émotions sont presque palpables, la tristesse, la rage, l'introversion, etc., mais les silences le sont tout autant, violents et parfaitement ressentis grâce aux expressions à fleur de peau magnifiquement restituées par Fabrice Meddour qui excelle en la matière. Les décors de la Louisiane ne sont pas en reste, tout l'album étant structuré en séquences colorées, tantôt dans les tons beiges ou ocrés/orangés, tantôt dans les tons verts ainsi que pour les flashes-back, ce qui rend la lecture fluide et bien compréhensible. La mise en page, le découpage, tout est bien calculé pour nous captiver de la première à la dernière case. Un très bon premier tome qui augure une suite et fin peu banale. A suivre de près donc.
SDJuan
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CHEZ ADOLF
- Par asbl-creabulles
- Le 29/10/2019
Chez Adolf - 1933 (1/4)
Scénario : Rodolphe
Dessin : Ramón Marcos
Couleurs : Dimitri Fogolin
Dépot légal : mai 2019
Editeur :
Nombre de pages : 54Chez Adolf? L’ADOLF? Titre volontairement très accrocheur et ce pour une nouvelle série qui se démarque de façon très intéressante de la production BD massive, consacrée au nazisme et à la Seconde Guerre mondiale.
Attention: Il ne s’agit certainement pas d’un simple ouvrage de plus sur le sujet !
Nous sommes le 30 janvier "1933" (premier opus de la série "Chez Adolf"). Hitler est devenu chancelier du Reich et dans l’immeuble un autre Adolf, tenancier du bar du rez-de-chaussée, change son enseigne pour devenir "Chez Adolf". Un double hommage certes, mais pour le moins opportuniste en ce qui concerne le nouvel élu: il est en effet bon pour les affaires de se montrer accueillant à l’arrivée du chancelier et du symbole d’ordre, de renouveau et d’espoir qu’il représente. Le professeur Karl Stieg habitant de l’immeuble, quant à lui, commence la rédaction de son journal: "Pourquoi ce jour-là ? Je n’en sais rien… était-ce le pressentiment qu’il allait se passer des choses nouvelles, importantes et que le monde alentour allait brusquement changer ?".
Mais ce n’est encore pour lui qu’un pressentiment … Tandis que tout un peuple adhère au parti nazi, Karl Stieg ne s’intéresse guère à la politique. Il a sa vie au collège et une liaison avec Rosa, sa voisine mariée.A travers la chronique de la vie quotidienne des locataires d’un immeuble, nous suivons l’inéluctable progression de la vague de haine, de fureur qui va bientôt tout bouleverser. Les portraits du chancelier fleurissent dans les vitrines des magasins, le "Heil" remplace rapidement les formules de salutation, les uniformes se multiplient en classe et dans la rue, la peur s’insinue dans les ménages, les internements d’opposants augmentent, la discipline se mue en supériorité ethnique…
Le professeur Karl Stieg, principal témoin et protagoniste d’une époque, est au départ un homme sans engagement, un homme passif. Un réaliste qui a ses doutes, ses hésitations, ses peurs et ses courages.
"Qu’on le veuille ou non, on se retrouvera embringué dans leur foutu système ! Alors je me disais que plutôt que d’y être forcé d’y participer, on aurait peut-être intérêt à y adhérer de notre propre gré." Et peut-être lutter de l’intérieur?
Cette BD nous interpelle en nous présentant les accommodements au quotidien et la passivité d’une population. Éducative, elle nous pousse au questionnement: Et nous, qu’aurions-nous fait, si nous avions été allemand? Ce n’est pas facile, à la relecture objective des événements, d’y répondre!
"La révolution nazie avait aboli l’ancienne séparation entre la vie politique et la vie privée, et il était impossible de la vivre comme un événement politique. Elle ne se produisait pas uniquement dans le domaine politique, mais tout autant dans la vie de chaque individu; elle agissait comme un gaz toxique qui traverse les murs. Si on voulait échapper à ses émanations, la seule solution était l’éloignement physique. L’exil. L’adieu au pays auquel on était attaché par la naissance, la langue l’éducation, l’adieu à tous les liens de la patrie" - extrait d’"Histoire d’un allemand – Souvenirs 1914-1933" de Sebastian Haffner (Actes Sud).Le premier volume de la série Chez Adolf s’intitule simplement 1933 et couvre l’investiture du chancelier Adolf Hitler, l’incendie du Reichstag, le vote des pleins pouvoirs à Hitler, le boycott des commerçants, médecins et avocats juifs, le début du limogeage des fonctionnaires non aryens et se termine par la mise en place d’un autodafé de tous les livres anti-esprit allemand dans l’établissement où travaille le "tiède" professeur Karl Stieg. "Chez Adolf", prévu en 4 volumes, nous emmènera ensuite en 1939, 1943 et 1945.
Mon avis: J’ai trouvé le scénario que nous a concocté Rodolphe intelligemment bien construit et documenté. C’est très subtil, dosé et découpé de main de maître. Il entraîne irrévocablement le lecteur au fil des pages dans le quotidien de civils allemands. Il nous met en situation, nous fait sentir les événements, observer l’évolution des idées et sentiments d’humains embourbés dans une vague de haine et de peur. C’est également très bien écrit: c’est fluide, clair et la plume est belle.
Au dessin, Ramón Marcos sert très bien le récit en nous offrant un dessin de facture classique et réaliste. Son trait est simple mais expressif. Il nous propose une belle palette d’expressions de visage: bonhommie de "braves gens", surprise, peur, colère et joie. Les décors, les immeubles et les actions sont parfaitement illustrés. Quant à la mise en couleurs de Dimitri Fogolin, elle apporte incontestablement la touche années 30 indispensable à la crédibilité de l’histoire.
DMichel
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CHRONIQUES D'UNDER YORK (Les)
- Par asbl-creabulles
- Le 28/10/2019
Tome 1/3 : La malédiction
Scénario : Sylvain RUNBERG
Dessin : Mirka ANDOLFO
Encrage : Carmelo ZAGARIA (Arancia Studio)
Couleurs : Piky HAMILTON(Arancia Studio)
Dépot légal : Mars 2019
Editeur :
Collection: Log-In La collection Young Adult
ISBN : 978-2-344-03229-9
Nombre de pages : 80New York, de nos jours. Travaillant la journée dans un "food-truck", Alison Walker, également jeune artiste encore méconnue de 19 ans, vient de recevoir une réponse positive de la prestigieuse Galerie First Look à New York pour y exposer ses peintures, savant mélange de deux univers, l’un réaliste et l’autre tout à fait métaphorique. Le vernissage de son exposition se déroule à merveille, les visiteurs saluent son talent et elle aura même la surprise de recevoir la visite du candidat démocrate à la mairie de New York: Aaron Stenford! Mais les choses vont subitement déraper lorsqu’un sortilège dont elle ignore encore l’origine transforme l’exposition en cauchemar sanglant. Les personnages de ses toiles ont pris vie sous la forme de créatures infernales qui s’attaquent aux invités du vernissage. Alison qui est aussi une jeune sorcière ne parvient pas à s’opposer au sortilège et son passé semble bien lui revenir en plein visage. Elle qui a une réelle phobie des sous-sols va devoir affronter l’autre réalité, celle de l’Under York.Mon avis: Voici un album de Sylvain Runberg dont le thème – un subtil mélange de suspense, magie et sorcellerie – lui tient à cœur. Ce premier tome s’annonce prometteur avec une mise en place agrémentée de nombreux rebondissements et mettant en scène de nombreux personnages charismatiques qui brouillent savamment les pistes. Mais le cap est donné pour nous tenir en haleine: un monde parallèle existe sous la forme d’une ville sous la ville, Under York sous New York, centre névralgique de familles de sorciers représentant tous les courants de la sorcellerie (vaudou africain, irlandais, chinois, mexicain et amérindien) et les pratiques dangereuses qu’ils impliquent.Le tout est très bien rendu en images par Mirko Andolfo qui maîtrise parfaitement cet univers ayant longtemps, malgré son jeune âge, travaillé pour le comics US. L’album bénéficie d’une mise en page et d’un découpage dynamiques qui servent parfaitement le récit. Un encrage de Carmelo Zagaria très réussi et des couleurs de Pika Hamilton donnant de la vie, du volume à l'ensemble. Les personnages sont bien reconnaissables et expressifs. Le tout est fluide, vivant et intense. Pour en savoir davantage sur le pourquoi et le comment de cette mini-série (prévue en trois tomes), rendez-vous en fin d’album pour y découvrir une très intéressante interview des deux auteurs.
SDJuan
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PURPLE HEART 1
- Par asbl-creabulles
- Le 18/10/2019
Tome 1 : Le sauveur
Scénario : Warnauts et Raives
Dessin : Warnauts et Raives
Couleurs : Raives
Dépot légal : Septembre 2019
Editeur :
Nombre de planches : 56Josuah est un ancien soldat US ayant combattu à la célèbre "Bataille des Ardennes". Il en est revenu vivant mais pas son ami Mike… Il avait pourtant promis à la femme de ce dernier de veiller sur lui. Pour sa bravoure lors de cette bataille, il a reçu la Purple Heart Medal.
De retour à New York après la seconde guerre mondiale, Josuah travaille pour un cabinet d’avocat. Son patron lui parle d’une affaire louche. En effet, un gros client, Ronald Layton, vient de recevoir une bobine de film illustrant sa jeune épouse en plein ébat… avec un autre homme! Le chantage est simple: 25.000 dollars contre la copie originale.La mission de Josuah est simple: retrouver et mettre hors d’état de nuire les maîtres chanteurs et les mettre hors d’état de nuire. Pour ce faire, il va de suite rendre visite à la jeune et jolie madame Layton…
Un soir, en rentrant du boulot, Josuah rend visite à Aron Seligmann, un juif ayant fui l’Europe et Hitler. Ce dernier est responsable d’une boutique d’art en plein cœur de Big Apple. En arrivant, il trouve son ami en mauvaise posture: 2 Allemands, armés et peu enclins à se laisser mettre dehors. Les deux gusses recherchent 3 tableaux mais une jeune femme est venue les emporter le matin même… A vous de lire la suite !Mon avis: Excellent début pour cette nouvelle série ! Bravo aux messieurs Warnaut et Raives pour le dessin à quatre mains. J’ai adoré l’ambiance de ce livre et j’attends la suite avec impatience !
MJordan
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CONAN LE CIMMERIEN 7
- Par asbl-creabulles
- Le 17/10/2019
Tome 7 : Les Clous Rouges
Scénario : Régis Hautière
Dessin : Didier Cassegrain
Couleurs : Didier Cassegrain
Adaptation de: Robert E. Howard
Cahier explicatif de: : Patrice Louinet
Dépot légal : Septembre 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-344-00762-4
Nombre de pages : 54Guerrière expérimentée de la fraternité Rouge, Valéria est en fuite, pourchassée par les hommes de Zarallo, car elle vient de tuer l’un d’entre eux. Lancé à sa poursuite, c'est en pleine région forestière du Darfar que le mercenaire Conan retrouve sa trace… sauf que Valéria l’a déjà repéré et le menace de son épée. Finalement, Conan n’aura plus vraiment envie de ramener la belle guerrière à Zarallo, d’autant qu’il n’est pas insensible à ses charmes. C’est à ce moment qu’ils surprennent un énorme dragon en train de dévorer un de leurs chevaux. Sachant qu’il a également senti leur odeur, Conan et Valéria courent se réfugier sur des rochers en hauteur d’où Valéria aperçoit une cité en pierre dans la direction du sud. Mais le dragon est du genre à s’acharner sur ses proies. Pour Conan, la seule issue est de le tuer. Ayant repéré un arbre dont les fruits, des pommes de Derketa, contiennent un suc très toxique, il en enduit son poignard et va ainsi réussir à blesser et affaiblir le dragon avant de l’achever d’un coup d’épée. Poursuivant alors leur route ensemble vers la cité, Conan et Valéria se retrouvent devant cette étrange et gigantesque forteresse, Xuchotl. À l’intérieur, ils découvrent une cité vide de tout occupant. Restée seule pour se reposer, Valéria aperçoit soudain un homme menacé par un être de feu au crâne ardent prêt à le pourfendre. Aussitôt, elle bondit pour le sauver. Attiré par le bruit, Conan arrive à temps pour trucider d’autres agresseurs. L’homme que Valéria a sauvé se nomme Techotl et les conduit vers la partie de la cité qu’il appelle "château de Tecuhltli". Il leur raconte l'histoire du roi maudit des sanguinaires Xotalancas et leur dévoile d’autres secrets de la cité en insistant sur les dangers qui les menacent. Le trio traverse plusieurs pièces meublées et habitées et débouche enfin dans une vaste salle où trône le prince Omec.Mon avis: Ce tome 7 adapte l’une des plus célèbres nouvelles de Robert Erwin Howard, "Les Clous Rouges" parue en 1935. En BD, l'adaptation la plus connue est celle de Roy Thomas et Barry Windsor Smith pour le comics américain. J'étais donc très curieux de découvrir cette nouvelle adaptation dans la belle collection que Glénat consacre au cimmérien. Et le résultat est bien à la hauteur de mes espérances. Graphiquement parlant, le dessin de Didier Cassegrain, qui reste fidèle à lui-même, est reconnaissable entre tous. Et on peut dire qu’il a relevé le défi haut la main: un trait léger, une mise en couleurs directes tout à fait superbe, auxquels il faut ajouter un story-board efficace et un découpage clair et énergique d'Olivier Vatine.
Résultat: un album particulièrement dynamique et ayant de l'énergie à revendre, agrémenté d’immenses espaces, et de scènes de combat violentes comme il se doit pour un tel personnage, mais aussi de passages à l’ambiance plus paisible, le tout simplement mais habilement rendu possible par l’alternance des couleurs à dominante froide puis chaude jusqu’au rouge éclatant ou foncé, surtout pour la seconde partie. Adaptant la nouvelle d’Howard, Régis Hautière nous offre un beau scénario d’aventure agrémenté de multiples événements qui rendent le récit vivant et mettant les deux héros au centre de l’histoire.Un très bon moment de lecture qui s’achève sur un cahier bonus de 12 pages incluant l'explicatif de cette célèbre nouvelle par le spécialiste du genre, Patrice Louinet, mais aussi une galerie d'hommages de plusieurs auteurs: Viktor Kalvachev, Benoît Springer, Jérôme Lereculey, Olivier Vatine, Mohamed Aouamri et The Black Frog. Une édition luxe noir et blanc grand format est également prévue pour ce tome 7.
SDJuan
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JEREMIAH 37
- Par asbl-creabulles
- Le 16/10/2019
Tome 37 : LaBête
Scénario : HERMANN
Dessin : HERMANN
Couleurs : HERMANN
Dépot légal : Septembre 2019
Editeur :
ISBN : 979-1-03-473713-0
Nombre de planches : 45Jeremiah et Kurdy débarquent dans un petit bled paumé. Ils élisent leur quartier général dans un bar: le Lol’s Paradise. C’est le genre d’endroit où l’adage est plutôt Sex, Dance and Alcohol.
Dans Jeremiah il faut toujours un problème. Le tome 37 ne déroge pas à la règle. En effet, deux flics rentrent dans le bar. Une fille, qui porte le doux nom de Virna, s’approche alors de notre héros. Jeremiah comprend alors qu’elle fuit quelque chose. De fait, elle entraîne ce dernier dans l’arrière-boutique. C’est alors que deux coups de fusil retentissent…Mais où est Kurdy ?Ne sachant pas où aller et la gonzesse étant jolie, Jeremiah décide d’aller crécher chez elle. L’increvable et immortel Kurdy les retrouve sur le chemin !
Une fois sur place, la tension est palpable. En effet, sur ces terres où les brebis sont reines, une bête voudrait y faire sa loi… La suite dans l’album 38 de Jeremiah !
Mon avis : Toujours aussi fan du travail du Sieur Hermann ! L’album est plaisant, facile à lire et absolument pas prise de tête. Ce n’est peut-être pas le meilleur mais Hermann s’est vraiment fait plaisir sur cet album (dans les dessins des personnages par exemple). Après 37 tomes, tout n’est pas fini puisque le tome 38 est déjà en route !
MJordan
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FOUCAULD
- Par asbl-creabulles
- Le 14/10/2019
One shot : Une tentation dans le désert
Scénariste: Jean DUFAUX
Dessinateur: Martin JAMAR
Coloriste: Martin JAMAR
Editeur:
Dépot légal: Septembre 2019
ISBN : 978-2-505-06954-6
Nombre de planches: 57Jusqu’à présent, Charles-Eugène de Foucauld de Pontbriand, vicomte de Foucault, n’a fait que donner l’image d’un homme aimant la vie et profitant de ses plaisirs, celle d’un noceur menant une vie dissipée voire dissolue et n’hésitant pas à dilapider la fortune familiale. C’est lors d'une fête organisée dans son château de Pont-à-Mousson que tout va basculer et qu’il va se rendre compte que cette vie ne le mène nulle part. Alors que Pétain, jeune officier âgé de 24 ans, lui réclame avec insistance du Dom Pérignon, Charles rejoint Joséphine Gillain, sa compagne du moment, pour s’entretenir avec elle d’une question importante. Il lui annonce vouloir mettre fin à leur relation car il redoute que ses côtés négatifs déteignent sur elle. Et comme pour concrétiser sa décision, laissant Joséphine totalement dépitée, il sort rejoindre le personnel du château pour aider le régisseur au bon déroulement de la fête.
30 ans plus tard, en 1916, en Algérie où se trouve l’armée française, Foucault, alors plus connu comme "le marabout", est mordu par une vipère à cornes à Tamanrasset, en plein désert. Il est sauvé in extremis par des berbères touaregs, les Senoussis, ayant à leur tête Kaocen de la tribu nomade des Ikaskazen, qui a combattu les Français au Ouaddaï. Kaocen n’aime pas trop les Français, et il l’est encore moins par le commandant Serizy du Fort-Motylinski qui veut à tout prix sa tête. Pourtant Koacen tient à remettre "le marabout" sur pied et le laisser repartir vers la lumière du désert comme le dit si bien Foucault, vers son fortin près de Tamanrasset pour y accueillir les Algériens qui le souhaitent. Mais d’autres dans la région n’apprécient guère l’attitude de Koacen, à commencer par Ebbah ag Ghebelli. Une fois de plus, Foucault frôlera la mort lorsque Ghebelli envoie un homme le tuer en plein désert. Mais ce dernier l’épargnera car Foucault a protégé et sauvé sa sœur des soldats français et il le ramènera même jusqu’au fort. Foucault arrivera-t-il à éclairer par sa lumière tous ces cœurs noircis par le besoin de vengeance et de guerre ?Mon avis: Jean Dufaux a de nouveau délaissé son registre habituel le temps d’un album. En fait, "Foucauld - Une tentation dans le désert" a été pensé dans le même esprit que le one shot paru en octobre 2016 "Vincent - Un Saint au temps des Mousquetaires". C’est donc le fruit d’une nouvelle collaboration entre Jean Dufaux et Martin Jamar même s’il ne s’agit pas vraiment d’une série en dépit d’une présentation quasi identique. Avec ce nouvel album, Dufaux nous présente non pas un récit biographique complet mais des moments-clés de la vie de Charles de Foucauld. Grâce à un scénario découpé en séquences, il nous donne l’occasion de découvrir qui était cet homme, sa personnalité, son évolution, comment le jeune militaire menant une vie dépravée va soudainement prendre une nouvelle voie, devenir le marabout de Tamanrasset, l’ami des peuples touaregs du désert, une sorte de militant de la paix, un écrivain et un prêtre au service de dieu cherchant à rassembler et unir les gens autour d’un dieu unique et miséricordieux et finissant sa vie en ermite. Dufaux mêle habilement réalité et fiction au fil d’un récit passionnant qui s’attarde davantage sur la fin de la vie de Foucauld, quand celui-ci a cherché, en vain, à rapprocher catholiques et musulmans, sujet très actuel quand on sait que Foucauld né en 1858 a vécu jusqu’en 1916, date de son assassinat. Ordonné prêtre en 1901, il s’était installé dans le Sahara algérien vivant au milieu des Berbères Touaregs et s’efforçant d’étudier leur culture. Considéré comme un martyr, il sera béatifié, d’abord déclaré vénérable par Jean-Paul II en 2001 puis bienheureux par Benoît XVI en 2005. Côté dessin, on retrouve avec plaisir les magnifiques illustrations de Martin Jamar, un dessin soigné quels que soient le lieu, l’époque ou les circonstances, des visages expressifs, le tout bénéficiant d’une mise en couleurs directes très réussie, donnant du volume, de la profondeur, avec des flashbacks bien rendus en N&B pour bien différencier les événements. Le visage doux, apaisé et avenant de Foucault qu’il nous présente a certainement aidé l’homme devenu marabout à s’attirer la sympathie des autochtones et rendre la mission qu’il s’était fixée plus facile à mettre en œuvre dans la paix et la miséricorde. Difficile de dire qui est au service de qui tant le scénario et le dessin se complètent et se servent pleinement. Un one shot qui donne envie d’en savoir davantage sur ce grand personnage de la chrétienté.
SDJuan