Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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Palmarès des films 2017
- Par asbl-creabulles
- Le 31/12/2017
La passion du cinéma qui m’anime me pousse à voir beaucoup de films, le plus souvent possible sur grand écran. Dans ce format, on reçoit au mieux le spectacle, on ressent au mieux l’expérience et on s’approche au mieux de l’intention réelle de l’auteur ou tout au moins de l’équipe artistique…
Une année cinématographique en demi-teinte pour moi… Parmi la soixantaine de films vus cette année (la liste complète en fin d’article), certains films, parmi les péloches très attendues ont eu une immense capacité à me décevoir, même si je sais être (très) bon public…
Même si, comme pour tout, il s’agit du goût de chacun, qu’il est difficile voire impossible de discuter, je m’aventure à vous établir ici mon petit palmarès perso de l’année 2017 - que vous n’êtes pas obligé d’approuver, mais qui peut vous aider si vous voulez combler quelques lacunes après vos 6 mois en Amazonie.- Les 3 plus grosses déceptions (comme ça, c’est fait):
Alien Covenant
A cure for life
La Momie (mention spéciale "catastrophe industrielle").- Les 4 "dommage, y’avait tout mais quelque chose a merdé quelque part":
The Circle (intéressant mais a oublié d’avoir un point de vue)
Sleepless (si ça avait été un film des années 90, c’était super)
Atomic Blonde (presque Jason Bourne… presque, seulement)
Gardiens de la galaxie, Vol 2 (script trop light; faut bosser un peu plus, quand on a des personnages pareils, les gars!).Fort heureusement, je passe maintenant dans le mode positif, avec les films qu’il serait dommage que vous ne voyiez pas, si jamais ils vous ont échappé…
- Mes trois "tendus comme un string", parfaits pour une nuit blanche:
Get Out
Split
Que Dios nos perdone (mention spéciale pour la noirceur de ce film très fort, entre Seven et Prisonners).- Mes trois perles noires:
Mon garçon (une performance d’acteur inouïe, en temps réel et où l’acteur principal – Guillaume Canet – ignorait tout du script et devait improviser)
La Mécanique de l’Ombre (cinéma de genre à la française)
Logan (un film de super héros qui n’en est pas tout à fait un, crépusculaire, entre western et road movie).- Les purs moments d’émotions (avec les larmes et tout et tout…):
Au revoir là-haut
Le Brio
Patient
Lion
Wonder.- Le top des films de Super-Héros:
Wonder Woman
Thor Ragnarok
Logan (again).- Les inattendus qui font du bien au ciné qu’on aime:
7 sisters (peu de moyens mais de la bonne anticipation qui nous parle de notre monde)
Happy Birthdead (entre whodunit et slasher, avec une bonne idée en plus et beaucoup de second degré)
Kingsman 2 – Le cercle d’Or (James Bond comme on l’aimait voici un moment)
Quelques minutes après minuit (le conte de fée revu et corrigé).- Le cinéma dans les grandes largeurs (qui doit se voir sur un écran le plus grand possible):
Blade Runner 2049
Dunkerque
Ghost in the Shell
Star Wars, ép. VIII – Les derniers Jedi
ValerianLes majors restent en tête de l’Entertainment pur, mais le cinéma de plus petit format se permet d’être encore très créatif, d’oser une offre décalée et innovante, de taper très fort droit au cœur, avec moins d’apparat mais autant de brio.
Et je suis heureux de souligner que, même si je ne suis pas spécifiquement fan de la production française ou européenne, il y a apparemment dans le film d’émotion et de genre de la place pour que s’expriment nos talents.Ainsi dans la catégorie "purs moments d’émotion" figurent 3 films français. Et parmi "les perles noires", 2 productions françaises.
Et si je devais vous enjoindre à voir UN seul film choc, issu de la catégorie "tendu comme un string", énorme coup de poing dans la face, il serait ESPAGNOL puisqu’il s’agit de "Que Dios nos perdone".Bon rattrapage, si cette chronique vous sert à quelque chose… Bon cinéma 2018… Et bon bout d’an à tous…
Cette année, j'ai vu (ou subi):
7 Sisters; 47 Meters down; A Cure for Life; Alibi.com; Alien covenant; Annabelle 2; Atomic Blonde; Au revoir là-haut; Blade Runner 2049; Braquage à l’ancienne; Ça; Demain, tout commence; Dunkerque; Épouse-moi mon pote; Get Out; Ghost in the Shell; Happy Birthdead; Hitman and Bodyguard; Jackie; DC Justice League; John Wick 2; King Man 2; La grande Muraille; Lala Land; La Mécanique de l’Ombre; Le Brio; Le Musée des Merveilles; Le Sens de la Fête; Les Figures de l’Ombre; Les Gardiens de la Galaxie Vol 2; Life; Logan; Moi, moche et méchant 3; Mon garçon; Patients; La Planète des Singes 3 - Suprematie; Que Dios nos perdone; Quelques minutes après minuit; Rock N’Roll; Silence; Kong Skull Island; Sleepless; Sous le même toit; Spiderman Homecoming; Split; The Circle; Thor Ragnarock; Tous en scène; Valerian; Wonderwoman; C’est tout pour moi; Star Wars ép. VIII - Les derniers Jedi; Tout là-haut; Wonder.Frédéric Briones
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STAR WARS Les derniers Jedi
- Par asbl-creabulles
- Le 18/12/2017
Star Wars - Les derniers Jedi
de Rian Johnson
avec Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Carrie Fisher, Laura Dern, etc.
Genres: Science fiction, Action
Durée: 2h30 minSynopsis
Les héros du Réveil de la force rejoignent les figures légendaires de la galaxie dans une aventure épique qui révèle des secrets ancestraux sur la Force et entraîne de surprenantes révélations sur le passé…Avis: J'ai passé 2h30 de plaisir dans la galaxie très lointaine. Après la relative déception de l'épisode 7, qui avait souvent un goût de déjà vu, avec énormément de Fan service et de vraies faiblesses dans le traitement des personnages voire certains choix de casting, j'avoue que j'étais partagé durant l'attente de ce nouvel opus.
Mais, depuis, il y a eu Rogue One, avec un Star Wars visitant les 12 salopards qui nous a montré que l'univers de notre enfance avait lui aussi grandi et pouvait maturer. Et c'est d'une manière générale le sentiment que j'ai en ressortant de ce film: l'univers évolue, les personnages s'épaississent et gagnent en profondeur, en dualité, en ambivalence. La lassitude de ces combats perpétuels se fait sentir chez Leia et ses troupes qui se restreignent comme peau de chagrin. Luke réapparaît et prend volontiers à contre-pied certaines de nos attentes et semble d'un désespoir abyssal. Les batailles sont là, filmées avec brio et intelligence, on sent le souffle des batailles épiques du cinéma de guerre contemporain.
La seule vraie faiblesse de ce film reste pour moi du côté des serviteurs du côté obscur: autant Kylo/Ben a gagné en étoffe, autant il semble entouré de pieds nickelés, Amiral Hux en tête.
L'humour fait du bien et ne nous détourne pas trop du propos de ce film foisonnant, à la fois très moderne et très dans la ligne des épisodes 4 à 6, pour mieux les réinventer et élargir la perspective pour la (ou les) suite(s).
Pour ma part, j'ai adoré. Rian Johnson a réussi son pari.
Frédéric Briones
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EKHÖ, Monde Miroir.
- Par asbl-creabulles
- Le 13/12/2017
Tome 7: Swinging London
Scénario: Christophe Arleston
Dessin: Alessandro Barbucci
Couleur: Nolwenn Lebreton
Editeur:
Dépot légal: novembre 2017
Nombre de pages: 46Fourmille et ses amis Yuri et Sigisbert ont été appelés à Londres par le preshaun Hum. Arrivés sur place, ils découvrent un bien étrange phénomène: un preshaun sur le point de se transformer en une terrifiante créature et ce en plein jour et sans raison. Heureusement Fourmille détient le remède, quelques gouttes de thé. C’est la Pontife en personne qui leur fournit l’explication. Londres connaît une dramatique pénurie de thé, un thé si précieux puisqu’il est le seul remède qui permet de calmer et contenir les preshauns et de faire en sorte que les humains continuent à ignorer leur véritable nature brutale et sauvage. Elle demande à Fourmille, Yuri et leur guide Sigisbert d’enquêter sur ce mystère, de remonter la route du thé pour découvrir l’origine du problème et ramener le calme à Londres. Leur mission va les mener dans divers quartiers de la ville et sera aussi l’occasion pour Fourmille d’infiltrer un groupe de rock où le LSD et autres substances hallucinogènes font partie du quotidien.
Mon avis: Les Anglais sans leur thé, il fallait oser et Arleston l'a fait, ce qui n'est pas la tasse de thé des Pershauns! Car leur secret risque bien d'être dévoilé et provoquer une panique sur Ekhö, monde miroir de la terre. Arleston ne s'arrête pas là, jouant avec de nombreux clichés sur les Anglais d'une manière peu subtile mais tellement drôle, comme ces légendes tournant autour de Londres, ses pop stars punk, les tenues vestimentaires à la Sherlock Holmes, l'annonce de la dernière tournée dans les bars, etc. Il est clair qu’Arleston s'est bien amusé avec cette nouvelle aventure à la sauce british.
Les dessins de Barbucci sont de toute beauté et, de toute évidence, il s'amuse lui aussi, cela se ressent et se voit. Il n'a peur de rien comme l’annonce si bien la couverture vraiment géniale. Il a mis son dessin à la sauce british, décors londoniens typiques (Big Ben, rues, autobus à Impériale, Cabines téléphoniques, symboles), tenues vestimentaires (chapeau melon et bottes de cuir, kilts, manteau et casquette dans le style Sherlock Holmes), etc., ne cessant de nous surprendre au fil de pages plus belles et plus riches les unes que les autres. Et n’oublions pas ces prechauns qui nous font penser aux trolls du monde de Troy, un clin d'œil bien sympathique.
De toute évidence, le graphisme de Barbucci compte pour beaucoup dans le succès de cette série qui en est à son septième tome. De même, Arleston s’est entouré des meilleurs pour la mise en couleurs de son univers: Guth, Lyse, Leclère, Cerise, etc.
Pour cet album, c’est Nolwenn Lebreton qui nous offre un travail remarquable, bien équilibré, doué d'une luminosité éblouissante et douce à la fois, apportant de la clarté au travail précis et détaillé réalisé par Barbucci.
Le succès de la série Ekhö, une bonne série divertissante, ne se dément pas grâce à ses qualités scénaristiques et graphiques. Un bon moment de lecture garanti.SDJ
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MEDICIS 4
- Par asbl-creabulles
- Le 12/12/2017
Tome 4: Des miettes au festin
Scénario: Olivier Peru
Dessin: Francesco Mucciacito
Couleurs: Digikore Studio
Couverture: Olivier Héban et Kyko Duarte
Editeur:
Dépot légal: Novembre 2017
Nombre de pages: 54Florence, 1534. Lorenzo, alias Lorenzaccio, n'en peut plus de voir son cousin Alexandre, Duc de Florence, se comporter en tyran paillard ne pensant qu’à la fête et ne voyant la vie que comme un prétexte d’orgies et de plaisirs faciles. Devant tant d’excès et de brimades, Lorenzo finit par le tuer en lui tranchant la gorge. Mais alors que tout laisse croire qu’il va prendre sa succession, il s'enfuit laissant Florence orpheline. Se ralliant au projet proposé par Guiccardini, les grands seigneurs décident de mettre un inconnu au pouvoir. Et qui mieux que ce jeune cousin Cosme, né de la branche cadette de la lignée des Medicis et qui semble tout à fait innocent, inoffensif et manquant d’ambition pour ce rôle de marionnette. Sauf qu’une fois en place, le jeune Cosme va rapidement dévoiler un autre visage, se révélant fin stratège, manipulateur et impitoyable dans ses décisions. Beaucoup de ceux qui l’ont placé au pouvoir vont très rapidement s'en mordre les doigts, à l'exception de Guiccardini. Si Florence a retrouvé sa puissance et sa prospérité, plusieurs questions demeurent en suspens: régler le problème Strozzi, retrouver Lorenzaccio, connaître les intentions de la cousine de Cosme désormais à la cour de France depuis qu’elle a épousé le frère du dauphin de France.
Mon avis: Poursuivant sur sa lancée, Olivier Peru continue de nous faire vivre avec brio cette fantastique saga de la famille Médicis, réussissant une nouvelle fois à captiver notre attention dans ce quatrième et avant-dernier tome. L'intrigue est prenante et les surprises vont bon train, à commencer par l’arrivée inattendue et surprenante au pouvoir de Cosme 1er, membre quasi inconnu de la famille Medicis. On retrouve la violence, passage obligé de l'époque, les enjeux divers et variés, tout autant que les trahisons et manipulations émanant de toutes parts dans ce thriller politique passionnant où l’on ressent très bien le besoin vital qui anime chacun de se faire respecter ou craindre. On ne se lasse pas du choix d’Olivier Peru de confier la narration du récit à la ville, finalement seule véritable témoin à travers le temps. De même, l’adoption du format one shot pour chaque album se révèle plus commode et accessible pour nous lecteurs.
La partie graphique de cet album, confiée à Francesco Mucciacito, est un rien inégale. En effet, s’il nous propose de superbes illustrations de la ville et de ses environs, de ses palais, de leur décoration intérieure, révélant toute la splendeur de Florence, les personnages qui dans l'ensemble sont très réussis et charismatiques, ont sur de rares vignettes une physionomie très légèrement plus figée que précédemment, ou alors, le problème est peut-être dû à la couleur. Effectivement, sur quelques cases, les couleurs semblent même insolites ou mal positionnées au point de déformer les visages ou les corps.
Mais ces remarques mises à part, le dessin est très agréable et à la hauteur d’une série passionnante dont la qualité ne se dément pas au fil des albums. A souligner les très belles couvertures de Kyko Duarte et Olivier Héban.SDJ
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IN BLOOM
- Par asbl-creabulles
- Le 10/12/2017
Album: In Bloom.
Scénariste: Wanch Tran.
Dessinateur: Wanch Tran.
Coloriste: Wanch Tran.
Editeur : Rodelbas.
Dépot légal: 2017 pour la nouvelle édition
Nombre de pages: 66Le pitch : En quatrième de Couv' et comme il est écrit : "Un enfant, un père, une fleur. Ils sont perdus, ils se sont oubliés, jusqu'à ce que tout bascule à nouveau."
Jérémy, un pré-adolescent vit seul avec son papa, Sam.
La maman est partie, le couple s'est-il séparé ? S'agit-il d'autre chose ?
Souvent, le gamin parle à une fleur, plantée dans un coin de son jardinet, devant sa maison, quelle tristesse il a dans son regard, et personne autour de lui ne comprend rien, sauf peut-être Olga, la petite voisine.....Mon avis : "In Bloom" est le premier album de bande dessinée d'un jeune auteur montois, informaticien de son état et passionné de bande dessinée, il s'appelle Wanch Tran.
Histoire d'une infinie sensibilité, d'une tristesse insondable qui se transforme en une magnifique rédemption des coeurs et des âmes
Un trait d'une très grande finesse, des teintes qui vont du gris sombre exprimant la profonde douleur ressentie par ce petit jeune homme et le désarroi de son papa, au sépia qui enrobe ses rêves, qui adoucit parfois de façon fugace ses pensées et puis, au final, la luminosité des violettes, les couleurs irisées d'une forêt qui annoncent une paix, une sérénité retrouvées.BD
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MURENA
- Par asbl-creabulles
- Le 17/11/2017
Tome 10: Le Banquet.
Scénario; Jean Dufaux
Dessin: Théo Caneschi
Couleurs: Lorenzo Pieri
Editeur:
Dépot légal: Novembre 2017
Nombre de pages: 54Alors qu’une partie de Rome n’est plus qu’un tas de ruines et de cendres, les fêtes ont repris dans la cité. Ce soir, c’est Trimalchion qui reçoit. L’empereur en personne est là, accompagné du centurion Ruffalo de la garde prétorienne. Pétrone aussi, venu soutenir Lucius Murena qui souhaite expliquer à Néron que contrairement aux rumeurs qui circulent, l’incendie n’est pas un acte criminel mais la conséquence fortuite d’un simple incident, une torche a embrasé une échoppe. Mais combien de temps ce rapprochement des deux hommes va-t-il durer ? Nul ne peut le dire. Ce qui est certain en revanche, c'est que ces retrouvailles ont bien failli ne durer qu’une seule nuit. Car un ancien gladiateur et un petit homme difforme appelé "Le Besogneux " ont été commandités pour éliminer Murena. Lorsque celui-ci quitte la fête à l’aube, il est roué de coups, poignardé et laissé pour mort par ses agresseurs, ce qui va en partie le sauver car le commanditaire de l’agression ne cherchera pas à le retrouver. C’est la sœur du sénateur Pison qui va véritablement le tirer de ce mauvais pas en le récupérant et en chargeant sa guérisseuse de le rétablir. Cependant, le prix de la vie va se payer bien cher car selon les propres dires de cette dernière, "si le poison combat le mal, la douleur, il peut également emporter avec lui la raison du malade effaçant toute trace de son existence passée, de sa vie antérieure". Murena va recouvrer la santé mais va également devenir une proie toute trouvée pour servir les sombres desseins des ennemis de l’empereur.
Mon avis: La parution de cet album (tome 10 de la série) était attendue depuis bien longtemps, mais succéder à notre ami et regretté Philippe Delaby, brutalement décédé le 28 janvier 2014, n’était pas chose facile.
En 2015, c’est à Theo Caneshi qu’est revenue la lourde tâche de reprendre le flambeau. A l’époque, ce choix m’avait laissé un peu dubitatif. Non pas que je n’apprécie pas le dessin de Theo, bien au contraire comme en témoigne son remarquable travail sur "Le Trône d’argile" et surtout "Le Pape terrible", mais comment allait-il relever le défi ? J’étais donc impatient de voir ce nouvel album qui s’est fait attendre jusqu’à cette fin d’année 2017. Allons droit au but, il m'a fallu quelques pages pour m'habituer à cette nouvelle mouture, sans doute parce que Delaby reste bien présent dans notre subconscient. Mais une fois accoutumé au style de dessin de Theo qui, je dois le dire, est très réussi, son talent saute aux yeux. Il s'approprie chaque personnage avec brio et efficacité, tant Néron, Murena que Ruffalo qu’il marque de son empreinte en leur donnant des visages aux traits plus prononcés. Les scènes de combat sont impressionnantes à souhait. On sent les coups de poing écraser la chair et faire gicler le sang. On ressent presque la douleur. Les paysages, les costumes sont soignés et détaillés, les décors somptueux. L’ensemble est bien équilibré, alternant les scènes contenant une multitude de personnages et de décors – combats de rue, banquet – avec d’autres beaucoup plus paisibles, et se lit avec fluidité.Soulignons aussi la qualité du travail effectué par Lorenzo Pieri qui nous propose des couleurs harmonieuses donnant de la profondeur au dessin de Théo. Le travail sur la lumière est extraordinaire et saute aux yeux dès qu'on feuillette l'album. Du grand art !
Au scénario, Jean Dufaux comme à son habitude a concocté une intrigue qui nous tient en haleine de bout en bout, s’appuyant sur une machination diabolique ourdie par divers conspirateurs et utilisant au final un Murena ayant perdu la mémoire. On retrouve avec plaisir tout le savoir-faire de Dufaux. Le complot prend de l’ampleur au fil des pages, chaque personnage est bien ancré dans son rôle, l’intrigue se développe sur des bases solides et historiques impliquant des événements ou personnages importants comme Pison ou Pétrone. Vingt ans plus tard, notre héros vit un nouveau départ dont nous suivrons les aventures toujours aussi captivantes avec intérêt, comme à l'époque de Philippe Delaby.A noter le très bel hommage rendu à Philippe Delaby par Jean Dufaux dans une longue préface et en fin d’album un supplément sous forme de cahier graphique d’une dizaine de pages réservé à la première édition.
Il existe aussi un album de crayonnés en édition unique et numérotée à tirage limité (3500 exemplaires) qui déçoit un peu dans la mesure où les pages sont présentées dans un format un peu trop réduit pour apprécier pleinement le travail réalisé par Theo (certaines planches sans ajout auraient mérité d’être proposées en pleine page).SDJ
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DAREDEVIL 3
- Par asbl-creabulles
- Le 15/11/2017
Tome 3: Art macabre
Scénario: Charles Soule
Dessin: Ron Garney
Couleurs: Matt Milla
Editeur: Panini Comics
Dépot légal: Novembre 2017
Nombre de pages: 112.Matt Murdock, alias Daredevil, et son apprenti et partenaire Samuel Chung, alias Blindspot, se remettent à peine de leur affrontement avec Dix-Doigts, Blindspot surtout car sa rencontre avec une Elektra en furie ne s’était pas vraiment passée comme Daredevil l’espérait. Sam a néanmoins récupéré et est désormais prêt à accompagner l'homme sans peur dans ses rondes nocturnes. Venus sur les lieux d'un homicide, ils découvrent une gigantesque peinture murale qui a été réalisée avec le sang d’une centaine de personnes. Tout semble indiquer qu’il s’agit de l’œuvre d’un serial killer. Mais si le responsable de ce carnage se présente comme un artiste et compte même ouvrir une galerie, il s’agit en réalité d’un inhumain se faisant appeler "La Muse". Daredevil a tôt fait de comprendre que c’est Medusa, la reine des Inhumains, et ses hommes qui tirent les ficelles sur cette enquête. Ayant déjà travaillé avec la famille royale des Inhumains, Daredevil sollicite une audience auprès de la reine en espérant qu’elle voudra bien collaborer. Mais il n'en est rien. Medusa refuse catégoriquement de coopérer. Tout problème concernant un inhumain doit être traité par les Inhumains. La chance va néanmoins sourire à Daredevil. Un certain Frank McGee, chef du service de sécurité de New Attilan, auparavant flic à New-York avant de devenir inhumain sous l’effet des brumes terratogènes, accepte de l'aider et de transmettre des infos au bureau de Matt Murdock qui seront les bienvenues vu la violence et la cruauté de l'assassin.
Mon avis: Charles Soule est toujours au scénario. Avocat dans la vie, spécialisé dans les affaires d'immigration, il est à l’aise – et cela se ressent – pour mettre en scène Daredevil, lui-même avocat le jour, et Blindspot, son partenaire, un migrant clandestin. L'album commence sur les chapeaux de roue et les crimes et la violence ne cessent d’augmenter au fil des pages. La justice semble en perte de vitesse, presque impuissante face à ce nouveau type de tueur en série, chez qui la créativité artistique associée à des meurtres effroyables s’apparente à de la pure folie. De plus, il n’y a plus aucune compassion, aucun égard pour les victimes, aucune décence surtout lorsque des visiteurs demandent à voir cette prétendue œuvre d’art. L’Inhumain qui se fait appeler "La Muse" est très impressionnant et très dérangeant pour Daredevil et Blindspot mais aussi pour nous. Petit regret, les passages concernant l'audience auprès de la reine Medusa et l'affrontement/combat avec Karnak auraient mérité un plus long développement.
Côté illustration, c'est Ron Garney qui a repris le crayon pour ce tome 3. On retrouve son traitement original des personnages, en noir et blanc, avec quelques petites touches de couleur rouge pour Daredevil, faisant penser à Sin City de Frank Miller. Découvrir ainsi Daredevil sur un fond de décors en couleurs est assez dérangeant au début mais on s'y fait rapidement. Les personnages sont charismatiques, en particulier le criminel "La Muse", et les décors très bien rendus. On appréciera de belles scènes d'action et de poursuite et les différents épisodes d'invisibilité de Blindspot évoqués avec beaucoup d’habileté. La violence est prédominante dans cet album qui marque une étape importante pour Daredevil que l’on découvre travaillant en tandem, chose rare pour ce héros solitaire, surtout lorsqu’on le découvre à ce point lié à un partenaire masculin, lui qui était surtout intime avec ses conquêtes féminines, la Veuve Noire puis Elektra. Un bon moment de lecture même si la fin surprenante me laisse dubitatif sur l'avenir de ces deux nouveaux partenaires.
SDJ
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SOLO 3
- Par asbl-creabulles
- Le 13/11/2017
Tome 3 le Monde Cannibale
Scénario: Oscar Martín
Dessin: Oscar Martín
Couleurs: Oscar Martín
Editeur:
Dépot légal: Octobre 2017
Nombre de pages: 122En quête de nourriture, Solo revient bredouille de la chasse. Le monde a changé et il est de plus en plus difficile pour lui de trouver autre chose que des prédateurs dans cette nature aride, sauvage et de plus en plus dangereuse. Une mauvaise surprise l’attend lorsqu’il rentre. Lyra, sa bien-aimée, a disparu. En réalité, il y a bien quelqu'un à l’intérieur de la maison: des singes qui n’ont pas l’air amical et qui sont prêts à en découdre. Comme ils ont la réputation de travailler avec les hommes, Solo se dit qu’il serait bon d'en garder un vivant afin de l'interroger sur la disparition de Lyra. Le singe capturé finit par passer aux aveux car Solo sait s'y prendre pour tirer les vers du nez. Ce sont les humains qui kidnappent des femelles rats pour mettre sur pied une reproduction à grande échelle, sans doute pour s’assurer une source de nourriture... Solo est prêt à tout pour retrouver sa dulcinée, à se lancer corps et âme dans une course-poursuite à travers un monde hostile et sans pitié.
Mon avis : Cette série post-apocalyptique intelligente et pilotée de main de maître par Oscar Martin se termine en apothéose! Mettant en scène des animaux anthropomorphes, le scénario est tout à fait réaliste et particulièrement efficace. Depuis le début, l’aventure de Solo n’a cessé d’éveiller la curiosité et l’intérêt. L’histoire est captivante mais également poignante lorsque l’on partage le combat intérieur du personnage principal confronté à l’instinct de survie malgré cette envie de mourir qui le hante. Si la violence, voire l’ultra violence est évidemment bien présente dans l’univers rude et difficile où évolue Solo, elle cède la place à des moments de tendresse, de compassion et d'empathie. Oscar Martin clôt cette aventure avec brio, respectueux de l'univers qu'il nous a offert tout au long de ces trois albums qui constituent l’une des meilleures mini-séries du genre.
Les dessins sont remarquables, au même niveau de qualité que la narration : soignés, sans concession, efficaces pour des personnages hauts en couleur, charismatiques et impressionnants – de la simple larve aux félins, chiens, grands prédateurs en passant par les humains – tous superbement rendus mais également pour l’ensemble des décors et paysages naturels. Oscar Martin a rempli son contrat en nous offrant un final de toute beauté pour une série qui aura tenu ses promesses de bout en bout. Une véritable réussite et un coup de cœur depuis le premier tome paru il y a déjà trois ans!
SDJ