Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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TROLLS DE TROY 25
- Par asbl-creabulles
- Le 27/05/2021
Tome 25 : On ne badine pas avec les mouches
Scénario : Scotch ARLESTON
Dessin : Jean-Louis MOURIER
Couleurs : Claude GUTH
Dépot légal : avril 2021
Editeur :
Format : Grand
ISBN : 978-2-302-09095-8
Nombre de pages : 48C’est une journée un peu comme les autres au village des Trolls. Profy essaye une fois de plus de se construire un logis douillet à partager avec sa fiancée, Waha. Mais, une fois de plus, la cabane va très vite s’écrouler. Et du coup le chef Teträm se dispute avec son épouse Puitepée qui lui reproche de ne pas aider Profy. De rage, elle s’en prend à leur propre maison qui s’effondre tout aussi facilement et décide de partir faire un tour en forêt pour se détendre. Parallèlement, à Eckmül les choses prennent une tournure plus inquiétante, plus précisément au Conservatoire où les sages Ygôth et Dypäh sont en train de fomenter un complot qui risque bien de bouleverser tout le Monde de Troy. Moyennant une coquette somme d'argent, ils se sont offerts les services du mage Mytyq. Grâce à son pouvoir et aux poils discrètement prélevés sur Puitepée dans la forêt, il doit créer un philtre d'amour imparable. Leur plan? Faire boire cette potion au vénérable Rysta Fuquatou afin qu'il tombe follement amoureux de Puitepée et lorsqu’il cherchera à la rencontrer qu’il se fasse inévitablement dévorer par ses congénères trolls. Tout du moins, c'était le plan. Mais sur Troy, les choses prennent très souvent des chemins inattendus et surprenants.Mon avis : Nul besoin pour Arleston de confirmer son talent, encore moins avec tout ce qui touche les Trolls, pour nous offrir de nouvelles aventures farfelues du Monde de Troy.
On passe un bon moment, on s'amuse, c'est drôle et totalement déjanté et ça fait du bien en cette période plutôt morose (même la météo semble nous lâcher !)...
Il fallait oser cette idylle et c'est fait. On peut s'attendre à tout et je laisse aux lecteurs le plaisir de découvrir ce bon moment de délire jouissif.
Les rebondissements vont bon train et toujours là où on s’y attend le moins même si l’auteur nous livre d’emblée des pistes pour la suite.
Les Trolls ont encore un bel avenir devant eux.
Je ne connais pas Arleston mais bien Jean-Louis Mourier. Je pense pouvoir dire sans trop me tromper qu'il a dû prendre un plaisir fou à nous concocter cet album.
Ses dessins sont toujours au top. Clairs et détaillés, drôles et expressifs.
Il maîtrise son sujet (depuis 1997 !!!) pour nous proposer une belle mise en scène, de beaux décors et des personnages hyper expressifs. Il tape dans le mille.
D’ailleurs, lorsqu’il s’agit de "taper" les trolls en connaissent un rayon.
Très belle mise en couleurs de Claude Guth, l’un des meilleurs coloristes actuels.
Il réussit à mettre de la clarté jusque dans les coins les plus sombres...
Tout ressort, tout prend vie sous nos yeux.C'est véritablement une équipe qui marche (depuis plus de vingt ans maintenant).
SDJuan
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MADEMOISELLE BAUDELAIRE
- Par asbl-creabulles
- Le 25/05/2021
Scénario : YSLAIRE
Dessin : YSLAIRE
Couleurs : YSLAIRE
Dépot légal : avril 2021
Editeur :
Collection : Air Libre
ISBN : 979-10-34749-17-1
Nombre de pages : 160C’est en 1842 que Charles Baudelaire, alors jeune dandy de 21 ans, rencontre pour la première fois Jeanne Duval. Cette jeune et belle mulâtre tient un tout petit rôle dans la pièce de théâtre à laquelle il assiste. Et pourtant, il ne voit qu’elle et n'a plus qu'une idée en tête, faire sa connaissance. Ils auront rapidement une première aventure amoureuse. Jeanne va très vite prendre de l'importance aux yeux de Baudelaire. Quand son entourage lui demande ce qu'il lui trouve, il fait un peu le fanfaron, parle de passade tout au plus, mais au fond de lui il sait déjà qu’il l'aime et qu'elle va lui être indispensable. À tel point qu'il va lui payer un logement où il passera la voir une fois par semaine, puis de plus en plus fréquemment... si bien qu’elle deviendra sa muse. Un jour, il la surprend en train de lire quelques vers d’un nouveau poème qu’il vient d’écrire. Cela l’enchante et il lui demande si elle veut bien se charger de transcrire ses brouillons. Outre le logement, Baudelaire va la combler de cadeaux de toutes sortes et de bijoux plus somptueux les uns que les autres. Elle est tellement présente dans sa tête qu'elle apparaît partout, dans une peinture de son ami Gustave Courbet mais aussi et particulièrement dans une toile d’Edouard Manet mais c’est principalement dans ses écrits et en tout premier lieu "Les Fleurs du Mal" que l’on retrouve Jeanne. La mère de Charles n'acceptera jamais cette fille de couleur qui à ses yeux n'est qu’une femme de petite vertu qui profite et abuse de son fils. Et à mesure que la santé de Baudelaire va aller en se détériorant, sa relation avec celle qu’il a surnommée "Vénus noire" va elle aussi se dégrader. Malgré tout, grâce à la magie d’Yslaire, Jeanne décide d’écrire à la mère de Charles quelques jours après son décès pour lui raconter sa version de l'histoire qu'elle vécue avec son fils. Mon avis : La sortie de l’album coïncide avec le bicentenaire de la naissance de Baudelaire, né le 9 avril 1821, un album en projet dès 2016 mais qui n’a pas été accepté à l’époque et donc abandonné. Ce n’est que trois ans plus tard que l’on a proposé à Bernard Yslaire de le reprendre. Ses 144 planches vont lui demander 14 mois de travail. Il ne s’agit pas de la biographie de l’auteur des Fleurs du Mal, recueil condamné pour outrage aux bonnes mœurs et même censuré à sa sortie en 1857.
Yslaire se concentre sur Jeanne, sa belle muse et sur leur relation passionnée, éperdue et tourmentée, sur l’inspiratrice principale de son œuvre.
À travers la lettre de Jeanne à la mère de Baudelaire, on comprend mieux quelles ont pu être les relations entre la mère, le fils et ses amis, et Jeanne, la Vénus noire, quels ont pu être les avis et convictions de chacun. La mère et les amis de Charles n’ont vu qu’une mulâtresse intéressée par les cadeaux et l’argent, une prostituée alors qu’elle ne pouvait être que libertine au pire, ce qui colle parfaitement au jugement réprobateur de l’époque.
Baudelaire n’a pas été surnommé poète maudit pour rien. Personnage en marge de la société, provocateur, menant une vie dissolue mais arborant toujours un col blanc immaculé, il va dilapider l’héritage de son père en cadeaux luxueux pour sa muse, mais aussi dans l’alcool, les drogues, l’achat frénétique de tableaux. Mais si sa relation a été source d’amour, de passion et d’inspiration, elle a aussi engendré discorde, haine et désespoir.Côté dessin, l’album est de toute beauté dans les ambiances et décors du Paris du XIXe siècle grâce à une très agréable mise en page et des illustrations faisant la part belle à l’esthétisme et un jeu de couleurs sépia raffiné.
Peu de traces ou documents existent concernant Jeanne, la plupart ayant été détruits par la mère de Baudelaire (lettres) ou à la demande de Baudelaire lui-même (image de Jeanne effacée par Courbet sur sa toile).
La poésie est bien présente à travers des illustrations oniriques rendant presque palpables les moments imaginaires ou dus aux effets des "paradis artificiels" ou de l’alcool.
La dureté de la vie aussi, la souffrance des lésions syphilitiques qu’il tente de traiter avec divers remèdes comme le mercure (déconseillé de nos jours) mais aussi lors de ses disputes et crises de colère avec Jeanne, etc. La beauté, enfin, incarnée par une Jeanne tantôt discrète, tantôt provocante et sensuelle pour ne pas dire lascive voire, pour d'autres, démone.Un très bel album hommage à Charles Baudelaire et à Jeanne Duval.
SDJuan
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TRANSITIONS - Journal d'Anne Marbot
- Par asbl-creabulles
- Le 22/05/2021
Scénario : Élodie DURAND
Dessin : Élodie DURAND
Dépot légal : Avril 2021
Editeur :
Collection : Mirages
ISBN : 978-2-413-02431-6
Nombre de pages : 176Anne est une mère comme il en existe partout et depuis toujours même si elle a eu des enfants de deux pères différents. Comme la plupart des gens, elle a été élevée et éduquée dans un monde binaire homme/femme. Un monde où l'on mène une vie d’homme ou de femme sans se poser trop de questions. Aussi, lorsque sa fille Lucie qui vient d'avoir 19 ans lui annonce qu'elle est en réalité un garçon, tout bascule. Ses bases, ses croyances et surtout ses certitudes s’écroulent subitement. Sa première réaction est d’emmener sa fille chez le médecin. Mais Lucie lui annonce qu’elle est déjà suivie par une psychologue et qu’elle n'a pas besoin d'aide, qu'elle se sent bien comme elle est. Anne n'a rien vu venir. Elle est désemparée, elle culpabilise. Heureusement, elle va chercher à comprendre par elle-même mais aussi auprès de personnes compétentes.Mon avis : Élodie Durand a écrit cet album à partir de l’histoire réellement vécue par Anne Marbot (en fait un nom d’emprunt) qu’elle a côtoyée pendant trois ans.
Après le choc de l'annonce, on découvre une mère glacée, déroutée, ne sachant pas quoi faire.
Heureusement, passé ce moment d’affliction, elle réagit pour comprendre. Elle écoute la psychologue du planning familial et se rend compte que les termes "homme" et "femme" ne sont que les deux extrêmes de la notion de "sexe". Entre les deux, il y a place pour la nuance. Le genre voyage donc entre ces deux états et le curseur peut être placé là où chacun(e) le veut, là où il/elle se sent le mieux. Il arrive même que l’on soit en dehors de ces deux extrêmes.
Anne s’efforce alors de comprendre, d'ouvrir son esprit à toutes ces révélations.
Avec son mari elle va chercher des exemples, d'abord scientifiques, et ensuite essayer de modifier sa manière de voir les choses et les gens et de les aborder. Son jugement va évoluer pour comprendre cette nouvelle représentation du monde des genres et, à sa manière, pour s'ajuster à sa fille Lucie désormais devenue son fils Alex.
Un album édifiant et instructif, jamais difficile et ennuyeux, comportant une bonne dose de pédagogie joyeuse pour accrocher le lecteur et l’inciter à comprendre cet état de fait. Le problème n’existe qu'à cause de notre éducation un peu fermée, extrême, qui confond identité de genre (binaire ou non binaire) et sexualité.Les dessins s’ils surprennent au début par leur hétérogénéité se révèlent très vite captivants.
Ils sont faits d’un subtil mélange de cases traditionnelles plutôt sobres et d’illustrations de plaquette informative faisant appel aux outils de recherche contemporains, entrecoupées d’images et de croquis, tout à fait typiques de la manière de travailler d’Élodie Durand en mélangeant les formes et les styles. Cette chronique est réalisée en pleine période des "marches des fiertés" dans de très nombreux pays dans des formats souvent réduits et/ou adaptés à la situation. C'est ainsi que la Belgian Pride a annulé sa traditionnelle parade en ce mois de mai 2021 mais s’achèvera par un grand événement en ligne ce 22 mai, moment jugé approprié par Créabulles pour poster la chronique de cet ouvrage.SDJuan
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GENTLEMIND
- Par asbl-creabulles
- Le 21/05/2021
Tome 1 : Gentlemind - Épisode 1
Scénario : Teresa VALERO & Juan DIAZ CANALES
Dessin : Antonio LAPONE
Couleurs : Antonio LAPONE
Dépot légal : août 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-205-07637-0
Planches : 68New York 1939. Jeune femme de vingt ans, sans qualification particulière ni fortune, Navit est éprise d’Arch, un jeune dessinateur sans le sou. Celui-ci tente de se faire engager à la rédaction d’une revue sans succès, Gentlemind, qui prête son titre à cette bande dessinée. Contre son gré, Arch va pousser Navit dans les bras du directeur de la revue, H.W. Powell, un vieux milliardaire plus préoccupé par les mannequins de Gentlemind que par le succès financier de la revue. À force d’insistance, Navit finira par accepter d’épouser Powell. Ce personnage n’est pas sans rappeler le milliardaire et magnat de la presse du film "Citizen Kane" d’Orson Welles, lui-même fortement inspiré du réel milliardaire William Hearst. Au décès de Powell, Navit se retrouve à la tête de la revue, qu’elle tentera tant bien que mal de redresser, avec force d’audace et d’idées innovantes. Son chemin croisera celui de Waldo Trigo, un requin du barreau new-yorkais, tombé en pleine crise d’humanisme et de boulimie littéraire.Mon avis : C’est parti pour un voyage dans le New York des années 1940. Les scénaristes, Juan Diaz Canales et Teresa Valero ont aussi scénarisé respectivement Blacksad et Sorcelleries (un point commun est vite trouvé: Juanjo Guardino dessine ces deux séries). Ils nous emmènent dans une ville grouillante de vie. Avec sa faune variée, du jeune artiste à l’enthousiasme inversement proportionnel à son succès, au milliardaire à la fougue inversement proportionnelle à sa jeunesse. Mais, surtout, avec l’émergence d’une jeune femme au cœur d’une industrie encore dominée par le "sexe fort". La manière par laquelle Navit tentera de trouver, pour renouveler son magazine, ce qui intéresse les hommes est pour le moins ingénieuse et pleine de légèreté malicieuse.Le dessin d’Antonio Lapone est unique. Il est empreint de douceur, de couleurs pastel et surtout d’élégance. L’élégance irradie le lecteur dès la couverture. Le dessinateur du tout aussi élégant "La fleur dans l’atelier de Mondrian" (Glénat, 2017) – l’artiste néerlandais exilé à New York à la même époque aurait d’ailleurs pu croiser Navit – ponctue notre lecture par des affiches ou des unes de revues réinventées, devant lesquelles on reste admiratif. Les couleurs douces nous plongent dans les années 1940.N’hésitez pas : mettez votre 33 tours préféré de Duke Ellington ou de Billie Holiday dans votre gramophone, installez-vous dans votre divan avec un bon verre, prenez en main votre Gentlemind et embarquez pour le voyage. Cerise sur le gâteau, la suite et fin est annoncée pour cette année 2021.
Il faut lire Gentlemind si vous aimez : les années 40 à New York, les femmes de poigne, le dessin de presse, l’élégance du trait d’Antonio Lapone
Jean-BaptisteL
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PEER GYNT 1
- Par asbl-creabulles
- Le 21/05/2021
Tome 1 : Acte I
Scénario : Antoine CARRION
Dessin : Antoine CARRION
Couleurs : <N&B>
Adapté de : Henrik IBSEN
Dépot légal : Février 2021
Editeur :
Collection : Métamorphose
ISBN : 978-2-302-09136-8
Nombre de pages : 100Peer Gynt aujourd’hui âgé nous raconte sa vie de jeune paysan très peu motivé pour cette tâche car plutôt porté vers le rêve et l’imagination. Paresseux, égoïste et surtout menteur invétéré, prétentieux, vaniteux, fabulateur, il partage sa vie avec sa mère Ase qui n'en peut plus d'écouter ses histoires et autres fabulations. Coutumier des escapades, sa vie sentimentale est tout aussi chaotique. Alors qu’il aurait pu se fiancer à Ingrid, une fille de riche propriétaire qui le regardait d’un œil tendre, il a choisi de partir vers de nouvelles aventures. Le regret va néanmoins le pousser à chercher à la reconquérir alors qu’elle est sur le point de se marier. C’est là qu’il croise Solveig qui semble tout acquise à son amour sauf que c’est Ingrid qu’il veut conquérir. Il n’hésite pas à la kidnapper et fuir avec elle, persuadé qu'elle finira par l'aimer pour sa personne. Mais de nouveau sa nature reprend le dessus et il l’abandonne car cette fois, il en est certain, c’est Solveig qu’il aime et c’est auprès d’elle qu’il réalisera son rêve d’être roi ou empereur. Fuyant tous ceux qu’il a offensés en commençant par le père d’Ingrid, il tombe, se cogne la tête et à son réveil se retrouve dans un monde de créatures fantastiques. Une femme se présentant comme la fille du roi de Dovre lui apparaît. Peer se prétend fils de roi. Ils s’éprennent aussitôt l’un de l’autre. En fait, il s’agit de trolls mais ayant conquis le cœur de la fille d’un roi, Peer se voit déjà prince d’un nouveau royaume. Aurait-il enfin trouvé sa place? Combien de temps cela-va-t-il durer?Mon avis : Que voilà un album singulier. Il s’agit du premier tome de l’adaptation par Antoine Carrion de la pièce de théâtre éponyme écrite en 1867 par le dramaturge norvégien Henrik Ibsen qui s’est inspiré de contes et légendes populaires.
Ce premier tome en reprend les trois premiers actes, le second tome correspondra aux deux derniers.
Avec un soupçon de fantastique (trolls, sorcières, etc.), l’histoire est en fait une quête d’identité.
Accumulant les défauts, le personnage principal mène une vie ne respectant aucune règle. S’il a besoin des femmes et d’amour et de stabilité, son orgueil et son ambition vont lui jouer les pires tours tout au long de ses errances réelles ou imaginaires. On l’accompagne au point de ressentir une certaine empathie à son égard tellement il accumule les malheurs. Au fur et à mesure de ses rencontres, de ses mésaventures et de ses échecs, qu’il provoque lui-même la plupart du temps, on espère qu'il va se reprendre à un moment ou à un autre. Mais force est de constater qu’il n’a vraiment aucune caractéristique du héros traditionnel.Parallèlement à cet important travail d’adaptation scénaristique, Antoine Carrion nous propose une bande dessinée au graphisme original de toute beauté, à base de noir et blanc avec toutes les nuances de gris, mais aussi de jeux de lumière et d’ombre savamment dosés pour souligner le caractère particulier du récit à mi-chemin entre réalité et fantasmes. C’est notamment le cas dans les pages chez les trolls, en particulier lorsque surgit le "grand courbe" sur deux pleines pages dépliantes.
L’album présente une grande richesse de décors naturels, paysages brumeux, montagnes floues, ciel nuageux, atmosphère sombre, et de nombreux personnages aux physionomies expressives.SDJuan
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OLYMPIA KYKLOS
- Par asbl-creabulles
- Le 20/05/2021
Tome 1
Scénario : Mari YAMAZAKI
Dessin : Mari YAMAZAKI
Dépot légal : Mars 2021
Editeur : Casterman
Collection : Sakka
Format : Manga
ISBN : 978-2-203-20298-6
Planches : 185T1/ La nature a doté Démétrios d’un corps bâti pour l’activité physique. D’ailleurs, il aime courir, s’amuser avec les dauphins, sauter d’une falaise à l’autre. On peut dire qu’il affiche une forme olympique. Et pourtant, même s’il a tout pour être un grand athlète sans avoir à faire aucun effort ou presque et si son entourage le pousse à se présenter pour les prochains Jeux Olympiques au lieu de décorer des amphores, la compétition ne l’intéresse pas du tout. Démétrios préfère, et de loin, la peinture. Rien ne peut le rendre plus heureux que d’exercer son talent de décorateur de vases en pensant à Apollonia, la fille du chef du village. Et quand celui-ci, pour éviter un conflit avec le village voisin, propose de régler le contentieux en organisant une compétition sportive dont il sait qu’il sortira vainqueur grâce à Démétrios, ce dernier s’en désintéresse et continue de prétendre mener sa vie comme bon lui semble… Jusqu’à ce jour où, sous l’orage, les éclairs et le tonnerre, il se retrouve soudainement entraîné dans un voyage dans le temps qui va complètement chambouler sa vie.Tome 2
Scénario : Mari YAMAZAKI
Dessin : Mari YAMAZAKI
Couleurs :<N&B>
Dépot légal : juin 2021
Editeur : Casterman
Collection : Sakka
Format : Format Manga
ISBN : 978-2-203-20300-6T2/ Démétrios a réussi à sauver son village après son voyage dans le temps, au XXe siècle. A présent, il n’aspire plus qu’à retrouver ses pinceaux mais le patriarche, chef du village, qui est convaincu qu’il est un grand athlète, continue d’intervenir dans sa vie. Ayant vu l’assiette décorée rapportée d’Olympie, il exige de Démétrios qu’il peigne à son tour des athlètes en action sur ses jarres et poteries au lieu d’images à caractère social de la vie courante qui ne se vendent pas. Démétrios fait un nouveau voyage dans le temps en 1964 au Japon à l’époque des JO d’été. Là, il va découvrir une nouvelle forme de dessin tout à fait différente de ce qu’il connaît, le manga. Et surtout, ce ne sera pas auprès de n'importe qui puisqu’il s’agit du grand artiste Ozamu Tezuka dont il va même devenir l’assistant !!Mon avis: Après un début traité d’une manière plutôt classique, la surprise est totale lorsque la mangaka Mari Yamazaki bouleverse le récit en y introduisant des voyages temporels. L’effet de surprise passé, ces allers-retours dans le futur et/ou le passé, la Grèce antique et le Japon moderne, lui permettent de nous proposer une comparaison de deux modes de vie, de deux cultures, de deux conceptions du sport sur lesquels viennent se greffer non seulement divers enjeux politiques mais encore des enjeux amoureux. Une écriture surprenante mais solide qui lui permet de multiplier les rebondissements agrémentés d’une pointe d’humour. A lire en fin d’album un dossier complémentaire intitulé "La céramique, les Jeux olympiques et moi".
Au dessin, Mari Yamazaki nous a déjà démontré son savoir-faire et son talent de dessinatrice avec la série Thermæ Romæ. On la retrouve pleinement ici toujours aussi passionnée par l’Antiquité européenne. Son dessin est plein d’énergie, dans un style plutôt réaliste avec de très belles cases, de très belles pages au trait soigné et détaillé et riches en décors des deux civilisations évoquées. Côté émotions, les codes du manga sont d’application, les personnages étant pour la plupart représentés avec beaucoup d’expression, notamment les athlètes des épreuves du pentathlon antique. Une lecture des plus agréables et plaisantes.SDJuan
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WANTED LUCKY LUKE
- Par asbl-creabulles
- Le 19/05/2021
Wanted Lucky Luke
Scénario : Matthieu BONHOMME
Dessin : Matthieu BONHOMME
Couleurs : Matthieu BONHOMME
Dépot légal : avril 2021
Editeur : Lucky Comics
ISBN : 978-2-88471-477-8
Nombre de pages : 68Lucky Luke vient tout juste d’échapper à un tireur posté sur les rochers dominant la vallée. L’échange de coups de feu a été violent et rapide. Certain de l’avoir blessé, Lucky Luke doit malgré tout faire vite s’il veut mettre la main dessus. Arrivé sur place, seule une mauvaise surprise l'attend: l’affiche tâchée de sang de sa tête mise à prix pour 50.000 $. C’est alors qu’il entend une nouvelle fusillade. Il se dirige rapidement vers le lieu de l’attaque et aperçoit des indiens en train d’encercler une caravane. Ni une ni deux, il se précipite et règle la question en quelques tirs bien ajustés, découvrant ... trois jeunes et belles femmes, en fait trois sœurs, qu'il va s'empresser de sauver. Elles se rendaient à Liberty pour y vendre leur bétail, bien décidées à prendre un nouveau départ dans la vie suite à la mort de leurs parents. Habitué à s’occuper des troupeaux, Lucky Luke se propose de les accompagner car leur route traverse le territoire des Apaches et de leur chef redouté Patronimo. Le voyage s’annonce périlleux et les surprises nombreuses d’autant que lui-même est désormais recherché… Mon avis : En parallèle de la série principale, Matthieu Bonhomme poursuit sur sa lancée en nous proposant une nouvelle aventure, certes à part, mais qui conserve tous les codes du genre : des paysages secs, des chevaux, un avis de recherche avec mise à prix, des bandits de grand chemin, des indiens, les tuniques bleues, des colts, des arcs, des embuscades… autant d’ingrédients pour un album plein d'action et de rebondissements.
Le titre, à lui seul, en est déjà la promesse, "Wanted Lucky Luke" où le mot Wanted évoque bien sûr l’avis de recherche, la vengeance, la prime. De fait, le lonesome cow-boy n’est plus le chasseur mais bien une proie pour une bande de bandits, un fils réclamant vengeance, des indiens, l'armée et maintenant trois demoiselles (voir la dernière case de la page 58). Et, d’ailleurs, ces trois sœurs secourues pourraient bien être intéressées de toucher la prime d’autant que le "criminel" recherché les accompagne volontairement et qu’il n’est pas pour leur déplaire… Oh les gourmandes... lol ! De toute manière, elles sont gagnantes !
Après avoir réussi le pari de réaliser un premier tome plus sombre qui a connu un beau succès, Matthieu Bonhomme récidive avec toujours autant de talent mais dans un style plus fun agrémenté d’une bonne dose de romantisme grâce à la présence de ces trois jolies sœurs, Angie, Bonnie et Cherri, qui vont avoir des vues sur le cowboy, chacune à sa manière. À nous de deviner laquelle compte réussir à le faire craquer... si tant est que l'une d'elle y parvienne, bien entendu.
Une aventure western rythmée, très fluide, avec son lot d'événements inattendus, tout à fait digne des albums de la grande époque du héros et en quelque sorte hommage à Morris et à l’univers de Lucky Luke, complétée d’une évocation de personnages réels comme Jeronimo ici sous les traits de Patronimo, avec de bons dialogues, de l’humour, de l’émotion et toujours des surprises là où on ne les attend pas toujours.
Un album tous publics mais à plusieurs niveaux de lecture, une bonne aventure western pour un public jeune là où un public adulte percevra les allusions cachées dans certains dialogues ou illustrations…En ce qui concerne le dessin, tout en conservant sa griffe personnelle, Matthieu Bonhomme nous fait penser aux années Morris, alors que les deux styles sont différents.
Même si j’ai une préférence pour la version N&B, il est indéniable qu'il a réussi à travailler les ambiances de manière efficace en jouant avec les couleurs (en nombre très limité) que Morris utilisait sur certaines scènes. Sauf que lui travaille la couleur par pages, en bi ou trichromie, inversant parfais les couleurs sur certaines cases par rapport aux précédentes.
Mais là où l'auteur fait très fort, c'est sur le trait net et précis, l’encrage très propre, des points de vue d’allure cinématographique, un découpage soigné, dynamique, efficace, une atmosphère générale typique western et des émotions particulièrement bien rendues … le tout sans dénaturer le personnage puisqu'il ne le fait pas succomber aux "assauts" des trois belles demoiselles afin qu’il puisse poursuivre ses aventures de "lonesome cow-boy" comme il le chantonne en début et en fin d'album.
Vous l’aurez compris, un album à ne pas rater et que l’on peut lire sans avoir dû lire toute la série mère.À noter que la version N&B CanalBD (si vous avez eu la chance de trouver l’un des 2000 exemplaires édités) est enrichie d’un supplément de 11 pages d’illustrations crayonnées et encrées autour d’un entretien avec l’auteur.SDJuan
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BLACK SQUAW T2
- Par asbl-creabulles
- Le 17/05/2021
Tome 2 - Scarface
Scénario : YANN
Dessin : Alain HENRIET
Couleurs : USAGI
Dépot légal : Mai 2021
Editeur :
ISBN : 979-10-34754-11-3
Planches : 48Plus d’un soldat afro-américain de l'armée US venu combattre en Europe est rentré au pays bouleversé après avoir découvert qu’un noir y était respecté et même acclamé comme un blanc et pouvait vivre sa vie normalement. Parmi tous les soldats de couleur ayant participé aux deux guerres mondiales sur les champs de bataille européens, l’un s'est particulièrement fait remarquer : Eugène Bullard, qui sera surnommé "l'hirondelle noire de la mort" après avoir rejoint comme pilote l’escadrille Spad en 1917. Et lorsque la toute jeune Bessie recevra une photo dédicacée de son héros, elle sera aux anges, elle qui a toujours voulu être aviatrice. Aujourd'hui, cette passionnée d’aviation a concrétisé son rêve malgré qu'elle ait du sang indien et afro-américain et bien qu’elle soit installée au Texas où le Ku Klux Klan n'est jamais très loin. Grâce à sa bravoure et sa détermination, elle y est arrivée. Il faut dire qu’elle est douée. Assez douée pour s’être fait remarquer par les hommes d’Al Capone ! Elle a enfin son propre avion et si elle travaille un peu dans l’illégalité, cela ne la dérange pas outre mesure, du moment qu’elle peut voler.Mon avis: Le trio Yann, Henriet, Usagi poursuivant sur la lancée du tome 1 continue de nous faire découvrir l'incroyable parcours de sa nouvelle héroïne Black Squaw, largement inspiré de la vie de Bessie Coleman.
L’histoire évolue et se complexifie à coups de retours en arrière créant une intrigue à plusieurs niveaux.
On peut dire que Black Squaw porte bien son nom. L’auteur évoque divers événements de l’époque correspondant à des moments importants de la vie de l’héroïne en lien avec ses origines amérindiennes et son appartenance au groupe afro-américain, principalement le KKK mais aussi la mafia américaine, avec le célèbre balafré "Scarface" Al Capone, et ses trafics illégaux et plus encore (à découvrir pour ne pas trop spoiler).
Mais si plusieurs événements, faits et personnages ont réellement existé, cette grande aventure est une pure fiction.
Les rebondissements ne manquent pas tout au long d’un récit qui se déroule selon un rythme entraînant bien maîtrisé.Côté dessin, les amateurs d’avions anciens vont se régaler avec ce nouvel album qui confirme s’il en était besoin le talent d’Alain Henriet déjà largement apprécié sur Dent d’Ours et ses précédentes séries.
Il nous régale d’un dessin clair, aéré, soigné. On le sent très à l'aise pour les voltiges, loopings et autres acrobaties aériennes réalisés avec succès par Bessie pour déjouer (ou abattre) l'ennemi.
Beaucoup d’avions de toute beauté dans des paysages grandioses mais pas que. Henriet nous régale de belles scènes d'action, de superbes chevaux et de très beaux décors mais n’oublions pas surtout la ravissante Bessie.
Les cases sont bien travaillées (gros travail de documentation à l’appui) et agrémentées de plusieurs hommages à d'autres personnages BD.
Très agréable mise en couleurs d’Usagi, claire et dynamique donnant encore plus de vie à l'ensemble.A noter que l'album existe aussi en Édition spéciale avec jaquette de couverture et frontispice numéroté et signé par les auteurs au tirage limité de 999 exemplaires.SDJuan