Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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BLACK SQUAW
- Par asbl-creabulles
- Le 06/07/2020
Tome 1 : Night Hawk
Scénario : YANN
Dessin : Alain HENRIET
Couleurs : USAGI
Dépot légal : Juin 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-8001-7460-0
Nombre de pages : 48États-Unis, 1920. Ce début d’année coïncide avec l’entrée en vigueur des mesures de prohibition. Née au Texas, métisse de mère afro-américaine et de père amérindien, élevée dans une famille nombreuse et pauvre, Bessie Coleman a peu de chances à vrai dire de réaliser son rêve de gamine de devenir un jour aviatrice. C’est à Chicago, où elle est venue rejoindre deux de ses frères, qu’elle découvre qu’en France une femme peut s’inscrire dans une école de pilotage. Pour elle, c’est clair, elle doit suivre cette voie et fera tout pour y parvenir. Et elle y arrivera non sans peine, en économisant sur son salaire de manucure et en proposant au directeur du journal "Chicago Defender" des reportages exclusifs de personnalités de couleur ayant réussi sur le continent européen s’il accepte de subvenir à ses besoins pendant sa formation à l’école de pilotage du Crotoy. Aujourd’hui, Bessie, pilote l’hydravion noir d’Al Capone vers St-Pierre-et-Miquelon, haut lieu du trafic d’alcool, avec à bord son comptable qui vient négocier de nouveaux prix et chercher des caisses de champagne et de cognac français. A l’aller, elle échappe de justesse à un piège et, au retour, elle va devoir faire face à une tempête. Aviatrice hors pair, c’est haut la main qu’elle s’en sortira. Mais l’affrontement avec le Ku Klux Klan s’annonce plus périlleux et risque bien de changer la donne. Mon avis: Le scénario de Yann, inspiré d'une histoire vraie racontée dans le "making of" en fin d'album, met l'accent sur l'incroyable parcours de Bessie Coleman, devenue une aviatrice hors pair, une situation exceptionnelle pour l'époque lorsqu’on est une femme, qui plus est de couleur. Voire quasi impossible en ce début des années 20 au sud des États-Unis où sévit le Ku Klux Klan que Bessie ne va pas hésiter à affronter et provoquer en leur montrant son savoir-faire. Bessie est une battante, elle n'a peur de rien puisqu’elle n’a pas choisi la simplicité en participant au trafic d'alcool pour le compte d’Al Capone. C’est dire tout le potentiel de développement que recèle cette série. Sur fond d’univers marqué par le racisme, Yann dévoile le parcours de Bessie grâce à l’évocation de son passé, ballotée d'une ville à l’autre dans la réserve indienne aux côtés de sa mère afro-américaine et de son père amérindien. Aventure à suivre donc.Coté dessin, Alain Henriet s'en donne à cœur joie, très à l'aise pour dessiner des avions qu’il maîtrise au mieux, ayant déjà eu l’occasion de le faire sur sa précédente série, "Dent d'Ours", aux côtés de Yann et d’Usagi pour la mise en couleurs. Mais on l’apprécie aussi pour son trait efficace et précis sur les personnages, en particulier ici la très belle et sulfureuse Black Squaw dont on ne se lasse pas et sur les nombreux décors soignés. Ajoutons une belle mise en page et des cadrages réussis faisant la part belle aux scènes aériennes parfois spectaculaires. Très agréable mise en couleurs d’Usagi restituant bien l’atmosphère des différentes situations évoquées.On ne change pas un trio qui fonctionne, et c'est bien le cas ici avec ce premier tome d'une série qui s’annonce prometteuse.
SDJuan
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TRANSPERCENEIGE - Extinctions
- Par asbl-creabulles
- Le 03/07/2020
Extinctions Acte II
Scénario : MATZ et Jean-Marc ROCHETTE
Dessin : Jean-Marc ROCHETTE
Couleurs : Isabelle MERLET
Dépot légal : Juin 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-203-17229-6
Nombre de pages : 94La Terre est à l’agonie, le froid s’étend à sa surface. Les accidents nucléaires et les nanoparticules d'aluminium lâchées dans la haute atmosphère depuis des ballons noirs par les Apocalypsters sont en train d’éliminer l'homme et la plupart des organismes vivants de la surface de la terre. Ils se cachent en Amazonie en un lieu complètement isolé mais, là aussi, les problèmes de surpopulation ont rapidement commencé à se faire jour, aggravés par l’attitude étrange de leur leader. Face à la dégringolade des températures, le train aux mille et un wagons poursuit sa course folle à travers le monde pour recueillir les personnes ayant "réussi" à avoir un billet. Il doit passer dans plusieurs grandes villes mais est souvent contraint de modifier son itinéraire. En effet, à chaque fois, les survivants éventuels se bousculent, tous bien décidés à y monter. Zheng a de plus en plus de mal à justifier le tri opéré dans la population et l’attribution du précieux laissez-passer à quelques élus seulement. La discipline de fer imposée à bord soulève de plus en plus de questions. Dehors, ceux qui ont réussi à avoir un billet risquent leur vie. C’est le cas de Jimmy et de son père, venus de Sedona, qui se retrouvent pris en chasse sans le savoir…Mon avis : L’arrivée sur Netflix de la série éponyme en mai 2020 est venue confirmer le succès de la série BD Transperceneige. Ce deuxième tome d’Extinctions, préquel de la série Transperceneige, est encore plus noir – oui, c'est possible – que le premier opus. Les scénaristes Matz et Jean-Marc Rochette nous font vivre ce thriller se déroulant après un désastre écologique sans précédent et l'échec des gouvernements à faire face à la dégradation vertigineuse et à la menace écoterroriste ayant conduit à cette apocalypse. Parti de Pékin, le train aux mille et un wagons ne s'arrête que pour prendre les voyageurs muni d’un laissez-passer. Mais comment donner sa chance à tout le monde et, du coup, le transperceneige est-il bien le dernier espoir de l'humanité ? Les remises en question sont bien amenées et même l'optimisme le plus tenace du créateur du train, Mr Zheng, semble fléchir et sombrer vu les difficultés voire l'impossibilité, malgré ses meilleures intentions, de garder le cap de la survie de la race humaine. Chez les Apocalypsters, soumis à un Marcio à l’ego démesuré, le bilan n’est guère plus prometteur. Matz et Rochette nous livrent avec un style puissant un récit très sombre, sans concession, aux nombreux rebondissements et retournements de situations mais, surtout, plutôt pessimiste où le moindre minuscule grain d'espoir devient une utopie que certains vont pourtant essayer de préserver coûte que coûte.Les dessins de Jean-Marc Rochette font mouche. Son trait, sombre comme le récit, illustre à merveille le côté violent et apocalyptique de l'album. Son encrage prononcé, ses cadrages et ses mises en page, soutenus par la mise en couleurs d’Isabelle Merlet (Villarubia pour l'Acte I), restituent bien l’ambiance sombre et noire, l’atmosphère pesante dans laquelle s’efforcent de survivre les humains et que nous, lecteurs, parvenons à ressentir à la lecture de cet album. Nous voici embarqués à bord de ce train qui nous rend spectateurs du pire que l'humanité peut produire en de telles circonstances. Une réussite.
SDJuan
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TANGO 4
- Par asbl-creabulles
- Le 02/07/2020
Tome 4 - Quitte ou double à Quito
Scénario : MATZ
Dessin : Philippe XAVIER
Couleurs : Jérôme MAFFRE
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-8036-7684-2
Nombre de planches : 54De retour sur la terre ferme, John, alias Tango, et Mario roulent en direction de l’Équateur à travers la Colombie et, depuis bien longtemps, leur voyage semble se dérouler à l’aise. Même le passage de la frontière s’est passé sans problème. C’est un peu plus loin qu’un contrôle de police intrigue Tango. Flairant un piège, il demande à Mario de forcer le barrage et c’est sous les coups de feu qu’ils réussissent à passer et aussitôt pris en chasse. Leur réplique pour semer leurs poursuivants est immédiate: ils tirent sur le véhicule qui finit par se renverser. Avec le retour du calme, Mario n’a plus qu’une envie en arrivant à Quito, trouver un bon hôtel, dormir dans un lit confortable et se régaler d’un bon petit déjeuner. Mais c’est une tranquillité trompeuse. En effet, alors qu’ils font du tourisme, ils tombent sur Reyes et Shannon de la DEA qui leur annoncent que Carmen – aux trousses de John depuis un bon moment déjà – a été vue en ville avec ses hommes. Cela risque de chauffer ! D’ailleurs c’est au garage où ils font réviser leur voiture qu’un premier accrochage a lieu avec les hommes de Carmen. Grâce au garagiste, ils s’en sortent indemnes. Celui-ci accepte même de les héberger chez lui dans un bidonville aux environs de Quito. Mais comme s’il n’avait pas assez d’ennuis avec Reyes, Shannon et… Carmen, John va en plus devoir se frotter au caïd du bidonville où ils étaient censés rester tranquilles. Rien ne va plus, il va falloir faire un choix: fuir ou faire face à ce merdier une fois pour toutes. Mon avis: Dans ce nouvel épisode, l’étau se resserre autour de John. Et au final, ce qui s’annonçait comme des vacances va vite tourner court. Avec ce que Matz et Xavier, en parfaite symbiose, nous ont concocté dans les tomes précédents, on sentait bien venir le danger. Poursuivant les aventures de nos deux héros, le scénario de ce tome 4 combine habilement des passages calmes – occasion d’évoquer des faits antérieurs et pour Tango, dont c’est la passion, de faire un rappel historique et géographique – et des scènes d’action au rythme soutenu et captivant. On retrouve donc avec plaisir les principaux ingrédients d’un thriller d’aventure : dépaysement, nouvelles rencontres, courses poursuites, échanges de coups de feu … Un bon album sur fond d’Amérique du Sud, ses paysages et villes si caractéristiques, agrémenté d’une touche d’histoire sur les lieux visités. Ce quatrième tome plus nerveux apporte même quelques réponses à nos questions autour du passé de notre héros.Allant à l’essentiel, grâce à ses cadrages et ses mises en scènes, les dessins de Philippe Xavier servent parfaitement la narration de l’histoire. Des personnages hauts en couleurs, des scènes d’action diverses et variées, le tout largement agrémenté de paysages naturels et décors urbains du plus bel effet, en particulier sur plusieurs cases particulièrement soignées et réussies, notamment la capitale ou les bidonvilles. La mise en couleurs de Jérôme Maffre vient largement souligner la qualité du trait de planches aérées, agréables à l’œil et séduisantes. On se laisse transporter par ce "road/boat trip" avec plaisir et sans prise de tête, cela fait du bien. La suite arrive bientôt dans un nouvel album qui semble déjà bien avancé.
Info : Il existe une version N&B tirée à 1000 exemplaires !
SDJuan
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KNOCK OUT !
- Par asbl-creabulles
- Le 01/07/2020
Scénario : Reinhard KLEIST
Dessin : Reinhard KLEIST
Couleurs : N&B
Dépot légal : Juin 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-203-21152-0
Nombre de pages : 160Emile Griffith exerce le métier de chapelier. Toute la journée, il confectionne des chapeaux pour dame. Par une journée de forte chaleur, alors qu’il fait du rangement dans la réserve, son torse nu et musclé attire les regards de ses collègues féminines, mais aussi celui de son patron, M. Albert, qui vient d’arriver… mais là il s’agit du regard d’un ancien boxeur. Convaincu d’avoir affaire à une perle rare, il décide de parler au jeune homme. Il lui propose de passer à son ancienne salle de boxe pour y rencontrer l’entraîneur Gil Clansy. M. Albert rêve déjà d’en faire un grand boxeur. Rapidement pris en main et entraîné, Émile est propulsé sur un ring pour un essai. C’est une révélation ! D’un seul coup, il met KO son adversaire. A force de persuasion, Émile accepte de poursuivre l'entraînement à condition de pouvoir conserver son travail de modiste. Il va vite gravir les échelons et atteindre le titre de champion du monde. Mais en devenant "visible", sa vie privée commence à poser question. A la suite d’une agression homophobe, bien des souvenirs vont resurgir et, d'une façon étrange, à travers la présence d’une main secourable, celle d’un boxeur tout comme lui avec lequel s’engage une longue conversation.Mon avis: Parcours étonnant que celui de cet homme devenu champion du monde de boxe un peu malgré lui. Reinhard Kleist, auteur de plusieurs biographies dont celle du boxeur juif polonais déporté Hertzko Haft ("Le Boxeur" paru chez Casterman en 2013), nous revient avec cet album dédié à un autre boxeur exceptionnel, Emile Griffith, qui ne pensait certainement pas monter un jour sur un ring et encore moins devenir champion du monde. Passionné par son boulot de modiste/chapelier, il était heureux comme ça et ne désirait que partager bonheur et joie autour de lui. Lors de ses premiers matchs, il ne s'imaginait pas devoir frapper d’autres hommes et encore moins remporter les combats. A l’époque, il était impensable pour un afro-américain de devenir un sportif sauf dans le monde de la boxe. C'était "acceptable". Mais, Emile Griffith est également homosexuel. S’il fera tout pour vivre son homosexualité de la manière la plus naturelle mais en essayant de rester le plus discret possible – encore plus après être devenu pro pour ne pas nuire à sa carrière de boxeur – c’est pourtant cette homosexualité qui va le pousser, lui le jeune homme non agressif, à se laisser envahir par la haine. En 1962, au Madison Square Garden de New York, après avoir reçu des remarques homophobes de son adversaire, Benny Paret, cette haine va le pousser à le frapper encore et encore jusqu’à ce qu’il s’écroule inconscient. Paret décèdera deux semaines plus tard à l’hôpital. Ce drame va poursuivre et littéralement hanter Griffith jusqu'à la fin de ses jours. Kleist Reinhard nous raconte parfaitement l’ascension fulgurante du premier noir américain devenu champion du monde de boxe en restant fidèle au récit historique tout en s’autorisant la liberté d’imaginer un dialogue entre le fantôme de Paret et Griffith alors en route vers l’hôpital après l’agression homophobe dont il sera victime bien plus tard. Un récit de toute beauté servi par un dessin semi-réaliste percutant et efficace en noir et blanc qui force les traits et les expressions pour accentuer ce côté noir et dramatique d'un homme qui ne comprend pas pourquoi on ne le laisse pas vivre sa vie, vivre heureux en partageant joie et bonheur autour de lui. Le dessin nous transmet ainsi toute l’énergie du héros lors des scènes de combat, et pour les moments plus sereins où domine la joie de vivre il se réduit à des traits hachurés plus légers. L’ensemble bénéficie d’un découpage dynamique pour une lecture très fluide. Tiré d’une histoire vraie légèrement romancée, le récit raconté dans ce roman graphique vaut vraiment le détour.
SDJuan
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DANS MON VILLAGE, ON MANGEAIT DES CHATS
- Par asbl-creabulles
- Le 29/06/2020
Scénario : Philippe PELAZ
Dessin : Francis PORCEL
Couleurs : Francis PORCEL
Dépot légal : juin 2020
Editeur : Bamboo
Collection :
ISBN : 978-2-8189-7563-3
Nombre de planches : 54Cela commence comme un conte mettant en scène un gamin de 13 ans, Jacques Pujol, atteint d’analgésie – une perte de la sensibilité à la douleur – et sa petite sœur Lily. Jacques adore Lily et n’hésite pas à s’interposer quand leur père, chauffeur routier mais aussi homme violent et souvent ivre, s’en prend à eux ainsi qu’à leur mère en menaçant de les frapper. Pendant ses missions sur les routes, leur mère "reçoit" la visite d'autres hommes et les gamins ont pris l’habitude de s’échapper de la maison. Lors d’une de ces escapades nocturnes pour regarder les étoiles, Jacques et sa sœur Lily surprennent M. Charon, le maire mais aussi le boucher du village, en train de capturer des chats. Ils le suivent jusqu’à sa boutique et le surprennent en plein travail de dépeçage des corps des animaux. Le pâté du boucher, qui a tant de succès dans le village, est donc fait à base de viande de chat ! Jacques est bien décidé à faire comprendre au maire/boucher qu'il connaît le secret de sa recette. Mais alors qu’il pensait jouer avec sa victime comme un chat avec une souris, la situation va très vite devenir un piège sanguinaire. A la maison, les choses ne vont pas s’améliorer non plus avec son père. Une nouvelle vie va donc commencer pour Jacques, ni banale, ni ordinaire.Mon avis: Derrière son titre original, ce one shot nous fait vivre l'ascension dans la violence de ce jeune gamin qui au départ cherchait seulement à protéger sa petite sœur des coups de son père. N’ayant peur de rien, ou presque, on va le voir jouer au "petit" dur et, peu à peu, devenir quelqu’un avec qui il va falloir compter avant de finir meurtrier. Le gamin est rusé et doué mais il a toutefois ses faiblesses. Saluons le savoir-faire du scénariste Philippe Pelaez car on accroche tout de suite avec la mise en bouche du pâté de chats. C’est le héros en voix off qui nous décrit et nous raconte cette vie hors normes, une vie sombre, noire et violente. L’utilisation de la voix off, les rebondissements de l’intrigue, le suspense, les dialogues savoureux, tout y est pour nous surprendre et nous tenir en haleine, bref nous mettre une claque ! Si vous n'avez pas encore eu l’occasion de lire une BD de cet auteur (Un peu de tarte aux épinards, Maudit sois-tu, etc.), je ne peux que vous conseiller de vite étoffer votre collection. Sans aucun doute, un auteur qu’il faut suivre de près. Les dessins de Francisco Porcel rendent parfaitement cette ambiance sombre et déjantée. Sous son trait, tous les personnages ont une "gueule" avec un caractère bien trempé. Une belle mise en page au service de l’intrigue et des cadrages presque cinématographiques. Les couleurs donnent le ton, sombres mais sans rien écraser, venant accentuer un peu plus l’ambiance de polar déjanté.
Un très bon moment de lecture.
SDJuan
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ALIX SENATOR 10
- Par asbl-creabulles
- Le 26/06/2020
Scénario : Valérie MANGIN
Dessin : Thierry DEMAREZ
Couleurs : Jean-Jacques CHAGNAUD
Dépot légal : Avril 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-203-19262-1
Nombre de pages : 46Après avoir perdu deux de ses proches, Alix s’efforce de remonter la pente et de se projeter dans l’avenir. À l’invitation de son cousin Vanik, désormais gouverneur à Arquélia, il se met en route vers la Gaule. Alix connait bien la région d’Alésia pour y avoir vécu à l’époque de Vercingétorix. Vanik lui fait part de ses grands projets pour la ville puisque la Gaule est à présent gallo-romaine. En route vers Alésia, il confirme à Alix son désir d’"en faire une ville aussi romaine que gauloise, le symbole de l’unité de nos deux peuples". Sur le trajet, Alix apprend aussi que des créatures se cachent dans la forêt, coiffées de peaux de loups. Depuis l’annonce des travaux pour transformer Alésia, les attaques d’hommes-loups se sont multipliées. Un jour, Alix, ne peut s’empêcher de suivre l’un d’eux. Il se retrouve face à Ollovia, la veuve de Vercingétorix, entouré d’hommes déguisés, ce qui vient confirmer ses soupçons : il s’agit bien des vétérans de l’ancienne armée de Vercingétorix battus et humiliés par les Romains. Alix va tout faire pour calmer les choses dans les deux camps. Mais cela ne sera pas aussi simple qu’il pensait, surtout lorsqu’on a comme seul héritage la défaite, l’humiliation et la mutilation.Mon avis: Ce tome 10 est une très belle surprise. Valérie Mangin nous régale d’un scénario attrayant, classique dans la forme mais fourni en rebondissements, bref d’un récit efficace qui ne manque pas de suspense. L’intrigue, bien menée, nous donne l’occasion de revenir sur le passé d’Alix au temps de Vercingétorix en Alésia. Des liens forts vont remonter à nos jours, ce qui devrait ravir les fans du héros mais pas seulement! La partie dessin confiée à Thierry Démarez est toujours aussi réussie haut la main. Les extérieurs – balades en forêt, à cheval et scènes de combats très réalistes – sont agréablement restitués tant en plans larges que rapprochés. Il en va de même s’agissant des ambiances romaines intérieures. Les deux bénéficient d’un trait précis et d’une abondance de détails ainsi que d’une mise en couleurs plaisante de la part de Jean-Jacques Chagnaud.
Une série dont l’intérêt et la qualité ne se démentent pas
SDJuan
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LE CULTE DE MARS
- Par asbl-creabulles
- Le 18/06/2020
Scénario : MOBIDIC
Dessin : MOBIDIC
Couleurs : MOBIDIC
Dépot légal : juin 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-7560-9921-7
Nombre de planches : 112En des temps futurs, les ressources de la Terre ayant fini par s’épuiser, l’homme a décidé de quitter sa planète pour aller s’installer sur Mars. En réalité, seule une fraction des plus nantis est montée à bord de la fusée. Pire, ceux faisant partie de cette "élite" ne sont jamais revenus, comme prévu et comme promis, chercher les autres, les plus nombreux mais aussi les plus pauvres, contraints et forcés de (sur)vivre sur une planète en détresse tout en gardant l’espoir qu’un jour eux aussi pourraient partir sur Mars. Sur la Terre, au fil du temps la nature et les animaux ont progressivement repris leurs droits obligeant les hommes à s’habituer à (re)vivre comme avant. Mais pour beaucoup l’espérance d’un départ vers Mars est devenue une croyance, une religion, un culte célébré notamment à chaque alignement des planètes, le "culte de Mars" qui donnera même lieu à des sacrifices humains. D’autres vont essayer de réparer une fusée abandonnée mais les connaissances elles aussi se sont peu à peu perdues. Seul Hermès, un homme qu’on surnomme "le messager de Mars" pourrait bien avoir toutes les réponses.Mon avis: À travers ce beau récit fantastique, Mobidic (dont on a pu lire Le Roi Ours paru en 2015 chez Delcourt) développe d’une manière des plus intéressantes et captivantes sa vision de notre planète qui se reconstruit peu à peu après avoir frôlé la fin du monde. Elle met en avant le savoir et la communication à travers les personnages d’Hermès qui récolte tout au long de son parcours un maximum de connaissances du passé (qu’il va s’appliquer à transcrire dans son livre), et de Caroline, sourde de naissance, avec laquelle Hermès va s’efforcer de communiquer grâce à la langue des signes. Croyances et savoir vont se confronter dans ce récit où l’espoir est perçu et vécu différemment et où il pousse à agir tout aussi différemment selon le point de vue adopté pour le concrétiser (sombrer dans l’idolâtrie ou réparer une fusée). Côté illustration, l’album est un pur régal pour les yeux. Mobidic nous gâte avec ses vues d’une nature où la végétation a repris ses droits tout en y insérant des passages sombres où la lumière, telle une lueur d’espoir, réussit à percer. Ajoutons un choix intelligent et efficace des cadrages et du découpage, des personnages expressifs, des couleurs bien pensées. Un récit captivant à ne pas rater ainsi que le carnet de croquis en fin d'album !
SDJuan
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UN HOMME QUI PASSE
- Par asbl-creabulles
- Le 01/06/2020
Scénario : Denis LAPIÈRE
Dessin : DANY
Couleurs : DANY
Dépot légal : Mars 2020
Editeur :
Collection : Air Libre
ISBN : 979-10-34732-12-8
Nombre de pages : 64Îles Chausey. En pleine tempête, Paul s’avance sur la plage revolver en main, bien décidé à en finir avec la vie. Soudain, son attention est attirée par une fusée de détresse. Paul comprend vite que si le bateau en perdition s’approche trop près, ce sera la catastrophe car il connaît parfaitement ce rivage et ses rochers près de chez lui. Il rentre s’équiper et embarque sur son canot à moteur pour donner un coup de main. Très vite, il entend les cris d’une femme et se précipite pour la secourir. Tous deux réussissent à s’en tirer sains et saufs. Paul invite la rescapée chez lui pour qu’elle se change et se remette de ses émotions. Elle lui confie s’appeler Kristen et être venue à la demande de son éditeur car Paul, reporter-photographe, était censé livrer la maquette de son nouveau livre photo, un livre différent, plus intime, "le journal d'une vie d'aventures amoureuses" selon les propres mots de l'artiste. En découvrant un pan de mur entièrement couvert de photos de femmes séduisantes Kristen va découvrir la véritable nature de Paul… pour le meilleur et pour le pire.Mon avis: L’originalité du scénario est de nous présenter, une fois passé l’épisode mouvementé du sauvetage, deux points de vue complètement différents sur les relations homme/femme dans le cadre d’un huis clos plutôt agité, l’un considérant la séduction comme libre et l’autre ayant un avis plutôt opposé mais sans connotation féministe marquée. Ce tiraillement constant entre les deux points de vue est véritablement la marque de cet album et va nous mener vers un dénouement inattendu et surprenant, en particulier en ce qui concerne le personnage de Kristen. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le scénario ne surfe pas sur la vague des mouvements anti harcèlement nés après #MeToo car il est resté très longtemps dans un tiroir de Denis Lapière (son 150è scénario) et quasiment réservé à Dany pour la mise en images. C’est donc chose faite aujourd’hui. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de faire un certain rapprochement avec l’auteur Dany, car lui-même est un grand séducteur, amoureux des femmes, mais aussi par les voyages et les époques évoquées, tant la ressemblance avec le héros de la BD est frappante. L’illustration de couverture montrant des flots tumultueux venant s’écraser sur les rochers représente bien l’ambiance de l’album et l’état psychologique du héros qui s’en prend plein la figure. Dany renoue pour ce one shot avec un dessin réaliste en couleurs directes qui témoigne largement de son talent tant pour les extérieurs maritimes de l’île, les divers paysages liés à l’évocation du passé que pour les décors intérieurs mais, et surtout, pour les multiples conquêtes féminines évoquées par Paul. Et là, il se distingue vraiment. Un one shot surprenant qui nous permet de retrouver avec plaisir le Dany dans un style qui lui réussit si bien.
SDJuan