Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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La PLANETE DES SINGES Suprématie
- Par asbl-creabulles
- Le 08/08/2017
De Matt Reeves
Avec Andy Serkis, Woody Harrelson, Steve Zahn plus
Genres Science fiction, Action, Aventure
Nationalité: Américain
Durée: 2h20Ce dernier opus de la Trilogie de la planète des singes est excellent.
Il conclut parfaitement une trilogie qui s'avère brillante dans son ensemble, et qui est peut-être, avec un peu de recul, l'une des sagas cinématographiques de fantastique parmi les plus abouties de cette décennie.
Le propos est fort, le spectacle est intense, la tension est permanente, l'évasion est au rendez-vous. Mais surtout, et c'est ce qui distingue ce film de beaucoup de blockbusters hollywoodiens de ces derniers temps, la forme n'occulte jamais le fond : les effets spéciaux ont atteint un niveau inégalé (chapeau à Weta Workshop pour le rendu des singes) qui est tel qu'il nous fait oublier... la présence d'effet spéciaux !
Le jeu des acteurs transparaît dans chaque expression, dans chaque geste, dans chaque regard des singes animés... Et nous donne à explorer les émotions de César comme rarement on n'avait pu le faire avec un personnage animé. Amour, haine, colère, vengeance, pardon, tolérance, mépris... Toute la palette des émotions "humaines" est là, amenée par une histoire parfaitement construite, avec des personnages très bien caractérisés (y compris un singe plus drôle que la moyenne et qui allège judicieusement l'ambiance parfois)
Le film prend son temps afin de nous permettre de nous regarder en face, dans ce miroir étonnant que sont ces singes... L'antagoniste humain n'en est pas pour autant systématiquement répugnant ou monstrueux, comme dans les opus précédents : au-delà de sa folie apparente, son idéologie a un sens, une logique, le tout servi par un Woody Harrelson dont on ne dira jamais assez que c'est un excellent acteur à qui il faut servir des grands rôles, bien écrits... De fait, au travers lui, le scénario répond astucieusement à cette lancinante question non seulement de comment les signes ont pris le pas sur l'Homme, mais surtout de ce qui a fait de ces hommes du 21e siècle des presque animaux muets dans le film des 60's...
Ce film est un spectacle puissant, un cinéma total qui embrasse de nombreuses références pour les sublimer et les mettre au service de son propos ; parmi ses nombreuses références, la plus évidente est celle d'Apocalypse Now, même si la Jungle est devenue le nord enneigé des Etats-Unis, et le Colonel Kurtz de Coppola n'est plus un poussah informe et moite, mais prend les traits de Harrelson, rasé pour l'occasion.
Enfin, la dernière des élégances de ce film est de disséminer ici et là des références aux films de Schaffner avec Charlton Heston (Nova, la cavalcade à cheval en bord de mer, le lac, le nom du fils de César...), ce qui donne une grande cohérence à ce projet de préquelle et de boucler la boucle d'une manière réellement excellente.
Frédéric Briones
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JUSTICE LEAGUE Récits complets
- Par asbl-creabulles
- Le 30/07/2017
Tome 1: Le retour des Titans
Scénario: Dan Abnett
Dessin : Brett Booth
Couleurs : Carrie Strachan, Andrew Dalhouse
Encrage : Norm Rapmund, Marc Deering
Couverture : Nick Bradshaw et Laura Martin
Dépot légal : Mai 2017
Editeur : Urban Comics
Collection : DC Presse
Nombre de pages: 140
Contient "Titans: Rebirth (2016)" #1 + "Titans (2016)" #1-6.Wally West (Flash ou Kid Flash des Titans) est revenu du fin fond de la force véloce dont il était prisonnier depuis près de 10 ans. Mais, il doit encore trouver quelqu'un qui se souvienne de lui, seule possibilité pour lui de demeurer dans la réalité du temps présent, dans notre espace-temps. Barry Allen (le Flash de la JLA) est celui qui va se souvenir de Wally et qui, du coup, va le sauver. Mais un danger plane sur notre réalité, et c'est tout naturellement vers les Titans – Donna Troy, Arsenal, Garth, Lilith et l’ancien Robin devenu Nightwing – que Wally West va se rapprocher pour leur demander de l’aide. Mais ceux-ci n’ont plus aucun souvenir de lui. Tout a été effacé. Heureusement, la force véloce et ses éclairs vont permettre aux Titans de raviver leurs souvenirs volés, leur permettant ensuite d’affronter celui qui a poussé Wally dans le tourbillon de la force véloce, un magicien fou nommé Abra Kadabra venu d'un futur lointain et assoiffé de reconnaissance mondiale. Ce dernier a même découvert le point faible de Flash – son amour pour Linda Park est la seule chose qui le maintient dans la réalité actuelle même si elle ne l'a jamais rencontré dans sa réalité à elle au cours des dix années où il était retenu dans la force véloce – et il va s’en servir pour y renvoyer Flash, avec l’aide d’une équipe de Titans qu’il va créer de toutes pièces à l’aide de sa magie, une équipe beaucoup plus puissante et totalement soumise à sa volonté d'anéantir Wally West et les vrais Titans.
Mon avis : Pour le retour des Titans chez Urban, il n’y avait pas mieux que Wally West en maillon déclencheur de l’ensemble du DC Rebirth. L'ancien Kid Flash est donc de retour sous la plume de Dan Abnett. Le scénario est plutôt convaincant, même si la fin est quelque peu prévisible, car il vient chambouler tout l'univers DC. Chaque personnage y trouve son rôle. Wally West, apeuré, déstabilisé tout en restant déterminé et plein d’énergie, va devoir se faire accepter non seulement par son ancienne équipe qui l’avait complètement oublié mais également par tout l'univers des super-héros. Trop âgé pour se faire appeler Kid Flash, d’autant qu’un nouveau Kid Flash est arrivé et fait partie des Teen Titans, Wally West va lui aussi prendre le nom de Flash. Plusieurs générations de Flash se côtoient mais deux restent présents chacun dans une équipe des Titans / Teen Titans.
Les dessins de Brett Booth sont parfaits pour ce récit bourré d'énergie et de rebondissements. Les personnages sont fidèles à mes meilleurs souvenirs, c’est-à-dire de toute beauté. Le nouveau costume du héros, à mi-chemin entre celui du Flash connu de tous et le Kid Flash, est très réussi. Les cases s'entrecoupent, se superposent, s'enchaînent avec beaucoup de dynamisme et sans nuire à la lisibilité. Le travail soigné réalisé par Carrie Strachan et Andrew Dalhouse à la mise en couleurs et par Norm Rapmund et Marc Deering à l’encrage met bien en valeur le trait assez fin de Booth. Ce Justice League / Titans est une belle réussite. Malgré tout, en tant que lecteur européen, je me pose la question de savoir ce qu’il en sera chez nous de la nouvelle équipe des Teen Titans, scénarisée par Benjamin Percy et illustrée par Khoi Pham, parue simultanément à celle des Titans aux États-Unis. La maison d’édition Urban aurait-elle boudé cette série parallèle regroupant Damian/Robin, Raven, Starfire et Changeling accompagnés des nouveaux Kid Flash et du nouveau Aqualad ? Cet album vient confirmer que DC Rebirth est une nouvelle approche des auteurs visant à nous faire découvrir de nouvelles aventures qui sont tout à fait accessibles à un nouveau lectorat, sous réserve peut-être d’avoir au préalable parcouru et assimilé l’album DC Rebirth (voir ici).
SDJ
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DUNKERQUE
- Par asbl-creabulles
- Le 27/07/2017
DUNKERQUE (DUNKIRK)
Fikm de: Christopher Nolan
Acteurs: : Fionn Whitehead, Cillian Murphy, Tom Hardy, Harry Styles, Mark Rylance, Kenneth Branagh, Tom Glynn-Carney, Jack Lowden, James d’Arcy
Genre : Guerre, Action, Drame, Film historique
Durée : 1h47
Date de sortie : 19 juillet 2017
Étonnante expérience que celle de ce film : faire d'une déroute un moment poignant, épique et finalement "positif" (pour la suite de la guerre). Raconter d'une manière originale une histoire peu connue... Faire un film de guerre immersif, mais en se démarquant des très forts (et violents) "Il faut sauver le Soldat Ryan" de S. Spielberg ou dernièrement "Tu ne tueras point" de M. Gibson qui sont, selon moi, des références absolues de films de guerre (avec Platoon et Apocalypse Now).ET je dois avouer que Christopher Nolan réussit son pari et en fait même un tour de force: une image au plus près des visages et des émotions, des cadres grandioses magnifiés par le format IMAX, une tension permanente amenée par l'action et les silences plutôt que par de longs dialogues explicatifs... C'est pour moi un point fort du film: c'est un film taiseux qui traduit les pensées et les émotions en actes visibles et conséquents. On comprend ce que l'on voit, on devine les pensées et les décisions derrière chaque acte, on se projette donc dans ces pensées, dans ces peurs et dans les pulsions des personnages. C'est un cinéma empathique et viscéral que nous propose C. Nolan. Au-delà de la rigueur et du réalisme global du film, c'est bien l'expérience de 3-4 personnages que Nolan cherche à nous faire partager. Il tord le temps et l'espace de sorte à réunir le micro et le macrocosme, de resynchroniser des séquences distinctes et linéaires pour donner de la complétude de points de vues sur une action. La forme mène au fond, mais il faut accepter de se laisser faire, d'être dérangé, d'être perturbé... ce qui n'est pas toujours évident.
Pour moi, un très grand film... mais tout le monde ne pourra pas l’apprécier ainsi.
Frédéric Briones
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SPIDER-MAN Homecoming, le film
- Par asbl-creabulles
- Le 24/07/2017
Spider-Man Homecoming
De Jon Watts
Avec Tom Holland, Michael Keaton, Robert Downey Jr. ...
Genres Action, Aventure
Date de sortie 12 juillet 2017 (2h 14min)Que dire de "Spider-Man : Homecoming" ?
Qu'enfin, l'adolescent chouchou des marvelophiles rentre à la maison et s'intègre assez bien dans le MCU* construit sans lui jusqu'alors...
Qu'il le fait avec panache, efficacité et avec une personnalité propre à l'écran, ce qui lui permettra de se développer sans problème dans les canons du Spiderman des origines comme dans l'univers cinématographique développé depuis 10 ans par les studios Marvel.
Pour ce qui est du film en lui-même, il allie rythme, légèreté, fun, action explosive (qui manque parfois un peu de lisibilité) et développement du personnage de l'adolescent tout feu tout flamme et un peu inconséquent, incompris, léger...
Et c'est là, selon moi, l'une des vraies bonnes idées du film : en faire un adolescent inscrit dans un monde de jeunes et non dans une vie d'adulte, trop mûr et responsable, mélancolique et écrasé par le poids de ses erreurs...
On nous épargne aussi la scène des origines et du drame de l'oncle Ben, une autre bonne idée qui permet au film de rester léger et fun. Le film pioche dans le répertoire des "soaps" pour ado, des séries comme Glee ou autres "How I Met Your Mother" … C'est pop, c'est fun et c'est geek...
Cela colle bien avec une envie de régénérer la franchise. Ce sera peut-être aussi son écueil narratif : le rythme ping-pong, les répliques splasticks et les références geek, les gimmicks de comédies étudiants ou de serials conviennent pour des apparitions journalières ou hebdomadaires voire mensuelles des séries TV ou des comics; pour un film hollywoodien ou une franchise qui sortira une aventure tous les 2-3 ans, ce sera plus compliqué de maintenir ce ressort vivant et nécessitera sans doute des évolutions régulières et rapides...
Les acteurs sont bons, le méchant est intéressant, les scènes d'actions sont efficaces et juste assez nombreuses pour qu'on suive autant Peter que Spidey... Mickael Keaton est très bien en Vautour... Les présences de Tony Stark et de Happy Hogan sont excellentes et cohérentes, la séquence d'intro filmée avec le téléphone portable de Peter donne un angle de vue original sur les premières expériences de Peter au sein des Avengers tout en étant fun et très "dans l'air du temps".
Ce qui me fait plafonner ma note à 4/5 tient en quelques éléments :
- la lisibilité de certaines scènes d'action ;
- la caractérisation de certains personnages secondaires un peu légère (l'agent Hoag, Shocker...) ;
- la BO quelconque et un peu pompier (mais je ne suis pas fan de Giacchino) ;
- la (dernière) séquence post générique qui nécessite vraiment beaucoup mais alors beaucoup d'humour pour qu'on ne se sente pas victime d'une farce pitoyable...Mais globalement, un très bon pop-corn movie (et c'est un compliment chez moi), très cohérent avec le MCU*, dans la veine fun de AntMan, Dr Strange, ou des Gardiens, qui respecte l'oeuvre et les fans, et qui fait rentrer Spider-Man à la maison avec la Manière...
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* Marvel Cinematic Universe ou Univers cinématographique Marvel en français
Frédéric Briones.
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DOCTOR STRANGE
- Par asbl-creabulles
- Le 21/07/2017
Du sang dans l'éther
Scénario: Jason Aaron
Dessin: Chris Bachalo, Kevin Nowlan, Jorge Fornes, Leanardo Romero et Cory Smith
Encrage: Chris Bachalo, Kevin Nowlan, Jorge Fornes, Leanardo Romero, Tom Townsend, Al Vey, John Livesay, Victor Olazaba, Richard Griend, Wayne Faucher et Cory Smith
Couleurs: Chris Bachalo, Java Tartaglia, Antonio Fabela, Kevin Nowlan et Jordie Bellaire
Editeur: Panini France
Nombre de pages: 120
Dépot légal: Juillet 2017Depuis qu'Empirikul a effacé toute trace de magie dans les différentes dimensions qu’il a parcourues l’une après l’autre, le Dr Strange et ses collègues magiciens ont bien du mal à sauver le peu qu’il en reste. Les grimoires du sorcier suprême contenant ses formules magiques ne fonctionnent plus, toute sa connaissance passée de la magie ne sert plus à rien. Il doit tout réinventer, réécrire et recréer chaque sortilège et s’efforcer de retrouver avec l'aide de la Sorcière Rouge et de Wong la moindre parcelle de terre qui pourrait encore contenir de la magie ou le moindre artéfact car il en aura besoin pour se préparer à faire face à toute nouvelle menace. Il doit encore affronter Mister Misery, cette créature qui emmagasinait à sa place toute la souffrance et la douleur provoquées par les sorts que Strange utilisait. Avec si peu de magie ou d'armes magiques disponibles, il va de soi que les ennemis de Strange, notamment le Baron Mordo, Cauchemar, Satana la fille du diable, l'Orbe et enfin Dormamu vont en profiter pour régler leurs comptes avec lui. L’un après l’autre, ils vont tous affronter le sorcier suprême.
Mon avis : Suite des aventures du Dr Strange dans ses efforts pour sauver la magie sur la Terre. Il passe du coq à l'âne ou plutôt du baron Mordo à Dormamu sans relâche, sans un seul instant de répit. Les rebondissements s'enchaînent à grande vitesse et d’une manière très originale. Au scénario, Jason Aaron ne le laisse pas respirer une seconde et le résultat est plutôt jouissif. On finirait même par se demander si ce n'est pas seulement Strange qui est privé de magie quand on voit tous ceux qui en détiennent encore et qui l'attaquent sans cesse. Ou alors, leur magie manque de puissance et d’efficacité pour provoquer aussi peu de dégâts !
Les dessins efficaces de Chris Bachalo, Kevin Nowlan, Jorge Fornes, Leanardo Romero et Cory Smith épaulés par une kyrielle d'encreurs et de coloristes font de ce tome 3 un album particulièrement impressionnant. Le mélange des styles y compris sur un même épisode peut sembler parfois un peu dérangeant mais au final on en retient une aventure puissante. Certaines cases resteront même ancrées dans notre mémoire. Car cet album contient de véritables bijoux, non pas en matière de magie mais de dessins et d'illustrations. Les couleurs jouent un rôle important car sans elles, la magie s’imposerait d’une manière peut-être moins marquante. Un album qu’il faut avoir lu tant pour son scénario énergique que pour ses planches tout aussi dynamiques. Couvertures variantes en fin d'album.
SDJ
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URBAN 4
- Par asbl-creabulles
- Le 20/07/2017
Tome 4: Enquête Immobile
Scénario: Luc Brunschwig
Dessin: Roberto Ricci
Couleurs: Roberto Ricci et Manolo Linares
Editeur: Futuropolis
Dépot légal: juin 2017
Nombre de pages: 62Véritable cité du plaisir où tous les désirs et fantasmes sont à portée de main, Monplaisir inventée et imaginée par l’ingénieur en robotique Springy Fool cache bien des secrets. Mais lorsque des "terroristes" mettent en péril la rentabilité de cet immense parc d’attraction, rien ne va plus. L'assemblée des administrateurs réclame d’urgence l’intervention d’une équipe d'enquêteurs qualifiés et compétents car les investigations menées par Springy Fool ne semblent pas porter leurs fruits et manquent visiblement d’impartialité. Nouveau venu au sein de la brigade des Urban Interceptors, Zachary Buzz pourtant le seul qui semble s'y consacrer de manière sérieuse se retrouve assigné à résidence dans son appartement sous prétexte d’avoir publiquement tenu tête et désobéi à Springy Fool. Malgré son jeune âge et son manque d'expérience, il semble pourtant être l'homme de la situation. Bravant sa mise à l’écart, il va ainsi déjouer toutes les interdictions de poursuivre son enquête et mettre à profit son droit d’accès aux archives de Monplaisir, en particulier aux vidéos. Comprendre la mort de Niels Colton va vite devenir une obsession. Il va donc visionner depuis les premières vidéos de Niels enregistrées par A.L.I.C.E., le système d’exploitation du parc, et découvrir que la mère de Niels apparaît de plus en plus comme la clé de bien des questions.
Mon avis: Avec l’arrivée du tome 4 ("Enquête immobile") de la série Urban, Luc Brunschwig nous revient en force après son passage sur XIII Mystery tome 11 (Jonathan Fly) et la fin tant attendue de la Mémoire dans les poches. On aura attendu trois ans pour suivre les aventures de cette citadelle du plaisir, "le dernier endroit où ça rigole dans la galaxie" et cela en vaut vraiment la peine. En fait on ne rigole plus trop à Monplaisir où se déroule désormais une enquête bien sombre sur le meurtre de Niels Colton. Luc Brunschwig lève le voile sur les débuts de la cité en 2046 pour revenir en 2056 au moment de l'enquête. On remonte le temps grâce à Zach Buzz qui dispose d’un accès aux archives pour découvrir les débuts de Springy Fools, cet homme de génie qui avait, avouons-le, de gros problèmes avec la gente féminine, mais aussi la naissance de Niels Colton aujourd’hui "disparu". Par flashbacks successifs et bien ordonnés, Luc Brunswig nous permet d’en apprendre beaucoup sur Monplaisir et ses héros, sans toutefois nous apporter toutes les réponses attendues. Si on reste un peu sur notre faim, force est de constater que Luc Brunschwig maîtrise parfaitement le sujet et sait comment nous faire languir, avec plaisir. Car c’est dans un style jubilatoire qu’il nous tient en haleine de bout en bout. Les faits se suivent et ne se ressemblent pas, son scénario tient la route d’une manière plutôt saisissante et bluffante.
Les dessins de Roberto Ricci sont tout simplement de toute beauté. Les personnages deviennent de plus en plus familiers et succulents au fur et à mesure qu’on les "côtoie" au fil des pages, au point qu’on va regretter de devoir les quitter dans le prochain et dernier album de la série. Springy Fool, Mr Membertou, Madame Colton et bien d’autres personnages secondaires sont tous charismatiques. Roberto Ricci est en symbiose avec le scénariste pour nous offrir un nouveau tome de toute beauté, tant dans les scènes drôles ou émouvantes que dans des situations plus dures. Et la mise en couleurs de Manolo Linares est réellement exceptionnelle par l’utilisation de divers tons et nuances apportant clarté et lisibilité au récit dans le respect du travail du dessinateur. Un bel album qui justifie amplement que cette série devienne également un incontournable de la BD comme "Le pouvoir des innocents" ou "La mémoire dans les poches".
SDJ
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L'ÉTÉ EN PENTE DOUCE
- Par asbl-creabulles
- Le 19/07/2017
Scénario : Pierre Pelot
Dessin : Jean-Christophe Chauzy
Couleurs : Jean-Christophe Chauzy.
Dépot légal : juin 2017
Editeur : Fluide Glacial
Nombre de pages : 104C'est l'été, chaud, très chaud, trop ! Stéphane Leheurt, dit Fane, achète ou plutôt rachète à un compagnon de beuveries, Lilas, pour quelques billets, un pack de bières... et un lapin congelé volé au supermarché. Lilas, belle plante, moins sotte qu'il n'y paraît, mais bien paumée, quitte le HLM où ils étaient voisins pour le rejoindre dans la maison dont il vient d'hériter. La maman de Fane est morte, il l'a appris dans le journal. Dans leur petite maison avec jardinet, entouré des garages Voke, il retrouve son aîné, Maurice, dit Mo, "dont les cases se sont emmêlées" suite à un accident dramatique et une trépanation qui lui a laissé de lourdes séquelles. Lilas rêve d'un bonheur simple, une maison, un jardin, des enfants.... Mais voilà, il fait chaud, très chaud, trop, l'environnement, les voisins, leurs convoitises, la poisse, les personnalités fragiles vont en décider autrement, et l'été glissera en pente douce jusqu'au chaos final.
Mon avis :
Ce fut un roman de Pierre Pelot en 1980, un film en 1987 avec la regrettée Pauline Lafont, une pièce de théâtre aussi et aujourd'hui une bande dessinée de fort belle facture. S'il y a de la chaleur, qui transpire de partout au travers des pages, il y a aussi une magnifique lumière, rendue par le dessin, je risquerais à écrire impressionniste, de Jean-Christophe Chauzy. Et puis il y a des personnages, tous plus paumés les uns que les autres, qui espèrent, qui rêvent, qui convoitent, qui essayent d'aimer, qui ont des pulsions et qui boivent pour calmer une soif inextinguible, et qui manipulent et qui vont tout doucement, mais sûrement, glisser vers la tragédie. C'est très lent, c'est très trash, mais c'est très beau.Il existe deux versions : l'une chez Fluide Glacial, l'autre chez Canal BD. J'ai opté pour la seconde. Elle est agrémentée d'une interview des deux auteurs et chose assez originale pour le souligner, une interview des personnages !! Elle est gratifiée également d'un hors-texte, un ex-libris numéroté (sur 1200 exemplaires) et signé par Chauzy.
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L'HOMME QUI N'AIMAIT PAS LES ARMES A FEU
- Par asbl-creabulles
- Le 19/07/2017
Tome 4/4. La loi du plus fort
Scénario: Wilfrid Lupano
Dessin: Paul Salomone
Couleur: Simon Champelovier
Editeur: Delcourt
Nombre de pages: 64
Dépot légal: juin 2017.Début du XXe siècle. C'est à Washington DC que tout semble converger, qu’il s’agisse de l'avenir des territoires navajos, de la légalisation des armes à feu, du droit pour chacun de pouvoir se défendre et du même coup de posséder une arme. L'avocat Byron Peck, Knut Hoggaard ainsi que la belle Margot de Garine vont devoir changer leur fusil d'épaule, car à Washington tout se joue avec des signatures, de l'argent, beaucoup d'argent, les lobbyistes étant prêts et n’hésitant pas à tout faire pour s'imposer par tous les moyens. En un mot, c’est la finance qui fait la loi ! Et ici, c'est le "stock ticker" qui décide de qui gardera sa fortune ou la perdra, n'ayant comme langage qu’un tic tic bien plus rapide et efficace que toute arme à feu pour annoncer les derniers cours de bourse. Quel rôle déterminant va donc jouer chacun des acteurs de cette révolution à l’origine de la transformation des États-Unis et qui donc va s'approprier les lettres échangées entre James Madison et Thomas Jefferson pour tenter de changer le cours de l'histoire en matière de législation sur les armes à feu aux USA ?
Mon avis: Vous pensiez connaître l'histoire des États-Unis d'Amérique ? Grâce à Wilfrid Lupano vous allez en découvrir une nouvelle version. Globalement un rien moins drôle que les albums précédents, même si on imagine bien le climat qui devait régner à l'époque et la rapidité avec laquelle une affaire pouvait se jouer. Far West était plutôt synonyme de Wild West. Avec ce dernier tome, Byron Peck et Knut Hoggaard vont avoir affaire pour la dernière fois à Margot de Garine et le territoire navajo risque bien de passer entre de très mauvaises mains. Des territoires indiens bradés, des armes à profusion, des trahisons à volonté, un choc des cultures, une fierté bien ou mal placée, tout se concentre dans ce dernier album. Une chose est sûre, tout le monde apprend de ses erreurs et la fin de la série risque bien d'en surprendre plus d'un.
Les dessins de Paul Salomone nous font voyager dans l'Amérique des plaines, des saloons, des indiens, des cow-boys, des colts, etc. On sent bien qu'il s'amuse, qu'il prend son temps pour nous faire vivre cette aventure épique où tous les coups sont permis. Ses personnages presque caricaturaux, des visages expressifs, des décors réalistes dignes des meilleurs westerns, des cases énergiques, posées ou plus tendres vont nous faire regretter, à coup sûr, que c'est déjà le dernier tome. Sans oublier le travail remarquable de Simon Champelovier qui réussit à donner encore plus de consistance aux personnages ou aux décors et à rendre ces pages encore plus belles et plus claires.
SDJ