Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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Le BOURREAU 2
- Par asbl-creabulles
- Le 16/04/2017
Tome 2: Massacres.
Scénario: Mathieu Gabella
Dessin: Julien Carette
Storyboard: Sylvain Guinebaud
Couleurs: Simon Champelovier.
Editeur: Delcourt
Dépot légal: Avril 2017.
54 pages
Histoire:
Au début, tout le monde redoutait le Bourreau puisque personne ne pouvait échapper à sa sentence. Le Bourreau était persuadé de posséder un don du ciel et d’être le dernier à en avoir un. Mais voici qu’un saltimbanque dénommé le Bouffon va venir bouleverser toutes ses certitudes et ses croyances. Désormais, le Bourreau n'est plus le seul à détenir des pouvoirs et le nouveau venu lui donne même du fil à retordre. D'où vient-il ? De qui tient-il ses pouvoirs ? Est-il lui aussi invincible ? Pourquoi avoir pris autant de risque pour sauver un enfant ? Que peut-il bien se passer dans cette cave qu'il vient de découvrir ? Tout l'univers si solide, si bien structuré du Bourreau vient de s'écrouler. Son emprise sur les Parisiens, à commencer par les malfrats, risque bien d'en prendre un coup. Il doit vite retrouver son passé pour comprendre ce qui est en train de lui arriver, revenir sur son histoire depuis sa naissance, son enfance, ses progrès auprès de son maître. Mais sa hiérarchie, autrement dit les puissants du Parlement de Paris, ne semble pas trop disposée à le voir fouiller dans son passé.
Mon avis: Ce deuxième tome nous en apprend un peu plus sur le personnage principal qui risque bien de se faire voler la vedette s'il n'y prend garde. Au scénario, Mathieu Gabella distille les indices en maintenant le mystère autour de cette histoire de super-héros ou anti-héros située au Moyen-Âge. Tout-puissant et presque invincible dans le premier tome, il se découvre des faiblesses qui risque de fissurer l'ordre établi. L’histoire est bien posée, l’intrigue bien gérée, mêlant habilement récit présent et événements antérieurs. On accroche et on a envie d'en savoir davantage sur le passé du Bourreau. Les dessins de Julien Carette sur un storyboard de Sylvain Guinebaud sont soignés et bien maîtrisés. Si j'ai eu un peu de mal avec les divers déguisements du Bourreau lorsqu’il décide de mener sa propre enquête auprès du "peuple", globalement j'ai apprécié l’efficacité du trait, qui facilite la lecture lorsqu’on passe régulièrement du présent au passé et inversement, la luminosité des cases, le beau rendu des décors parisiens. Les couleurs de Simon Champelovier accentuent encore la visibilité et sont très réussies. Un agréable moment de lecture dont on attend à présent la conclusion avec impatience.
SDJ
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INDEH
- Par asbl-creabulles
- Le 13/04/2017
Une histoire des guerres Apaches.
Scénario: Ethan Hawke
Dessin: Greg Ruth.
Couleur: Greg Ruth.
Editeur: Hachette
Dépot légal: Avril 2017
Nombre de pages: 236.Histoire:
Goyahkla a grandi en territoire indien aux côtés de Naiches, l’un des fils de Cochise, selon les rites et coutumes apaches de fierté et de bravoure. Alors que la région toute entière est en proie à des rivalités incessantes, il réussira malgré tout à fonder une famille. Mais un jour, en rentrant chez lui il retrouve son village dévasté, sa famille assassinée par les Mexicains. C’est alors qu’il a une vision lui annonçant qu’il sera guidé et protégé contre les balles des Mexicains mais aussi contre les "yeux blancs". Le désir de vengeance va le conduire comme ses frères guerriers à rassembler les tribus. Il prend la tête d'une expédition punitive contre les habitants mexicains d'Azripe. Pendant que son village est réduit à néant, l’un des Mexicains implore à plusieurs reprises San Geronimo de protéger sa famille et les siens. C’est là que la vie de Goyahkla va changer et que naît celui qu’on nommera désormais Geronimo. Alors que la tension monte avec les Blancs, Cochise se heurte au Colonel Mascom qui lui fait un chantage familial impossible à régler et, malgré toutes les efforts du chef indien pour sauver la situation, l'affrontement devient inévitable. Aux côtés de Cochise et de Mangas Coloradas, Geronimo va donc se battre contre des Tuniques Bleues toujours plus nombreuses. Les Apaches n'auront de cesse de lutter pour sauver leurs terres et les leurs. Cochise, Geronimo et Mangas Coloradas infligeront de très lourdes pertes aux tuniques bleues espérant que cela leur servirait de leçon. Mais l'ennemi n'est pas apache, n’a pas la même culture, le même code d’honneur et n’accepte pas la défaite avec humilité et dignité.
Mon avis: Cet album donne une claque aux préjugés encore trop ancrés dans nos têtes par des décennies de matraquage de clichés plus négatifs les uns que les autres, notamment via les films Western dans lesquels les gentils Blancs ont toujours le beau rôle et apparaissent en victimes face à des tribus de Peaux-Rouges sauvages et sans pitié. Ce récit m'a autant impressionné que le magnifique film "Danse avec les loups" de et avec Kevin Costner, où la fierté indienne et l’harmonie avec la nature sont largement mises en avant en rendant toute leur grandeur aux valeurs indiennes. Des noms comme Cochise, Geronimo ou Mangas Coloradas, qui ont connu un sort tragique, reprennent tout leur sens. Ethan Hawke nous propose un scénario étonnant de qualité et de maîtrise alors qu’il n’a aucun lien de sang direct avec les Apaches. Gamin, il n’a eu qu’un bref contact avec eux lorsqu’on lui a interdit d’entrer sur une réserve apache. Mais il s’est ensuite intéressé à ces "Indiens" et le résultat est de toute beauté !
Les illustrations sont également superbes. On ne pouvait en attendre moins de la part de Greg Ruth (Freak of the earthland, Conan, etc.) qui réalise une série de portraits charismatiques, Apaches et tuniques bleues confondus. Il crée une impression de relief par un dessin colorié au lavis, jouant avec le noir et le gris, des crayonnés légèrement frottés, un encrage plus intense sur des premiers plans qui se détachent d’arrière-plans plus légers, et des ombrages parfaitement dosés. Les scènes de guerre sont impressionnantes et l'on peut y ressentir l'action dans toute son intensité, y compris le silence assourdissant qui précède le coup de grâce. Le caractère dramatique des événements et la tension qui se dégagent de chaque page sont presque palpables. Sous l’apparence d’un roman par son format et son épaisseur (236 pages), cet album BD situé dans l’Amérique du Nord au temps de la conquête du Far West, dont le titre "Indeh" signifie "les morts", nous offre une nouvelle occasion de (re)découvrir le passé tragique des populations et tribus amérindiennes, victimes d’une lente mais sûre dégradation de leur situation démographique, sociale et économique, ce que beaucoup d’historiens aujourd’hui n’hésitent pas à qualifier d’extermination. Sous-titré "Une histoire des guerres apaches", voici un album très vivement recommandé.
SDJ
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STRANGE FRUIT
- Par asbl-creabulles
- Le 11/04/2017
Scénario: Mark Waid
Dessin: J.G. Jones.
Couleur: J.G. Jones.
Editeur: Delcourt
Dépot légal: avril 2017
Nombre de pages: 128.Histoire:
1927, la petite ville de Chatterlee est menacée par la crue du Mississippi. Les digues installées qui protègent la ville peuvent céder à tout moment. Malgré cela, un jeune afro-américain souffle un vent de révolte au sein de sa communauté, ce qui n'arrange pas la situation, bien au contraire. Car les Noirs constituent la majeure partie de la main-d'œuvre de la ville et aux yeux des Blancs ce sont eux qui doivent porter les sacs de sable destinés à consolider les digues. Présent en nombre au sein de la ville, le Klu Klux Klan compte même les obliger à le faire, quitte à en pendre quelques-uns s'ils ne veulent pas obtempérer. C'est au cours d'une expédition punitive que disparaît James Sibley, un jeune gamin blanc, alors que dans le même temps quelques lieues plus loin tombe du ciel, telle une météorite, un colosse nu couleur ébène qui n'a aucune égratignure malgré le choc ! Celui que les Noirs appellent le "surhomme" et les Blancs le "nègre géant" semble muet. Personne ne sait ce qu'il est venu faire sur terre, au moment précis où sa puissance titanesque pourrait sauver la situation. Il ne participe à aucune action pour empêcher le désastre, comme creuser un déversoir pour y déverser le trop-plein du fleuve, ce qui exaspère beaucoup de monde en cette période de panique et de désarroi. A moins qu’il ne soit venu pour retrouver l'enfant disparu ?
Mon avis: "Strange fruit" (en relation avec les homme de couleurs pendus) est basé sur des faits réels qui se sont déroulés dans le Mississippi de la fin des années 20 où le racisme était encore bien présent. On pourrait penser que ce surhomme va prendre la défense des Blacks et jouer le rôle d'un Superman de couleur, mais en réalité il n'en est rien. Ce dernier va juste attiser encore un peu plus la haine chez les Blancs, par peur ou par défi. Il va aussi sans le vouloir leur faire miroiter une main-d'œuvre hors du commun tout en donnant un peu d’espoir aux opprimés.
Par l’intermédiaire de ce "surhomme" qui n'a rien d’un super-héros hormis une puissance démesurée, Mark Waid a l'occasion d’aborder le racisme vu d'un point de vue économique, politique mais surtout arrangeant pour tout le monde. La venue de ce "nègre géant" va pousser chaque camp dans ses derniers retranchements pour voir de quoi est capable la race humaine quelle que soit sa couleur de peau ou quel que soit son niveau d'éducation. Le scénario est poignant et effrayant en même temps et nous interpelle vraiment. Il provoque un choc salutaire. Les dessins de J.G. Jones sont époustouflants. À ce niveau de qualité, on ne peut plus parler de dessin mais d'illustration ! Chacune des cases aurait pu faire d’objet d’une couverture tellement elles sont efficaces et d'une beauté exceptionnelle ! J.G. Jones a une parfaite maîtrise de la lumière et ses illustrations en sont gorgées. Cet album est une source de plaisir visuel car rarement un tel niveau a été atteint. Une BD à mettre entre toutes les mains sans hésiter !
SDJ
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GREEN ARROW 5
- Par asbl-creabulles
- Le 11/04/2017
Tome 5: Soif de sang
Scénario: Benjamin Percy.
Dessin: Patrick Zircher et Szymon Kudranski.
Couleur: Gabe Eltaeb.
Editeur: Urban Comics.
Dépot légal: Mars 2017
Nombre de pages: 184.Oliver Queen, plus connu comme Green Arrow, est de retour à Seattle. Il était temps qu’il revienne car deux groupes rivaux s’y affrontent de manière sanglante. Les Patriotes, des américains pure souche se sentent investis d'une mission : nettoyer Seattle des Wargs, des hommes mi-loups mi-loups-garous dirigés par Dolph Marrock, un criminel notoire devenu président du Bersercks Bike Club. N’hésitant pas un instant à braver le danger, Green Arrow réussit à empêcher les Wrags d’opérer des morsures qui auraient infecté toutes les personnes venues fêter leur parade de minuit, mais dans son combat il va lui-même se faire mordre. S’il a conscience qu’il se transforme, il ne sent pas le mal l'envahir. Au contraire, il ne ressent que les effets positifs de sa morsure, une force, une puissance, une hargne, un esprit de chasse plus développés. C’est Emiko qui va lui ouvrir les yeux et lui faire comprendre qu’en réalité rien ne va plus et qu’il a perdu la maîtrise de soi. En effet, Seattle compte de plus en plus de personnes ayant été infectées par le virus Lukos transmis par les morsures des Wargs. Heureusement, un homme surnommé le Docteur Miracle, semble détenir la solution. En fait, il est lui-même la solution car son sang guérit de tout ! Mais un tel don ne passe pas inaperçu et il va vite se retrouver traqué par le plus efficace des mercenaires et assassins au monde, Deathstroke qu’un homme richissime tombé malade a engagé car il a besoin du sang du "faiseur de miracles" pour guérir son infirmité, être sauvé et régénéré, même si le prix à payer pour sa guérison aboutira au sacrifice de tous les autres malades du monde que le sang du Docteur Miracle aurait pu sauver.
Mon avis : Benjamin Percy nous entraîne dans l'univers sombre et forcément dramatique d’un groupe d’extrémistes s’efforçant de contrer l'épidémie propagée par les loups-garous. Oliver Queen, alias Green Arrow, va chercher à s’impliquer dans la résolution de la crise mais il n’est plus le justicier neutre et impartial d’avant car son jugement s’est altéré suite à la morsure dont il a été victime et à sa métamorphose qui semble inévitable. Mais s’il a dérivé vers le mauvais côté, adoptant même un comportement marqué par une violence à fleur de peau, son entourage va le protéger malgré lui, et nous verrons comment le chasseur va se retrouver à son tour chassé par plus forts que lui. La fin est surprenante et je n'en dirai pas plus.
Le dessin sombre de Patrick Zircher et Szymon Kudranski colle parfaitement au scénario en créant une ambiance très obscure. L’ensemble est violent et plein d'hémoglobine. Le découpage des cases est énergique et parfaitement adapté, les plus grandes étant entrecoupées de vignettes plus petites, le tout avec une belle mise en couleurs réalisée par Gabe Eltaeb. Une histoire pleine de punch comme en témoigne la couverture et celles proposées en fin d'album dans un cahier regroupant les couvertures normales de chaque épisode et les différentes variantes.
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MOSES ROSE 3
- Par asbl-creabulles
- Le 11/04/2017
Tome 3: El Deguello
Scénario : Fabrice Ordas, Patrick Cothias
Dessin : Christelle Galland
Couleurs : Christelle Galland,
Edition : Bamboo Édition
Collection : Grand Angle
Dépot légal : 03/2017
Nombre de planches :46Louis "Moses" Rose est le seul rescapé d'Alamo. Témoin de la mort du colonel Crockett, tous les moyens seront bons pour le faire taire. Ses droits les plus fondamentaux ne seront pas respectés par le tribunal devant lequel il sera traduit pour désertion. Le seul et unique témoin de la défense ne viendra pas comparaître à son procès et la lettre de témoignage envoyée par Alexandro Garza au gouverneur disculpant Louis Roses des accusations dirigées contre lui a été détruite. Les hommes politiques derrière cette machination ont bien compris qu’ils doivent très vite le faire accuser et exécuter car son inculpation semble difficile à faire passer auprès de l’opinion publique locale. Les enjeux politiques et financiers sont bien trop importants pour le laisser vivre. Mais il n'est pas le seul à être pourchassé. En effet, le Marshall Masseria, l’homme de main sicilien aux ordres du sénateur Pikes à Washington, tient absolument à retrouver Miss Cloud et lui faire signer des papiers avant de la faire disparaître.
Mon avis: Beaucoup de personnages importants font partie de cette mini-série en trois tomes dont chacun aurait mérité un récit à lui tout seul. Mais comme dans la vraie vie, les choses ne sont pas toujours aussi simples car les vies et histoires s’entremêlent. Patrice Ordas et Patrick Cothias ont bien géré un scénario complexe et solide sur la durée. Le dénouement en vaut la peine. En charge des illustrations, Christelle Galland alterne un dessin semi réaliste et un style cartoonesque sur certaines scènes qui sont même assez drôles. Serait-elle en train de chercher son identité graphique ? Ces changements de style ne sont pas gênants et apportent un peu de bonne humeur dans un récit assez dur, un peu de douceur dans un monde de "brutes". L’ensemble est agréable et les décors plutôt réussis. Le choix de tons clairs pour les couleurs respecte bien l'atmosphères des grandes plaines américaines. Les couvertures sont accrocheuses. Une bonne trilogie comme Grand angle a l’habitude de nous en offrir.
SDJ
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HÉRACLÈS
- Par asbl-creabulles
- Le 11/04/2017
Tome 1/3: La jeunesse du héros
Conçu et écrit par Luc Ferry
Scénario: Clotilde Bruneau
Story-board: Didier Poli
Dessin: Annabel
Couleurs: Chiara Zeppegno - Arancia Studio
Couverture Fred Vignaux
Editeur: Glénat: Collection: "La sagesse des mythes".
Dépot légal: Mars 2017
Nombre de pages: 56.Les frères d'Alcmène, l’épouse d’Amphitryon, ont été tués par des habitants des îles de Taphos où règne le roi Ptérélas. A la demande de son père, Alcmène s’engage à demeurer chaste tant que leur mort n'aura pas été vengée. Pour justifier son refus de tout rapport intime avec Amphitryon, elle le persuade d'entrer en guerre contre Ptérélas. Amphitryon a bien conscience que pour récupérer les faveurs de son épouse il va devoir s’allier avec les Thébains de Crion, car l’armée de Ptérélas est beaucoup trop puissante. En échange de son aide, Créon lui demande seulement de le débarrasser du renard qui décime ses troupeaux. Malgré tous ses efforts, c’est l’échec. Zeus intervient alors pour foudroyer le renard car Amphitryon doit absolument rester éloignée de son épouse. En effet, Zeus qui souhaite garder un œil sur les mortels, a décidé sur les conseils d’Hermès d’enfanter un enfant demi-dieu avec une humaine. Ayant jeté son dévolu sur Alcmène, il prend l’apparence d’Amphitryon pour entrer dans son lit. Mais le véritable Amphitryon rentré victorieux plus tôt que prévu rejoint lui aussi Alcmène. C'est ainsi que naîtront des jumeaux, Héraclès (ou Hercule selon la mythologie romaine) fils de Zeus et Iphiclès, fils d'Amphitryon. Héra, la compagne de Zeus, dont la jalousie n'aura d'égal que sa cruauté, fera tout ce qui est en son pouvoir pour assouvir sa vengeance sur le fils caché de Zeus, essayant de l'assassiner alors qu'il n’est encore qu’un bébé et, plus tard, l'empêchant d'atteindre l'immortalité que son père tient tant à lui donner.
Mon avis. Le scénario de Clotilde Bruneau, sur un story-board de Didier Poli, est captivant pour ce premier tome qui nous fait vivre la naissance et la jeunesse d'Hercule, ses premiers exploits, ses premières colères, ses premières amours. Son premier combat légendaire contre le Lion de Némée annonce le début de ses douze travaux. Graphiquement, c’est une belle surprise de la part d’Annabel (Magus, La Javanaise, Roma tome 3). Son dessin exprime bien l’atmosphère fantastique des dieux de l'Olympe, notamment la majesté de Zeus ou la colère d’Héra, et la montée en puissance d’Hercule, le dieu de la force.
Le dessin est net et précis, les personnages hauts en couleur. L’équilibre entre les cases rend l’album bien lisible et très attrayant. On y découvre de belles scènes d’amour mais aussi d'étreintes longues et torrides, ainsi que diverses scènes de guerre et de combat titanesques, en particulier celle du lion de Némée. Les couleurs de la jeune Chiara Zeppegno épousent bien les dessins les mettant encore plus en valeur, leur apportant plus de clarté et de relief. Ce n’est qu’une infime partie de la mythologie gréco-romaine qui captivera certainement les lecteurs passionnés par cette époque de l’histoire mais également de nouveaux lecteurs curieux d’en savoir davantage sur ces mythes fabuleux. Ce premier tome contient également un dossier de 8 pages sur le mythe d’Héraclès/Hercule en fin d’album, réalisé par Luc Ferry qui est le directeur de la publication. Un premier album qui laisse augurer d’une belle série.
SDJ
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KATANGA
- Par asbl-creabulles
- Le 11/04/2017
Scénario: Fabien Nury
Dessin: Sylvain Vallée
Couleurs: Jean Bastide
Editeur: Dargaud
Dépot légal: Mars 2017.
70 pages
Exclu et chassé de sa tribu par son père, le chef Niamwezi, M’Siri va rapidement devenir mercenaire. À la tête d’une bande de guerriers qui l’accompagne, il met à profit diverses occasions de se faire bien voir des personnages influents de l'Ouest africain. Il réussira même à se faire proclamer roi. Mais tenant son royaume d'une main de fer et faisant régner la terreur, il finira assassiné en 1891 par un mercenaire belge mandaté par Léopold II devenu seul propriétaire du territoire grâce à l’action de l’explorateur Henry Morton Stanley. Un demi-siècle plus tard, au cours de la sombre période de la décolonisation, la proclamation de l’indépendance du Congo belge va provoquer un conflit quasi-immédiat avec la province sécessionniste du Katanga à propos des territoires miniers qu’ils se disputent. Les nombreux massacres perpétrés justifieront même l'arrivée de "casques bleus" de l'ONU pour protéger les populations civiles. Dans le même temps, Godefroid Munongo, le ministre de l'intérieur d’un Katanga indépendant, et Bernard Forthys, le directeur général de l'Union minière du Haut Katanga (UMHK), chargent leur "conseiller spécial" Armand Orsini d'engager une équipe de mercenaires blancs pour assurer la protection d’une usine de production de cuivre à partir du minerai extrait des mines tant convoitées. Sur place, une surprise de taille les y attend: un certain Charlie leur montre une mallette pleine de diamants d’une valeur de près de 30 millions de dollars qu’il a dérobés au directeur d’une mines de diamants au Kasaï, ce qui pourrait bien changer toute la donne ! Seul problème, la mine se trouve dans une zone sous le contrôle d'une milice tribale aux ordres d'un sorcier nommé Mantefu réputé pour manger ses victimes.
Mon avis: Le récit démarre à toute allure. En quelques pages, y compris un texte introductif en forme de rappel historique, Fabien Nury resitue d’une manière captivante l’histoire du Congo, avant et après son indépendance ainsi que la sécession du Katanga. Le terme mercenaire est très vite évoqué et fait mouche tout de suite. L'Afrique en a souffert et en souffre encore aujourd'hui, et on pourrait penser que les personnages réels évoqués sont partie prenante de ce polar sombre et terrifiant. Heureusement les auteurs ont prévu une mise en garde en début d'album : "Ce récit est une pure fiction mêlant des faits et des personnages ayant réellement existé avec des suppositions et des inventions délibérées". Certains spécialistes reprocheront une vision trop caricaturale et sombre de l’histoire congolaise mais les amateurs ou férus de récits historiques seront impressionnés par ce récit palpitant parfaitement crédible. Cet album largement documenté se déroule sur un rythme soutenu dominé par la violence, les combats, la mort mais aussi la corruption, les pillages, les trahisons.
Au dessin, on retrouve avec plaisir Sylvain Vallée qui a également participé à l’élaboration de la série. Il nous propose un dessin travaillé qui traduit bien la violence du propos. On apprécie l’utilisation de vues utilisant toute la largeur de la page. Nous voici en face d’une fabuleuse galerie de portraits mais heureusement pour nous les nombreux personnages sont bien reconnaissables. Le trait est réaliste et souvent proche de la caricature notamment dans la représentation des "Affreux", comme on a surnommé les mercenaires, ou des Belges. Les auteurs d’"Il était une fois en France" nous surprennent une nouvelle fois par la qualité et l’originalité de leur travail. Jean Bastide comme toujours a fait un très bon travail aux couleurs. Une aventure annoncée en trois tomes dont on attend la suite avec beaucoup d’impatience.
SDJ
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RALENTIR
- Par asbl-creabulles
- Le 09/04/2017
Scénario: Delphine LE LAY
Dessin: Alexis HORELLOU
Couleurs: Alexis HORELLOU
Roman graphique.
Editeur: le Lombard
Nombre de pages: 104
Dépot légal: Mars 2017SYNOPSIS :
David, commercial, vient de recevoir une proposition de promotion. Après une semaine de travail, il prend la route pour rejoindre sa femme et ses enfants pour le week-end. En cours de route, il accepte de faire un bout de chemin avec Emma, une jeune auto-stoppeuse qui ne partage aucune de ses valeurs. Le temps d'un trajet, deux mondes, diamétralement opposés, s’opposent !
Le périple de ce duo, que nous conte habilement et joliment ce roman graphique, sert de prétexte à nous questionner sur la place du travail dans notre société. Le discours des auteurs est sincère et ambitieux. Au fil d’un récit, nous nous laissons convaincre de ralentir notre lecture et de nous poser un instant pour nous interroger sur la modernité de notre monde, ses contraintes et la vie que l’on mène. Ne confondons nous pas aujourd’hui plaisir et bonheur ? Ne serait il pas temps, en effet, de ralentir un peu pour mieux repartir intelligemment et tranquillement vers d’autres alternatives de vie.
Un roman graphique convaincant et sincère dont les dialogues sonnent justes et nous poussent à la remise en question! J’ai beaucoup apprécié les très beaux dessins réalistes et les découpages d’Alexis Horellou. Alexis nous livre, içi, un magnifique et subtil travail de mise en couleur. La palette de couleurs accompagne le récit et sa teneur, évoluant du gris terne de la ville aux couleurs plus chaudes d’ un monde plus tranquille.
MDC