Chroniques

# 3 Aquaman: Inondation
Scénario: Dan Abnett 
Dessin: Philippe Briones, Scot Eaton, Oscar Jimenez, Brad Walker 
Couleurs: Gabe Eltaeb 
Editeur: presse
Dépot légal: Octobre 2017
Nombre de pages: 160

Arthur Curry, roi de l'Atlantide surnommé Aquaman, a décidé d'ouvrir une ambassade atlante sur la terre ferme, plus précisément sur les côtes du Massachussetts. Cette ambassade, de son vrai nom "Station Embruns" (Spindrift Station), a pour mission d’améliorer les relations entre la surface et le royaume de la mer en rapprochant les deux peuples, les Atlantes et les habitants de la terre ferme. Mais à peine a-t-elle été inaugurée qu’Aquaman doit faire face à Déluge et ses troupes, une cellule terroriste atlante férocement xénophobe, qui a décidé de brûler les habitants de la côte. Un autre ennemi, Black Manta, fait également sa réapparition déguisé en journaliste du Daily Planet, bien décidé à se débarrasser d'Arthur Curry pour venger son père. Il réussira à faire exploser une bombe qui en ouvrant une brèche dans le compartiment aquatique va inonder le bâtiment, anéantissant l’espoir qu'avait le monarque de rassembler les peuples. Alors que Black Manta est secrètement approché par une mystérieuse organisation appelée N.E.M.O., Aquaman est arrêté pour crime contre les Etats-Unis alors qu’il se rendait à la Maison Blanche pour parler au Président. En effet, Atlantide aurait revendiqué la récente attaque contre un navire de l’US Navy, l'USS Pontchartrain.

Mon avis: Nouveau départ pour Aquaman, présent depuis 1941 et membre de la JLA à partir de 1960. Perçu par la plupart des lecteurs comme un personnage plutôt secondaire, il est pourtant l’un des plus intéressants. En sa qualité de Roi de l'Atlantide, il se doit d'inspirer le respect, d’être prudent et réfléchi avant toute action et doit assumer la méfiance du peuple de la terre ferme. Le voici donc reparti pour de nouvelles aventures qui commencent sur les chapeaux de roue. Pleine de bonnes intentions, son incursion à la surface pour lancer son ambassade, va s’avérer désastreuse. Et le pire c'est que ses plus gros ennuis viendront de ses propres rangs – du peuple atlante – et qu’ils lui vaudront une incarcération en bonne et due forme. Dan Abnett est seul à bord pour ces premiers épisodes dans lesquels le calme souverain d'Aquaman est mis à dure épreuve jusqu'à la confrontation avec un autre justicier de taille! 

On appréciera les dessins tout à fait convaincants et adaptés aux deux ambiances du récit réalisés par Scot Eaton, Oscar Jimenez, Brad Walker et notre dessinateur français préféré et ami, Philippe Briones, qui a fait un travail hors pair et que l’on a toujours grand plaisir à retrouver. Son trait est net et son dessin toujours aussi riche en action, en décors, avec un découpage à couper le souffle. On ressent une certaine frustration en constatant que l'affrontement final a été confié à Brad Walker. Certes, le résultat est très bon, mais pourquoi ne pas laisser un si bon dessinateur français, qui encre lui-même ses planches et réalise trois épisodes de suite, terminer l’album alors que Brad Walker ne s’est chargé "que" de l'épisode #1 de la nouvelle série ? 

Soyons honnête, l’ensemble est superbe, les pages magnifiques avec de multiples scènes d’action sur terre et des scènes aquatiques très réussies,  dessin comme couleurs. Un album DC Rebirth qui relance de belle manière le souverain des mers.

SDJ

Des papillons dans la bruine.
Scénario: Raule
Dessin: Gabor
Couleurs: Gabor 
Editeur:
Dépot légal: Septembre 2017
Nombre de pages: 48

À peine ont-ils vaincu les fomoires – à la fois demi-dieux et monstres redoutables – sur la colline sacrée de Tara que les alliés d’un jour voient tomber du ciel des anges armés qui ne leur laissent guère de choix : se convertir au christianisme ou mourir. Mais le roi des Celtes ne peut se résoudre à s'incliner et s’agenouiller devant quiconque, surtout après la bataille contre les fomoires. Et quand l’alliance vole en éclats, ils redeviennent tous des ennemis prêts à s’affronter. Les Celtes se retrouvent de nouveau seuls face à leurs adversaires. C’est Isabellae et la magie qui vont les sauver. En effet, celle qui avait donné son sang et sa vie pour la liberté des Celtes en défendant la terre d’Ériu contre les fomoires vient d’être ressuscitée par les dieux de la lumière, ainsi que sa sœur Siuko et leur père. Ensemble, grâce à leur courage et un peu à la magie, ils comptent bien remettre un peu d'ordre et recouvrer leur liberté. Mais vont-ils y parvenir car les anges et leurs ennemis de toujours sont présents en très grand nombre ?

Mon avis: Avec cet album, voici la bataille finale du second et dernier cycle de la série Isabellae. La résurrection d'Isabellae n’est pas la seule surprise qui attend les lecteurs. Je ne peux en dire davantage au risque de trop en dévoiler. L'épée d'Isabellae va la conduire bien au-delà de nos espérances. Raule a habilement ménagé le suspense mais l'attente en valait la peine. Guerre médiévale, magie, religions, trahisons, sacrifices et autres métamorphoses sont au rendez-vous de ce sixième (oui, déjà sixième) tome.

Gabor nous plonge dans cette épopée grâce à un dessin centré sur l'action. Cette bataille finale a été l’occasion pour lui de donner libre cours à un découpage audacieux mêlant bandes, pleines pages, petites et grandes cases. Beaucoup de scènes de batailles et une action omniprésente, avec peu de décors puisque tout ou presque se passe la nuit. N’y voyez pas une critique de ma part car les personnages sont bien présents là où il faut pour embellir les illustrations. D’ailleurs, une fois le calme revenu, on retrouve de beaux décors. L’énergie se ressent dans les illustrations jusqu'à la dernière case pour un final de toute beauté. Cette série entamée en 2013 dans le Japon médiéval, ensuite poursuivie en terre celtique d’Irlande est bel et bien terminée. En attendant une éventuelle nouveauté avec Gabor au dessin, les amateurs de Raule pourront le retrouver au scénario du tome 6 de Jazz Maynard, une autre série également recommandée.

SDJ

(Kenya - Saison 3) - Épisode 2 
Scénario : Leo, Rodolphe 
Dessin : Marchal 
Couleurs : Bouët 
Parution le 25/08/2017
Editeur : Dargaud

1949 - Kathy Austin est envoyée par le MI6 pour comprendre ce qui se passe en pleine forêt amazonienne, où aurait été aperçue une créature aux pouvoirs inquiétants. Des clichés, retrouvés sur le cadavre d'un photographe et transmis au consul anglais de Manaus, révèlent en effet la silhouette d'un être immense, au physique presque inhumain. S'agit-il, une nouvelle fois, d'une manifestation extraterrestre ? (voir les saisons Kenya et Namibia) Un double du cliché tiré par le photographe de Manaus tombe aux mains d’une communauté germanique installée au Brésil. Ces derniers se mobilisent et semblent en savoir long sur le sujet. Dans le second tome, à l'intrigue principale de quête au surnaturel, se greffe un élément complémentaire, un voyage entrepris, dans les Carpates roumaines, deux ans plus tôt par deux étranges membres de la Bram Stoker Society.

Après les saisons Kenya et Namibia, le duo Rodolphe et Léo envoie Kathy Austin du MI6 en Amazonie pour de nouvelles aventures surnaturelles. Aux pinceaux, le dessinateur Bertrand Marchal impose une nouvelle fois, son style et sa mise en page fluide.

Mon avis : J'ai adoré le consul et son langage fleuri, la diva allemande chantant Faust (l'air des bijoux) en pleine jungle et le lubrique révérend Laughton. C'est de la très bonne BD d'aventures, un brin parodique des récits populaires, bien documentée et surtout imaginative ! Un scénario bien ficelé, des dialogues qui sonnent justes, des personnages tout en nuance, de l'aventure... Que demander de plus ?

MDC

Tome 3, cycle 2: La jeune captive
Scénario : Raule
Dessin : Juan Luis Landa
Couleurs : Juan Luis Landa
Dépot légal : Octobre 2017
Editeur : Dargaud
Nombre de planches :46

Ayant ressenti le besoin de mieux connaître ses origines, Arthus interroge Nostradamus au sujet de sa grand-mère qui a été brûlée vive sur un bûcher afin de savoir si elle était réellement une sorcière. Nostradamus lui parle alors de sa rencontre avec sa mère, Auria Larrondoa, à Burgui en Navarre. Elle était atteinte non pas de la fièvre noire comme tout le monde le pensait mais de la maladie du feu de Saint-Antoine. Aux portes de la mort, quasiment à l’agonie, elle avait demandé à Nostradamus – à l’époque Michel de Notre-Dame – de prendre soin de son fils Arthus. Elle avait même raconté leur histoire à cet homme qui lui était pourtant inconnu sans toutefois lui dire qui était le père d’Arthus. La conversation entre Arthus et Nostradamus est soudain interrompue par César, le fils aîné de Nostradamus, qui tient une lettre évoquant une pluie de sang à Cucuron. Angélique et Angulus étant à Paris pour résoudre la disparition d'une gamine nommée Gabrielle, Nostradamus confie César à Arthus pour cette mission à Cucuron qui semble sans risque afin qu’il apprenne son travail sur le terrain. En réalité, ces deux missions qui semblaient anodines au départ vont s’avérer bien plus complexes à mesure que les enquêtes progressent, en révélant le rôle joué par Antoine Caron soupçonné d’être le principal suspect dans l’affaire de la disparition de la gamine. 

Mon avis: Dans ce nouvel opus, les personnages s’étoffent et l’on en apprend un peu plus sur le passé de chacun, à commencer par Arthus et Nostradamus. Raule passe d'une enquête à l'autre, d'une révélation à l'autre avec brio, donnant de la profondeur aux personnages et, du coup, nous donnant l'envie d'en savoir encore davantage. L’intrigue est rondement menée, sur des dialogues que l’on sent travaillés jusqu’au moindre détail, sans oublier cette alternance entre réel et fantastique gérée avec beaucoup de savoir-faire. Côté dessin, que dire sinon que tout est superbe, tant les personnages, leurs costumes, leurs postures que les décors qui sont grandioses et somptueux. 
Juan Luis Landa nous régale vraiment. On apprécie plusieurs doubles pages à couper le souffle et un traitement spécifique des scènes fantastiques qui assure une facilité de compréhension. On retrouve la même qualité pour les couleurs qui donnent un aspect presque mystique à certaines scènes et plus généralement une belle profondeur aux images en faisant ressortir les personnages avec habileté. Ce deuxième cycle de qualité vient confirmer le talent des auteurs et promet d'être à la hauteur de nos attentes.

SDJ

Tome 3: Sous les larmes sacrées de Nyabarongo
Scénario : Richard Marazano
Dessin : Marcelo Frusin 
Couleurs : Marcelo Frusin
Dépot légal :Septembre 2017
Editeur : Dargaud
Nombre de planches :54

Marcus Livius n'a plus aucun souvenir des deux dernières années de sa vie durant lesquelles, comme le lui a confirmé le légionnaire Publius, il est resté inconscient, plongé dans un profond sommeil. Il ne se rappelle pas comment il est revenu à la vie après avoir été empoisonné par les démons Umuzimus de la Reine Galleila. Pendant ces deux années, son ami Tiberius, dont la magie a toujours été respectée de tous, a opéré une totale transformation. Quand celui-ci lui apprend que la reine cherche un roi digne de ce nom, Marcus est prêt à tout pour conquérir un trône qui lui semble tout à coup à portée de main. Même si le rituel pour y parvenir exige d’affronter un lion à mains nues, Marcus contre toute attente est persuadé qu’il en est capable. Mais pour cela, il a besoin de savoir sur qui il pourra compter. Il va donc rencontrer chaque soldat pour rassembler ses troupes. Son plan est en marche, mais va-t-il réussir à le concrétiser?

Mon avis: L’expédition se poursuit tout au long d’un récit qui nous tient en haleine très habilement et multiplie les rebondissements. Si le fil rouge est bien présent, le scénario confirme la maîtrise de Richard Marazano pour piloter l’intrigue depuis 2012 au moyen de flashs-back et/ou d’indices destinés au lecteur. Les dessins de Marcelo Frusin sont très efficaces, plus légers que précédemment, presque épurés, et allant davantage à l'essentiel. L'encrage est impressionnant, notamment sur les visages qui expriment de manière forte la colère ou parfois même la folie. Du coup, l'intrigue et la tension sont parfaitement rendues. Les couleurs accentuent encore l’impression d'espace, de relief diront certains. Un troisième tome qui maintient le mystère sur Marcus Livius au cœur de cette expédition en Afrique dont on connaîtra la conclusion dans le prochain tome.

SDJ

Voir nos autres chroniques de L'expédition

Tome 1: Plus fort que Batman
Scénario : Tim Seeley
Dessin : Yanick Paquette et Javi Fernandez
Couleurs : Nathan Fairbairn et Chris Sotomayor
Dépot légal : Septembre 2017
Editeur: Urban Comics
Collection : DC Rebirth
Format: comics
Nombre de planches :168

De retour à Gotham, Dick Grayson est passé voir Batman et son fils Damian, le nouveau Robin, ainsi que Batgirl. Il leur annonce qu'il a décidé de reprendre son identité de Nightwing. En effet, pour sauver Damian en danger de mort depuis que le Parlement des Hiboux lui a implanté une bombe miniaturisée dans le cerveau, Nightwing se déclare prêt à entrer au service des Hiboux pour trouver une solution au problème. Entre-temps, c'est chez Midnighter et le Jardinier qu'il va trouver la meilleure solution sous la forme d’un "extracteur resynthétiseur" qui retirera la bombe du cerveau de Damian tout en faisant croire aux Hiboux qu'elle est toujours en place et que lui, Nightwing, est toujours à leurs ordres par crainte qu’ils ne l’activent s’il ne se soumet pas. Mais c’était sans compter avec le fait que le parlement n'est pas très satisfait du travail de Nightwing et qu’il a décidé de lui adjoindre un partenaire hors-la-loi qui désormais va l'accompagner et le remettre dans la bonne direction. 

Mon avis: Attendu depuis un certain temps déjà, le retour de Nightwing est une bonne nouvelle. Sa période "Dick Grayson" n’a pas vraiment convaincu et s’est révélée sans intérêt, en tout cas peu crédible de mon point de vue. Voici donc un nouveau départ, qui n'en n'est pas vraiment un même s’il s'appelle "Rebirth", et on va faire semblant d’y croire. Car une nouvelle fois, Nightwing est peu convaincant. Il ne cesse de recevoir des coups alors qu'il est censé être plus fort et plus déterminé que son mentor, à savoir Batman en personne ! Il reste encore du chemin à faire pour nous proposer un héros à la hauteur de sa réputation. Petite consolation avec les derniers épisodes qui sauvent les meubles et l’arrivée d’un nouveau venu assez intéressant, Raptor, mais c’est peu pour un "rebirth". 
Heureusement, coté dessin, l’ensemble est à la hauteur avec de belles scènes d'action et une superbe mise en page à l'américaine grâce au talent de Javi Fernandez et Yannick Paquette. Nathan Fairbairn et Chris Satomayor donnent du volume et de l'énergie à des dessins déjà bien construits grâce à une mise en couleur soignée et travaillée. Espérons que le prochain tome sera meilleur et correspondra davantage à ce qu’on attend d’un héros de cette trempe.

SDJ

Blade Runner 2049
Un film de Denis Villeneuve
Avec Ryan Gosling, Harrison Ford, Jared Leto
Genres Science fiction, Thriller
Nationalité Américain
Date de sortie 4 octobre 2017 
Durée: 2h 44min

Tout simplement, je ne mets pas 5 étoiles, pour deux minuscules défauts dont l'un est intrinsèquement "insurmontable":
- quelques longueurs (qui sont autant de belles images et d'ambiance)
- la beauté incomparable de la fin de Roy Batty dans le Blade Runner de 82 de Ridley Scott qui manque à ce film-là, et pour cause, elle est la quintessence du précédent (là, vous reconnaîtrez que c'est un "défaut" tout à fait excusable).

A part ces deux (petits) points, ce film se révèle d'une splendeur, d'une densité, d'une substance, d'un intérêt scénaristique et philosophique à la hauteur de son modèle.

Rarement suis-je aussi satisfait d'une suite: le réalisateur, les acteurs, les effets spéciaux, les décors, la musique ... tout concourt à faire de cette séquelle une grande réussite.

Je n'en dirais pas beaucoup plus de peur de vous spoiler, sinon que je vous invite fortement à visiter ce film de SF différent, intelligent, lent, sensible, beau, grave, profond, esthétique, dense, lourd, puissant, humain.

Frédéric Briones

Film de Christian Carion
Avec Guillaume Canet, Mélanie Laurent, Olivier De Benoist 
Genre Thriller
Nationalité Français
Date de sortie 20 septembre 2017 
Durée: 1h 24min

Loin d'être parfait, ce film n'en est pas moins une pépite de thriller noir, une expérience viscérale prenante et vibrante, portée par un Guillaume Canet qui livre une performance étonnante de justesse et d'authenticité, toute en tension et à fleur de peau. 

On pense inévitablement à Prisoners. Il y a pire comme référence pour un film de genre...
La prise de risque d'une mise en scène en caméra à l'épaule qui suit un acteur qui improvise devant la caméra, loin d'être brouillonne, ajoute au côté "sur le vif" et à la tension de cette descente dans l'enfer d'un enlèvement d'enfant. 

Une expérience très forte qui fatigue et stresse le spectateur empathique. 
Pour ma part, je prends.

Frédéric Briones