Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
-
SARIA Intégrale
- Par asbl-creabulles
- Le 19/01/2021
Scénario : Jean DUFAUX
Dessin : Paolo Eleuteri SERPIERI & Riccardo FEDERICI
Couleurs : Paolo Eleuteri SERPIERI & Riccardo FEDERICI
Dépot légal : Novembre 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-413-02693-8
Nombre de pages : 192 dont 4 p. de croquis en fin d'album.Venise dans un futur lointain. Agonisant et sur le point de mourir, le prince Asanti a fait venir sa fille Saria afin de lui remettre un coffret contenant trois clés. L'une mène aux portes de l'Enfer, la deuxième au Paradis céleste et la troisième, la plus terrible, au Néant. Saria va devoir trouver la porte que les trois clés ouvrent, la "Porte de l’Ange" conduisant au Paradis et à son pouvoir suprême. Mais elle doit à tout prix rester discrète et surtout ne jamais révéler qu'elle est une Asanti... car personne ne sait que le prince a eu une fille. Normalement, le Doge de Venise, le frère du prince, aurait dû hériter des clés et du pouvoir qu'elles confèrent à son propriétaire. Mais il n’est pas non plus le seul à suivre la piste de ce coffret tant convoité. Le démon Galadriel, gardien de la porte, va même devancer tout le monde en s’attaquant directement à Asanti et clouer son âme en lui jetant le sort de la lumière des douleurs. Jadis, les clés ont été dérobées par le Cardinal Mozo Asanti, un homme d'église devenu fou. Et jusqu’à aujourd’hui, personne n’a réussi à trouver la célèbre Porte de l'Ange. Furieux de n’avoir pu récupérer les clés, le Doge va devoir déployer toutes ses ressources, notamment ses troupes de Fascii armés menées par le Duc Amilcar, pour mettre la main sur Saria. Mais celle-ci incarne désormais la personne que le peuple vénitien attend et vénère comme une libératrice, La Luna! La quête de Saria s’annonce longue et ardue d’autant que sur son chemin se dressent les Enfers… La seule aide sur laquelle elle pourra compter viendra du Grand Cadi et de son martyr Ali Muslim Orfa tout droit descendus du vaisseau de la Dyle des Forçats qui est de retour et plane sur la ville, comme il le fait tous les 12 ans… Mon avis: Je dois dire que j’ai pris une claque quand j’ai découvert le très bel album "Les Enfers" de Jean Dufaux et Paulo Eleuteri Serpieri. C’était en 2007. De plus, la rencontre en librairie m'avait laissé présager une très belle mini-série de qualité comme Dufaux peut en produire. Avec deux auteurs de cette trempe, il ne pouvait en être autrement.
Mélange de fantastique, de sorcellerie, de baroque pour une quête mystique située dans une Venise post-apocalyptique, tout était réuni pour que l’on se régale. Sauf que les éditions Robert Laffont ayant disparu, il aura fallu attendre cinq ans pour découvrir en novembre 2012 le tome 2 chez Delcourt sous un nouveau titre de série et une nouvelle couverture (également pour le tome 1) mais aussi... un nouveau dessinateur ! Riccardo Federici ! Mais, on avait enfin la suite !
Je me rappelle que cet album m'a donné autant de plaisir à la lecture. Quant aux illustrations de Riccardo Federici, un pur régal même s’il s’agit d’un monde démoniaque. Comme l'explique Dufaux dans la préface, c'est aussi son fort...
Mais voici que le même schéma se reproduit pour le tome 3 qui nous arrive plus de 8 ans après le deux. C'est réellement de la torture pour les fans même si côté illustration, Federici nous régale avec ce troisième tome tout aussi excellent, tout au long d’un voyage de l'enfer au paradis. C’est bien l'illustration de Serpieri et Federici qui restera après autant d'attente le point fort de cette série même si côté scénario, le récit de Jean Dufaux tient la route et apporte son lot de surprises, de mystères et de rebondissements jusqu’au bout, l'attention étant désormais focalisée sur Saria et son parcours difficile, son combat face au gardien Galadriel, les secrets qu’elle a découverts, son retour dans une Venise détruite sous les bombes…
Cette fiction plutôt complexe sur le thème des luttes de pouvoir aurait certainement mérité, tout comme son scénariste, Jean Dufaux, une parution selon un rythme plus ou moins régulier, fixé à l’avance, pour donner son plein potentiel. Jean Dufaux est d'ailleurs mis en avant en cette fin d'année 2020 malgré le confinement avec la sortie de pas moins de trois albums quasi en même temps : Murena T11, Blake et Mortimer T27 et enfin l'intégrale Saria.SDJuan
-
INHUMAIN
- Par asbl-creabulles
- Le 19/01/2021
Scénario : Valérie MANGIN & Denis BAJRAM
Dessin : Thibaud DE ROCHEBRUNE
Couleurs : Thibaud DE ROCHEBRUNE
Dépot légal : Octobre 2020
Editeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
ISBN : 979-10-34733-02-6
Planches : 93Un vaisseau d’exploration spatiale file vers une planète inconnue. Ses cinq membres d’équipage ont une attitude étrange. Ils sont comme grisés, dans un état de bien-être extrême, peut-être même un peu trop pour le robot androïde qui les accompagne. Il tente en vain de les raisonner et de les prévenir que la trajectoire programmée va les crasher sur la planète avec des conséquences imprévisibles. Si le choc s’annonce inévitable, la chance va leur sourire car le vaisseau plonge dans un océan. Malgré tout, il a été gravement endommagé et commence à couler dans une mer mystérieusement colorée en rouge. Pour éviter la noyade, les membres de l’équipage l’évacuent au plus vite mais leurs scaphandres très lourds les entraînent vers le fond. C’est alors que d’étranges pieuvres les entourent. La panique gagne les naufragés avant qu’ils se rendent compte qu’elles sont venues les aider et les secourir. Elles vont ensuite les déposer sur la seule île non loin de là, même ce qu'il reste de Miller, le pilote, qui n’a pu quitter le vaisseau à temps et a péri dans son implosion. À leur grande surprise, des humains complètement nus viennent les accueillir sur le rivage et parlent leur langue. Après quelques jours de cohabitation, les survivants décident de s’aventurer plus loin. Ils ont aperçu un homme qui semble avoir une attitude plus normale que ceux qui les ont accueillis, des cannibales qui croient en une sorte de divinité, le Grand-Tout.Mon avis : Dans la célèbre collection Aire Libre de Dupuis, voici un très bel album d'anticipation qui en nous menant à la découverte de l'espace dans un futur impressionnant devient très vite interpellant par les questions qu’il aborde. Un monde étrange, une humanité primitive sur une planète qui fonctionne comme un tout et où l’individualisme semble ne plus exister. Mais pour qui ou pourquoi ? Quelle force, quelle croyance peut pousser l'humain à tout abandonner pour se limiter à servir, à se sacrifier.
S’agit-il d’une civilisation au sens qu’a ce terme sur la Terre ? Faut-il l’apparenter au monde des insectes comme les fourmis ou les abeilles ?
Un monde étrange en surface mais aussi dans de multiples couches souterraines de plus en plus profondes que nos visiteurs vont être amenés à découvrir même si la planète est essentiellement aquatique. Et si au fil de leur avancée nos héros vont obtenir des réponses, ils risquent bien de le payer de leur vie à chaque étape franchie.
Un récit prenant qui apporte son lot de révélations plutôt surprenantes voire un peu angoissantes où s’exprime le savoir-faire d’exception du duo que forment Denis Bajram et Valérie Mangin sur cet album.Coté dessin, Thibaud de Rochebrune donne libre cours à son talent pour décrire cette planète sous tous ses aspects, l'eau, la terre, ses entrailles. On le sent à l'aise dans l’illustration des différents environnements et ambiances. Une atmosphère angoissante au début, dérangeante au contact des habitants humains et de plus en plus étrange au fil de la lecture. Belle qualité graphique – trait, cadrages, couleurs – pour une lecture fluide et passionnante.
Un bel album.SDJuan
-
J.-F. CHARLES
- Par asbl-creabulles
- Le 19/01/2021
J.-F. Charles - Artbook
Scénario : Jean-François CHARLES
Dessin : Jean-François CHARLES
Couleurs : Jean-François CHARLES
A l'initiative de : Charles-Louis DETOURNAY
Dépot légal : Novembre 2020
Editeur :
Format : A l'italienne
ISBN : 978-2-203-21142-1
Nombre de pages : 264C’est lors d’un festival BD organisé à l'époque de la sortie d'un tome de la série Fox, sans doute vers le milieu des années 90, que j’ai fait la connaissance de Jean-François Charles et de son épouse Maryse. Cette première rencontre m’a permis de découvrir deux personnes charmantes et accessibles et je préciserai qu’aujourd’hui c’est encore et toujours le cas.
Je me suis intéressé à leurs travaux qui m’impressionnaient beaucoup. J’ai découvert ce que Jean-François avait fait avant Fox et depuis j’ai lu et continue de lire à peu près tout ce qu'il a publié, seul ou désormais le plus souvent avec Maryse.
Par la suite, ce qui m'a le plus marqué, c'est leur capacité à nous surprendre à chacune de leur nouveauté en nous proposant un récit, une aventure à laquelle on ne s’attend pas, la surprise est totale. Et quand Jean-François est passé à la couleur directe, cela a été un émerveillement. L’ouvrage Jean-François Charles – Artbook non seulement est un vrai régal pour les yeux mais il nous permet d’en apprendre énormément sur l'auteur. Jean-François Charles a délaissé l'école au profit de l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles tant il sentait le besoin de concrétiser ce qu'il pensait pouvoir faire le mieux : raconter des histoires en les dessinant, autrement dit créer ses propres bandes dessinées. L’académie va certes lui donner l’occasion de se former aux différentes techniques d’art mais pas vraiment à la BD proprement dite.
Il a réellement développé sa passion et sa technique au contact des magazines qu’il lisait assidûment, Spirou et Tintin qu'il recevait à la maison, mais également les revues Creepy et Eerie qui publiaient les travaux d'auteurs américains de comics. Ces revues l'ont d’ailleurs bien aidé à s’orienter vers le dessin réaliste, comme Maryse le lui avait d’ailleurs conseillé, même si au départ Jean-François pensait plutôt se tourner vers les BD humoristiques.
Le dessin en noir et blanc l'a satisfait un temps mais il ressentait le besoin d'aller plus loin, de peindre. C'est la peinture à l'huile pour ses couvertures qui a été sa première récréation entre l'élaboration des planches. Il est ensuite passé à l’écoline (encre-aquarelle) pour l'illustration des ouvrages jeunesse. Très vite est arrivé un besoin pressant d'apprendre, de découvrir et d'apprécier d'autres techniques de mise en couleurs : l'aquarelle, puis l'acrylique et enfin le pastel à l'huile. La couleur lui a ainsi permis de "modeler le sujet et jouer sur la lumière". Parallèlement, Jean-François Charles a senti le besoin de faire des pauses, de "mettre de côté" ses planches afin de se faire plaisir : faire des voyages avec Maryse pour découvrir de nouvelles contrées, de nouveaux paysages, suivre des routes qui ne mènent nulle part, s'imprégner de l'ambiance, des gens, des décors mais aussi des couleurs et de la lumière, imaginer des histoires. Car oui, Jean-François Charles et Maryse sont curieux de tout. Ils s'arrêtent pour vraiment ressentir les images, les sons mais Jean-François ne dessine pas sur place. Il préfère en profiter au maximum et s’attelle ensuite à les "reproduire" dans ses albums ou sur toile. Rien n'est donc laissé au hasard puisque les auteurs se sont rendus sur place, chaque fois que cela s'avérait nécessaire pour nous offrir des récits largement documentés et cela se ressent.Cet artbook réunit des peintures, des aquarelles, des pastels autant d’illustrations qui sont de véritables invitations au voyage pour lesquelles, contrairement à sa production BD, Jean-François Charles n’a pas travaillé sous les contraintes des procédés d’impression (même si, le progrès aidant, il est désormais possible de bien restituer la couleur directe en imprimerie). Il était libre d’utiliser la couleur comme il le ressentait, comme il l’aimait.
On y retrouve quelques-unes des héroïnes de ses séries en tout cas de belles femmes comme il aime les dessiner. Elles se promènent à vélo avec grâce sur des routes de village ou semblent nous accompagner debout, de dos, dans la contemplation d’un paysage. On se laisse emporter par la quiétude de toutes ces peintures, dont une trentaine réalisées spécialement pour cette monographie, dont l’auteur en personne nous raconte la genèse avec ses mots, avec son ressenti, en nous expliquant la technique retenue pour sa réalisation.Un très bel ouvrage de 260 pages commenté par Jean-François Charles, un "livre d'art" au sens du terme anglais artbook, une passionnante invitation au voyage vers l’Italie, l’Afrique, la Chine tout au long de la carrière d'un grand maître de la BD. Et merci à Charles-Louis Detournay (ActuaBD) à l’origine de ce beau projet.A noter l’exposition rétrospective en cours à la Galerie Huberty & Breyne de Bruxelles jusqu'au 9 janvier 2021.
SDJuan
-
JUILLARD Carnets secrets 2004 - 2020
- Par asbl-creabulles
- Le 19/01/2021
Dessin: André JUILLARD
Couleurs : André JUILLARD
Conception et mise en page : Vincent ODIN
Dépot légal : novembre 2020
Editeur : Daniel Maghen
ISBN : 978-2-356-74083-0
Pages : 420
Préface d'Anne JUILLARDAndré JUILLARD dessine tout le temps.
Avant, pendant et après ses albums, il remplit des carnets.
Daniel Maghen, galeriste et éditeur parisien a eu la très bonne idée d’éditer ce gros pavé de 420 pages reprenant pas moins de 16 carnets, 1 cahier et des feuilles (si je ne me suis pas trompé) s’étalant de 2004 à 2020.Ainsi vous y retrouverez :
- Le Carnet Vert de 2004 qui présente des études de visages, de corps féminins habillés ou déshabillés.
Vous reconnaîtrez parfois ses héroïnes sorties des pages BD.
De simples esquisses ou des dessins presque finis avec souvent des touches de couleur ou de blanc.
Proches de la bande dessinée ou des grands artistes (à la manière de...).
- Le Carnet Dell’Art nº1 de 2001 où Juillard annote qu’il est parfait pour le crayon gras.
- etc.
Tout l’art, le savoir-faire, les prouesses graphiques, la dextérité d’André Juillard sont présents dans ce magnifique recueil.
Certains carnets présentent des paysages français vus lors de séjours, des lieux de vacances, Paris. D’autres des scènes oniriques qui pourraient servir d’illustrations à un roman... où le minéral est très présent.
De l’abstrait, aussi parfois.
Ici, la texture du papier est identique pour toutes les pages mais la texture du grain propre à chaque carnet est quand même perceptible.
Ces carnets servent aussi de laboratoire pour l’auteur et une variété inouïe de techniques sont ici représentées.
Mais le point commun de tous ces visages, c’est la profondeur des regards si vivants.
Celui de tous ces corps, c’est le côté charnel.L’épaisseur de la peau, le mouvement de la chair est perceptible.
Ces esquisses, ces dessins de femmes sont une ode à la beauté, la sensualité féminines intemporelles.
Aucune once de mauvais goût. Que de la pureté des traits, des lignes, des courbes...
Un Eden sans faute...
Le livre une fois fermé... le besoin de le rouvrir s’empare de vous. Étonné, vous posez votre regard sur une page qui semble se révéler pour la première fois, tellement les différences de perceptions sont nombreuses.M. Destrée
-
IL FAUT FLINGUER RAMIREZ T2
- Par asbl-creabulles
- Le 19/01/2021
Acte 2
Scénario : Nicoles PETRIMAUX
Dessin : Nicoles PETRIMAUX
Couleurs : Nicoles PETRIMAUX
Dépot légal : Novembre 2020 (date réelle de parution le 2/12/2020)
Editeur :
ISBN : 978-2-344-01874-3
Nombre de pages : 192Falcon City (Arizona),1987. Depuis qu’il est en cavale, accompagné de Chelsea Tyler et Dakota Smith, deux comédiennes ratées plus ou moins reconverties en braqueuses de banque, plus rien ne va pour Jacques Ramirez, notre sympathique vendeur muet de chez Robotop. La police de Falcon City est à ses trousses car tout semble le désigner comme l’instigateur et le responsable de l’attentat contre la firme d’électroménager, alors que lui n'aspire (c'est le cas de le dire) qu'à une seule chose, vendre des aspirateurs, en l'occurrence le top du top, le Vacuumizer. Il est assurément le meilleur vendeur dans sa catégorie! S'il n'y avait que la police, Jacques pourrait s’en sortir mais il y a aussi et surtout Ramon, le fils d'Hector Rodriguez du cartel de Paso del Rio. Et là, c’est sa peau qui est en jeu et même sa vie qui est menacée. Tout est parti d'un malentendu, de cette confusion avec son père, véritable légende venue du Mexique, tueur professionnel implacable, aujourd’hui devenu fantôme car accusé d’avoir trahi le cartel. Mais revenons à notre Jacques. S'il n’avait pas fui avec Dakota et Chelsea, il aurait passé l'arme à gauche, un comble pour quelqu'un qui a horreur des armes. Son père en sait quelque chose, lui qui n'a jamais réussi à convaincre Jacques de prendre la relève au sein de la famille… Mon avis: Les paysages sublimes de l'Arizona comme décor, les membres d’un cartel aux trousses de notre héros, des flics déjantés prêts à tout pour l’attraper, des nanas braqueuses gaulées comme des top modèles, une bande annonce du tonnerre .. que dire de plus pour que cette série se retrouve chez vous ? En ajoutant peut-être qu’on croirait suivre un de ces films pleins de violence et de folie dont Tarantino a le secret avec comme acteur principal ici... Charlot ou les Marx Brothers ?!? Ça y est, j'ai votre attention ? Et bien courez vite l'acheter, car c'est vraiment DÉ-CA-PANT ! Il y a de l'action, des flingues de toutes sortes, de grosses bagnoles mais et surtout... de l'humour et du talent que l’on doit à Nicolas Pétrimaux ! Sans oublier ces intermèdes publicitaires tout aussi déjantés qui créent la surprise à chaque fois. C’est rythmé et efficace de bout en bout et agrémentés de dialogues de fous. On se demande ce que ce pauvre Ramirez, qui n'a rien demandé à personne, a bien pu faire pour mériter autant d’acharnement. Mais en commençant à mieux connaître sa famille, une piste sérieuse se dessine. Et que dire de ce chef de cartel, j’ai nommé Hector Rodriguez, à l’allure et au comportement plutôt singuliers. On est vraiment dans de la pop culture, sympathique et réjouissante avec cet album dont la lecture doit impérativement se faire à plusieurs niveaux pour pleinement l’apprécier.Coté dessin, c'est tout aussi épatant, bourré d'énergie et particulièrement dynamique, dans un style très cinématographique. Des cadrages bluffants sur certaines scènes qu’on croirait créées en 3D. Des bagarres, des poursuites, des explosions, de l’humour bien sûr puis, au détour d’une page, l’inattendu d'un silence sorti d'une scène du film "Le bon, la brute et le truand" quand tout peut arriver à n'importe quel moment, surtout à celui où on l'attend le moins. De magnifiques décors, un souci du détail dans les ambiances et objets représentés si typiques de l’Amérique de l’époque et, bien entendu, des personnages aux gueules typées voire caricaturales… Vous l'aurez compris, j'ai vraiment passé un très bon moment, déjanté, c'est vrai, de lecture mais tout à fait addictif. D'ailleurs, je suis déjà en manque. Mais vu l'épaisseur du volume 2, le troisième risque bien de se faire attendre longtemps et je vais devoir trouver un substitut au plus vite… Deux albums à se procurer au plus vite, parfaits pour rompre la monotonie en ces temps de confinement…
SDJuan
-
LES CONTES DE NOËL
- Par asbl-creabulles
- Le 19/01/2021
Contes de Noël du journal Spirou 1955-1969
Scénario: Collectif
Dessin: Collectif
Couleurs :<Quadrichromie>
Couverture : Morris
Préface :Pissavy-Yvernault, Bertrand & Pissavy-Yvernault, Christelle
Dépot légal : Novembre 2020
Editeur :
Collection :Patrimoine
ISBN :979-10-34738-18-2
Planches : 240Si vous avez lu le journal Spirou dans les années 50, 60 et 70, vous étiez sûrement impatients de découvrir les fabuleux numéros spéciaux de Pâques, des vacances d’été et de Noël.
Vous avez peut-être rêvé de les voir un jour reliés dans des intégrales intitulées : "Les numéros spéciaux du journal Spirou“ 1. 2. 3....
Avec du temps, de la patience...beaucoup de patience, il est possible d’en trouver dans les libraires d’occases, sur internet mais vous devrez acheter toute l’année pour avoir les 3 numéros qui vous intéressent.
En attendant, Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault (les 2 magiciens des éditions Dupuis) nous offrent un recueil des contes de Noël de l’année 1955 à l’année 1969.
Quel magnifique cadeau en cette période trouble.
Oui! Des extraits des numéros spéciaux Noël de cette époque. Chaque année est introduite par une reproduction de la couverture (un vrai plaisir de Noël ces couvertures si artistiques, poétiques et féériques) les années 1956 et 1958 exceptées. Ensuite viennent des contes illustrés, des gags, des récits complets réalisés par les plus grands auteurs de l’époque (Franquin, Roba, Peyo, Morris, Tillieux, Macherot...) et d’autres plus surprenants (Godard, Derib, Bara, Rosy...) et tant d’autres encore (Bercy, Cauvin, Deliège, Hausman...)
Si 1955 est léger (un gag de Will et un conte de Peyo quand même), 1956 offre déjà sept pages et la dernière année, 1969, 23 pages d’extraits.
Si vous êtes un lecteur assidu des éditions Dupuis, vous reconnaîtrez quelques pages mais la majorité sont enfouies dans votre mémoire et votre cœur d’enfant.
Ce livre est une véritable madeleine de Proust. Un cadeau à glisser inévitablement sous le sapin.
L’occasion unique de faire découvrir à vos enfants, petits-enfants, les lectures de votre enfance.
Et les relire tous ensemble (à distance...)
Merci Mère Christelle et Père Bertrand
JOYEUX NOËL!!!M. Destrée
-
LORD JEFFREY 2
- Par asbl-creabulles
- Le 19/01/2021
Tome 2 : La nuit du cerf
Scénario : Joël HEMBERG
Dessin : HAMO
Couleurs : HAMO
Dépot légal : Octobre 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-380-75171-0
Nombre de pages : 64On se souvient qu’après avoir récupéré une clé dans le manteau de son père avec l’aide de son chien Sherlock, Jeffrey Archer a dû fuir pour échapper à deux hommes lancés à sa poursuite. Dans sa tête, il est clair que son père a été kidnappé et qu’il ne travaillait pas pour une fondation philanthropique à Londres. Il est bien un agent secret comme il l’a toujours soupçonné. Nous retrouvons à présent Jeffrey qui a été emmené contre son gré par les sentinelles de Miss Cochrane dans une école de formation d’espions installée sur une île au large de l’Angleterre. En fait d’école, l’endroit lui donne plutôt l’impression d’une prison. Personne ne lui inspire confiance, à commencer par l’étrange directeur, passionné de chasse à courre, qui se fait appeler Mère-Grand et qui semble bien convoiter la fameuse clé. Jeffrey va toutefois réussir à se faire une alliée en la personne d’Eléonore, qui connaît parfaitement les lieux et leur fonctionnement. Elle lui raconte qu’elle a rapidement croisé son père qui lui a promis de l’aider. Il lui a même laissé un message écrit avant de disparaître à nouveau. Tous deux décident d’aller dans l’aile Ouest, une zone pourtant interdite aux élèves, car Jeffrey a repéré les traces de son chien Sherlock. Un jour Miss Cochrane arrive de Londres pour sélectionner les élèves ayant terminé leur formation. Jeffrey est convaincu qu’elle a un lien avec la disparition de son père et qu’avec Mère-Grand, tous deux manigancent quelque chose. Heureusement, d'autres "pensionnaires" vont rejoindre les rangs de Jeffrey, Orson le grand costaud et la jeune muette Laurie. La journée de quartier libre et la soirée de "La Nuit du Cerf" vont apporter leur lot de réponses... Mon avis: Si la police a classé l’affaire de la disparition du père de Jeffrey en concluant à une escapade sentimentale, ce dernier est bien décidé à poursuivre son enquête en prenant bien soin de ne rater aucun indice. Joël Hemberg multiplie les surprises et questionnements dans l’univers clos de cette étrange école, aux dirigeants non moins bizarres tout comme les personnes qui les entourent et où le danger peut surgir à tout moment et où chaque nouveau pas vers la vérité peut se transformer en piège mortel. Une intrigue plutôt riche en rebondissements, agrémentée de nombreuses références littéraires et/ou cinématographiques, laissant planer le mystère…
Hamo illustre parfaitement cette intrigue. Un travail soigné, aéré, multipliant les décors et costumes d’époque. Un récit riche en personnages, tous reconnaissables pour une lecture aisée, les uns ayant de bonnes têtes, les autres des visages inspirant la méfiance.. mais attention, ce ne sont pas toujours ceux-là les plus dangereux. La preuve dans cet album.
Affaire à suivre.SDJuan
-
LES OGRES-DIEUX 4
- Par asbl-creabulles
- Le 19/01/2021
Tome 4 : Première-Née
Scénario : HUBERT
Dessin : Bertrand GATIGNOL
Couleurs : <N&B>
Dépot légal : Novembre 2020
Editeur :
Collection : Métamorphose
ISBN : 978-2-302-09026-2
Planches : 88Elmire se presse vers le château pour rendre visite à sa grand-mère Bragante. Celle-ci ne va pas bien, elle se laisse mourir. Malgré tout, elle souhaite raconter son histoire à Elmire. Dans sa jeunesse, Bragante, dite Première-née, a vécu enfermée dans ce château où elle a assisté, bien malgré elle, à l'accouchement d'un bébé géant, le dix-septième du genre. Elle l’a vu sortir du ventre d'une femme de corpulence "normale" qui y a laissé la vie. Hantée par cette vision terrifiante, elle s’est promise de ne jamais avoir d’enfants. Suivant l’exemple de sa tante, Bragante s’est alors réfugiée dans les livres et la lecture et en tant qu’aînée de la famille elle s’est efforcée d’instruire ses frères géants dans l’espoir que les choses changent et que la femme ne soit pas uniquement considérée comme une esclave reproductrice. Mais tenir tête à son père, le Fondateur, ne va pas se passer sans mal, lui qui ne pense qu'à une chose, conquérir et agrandir sa famille de géants. Il fera tout pour l'obliger à pratiquer l’inceste en se soumettant à l'un de ses frères afin d'enfanter à son tour pour grossir les rangs de son armée de géants. Mon avis : Ce quatrième et dernier tome se situe dans la lignée des précédents et brille tout autant par son efficacité et son intensité. Un album très dur et passionnant de bout en bout.
Hubert, cet auteur de grand talent et d'une gentillesse et accessibilité incroyables qui nous a quittés en février 2020 a une fois de plus fait des merveilles avec cet album de dark-fantasy-gothique poignant, émouvant et captivant.
Une réflexion dure et dérangeante sur la triste condition de la femme – la plupart mourant à l'accouchement – dans un monde tyrannique régi par un père qui fait tout pour garder sa famille inculte afin de mieux la dominer et d’en faire un simple instrument de procréation.
Les flashes-back nous font vivre le sort de la Première-née avec beaucoup d'effroi.
On la côtoie à l’intérieur du château et on partage son drame avec énormément d'empathie, aidé par la juxtaposition de pages de texte décrivant bien les personnages et de pages illustrées ce qui leur donne plus d'intensité. Les dessins de Bertrand Gatignol ciselés en noir et blanc, à l'encrage fort et soutenu, rendent parfaitement la grandeur et la puissance d’un récit empreint de violence.
Ses dessins très expressifs traduisent bien les émotions, la peur, la tristesse et l'effroi chez les uns, la brutalité, la domination et la violence chez les autres.
Les personnages et les décors majestueux aux noirs intenses et diverses teintes de gris soulignent l’aspect sombre du récit.
Du très beau travail pour le dernier tome d’une série désormais orpheline de l’un de ses auteurs.SDJuan