Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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LA VISION
- Par asbl-creabulles
- Le 15/11/2016
"Un peu moins qu'un homme".
Scénario: Tom King
Dessin: Gabriel Hernández Walta
Couleurs : Jordie Bellaire
Dépot légal : novembre 2016
Editeur : Panini Comics
Collection : 100% Marvel
Format : Format comics
Prix: 14,95€Histoire: Membre actif du groupe des plus puissants super-héros de la Terre, "La Vision" est à un tournant important de sa vie. Ayant décroché un travail temporaire de conseiller à la Maison Blanche, il s'est installé dans la banlieue de Washington DC avec sa nouvelle famille, son épouse Virginia et ses jumeaux Viv et Vin, androïdes comme lui. Dans le quartier où ils ont élu domicile, ils sont de véritables vedettes et tout le monde veut les voir ou faire un selfie avec eux. Mais cette vie de famille "normale" au milieu des gens ordinaires est vite compromise quand Vin à son école fait une démonstration de sa puissance contre un camarade un peu trop envahissant devenu agressif. La Vision et son épouse sont convoqués par le directeur qui leur fait bien comprendre que depuis le début il était opposé à l’admission de leurs enfants qu’il considère plus comme des armes que comme des humains "normaux". L'arrivée du Moissonneur, le frère de Wonder-Man dont le cerveau a été copié par Ultron pour créer la Vision, ne va pas arranger les choses. Chacun d'eux va s’interroger sur sa place dans cette société.
Mon avis: Cet album propose un point de vue nouveau et captivant sur le personnage de la Vision qui a connu des approches variées dans le passé, tout à tour impressionnant de par son pouvoir immense mais aussi par sa froideur, son tempérament sans-cœur, calculateur, pragmatique, puis un peu trop tendre lorsqu’il laisse une grande place aux émotions qui finiront par prendre le dessus, enfin détruit, anéanti et revenu d'entre les "morts" au point de se retirer avec cette nouvelle famille à 20 km de Washington. L’album s’interroge sur les limites des androïdes. Ont-ils une conscience, une âme ? Jusqu'à quel point peuvent-ils se rapprocher de l'humain ? Représentent-ils une menace pour la race humaine ou un allié ? Peut-on leur donner une place parmi les humains et les considérer comme tels ? Peut-on les laisser seuls avec des enfants ? Autant d’interrogations intelligemment abordées et auxquelles notre société va devoir répondre avec le développement rapide de l’intelligence artificielle. On ne peut s’empêcher de penser à diverses séries comme Real Humans (série suédoise mettant en scène des hubots, contraction de human et robots) ou Westworld (série américaine adaptée du film Mondwest écrit et réalisé par Michael Crichton en 1973) qui traitent du même sujet en soulevant tout autant d’interrogations. Les dessins de Gabriel Hernández Walta sont très réussis, en particulier dans l’expression des émotions, souvent plus forte sur les visages des androïdes que des humains, à l’évidence de manière intentionnelle pour insister sur leur côté humain tout en soulignant le côté dramatique et dangereux lié à l’intolérance que cela peut engendrer. Si la mise en couleurs de Jordie Bellaire est agréable, on notera qu’il a conservé pour La Vision et sa famille leurs tons rose et vert flashy traditionnels qui contrastent nettement sur le fond. Un album réussi qui nous propose un héros bien loin de tous les combats cosmiques et autres prouesses auxquels il nous avait davantage habitués.
SDJ
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13/11 Reconstitution d'un attentat.
- Par asbl-creabulles
- Le 14/11/2016
Paris 13 novembre 2015. Un documentaire en BD d'Anne Giudicelli et Luc Brahy.
Scénario : Anne Giudicelli.
Dessin: Luc Brahy.
Edition : Delcourt.
Dépot légal : Novembre 2016.Histoire: Voici le récit des attentats perpétrés à Paris en 2015, les plus meurtriers qu’ait connus la France depuis la deuxième guerre mondiale, mais aussi l’analyse de leur préparation et de leur déroulement. La première attaque au Stade de France va s’achever en attentat-suicide, les kamikazes n’ayant pas réussi à entrer dans le stade. Suivront des fusillades et explosions-suicides contre plusieurs bars, cafés et restaurants – Petit Cambodge, Carillon, Bonne bière, Casa Nostra, Belle Équipe, Comptoir Voltaire – et surtout au Bataclan en plein concert du groupe de rock américain Eagles of Death Metal. Un bilan terrible: 130 morts (dont 90 au Bataclan) et plus de 400 blessés dont certains sont encore hospitalisés un an après les événements. Le président François Hollande proclame l'état d'urgence et la fermeture des frontières. L'Etat islamique (EI) revendique non seulement les attentats de Paris mais également ceux de Beyrouth au Liban le 12 novembre 2015, puis du Caire en Egypte et tant d’autres depuis. La crise est sans précédent et personne ne peut prédire ce qu'il va se passer dans un avenir proche et dans un avenir plus lointain.
Mon avis: Un album choc qui nous apporte un éclairage pertinent sur un drame qui s'est produit il y a un an et dont les ramifications ne sont pas encore toutes établies. Spécialiste du monde arabe et musulman, Anne Giudicelli décortique le déroulement des moments-clés de cette tragédie. Elle relate en format BD les filières de radicalisation, le rôle de l’EI, le cheminement des terroristes via la Syrie, l’Autriche, les liens avec la Belgique notamment Molenbeek. On en apprend davantage sur leur état d'esprit, la haine qui les anime, leur fierté, leur détermination, leur "déshumanisation", énormément d’informations, plusieurs réponses à nos questions dont certains faits encore inédits.
La reconstitution heure par heure est étourdissante, criante de vérité et de terreur, en simultané avec l'Elysée, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, les journalistes, la réaction et l‘intervention des moyens civils, policiers et militaires, la fuite des terroristes survivants. Au dessin, Luc Brahy illustre parfaitement le récit glacial de ces attentats. Le choix du noir et blanc correspond tout à fait à une telle tragédie. Tel un reportage filmé, il nous offre des instantanés de cette longue soirée, alternant action, attente, effroi. Le message est passé car en nous faisant vivre chaque moment l’un après l’autre, il atteint son but : ne pas oublier.
SDJ
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WORLD WAR WOLVES 3
- Par asbl-creabulles
- Le 14/11/2016
Tome 3: De griffes et de crocs.
Scénario : Jean-Luc Istin.
Dessin et niveau de gris: Zivorad Radivojević.
D'après un univers de: J-L Istin et Kyko Duarte.
Editeur: Soleil dans la collection French Comics.
Dépot légal: Octobre 2016Histoire:
Alors qu'ils pensaient Las Cruzes à l'abri de toute attaque de lycanthrope, Elia Lloyd, la famille Marshall, Angèle Evertown, Gabriel Garcia et le Shérif Dennis Guerre doivent se rendre à l’évidence, leur ville vient d’être attaquée par un loup-garou qui a réussi à y pénétrer. Toute leur communauté va s’en trouver bouleversée. De son côté, aveugle doté du pouvoir grâce à sa guitare de calmer les loups-garous au point de les retransformer en humains, Jérémy a choisi de fuir avec sa petite protégée. Il fait la connaissance d'Angela, une femme belle et troublante qui vit seule et qu’il soupçonne d’avoir quelque chose à cacher de terrifiant. Quant à Malcolm Spolding, lassé de travailler pour les loups, il a réussi à s’enfuir, fermement décidé à reprendre les choses en main. Il compte se servir de son pouvoir pour tout réparer et se venger de tout ce qu'il a subi même si sa tentative pour se débarrasser de Raven, le chef autoproclamé des lycanthropes, a fait fiasco. Une chose est sûre, des alliances se créent là où on les attendaient le moins.
Mon avis: Word War Wolves 3 constitue une suite intéressante évitant le piège des longues séries. Chaque personnage trouve sa place dans un récit bien construit, sans tomber dans la caricature, l'horreur ou le mélodrame. Les forces en présence, les regroupements, les êtres dotés de pouvoirs surnaturels prennent du volume. L'affrontement final se met progressivement en place, les pions se placent sur l'échiquier. Istin n'en finit plus de nous surprendre au point qu’on aimerait connaître son secret pour mener autant de séries de front.
Côté dessin, il y a du changement. On s'était habitué au dessin efficace et réussi de Kyko Duarte et on pouvait craindre l’annonce d’un nouveau dessinateur. En fait Zivorad Radivojević relève le défi haut la main. En diminuant légèrement la taille des personnages, il accorde davantage de place aux décors dans chaque case. On se sent davantage absorbé par les ambiances urbaines, ce qui accentue le côté oppressant du récit, une attaque pouvant surgir de n'importe où. Deux styles différents pour un même résultat! Rien que du bon et on en redemande!
SDJuan
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ARTHUS TRIVIUM 2
- Par asbl-creabulles
- Le 14/11/2016
Tome 2: le troisième magicien.
Scénariste : Raule
Illustrateur : Juan Luis Landa
Coloriste : Juan Luis Landa
Editeur: Dargaud
Dépot légal: Octobre 2016Histoire:
Ayant achevé leur dernière mission à Montélimar, il est désormais temps pour Angélique Obscura, Angulus Dante et Arthus Trivium de revenir à Angers pour sauver leur maître, Nostradamus, ainsi que le roi Charles IX alors aux prises avec une ancienne connaissance, Scaliger, et sa troupe de démons menée par Zagan, l'un des 72 princes de l'obscurité. Scaliger éprouve une jalousie devenue haine envers Nostradamus depuis que les maîtres des maîtres – Cornelius Agrippa et Paracelse – ont choisi ce dernier en vue de le former pour créer à eux trois la plus fabuleuse équipe de magiciens. Fou de rage de ne pas avoir été appelé auprès des maîtres et animé par un esprit de vengeance, Scaliger s’enfonce peu à peu dans la magie occulte. Il finira par ouvrir les portes de l’Enfer là où résident des puissances qu’il pense pouvoir contrôler pour les retourner contre Nostradamus. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu.
Mon avis : Suite et fin des (més)aventures d'Arthus Trivium et de son équipe. Nostradamus, l’un des trois plus puissants sorciers de l’époque avec Agrippa et Paracelse, va affronter l’un des nombreux princes des ténèbres non sans mal et non sans difficultés tant Raule (scénariste de Roger pour Jazz Maynard et de Gabor pour Isabellae notamment) leur a mis des bâtons dans les roues. Après la mise en place des personnages et l’installation de différentes intrigues dans le premier tome, ce second opus lève le voile (peut-être trop rapidement) sur les rebondissements de l'épisode précédent tout en laissant la porte ouverte vers d’autres événements dans une suite tant espérée.
Les dessins de Juan Luis Landa sont toujours aussi magnifiques, dynamiques et empreints d’une énergie hors du commun à tel point qu'il ne manque plus que la 3D pour faire mieux. Il maîtrise les cadrages et angles de vue avec une aisance à couper le souffle. Les couleurs renforcent l’impression de volume et de profondeur ainsi que l’aspect ancien de certaines scènes. Tout simplement bluffant.
SDJ
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BOB MORANE Renaissance 2
- Par asbl-creabulles
- Le 14/11/2016
Tome 2: Le village qui n'existait pas.
Scénario : Luc Brunschwig et Aurélien Ducoudray.
Dessin: Dimitri Armand.
Couleurs : Hugo Facio.
Edition : Le Lombard.
Dépot légal : Octobre 2016.Histoire:
Accompagné de Victor dans un piteux état, Bob Morane arrive à Zamosho, désormais une ville ultra moderne qui n'a plus rien à voir avec un village africain. Il est accueilli par la jeune et belle Tania Orloff, représentante au Nigéria de l'ONG chinoise Mèng Jan Zhèn dirigée par Monsieur Ming. Nommé conseiller auprès du président Oussman et représentant de l'opération « Éducation contre Minerai », Robert Morane commence à soupçonner que cette opération n'est pas aussi altruiste qu'on a bien voulu lui faire croire. A Zamosho, il constate que Monsieur Ming a agi en bienfaiteur pour la population en créant une ville viable dotée de toute la modernité nécessaire, mais surtout qu’il a donné la possibilité aux enfants d’acquérir seuls des connaissances de qualité grâce à un accès libre à l'enseignement à l'école. Pour quelle raison Monsieur Ming chercherait-il en agissant ainsi à contrecarrer l’arrivée des casques neurotecs généreusement offerts par la société Belton et la France et censés donner une instruction rapide aux enfants? Quel rôle joue le Président Oussman dans cette opération? Etrangement, Ballantine, le collègue de Bob Morane, se retrouve également impliqué dans une escroquerie qui risque bien d'enflammer l’Ukraine et l’ensemble de la région.
Mon avis: Ce nouvel album de Luc Brunschwig et Aurélien Ducoudray se caractérise par une très bonne mise en place des personnages qui peu à peu acquièrent de la profondeur. Luc Brunschwig a coutume d’installer de longues trames passionnantes qui permettent de découvrir des héros forts, mais ayant des faiblesses qu'il va exploiter tout au long du récit. C'est encore le cas cette fois autant pour Robert (Bob) Morane que pour Ballantine qui se retrouvent dans des situations plus que périlleuses, voire des complots à ramifications internationales que le scénariste prend plaisir à développer d’un album à l’autre en suivant le fil conducteur qu’il a mis en place. L'intrigue plonge immédiatement le lecteur dans le feu de l'action avec des personnages plus charismatiques les uns que les autres. Les héros sont entraînés sur de fausses pistes, l’implication géopolitique est plus qu'intéressante et la série se situe dans un monde très actuel.
Les dessins de Dimitri Armand sont très efficaces grâce à de belles scènes de combat, des flashes-back très clairs, des scènes de guerre tout à fait réussies, des références aux médias les plus modernes mêlant écrans géants, unes et pages de journaux et de magazines qui donnent au récit un dynamisme époustouflant. Aux couleurs, Hugo Facio joue habilement des contrastes pour donner du relief aux dessins d’Armand. Beaucoup de cases ont été conçues dans un style "prise de vue" cinématographique très actuel avec des personnages facilement reconnaissables.
En cela, la série répond parfaitement à la demande d'un nouveau lectorat, ce qui ne pénalise en rien la série-mère, dont la pérennité est assurée mais qui du coup a bénéficié d’une belle publicité dont la maison d’édition a su profiter en publiant des intégrales tout aussi intéressantes pour les nostalgiques de Bob Morane (même s’ils avaient sans doute déjà toute la collection parfois même dans ses différentes versions au fil des rééditions). La différence entre Bob Morane et Bob Morane Renaissance aurait dû profiter aux deux séries et servir un même but, la renaissance d’une série qui tombait lentement mais sûrement en désuétude. Mon seul regret et de taille est que l’on n’ait pas laissé davantage de temps aux scénaristes pour développer et approfondir leurs idées car la série avait tout pour réussir. Espérons sincèrement que les prochains auteurs seront de la même trempe sinon ce reboot réussi n'aura servi à rien et n'apportera rien de nouveau aux fans un rien "conservateurs" de la série-mère qui aura échoué à faire le saut dans l’univers de la BD actuelle.
SDJ
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VINCENT. Un saint au temps des mousquetaires
- Par asbl-creabulles
- Le 14/11/2016
Scénario : Jean Dufaux.
Dessin: Martin Jamar.
Couleurs : Martin Jamar.
Edition : Dargaud.
Dépot légal : Octobre 2016.Histoire:
Paris, XVIIe siècle. Chaque jour le père Vincent arpente les rues d’une ville qu’il connaît bien, tout comme sa population, les habitants de sa paroisse bien sûr mais d’une manière générale les êtres humains, peu importe leur rang dans la société, leur occupation ou leur façon de vivre. Jérôme, un jeune garçon que Vincent connaissait bien, est retrouvé mort, assassiné. Inquiet de la tournure que prend l'enquête de police, il décide de mener sa propre enquête pour comprendre ce qui a pu se passer. Manon, la dernière personne à avoir vu Jérôme vivant, est une fille de joie dont le prêtre vient de racheter la liberté pour 6000 livres au tenancier du bouge où elle travaille, un certain Monsieur D'Aubrac. Manon aurait aperçu Jérôme à moitié ivre, en compagnie de ce Monsieur D'Aubrac et d’un autre homme peu ragoûtant au visage laid et grêlé. Étalant sa richesse, Jérôme était prêt à payer le prix fort pour passer un bon moment avec elle. Manon s’en souvient bien car à peine arrivé dans la chambre, Jérôme s’est effondré sur le lit et aussitôt endormi. En recoupant d’autres indices, le père Vincent va vite comprendre que l’homme au visage vérolé, La Couture, travaille pour le Duc d'Entragues, l'époux de la défunte mère de Jérôme, Anne d'Entragues. Le duc l’aurait engagé comme homme de main pour exécuter ses basses besognes. Animé par la volonté de faire la lumière sur la mort de Jérôme, le Père Vincent va mener une enquête acharnée en parallèle avec sa vie faite de prières, d’action charitables envers les pauvres et les nécessiteux, mais aussi de visites au roi Louis XIII qu’il accompagnera jusqu’à son dernier souffle.
Mon avis: Avec cet album, Jean Dufaux fait une incursion dans l’univers de la religion et des saints en faisant le choix à ses yeux évident d’un personnage historique ayant œuvré toute sa vie pour soulager la misère matérielle et morale. Dufaux ne s’est pas chargé d’écrire son hagiographie. Il nous propose une tranche de la vie de ce père qui ne craignait pas d'affronter les pires crapules des bas-fonds, mais qui n'hésitait pas non plus à tenir tête aux riches sans pour autant les calomnier ou les repousser, sachant qu'il aurait besoin de leur soutien pour aider les pauvres.
Un homme pragmatique donc, sachant mobiliser les dames de la noblesse et de la bourgeoisie pour ses œuvres de bienfaisance. Même le roi Louis XIII le fera venir auprès de lui pour l'accompagner dans ses derniers instants. Dufaux mélange habilement les genres historique et polar – le récit réaliste du futur Saint-Vincent de Paul et de son entourage et une enquête policière impliquant des personnages imaginaires – le tout sur fond de cape et d'épée dans ce Paris du XVIIe siècle où la vie ne tenait souvent qu'à un fil et où la religion occupait une place essentielle.
La partie illustration a été confiée à Martin Jamar qui a déjà collaboré avec Jean Dufaux sur les séries "Voleurs d’Empires" et "Double Masque". On prend plaisir à retrouver ici tout le talent de Jamar, un trait fin et précis, enrichi d’une infinité de détails, des cases superbes respectueuses de la réalité historique et des couleurs donnant de la profondeur au dessin. Le résultat est soigné et visiblement très documenté. Encore un bel album qui ravira autant les amateurs passionnés de beaux récits historiques que les fans d’investigations et de polar.
A noter: un album en N&B à tirage limité accompagné d'un ex-libris numéroté et signé a été publié chez PerspectivesArt9.
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RIO 2
- Par asbl-creabulles
- Le 13/11/2016
Tome 2: Les yeux de la favela.
Scénario : Louise Garcia.
Dessin: Corentin Rouge.
Couleurs : Corentin Rouge.
Edition : Glénat Grafica.
Dépot légal : Octobre 2016.Histoire:
Depuis qu'ils vivent dans cet univers de luxe, accompagnant leur père adoptif de réception en banquet pour son ONG, Rubeus et Nina conçoivent leur nouvelle existence chacun à sa manière. Dix ans après leur adoption, si Nina est emplie de bonheur et de reconnaissance envers son père et sa nouvelle famille, Rubens supporte plutôt mal cet étalage de luxe, sa vie bling-bling alors que l'ONG de son père devrait à ses yeux s'occuper des déshérités des favelas de Rio qu'il a bien connues avec sa sœur puisque c’est là qu’ils ont grandi. Depuis qu'ils en sont partis, leurs amis de l'époque ont rejoint un gang, celui de Mozar, en guerre permanente avec celui qui se fait appeler Minotauro, issu d’une favela voisine. Un jour, Nina est kidnappée par le gang de Mozar. Rubeus aurait pu laisser la police agir mais il sait d’avance qu'il n'a aucune chance de la revoir vivante. Il décide donc de prendre les choses en main et tentant le tout pour le tout, fonce la sauver en espérant que ses anciens potes de la favela se souviendront de lui et épargneront sa sœur. Mais c’était sans compter avec la présence de flics ripoux. Découvrant que les apparences sont trompeuses, Rubeus va vite comprendre son erreur l
Mon avis: Avec ce deuxième volet, l'histoire conserve tout son intérêt, bien soutenue par un scénario de Louise Garcia truffé de rebondissements. Dix ans plus tard, chacun suit sa route mais n'oublie en rien son passé, un passé qui joue un rôle important dans ce thriller urbain marqué par le drame des favelas et la corruption toujours bien présente à Rio. Les ONG et autres œuvres de bienfaisance ne vont rien y changer, se limitant à toujours remplir les mêmes caisses, sans vraiment aider les zones de non-droit. Les dessins de Corentin Rouge (Comanche, Shimon de Samarie / le Samaritain, Kashmeer, Juarez et XIII Mystery) renforcent cette description par des traits nerveux qui plantent le décor dès les premières pages. La paix et le calme côtoient la violence, la richesse avec ses voitures, plages et hôtels de luxe côtoie la pauvreté des favelas. Un voisinage explosif. Corentin Rouge transpose avec brio ce ressenti dans des illustrations qui sont pleines de dynamisme. On attend la suite avec impatience.
SDJ
Voir la chronique du tome 3
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SPAWN Renaissance 2
- Par asbl-creabulles
- Le 12/11/2016
Scénario : Erik Larsen et Todd McFralane.
Dessin: Todd McFarlane, Erik Larsen, Szymon Kudranski et Jonboy Meyers.
Couleurs : Laura Martin et Fco Plascencia.
Lettrage : Eye Moscow.
Couverture : Jonboy Meyers.
Traduction : Alex Nikolavitch.
Edition : Delcourt Comics.
Dépot légal : Octobre 2016.Histoire:
Ancien soldat, Al Simmons, a été tué par ses propres commanditaires et ramené à la vie en tant que Spawn avec un nouveau destin plus machiavélique que salvateur. Après d'âpres combats contre le mal incarné, il a passé ces cinq dernières années en enfer. Revenu à New York plus fort que jamais, Al Simmons, alias Spawn, s'est entouré des bonnes personnes, sans aucun doute peu recommandables mais d’une efficacité redoutable pour ses nouveaux projets. Il veut absolument retrouver l'âme de son épouse et de l’enfant qu’elle portait en elle, tous deux morts lors d'un "accident", leurs âmes ayant été capturées et détenues en enfer par Satan lui-même. Décidé coûte que coûte à en découdre avec le maître absolu des lieux, il doit pour cela avoir accès au "tunnel". Pour y parvenir, il a besoin de deux clés, dont l’une est un ange et l'autre un démon. Mais tous deux doivent l'accompagner de leur plein gré. Cette fois il est prêt à tout, même à redonner ses pouvoirs au terrible démon Malebolgia. Les pièges s’annoncent nombreux sur sa route et arrivera-t-il à retrouver les deux âmes qui lui sont chères au point de tenter le tout pour le tout ?
Mon avis: Il est clair que Spawn Renaissance se situe dans la perspective d'attirer un nouveau lectorat et de préférence jeune. Spawn a de nouveau une mission quasi impossible à mener dont le final sera d’affronter Satan en personne ! Le pari est énorme, gigantesque même, et il fallait assurément Todd McFarlane pour nous convaincre d’y croire. Mais on finit par se laisser porter par son scénario pourtant assez tordu où anges et démons s’entremêlent au point de ne plus parvenir à savoir qui est le bon ou le mauvais. Ce qui pimente un peu plus la trame déjà bien relevée.
Côté dessin, c’est du tout bon. Du pur Erik Larsen, qui se révèle très bon sur ce "nouveau" Spawn, autant pour les scènes les plus dantesques que pour celles se déroulant en milieu urbain. Les démons, surtout Malebolgia, sont toujours aussi impressionnants et foisonnent de détails. Les scènes dans les enfers sont plus que convaincantes, la noirceur de certaines cases nous plonge parfaitement dans l’ambiance ténébreuse et sordide rigoureusement décrite par Todd McFarlane. A noter qu’Erik Larsen a bénéficié du talent de Jonboy et Szymon Kudranski pour l’assister sur cet album. Quant à la mise en couleurs, elle se révèle incroyablement efficace et respectueuse du dessin qu’elle égale en termes de qualité. Une belle réussite.
SDJ