Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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FAUNE
- Par asbl-creabulles
- Le 29/12/2021
Contes grivois et autres diableries
Scénario : Maryse et Jean-François CHARLES
Dessin : Jean-François CHARLES
Couleurs : Jean-François CHARLES
Dépot légal : novembre 2021
Editeur :
Format : 240 x 320 mm
ISBN : 978-2-380-75574-9
Nombre de pages : 126Quelque part dans le sud du Royaume de France en des temps moyenâgeux. Un groupe de pèlerins mêlant nobles et manants, pauvres et puissants chemine depuis pas mal de temps vers la chapelle Saint-Aimable. L’édifice a été construit sur le lieu même où un homme ayant refusé d’abjurer sa foi a été décapité. Dans la chapelle, les pèlerins viennent se recueillir par dévotion, pour demander une grâce ou remercier le saint homme et martyr d’une grâce obtenue…
Longue et difficile a été leur marche, sous la pluie et le vent, en proie à la faim et la soif, souffrant de douleurs et blessures aux pieds. À la nuit tombée, ils se sont réfugiés dans une auberge et rassemblés autour du "cantou", la cheminée monumentale constituant le cœur de chaque maison. Là, ils tuent le temps en racontant chacun à son tour une histoire pieuse. Très vite, dès la première prise de parole, les récits deviennent plus légers, lestes, grivois…Mon avis : Sous-titré "Contes grivois et autres diableries", Faune ne laisse planer aucun doute quant à son contenu. Quant à la forme, Maryse confirme que l’album a été pensé dans l’esprit des Contes de Canterbury, cette série de 24 histoires écrites par Geoffrey Chaucer à la fin du XIVe siècle où une trentaine de pèlerins d’origines diverses se retrouvent dans l’auberge Tabard Inn, point de départ de leur pèlerinage à Canterbury pour se recueillir sur la tombe de l’archevêque Thomas Becket. L’aubergiste leur propose un concours, chacun devant raconter quatre histoires, deux à l’aller, deux au retour, la meilleure étant récompensée d’un repas gratuit. Avec Faune, point de récompense mais un recueil de récits dits "légers", ce terme recouvrant deux de ses nombreuses acceptions : élégant et grivois.Lors de la prise en main, on remarque le bel habillage extérieur, à l’ancienne, relié façon cuir brun, orné de dorures et autres enluminures.
L’intérieur imprimé sur du papier de qualité ne cesse de nous surprendre car l’album se libère des exigences du format uniformisé des bandes dessinées.
Il alterne des illustrations pleine page, des planches plus standard garnies de cases variant les plans, des estampes dans le style "image d’Épinal" illustrant chaque histoire dont le texte apparaît sous forme de légende au bas des images.
Cela témoigne d’un gros travail de mise en page.Les six pèlerins sont longuement décrits dans des récitatifs pleine page faisant l’objet d’un soin tout particulier.
Chacun est décoré de lettrines et d’enluminures très colorées mais surtout très grivoises lorsqu’on y regarde de plus près…Parmi ces pèlerins figure un peintre – Jean-François Charles ? – celui-là même qui "fit le dessin du faune" que l’on va retrouver d’histoire en histoire.
Sur des textes de Maryse ayant nécessité un gros travail de recherche documentaire de même que leur adaptation en ancien français pour laquelle elle n’a pas hésité à créer son propre lexique, Jean-François Charles confirme ici son talent d’illustrateur et de peintre.
On sent qu’il s’est amusé à réaliser cet album hors du commun et, surtout, qu’il s’est vraiment fait plaisir. Et le résultat vient le prouver.
La beauté des paysages ou des intérieurs riches en décors se conjugue aux histoires.Et l’on retrouve surtout ces femmes omniprésentes dans nombre des BD qu’ils ont publiées.
Belles, désirables, sensuelles, jamais vulgaires. Mais ici un cran supplémentaire a été franchi… L’érotisme d’une pose, d’une tenue ne peut plus échapper au regard.
Il s’agit bien d’un vrai conte polisson et grivois dont les images vont bien au-delà de la simple histoire égrillarde.
Un beau livre qui sort des sentiers battus et apporte un peu de légèreté dans ce monde qui justement en manque en ce moment.On notera que la première édition contient un "jeu de l’oie grivois" encarté dans l’album.
FPatrick & SDJuan
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Très prochainement Créabulles aura le plaisir d'accueillir Maryse et Jean-François Charles à la Galerie Passerelle Louise pour une exposition !
Ne ratez pas notre interview lors de la sortie de China Li tome 3 (ainsi que sa chronique ici)
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L'ART DE MÉZIÈRES
- Par asbl-creabulles
- Le 27/12/2021
L'art de Jean-Claude Mézières
Scénario : Christophe QUILLIEN
Dessin : Jean-Claude MÉZIÈRES
Dépot légal : Septembre 2021
Editeur :
Format : 275 x 297 mm
ISBN : 978-2-205-07800-8
Planches : 240Il aura fallu attendre 2021 pour voir enfin paraître une monographie sur un géant de la bande dessinée de science-fiction, Jean-Claude Mézières : L’art de Mézières sur plus de 230 pages.
Une préface de Pierre Christin (scénariste qui a donné vie à Valérian et Laureline, héros d’une des meilleures BDd de SF) introduit les six chapitres richement illustrés de photos, reproductions d’originaux et illustrations.1. Itinéraire d’un dessinateur.
Les notes biographiques, les débuts, les influences, les préférences…2. Jean-Claude avant Mézières.
Les premières bandes dessinées inspirées d’Hergé (une aventure d’un Tintin musclé) ou de Franquin.
Des westerns, des enquêtes policières qui sont très en vogue à l’époque et même déjà une histoire futuriste paraissent dans Fripounet et Marisette au milieu des années 50 et Mézières étant né en 1938, son dessin n’est pas encore celui que nous connaissons.
En 1958, il est aux Arts appliqués où il rencontre Pat Mallet et surtout Jean Giraud qui deviendra un ami et l’introduira à Pilote.
En sortant du service militaire, il travaillera pour Hachette sur l’histoire des civilisations.
Il fera aussi du travail publicitaire au studio créé par Benoît Gillain, un des fils de Jijé.
Ce parcours varié mettra en place petit à petit son trait si personnel.
Mais avant, comme l’ami Giraud, il ira vivre en Amérique, rêvant de devenir cowboy.3. Il était une fois mon Amérique.
En 1965, il est à Salt Lake City chez Pierre Christin qu’il connaît depuis 1944.
Encouragé par Giraud, ils enverront un récit de six planches au journal Pilote, ce qui sera leur toute première bande dessinée dans l’hebdomadaire.
Valérian est proche mais avant il dessinera pour un bimestriel éphémère : Total journal.
Et de plus en plus pour Pilote.
Son style s’affirme. 4. Vers Valérian et au-delà.
Le chapitre le plus illustré évidemment.
Il est peut-être temps que je vous apprenne que le dessinateur commente les notes de l’auteur des textes, Christophe Quillien et surtout tous les dessins.
Sa mémoire est infaillible et ses anecdotes savoureuses.
Vous apprendrez tout sur cette fantastique saga, sur la méthode de travail de Mézières, comment il s’approprie les scénarios de Christin pour construire des planches de toute beauté.
Des décors spatiaux incroyables, des vaisseaux inoubliables, des extra-terrestres si variés et étonnants (n’est-ce pas Mr Lucas?). Sans oublier le jeu subtil ou fantasque entre une Laureline si dynamique et un Valérian parfois flegmatique.
Non, je n’oublie pas les couleurs irremplaçables de la sœur de l’artiste, Evelyne Tranlé.5. De l’autre côté de l’écran.
Si Georges n’a jamais avoué l’influence de Valérian, Luc Besson lui, demande l’aide de Mézières pour le Cinquième Élément et ce chapitre montre les très beaux travaux préparatoires.
Et d’autres projets inaboutis comme souvent au cinéma.6. Les extras de Mézières.
Les collaborations avec d’autres magazines comme Métal Hurlant, (À Suivre), des illustrations, Lady Polaris avec Christin, des affiches, des timbres et en 2004, Le Chemin des Étoiles pour Lille et les dernières réalisations hors BD avant que Mézières ne prenne sa retraite voici quelques années.
J’espère que tous les amoureux du dessin de Mézières si ce n’est déjà fait s’empresseront d’acquérir ce beau volume. Et pourquoi pas sous le sapin…
Je n’ai qu’un regret.
Que chaque album de Valérian ne soit pas commenté comme l’avait fait en son temps Franquin pour Spirou et Fantasio dans le micro de Numa Sadoul.M.Destrée
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TÉNÉBREUSE
- Par asbl-creabulles
- Le 24/12/2021
Tome 1 : Livre premier
Scénario : HUBERT
Dessin : Vincent MALLIÉ
Couleurs : Bruno TATTI
Dépot légal : Septembre 2021
Editeur :
Collection : Aire Libre
Grand format
ISBN : 979-10-34746-35-4
Nombre de pages : 69Arzhur et Youenn, son ancien écuyer, sont à la recherche de nouveaux contrats de travail. C’est loin d’être évident lorsqu'on est un ancien chevalier désormais déchu de son rang et de ses privilèges et que l’on jouit d’une réputation peu glorieuse. Ce soir encore, nos deux compères n’ont cessé de boire pour noyer leur peine. Après avoir quitté la taverne et alors que Youenn peine à soutenir un Arzhur ivre-mort, plusieurs gaillards s’en prennent violemment à ce dernier qui est roué de coups sous les yeux de trois vieilles femmes. Celles-ci s’approchent alors d’Arzhur pour lui proposer un contrat qui pourrait lui permettre de retrouver son honneur. Il s’agit de délivrer une belle jeune fille de sang royal nommée Islen qui est retenue prisonnière par d’étranges créatures dans le Château Noir. Même si Youenn est plutôt dubitatif, la petite troupe prend la route du château. Arzhur est persuadé d’avoir une nouvelle chance de se refaire. Sur place, l’une des femmes lui tend une épée spéciale pour venir à bout des créatures monstrueuses qui retiennent la princesse prisonnière. Il se lance à leur assaut et les trucide toutes… mais désormais libre, la belle princesse Islen ne semble pas heureuse d’avoir été délivrée. Elle veut même s’en prendre à son "sauveur". Qui est-elle réellement ?Mon avis : Disons-le tout de suite, cette histoire commence par un début plutôt trompeur car on va vite découvrir qu’elle n’a rien à voir avec les contes et récits traditionnels dans lesquels un preux chevalier court sauver une belle princesse en danger qu’il va ensuite épouser et avec qui ….
C’est bien là que réside le talent d’Hubert, scénariste de renom qui nous a quittés bien trop tôt en mars 2020 et qui avait reçu en 2015 au festival BD Boum de Blois le prestigieux prix Jacques-Lob pour l’ensemble de son œuvre.
En réalité, on a affaire à une brochette de personnages hauts en couleurs dans une aventure qui ne cesse de nous surprendre, autant ce chevalier déchu et énigmatique cherchant à redorer son blason que son compagnon d’infortune, mais aussi ces trois vieilles femmes mystérieuses et surtout cette princesse emprisonnée qui n’est pas aussi douce et jolie qu’elle y paraît.
On avance petit à petit au fil d’un scénario bien maîtrisé qui nous réserve pas mal de surprises bonnes et mauvaises dans un univers sombre et inquiétant où le danger peut surgir de là où on ne l’attend pas.Vincent Mallié illustre parfaitement cet univers sombre parfois même lugubre. Il réussit à en rendre l’atmosphère presque palpable comme on peut le voir sur la couverture.
L’ensemble est riche et soigné.
On note un beau travail de mise en scène, avec des combats bien rendus.
Même là où il n’y a pas d’effet particulier ou d’action, on ressent la tension, l’énergie que l’on devine puissantes.
La mise en page est plutôt dynamique, les cases riches en décors et en personnages pour lesquels Mallié nous régale d’une galerie de trognes bien choisies. Leur potentiel est bien mis en valeur.
Les couleurs de Bruno Tatti parachèvent l’atmosphère générale du récit avec efficacité.
Très bon premier épisode d’une histoire annoncée en deux tomes.SDJuan
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TARZAN 2
- Par asbl-creabulles
- Le 21/12/2021
Tome 2 : Au centre de la terre
Scénario : Christophe BEC
Dessin : Roberto DE LA TORRE (p1 à 54), Stefano RAFFAELE (p55 à 76)
Couleurs : Dave STEWART
Couverture : Éric BOURGIER
D'après l'oeuvre d'Edgar Rice BURROUGHS
Dépot légal : Novembre 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-302-09417-8
Nombre de pages : 80Connu comme "Tarzan, l'homme-singe", Lord Greystoke s’est mis en route en compagnie de guerriers Waziris vers la mystérieuse Cité d'Opar. Son objectif : y trouver un trésor tant convoité. Malgré les mises en garde de Wazulu, le roi des Waziris, à propos des créatures impitoyables qui protègent la cité, Tarzan décide de s'y rendre accompagné d’un guerrier insensible aux superstitions et n'ayant pas peur des esprits. Bravant tous les dangers et obstacles annoncés, Tarzan va réussir à récupérer le trésor de la Cité d’Opar.
Autre lieu, autre temps, une équipe scientifique américaine menée par les professeurs Archimède Porter et Samuel T. Philander a entrepris une mission de recherche au Pôle Nord. Parmi ses membres, un certain Paul d’Arnot, ami de Tarzan. Alors que l’expédition Porter n’a plus donné aucun signe de vie depuis pas mal de temps déjà, Jason Gridley intercepte un message de détresse. La mission Porter a découvert une terre d'une autre époque qu'elle a baptisée "Pellucidar", un monde étrange vivant au cœur de la Terre où une tribu retient les amis de Tarzan prisonniers. Gridley se met aussitôt en route pour contacter Tarzan. L’or récupéré à la Cité d’Opar va finalement servir à financer le sauvetage de son ami Paul d’Arnot. Tarzan, Gridley, Von Horst et une dizaine de guerriers waziris embarquent à bord du zeppelin 0-220 pour les secourir. Une merveilleuse découverte attend Tarzan et son équipe qui ignorent encore les dangers bien plus grands qui les menacent. Mon avis : Cela faisait longtemps que je n’avais plus lu d’aventures de Tarzan aussi bien menée. Mes préférées étaient évidemment celles d’Edgar Rice Burroughs dans des BD à couverture souple d’une vingtaine de pages seulement aux Éditions Mondiales.
Mais la reprise par Christophe Bec du célèbre roman d'Edgar Rice Burroughs paru en 1912 "Tarzan seigneur de la jungle" est plutôt convaincante.
On retrouve sur ce deuxième tome un scénario étoffé et abondamment fourni en événements.
J’ai eu l’impression de me plonger dans un condensé d’aventures "à la Conan" ou "à la Ka-Zar" tant les aspects mystique et fantastique sont largement développés.
La construction est habile faisant se développer plusieurs intrigues en même temps et intervenir de nombreux flashes-back. L’Angleterre, l’Afrique, le Pôle Nord sont tour à tour évoqués et même le "centre de la Terre" sous la croûte terrestre où existe une jungle oubliée (Marvel) dans laquelle des tribus côtoient des animaux préhistoriques.
Les récits se bousculent, s’entrecroisent, se chevauchent mais finissent pas se rejoindre.
Une fois plongée dans l’album, l’attention du lecteur est vite captivée par cette aventure qui se déroule à un rythme intense.Côté dessin, Roberto de la Torre et Stefano Raffaele (à partir de la page 55) succèdent à Stevan Subic qui nous avait déjà offert un très beau premier album.
Dans ce second volet, le travail des deux dessinateurs rend bien toute la force et l’agilité de ce héros mythique mais aussi son côté "civilisé" imposant.
Si l’image traditionnelle de Tarzan se déplaçant de liane en liane n’est pas là, le dessin restitue à merveille l’agilité et la puissance des mouvements et déplacements en particulier dans la jungle.
Les paysages naturels et urbains sont soignés et détaillés, en particulier les décors de plein air, en mer, dans la jungle où surgissent des créatures incroyable, de plus en plus terrifiantes au fil des pages. Le coloriste Dave Stewart, que l’on connait surtout pour son travail impeccable sur Hellboy aux côtés de Mike Mignola notamment, a su travailler les ambiances et l’intensité des scènes avec brio.
Un très bon album mêlant habilement romance, aventure et action en y insérant un peu de magie et les avancées scientifiques de l’époque.
Il trouvera sa place auprès des afficionados du personnage mais pas seulement !SDJuan
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ASPHALT BLUES
- Par asbl-creabulles
- Le 15/12/2021
Scénario : Jaouen SALAÜN
Dessin : Jaouen SALAÜN
Couleurs : Jaouen SALAÜN
Préface :Vivès, Bastien VIVÈS et Michaël SANLAVILLE
Dépot légal : septembre 2021
Editeur : Les Humanoïdes Associés
Format normal
ISBN : 978-2-7316-9038-5
Nombre de pages : 208Ce livre touchera plus particulièrement les personnes qui ont connu un amour si fort et si puissant qu’il s’est détruit. Un amour unique et dont il est difficile de se défaire. Un amour qui empêche d’avancer et de voir autre chose que le visage de l’être perdu quand on parle d’avenir.
Mickael Mayer est jeune, beau et riche. Assez riche pour rouler en Tesla qui change de couleur à la demande – idée de dingue, j’espère qu’Elon Musk me lit ou lira le livre – et il a surtout foi en l’avenir. La vie décide pour lui. Il a tout. Un claquement de doigt et une jolie fille prendra la place de la non moins jolie petite copine du mois. Et puis il y a Nina. Pourquoi cela devrait-il être différent ? Et pourtant, à force de jouer avec le feu et de ne pas prendre en compte les émotions et envies de "l’autre", on perd. Nina quitte Mickael. C’est la première fois que ça arrive.Nos deux protagonistes grandissent. Mickael est marié et a des enfants. Nina est en couple avec une personnalité importante et proche du président des États-Unis. Et pourtant, bien que vivant des vies différentes, leurs destins et vies sont liés. Comment être en couple avec quelqu’un mais voir le visage de l’autre lorsque l’on regarde la personne qui partage notre vie ?
Et si le destin jouait vraiment un rôle dans notre vie ? Si tout était écrit d’avance ? À en croire le livre…
Mon avis: Quelle splendeur ! Quel univers ! Merci à Jaouen Salaün pour ce torrent d’émotions ! Rien n’est à jeter dans le livre ! Le scénario est excellent et que dire du découpage et des couleurs ! Je suis littéralement tombé amoureux de ce livre!
Rien à ajouter. Foncez acheter ce petit bijou !
Jordan Maenhout
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LE TUEUR, AFFAIRES D'ÉTAT
- Par asbl-creabulles
- Le 15/12/2021
Tome 3 : Variable d'ajustement
Scénario : MATZ
Dessin : Luc JACAMON
Couleurs : Luc JACAMON
Dépot légal : octobre 2021
Editeur :
Format normal
ISBN : 978-2-203-22337-0
Nombre de pages : 64Le Tueur a fait du chemin depuis la Patagonie. Sa mission au Havre sous couverture pour le compte de la DGSE va bientôt toucher à sa fin. Mais, pour le moment, la situation n’est pas des plus limpides. En se multipliant les règlements de compte ont attiré l’attention de la police. Ses enquêteurs marchent de plus en plus sur les platebandes de nos mercenaires et se rapprochent un peu trop de la vérité. Le Tueur parvient encore à garder son calme et maintenir son contrôle sur un collègue un peu trop nerveux à son goût, mais cela risque bien de ne plus suffire. Et le voici à présent chargé de "nettoyer" plusieurs cibles et… le maire de la ville !Mon avis : Ce troisième tome achève un cycle qui nous a donné l’occasion de suivre le "tueur" dans de nouvelles péripéties.
Comme toujours, Matz maîtrise parfaitement son sujet de bout en bout.
C’est avec calme que son héros mène à bien ses différentes missions : voyou, trafiquant de drogue, politicien véreux, etc., il ne se trompe jamais de cible. Et on peut raisonnablement penser que Matz n’a pas fini de trouver de nouvelles missions pour ce professionnel de la gâchette.
D’épisodes en épisodes, la série reste et demeure fidèle à ses promesses : nous proposer des histoires inspirées de faits réels, dans un style thriller au suspense savamment entretenu, généreuses en action et en violence, et toujours aussi captivantes.
Ce tome 3 n’est pas en reste en évoquant les sujets très actuels de la corruption, des dérives liées à l’obsession du pouvoir chez certains hommes politiques comme la complicité avec des mafieux, du terrorisme et tant d’autres questions qui agitent au quotidien nos sociétés.Au dessin, nous retrouvons Luc Jacamon qui, depuis quelque temps déjà, s’est remis à la couleur directe.
Personnellement, je trouve que c’est un plus pour ses illustrations, même si j’aimais déjà beaucoup l’atmosphère si particulière qu’il a su créer dans ses albums et qui le différencie des autres séries.
Son trait est immédiatement reconnaissable de même que sa manière de mettre ses planches en couleurs.
Son dessin sert parfaitement la narration, aussi bien les scènes d’action bien maîtrisées où l’on ressent la tension, la violence que celles plus "statiques", en voix off, dans lesquelles, de manière si typique, le héros garde son calme et fait preuve d’une maîtrise de soi impressionnante dans l’exécution de ses missions.
Un superbe travail soigné et documenté sur les différents types d’armes, les nombreux décors urbains, banlieue, quartiers de bureaux, quartiers plus chics, tout y est.
Et cette magnifique dernière page évoquant Mondrian ou Vasarely dans sa conception générale.
Le scénariste américain Brian Michael Bendis a d’ailleurs salué cette série en déclarant : "One of the best graphic novel series of the last ten years. I toast you, Matz and Luc Jacamon, and I thank you".
Selon des infos récentes, un film adapté de la série BD "Le Tueur" est en cour de réalisation aux États-Unis, intitulé "The Killer", par David Fincher et incarné par Michael Fassbender dans le rôle principal.SDJuan
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SPIROU et les petits formats
- Par asbl-creabulles
- Le 15/12/2021
Scénario : André FRANQUIN
Dessin : André FRANQUIN et Jean ROBA
Couleurs : Frédéric JANNIN
Commenté par Christelle et Bertrand PISSAVY-YVERNAULT
Dépot légal : Novembre 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-8001-5411-4
Planches :110Longtemps retardé, il est enfin paru.
Il fallait sans doute trouver d’autres as de la plume pour commenter cette aventure comme José-Louis Bocquet et Serge Honorez ont apparemment arrêté de collaborer à cette collection.
Les deux petits nouveaux n’ont pas à rougir de leurs textes.
Comment en aurait-il pu être autrement quand on se nomme Christelle & Bertrand Pissavy-Yvernault.
Ils ont déjà à leur actif de si mémorables ouvrages : les dossiers de plusieurs intégrales des éditions Dupuis, l’histoire du journal Spirou, une monographie Delporte, Roba et encore beaucoup d’autres choses…
Cette histoire est un peu une madeleine de Proust pour moi.
Je la découvrais dans le recueil Spirou numéro 86 paru en juillet 1963.
J’avais 8 ans.
Je connaissais déjà les aventures de Spirou et Fantasio car je recevais les recueils depuis le numéro 78.
Il en paraissait 4 par an et comme je savais lire à 6 ans… logique…
Cette aventure m’avait fortement impressionné. Vous vous rendez compte… Fantasio ne revient pas d’un rendez-vous pour un important reportage. Le lendemain, Spirou envoie le Marsupilami à sa recherche. Il le trouve et veut jouer avec sa découverte car il est réduit au format d’une poupée.
Comme Spirou, je paniquais et croyais que Fantasio était réellement devenu une figurine.
On était fortement influençable à 8 ans à cette époque.
Plus tard, quand je commencerai à lire toutes les aventures de ces deux héros, je ne pourrai m’empêcher de comparer avec "Les petits formats" et elle restera ma préférée.
Dans cette nouvelle édition, elle est présentée en trois versions :
1. 30 pages couleurs (nouvelles couleurs de Frédéric Jannin) dans le remontage des strips pour le journal Spirou (4 par pages).
2. 20 pages dans sa version originelle en fac-similé des pages du journal "Le Parisien libéré" dès le 3 septembre 1960 (6 strips par page).
3. 60 pages de fac-similés des planches originales avec les commentaires (2 strips par pages).Le lecteur apprend tout sur la raison d’une première parution dans un journal français.
Il découvre les détails de la genèse de cette histoire, la collaboration de Roba pour les décors et les personnages exceptés Spirou, Fantasio, Marsupilami, Spip, Dupilon, le marquis de Champignac et le maire.
Il comprend pourquoi la version en 6 strips est la plus intéressante. C’est ainsi que Franquin l’a conçue avec les ambiances et le traditionnel suspense en fin de page. Des effets qui disparaissent dans le journal Spirou et l’album.
Christelle Pissavy-Yvernault et son mari analysent pour notre plus grand plaisir toute cette aventure, les personnages (ah cet inquiétant docteur Solfatare et ce mystérieux photographe Flashback sortis tous deux de la plume de Roba), la vie dans le pittoresque village de Champignac-en-Cambrousse.
Ils décrivent aussi la vie des auteurs à cette époque ainsi que l’historique de leurs personnages.
Une analyse complète, intéressante et distrayante remplie d’anecdotes, de fac-similés de documents d’époque.
Personnellement, j’ai un seul regret.
Qui n’entame en rien la qualité de l’ouvrage.
Pourquoi ne pas avoir commenté les interventions mentales si amusantes de Spip dans les premières planches ?M. Destrée
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SAMURAI 15
- Par asbl-creabulles
- Le 15/12/2021
Tome 15 : Insoupçonnable
Scénario : Jean-François DI GIORGIO
Dessin : Cristina MORMILE
Couleurs : Lorenzo PIERI
Dépot légal : Septembre 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-302-09348-5
Nombre de pages : 50Depuis quelque temps, une vive animosité règne au sein du village marquée par plusieurs règlements de compte mortels. Les soupçons se portent sur Fumie, une tueuse masquée qui enduit de poison ses kunais. Pour y mettre fin, Shiro, le fils du chef du village, a même engagé un tueur, qui se réjouit d’avoir une occasion d’affronter le complice de Fumie, un certain Takeo… En fait, il n’en est rien puisqu’il se remet à peine des blessures que lui a infligées Fumie qui l’a pris pour le tueur censé la tuer. Ce groupe de villageois est celui-là même qui avait rendu fou de tristesse ce pauvre Yugoro. À cause d’eux, il a perdu son grand amour à qui il allait demander la main et à présent il crie vengeance. Takeo de son côté se prépare à affronter ce nouvel ennemi qui a pour seule ambition de se mesurer à un adversaire digne de lui.Mon avis : Par flashes-back successifs, Jean-François Di Giorgio lève le voile sur les derniers mystères qu’il avait disséminés tout au long de cette aventure. Ces retours en arrière ne sont pas seulement réservés au héros mais concernent aussi d’autres personnages qui, à première vue, ne jouaient qu’un rôle secondaire mais qui au fil des pages se sont révélés des plus intéressants et ont largement contribué à dynamiser le récit en y apportant surprises et rebondissements. J’ai bien aimé aussi sa manière classique de présenter l’affrontement auquel se prépare Takeo avec son nouvel ennemi.
Arrivé au quinzième album, Di Giorgio semble avoir encore beaucoup d’idées en réserve pour poursuivre l’aventure de notre héros, notamment cette arrivée de nouveaux personnages hauts en couleurs, impressionnants et/ou attachants.Cristina Mormile nous démontre une nouvelle fois que cet univers lui est désormais familier. Les décors, les paysages, les tenues du quotidien, les costumes, les armes des nombreux guerriers et/ou ronins n’ont plus de secrets pour elle, ce qui implique sans aucun doute un gros travail de recherche documentaire. Ses personnages, y compris dans les scènes d’action plutôt réussies, sont aisément reconnaissables au profit d’une lecture très fluide.
Très agréable mise en couleur de Lorenzo Pieri, comme à son habitude, donnant du volume et de la clarté aux illustrations.SDJuan