Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
-
RAHAN Intégrale 1 en N&B
- Par asbl-creabulles
- Le 10/12/2021
Volume 1
Scénario : Roger LECUREUX
Dessin : André CHÉRET
Couleurs : <N&B>
Dépot légal : novembre 2021
Editeur : Soleil Productions
Collection : Aventure
Grand format
ISBN : 978-2-302-09128-3
Nombre de pages : 600Cet album est le premier de l’intégrale Soleil des aventures de "Rahan, fils des âges farouches", le héros préhistorique dont on a célébré le cinquantième anniversaire en 2019. Il s’agit d’une nouvelle édition en N&B des histoires de Rahan annoncée en cinq gros volumes d’environ 600 pages chacun (le deuxième est disponible depuis le 8 décembre) dont le contenu suit à la lettre l'ordre des parutions dans le magazine Pif Gadget des éditions Vaillant, à commencer par la toute première aventure publiée dans Pif à partir de mars 1969, Le secret du Soleil. Chéret avait fini par trouver son style reconnaissable entre tous! Rahan était né ! Et pour longtemps!
Rahan devient rapidement un très bon coureur, un combattant et chasseur hors pair. Intelligent et curieux, son besoin de connaître ses racines le pousse à s’aventurer hors du territoire de son clan, et fatalement de nouveaux dangers vont faire leur apparition. D'aventure en aventure, ce personnage nous a accompagnés durant ces dernières décennies et est devenu un classique du genre.
Roger Lécureux a su donner à Rahan la curiosité et le charisme qui en ont fait un personnage intemporel, ce héros solitaire qui a besoin de connaitre les secrets de tout ce qui l'entoure ou presque. Rahan possède beaucoup de qualités, c’est un homme bon et courageux et, surtout, doté de sagesse, ce qui lui permettra d’affronter les divers obstacles de la vie avec justesse et détermination. Pour ceux qui connaissent les albums d’André Chéret, on peut dire que le format N&B retenu pour cette intégrale rend justice à son travail et à son talent. On se rend mieux compte de l'efficacité de son trait et de sa mise en page.
L’énergie que ses dessins dégagent est bien mise en valeur. Au fil du temps, on les voit progresser, avec encore plus d'énergie, de fougue mais aussi davantage de traits, de détails et de décors.
Cette nouvelle édition a sans aucun doute sa place dans toute bonne collection.
Pour la lecture, il est conseillé de s’installer confortablement pour ne pas trop fatiguer ses bras.
Ainsi le voyage dans la préhistoire en compagnie de Rahan n'en sera que plus agréable.SDjuan
-
LONESOME 3
- Par asbl-creabulles
- Le 08/12/2021
Tome 3 : Les liens du sang
Scénario : Yves SWOLFS
Dessin : Yves SWOLFS
Couleurs : Julie SWOLFS
Dépot légal : Octobre 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-8036-7699-6
Nombre de pages : 56Je n’avais pas le temps de relire les deux premiers. Mais c’est préférable.
Lonesome, le cavalier solitaire et sans nom arrive à New-York.
Il est à la recherche de son passé et avide de vengeance.
Confronté à une ville en pleine effervescence dont il ne connaît pas les règles, il a difficile à trouver ses repères et tombera trop facilement dans un traquenard.
Ce récit apporte beaucoup d’éléments pour l’intrigue générale et identifie le héros.
Mais la fin révèle de nouveaux mystères. Malgré des flash-back perturbant la lecture au début, Yves SWOLFS maîtrise bien son scénario et offre une histoire très dense avec des personnages bien définis et riches d’émotions.
La couverture est de toute beauté.
La palette de couleurs se prête bien aux ambiances.
Je regrette un peu le trait plus léger et plus aéré, il me semble. Et les gros plans des visages sont peut-être trop nombreux.
Néanmoins, voici un très bel album en général qui renouvelle le thème du western.
Pour les lecteurs de mes chroniques, vous constaterez que mon impression diffère légèrement de celle du récit précédent concernant la catégorie western mais pas pour le dessin hélas.M.Destrée
-
INNOVATION 67
- Par asbl-creabulles
- Le 05/12/2021
Innovation 67
Scénario : Patrick WEBER
Dessin : Baudouin DEVILLE
Couleurs : Bérengère MARQUEBREUCQ
Dépot légal : novembre 2021
Editeur : Anspach
Grand format
ISBN : 978-2-931105-05-4
Nombre de pages : 64Après avoir participé au pont aérien entre Léopoldville et Bruxelles, Kathleen a refait sa vie. Nous la retrouvons journaliste à la RTB. C’est à ce titre qu’elle doit se rendre à Paris pour interviewer Madame Pompidou. Elle en profite pour passer voir sa meilleure amie Monique, vendeuse aux Galeries Lafayette. Celle-ci lui fait part de son désir de rentrer en Belgique. N’étant pas du genre à se contenter d’un simple petit bonjour à la sauvette, Monique invite Kathleen au restaurant avant de s’offrir une virée nocturne en boite de nuit avec son amie… qui va ainsi faire la connaissance de Tom, en réalité Thomas, qui se présente à elle comme pilote de course. Kathleen ne lui est pas indifférente et elle-même le regarde avec des yeux doux. Sachant qu’elle doit retourner à Bruxelles en train, Tom lui propose de faire le voyage ensemble dans sa Ford Mustang Cabriolet… De retour à Bruxelles, Kathleen demande à sa mère qui travaille au magasin "À l’Innovation" de se renseigner sur les offres d’emplois susceptibles d’intéresser Monique. La Quinzaine Américaine va bientôt démarrer et le travail ne manque pas… même si Stan, l’ex de Kathleen, tient à l’avertir d’un danger potentiel car des manifestations anti-américaines sont d’ores et déjà prévues à Bruxelles en pleine guerre du Vietnam. Kathleen suppose que ce n’est que de la jalousie. C’est alors qu’un incendie se déclare dans le magasin de la rue Neuve. Une enquête est ouverte. Kathleen doit en couvrir le déroulement, loin de se douter que d’autres surprises l’attendent à propos de Tom…Mon avis : C’est avec plaisir que nous retrouvons Kathleen dans de nouvelles aventures.
En effet, l’album "Sourire 58" publié en 2018 devait être un "one shot" au sens propre du terme. L'engouement du public et les nombreux retours positifs notamment lors des séances de signature ont poussé les auteurs à donner naissance à d’autres récits complets autour du personnage de la belge Kathleen. Femme indépendante et déterminée dans un univers plutôt masculin, les auteurs ont décidé de lui faire vivre divers événements majeurs liés à l’histoire de la Belgique.
Gamine en 43, elle côtoie la résistance mais aussi les "collaborateurs" ; en 58, elle vit une histoire d'espionnage durant l'exposition universelle de Bruxelles ; en 60, elle est au cœur de la décolonisation du Congo ; et à présent en 67, dans une fiction solidement étayée par des faits réels et faisant référence à la théorie complotiste d’un attentat potentiel de la part d’activistes d'extrême gauche luttant contre l’impérialisme américain en pleine guerre du Viet Nam contre le grand magasin "À l'Innovation" qui organisait une quinzaine américaine, Kathleen va vivre le catastrophique incendie du bâtiment construit en 1902 par Victor Horta abritant ce véritable temple de la mode et du commerce.
L’incendie du 22 mai 1967 a fait 251 victimes et plus de 60 blessés. Il a ravagé les 24000 m² du magasin, ses entrepôts et bien d’autres bâtiments alentour. Il a ébranlé toute la Belgique qui a observé une journée de deuil national.
À la fois écrivain, historien, animateur, journaliste, scénariste, Patrick Weber sait comment captiver notre attention.
A partir de faits établis, il construit un récit se déroulant dans le contexte d’événements belges et mondiaux qui lui donnent l’occasion d’évoquer l’état d’esprit de l’époque mais pas seulement.
Au fil des pages, son récit romancé va prendre des allures de thriller. Devenue journaliste, Kathleen couvre l’enquête sur l’incendie et les différentes thèses soulevées mais va également être amenée à s’interroger sur Thomas qu’elle a rencontré lors de son passage à Paris.Baudouin Deville nous propose un dessin toujours aussi soigné dans le plus pur style Ligne Claire.
Des illustrations riches, soignées et surtout très documentées à partir de photographies d’archives, de journaux, magazines et autres documents de l’époque.
Il nous régale d’une reconstitution fidèle des divers lieux évoqués.
On note un soin tout particulier apporté aux véhicules, décors urbains, costumes, tenues, coiffures, etc.
Ce travail méticuleux est largement mis en valeur par Bérengère Marquebreucq, en quelque sorte devenue la coloriste attitrée de la "série" depuis le tome 2.
De très belles couleurs, impressionnantes dès la couverture, mais aussi tout au long de l’album comme lors du défilé d’une troupe de majorettes dans la rue avec ces millions de confettis qui arrosent les spectateurs.
Une coloriste de qualité qui par son savoir-faire s'adapte à tous les styles (voir notre chronique Complainte des Landes Perdues sorti en octobre). En fin d'album, Patrick Weber nous propose un supplément très intéressant sur l’histoire des "grands magasins" : À l'Innovation ou Les Galeries Anspach (Victor Horta ayant également participé à l’une des façades du bâtiment) à Bruxelles, Harrods à Londres, Au Bon Marché, La Samaritaine, Le Printemps, Les Galeries Lafayette, Le Bazar de l’Hôtel de Ville à Paris, El Corte Inglès en Espagne.SDJuan
-
GABIE AUX CRAIES DE COULEURS
- Par asbl-creabulles
- Le 04/12/2021
Tome 1
Scénario : Joris CHAMBLAIN
Dessin : Margo RENARD
Couleurs : Margo RENARD
Dépot légal : septembre 2021
Editeur :
Collection : la P'tite Margote
Format normal
ISBN : 978-2-380-75485-8
Nombre de pages : 40Gabie et sa famille rendent visite à leurs grands-parents. Gabie n'en finit pas de s'émerveiller de tout ce qu'elle voit autour d'elle. En se promenant avec son chien Loupo, elle croise même la route d'une souris... verte. Sa mamie ne semble pas plus étonnée que ça. Elle conseille à Gabie d'aller dans son atelier au grenier. Et là, effectivement elle retrouve la souris qui lui montre une boîte de craies de couleurs. Gabie s'empresse de les essayer en dessinant un panda. Avant de repartir, la grand-mère insiste pour que Gabie emporte les craies avec elle en lui révélant leur secret : ce sont des craies magiques, les dessins prennent vie... De retour dans leur nouvelle maison, Gabie n'en finit plus de dessiner sur les murs et de se créer un monde bien à elle. Elle en use et en abuse au nez et à la barbe de ses parents. Car, c’était la règle imposée par sa mamie, elle ne doit rien leur révéler au sujet des craies…Mon avis : Voici un album jeunesse qui fait du bien et qui ravira le jeune public à coup sûr mais pas seulement.
L’album ne manque pas d’entrain et d’énergie à l’image de son héroïne toujours en mouvement, une véritable petite tornade à la bouille ronde et rieuse.
Gabie n’arrête pas un instant sans pour autant fatiguer ses parents puisqu’elle a son compagnon Loupo avec qui elle s’amuse et joue des heures durant… sauf peut-être son papa qui s’inquiète un peu.
La magie de ces dessins prenant vie et n’en faisant qu’à leur tête contribue largement au dynamisme de l’histoire.
Joris Chamblain n’arrête plus de nous faire rêver et de voyager dans des mondes fantastiques ou féériques.
J’avais déjà beaucoup aimé "Les Carnets de Cerise" et plus récemment "Alyson Ford".
Le succès devrait de nouveau être au rendez-vous avec cette nouvelle série.
Côté illustration, Margot Renard nous régale de belles pages très colorées.
Les dessins affichent des couleurs chatoyantes, pleines de luminosité.
Les personnages arborent des proportions, des coiffures, des tenues et même des maquillages plutôt délirants évoquant le spectacle.
Les expressions sont drôles, parfois caricaturales mais toujours pleines d’humour et de vie, à l’instar de la couverture de l’album.SDJuan
-
À BOUT DE BRAS - - LA FOLLE SAGA DES FRÈRES ACARIÈS
- Par asbl-creabulles
- Le 04/12/2021
À bout de bras - La folle saga des frères Acariès
Scénario : Jean-Christophe DEVENEY, Pierre BALLESTER & Michel ACARIÈS
Dessin : SAGAR
Couleurs : SAGAR
Dépot légal : novembre 2021
Editeur :
Collection : Coup De Tete
Format normal
ISBN : 978-2-413-02415-6
Nombre de pages : 160Voici l’histoire des frères Acariès, Michel et Louis, nés à Alger puis rapatriés en métropole à la fin de la guerre d’Algérie. En France, ces deux "pieds-noirs" vont acquérir une réputation solide et mondialement reconnue dans le milieu de la boxe. En particulier Louis, le boxeur, qui a remporté les titres de champion de France, puis champion d'Europe mais qui a perdu celui de champion du Monde face à Carlos Santos. La boxe est une histoire de famille. Et même si leur père aurait préféré qu’ils s’orientent vers des professions valorisantes, il a fini par les soutenir dans leur choix. C’est ainsi que Michel a d’abord suivi une formation informatique, rapidement délaissée pour devenir chauffeur de taxi, avant de se tourner vers la boxe, de s’occuper de la carrière de son frère Louis et de devenir l’un des plus grands et influents organisateurs de combats de boxe au niveau mondial. Michel a défendu ses projets de boxe en salle avec obstination auprès de Louis, il l’a accompagné, il l’a soutenu, il l’a fait progresser, orientant sa destinée vers un avenir prometteur. Tout ceci a pu se faire grâce à leur père qui a toujours su dénicher les fons filons et s’attacher de bonnes relations, et surtout éviter aux milieux mafieux peu recommandables d’approcher Louis de trop près.Mon avis : Scénatrio de Pierre Ballester et Jean-Christophe Deveney d'après le livre Pied-Noir, Poings nus. C'est bien ce même Michel Acariès qui a coécrit le scénario de cette aventure BD avec Pierre Ballester, journaliste sportif ayant travaillé au sein des rédactions des journaux Le Sport puis L’Équipe jusqu’en 2001, avec lequel il a signé en 2018 le livre "Pied-noir, poings nus ; de Bab-el-Ouest à Las Vegas" publié chez Flammarion, dont l’album est adapté.
On découvre l’histoire captivante de cette famille, d’abord en Algérie dans le quartier populaire de Bab El Oued dans le nord d’Alger, puis le départ vers la France, l’arrivée à Marseille, suivie de la montée à Paris, puis les longues séances d’entraînement et l’ascension fulgurante de ces deux frères inséparables dans la vie mais aussi dans le monde dur et violent de la boxe durant près d'un quart de siècle, jusqu’aux rings de Las Vegas.
Un récit riche en événements, en rebondissements qui permet de se rendre compte des parcours impressionnants affichés par le père et ses deux fils.
Louis a eu une seconde carrière sportive dans le football comme conseiller-entraîneur à l’Olympique de Marseille dans les années 2000, quant à Michel, devenu l’un des plus puissants promoteurs mondiaux de combats de boxe, il a organisé plus d’une centaine de championnats du monde en Europe et aux États-Unis, portant jusqu’au titre suprême Brahim Asloum, Fabrice Tiozzo, Laurent Boudouani, Mahyar Monshipour.Les dessins de Sagar sont impressionnants, en particulier par l’énergie qui se dégage des scènes de combat qui multiplient les mouvements et les coups de poing.
Mais on apprécie aussi son travail sur les différents lieux évoqués, Alger, Marseille, Paris, etc.
A travers le parcours des deux frères depuis leur départ d'Algérie, on découvre une série de personnages hauts en couleurs du monde de la boxe, du soigneur et de l’entraîneur à quelques personnalités comme Donald "Don" King le célèbre organisateur de combats, le boxeur français Brahim Asloum (champion olympique à Sydney en 2000 et champion du monde WBA en 2007 auprès duquel Louis œuvrait désormais en tant qu’entraîneur), le comédien Jean-Paul Belmondo.
Des dessins superbement mis en couleurs dégageant une belle énergie et intensité.
Une très belle surprise pas seulement pour les passionnés de boxe.
Un beau coup de poing dans la collection coup de tête !SDJuan
-
BLACKSAD 6
- Par asbl-creabulles
- Le 03/12/2021
Tome 6 : Alors, tout tombe - Première partie
Scénario : Juan DÍAZ CANALÈS
Dessin : Juanjo GUARNIDO
Couleurs : Juanjo GUARNIDO assisté par Hermeline JANICOT-TIXIER
Dépot légal : Octobre 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-205-07804-6
Nombre de pages : 60John Blacksad assiste avec Weekly à une représentation théâtrale dans le cadre du festival "Shakespeare in the Park". Soudain la police interrompt brutalement le spectacle. Grâce à son intervention auprès du lieutenant de police, la pièce peut enfin s’achever. Iris Allen, la directrice de la troupe, remercie chaleureusement Blacksad et récupère au sol la carte de visite qu’il avait malicieusement tendue au lieutenant au cas où il aurait besoin d’aide… Sur le chemin du retour, Blacksad est témoin d’une agression dans une ruelle sombre. Trois hommes s’acharnent sur leur victime pour la dépouiller. Ni une ni deux, il s’interpose et réussit à les faire fuir. L’homme au sol, en réalité une chauve-souris, se présente à lui comme étant Kenneth Clarke, le président du syndicat des travailleurs du métro. Curieusement, il tient en main la carte que Blacksad a donné plus tôt dans la journée et lui annonce qu’il souhaitait justement le rencontrer pour lui proposer une affaire. Il s’agit de retrouver un tueur à gage nommé Logan qui en veut à sa vie, engagé par la mafia des belettes pour l’éliminer. L’affaire impliqueraient plusieurs personnalités haut placées, notamment le maire et homme d’affaires Solomon. Pour mener à bien ses projets d’aménagement urbain, Solomon est prêt à démanteler certaines lignes de métro en construction. De son côté, Weekly qui est tombée sous le charme d’une jeune reporter, Rachel Zucco, qu’il aimerait voir rejoindre la rédaction du journal "What’s News" a choisi pour son prochain article de suivre une personnalité en vue. Il s’agit justement de Solomon, réputé grand visionnaire et grand bâtisseur ! John Blacksad de son côté s’est fondu parmi les ouvriers du métro – les taupes – pour enquêter de l’intérieur.
Mon avis : Le voici enfin ce nouveau Blacksad tant espéré, tant attendu… depuis huit ans, même si l’auteur n’a pas chômé entretemps... rappelez-vous en 2019 "Les Indes fourbes", un gros volume Delcourt de 159 pages dont 150 planches… L'attente en valait vraiment la peine. Le scénariste, Juan Díaz Canalès, nous démontre une fois de plus qu'il maîtrise à la perfection son récit, mélange de polar et de thriller et de leurs codes respectifs, faits délictueux, investigation, suspense, intrigue, action …
Avec un plus dans ce nouvel album toujours aussi soigné, une longue suite de personnages "secondaires" (dont beaucoup retiennent l’attention) au sein d’une intrigue que Canalès installe et dévoile progressivement au fil des pages.
On se demande quel rôle chacun va jouer, quelle place chacun va prendre sur cet échiquier savamment élaboré. En tout cas, pour Weekly c’est clair, son personnage prend ici de l’ampleur. Il devient un acteur à part entière de l’aventure.
Revenu à New York, Blacksad va se retrouver confronté à un certain Solomon, personnage largement inspiré de l’urbaniste américain Robert Moses, surnommé le "maître de la construction", qui a largement contribué à façonner un New York rénové entre 1930 et 1970 [voir le one shot Robert Moses sous-titré "Le maître caché de New York" écrit par Pierre Christin et illustré par Olivier Balez paru en 2014 chez Glénat].
Blacksad va donc devoir faire face à un Solomon qui s’est entouré d’une part de personnes peu recommandables et d’autre part de personnalités haut placées et influentes pour arriver à ses fins. Canalès nous offre le portrait d’une ville hétéroclite où se développe un capitalisme fortement ancré dans le courant de pensée libéral avec toutes ses dérives, l’élimination des opposants, la quête du pouvoir et l’enrichissement de la part de certains au détriment des autres, les pauvres et les déshérités.
Blacksad et Weekly, mais pas seulement eux, vont suivre plusieurs directions, prendre de plus en plus de risques, frôler le danger, voire la mort. De nouvelles enquêtes en nouveaux rebondissements, notre attention est captivée, happée jusqu'à une dernière page époustouflante qui nous laisse avec une furieuse envie de connaître la suite …Quant au dessin, Juanjo Guarnido nous offre une fois de plus un album de toute beauté.
Les scènes d'action sont finement décortiquées, pleines de punch et de mordant. Les décors sont de toute beauté et impressionnants, notamment ceux vus d’en haut par Solomon le faucon et ses hommes. La ville est présentée sous des angles variés et originaux, les rues, les avenues, les gratte-ciels.
Les contrastes sont très marqués comme le passage de cette magnifique séquence à Central Park qui déborde de couleurs chatoyantes sous la lumière du jour à celle où l’on s’engouffre dans les escaliers et couloirs du métro où domine une lueur orangée pour finir dans les tons gris parmi les ouvriers-taupes qui travaillent dans les profondeurs du sous-sol.
Sans oublier les personnages, tous les personnages. Guarnido s'en donne à cœur joie avec tous ces animaux anthropomorphes toujours aussi réussis et expressifs arborant des faciès drôles, aguichants, apeurés, inquiétants, terrifiants…
Amateur de comics, Guarnido s’est amusé à glisser une référence au super-héros de Marvel Wolverine. Son personnage Logan (nom civil de Wolverine des X-Men) a la forme d’un glouton (traduction officielle de Wolverine [qui a été délaissée au profit de Serval dans les premiers comics X-Men en VF]).
Si j’ai un peu tardé à lire ce nouvel album, le résultat est à la hauteur de mes attentes.
Reste à patienter un peu… pour connaître la suite et fin de cette aventure.SDJuan
-
NO ZOMBIES
- Par asbl-creabulles
- Le 01/12/2021
Tome 1 : Le livre de Joseph
Scénario : Olivier PERU
Dessin : Evgeniy BORNYAKOV
Couleurs : Simon CHAMPELOVIER
Storyboard Benoît DELLAC
Couverture : Jean-Luc ISTIN & Bertrand BENOÎT
Dépot légal : Octobre 2021
Editeur :
Collection : Anticipation
Grand format
ISBN : 978-2-302-09508-3
Nombre de pages : 62Joseph, Cass et leurs compagnons d’infortune sont la dernière chance d’une humanité qui manque cruellement d’espoir en ces temps difficiles. Depuis que la Terre a été infectée par un virus qui transforme ses habitants en morts-vivants, plus personne n’a d’espérances sur l’avenir, préférant se cacher, se calfeutrer, se protéger... Nos amis parcourent le pays pour sauver des zombies ou de rares survivants. Mais quand ils affirment que leur vaccin peut inverser les effets du virus, défiance et incrédulité semblent être la seule réponse qu’ils obtiennent. Néanmoins, ils persistent, qui sait.... Au sein même du groupe, les "anciens" infectés sont souvent submergés par les souvenirs, des souvenirs insupportables qu'il faut malgré tout surmonter pour retrouver au plus vite des proches qu'ils auraient pu mordre et contaminer afin de les sauver. Mon avis : "Encore une série sur les zombies surfant sur la vague Walking Dead", penseront certains. En fait, à y regarder de plus près, ce premier tome de "No Zombies", donne un nouveau souffle au genre. D’emblée, on annonce un remède capable de sauver les morts-vivants, un vaccin qu’un petit groupe armé et bien organisé s’efforce de promouvoir. La tâche ne sera pas simple car il faut isoler les sujets un par un pour les vacciner puis attendre les effets du vaccin.
Si le cheminement de nos héros s’annonce lent et très long… le récit n’en souffre pas car Olivier Peru a pris le parti de développer la psychologie de ses personnages. Ce faisant, il apporte de la vie et de l’énergie à une aventure qui bien que macabre accroche d’entrée de jeu le lecteur. Peru nous a démontré avec ses séries sur la thématique "zombie" qu'il maîtrise parfaitement le sujet. A fortiori, les autres séries qu’il scénarise confirment son habileté aux récits parfaitement menés.
Sur un storyboard de Benoît Dellac, Evgeniy Bornyakov offre un dessin soigné, survitaminé, bourré de testostérone.
On peut dire que ça dézingue sans retenue car avec de tels ennemis, il n'y a pas une seconde à perdre. Mais l’album n’est pas fait que de massacres.
La narration purement visuelle fonctionne tout aussi bien grâce aux scènes en aparté, à huis clos, sous forme de flash-back ou d’introspection.
Un beau travail sur l’expression des sentiments, des émotions, des sensations de toutes sortes.
La mise en couleur réalisée par Simon Champelovier accompagne parfaitement le dessin grâce à des nuances et tonalités adaptées aux différentes scènes, diurnes, nocturnes, violentes, plus calmes, en flash-back…
Un premier tome à découvrir pour les amateurs du genre mais pas seulement.SDJuan
-
SPIROU & FANTASIO d'après... 18
- Par asbl-creabulles
- Le 01/12/2021
Tome 18 : L'Espoir malgré tout - Troisième partie - Un départ vers la fin
Scénario : Émile BRAVO
Dessin : Émile BRAVO
Couleurs : Fanny BRAVO
Dépot légal : Octobre 2021
Editeur :
Format : Grand format
ISBN : 979-10-34731-63-3
Planches : 112Belgique, été 1942. Parti de Malines, un train bondé roule vers la Pologne à destination d’un camp de travail situé en Silésie à la frontière allemande. De vives discussions ont lieu entre les "déportés" donnant lieu à de nombreux avis contradictoires sur l’objectif du voyage. Parmi eux, Spirou qui s’est retrouvé piégé pour avoir tenté d’aider Suzanne et P’tit Louis. Tous trois sont affamés comme bien d’autres enfants à bord. Écoutant les conversations des adultes autour de lui, Spirou finit par comprendre que ce train les conduit vers un piège, pire, la mort. Il faut donc absolument fuir au plus vite… sauf que les portes sont toutes bloquées. Par l’une des fenêtres que Spirou a réussi à ouvrir, nos trois amis profitent que le train ralentisse à l’approche d’un pont pour sauter. Ayant rejoint la berge, ils remontent vers la voie ferrée qu’ils décident de suivre en espérant trouver une route mais la fatigue se fait sentir… Au petit matin, Spirou parvient à arrêter un livreur de lait qui accepte de les conduire jusqu’à Namur. Spirou a prévu de rejoindre la ferme d’Anselme et Ernestine où vivent Lucien et sa fiancée Christina… ainsi que Mieke, la sœur de Christina, qui a créé une planque dans les bois où elle dissimule les animaux de la ferme. Elle accepte de la leur montrer à condition de ne jamais en parler à qui que ce soit. Une fois les enfants mis en sécurité Spirou retourne à moto avec Edmond retrouver Fantasio, Lucien et Robert qui n’ont pas chômé non plus pour résister à leur manière aux Allemands ! Rien n’est joué pour Spirou et ses amis notamment Felka et Félix qui courent un grand danger car le message qui leur était destiné ne leur a pas été remis à temps. Mon avis : Le tome 2 s’achevait sur une grande incertitude. Spirou risquait-il d’être déporté ?
Avec ce troisième tome, le rythme nerveux du récit ne baisse pas d’un iota. Il est toujours bien présent dès les premières pages et se poursuit durant tout l’album.
L’aventure ne s’arrête jamais. Chaque action en entraîne une autre qui devient tout aussi importante que la précédente et d’habiles flashes-back sont l’occasion d’en développer certaines ensuite.
Tout s’enchaîne avec habileté, en évitant les ressemblances, ce qui captive sans cesse notre attention et nous rend tout aussi nerveux que les héros… sans la crainte de se faire prendre évidemment contrairement à eux.
Émile Bravo nous propose un récit très documenté sur des faits de guerre avérés, leurs conséquences sur les populations des territoires occupés, la déportation instituée comme instrument de purification ethnique par les Nazis, les atrocités auxquelles elle donné lieu, la résistance belge (dans le cas présent) à l’occupant allemand.
On est littéralement plongé dans l’action, la peur, le stress vécu par les héros qui se retrouvent dans des situations difficiles.
On ressent de l’empathie pour certains personnages.La partie graphique est un vrai régal.
Le trait et la mise en page d’Émile Bravo sont parfaits pour ce genre de narration nerveuse tout en restant fluide et limpide.
Une succession de petites cases avec des personnages de format réduit collant parfaitement à une aventure qui file à vive allure.
Des petites cases oui, mais soigneusement travaillées, détaillées, riches en personnages et en décors variés pour une évocation historique précise et fidèle de la guerre, de la peur, de la douleur … mais aussi pour partager des moments de plaisir et de joie.
Les couleurs de Fanny Bravo viennent confirmer le tout avec une belle mise en lumière du travail d'Émile Bravo
Après Rob-Vel, Jijé, Franquin et beaucoup d’autres auteurs dont de nombreux contemporains, Spirou et Fantasio ont trouvé en Émile Bravo un illustre ambassadeur de leurs aventures et un excellent représentant de la ligne claire.
Son style est reconnaissable entre tous autant le scénario que le dessin.Album également diffusé en tirage spécial FNAC à 2000 exemplaires avec cahier graphique de 8 pages et en tirage N&B Canal BD avec jaquette exclusive et supplément de 16 pages.
Un quatrième tome viendra clore cette très belle aventure de la collection "Le Spirou de.../Une aventure de Spirou et Fantasio par…".
SDJuan