Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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À MAINS NUES 1
- Par asbl-creabulles
- Le 21/03/2021
Tome 1 : 1900-1921
Scénario : Leïla SLIMANI
Dessin : Clément OUBRERIE
Couleurs : Sandra DESMAZIÈRES
Dépot légal : novembre 2020
Editeur : Les Arènes BD
ISBN : 979-10-37502-64-3
Nombre de pages : 96Suzanne Noël est une jeune fille lorsque débarquant à Paris elle est témoin d'un terrible accident. Elle ne le sait pas encore mais cet événement va avoir un impact sur son avenir professionnel.
Comme la majorité des femmes du début du 20e siècle, elle se marie assez jeune et s'occupe du foyer. Elle est mariée à un médecin promis à un bel avenir et dont le cabinet médical ne désemplit pas. Cependant, elle aspire à une vie plus trépidante.
Avec l'accord de son mari – oui, vous avez bien lu – elle peut entreprendre des études. D'abord le célèbre baccalauréat pour ensuite s'attaquer aux études de médecine.
Lors de ses études, elle fait la connaissance d'André. Vous savez, le beau gosse de service et je suis sûr que vous voyez où je veux en venir, puis vous me direz que non, qu'une femme médecin c'est sérieux et vous avez...tort. Effectivement, à force d'écumer les bars de la capitale, de la faire vibrer, Suzanne craque et embrasse André. Ensemble, ils ont un enfant...que son mari, Henry reconnait. Le Saint-Esprit a encore frappé.
Du côté des études, Suzanne avance et se fait remarquer grâce à son brillant esprit. Elle rentre dans le service du Professeur Brocq, éminent chirurgien esthétique et spécialiste du visage. Suzanne s'y fait une place lorsque la Première Guerre mondiale frappe à la porte de l'Europe... Les "gueules cassées", vous connaissez ? Suzanne va devenir une sommité en France.Mon avis : Une bande dessinée tout en délicatesse. Le dessin de Clément Oubrerie apporte une sensibilité à un sujet très dur que sont les "gueules cassées".
Le scénario de Leila Slimani tient la route. C’est une histoire vraie, certes, mais il est toujours difficile de raconter l’histoire d’une personnalité en étant intéressant. Les moments choisis sont excellents et donnent envie au lecteur. Suzanne a eu une vie des plus passionnantes !
Comme c’est une histoire vraie, je l’avoue, j’ai tellement aimé le livre que je n’ai pas attendu le tome 2 pour en savoir plus sur Suzanne Noël. Dans ces cas-là, Wikipedia est ton ami. C’est plutôt bon signe, donc lisez cette bande dessinée !Jordan
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CRÉATURES 1
- Par asbl-creabulles
- Le 19/03/2021
Tome 1 . La ville qui ne dort jamais
Scénario : Stéphane BETBEDER
Dessin : DJIEF
Couleurs : DJIEF
Dépot légal : Janvier 2021
Editeur :
ISBN : 979-10-34738-20-5
Planches : 72Depuis la catastrophe, New York n’est plus ce qu’elle était. Dans ce futur post-apocalyptique, les adultes sont devenus des zombies et de monstrueuses créatures rôdent, se tenant à l’affût dissimulées par une étrange brume qui accompagne chacune de leur apparition. Apparemment épargnés, les enfants doivent se débrouiller par eux-mêmes. Les plus chanceux se sont regroupés pour être plus forts. Parmi eux, Chief, la Crado, la Taupe et Testo vont devoir passer à l'action pour survivre. C’est au tour de Chief et la Crado d’agir. Leur objectif : surprendre deux autres enfants pour leur dérober des victuailles. Leur victime cette fois ? Vanille. Mais, contre toute attente, lorsqu’ils s’approchent d’elle, ils aperçoivent un zombie qui lui aussi a ciblé le caddy de Vanille. C’est à ce moment-là qu’elle sort une arme des plus dissuasives. Elle aussi a une famille à protéger et à nourrir, sa mère droguée et son petit frère albinos, Minus, doté d’étranges pouvoirs. Chief et la Crado décident d’abandonner leur projet et de rejoindre les autres mais sur leur route, ils tombent nez à nez avec des adultes. De son côté, la Taupe est tombé dans un piège alors qu'il s'apprêtait à voler des livres chez un vieux savant fou qui aime manier des katanas. Mon avis: Stéphane Betbeder installe rapidement cette aventure apocalyptique peuplée de monstres et de zombies en plein New York dans un futur angoissant où les seuls rescapés sont des enfants. Les menaces et le danger omniprésents instaurent un suspense et soulèvent d’emblée bien des questionnements. La sauce prend tout de suite avec des personnages plutôt hétéroclites, les uns drôles, certains débrouillards, les autres mystérieux, mais tous impressionnants.
On est dans un registre plutôt large, de l’aventure à l’horreur en passant par le fantastique et la science-fiction.
Cet univers riche et ses nombreux personnages constituent un beau potentiel pour tenir sur la longueur. Venons-en au dessin. Après avoir monté l’expo Djief à Bruxelles en juin 2020 (voir ici) à partir de sa série "Liaisons Dangereuses" parue chez Glénat avec des planches très réalistes sur papier, j'ai été très surpris mais dans le bon sens de découvrir avec "Créatures" une autre facette du talent de Djief avec cet univers fantastique travaillé entièrement sur tablette.
Un beau challenge que l’auteur a relevé haut la main.
Des cadrages dynamiques, des mises en scènes efficaces, des ambiances plutôt sombres et particulières, chacune dans une tonalité de couleur différente et des personnages aux caractères bien trempés pour un premier tome accrocheur.Vivement la suite.
SDJuan
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CHAMPIGNAC 2
- Par asbl-creabulles
- Le 18/03/2021
Tome 2 - Le Patient A
Scénario : Béka
Dessin : David ETIEN
Couleurs : David ETIEN
Dépot légal : février 2021
Editeur :
ISBN : 979-10-34749-24-9
Nombre de planches : 481941, Bletchley Park au nord-ouest de Londres. Depuis leur rencontre lors d’une mission les chargeant de décrypter les messages allemands codés grâce à la machine Enigma, Pacôme et Blair McKenzie, tels deux tourtereaux, en profitent pour mieux se connaître. Mais leur idylle est vite interrompue par Black qui les convoque d’urgence après avoir reçu un message de l’institut Kaiser-Wilhelm de Berlin, véritable appel au secours de savants que les nazis obligent à participer à des expériences scientifiques. Le nom des signataires fait aussitôt réagir Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas, comte de Champignac, puisqu’il s’agit de deux de ses meilleurs amis, le biologiste Bruynseeleke et le chimiste Schwarz. Le fait qu’ils aient réussi à envoyer ce message les met en danger de mort. Bien que les forces spéciales hésitent encore à réagir, Champignac est bien décidé à aller leur porter secours à Berlin dans les plus brefs délais. Blair leur serait d’ailleurs d’un grand secours car elle parle couramment allemand. Sur place ils vont rapidement découvrir que l’armée expérimente sur les soldats une drogue qui pourrait bien changer la donne. En effet, grâce à la Pervitine, les troupes nazies pourraient ne plus sentir ni la fatigue, ni la peur mais au contraire être stimulées et agir telle une armée de surhommes ! Mon avis : Dès les premières pages, les BeKa nous accrochent avec un scénario qui ne va plus nous lâcher jusqu’à un final surprenant tout au long d’un récit directement inspiré de faits historiques réels. Champignac étant réputé pour être un surdoué dans ce genre d’intervention est une nouvelle fois amené à enquêter et à prendre des risques inconsidérés comme dans les aventures de la série dont il était l’un des principaux personnages : Spirou.
La même énergie, le même goût de l'aventure sont bien présents avec en plus cet apport historique qui mène nos héros dans l'entourage direct d'Hitler.
Il convient aussi de saluer le talent et l’habileté des BeKa qui reprennent quelques-uns des personnages ayant côtoyé Pacôme, un Pacôme lui aussi inchangé dans sa manière d’être et d’agir et toujours muni de son vaporisateur de gaz soporifique.
Un récit des plus captivants où les rebondissements ne manquent pas et largement enrichi de flashes-back sur le passé et le parcours de nos héros.Côté dessin, David Etien, que j'ai découvert comme jeune dessinateur avec la série Les Quatre de Baker Street (Vents d’Ouest) à partir de 2009, fait mouche à tous les coups.
Le trait est net et précis, les décors sont fournis et travaillés, ses personnages parfaitement réussis, expressifs et bien reconnaissables, pour une lecture agréable.
Bien que Champignac, contrairement à Spirou, ne soit pas un homme d'action, David Etien nous régale d’un album bourré d'énergie et de vie.
Sa mise en couleurs y ajoute de beaux effets d’ombre et de lumière.Un deuxième tome réussi pour cette équipe qui vient encore étoffer l'univers de Spirou déjà brillamment abordé par José Luis Munuera qui a également travaillé en auteur complet sur Zorglub, autre personnage phare de cet univers, mais aussi avec les BeKa sur une autre série Dupuis, les Tuniques Bleues, tome 65 (voir ici).SDJuan
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ATALANTE La Légende T0
- Par asbl-creabulles
- Le 16/03/2021
Tome 0 . Première larme
Scénario : CRISSE
Dessin :Frédéric BESSON
Couleurs : Frédéric BESSON
Storyboard : CRISSE
Couverture : CRISSE
Dépot légal : Décembre 2020 mais sorti le 22 janvier 21
Editeur :
ISBN :978-2-302-09096-5
Nombre de pages : 46Atalante et son compagnon de route, le satyre Pyros, cheminent vers Iolcos rejoindre Jason et les Argonautes pour de nouvelles aventures. Apercevant un hippocampe sacré piégé par un filet de pêche, Atalante tente de le délivrer quand les pêcheurs surgissent et l’assomment. Et c’est là que l’impensable arrive puisque ce même événement va se reproduire plusieurs fois sur une période très courte, de quelques instants seulement. Finissant par s’en rendre compte, Atalante a la certitude que le dieu Chronos est de près ou de loin mêlé à ce phénomène temporel qui perturbe ses projets. Et le pire c’est qu’à chaque répétition, une autre Atalante se retrouve dans le même espace-temps. Mon avis : Portant le numéro 0 de la série Atalante-La Légende, cet album tenant lieu de prologue (dont la publication coïncide avec le vingtième anniversaire de la série apparue en avril 2000) devrait plaire aux fans de l’héroïne… jusqu’à l’overdose compte tenu du nombre d’Atalante apparaissant au fil des pages. Mais rien n’est moins sûr vu sa plastique avantageuse. Bien loin de se torturer les méninges avec des boucles de temps et autres paradoxes temporels, Crisse opte pour un récit qui se veut avant tout agréable et divertissant. L’aventure est bien là et se poursuit autour de ce phénomène extravagant grâce à un scénario original qui nous réserve bien des surprises et rebondissements. On se laisse guider par la belle Atalante jusqu'au dénouement sans pinailler car le but n’est-il pas au final de passer un bon moment. Côté dessin, Fred Besson est sur la droite ligne de l'univers d'Atalante et on peut dire qu'il maîtrise bien son sujet. Même s'il n'égale pas – on ne le lui demande pas non plus – son mentor Crisse, il respecte tous ses codes, ses courbures, son bestiaire et ses mythes. Un dessin agréable, clair et dynamique, avec des couleurs à la hauteur des précédents albums.
SDJuan
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LES DRAGONS DE LA FRONTIÈRE
- Par asbl-creabulles
- Le 12/03/2021
Tome 1 . La piste de Santa Fe
Scénario : Gregorio HARRIET
Dessin : Iván GIL
Couleurs : Garluk AGUIRRE
Dépot légal : Février 2021
Editeur :
ISBN : 978-2-344-03330-2
Nombre de pages : 561778, Empire espagnol du Nouveau Monde. Une troupe de "Dragones de Cuera", ces cavaliers lanciers espagnols protégés par une longue cuirasse de cuir, ayant principalement pour mission de surveiller la frontière nord de l'empire appelé à l’époque la Nueva España, escortent un convoi de colons, hommes, femmes et leur bétail, entre Mexico et Sante Fe (actuel État du Nouveau-Mexique). Parmi eux, le cadet Miguel de Sasoeta, neveu du Lt-Colonel Anza qui commande le Fort de Santa Fe. Sur leur route, un guetteur aperçoit une troupe d’Apaches. Persuadés de s’en débarrasser facilement, les hommes de troupe déposent quelques bouteilles d'alcool car, selon la rumeur, les Indiens en sont friands jusqu’à s’écrouler ivres morts. Le convoi arrive enfin à la Mission de Nuestra Señora del Perpetuo Socorro pour faire étape. C’est là que l’attend un détachement d’infanterie d’une compagnie franche de volontaires catalans. Tandis que les hommes arrosent leurs retrouvailles, les sœurs prennent en charge l’une des femmes du convoi sur le point d’accoucher. C’est à ce moment que les Apaches qui n’ont pas touché à l’alcool supposé les arrêter attaquent la mission et kidnappent une jeune nonne, Sœur Madeleine dont Miguel était secrètement tombé amoureux. N'écoutant pas les conseils du Sergent Juan de Jesús Beitia El Chato des Dragons de Cuera qui préfére attendre l’aube pour partir à leur poursuite, Miguel se lance aussitôt sur les traces des Apaches, inconscient du piège qui est en train de se refermer sur lui, même si le Sergent Beitia et deux de ses hommes vont partir pour essayer de le rattraper et le ramener sain et sauf. Mon avis: Voici une BD d’autant plus intéressante qu’elle aborde un sujet peu traité. En effet, généralement le genre western met en scène des cowboys, des indiens et des soldats yankees de l’Union vêtus de tuniques bleues protégeant les colons contre les tribus amérindiennes durant la conquête de l’Ouest ou les guerres indiennes. Peu de récits abordent le Far West du temps où il était espagnol et encore moins les "dragones de cuera".
Sur un scénario bien construit, l’espagnol Gregorio Harriet nous entraîne à la découverte de la Nouvelle-Espagne du 18e siècle. On découvre les différentes tribus amérindiennes qui peuplaient la région et leur hiérarchie, les tribus Apaches parmi lesquelles les Mescaleros, évoqués dans l’album tout comme les Comanches, menés par Cuerno Verde (Green Horn, de son vrai nom Tabivo Naritgant signifiant homme dangereux), mais aussi les Navajos, les Wichitas et les Pawnees entre autres.
Les relations avec les "Indiens" étaient régies par le "Traité", avancée significative vers la doctrine fondatrice du droit international moderne en ce qu’il a servi à instaurer des relations de paix et d’amitié avec les indigènes, sa forme concrète ayant été l’instauration d’une "paix du marché" permettant aux "Indiens" de commercer en paix avec les Hispaniques sur le territoire de la Vice-Royauté de Nouvelle-Espagne (plus ou moins les territoires actuels du Mexique, de l’Amérique centrale, des États de Californie, Arizona, Nouveau-Mexique et Texas, plus les Philippines en Asie du sud-est).
N’oublions pas non plus le rôle important des missions religieuses catholiques qui ont servi à la conversion des Indiens et à leur assimilation dans la culture espagnole mais aussi, une fois sous le contrôle des autorités religieuses, à leur protection contre d'éventuels abus de la part de colons civils et militaires.Quant aux Dragones de Cuera, il s’agit d’une troupe de cavaliers chargés de protéger la frontière nord de la Nouvelle Espagne (environ 6000 km de San Francisco en Californie à San Agustin en Floride) mais aussi d'accompagner les convois. Ils étaient lourdement armés d’une lance, d’un bouclier, d’une épée à large lame contrairement aux autres soldats espagnols qui n'avaient qu'une simple épée, d’un poignard, d’un pistolet et d’un mousquet ou d’une carabine. Ils portaient un manteau long sans manche très résistant, constitué de plusieurs couches de cuir, assurant une protection contre les flèches indiennes. Au fil du temps, ce long manteau se réduira à une simple cuirasse sur le torse. Le chapeau plat, également réalisé en cuir, avait la même fonction de protection contre les flèches. Chaque dragon avait 6 chevaux, un poulain et un mulet, en raison des immenses territoires qu'il devait contrôler. Les dragons constituaient de petites garnisons, très mobiles, parcourant plusieurs centaines de kilomètres par mois, continuellement à cheval pour patrouiller sur les vastes étendues nord-américaines, entre les ranchs et les missions, protéger les peuples indiens alliés, déceler toute activité hostile et même cartographier.
Vous l'aurez compris, la lecture de cet album m’a clairement donné envie d’en savoir davantage sur cette période de l'histoire des États-Unis et de l'Espagne évidemment.En ce qui concerne le dessin, le regard est immédiatement accroché par la couverture. Impressionnante, avec une pointe de mystère, en tout cas très réussie.
Le dessinateur espagnol Iván Gil nous régale d’illustrations à la hauteur de l’attente, bien détaillées et riches en paysages et décors de l’Ouest américain. On est littéralement plongé dans l’aventure.
On ressent la puissance des Dragons mais aussi la dangerosité des indiens, secs et nerveux, prêts à bondir à tout moment, toujours rusés et déterminés. Beaucoup de soin apporté aux différents costumes et tenues militaires. Les chevaux font largement partie de l’aventure. Présents en grand nombre tout au long de l’album, ils sont bien dessinés tant dans les scènes d’action qu’au repos.Très belle mise en couleurs d’Aguirre Garluk au service du dessin que ce soit dans les scènes bien éclairées ou de nuit.Un album de qualité, sur un sujet original, bien servi par un trio d’auteurs espagnols confirmant que ce pays est bien un réservoir de talents.
SDJuan
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CURTISS HILL
- Par asbl-creabulles
- Le 12/03/2021
Scénario : PAU
Dessin : PAU
Couleurs : PAU
Dépot légal : février 2021
Editeur : Paquet
Collection : Calandre
Format : Format comics
ISBN : 978-2-88932-170-4
Nombre de pages :76A Melon Ville, Curtis Hill et Rowlf Zeichner sont deux pilotes de course automobile tout à fait hors normes. Chaque compétition à laquelle ils participent met le public en effervescence. L’un comme l’autre ils se sont entourés d’une équipe technique au top, notamment des mécaniciens de génie qui ne cessent de faire évoluer leurs moteurs et leurs carrosseries pour aller toujours plus vite. Et c’est grâce à eux qu’ils sont toujours les deux seuls à se disputer la première place. Ce sont aussi deux personnalités que tout oppose. Si Curtis est l’image même de l’homme distingué, chic, bien de sa personne et apprécié pour sa droiture, Rowlf en est l’opposé et toujours prêt aux mauvais coups pour remporter la victoire. Mais tandis que Curtiss s’inquiète car Dino, son mécano, l’a quitté à la veille de la course des 500 miles d’Escapula, Maugène Berk, une journaliste réputée pour ses articles mais surtout ses photographies, veut absolument obtenir une interview du champion. Les masques risquent bien de tomber …Mon avis: On est d’emblée propulsé à pleine vitesse dans cette aventure mettant en scène des personnages anthropomorphiques plutôt fascinants et attachants. Le danger est bien présent et l’on prend conscience que la vie des pilotes ne tient qu’à un fil. Mais derrière cette première impression du sport et du divertissement, on se rend vite compte que la réalité est différente, les caractères sont bien affirmés, les motivations claires et multiples tant chez les pilotes que chez les mécanos et même chez la photo-journaliste.
Pau nous régale d’un récit efficace sur un scénario intelligent mêlant plusieurs histoires en parallèle, le tout dans un contexte qui joue lui aussi un rôle important, la grande crise et la montée du fascisme. C’est très bien conduit et, en prime, l’auteur glisse çà et là des hommages à d'autres auteurs en citant leurs noms ou en insérant l’un ou l’autre de leurs personnages dans son histoire.Un album très réussi donc avec une partie graphique tout à fait superbe. Des personnages aux bouilles expressives dans une tonalité générale sépia nous donnant l'impression de tenir en main une BD ancienne faisant penser à Calvo (évidemment), une mise en page des plus dynamiques donnant l’impression d’un dessin animé de l'époque des premiers Disney, Tex Avery ou autres du même genre, des bolides impressionnants de réalisme soulignés par un effet de vitesse surtout dans les virages mais aussi lors des accrochages.Un bel album d’un auteur aux multiples talents né à Palma de Majorque en 1972, de son vrai nom Jiménez-Bravo, peu connu de ce côté de l’Europe et c’est dommage même si nous avons pu l’apprécier en français sur La Saga d’Atlas & Axis (quatre tomes parus chez Ankama entre 2011 et 2016), Ze jackytouch (chez Paquet en 2013-14), diverses histoires courtes et hommages à Spirou, au Marsupilami, aux Tuniques bleues, etc. mais qui n’a cessé de produire pour le marché espagnol depuis les années 90 (sa bibliographie en espagnol est impressionnante).
Merci à Paquet de nous l'offrir dans ce bel habillage.SDJuan
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CATAMOUNT 4
- Par asbl-creabulles
- Le 26/02/2021
Tome 4 . la rédemption de Catamount
Scénario : GAEL'S
Dessin : Benjamin BLASCO-MARTINEZ
Couleurs : Émilie BEAUD & Benjamin BLASCO-MARTINEZ
Adapté de : Albert BONNEAU
Dépot légal : Janvier 2021
Editeur : Petit à petit
ISBN : 978-2-380-46081-0
Nombre de pages : 64Le quatrième tome de Catamount commence sur les chapeaux de roues car notre héros est poursuivi par un marshal peu scrupuleux. L'histoire serait bien courte si le valeureux Catamount mourait aussi vite. Il s'en sort indemne, ce qui n'est pas le cas de son destrier... Mais que fait la SPA?!
À pied comme un poor lonesome cowboy – avouez, vous avez fredonné la chanson – il trouve refuge chez la vieille madame Gilson. Elle vit dans les bois, seule, depuis le départ de son fils William. Ce dernier est parti avec les dernières économies de la famille, vendant les troupeaux et quelques parcelles... L'argent est parti au poker, en alcool et dans les femmes de petite vertu. Il doit sûrement cuver son whisky dans le fond d'un caniveau. En réalité, c'est au gredin Buck Winter qu'est revenu l'argent...
Ce bon vieux fils Gilson est en fait dans la cité de Delgado où le misérable Buck Winter vole les honnêtes gens. En effet, il "rachète" les ranchs des environs - vous vous doutez des manières utilisées par ce gentleman - et il a des vues sur les terres de la jolie Paquita Mendez.
Vous voyez où je veux en venir ? Voilà le tableau : Gilson fait la connaissance de Paquita et Catamount débarque à Delgado... Ces trois-là mettent les pieds dans une sacrée aventure !
À trois contre le vil et vilain Winter accompagné de gens qu'on ne voudrait pas croiser à quatre heures du matin dans une ruelle sombre, ils vont faire en sorte que le ranch reste dans les mains de mademoiselle Mendez.
Mais dans un pays où la loi est faite à coups de Smith & Wesson, les balles se perdent et sifflent bien près de vos oreilles...Mon avis : Une bande dessinée qui se laisse lire et nous emmène à l’aventure. Le schéma est assez classique et n’apporte pas autant de surprises que je le voudrais.
La bande dessinée est bien découpée et on sent l’apport de Gaet’s dans la qualité du scénario.
Le dessin de Benjamin Blasco-Martinez est comme le bon vin, il se bonifie avec le temps. C’est un jeune dessinateur à tenir à l’œil et j’espère qu’il prendra une autre dimension grâce à un personnage de son imagination ou la reprise d’un grand personnage du monde de la BD franco-belge. On le voit bien avec des reprises telles Barbe Rouge et Stefano Carloni, Simon Van Liemt et Ric Hochet ou très bientôt Paolo Grella et Bob Morane. C’est tout le mal que je lui souhaite!Jordan Maenhout
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Le SPIROU DE Christian DURIEUX
- Par asbl-creabulles
- Le 25/02/2021
Pacific Palace
Scénario : Christian DURIEUX
Dessin : Christian DURIEUX
Couleurs : Christian DURIEUX
Dépot légal : Janvier 2021
Editeur :
Format : Grand format
ISBN : 979-10-34732-69-2
Planches : 78Licencié, Fantasio vient de perdre son job de journaliste au magazine Le Moustique. Pour lui venir en aide, Spirou a réussi à le faire engager comme groom au Pacific Palace après avoir fait son éloge auprès de Monsieur Paul, son supérieur. Mais ce dernier a tôt fait de constater que Fantasio n'a pas vraiment le profil requis pour le poste – il n’est guère souriant ni courtois et râle beaucoup – sauf qu’il a besoin de lui. En effet, l'hôtel vient d’être réquisitionné. Ses prestigieux clients ont été priés de quitter les lieux et son personnel réduit pour permettre d’accueillir dans la discrétion la plus totale le Président Iliex Korda, le dictateur déchu de la république démocratique du Karajan, ainsi que sa famille et ses gardes du corps. Iliex Korda est décrit comme un tyran. Il n’a pas hésité à éliminer tous ses opposants pour arriver au sommet de l'État, placer les membres de sa famille aux plus hauts postes et se faire nommer président à vie. Malgré tout et avec un personnel restreint, l'hôtel se doit d'offrir un service impeccable à la hauteur de sa réputation. Seccotine et son équipe télé ne pouvant franchir les grilles de l'hôtel pour faire leur reportage, Fantasio se voit comme LE reporter qui va pouvoir couvrir l'événement. Il espère ainsi se faire réembaucher au journal. Quant à Spirou, et c’est là le hic de l’histoire, dès qu’il a vu Elena, la fille du dictateur, il en est éperdument tombé amoureux.Mon avis: Une histoire politico judiciaire superbement scénarisée par Christian Durieux qui parvient sous un calme apparent à entretenir la tension durant tout l’album, une tension tour à tour de nature politique avec le président/tyran, mystérieuse avec ses gardes du corps surgissant de nulle part à tout moment ou amoureuse grâce à la belle et envoûtante Elena. L’intrigue est originale, savamment construite pour maintenir le suspense jusqu’à la fin dans le huis-clos de cet hôtel où, devenu observateur, on assiste à une succession d’événements auxquels l’auteur apporte une touche d’imaginaire. C’est singulier, différent de tout ce qu’on a lu ou vu jusqu’ici mais, à coup sûr, très efficace tout comme les illustrations. Un dessin très agréable, au trait fin et délicat, dans le superbe décor de cet hôtel de grand standing. De belles ambiances grâce aux couleurs pastel et une dizaine de pages de scènes bleutées et des cadrages soignés du plus bel effet. Les planches grand format que j’ai pu admirer lors de l’exposition Durieux chez Champaka avant de lire l'album soulignent bien la tension qui caractérise le récit. On note surtout un casting impressionnant de têtes des plus charismatiques et des personnages représentés avec des petits yeux à l’exception de la belle Elena, qui elle, les a grand ouverts et un regard ensorcelant.
Un très bon moment de lecture avec cette nouvelle pièce de la collection "Le Spirou de…" qui nous donne l’occasion d’apprécier des talents très divers.SDJuan