Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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BERNARD PRINCE chez BLACK & WHITE 2
- Par asbl-creabulles
- Le 09/02/2022
I
NTTL2 .
Scénario : GREG
Dessin : HERMANN
Couleurs : <N&B>
Dépot légal : juillet 2021
Editeur : Black & White
Collection : Noir pur
Grand format
ISBN : 978-2-383-63000-5
Planches : 376Avec ce deuxième tome grand format des aventures de Bernard Prince en noir et blanc dans la collection NOIR PUR, c’est l’intégralité que possède le bienheureux acheteur.
Je ne peux que féliciter encore une fois Raphaël Wacker et ses Éditions Black & White pour la réalisation de ce somptueux album.Un dossier d’introduction présente sur papier mat très épais quelques pages des premières histoires courtes de Bernard Prince en parallèle de celles de Bob Francval, personnage inventé par Greg en 1958 pour le magazine IMA, l’ami des jeunes et dessiné par Louis Haché.
Le texte dans les bulles est identique mais Hermann présente une composition et un contenu des cases avec de nettes différences.
Ensuite, Pierre Guillot présente un court portrait du dessinateur agrémenté d’interventions de celui-ci extraites de différentes sources notifiées en fin d’album (il est à retenir que c’est le même procédé qui présente chaque aventure).
Quelques illustrations couleurs, noir et blanc puis arrive la page de titre avec au verso les indications de tirage, le numéro et la signature.
Un tiré à part et deux offset couleurs complètent le tout.
Voici maintenant une brève présentation des aventures et quelques réflexions personnelles:1. 7 histoires courtes, 1966.
Hermann avait 28 ans quand il dessinait ses premières aventures d’un inspecteur d’Interpol accompagné de son pupille Djinn.
C’était le genre d’histoires complètes que l’on pouvait trouver dans les magazines BD de l’époque en supplément des histoires à suivre.
Des truands et une enquête rapidement menée par un inspecteur infaillible et souvent aidé par Djinn.
Parfois on pourrait penser à Bob MORANE (voir la planche 2 du récit Opération "jeunes mariés"), les amateurs comprendront.
Greg écrit de petits scénarios efficaces et si le dessin d’Hermann est encore brut et influencé, il est déjà très animé et riche de détails.
Et cette collection NOIR PUR trouve tout son sens pour le rendu des traits et des aplats du noir dont je suis un grand amateur.
Surtout sur un papier très légèrement satiné pour un meilleur effet encore.2. Le Général Satan, 1967.
C’est le titre de l’album qui reprenait, avant le récit nommé ci-dessus, Les Pirates du Lokanga (23 pages).
Prince, ayant reçu un petit yacht en héritage, décide de mener une vie de marin en transportant des marchandises sur le Cormoran.
Nous le retrouvons avec Djinn faisant escale dans un petit port d’Afrique.
La dernière case de la page 1 nous présente d’une façon renversante un personnage qui deviendra peut-être le préféré des lecteurs, le dénommé Barney Jordan!
Qui vient de se battre avec le vilain Bronzen.
La jolie Burma demande l’aide de Prince pour récupérer des caisses contenues dans un avion tombé dans la jungle au bord d’un fleuve. Barney est embauché.
Mais Bronzen veut aussi les caisses.
Si les premières pages nous présentent encore des personnages proches des courtes histoires précédentes, un changement s’opère indubitablement.
Certaines planches au service de l’histoire s’admirent également pour elles-mêmes.
Les traits s’affinent. Tous les détails se précisent encore plus. Des atmosphères se créent.
Et avec Le Général Satan, l’histoire suivante, si Prince se cherche encore, d’autres sont déjà bien présents en chair et en os tel le major Li ou en graisse tel le Général. Avec lui, Hermann a créé un personnage irréprochable, son visage, ses traits, sa corpulence, son attitude. Il est vraiment très impressionnant et ce n’est pourtant qu’un personnage dessiné.
Ce pirate est accompagné de Lotus pourpre, femme au visage de toute beauté.
Nos trois amis doivent éviter toutes les embuscades de Satan pour amener du ravitaillement à un fort perché sur des rochers à front de mer.3. Tonnerre sur Coronado, 1967.
Cette fois, c’est un récit de 44 planches.
Le trait d’Hermann devient somptueux. Il manie le pinceau avec dextérité. Il y a encore parfois des imperfections comme le Prince de la page 4, case 9.
Greg nous présente un scénario plus classique. On retrouve Bronzen en riche éleveur qui s’approprie toutes les terres des pauvres paysans.
Il vit dans un décor moderne et luxueux qu’on retrouvera plus tard dans certains intérieurs des aventures de Jeremiah.
Il s’est entouré d’une milice qu’il dirige tel un SS.
Hermann ne s’est pas gêné pour lui offrir un costume très significatif.
Prince va évidemment offrir son aide aux rebelles et Barney va se mesurer à El Lobo, personnage d’une truculence inouïe.
Les qualités d’Hermann se précisent : nous offrir des personnages d’une présence incroyable qui marqueront le lecteur à tout jamais. Jordan, Satan, Bronzen, El Lobo. Ça ne fait que commencer.
C’est la première qualité, la deuxième arrive et c’est la plus mémorable car il est le seul, je trouve à réussir cet exploit.4. Aventure à Manhattan, 1968.
Ou comment et pourquoi Barney Jordan devient le sosie de son excellence Aloysus Gerdelsohn, expert des tapisseries boslaviennes pour quelques jours dans la ville de New York enneigée?
Aventure à l’humour très présent où Prince renouera avec quelques connaissances du temps d’Interpol.
La couverture originale de cet album est pour moi une œuvre d’art aussi iconique que celle de La Marque jaune.
La case d’introduction est aussi de toute beauté.
Barney est évidemment à l’honneur dans cet album et son sosie lui est très semblable de caractère finalement. Était-ce prévu où est-ce venu naturellement?
Les personnages prennent de l’épaisseur.
La symbiose scénariste/dessinateur est parfaite.
Ils sont prêts pour la grande aventure…5. L’Oasis en flammes, 1969.
Le premier des meilleurs récits de Bernard Prince et d’aventure tout court.
Nos trois amis vont se retrouver dans le désert pour apporter des médicaments aux victimes innocentes de conflits.
Oui je sais, ils sont rarement en mer nos marins et le Cormoran les amène souvent juste à quai d’une nouvelle aventure.
Il faudra encore attendre un peu pour se mouiller.
Le deuxième atout sort de la manche d’Hermann : sa représentation du monde minéral, végétal… et des éléments naturels. Et toujours ces personnages si emblématiques, ici Rahad Sadji qu’on dirait sorti d’une BD de Tintin nourrie aux stéroïdes.
Mais le clou (plutôt les clous) du spectacle sont l’incendie d’un camp des gredins et surtout la tempête de sable.
Hermann est le seul, oui le seul à nous représenter cette force des éléments avec de l’encre, des pinceaux et du papier.6. La Loi de l’ouragan, 1970.Et ça continue…
Superbe case en clair-obscur pour introduire une aventure encore plus forte que la précédente.
El Lobo est de retour. Encore plus impressionnant. Hermann en fait un colosse surhumain et on y croit, tellement son talent sert le personnage.
Il a gagné au jeu le tiers d’une affaire de pêcherie perlière.
Mais il faut convaincre les deux autres tiers et surtout les autochtones.
Et se débarrasser de la créature monstrueuse qui hante les eaux marines.
Elle est férocement vorace.
Les scènes marines où elle attaque sont d’une beauté cinématographique. Du jamais vu en BD. Et comme si ça ne suffisait pas, l’ouragan arrive sur l’île. Il détruit tout! Il arrache les palmiers, élimine la fragilité humaine.
Hermann dessine ces scènes de déchaînements naturels avec une aisance divine.
Seul le noir et blanc peut montrer la force et la justesse de son travail.
Et il nous réserve encore quelques surprises dans des récits ultérieurs mais je pense quand même que cet impact si puissant sur les yeux et le ressenti du lecteur est servi par l’instrument utilisé qui est le pinceau.7. 6 histoires courtes, 1969 - 1978.
Elles viennent de Tintin Sélection, Tintin Spécial.
La plus intéressante est peut-être celle qui raconte un épisode de Barney sur une vedette lance-torpilles pendant la guerre du Pacifique. (Malheureusement, les originaux ne devaient plus être disponibles).
L’intérêt vient aussi de voir en 10 ans l’évolution de Bernard Prince qui, de véritable gravure de mode à la beauté insolente et d’un physique très élancé, semble rapetisser et annoncer Jeremiah
Mais le plus important reste qu’en ce temps-là, il y avait un scénariste et un dessinateur qui pouvaient emmener leurs lecteurs dans des aventures inoubliables.
Mais c’était une autre époque, mon bon monsieur…
Et pour terminer, il est intéressant de réfléchir sur le passage du pinceau au "rotring" qui a certes de nombreuses qualités mais est-il aussi sensuel ?Des truands s’emparent du Cormoran pour s’en servir comme base pour le lancement d’un acide dans la piscine d’un riche rival.
Prince s’échappe.
Aidé d’un jeune motard, parviendra t’il à franchir tous les obstacles pour éviter une catastrophe?
À la parution de cet album, je n’aimais pas beaucoup cette histoire.
Ici en noir et blanc, je l’apprécie mieux. Les effets de certaines planches sont fantastiques et si Hermann ne développe pas les scènes naturelles il crée par contre un rythme trépidant dans l’enchaînement des cases et de l’action servi évidemment par un scénario percutant.Ce n’est pas fini.
Avec l’édition Luxe présentée sous coffret de ce livre de 376 pages il y a aussi…Les Trésors de Bernard Prince.136 pages de fac-similés des planches et des illustrations couleurs des aventures citées ci-dessus mais aussi du premier volume étrangement.
Avec un tiré à part imprimé aux encres pigmentaires, numéroté et signé par Hermann. Le rendu des couleurs est remarquable.
J’y ai découvert 3 petites planches muettes tout à fait inédites pour moi qui datent de la jeunesse d’Hermann.
Ainsi que 2 planches de Valéry Valériane déjà sur scénario de Greg. Personnage destiné à Pilote mais refusé par Goscinny. Détail amusant, l’intitulé sur la planche semble être Valérie Valériane.
2 planches muettes pour Prince refusées par Greg où Djinn était plus âgé.
3 histoires courtes complètes qui ont été refusées encore par Greg et qu’Hermann a redessiné entièrement. (Je dois encore comparer les deux versions).Après, toute une sélection de fac-similés est présentée. 3 histoires courtes sont encore présentes entièrement.
Il y a aussi quelques illustrations couleurs des couvertures des rééditions.
Ainsi, on peut voir une murène à la gueule très bizarre et plutôt placide. Rien à voir avec l’originale dont la planche est en regard… est-ce pour bien montrer la différence ?J’applaudis encore une fois les Éditions Black & White.
Seul bémol déjà signalé : les agrandissements de cases souvent rognées ou cachées par le pli central.
Et une question pour terminer.
Pourquoi ce numéro 2 présente les premiers récits et le numéro 1, les derniers ?
Mais c’est juste pour taquiner l’éditeur car je suis toujours absolument ravi et satisfait de ces belles éditions.M.Destrée
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BATMAN - TROIS JOKERS
- Par asbl-creabulles
- Le 08/02/2022
Trois Jokers
Scénario : Geoff JOHNS
Dessin et encrage : Jason FABOK
Couleurs : Brad ANDERSON
Dépot légal : octobre 2021
Editeur : Urban Comics
Collection : DC Black Label
Format comics
ISBN : 979-10-26818-35-9
Nombre de pages : 176La révélation a de quoi surprendre mais Batman n’a pas un mais plusieurs pires ennemis. En effet, ce n’est pas un, mais trois Jokers différents – le criminel, le clown et le comique – qui se seraient attaqués au Chevalier Noir ainsi qu’à ses alliés. Chacun a sa propre manière de travailler et d’atteindre sa cible. Pour espérer percer ce secret si bien gardé depuis des années, Batman va devoir travailler avec deux de ses alliés, Batgirl et Red Hood qui, dans le passé, ont été les victimes du Joker qui les a mortellement agressées ou laissées pour mortes. Ils restent néanmoins convaincus que parmi ces trois Joker, un seul est l’original. Pour Red Hood, le plus touché physiquement et psychologiquement, la solution est d’éliminer les trois sans aucune pitié. Et d’ailleurs, il n’hésitera pas à en tuer un. Ne partageant pas cette manière de faire, Batman et Batgirl vont-ils devoir écarter Red Hood avant qu’il ne fasse d’autres victimes, compte tenu de la présence menaçante dans la nature de trois Jokers, chacun d’eux pouvant être le pire ennemi de Batman et de sa Bat-Family ?
Mon avis: Lorsque j’ai lu l’album, je l’avoue, j'ai eu du mal à y croire. Mais c'est une histoire de super-héros et donc ça n'existe pas vraiment… Malgré tout, Batman est censé être "le plus grand détective au monde", comme Wolverine "est le meilleur dans son domaine" ?!? Comment un détective de cette envergure a-t-il pu laisser passer un tel fait si longtemps ? Il n'y a pas un mais trois Joker ! Il fallait oser mettre en scène Batgirl, Redhood et Batman en train de chercher à découvrir lequel des trois est le Joker original, ou en train d’évaluer des indices et d’en tirer des déductions jamais soupçonnés jusque-là… il fallait oser. Le scénariste Geoff Johns, lui, a osé. Et montrer Redhood tuer à bout portant l'un des trois Joker sous les yeux de Batgirl... il fallait oser aussi.
Les discussions qui s'ensuivent avec Batman à ce sujet sont tout de même une grosse pilule à avaler. Le ton est bien trop doux à mon sens alors qu'un meurtre vient d'avoir lieu… même si celui qui tenait l’arme (Redhood) est connu comme un "gentil", ou plutôt un "super-héros" et non un "super-vilain".
Une fois acceptées (ou digérées, selon) ces "incohérences", je me suis laissé entraîner dans l'aventure et là, j'ai passé un agréable moment de lecture. La fin est même surprenante.
Au final, pour tout à fait apprécier cet album, il faut le lire sans aucun préjugé et éviter de penser que cela puisse être crédible. Alors, pourquoi pas en fin de compte même si une partie du lectorat pensera qu’il aurait mieux valu laisser comme ils étaient des chefs-d’œuvre comme Killing Joke, Deuil dans la famille etc. et ne pas revenir dessus.Heureusement, le canadien Jason Fabok nous régale de dessins sympas et de qualité comme il en a l’habitude avec de nombreux premiers plans pour les principaux personnages, notamment Batman mais aussi les trois Joker.
Les scènes d'action sont spectaculaires tant en intérieur qu’à l’extérieur dans des décors souvent impressionnants. Un très bon travail de Jason Fabok sur l'encrage et les couleurs de Brad Anderson donnant une belle clarté au dessin et offrant une qualité visuelle d’exception.L’album est proposé en 4 versions dont trois variant covers représentant Redhood, Batgirl et Batman accompagnées d’une carte à jouer correspondante.
L'album existe également en grand format dans la collection Urban Limited tiré à 1500 exemplaires
SDJuan
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HARLEM
- Par asbl-creabulles
- Le 07/02/2022
Tome 1 - Harlem 1/2
Scénario : MIKAËL
Dessin : MIKAËL
Couleurs : MIKAËL
Dépot légal : Janvier 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-505-11080-4
Nombre de pages : 64Harlem, 1931. Queenie tient absolument à préserver ce pourquoi elle s’est battue depuis son arrivée à New York vingt ans plut tôt : la loterie clandestine qu’elle a créée dans le quartier de Harlem. Cette activité prohibée qui lui assure un business florissant lui permet aussi de donner du travail à pas mal de personnes dans le quartier ainsi qu’un petit coup de pouce à d’autres "frères". Mais cette activité suscite bien des convoitises. Se surnommant lui-même "le nouveau king des nombres", Dutch Schultz "Le Hollandais" s’efforce d’élargir son trafic mafieux sur Harlem. Désormais Queenie est devenue sa cible. Elle doit céder son territoire ou travailler pour lui. Aussi, quand une fusillade éclate dans un cabaret qu’elle fréquente, elle n’hésite à s’impliquer personnellement lorsqu’elle reconnaît Schultz. Queenie se lance à sa poursuite avec son ami et amant mais également garde du corps, Ellsworth Johnson. La police rapidement arrivée sur les lieux met fin à la querelle. La tension est palpable entre les policiers et Queenie. C'est toujours la même chose, la police ferme les yeux sur le trafic d'alcool et de drogue tant que ce sont des blancs. Elle monte d’un cran lorsque le chef du détachement au lieu de cibler l'agresseur s’en prend à Queenie, la "négresse française", et à Ellsworth, le "p’tit cerbère à sa mémère" qui malheureusement portait une arme sur lui, un calibre 38. Il est aussitôt embarqué au poste de police. Pour Queenie, c'en est trop, le moment est venu de mettre un terme à cette situation en faisant appel à la presse locale même si elle a conscience que cela va énerver pas mal de monde. La corruption de la police et des institutions politiques et judiciaires de New York tombées sous la coupe des mafieux n'a que trop duré. Et ce Dutch Schultz est bien trop agressif pour qu’elle puisse espérer négocier quoi que ce soit. Queenie va devoir réagir et frapper bien plus fort que d’habitude à présent !
Mon avis : Pour son troisième diptyque new-yorkais, Mikaël nous propose une histoire portant sur la communauté afro-américaine new-yorkaise dans laquelle il fait référence à un personnage de Harlem hors du commun, Stéphanie St. Clair, plus connue sous le nom de Queenie.
Avec ce nouveau récit, on apprend comment, passée de simple servante à femme, elle a tenu tête à Dutch Schultz mais aussi comment elle est arrivée à préserver ses activités clandestines sans demander l’aide de mafieux aussi connus que Lucky Luciano. Elle voulait à tout prix réussir, mais aussi rester indépendante et ne rien devoir qu’à ses propres talents. C’est ainsi qu’elle n’a jamais voulu se lancer dans une relation amoureuse au nom de cette indépendance.
Elle vient de loin et s’est faite toute seule.
L’évocation de son passé égrenée au fil des pages nous éclaire sur sa personnalité. Son origine antillaise, qu’on lui fait sans cesse remarquer au cas où elle l’oublierait. Et surtout elle est une femme dans un milieu réservé aux hommes à l’époque.
La tension se ressent à travers la narration de Robert Bishop alias Bob, qu’il s’agisse de situations dures ou plaisantes.
Un récit passionnant, largement documenté, qui aurait dû s’intituler Queenie mais l’annonce d’une parution portant ce titre ont contraint l’auteur à le renommer Harlem.Mikaël nous régale d’une mise en page dans un style très cinématographique. Il donne le ton en multipliant les aplats noirs, plus nombreux que dans ses précédents albums (Giant en 2017-18 ou Bootblack en 2019-20), pour nous ancrer un peu plus dans l’atmosphère des années 30 et plus globalement dans une ambiance polar, avec un savoir-faire impressionnant sur chaque case.
Le dessin offre une belle lisibilité avec des personnages parfaitement reconnaissables.
Si le scénario contribue beaucoup à créer une ambiance intense, on y plonge totalement dès la couverture où le noir domine et où la reine est déjà superbement impressionnante et intrigante.
Une fois l’album ouvert, on entre dans un polar bien "noir" digne des meilleurs films sur la mafia, la prohibition, la corruption et le racisme.
L’ambiance et l’habillage "années 30" sont largement documentés et bien restitués (décors et costumes). L’ensemble est bien mis en valeur par une colorisation simple mais efficace qui différencie le récit proprement dit et les flashes-back.Un must à ne rater sous aucun prétexte et la première édition est accompagnée d'un cahier graphique.
SDJuan
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CONAN LE CIMMÉRIEN 12
- Par asbl-creabulles
- Le 04/02/2022
Tome 12 - L' Heure du Dragon
Scénario : Julien BLONDEL
Dessin : Valentin SÉCHER
Couleurs : Valentin SÉCHER
Autres : Patrice LOUINET et David DEMARET
D'aprèse l'oeuvre de Robert E. HOWARD
Dépot légal : Décembre 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-344-03549-8
Nombre de pages : 81Cela fait près de trois millénaires que le corps du cruel empereur et sorcier Xaltotun de Python est plongé dans le sommeil éternel du Lotus Noir. Deux puissants seigneurs animés par une ambition sans scrupules se tiennent près de son mausolée en compagnie d’Orastes, un prêtre renégat, pour procéder au rituel devant permettre de le ramener à la vie. En lui rendant sa source d’immortalité, le cœur d’Ahriman, qui lui a été arraché il y a 3000 ans, le terrible sorcier revient enfin du royaume des morts. En échange, ses "sauveurs" réclament son aide pour récupérer leur pouvoir face à un cimmérien pas comme les autres, Conan, qui s’est emparé du trône du royaume hyborien d’Aquilonie. L’affrontement des forces en présence est désormais inéluctable. Usant de ruses, Conan envoie une section, faisant croire qu’il est à sa tête. Ses hommes sont écrasés et lui considéré comme mort. Prévenu qu’il s’agissait d’un subterfuge et qu’en réalité Conan est toujours vivant, Xaltotum redouble d’efforts. Il finit par le retrouver et cette fois ne va pas hésiter à user de sa magie directement contre lui. L’affrontement tourne alors à la défaite de Conan qui est capturé...
Mon avis: Encore un Conan comme on les aime, riche en péripéties, combats spectaculaires, créatures mystérieuses et sorcier redoutable. Un album épais (81 pages) adapté du roman "L’heure du dragon", le seul qu’ait écrit Howard pour le personnage de Conan.
Julien Blondel nous propose un scénario intense et particulièrement fertile en événements.
Dans cette intrigue, l’action est particulièrement soutenue et s’appuie sur tous les ingrédients d’un récit aux multiples rebondissements : rivalités, luttes de pouvoir, batailles épiques…. Pour faire une bonne histoire de héros, l’ennemi doit être à la hauteur. C’est clairement le cas ici avec Xaltotum, ses hommes et sa magie. Conan a de nouveau de quoi s’inquiéter.Côté dessin, on ne peut que s’enthousiasmer du dessin de Valentin Sécher. Il donne à l’ensemble de ses personnages, à commencer par Conan, une carrure impressionnante à souhait. Le sorcier n’est pas en reste en ennemi redoutable aussi puissant que sa représentation graphique.
Ajoutons une abondance de décors grandioses et quelques héroïnes à la beauté éclatante quasi mortifère… bref une succession de pages tout à fait fascinantes.
C’est décidément une très belle série.À noter en fin d’album, un cahier explicatif de Patrice Louinet et deux pages d’illustrations réservés à la première édition. Comme toujours, l’album existe aussi en tirage unique N&B grand format limité à 1300 exemplaires avec cahier graphique de 12 pages.
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TANGO T6
- Par asbl-creabulles
- Le 02/02/2022
Tome 6 : Le fleuve aux trois frontières
Scénario : MATZ & Philippe XAVIER
Dessin : Philippe XAVIER
Couleurs : Jérôme MAFFRE
Dépot légal : Octobre 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-8036-8028-3
Nombre de pages : 56Nos deux compères se la coulent douce, chacun de son côté, Tango quelque part dans la cordillère des Andes et Mario à Buenos Aires. Mario reçoit un appel plutôt inquiétant de Mike qui s’est installé près des chutes d’Iguazú, le fleuve des trois frontières entre l’Argentine, le Brésil et la Paraguay. L’endroit n’a pas bonne image et est plutôt réputé dangereux de par la présence de nombreux trafiquants, truands et même tueurs. Peu après, Tango et Mario se présentent chez Mike. Il a besoin d’un coup de main pour régler leur compte à des racketteurs qui s’en prennent à Porfirio, son ami depuis l'époque des Marines. Voyant que John (Tango) et Mario ne mordent pas à l’hameçon, trop simple pour être crédible, Mike leur explique qu’il a dû quitter l’île dont il était le propriétaire en titre et où il s’était installé avec ses amis Camillo et Alma après avoir reçu la visite de truands de haut vol agissant aux ordres d’un certain Augusto Hernandez, dit Fish. Propriétaire de casinos un peu partout et ayant des liens avec la pègre et des hommes politiques, c’est un homme redoutable et apparemment intouchable. Mike ayant refusé de lui céder son île, Fish n’a pas hésité à faire tuer son ami Camillo pour se faire bien comprendre. Tango et Mario sentent qu’une fois de plus, pour aider un ami, ils mettent les pieds dans un nid de guêpes dont ils risquent bien de ne pas sortir indemnes.
Mon avis : Nous voici embarqués dans une nouvelle (més)aventure de nos deux héros qui ont su tisser une belle et grande amitié, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. "Oh oui, parlons-en des copains ! Pour foutre la merde, ils sont champions" comme disait une chanson de 1983 interprétée par Jackie Quartz. Mike dont nous avions fait la connaissance dans les albums précédents est ici le trouble-fête. Et au lieu de parler franchement, il laisse place aux ennuis qui vont conduire Tango et Mario à se frotter à de dangereux barons du crime organisé.
Matz reste fidèle à une recette désormais éprouvée : une intrigue largement teintée d’aventure suivant un scénario dynamique mêlant habilement vengeance, bagarres, courses poursuites, etc. Il respecte le cahier des charges du bon divertissement.
En n’étant pas toujours là où on les attend, les surprises maintiennent l’intérêt et suscitent la curiosité. Si en plus c'est pour la bonne cause et au nom d’une amitié sans faille, on en redemande.
À noter que cet album clôture le premier cycle de la série.Au dessin, Philippe Xavier nous apporte son savoir-faire pour la mise en page et le découpage au profit d’une narration visuelle efficace et claire. Un ensemble dynamique et bien maîtrisé comme il nous l’a déjà prouvé, bien fourni en décors particulièrement soignés, tant les grands espaces naturels majestueux que les environnements urbains ou les simples villages voire les maisons isolées.
De très belles scènes d’action et de bagarres en tous genres.
Une belle impression d'espace et de clarté (dont il a le secret), soutenue et mise en valeur par le travail effectué sur les couleurs par Jérôme Maffre.Album également édité en version N&B (850 ex.) qui a du caractère et permet d’apprécier encore plus le talent de Philippe Xavier.
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L'OGRE LION
- Par asbl-creabulles
- Le 31/01/2022
Tome 1 : Le lion barbare
Scénario : Bruno BESSADI
Dessin : Bruno BESSADI
Couleurs : JOO
Dépot légal : Janvier 2022
Editeur : Drakoo
Grand format
ISBN : 978-2-490-73535-8
Nombre de pages : 56Un vieux lion désespéré se laisse tomber du haut de la falaise et vient s’écraser sur un rocher. Au même moment, un jeune cabri nommé Wilt surgit affolé de la forêt pour mettre en garde le grand prêtre de la communauté. Une meute de loups fonce droit sur le village de la secte des adorateurs du dieu cornu. Mais rien n'y fait, personne ne l'écoute. Erreur fatale car les loups déboulent en force et s'en donnent à cœur joie, pillant les cabanes, tuant et massacrant un maximum d’occupants et capturant d’autres membres de la secte pour leur futur "buffet". C’est à ce moment que Wilt, qui s’était caché derrière un rocher, voit apparaître derrière lui une créature étrange. Elle a une tête de chèvre licorne surmontée de cornes tordues et en spirales, un torse et des bras faits de muscles sans peau ni fourrure et… elle se tient debout. S’attaquant aux carnivores, la créature les massacre à coups de sabre en quelques instants à peine. Le calme revenu, Wilt l’interroge pour savoir si c’est elle le "dieu cornu" dont parle leur grand prêtre. La créature se présente comme étant Bakham Tyholi, l’écorché, l’esprit de la force et de la colère, l’esprit de la vengeance. Wilt insiste. Il a vu ce qu’il croit être un lynx se transformer sous ses yeux. Bakham lui apprend qu’il n'est pas un lynx mais un lion… qui plus est un lion très dangereux nommé Kgosi Bombataa Begazi, qui vient des terres du Sud. Et d’ailleurs la créature commence à se réincarner en lion car son corps de démon se consume au contact de l’atmosphère du royaume du Nord. L’un des prêtres mourant, témoin des événements, a juste le temps de dire à Wilt qu’il est l’élu car le dieu cornu lui a fait des révélations. Le lion Kgosi accepte que Wilt l’accompagne vers les terres du Sud pour retrouver sa famille. Chemin faisant, Kgosi raconte qu’il n’a que des bribes de souvenirs de sa propre existence antérieure. S’il prend la forme du démon dans cette réalité c’est parce qu’il se donne volontairement la mort ou se fait tuer afin d’échapper aux voix dont celles de ses enfants et du démon qui parlent sans cesse dans sa tête. Cette fois, qui sait, grâce à son nouveau compagnon de route, Kgosi arrivera-t-il à savoir ce qui lui est arrivé ainsi qu’à sa famille qu'il voit en rêves ensanglantés…
Mon avis : En voyant la couverture avec les titres de la série "L'Ogre Lion" et du premier tome "Le Lion Barbare" et ce visuel de lion balafré avec de nombreuses cicatrices sur le corps et tenant une épée, je m'attendais à lire un récit très dur, très sombre et sans concession. Finalement, en tournant la dernière page, loin de moi l'envie de me plaindre.
Au fil des pages et de la découverte de personnages hauts en couleurs, la dureté et la violence des situations s’amoindrit, laissant place à une bonne BD d'aventure, âpre et tendre à la fois, violente et même drôle par moments aussi. J’ai plutôt apprécié. On suit cette quête de vérité avec plaisir même si elle s'annonce impitoyable pour le lion Kgosi. Désireux de retrouver les membres de sa famille, Wilt n'a d'autre choix que de l’accompagner et de l'assister pour qu'à chaque fois que le vieux lion devient démon, il en sache un peu plus sur lui et sur ce qui a bien pu lui arriver dans les terres du Sud.
Cette nouvelle mini-série (annoncée en trois tomes) met en scène des animaux anthropomorphes. Rien d'original me direz-vous puisqu’on a déjà "Solo", "Blacksad", "Les 5 Terres", "Robilar ou le Maistre Chat", "Le Château des Animaux", etc... Bien au contraire. Déjà, elle fait très bonne figure sur les rayonnages et dans les vitrines des librairies. Surtout, Bruno Bessadi se lance cette fois comme auteur complet dans un récit aux allures d’un Conan des terres du Sud en version lion.
Ce voyage en terre animale nous entraîne dans un univers médiéval fantastique, sur fond de quête de soi, mélangeant habilement plusieurs thèmes, l'oppression des plus faibles et des plus petits, l’influence des sectes et de la religion, le surnaturel et ses démons, etc.
On note une belle mise en place du contexte et des différents protagonistes dans ce premier tome qui soulève pas mal de questions.
On va de surprises en rebondissements au fil d’une lecture captivante et richement illustrée dès la première page.
Côté dessin justement, Bruno Bessadi projetait la série depuis très longtemps. Il s'est même entraîné à illustrer Kgosi sous toutes les coutures durant l'Inktober de 2018. Il a d’ailleurs publié un artbook par le biais d'un financement participatif Ulule. D'où sa belle maîtrise du personnage. On retrouve le genre de mise en page énergique à laquelle il nous a habitués avec "Amazing Grace" ou "Bad Ass", servie pas des dessins bien détaillés tant pour les personnages que pour les très nombreux décors, tant en milieu naturel qu’en intérieur, notamment dans le château, avec de belles perspectives.
Les couleurs de Joo donnent de la profondeur aux illustrations et restituent bien l’atmosphère générale et les différentes ambiances.En fin d'album, Bruno Bessadi nous offre un cahier supplémentaire qui nous raconte cet univers à travers la présentation en image des principaux personnages.
SDJuan
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ARKHAM MYSTERIES 1
- Par asbl-creabulles
- Le 29/01/2022
Tome 1 : Le Ciel des grands anciens
Scénario : Richard D. NOLANE
Dessin : Manuel GARCIA
Couleurs : Dijjo LIMA
Couverture : Jean-Sébastien ROSSBACH
Dépot légal : Janvier 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-302-09372-0
Nombre de pages : 56Automne 1919, université de Harvard, Cambridge, Massachussets. Le professeur d’histoire ancienne Seth Armitage vient de recevoir de Chine une lettre désespérée de son ancien collègue, Calvin Tanner, qui avait quitté l’université deux ans plus tôt pour partir en Asie trouver les traces et ramener des preuves de l’existence d’une civilisation pré-sumérienne. Dans son message, il implore Armitage de venir l’aider personnellement et financièrement à Oulan-Bator en Mongolie. Mais c’était sans compter avec le refus formel du président de l’université, Abbot Lawrence Lowell, d’accorder des congés au professeur Armitage pour aller aider son ami. Un président qui brandit même des menaces d’exclusion de Harvard. Mais Seth fait le choix de tout ignorer et s’empresse de partir secourir Calvin. Lorsqu’il parvient sur les lieux après de longues et périlleuses péripéties, il le trouve étendu au sol inconscient dans une sorte de caverne. Calvin finit par lui dire qu’il a été capturé par des membres de la tribu des Cho-chos [Tcho-tchos]. C’est alors qu’ils comprennent tous les deux qu’en réalité ils sont victimes d’un piège. Devant cette situation insupportable, Calvin, navré d’avoir ainsi piégé son ami, se donne la mort. Seth promet de le venger et tente en vain de trouver ceux qui l’ont ainsi capturé … mais trois jours plus tard il se retrouve en ville complètement désorienté avec comme seule preuve de son périple un tatouage sur son dos, sans aucun souvenir de ce qui lui est arrivé dans cette caverne. De retour aux États-Unis, Seth essaye en vain de réintégrer Harvard. Face au refus du président de l’université, il décide de tenter sa chance ailleurs. Dépité, il constate qu’il est désormais sur une liste noire car toutes ses lettres de candidature lui reviennent avec des réponses négatives. Un jour, il reçoit une proposition de l’Université Miskatonic d’Arkham. Le doyen accepte de laisser de côté ses mésaventures récentes et lui propose le poste du professeur Egbert Talmage qui est mort de manière suspecte alors qu’il menait des recherches proches de celles de son ami Calvin. Coïncidence ?!? Dans ses nouvelles missions Seth Armitage sera rapidement amené à faire la connaissance de Skylark Duquesne, la propriétaire et rédactrice en chef du journal local, Arkham Sentinel, et de son correspondant à Providence, un certain Howard Lovecraft …
Mon avis : Voici un album très "lovecraftien" dans la forme et le contenu comme on aime en lire surtout si l’on est féru de ce genre de récits mêlant fantastique et horreur. S’il a une longue bibliographie à son actif, Richard D. Nolane est surtout un passionné de SF et de fantastique. Il connaît donc bien le genre et en rajoute même ici pour notre plus grand bonheur en nous entraînant à la recherche d’une civilisation ancienne cachée, sauvage, cannibale et terrifiante.
Le récit baigne dans une atmosphère glauque et angoissante, soutenu par un scénario captivant qui multiplie les péripéties et les mystères. Tout au long des 50 planches de l’album, l’intrigue se maintient au summum. L’auteur nous livre quelques indices çà et là, les rebondissements s’enchaînent mais il reste parfois des zones floues, des moments en suspens voire expressément non élucidés afin de mieux nous les expliquer par la suite.Manuel Garcia nous offre le meilleur de son art en matière de panel sombre. Et le résultat est d’une efficacité déconcertante. Du polar bien noir dans un récit lovecraftien des plus intenses et des plus efficaces.
Davantage connu du public "comics" par son travail sur des séries comme Avengers, Justice League, Spider-Man ou, plus récemment, Empyre (2021) et Daredevil Lockdown Part 6 (2022) pour ne citer que celles-ci, Manuel Garcia n’en a pas moins illustré des albums franco-belges de qualité comme Barbecue Marseillais, Ghengis Khan (dans la série des Grands personnages de l’histoire en bande dessinée), La Terre des Vampires, La désobéissance d’Andreas Kupler, et bien d’autres encore.
Beau travail sur les décors et costumes, atmosphère angoissante de polar bien noir bien restituée, encrage très marqué venant souligner l’ambiance très sombre d’un récit empreint de mystère et de secrets.
Derrière la belle couverture de Jean-Sébastien Rossbach, n’hésitez pas à vous plonger dans l’aventure, vous ne serez pas déçu (contrairement à certains comics dont l’intérieur peut parfois décevoir).
Atmosphère générale sombre et inquiétante bien soulignée par les couleurs de Dijjo Lima.SDJuan
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FCB - Football Club Barcelone
- Par asbl-creabulles
- Le 27/01/2022
Tome 2 - Éternel Barcelone
Scénario : Eduard TORRENTS
Dessin : Cesc DALMASES
Couleurs : Isàvena COMERAS et Miquel ALOY
Dépot légal : Octobre 2021
Editeur :
Collection : Sport Collection
Format normal
ISBN : 979-10-34748-37-2
Nombre de pages : 62Joana vit très mal la séparation de ses parents. Depuis leur divorce, elle vit avec sa mère, Maite, qui n’a pas vraiment de temps à lui consacrer. Celle-ci travaille énormément pour leur assurer une vie décente, même si elle ne réussit pas toujours à joindre les deux bouts. Quant à Joana, elle aurait aimé rejoindre son père, Liam, qui vit désormais à Londres où il a fondé un nouveau foyer… sauf qu’il remet sans cesse ce projet à plus tard prétextant que son travail et sa nouvelle famille accaparent tout son temps et qu’il ne pourrait pas bien s’occuper d’elle. Vivant mal cette situation de crise, Joana ne cesse d’en rendre sa mère responsable et est en plein décrochage scolaire. Elle se désintéresse des cours, ne fait plus ses devoirs et a même raté ses examens. Les vacances arrivant, décision est donc prise de l’envoyer chez sa grand-mère à Port de la Selva, à 180 km au nord de Barcelone, car sa mère n’aura guère de temps de s’occuper d’elle à cause de son travail. Pour ne pas redoubler, Rosa, la directrice de l’école, va proposer à Joana de profiter des vacances pour effectuer un travail de recherche de 30 pages sur un sujet qui l’intéresse. Joana se souvient que c’est à Port de la Selva qu’elle passait du bon temps à jouer au foot avec ses amis lorsqu’elle était petite. Et c’est là qu’elle va apprendre que les femmes de sa famille ont des liens étroits avec le football et même certains grands joueurs du club de Barcelone…
Mon avis: Dans ce deuxième tome de la série consacrée au Fútbol Club Barcelona (FCB), Eduard Torrents, dessinateur mais aussi scénariste, nous parle de foot évidemment, mais pas seulement. Il s’agit davantage de l’histoire d’un conflit familial mère-fille, conséquence d’un divorce dont cette dernière rend sa mère responsable. Joana est persuadée de déranger sa mère et lui reproche d’avoir trouvé l’excuse des vacances pour se débarrasser d’elle. Le scénariste nous fait vivre cette histoire d’ado mal dans sa peau avec beaucoup de tact et de psychologie, sans pour autant tomber dans les clichés ou le larmoyant. On passe par différents stades du comportement, la jeune fille rebelle va découvrir l’introspection un peu grâce à sa grand-mère et surtout grâce à une histoire familiale hors du commun où le football tient une place prépondérante.
Le dessinateur Cesc Dalmases qui est également professeur à la célèbre école d’art Joso de Barcelone illustre cette histoire d’une manière à la fois touchante et dynamique. Même les huis clos sont aérés et toniques. Le choix des cadrages contribue beaucoup à rendre la narration énergique. Les personnages sont plutôt charismatiques et expressifs. Leurs émotions sont presque palpables, reflétant leur vécu comme cette tendresse et cette sympathie qui caractérisent la grand-mère.
La mise en couleurs se veut plutôt douce et claire assez proche du manga. La coloriste Isàvena Comeras, assistée par Miquel Aloy, enseigne d’ailleurs le dessin manga à la Escola Joso de Sabadell.
Un album jeunesse inspiré de faits réels qui aborde une question actuelle sous un angle plutôt divertissant.SDJuan