Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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DCEASED Unkillable
- Par asbl-creabulles
- Le 06/09/2020
Scénario : Tom TAYLOR
Dessin : Karl MOSTERT
Couleurs : Rex LOKUS
Dépot légal : juillet 2020
Edition :
Collection : DC Deluxe
ISBN : 9791026822745
Nombre de planches : 136Deathstroke a reçu un contrat juteux pour faire le ménage dans les églises et se débarrasser de certains nuisibles mais lorsqu’il arrive sur place, les morts-vivants ont envahi la place. Le virus qui s’est répandu en transformant chaque être vivant en zombie sanguinaire ne fait pas de cadeau, même à ceux qui pensaient trouver refuge dans les sanctuaires. Une fois sa mission accomplie, Deathstroke décide de partir à la recherche de sa fille Rose pour affronter ensemble les morts-vivants. De son côté, Red Hood, le deuxième Robin, a rejoint le manoir Wayne espérant y trouver de l’aide auprès de la Bat-family mais il arrive trop tard et trouve les cadavres de Batman, Nighwing et Red Robin dans la Bat-cave. Il finira malgré tout par retrouver une rescapée, Cassandra Cain, qui s’est alliée au Commissaire Gordon pour mener la lutte contre les morts-vivants. Étrangement, aussi bien Deathstroke et ses amis que Red Hood et les siens devront leur survie à des personnes que l’on attendait le moins à voir intervenir puisqu’il s’agit de super-vilains tels que le Maître des Miroirs, Cheetah, Bane, Lady Shiva et bien d’autres encore. Mon avis: Pour rappel, le pire s’est produit, le virus s’est répandu et a transformé chaque être vivant en zombie sanguinaire en affectant de manière exponentielle tous les habitants de la Terre mais aussi des mers, ainsi que ... les super-héros. Et en effet l’hécatombe s’est propagée de manière fulgurante, rien ne semblant pouvoir l’arrêter, même pas les plus puissants super-héros de la Terre qui, eux aussi, sont tombés comme des mouches. Dans ce nouvel opus, ce sont les super-vilains qui tiennent l’affiche mais malgré un titre prometteur et Deathstroke et Redhood comme chefs de groupes, on attendait beaucoup, voire peut-être trop, puisqu’au final on a un petit goût de déception. Dommage. Sans doute les décideurs ont-ils agi dans la précipitation pour surfer sur le succès de la série principale en lançant cette autre mini-série. La preuve en est que les héros de cet épisode ne sont pas si Unkillables que cela, à prendre au second degré, même si l’album offre quelques belles scènes de combat et une action bien présente. Le dessin de Karl Mostert sauve l’ensemble car cette violence omni présente, vu le sujet, est très bien rendue. Le trait est fin avec un gros travail sur la couleur. Les combats à main nue ou armée contre les morts-vivants sont crédibles et bourrés d’énergie. Toutefois, là aussi, je note un petit souci sur certains visages et quelques femmes trop athlétiques et à l’allure androgyne un peu trop marquée. Les couleurs de Rex Lokus et les encrages légers de Trevor Scott, Neil Edwards, John Livesay et Karl Mostert sont réussis et restituent parfaitement l’ambiance d’un monde ravagé par le chaos. Les couvertures et la galerie de couvertures alternatives sont de toute beauté.
SDJuan
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JEREMIAH 38
- Par asbl-creabulles
- Le 01/09/2020
Tome 38 : Tu piges ?
Scénario : HERMANN
Dessin : HERMANN
Couleurs : HERMANN
Dépot légal : Septembre 2020
Editeur :
ISBN : 979-10-34747-81-8
Nombre de pages : 48Alors qu’ils attendent tranquillement leur bus, Jeremiah et Kurdy assistent à une violente altercation au cours de laquelle un jeune mexicain accompagné d’une fille aux cheveux verts se fait tuer sous leurs yeux. Ses assassins, les deux frères de la fille, sont venus chercher leur sœur Jenny, qu'ils accusent devant tous les passagers du bus d’avoir dérobé des émeraudes, afin de l’empêcher de fuir avec Palomino et la ramener au ranch familial. Folle de rage, Jenny bataille dur pour tenter de leur échapper mais sans succès. Elle profite alors de la situation et annonce à ses frères qu’elle part avec Jeremiah et Kurdy qui, bons princes, lui apportent leur soutien. Les deux frères, du coup, sont moins fiers et s’en vont sans broncher … du moins pour le moment. Dans le même temps, l’évocation des pierres précieuses n’est pas passée inaperçue et risque bien d’attiser la convoitise des autres passagers du bus. Le trio que forment nos deux anti-héros avec Jenny va très rapidement devoir jouer la prudence …Mon avis: Suivant son tempo, Hermann nous propose donc une nouvelle aventure de Jeremiah. Dans ce nouvel épisode, il nous fait vivre une journée plus que mouvementée comme il sait si bien le faire. De nouveau, une rencontre improbable pour nos deux "anti-héros" mais, cette fois, c’est en quelque sorte la "victime" qui en a pris l’initiative. Du coup, Jeremiah et Kurdy se sont sentis obligés d’intervenir. Même si Kurdy pourrait s’amuser et se charger seul de ce genre d’altercation, c’est tout de même leur duo inséparable qui va pouvoir faire la différence. Hermann nous plonge une nouvelle fois dans ce monde post-apocalyptique où l’honnêteté a depuis longtemps disparu et où l’on ne peut se fier à personne. Mais, il subsiste peut-être un espoir de faire confiance à quelqu’un qui vient d’être sauvé.Chaque album d’Hermann est une nouvelle découverte, en ce sens qu’il s’efforce d’éviter au lecteur les automatismes et les répétitions. Les cadrages sont efficaces et on est toujours surpris de découvrir des scènes réalisées de manière originale, surprenante. Tout au long de la série, Hermann nous a donné l’occasion de découvrir différentes techniques de dessin, d’encrage et de mise en couleurs. Sur ce 38e album, pas mal de scènes sont traitées dans des tons de gris, évoquant une atmosphère brumeuse et poussiéreuse, en particulier dans le quartier appelé l’Enfer, pour un rendu des plus impressionnants. Mais il nous régale aussi de superbes planches aux couleurs lumineuses et très agréables.
Un nouvel album d’Hermann est toujours un événement en soi et ce nouvel épisode ne déroge en rien à la règle.
SDJuan
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AMERICANA
- Par asbl-creabulles
- Le 01/09/2020
AMERICANA (ou comment j'ai renoncé à mon rêve américain)
Dessin : Luke HEALY
Dessin : Luke HEALY
Couleurs : Bichromie
Dépot légal : août 2020
Editeur :
ISBN : 9782203211933
Nombre de pages : 336Depuis qu’il est tout petit, Luke Healy, irlandais vivant à Dublin, n'a qu'une seule envie : s’installer aux États-Unis. Même ses vacances à Disney World en Floride ne feront que renforcer ce désir. Les études vont lui permettre de réaliser son rêve, du moins en partie, lors d’une formation au métier de dessinateur à l'école d'Art "The Center for Cartoon Studies" dans le Vermont. Sauf que la réglementation américaine en matière de séjour est très stricte et après avoir obtenu son diplôme, il va devoir quitter le pays parce que son visa a expiré. Pour assouvir ou tester sa passion américaine, il décide de faire le Pacific Crest Trail (PCT), le célèbre et difficile parcours de 4280 km entre la frontière mexicaine et le Canada, longue suite de plaines, plateaux et montagnes culminant à plus de 4000 mètres à une centaine de kilomètres à l’intérieur des terres ! Luke sait que très peu ont réussi à faire le vrai parcours sans tricher et que la plupart des engagés abandonnent. Il s'agit d'une marche intensive, le plus souvent seul, par tous les temps, parfois dans des environnements très hostiles mais il est déterminé. La grande aventure américaine commence...Mon avis: Héros de l’album, l'auteur dont l’enfance s’est déroulée dans un pays dominé par l'influence américaine nous raconte son amour pour ces États-Unis d’Amérique et son irrésistible désir d’y passer le reste de sa vie, une expérience d’abord marquée par des échecs répétitifs puis sa manière à lui de "se faire" l'Amérique avant, finalement, d'y renoncer. L'auteur nous décrit cette longue randonnée de cinq mois en pleine nature à la découverte d’une Amérique véritable en la couchant sur papier à l'aide de dessins plutôt simples en bichromie (bleu et rose) presque sous forme de croquis ou, le plus souvent, de "sketchs" (témoignant toutefois d’un travail soigné et abouti). En général on compte six cases par page dans lesquelles il se met en scène dans l’environnement du moment, tout en s’aidant de passages en prose, mieux adaptés et plus clairs que l’image pour décrire certains aspects du récit. Le tout sans prises de tête, d’une manière la plus honnête possible, n'essayant jamais de gonfler son ego ou son exploit même s’il s’agit réellement d’une prouesse. Luke Healy réussit à nous donner le sentiment de le suivre en temps réel et de partager et vivre à ses côtés cette belle aventure mais aussi les nombreuses et difficiles épreuves auxquelles elle a donné lieu tout au long d’un parcours difficile, parfois pénible, en tout cas toujours contraignant. On ressent parfaitement sa volonté d'y arriver coûte que coûte. Luke Healy a pu réaliser cet album après coup tant les souvenirs, les détails, les épreuves mais aussi la joie de croiser d'autres randonneurs venus du monde entier, les périodes de crise, de recul voire de renoncement aussitôt suivies d’une envie de reprendre de plus belle l'ont marqué… Un gros volume de 336 pages (encore un exploit !) en bichromie sous forme de carnet de route tout à fait passionnant et captivant.
Photo de l'auteur au kilomètre zéro
SDJuan
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LES FRÈRES RUBINSTEIN
- Par asbl-creabulles
- Le 20/08/2020
Scénario : Luc BRUNSCHWIG
Dessin : Etienne LE ROUX & Loïc CHEVALLIER
Couleurs : Elvire DE COCK
Dépot légal : avril 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-413-02392-0
Nombre de pages : 72Bien que frères, Salomon et Moïse sont très différents. Alors que le premier est malin et rusé, le second surmonte sa timidité par une intelligence supérieure. En toute logique, Moïse, le plus intelligent de sa classe et même de son école, aurait dû être nommé "Major de la promotion 1927 des sixièmes de l’académie Anatole-Lambertin", mais le destin va en décider autrement. Bizarrement, par le plus grand des hasards, c’est Louis Lambertin, le fils d’Anatole Lambertin, le mécène de l’académie portant son nom tout comme la cité ouvrière où réside la famille Rubinstein, qui a reçu cet honneur. Salomon promet à Moïse de tout faire pour rétablir les choses comme le voudrait le bon sens. Passionné de cinéma, Salomon accompagne régulièrement Rivka, une jeune fille aveugle qui partage la même passion, pour lui commenter les films. Ce jour-là, il aperçoit Louis dans la salle et décide de le suivre aux toilettes. Là, sous la menace, il conclut un marché visant à rendre sa première place à Moïse, puis il quitte le cinéma avec Rivka. Mais peu après, Louis Lambertin est retrouvé dans le coma après avoir été "agressé" dans les toilettes. Tout semble désigner Salomon que M. Djerzezak, le directeur du cinéma, a personnellement vu "s’enfuir" et qui rameute un groupe de personnes ayant la haine des Juifs, bien décidées à aller chercher Salomon chez lui pour le livrer à la police. Mais sur place, les choses tournent mal ...Mon avis: Luc Brunschwig au scénario et Étienne Le Roux (Aménophis IV, Conan le Cimmérien, La mémoire dans les poches, Sept Macchabées, Le Serment de l’Ambre, Le Temple du Passé, WW2.2 [T6]) assisté au dessin par Loïc Chevallier (Kenji le Ninja et coloriste sur Ellana et La quête d’Ewilan) nous proposent le premier album d’une nouvelle série (prévue en neuf tomes) consacrée à la vie de deux frères juifs d’origine polonaise durant la période 1927-1948. Cela commence très fort. Luc Brunschwig nous plonge tout de suite dans l’action que ce soit dans ce train arrivant au camp de travail de Sobibor en Pologne que, quelques années plus tôt, dans un club de Hollywood où les deux frères sont venus rencontrer Noam Katz et un certain Sam Garfunkel, espérant faire fortune en Californie. Les flashes-back vont bon train sans nuire à une lecture des plus captivantes dont il a le secret. Il faut bien neuf tomes pour permettre à Luc Brunschwig de livrer tout son potentiel car il est sans aucun doute meilleur sur ce format. Ceux qui suivent "Le Pouvoir des Innocents" (avec Laurent Hirn au dessin) pourront vous le confirmer. Luc travaille ses personnages en profondeur les rendant de plus en plus crédibles, plus attachants et du coup l'empathie opère sans confusion. Au lieu de nous embrouiller sur plusieurs pistes, les choses vont en se précisant au fil des cases, des pages et des albums, le suspense va crescendo et on en redemande. Une nouvelle fois, Luc Brunschwig nous accroche et nous donne envie de connaître la suite et, heureusement, le deuxième tome arrive dès octobre 2020 et le troisième est prévu fin mars-début avril 2021 (à noter, la sortie de ce premier album initialement prévue en avril 2020 a été reportée fin août en raison de la situation sanitaire exceptionnelle liée à la pandémie de covid-19).Etienne Le Roux et Loïc Chevallier nous régalent d’un dessin dynamique, riche en décors et aux ambiances variées, tantôt gaies et lumineuses, tantôt sombres et effrayantes, selon les périodes évoquées. Les personnages sont très expressifs et on partage facilement leurs émotions, la colère, la peur, la joie, la crainte, la fierté... Les cadrages et la mise en page sont tout à fait appropriés et servent parfaitement la narration en assurant une lisibilité optimale. L’ensemble est agréablement mis en valeur par les couleurs d'Elvire de Cock.
SDJuan
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BATMAN DAMNED
- Par asbl-creabulles
- Le 11/08/2020
Scénario : AZZARELLO BRIAN
Dessin : Lee BERMEJO
Couleurs : Lee BERMEJO
Dépot légal : octobre 2019
Edition : Urban Comics
Collection : DC BLACK LABEL
ISBN : 9791026816751
Nombre de planches : 160
Info édition : Damned #1-3Récupéré grièvement blessé, Batman est transporté en ambulance vers l’hôpital. Alors que les soignants escortés par un policier sont sur le point de lui retirer son masque, il réagit violemment. Bondissant de sa civière et les bousculant, il saute hors du véhicule et parvient à s'enfuir malgré ses blessures. Tout se chamboule dans sa tête, la douleur le fait tituber et il finit par chuter de plusieurs dizaines de mètres du haut d'un pont. En réalité, c’est dans son passé qu’il plonge. Dans un moment de lucidité, il aperçoit une silhouette mais ne reconnaît pas Alfred avant de retomber dans les vapes. Plus tard, il reconnaît la silhouette de John Constantine, un personnage qu'il n'apprécie pas vraiment. C'est aussi à ce moment-là qu'il découvre sur un écran de télé que le Joker est mort noyé tombé d’un pont. On sait que le Darknight est mêlé de près ou de loin à cette histoire mais il n’a plus aucun souvenir de ce qui s’est passé. De plus, d’autres souvenirs de plus en plus envahissants viennent perturber sa santé mentale et, enfin, si Constantine a refait surface, c'est que le monde du surnaturel rôde. Mon avis: Voici une aventure de Batman tout à fait surprenante et singulière. Elle est d’ailleurs publiée dans la collection Black Label qui affiche clairement la couleur en regroupant des histoires plus classiques et plus sombres. Le récit scénarisé par Brian Azarello se développe selon un rythme plus lent et dans un contexte plus mystérieux et imprégné de surnaturel, ce qui est l’occasion de faire intervenir de nombreux personnages cultes. C’est d’ailleurs bien la présence de John Constantine qui explique pourquoi Batman se présente à nous totalement déboussolé et perdu dans les méandres de son esprit torturé. L’auteur incorpore pas mal de flashes-back dans l’intrigue sans que cela gêne la lecture tant ils sont bien amenés. Un récit original et captivant superbement illustré de manière hyper réaliste par Lee Bermejo au plus haut de son art. Tout y est sombre, les personnages comme les ruelles, mais avec un rendu parfait dans un souci de clarté et de facilité de lecture. Un exploit en soi ! Le découpage et les couleurs sont parfaitement maîtrisées, on peut presque toucher la texture des matières illustrées. Du grand art pour un one shot déroutant et captivant.
SDJuan
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HOUSE OF X / POWER OF X
- Par asbl-creabulles
- Le 03/08/2020
Volumes 1 & 1 Variant cover
Scénario : Jonathan HICKMAN
Dessin : Pepe LARRAZ & R.B. Silva
Couleurs : Marte GARCIA
Design : Tom MULLER
Dépot légal : Avril 2020
Edition :
ISBN : 978-2-8094-8665-0
Nombre de pages : 104Dans House of X, Charles Xavier a envoyé un message télépathique au monde entier où il annonce être en mesure de fournir plusieurs remèdes à la population humaine: l’un prolonge de 5 ans la durée de vie des êtres humains, un autre prévient des maladies mentales, un troisième est un antibiotique considéré comme le plus adaptatif et efficace au monde. Il se déclare prêt à les offrir à tout pays acceptant de reconnaître officiellement l’État-Nation des mutants, une île nommée Krakoa. Répondant à son invitation, les représentants et ambassadeurs de plusieurs pays du Conseil de Sécurité sont venus au siège new-yorkais de Krakoa, un immeuble étonnant dont les murs sont couverts de plantes étranges tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. C’est Magneto et non le professeur Xavier qui, en tant qu’ambassadeur de la nouvelle nation mutante, reçoit toutes ces personnalités même si, on aurait pu s’en douter, elles ne sont pas vraiment celles qu’elles prétendent être. Mais pendant que Magneto leur délivre le message des mutants, ailleurs les enjeux sont tout autres.
Dans Power of X, Si le présent semble des plus optimistes et prometteurs pour les X-Men et leur nouvel "État-Nation", il n'en va pas de même lorsqu'on voyage dans le temps et surtout vers le futur. Car là, les humains, les mi-humains mi-machines, les sentinelles et enfin les mutants omégas font bande à part pour être et rester les alphas dominants, quitte à recourir aux manipulations de toutes sortes, y compris de nature génétique.Mon avis: Cela faisait longtemps – en fait depuis Roy Thomas, Chris Claremont ou Grant Morrison – que je n'avais plus ressenti cette impression à la lecture d’un album des X-Men: le plaisir de suivre un scénario bien ficelé et qui s'annonce suffisamment solide pour durer! Il est vrai que depuis quelque temps déjà, on sentait bien que Marvel désirait remanier/refondre l’équipe pour n'en conserver que les personnages importants – originels ou emblématiques – et constituer un groupe ayant le potentiel suffisant pour marquer les esprits et accrocher et rassembler un maximum de lecteurs, les anciens bien sûr, mais aussi des nouveaux prenant le train en marche. Un accord politique est sur le point d’être conclu: accepter les mutants en tant qu'État-Nation sur l'île de Krakoa. Étrangement, c’est sur cette île à l’origine ennemie des X-Men que s’est constituée la seconde équipe des X-Men (Cyclope, Wolverine, Storm, Colossus, Nightcrawler, Banshee et Thunderbird). Aujourd’hui, elle doit devenir le point de ralliement pour tous les mutants et les humains ne peuvent s'y rendre qu'à condition qu’ils soient accompagnés par un ou plusieurs mutants. Jonathan Hickman fait donc très fort en nous proposant deux séries parallèles: House of X, autrement dit la maison des fameux étranges X-Men et des mutants, et Powers of X (au sens du chiffre romain 10), peut-être en lien avec les mutants qui devraient devenir la race dominante sur terre en DIX ans ou bien doit-on y voir les mises en garde de Destiny à Moira MacTaggert ? Libre à chacun de se faire sa propre opinion. Le récit nous plonge dans le passé des X-Men largement marqué par l’action de leur ennemi juré, les robots Sentinelles, et où Moira MacTaggert et Mister Sinister ont joué un rôle déterminant. Les récits sont bourrés d'hommages et/ou d’évocations de l'histoire des X-Men mais aussi de références cinématographiques, littéraires et même bibliques ! Jonathan Hickman aime clairement surprendre ses lecteurs, y compris les plus fidèles et aficionados du genre. Pour ceux qui découvrent les X-Men, la qualité du récit vaut la peine de s’y plonger. Toutefois, si vous voulez approfondir le sujet, je recommande de lire les grandes lignes des X-Men, leurs Origines, le passage de Roy Thomas avec Neal Adams sur les Sentinelles; le changement d’équipe en lien avec l’île de Krakoa, les épisodes intitulés "Phalanx Covenant", "Inferno", "Days of Future Past" ou "Genosha", entre autres. Mais j’insiste, on peut très bien se lancer dans ce nouveau cycle sans rien avoir lu auparavant. C’est une bonne entrée en matière politique, sociale et économique pour découvrir les mutants, amis ou ennemis des humains. Avec un Jonathan Hickman au plus haut de sa forme, les X-Men pourraient bien récupérer la première place des séries publiées par Marvel.Côté illustration, on est gâté avec le fabuleux dessinateur espagnol Pepe Larraz qui nous offre des pages toutes plus impressionnantes les unes que les autres, avec des scènes d’une tension incroyable, sans pour autant qu'il y ait de l'action, servant parfaitement le scénario. La mise en page, le découpage, l’énergie du trait soulignent la puissance des événements. Le brésilien R.B. Silva n’est pas en reste et nous fait vivre lui aussi de manière intense et énergique une aventure réunissant des personnages connus et nouveaux située ailleurs dans le temps et dans l’espace. L’univers des mutants est vraiment bien servi par ces deux dessinateurs de talent, sans oublier Marte Gracia qui nous régale d’une très belle mise en couleurs mettant en valeur le travail exceptionnel de Pepe Larraz et R.B. Silva. A noter l’intervention du designer graphique belge Tom Muller sur les logos et autres designs de ces numéros à ne rater sous aucun prétexte. Une nouvelle ère s'ouvre pour les X-Men. Espérons que ce soit sur la durée.
SDJuan
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SUPERMAN UP IN THE SKY
- Par asbl-creabulles
- Le 30/07/2020
Scénario : Tom KING
Dessin : Andy KUBERT & Clay MANN
Couleurs : Brad ANDERSON & Jordie BELLAIRE
Encrage : Sandra HOPE & Clay MANN
Dépot légal : Juin 2020
Edition :
Collection : DC Deluxe
ISBN : 979-10-26816-40-9
Nombre de planches : 184
Info édition : Superman up in the sky #1-6 & De demain.Au cœur même de Gotham, la petite Alice a soudainement été arrachée de la surface de la Terre par des extraterrestres. Chargé par Batman de la retrouver, Superman est déchiré entre son désir de rester aux États-Unis et de continuer, comme il en a pris l’habitude, de sauver les habitants de la Terre et de protéger ses proches ou bien de partir à la recherche de cette petite fille innocente qui n'a rien demandé et qui se retrouve seule quelque part dans l'univers infini entre les mains de ses kidnappeurs. Victime de ses états d’âme et cherchant à lever ses hésitations, Superman choisit d’interroger les gens autour de lui. Est-ce une bonne idée d'abandonner ses amis pour partir à la recherche d’Alice ? A-t-il le consentement de ses amis/collègues de la Justice League mais aussi de Loïs Lane ? Après avoir trouvé un moyen de suivre la trace d'Alice dans l'espace au risque d’y perdre la raison, il n'hésitera pas une seconde à partir vers l'inconnu et voyager dans l'espace et dans le temps pour la retrouver. 2/ Dans un autre épisode, Superman se retrouve sur un ring où il doit se mesurer à un adversaire uniquement par la force physique, sans utiliser aucun autre pouvoir. 3/ Tout aussi impressionnante cette course pour les bonnes œuvres qui déterminera qui est le plus rapide: Superman ou Flash ? Évidemment Lex Luthor va s'emparer de l'événement pour essayer de nuire à Superman en mettant des millions de dollars en jeu ! Et ainsi de suite.Mon avis: Tom King nous propose ce qui pourrait bien être l’un des plus grands combats de Clark Kent/Superman en tant que kryptonien mais surtout en tant qu'humain à travers un voyage extérieur bien réel, qui va le forcer à tout abandonner pour sauver une fillette prisonnière d'extraterrestres belliqueux, et un voyage intérieur très fort et très éprouvant. On assiste même à un passage dans lequel ses deux identités se retrouvent séparées et tiennent à justifier leur propre existence pour décider s’il convient ou non de se séparer définitivement. Si la puissance de Superman est bien présente tout au long de l’album, le scénariste Tom King met aussi en avant son côté humain avec ses faiblesses, ses incertitudes, sa fragilité, sa vulnérabilité. On s'y perd un peu parfois dans les premières pages mais une fois le rythme et la construction du récit assimilés on ne peut plus décrocher. La qualité des scenarii est au rendez-vous et, clairement, Tom King se fait plaisir, un plaisir que l’on partage à mesure que l’on tourne les pages et auquel contribue aussi très largement Andy Kubert au dessin en nous régalant d’une multitude d'illustrations qui sont autant d'hommages ou de symboles, comme ce bel hommage rendu à Joe Kubert et son personnage le Sergent Rock, dessiné cette fois par son fils Andy, faisant la part belle au courage, à l'altruisme et à la solidarité. On est captivé dès la première page par un trait énergique et une mise en page et des cadrages particulièrement dynamiques et audacieux. Tout comme King, Andy Kubert réussit à nous fait ressentir avec brio la force et l’énergie de l'un des super-héros les plus puissants de la Terre mais aussi son côté humain avec tout ce qui l’accompagne, la fragilité, l’intimité, les émotions. Du très bon travail d'encrage de la part de Sandra Hope et le tout agrémenté de couleurs de qualité de Brad Anderson qui injectent encore plus d'énergie et de tonus à l'ensemble. A découvrir aussi en fin d'album la très belle mini-aventure de Tom King et Clay Mann qui aurait largement mérité d'être développée sur davantage de pages.Un album à ne rater sous aucun prétexte.
SDJuan
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LEGIO PATRIA NOSTRA
- Par asbl-creabulles
- Le 27/07/2020
Tome 1 : Le Tambour
Scénario : Jean-André YERLÈS
Dessin : Marc-Antoine BOIDIN
Couleurs : Marc-Antoine BOIDIN
Dépot légal : Octobre 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-344-03013-4
Nombre de pages : 64Les jeunes Dino et Casimir font les 400 coups ensemble dans les rues de Lyon en 1856. Casimir fuit un foyer familial ni accueillant, ni douillet, ni protecteur mais plutôt chaotique. Son beau-père frappe sa mère, contrainte de se prostituer pour ramener de l'argent à la maison. Dino, lui, n'a qu'une envie, faire un casse qui lui donnera les moyens de quitter la ville pour vivre une vie meilleure. Ensemble, ils arrivent à s'en sortir en commettant divers larcins sur la voie publique. Un soir, en rentrant, Casimir surprend son beau-père en train de tabasser sa mère. Son sang ne fait qu'un tour, il le tue. Mais sa mère s’emporte violemment contre lui en le menaçant de le dénoncer et en appelant à l'aide. Casimir n'a d’autre choix que de fuir. Il rejoint son ami Dino et ensemble ils décident de partir une fois pour toutes. A Marseille, ils survivent tant bien que mal jusqu’à ce que l’un de leurs casses les amènent à croiser la route du Maure qui propose de les engager dans sa bande de petits malfrats. La situation va déraper lorsque se sentant piégés par le Maure, ils décident de le voler pour s’enfuir. Seul Casimir va réussir à s’échapper. Ayant réussi à rejoindre Perpignan, il rencontre un ancien soldat qui lui propose de s'enrôler dans la Légion étrangère. Mon avis: Histoire et fiction se mêlent habilement pour ce récit mettant en scène le soldat Casimir Laï, rescapé de la bataille de Camerone (Camarón de Tejeda) au Mexique le 30 avril 1863. Jean-André Yerlès nous propose une histoire à mi-chemin entre "Sans famille" d’Hector Malot et la "Cour des miracles" qui commence sur un rythme soutenu avant de nous surprendre totalement lorsqu’elle dévie vers une tout autre aventure où le héros, orphelin des rues, rejoint la Légion pour rester en vie. Un récit d’aventure réaliste sur fond de drame social, d’amitié fragilisée qui accroche tout de suite. Bien construit et surprenant par ses rebondissements et une fin de premier album plutôt inattendue. Les dessins de Marc-Antoine Boidin (Kérioth chez Vents d’Ouest, mais aussi Les Contes de Brocéliande chez Soleil, Chéri-Bibi chez Delcourt, La Guerre des Sambre chez Glénat) sont toujours aussi précis et soignés. Globalement dynamiques et bénéficiant d’un bon découpage, ils nous régalent d’une grande variété de décors et paysages et de costumes d’époque. Des personnages très expressifs et parfaitement reconnaissables, dont plusieurs aux gueules bien typées. Une mise en couleur toute en sobriété et contrastes. Premier tome réussi d’une série à suivre.
Note: galerie de personnages en bonus en fin d'album ainsi que la jacquette spécial 50 ans d'édition Glénat réservés pour la première édition.
SDJuan