Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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L'EXILÉ
- Par asbl-creabulles
- Le 17/07/2020
Scénario : Erik KRIEK
Dessin : Erik KRIEK
Couleurs : Erik KRIEK
Dépot légal : juin 2020
Editeur : Anspach
ISBN : 978-2-9602104-8-4
Nombre de pages : 190Seconde moitié du 10e siècle en Islande, à la limite du cercle polaire. Depuis quelque temps déjà, Solveig exploite seule ses terres avec son second fils, Ottar, et un serf nommé Cormac. Elle a perdu son mari tué par un ours et Hellstein, son beau-fils, a été condamné à sept ans d’exil par l’Althing, autrement dit le Parlement viking, pour avoir commis l'irréparable, un viol et l’assassinat de son meilleur ami, Hrafn. Alors que tout le monde le croit mort, en réalité Hellstein est devenu un guerrier mercenaire pendant son exil. Et aujourd’hui, le voici de retour sur les terres familiales. Un retour qui inquiète Einar, le frère de Hrafn, car il caresse des projets ambitieux. En effet depuis un certain temps, Einar courtise Solveig pour qu’elle l’épouse en prétextant qu’il est dangereux pour une femme de vivre seule. En fait, il ne vise que ses propriétés dans le but d’élargir son propre domaine forestier. Il a déjà soudoyé les propres frères de Solveig pour lui dérober du bois de qualité si précieux dans ces régions. Mais c'était sans compter avec le retour d’Hellstein revenu accompagné de deux compagnons d'armes. De plus, Hellstein pourrait bien récupérer ses droits d'héritier du domaine lors d’une session de l’Althing et ainsi compromettre les plans d’un Einar rongé par le désir de venger son frère.
Mon avis: Voici une BD originale tant dans sa forme que dans son contenu. Un album au format réduit avec dos toilé dans le style roman graphique, initialement publié en version néerlandaise en mai 2019 sous le titre De Balling chez Scratch et proposé aujourd’hui dans sa traduction française par les Éditions Anspach. L’auteur hollandais Erik Kriek nous propose une histoire très dépaysante faite de rivalités, de vengeance, de manipulations et de trahisons dans une région dure, froide et hostile. Mais il y est aussi question de famille, d’honneur, de fraternité et d’amitié entre guerriers. Racontée de manière très réaliste, cette fiction, même si l’un ou l’autre personnage a bien existé, est captivante, voire même attachante, incitant malgré la dureté du récit à une certaine empathie pour quelques-uns d’entre eux. L’auteur nous tient en haleine tout au long d’un récit dynamique, bien dosé en rebondissements et clairement documenté.La partie illustration est une belle réussite. Avec des pages en tri, voire quadrichromie, l’ambiance est parfaitement restituée et très bien ressentie à la lecture. La mise en page ainsi que les cadrages font mouche et servent de manière très efficace le déroulement du récit. En page de garde, on apprécie de trouver les personnages dessinés avec leurs noms, ce qui s’avèrera très utile ensuite. Et en fin d’album, un lexique très complet et les sources utilisées pour tous ceux que le sujet intéresse et qui désirent aller plus loin dans la découverte de la région, de ses guerriers hors du commun ou tout simplement de ses habitants. Un bel ouvrage à découvrir sans modération.
SDJuan
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GHOST KID
- Par asbl-creabulles
- Le 16/07/2020
Scénario : Tiburce OGER
Dessin : Tiburce OGER
Couleurs : N&B
Dépot légal : juin 2020
Editeur : Bamboo
Collection :
ISBN : 978-2-8189-7780-4
Nombre de planches : 78Avril 1896. Venu de l’état voisin du Montana, Ambrosius Morgan exerce le métier de cow-boy, autrement dit gardien de troupeaux de bovins. Il passe plusieurs mois, seul, à surveiller du bétail dans un ranch isolé du Dakota du Nord. Aujourd’hui, c’est le jour de la relève. Il est remplacé par un certain McDougall qui, en arrivant, lui remet la lettre d’une femme nommée Anna que Morgan a connue il y a bien des années. Il apprend que de leur liaison est née une fille, Liza, âgée de 22 ans. Quant à Anna, veuve depuis que l’homme qu’elle a ensuite épousé a succombé à une forte fièvre, elle élève seule leurs autres filles. Surtout, elle est très inquiète car Liza, sa fille aînée, a disparu en Arizona depuis deux mois en compagnie de son époux près du Rio Gila alors que le couple projetait de partir s’installer en Californie à San Diego pour y ouvrir un commerce. Après être passé récupérer sa paye, Ambrosius selle son cheval et décide aussitôt de partir à sa recherche. Sur la route, il se sent comme suivi et observé par un tout jeune amérindien, ce qui n’empêchera pas des voleurs de lui dérober sa monture. Surtout, il se rend compte que sa vue a sérieusement diminué et pense que ce jeune indien arrive à point nommé pour lui servir de guide. Mais existe-t-il vraiment ? Et, lui, va-t-il pouvoir retrouver sa fille dans une région où les conflits entre Américains, Mexicains et Indiens font rage ?Mon avis: Après un début classique, ce western prend une voie des plus originales et installe une intrigue intéressante. On se passionne pour cet homme parti à la recherche de sa fille – dont il ignorait jusqu’alors l’existence – disparue depuis deux mois dans une région aussi vaste, sur une route semée d'embûches et de dangers en tous genres comme a pu l’être l'Ouest américain pour n’importe quel voyageur à l'époque. De plus, ce vieux cow-boy souffre d’une perte de la vue qui le rend presque aveugle. Mais il est littéralement porté par l’espoir et sans doute aussi par le destin qui va lui donner comme guide un gamin amérindien qu’il pense être le seul à voir. Un récit qui sort vraiment de l’ordinaire à découvrir de toute urgence. Côté dessin, Bamboo nous régale d’une superbe version noir et blanc grand format (avant la version couleurs prévue en août). C'est une très bonne idée car cela permet de se rendre compte du talent de dessinateur qu’est aussi Tiburce Oger. Son trait est largement mis en valeur dans cette édition spéciale. Une très belle mise en pages, des décors soignés et fourmillant de détails, des personnages de toutes origines hauts en couleurs, des paysages de grandes plaines tout à fait grandioses, des chevaux dessinés dans différentes positions… bref un dessin dynamique et expressif que l’on peut aussi apprécier sur plusieurs pleines pages. Dans le même style, Tiburce Oger nous a déjà offert "La piste des Ombres" (trois tomes parus chez Casterman en 2000-2002) et "Buffalo Runner" (un one-shot publié chez Rue de Sèvres en 2015).
Cette édition de luxe N&B a été tirée à 2000 exemplaires (numérotés sur l’illustration incluse au début de l’album) et est enrichie d’un cahier graphique de 6 pages en fin d’album.
SDJuan
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LE CONVOYEUR
- Par asbl-creabulles
- Le 13/07/2020
Tome 1 - Nymphe
Scénario : Tristan ROULOT
Dessin : Dimitri ARMAND
Couleurs : Dimitri ARMAND
Dépot légal : Mai 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-8036-7575-3
Nombre de planches : 54Un virus venu d’on ne sait où a dévasté la Terre en s’attaquant au fer. Tout ce qui en contenait a commencé à rouiller au point de faire s’écrouler et de détruire un nombre incalculable d’infrastructures. Très vite toutes les villes puis les campagnes se sont retrouvées en proie au désordre, aux pillages et à l’anarchie. Mais le virus a également frappé là où on l’attendait le moins : le fer contenu dans le sang des humains. Les uns ont survécu, d’autres non. Si la plupart sont morts, beaucoup ont subi des mutations. Certains de ces mutants sont devenus des monstres et/ou des assassins comme celui qu’on appelle "Cendre" qui a pris la tête d’une bande de crapules. Chacun se protège comme il peut. Beaucoup se regroupent dans des enclos, sortes de petites forteresses construites en bois. Dans cet univers quasi apocalyptique, le "Convoyeur" a la particularité de rapporter tout ce qu’on lui demande. En échange, il exige de ceux qui lui ont passé une commande de manger un œuf étrange, une fois la mission accomplie. Mais un jour, le Convoyeur semble avoir échoué dans la mission que "Cendre" lui a confiée. Ce dernier lui impose alors une nouvelle mission que l’on peut qualifier de suicidaire : rapporter la tête du fils du Duc d’Arcasso. Le convoyeur, fidèle à sa réputation, va devoir s’expliquer. Cendre et ses hommes pourraient bien comprendre leur erreur.Mon avis: Faisant preuve d’éclectisme dans ses récits (jeunesse avec Mikido, humour avec Goblin’s, aventure/thriller avec Hedge Fund, Irons, Le Testament du Capitaine Crown, histoire avec Rhum Héritage illustré par Mateo Guerrero [voir l’expo Mateo Guerrero sur notre site]), mais avec une prédilection marquée pour le fantastique et l’anticipation (Arale, Brögunn, Crypto monnaie, etc.), Tristan Roulot nous propose aujourd’hui Le Convoyeur dans le genre thriller d’anticipation/fantastique qu’il semble affectionner. Coïncidence ou pas et, surtout, qui fait froid dans le dos avec ce que la pandémie de Covid-19 nous (a) fait vivre, un virus s'attaquant au fer sous toutes ses formes a fini par tuer et/ou transformer les humains. Les survivants, du moins ce qu'il en reste, ont été forcés de se défendre contre les mutants qui ont développé des pouvoirs meurtriers mais aussi contre d'étranges créatures sanguinaires rôdant un peu partout. Roulot nous lance dans un récit post-apocalyptique rondement mené, largement fait de peur et d’angoisse. A ce stade, le scénario ménage le suspense et même le mystère sur beaucoup de points et de personnages et nous laisse donc impatients de lire la suite.Au dessin et à la couleur, Dimitri Armand, qui nous a offert deux westerns splendides, Sykes en 2015 et Texas Jack en 2018 sur des scénarios de Pierre Dubois, n'a pas vraiment quitté le style puisqu’on retrouve clairement dans cet album un goût de western mais dans le genre futuriste cette fois. Les personnages sont impressionnants et expressifs, les cadrages saisissants et la mise en page au service d'un récit violent et sans concession qui ravira tous les amateurs du genre.
SDJuan
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L'HOMME QUI TUA CHRIS KYLE
- Par asbl-creabulles
- Le 10/07/2020
Scénario : Fabien NURY
Dessin : BRÜNO
Couleurs : Laurence CROIX
Dépot légal : Avril 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-205-08467-2
Nombre de planches : 160Chris Kyle est rentré auprès des siens aux États-Unis après ses faits d’arme en Irak où, en tant que tireur d’élite, il a officiellement – c’est-à-dire confirmé par des témoins – abattu 160 personnes, des "cibles" en langage militaire. Considéré comme un héros de guerre, il a reçu les plus hautes distinctions pour cette action. Lui-même déclare en avoir abattu 95 de plus, ce qui ferait un total de 255 morts sous ses balles durant ses diverses missions étalées sur trois années sur le terrain. Son retour et, surtout, sa réinsertion dans la vie civile vont s’avérer délicats. Ainsi, chez lui au Texas, il vit très mal l’action des pilleurs lors du passage de l’ouragan Katrina sur la Nouvelle-Orléans en 2005 et c’est seul qu’il décide de se charger de les éliminer. Au total, il aurait fait une trentaine de victimes en comptant les deux voleurs surpris en 2010 en train de dérober son véhicule. Le héros qu’il est ne sera jamais inquiété pour ces gestes. Il finit par créer une compagnie de sécurité, Craft International, avec une tête de mort pour logo et un slogan prônant la violence. Il écrit son autobiographie (parue en 2012) qui rencontre un vif succès et qui fera en 2014 l’objet d’une adaptation cinématographique réalisée par Clint Eastwood. Mais ce vétéran pourtant si célébré se fera assassiner par l’un de ces militaires victimes de troubles du stress post-traumatique qui n’ont pas réussi à remonter la pente pour se réintégrer dans la société et qu’il s’efforçait d’aider avec son ami Chad.Mon avis: Contrairement au best-seller "American Sniper" et au film éponyme de Clint Eastwood, l’album de 160 pages (nombre équivalant aux 160 cibles officiellement abattues par Chris Kyle) de Fabien Nury et Brüno est conçu comme un documentaire énumérant les faits, reprenant les paroles authentiques prononcées lors d’interviews, etc., sans porter de jugement. On découvre le personnage de Chris Kyle à l’état brut, un fervent partisan des armes, persuadé que la violence résout les problèmes. Également par le biais de sa compagnie de sécurité ou de l’armée et, ensuite, grâce à son épouse qui entretiendra sa légende en écrivant d’autres livres mettant une nouvelle fois les armes au premier plan. Sous forme de roman graphique très documenté, ce portrait raconte de manière la plus objective possible le rapport de l’Amérique blanche avec l’armée, les armes et la violence, sans concession donc et sans fiction. Tout est bien réel et parfois très effrayant. On y trouve notamment l’évocation de cette fausse bagarre à des fins publicitaires avec le catcheur devenu gouverneur du Minnesota, Jesse Ventura. D’ailleurs, cela fonctionnera puisque grâce à cette pub son livre American Sniper sera numéro 1 des ventes aux États-Unis. Après l’Irak, on sent bien que Chris Kyle a eu ce besoin de perpétuer sa légende. Même son assassinat en février 2013 n’a pas stoppé la légende aux États Unis, bien au contraire. 160 pages passionnantes et parfaitement maîtrisées.L’album se démarque par son dessin, le style de Brüno étant reconnaissable entre tous. A la lecture, il produit un effet assez singulier car la majeure partie de l’ouvrage est constituée de pages contenant quatre bandes (strips). Le trait est simple, clair et esthétique. Certaines cases sont reproduites plusieurs fois ou zoomées, sans doute pour souligner les scènes statiques ou à huis clos et restituer les interviews. On se sent imprégné par les visages de Chris Kyle, Taya et du meurtrier. Des pages claires et simples révélant peu d’émotions, décrivant à merveille l’ambiance froide, virile et militaire du récit. Un dessin qui sert parfaitement l’histoire.
A noter que l’album a fait l’objet d’une première édition N&B enrichie d’un dossier de 16 pages en fin d'album avec interview des auteurs, recherches graphiques et planches commentées (tirage limité à 4000 exemplaires).
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L'INSTANT D'APRÈS
- Par asbl-creabulles
- Le 09/07/2020
Scénario : ZIDROU
Dessin : Eric MALTAITE
Couleurs : Eric MALTAITE
Dépot légal : Mars 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-8001-7079-4
Nombre de pages : 54Comme chaque soir, Blandine Lefrancq exécute son numéro de strip-teaseuse lorsque, soudain, elle ressent l’étrange impression qu'il est arrivé quelque chose de grave à sa sœur jumelle Aline. Effectivement, au même moment sur une autoroute en France, à des lieues de Charleston, Aline vient de disparaître comme par enchantement de la voiture où elle avait pris place à côté de Philippe, son mari. Pris de panique, celui-ci perd le contrôle du véhicule qui finit par s’écraser sur un camion. Lorsqu’il se réveille à l'hôpital, il est rapidement mis en cause, en particulier par les parents d’Aline puisqu’apparemment ils s’étaient violemment disputés peu avant l'accident. De plus, elle venait d’en faire le bénéficiaire de son assurance-vie. Mais pour la police, difficile de l’accuser sans cadavre et qui pourrait croire à cette histoire de disparition spontanée… sauf que d’autres disparitions inexpliquées sont survenues : un bébé au jardin du Luxembourg pendant que sa mère le promenait en poussette et, là aussi, personne n’a rien vu ; plus tard, en pleine représentation, qui plus est filmée, c’est le dompteur de fauves, Fred Bouglione qui disparaît... Rentrée en France, Blandine est contactée par un homme détenu en prison pour le meurtre de sa femme dont on n’a pas retrouvé le corps. Il a rapidement fait le rapprochement entre toutes ces disparitions tout aussi mystérieuses et inexpliquées dont celle d’Aline, la sœur jumelle de Blandine. Leur enquête ne fait que commencer.Mon avis: Une nouvelle fois, c’est la surprise totale avec Zidrou qui nous entraîne dans un polar fantastique auquel on accroche, car on veut vraiment savoir ce qui provoque ces disparitions et, au passage, blanchir les présumés coupables. Les preuves sont pourtant flagrantes mais face à l'inexplicable, rien n'est simple. Zidrou ne cesse de nous intriguer, de jouer avec nos nerfs. Il fait se succéder les événements en ouvrant des pistes qui apportent leur lot d’informations, preuves et vidéos, parfois sous forme de flashes-back. Et ça marche. Le récit n'apporte pas toutes les réponses mais soulève, car c'est bien de cela qu'il s'agit, la question grave de la disparition d'un être aimé, qui plus est sans savoir pourquoi, et de la manière de l’appréhender. La fin va en surprendre plus d'un et en laisser beaucoup sur leur faim. Eric Maltaite dont on apprécie le dessin sur ses nombreuses BD (421, Les Campeurs, Sam Speed, Zambada, Choc, etc.) illustre et sert parfaitement le récit de Zidrou. Les personnages, dont certains reprennent les traits de personnalités connues, sont particulièrement expressifs et charismatiques. Beau travail sur les décors, l’ambiance générale plutôt pesante face à l’inexplicable, l’irrationnel, les cadrages et mises en scène notamment lors des interrogatoires à huis clos. Zidrou et Maltaite au mieux de leur forme pour ce one-shot au contenu plus profond qu’il n’y paraît.
SDJuan
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DAREDEVIL 1
- Par asbl-creabulles
- Le 08/07/2020
Volume 1 : Connaître la peur
Scénario : Chip ZDARSKY
Dessin : Marco CHECCHETTO
Encrage : Marco CHECCHETTO
Couleurs : Sunny GHO
Couverture : Julián TOTINO TEDESCO
Dépot légal : Juin 2020
Edition : Panini Comics
Collection : 100 % Marvel
ISBN : 978-2-8094-8738-1
Nombre de pages : 120
Info édition : épisodes US : Daredevil Know Fear #1-5Matt Murdock revient de loin. Il s’est retrouvé entre la vie et la mort après avoir été renversé par un camion. A peine remis de ce terrible accident, il est malgré tout décidé à remettre son costume de justicier du diable à Hell’s Kitchen. Mais il doit se réapproprier ses facultés, en particulier son sens radar qu’il contrôle assez mal pour le moment. Dans le même temps, un nouvel inspecteur a débarqué en ville. Venant de Chicago, Cole North, a la ferme volonté de faire respecter la loi. Alerté par un braquage en cours, Daredevil se met en route malgré des douleurs encore assez vives. Mais cette fois les choses vont mal tourner. L’un des trois cambrioleurs qu’il a durement passés à tabac va décéder d’une hémorragie cérébrale. La scène a été filmée et DD est vite désigné comme le coupable et recherché par la police, situation qui réjouit Wilson Fisk, alias le Caïd, chef de la mafia new-yorkaise devenu maire de la ville. S’il n’y avait eu l’intervention du Punisher, Daredevil serait au mieux en prison ou aurait succombé sous les coups de l’inspecteur North. Mais le pire pour Matt, c’est qu’à la suite du décès du braqueur, le Punisher ait pu être persuadé que Daredevil était en train de devenir comme lui.Mon avis: Dans ces épisodes, le nouveau scénariste de la série, Chip Zdarsky, a relevé avec talent le défi de bien prendre en main le personnage de Matt Murdock alias Daredevil tel que la plupart des lecteurs le connaissent et l’apprécient. On voit Matt s’efforcer de reprendre confiance en soi, récupérer ses capacités à bouger, à se battre mais aussi à ressentir ce qui l'entoure. Les facultés exceptionnelles que lui accorde son sens radar ont évolué. Accrues dans les moments de calme dont il profite au mieux, elles deviennent faillibles lors des combats où ses coups deviennent maladroits et où il en prend bien plus que d’ordinaire. Zdarsky nous permet aussi à sa manière de retrouver avec plaisir l’ambiance noire qui a fait les beaux jours de la série. Les flashes-back nous font vivre le combat intérieur du héros entre le bien et le mal, en lien avec la religion qu’il pratique au quotidien par le biais du prêtre de sa paroisse, mais aussi, indirectement, son opposition avec la vision du Punisher qui, lui, n’hésite pas à défendre la sienne. Zdarsky pour ces premiers épisodes de la série a travaillé avec Marco Checchetto qui rend un travail d’illustration formidable tant dans les scènes de combat et autres prouesses gymnastiques que pour restituer – ce qui n’est pas évident – les effets du sens radar de DD dans l'espace ou au toucher. Son trait fin accentue encore la souplesse et le dynamisme des personnages, sans oublier les expressions et émotions, encore plus avec un titre tel que "Connaître la peur". Le tout se déroule dans des décors très réussis, en intérieur, dans les maisons ou à l’église, comme dans les rues ou sur les toits. Un beau travail de Marco Checchetto soutenu et bien mis en valeur pas les couleurs de Sunny Gho qui apportent volume, espace et clarté à l'ensemble. Un trio gagnant pour un très bel album (qui reprend les épisodes US de Daredevil Know Fear #1 à 5 de 2019).
SDJuan
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LES PIONNIERS DU NOUVEAU MONDE 21
- Par asbl-creabulles
- Le 07/07/2020
Tome 21 : Fort Michilimackinac
Scénario : Maryse et Jean-François CHARLES
Dessin : ERSEL
Couleurs : Bertrand DENOULET
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur : Glénat
Collection Vécu
ISBN : 978-2-344-02963-3
Nombre de pages : 48Ecureuil est de retour en Nouvelle-Écosse. Il a aidé des esclaves noirs dans leurs démarches pour devenir des hommes libres puis pour s’installer dans la région des Grands Lacs sur les rives des lacs Ontario et Érié. Son retour le laisse complètement désemparé car Rebecca et l’enfant qu’elle attendait sont décédés en son absence. Après un temps passé à survivre de petit boulot en petit boulot, il se décide à refaire sa vie en devenant trappeur solitaire. Il se met en route vers la région de Michilimackinac mais face à la dureté de la nature, en particulier le froid, tout s'écroule. Il est même devenu une proie facile pour des loups qui l'ont repéré. C’est l'intervention d'un vieux trappeur, Labessette, qui va le sauver d’une mort certaine. Lui aussi vit seul car sa femme aujourd’hui décédée, une squaw, l’a quitté pour partir à Québec avec leurs enfants afin de leur assurer un avenir plus prometteur. Ecureuil lui rappelant l’un de ses fils, le vieil homme lui propose de rester pour l’hiver. Avec le retour du printemps, Ecureuil se met en route pour la Vallée Bleue. A la factorerie, Benjamin Graindal et sa compagne Louise qui la dirige d’une main de maître d’où le surnom de "Petit Homme" que lui ont donné les Indiens, reçoivent la visite d'un Chippewa des Grands Lacs. Celui-ci apporte des nouvelles du fort Michilimackinac qui risquent bien de bouleverser leur avenir. Mon avis : Sous la plume de Maryse et Jean-François Charles, voici de nouvelles tranches de vie mettant en scène les personnages principaux de la série qui nous sont devenus familiers, Benjamin et Louise qui s’efforcent de maintenir leur commerce à flot et, bien sûr, Ecureuil. L’aventure se poursuit au fil d’un récit dense et documenté, occasion pour nous d’en savoir toujours un peu plus sur les trappeurs, les commerçants de peaux et fourrures, les Indiens Crees et Chippewas… sur les habitudes et modes de vie, les coutumes de l’époque dans ce Nouveau Monde. En charge de l’illustration depuis le tome 7, Ersel nous propose une nouvelle fois un dessin de qualité avec de belles cases riches en détails et décors, en particulier de superbes paysages naturels de montagnes ou de forêts à perte de vue sans oublier les représentants de la communauté indienne. On lui doit également l’illustration de couverture de ce tome 21 donnant le ton de l’aventure vécue par Ecureuil. Et comme de coutume, une très belle mise en couleurs de Bertrand Denoulet soulignant les diverses ambiances du récit et apportant volume et clarté à l’ensemble.
SDJuan
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SAN-ANTONIO
- Par asbl-creabulles
- Le 07/07/2020
Tome 2 : Si ma tante en avait
Scénario : Michaël SANLAVILLE
Dessin : Michaël SANLAVILLE
Couleurs : Michaël SANLAVILLE
Dépot légal : juin 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-203-17272-2
Nombre de pages : 96San-Antonio, les membres de son équipe mais aussi Achille, leur supérieur, ont été mutés à Ploumanac’h Vermoh en Bretagne. Loin de Paris et de son agitation permanente, la vie est plutôt calme. Mais à peine arrivés, ils doivent élucider la mort d’un patron de chalutier, un certain Katkarre qui, justement, avait été interpellé 24 heures plus tôt suite à une altercation avec le dénommé Tango, déjà bien connu de la police pour ses talents en matière d’explosifs. Et comme par le plus grand des hasards, on fait sauter le phare devant leurs yeux. Activement recherché, Tango est à son tour porté disparu. Tout semble porter à croire qu’ils ont été manipulés, mais par qui ?Mon avis: Un album encore plus léger et déjanté que le premier et il faut véritablement s’accrocher pour suivre tellement ça part dans tous les sens. Mais attention, tout cela est voulu, comme pour les romans éponymes de Frédéric Dard. Pêle-mêle, on suit une enquête dirigée vers une fausse piste, une veuve et d’autres donzelles plus chaudes que la braise, diverses situations scabreuses, le tout mené par une équipe hors catégorie, tout à fait hétéroclite mais largement charismatique. Il faut s’accrocher et capter l’argot parlé mais une fois dans le bain, c’est parti ! On se laisse vite prendre à ce jeu si caractéristique des livres de Frédéric Dard. On aime ou on n'aime pas, mais une chose est sûre, on s'en prend plein la figure. C'est drôle, même si cela reste un polar noir. Les dessins suivent la même voie avec des cases plus que déroutantes et surprenantes. Ça saute et explose dans tous les sens. Les dessins sont travaillés surtout avec les couleurs et très peu d’encrage, ce qui donne encore plus d'effet psychédélique. Michaël Sanlaville s'amuse et cela se voit. Une lecture distrayante qui permet de passer un très bon moment.
SDJuan