Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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MAÎTRES INQUISITEURS 8
- Par asbl-creabulles
- Le 07/02/2018
Tome 8 . Synillia
Scénario : Sylvain Cordurié
Dessin : Elia Bonetti
Couleurs : Digikore Studios
Couverture : Olivier Héban et Jean-Luc Istin
Dépot légal : le 24 janvier 2018
Editeur : Soleil Productions
Collection : Heroic Fantasy
Format : Grand format
Nombre de planches : 48L'Inquisition a du mal à se relever. Dans la région située entre les terres d’Ecorce et le Kardunn, là où la Confrérie royale des Chênes est restée hostile à l'Inquisition, un massacre a été perpétré au monastère de Kandvost. Plusieurs prêtres ont été sauvagement assassinés. Roland Isandar, le chef du village, fait appel à l'Inquisition pour enquêter sur cette tuerie. Les grands maîtres de la cité d’Arès dépêche sur place Synillia qui, bien que non mage et sans aucun pouvoir, a été élevée au rang de Maître Inquisiteur. Elle sera accompagnée de sa partenaire elfe, Eldeween, pour mener l’enquête. L’arrivée des deux femmes n’est pas très bien accueillie dans cette région plutôt machiste. Refusant de se laisser démonter, Synillia redouble d’efforts pour se montrer digne de son rang et se faire respecter de tous. Elle se met aussitôt en quête de réponses et se rend vite compte que l'assassin, qui a agi seul, est doté d’un immense pouvoir, un pouvoir tel qu'il n'aura pas peur de se montrer et de venir les défier.
Mon avis: L'originalité de ce tome est de mettre en scène dans le rôle du maître inquisiteur une femme non mage et n’ayant aucun pouvoir. Le scénario échafaudé par Sylvain Cordurié va donc s’appuyer sur son intelligence et son habileté à mener l’enquête parmi des ennemis exclusivement masculins plutôt costauds. Jolie, fine épéiste et bien accompagnée, elle leur tiendra tête et démontrera qu'elle a toute sa place parmi les Maîtres Inquisiteurs. On sent bien qu’avec ce second cycle, l'univers des Maîtres Inquisiteurs prend un nouveau tournant, ou du moins qu'il intègre de plus en plus d'éléments nouveaux comme cette Guilde des Assassins et que les ennemis de toujours comme les Mannlanders peuvent malgré tout devenir les alliés d'un jour. Un scénario qui tient donc bien la route avec sa succession de rebondissements surprenants.
Les dessins d’Elia Bonetti sont d’un abord très agréable. Le trait est fin et détaillé, nous offrant de belles héroïnes en tenue de guerrières mais aussi des combattants impressionnants. Les personnages sont tous facilement reconnaissables. On appréciera de belles scènes de combat et de larges vues d'ensemble offrant de beaux décors intérieurs et extérieurs. Si la mise en couleurs réalisée par Digikore Studio est globalement bien équilibrée, sur certaines cases on aurait préféré des tons moins sombres qui écrasent un peu trop le dessin soigné et précis d’Elia Bonetti. Un bon récit du genre agrémenté d’une très belle illustration, confirmant une fois de plus la bonne qualité d’ensemble de cette collection.
SDJuan
Voir nos autres chroniques de la série:
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AIR LIBRE 1988-2018
- Par asbl-creabulles
- Le 06/02/2018
Catalogue anniversaire
Voici déjà 30 ans que Jean Van Hamme et Philippe Vandooren, tous deux directeurs au sein des éditions Dupuis, ont eu l'idée de lancer une nouvelle collection que Jean Van Hamme a choisie d’appeler "Aire Libre" en opposition à "air conditionné" comme pouvait l'être à ses yeux la bande dessinée à cette époque. Si Van Hamme reconnaît que cette collection était peut-être un peu trop différente pour l’époque – d’où la création ensuite par Vandooren de la collection "Repérages" plus tournée vers un public plus jeune – Aire Libre s’est pourtant imposée comme une collection phare.
Elle nous a fait découvrir des albums et romans graphiques de qualité produits par de grands auteurs confirmés, dont le tout premier Cosey qui est à l'honneur sur la couverture de ce catalogue, mais aussi par de jeunes talents pour notre plus grand bonheur. Cette collection a suscité un grand intérêt de la part du public et connaît un franc succès même si étant très éloignée du style dit "gros nez" qui désigne l’école belge (Spirou, Gaston Lagaffe, Achille Talon, etc.), elle est d’une rentabilité marginale chez Dupuis.
Aire libre a accueilli les plus grands noms comme Hermann, Gibrat, Cosey, Will, Hausman, Lax, Lepage, Berthet, Conrad, Frank Pé, Cabanes, Pellejero, Makyo, Servais, Loustal, Pedrosa et s’est ouverte à de plus jeunes talents comme Javi Rey, Blier ou Olivier Cinna. Ce catalogue est très facile à consulter puisqu'il nous présente les albums dans l’ordre alphabétique des noms de leurs auteurs (dessin). Chaque entrée de cette longue liste est agrémentée des couvertures (nouvelles le cas échéant) et de résumés mais aussi d’illustrations dont certaines ont été encartées dans des tirages limités ou utilisées comme jaquette depuis 2008 et de bien d’autres superbes illustrations de Gibrat, Hyman, Cosey, etc.
Ce répertoire est à peu près exhaustif puisqu’il recense près de 200 ouvrages publiés entre 1988 et 2018 y compris les dernières parutions comme "Cinq Branches de Coton Noir" déjà chroniqué sur notre site (ici). Chaque auteur bénéficie d’une mini-biographie en fin d’album.
Pour les amoureux de beaux ouvrages joignant l’utile à l’agréable, ce recueil anniversaire constitue une belle pièce de collection incluant également quelques artbooks.
SDJ
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HILLBILLY
- Par asbl-creabulles
- Le 04/02/2018
Tome 1
Scénario : Eric Powell
Dessin : Eric Powell
Couleurs : Eric Powell
Traduction : Nick Meylaender
Dépot légal : 17 janvier 2018
Editeur :
Collection : Contrebande
Format : Format comics
Nombre de planches : 92Costaud, barbu et rugueux, Rondel que tout le monde appelle "Hillbilly", ce qui signifie "habitant des montagnes" mais aussi "bouseux" ou "péquenaud" en argot, est né sans père et sans yeux. Alors qu’il n’est encore qu’un enfant, sa mère et lui sont rejetés par les villageois et doivent fuir dans les collines. Un jour, alors qu’il vient de libérer un corbeau coincé dans un piège, celui-ci se transforme en sorcière disant s’appeler "Mamie". Pour le remercier de l’avoir sauvée du traquenard tendu par sa rivale Eldora, elle tient à lui offrir en cadeau un couperet dérobé à Lucifer en personne qui l'utilisait pour découper et dévorer des chrétiens, mais aussi la vue, non pas celle des humains, mais une vision bien plus mystique, presque surnaturelle. En fait, ce cadeau est maudit car elle l’influence pour aller tuer Eldora qui entretemps aurait assassiné sa mère, faisant verser à Hillbilly des larmes noires qui vont rester à jamais gravées sur ses joues. Depuis, il s’est juré de tuer toutes les sorcières et forces des ténèbres des collines pour se venger. Désormais, s’il lui est arrivé de côtoyer la mort en personne, il affronte des sorcières comme la "Vieille Mère", "Hattie" et bien d'autres encore, tout en étant confronté à la trahison et à la souffrance des humains.
Mon avis: Après "Big man plans" en 2016, Eric Powell nous revient seul au scénario et au dessin avec "Hillbilly". Cette nouvelle série est sa façon de rendre hommage au livre "Suppose You Met A Witch" (supposons que vous croisiez une sorcière) de Ian Serraillier illustré par Ed Emberley. Au départ, le scénario se voulait gore et réservé à un public adulte mais lorsqu’il a commencé à dessiner, Eric Powell a choisi d’en faire une série tous publics. Artiste autodidacte, il a surtout travaillé pour les grosses maisons d'éditions (DC, Marvel, Dark Horse) sur les grandes séries comme Avengers, Batman, Black Panther, Buffy, Hellboy ou les X-Men, mais également sur des productions plus personnelles. Il a été plusieurs fois récompensé, notamment par le Prix Eisner Awards pour The Goon! Souhaitons que Hillbilly suive le même chemin car cette série décape dans le genre dark fantasy (ambiance très sombre et pessimiste dans laquelle le Mal prend le dessus sur le Bien), mêlant horreur, surnaturel et un soupçon de gore avec des passages plus tendres mettant en scène des gamins innocents ou la copine Lucille de Hillbilly, une ourse vieille fille grincheuse et capricieuse mais d'une loyauté sans faille.
Les illustrations d'Eric Powell sont de toute beauté, avec des personnages cruels et monstrueux (sorcières et démons) très impressionnants, surtout la Mort ou la Guérisseuse. On trouve aussi des personnages très tendres comme les gamins ou Lucille et enfin d'autres bien truculents comme ce vieil homme armé d’une grande épée et accompagné d’un chien aux dents de sabre. Il passe de l'un à l'autre avec une facilité déconcertante en recourant à des effets de dégradé dans les tons gris, verdâtre ou orangé, etc., parfois entrecoupé d’éléments rouge vif. Eric Powell a montré qu’il savait créer un nouvel univers avec Hillbilly qui se présente comme un conte mais à l’ambiance plutôt sombre et émaillé de sorcellerie. Il aurait été dommage de le laisser dormir dans les tiroirs. Plongez-vous avec Hillbilly dans les bois, les villages des collines, mais n'y allez pas seul car ces lieux sont souvent fréquentés par des sorcières sans foi ni loi et surtout sans cœur. Cet album regroupe les quatre premiers épisodes publiés chez Albatross et le prélude à la série publié sur le site Comixology, ainsi qu’en bonus un carnet graphique en fin d’album. Un livre à ne pas rater!
SDJuan
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RIO 3
- Par asbl-creabulles
- Le 01/02/2018
Tome 3: Carnaval sauvage
Scénario : Louise Garcia & Corentin Rouge
Dessin : Corentin Rouge
Couleurs : Corentin Rouge
Dépot légal : 17 janvier 2018
Editeur : Glénat
Collection : Grafica
Nombre de planches :80Très affecté par la mort de sa petite sœur Nina, Rubeus s’efforce tant bien que mal de mener une vie normale dans sa favela carioca. Tout en s’impliquant dans l’ONG de son père adoptif, il cherche à améliorer la vie de ses concitoyens et décide d’ouvrir sa propre boutique à bas prix, ce qui ne plaît pas du tout à Zé Rico qui voit en Rubeus un danger pour ses affaires et pour son élection. Lors d’une séance de spiritisme dont elle seule a le secret, une femme nommée Capitu, dont on dit qu’elle est une sorcière qui parle aux esprits, parvient à subjuguer Rubeus. En fait, elle a pris la voix de la mère de Rubeus pour le faire tomber sous son emprise. Mais est-elle vraiment ce qu'elle prétend être? Entretemps Rubeus continue son enquête pour découvrir qui a tué sa petite sœur, quitte à affronter ses anciens amis de galère dont certains ont très mal tourné et sont devenus de vrais tueurs tel son ancien ami Mozar mais il y a bien pire encore.
Mon avis: Tout comme son duo d’auteurs, ce troisième tome déborde d’entrain et d’énergie! Le scénario de Louise Garcia est mené tambour battant du début à la fin et nous fait plonger dans l’univers si typique et caractéristique de Rio de Janeiro avec son superbe carnaval et ses belles filles, la sorcellerie mais aussi ses favelas insalubres, ses trafiquants de drogue, ses gangs divers et variés, ses gangsters devenus électrons libres, ses hommes politiques véreux, ses flics corrompus et leurs trop nombreuses victimes souvent innocentes (comme Nina) mais aussi les ONG ou de simples particuliers qui font ce qu'ils peuvent pour aider les défavorisés à l’image de Rubeus qui se donne à fond pour venir en aide aux habitants de sa favela, en se faisant manipuler de toute part et en essayant de sauver sa peau quand son esprit de vengeance le pousse trop loin. La tension ne retombe jamais.
Au dessin, on retrouve avec autant de plaisir Corentin Rouge. Son travail est toujours à la hauteur de nos attentes, caractérisé par son trait fin, des cases détaillées aux décors multiples, des personnages marquants et hauts en couleurs, des plans variés mais toujours efficaces et parfois étonnants (comme ce gros plan sur des jambes).
La mise en couleurs de l’album atteste une nouvelle fois d’un savoir-faire, d’une qualité et d’une efficacité avérés. Sur la couverture mais aussi sur des planches ou cases contenant beaucoup d’éléments, les couleurs sont au top. Cela représente un énorme travail sur des albums de 62 pages pour les deux premiers et 80 pages pour ce troisième tome!
Une mini-série réussie à inscrire dans les incontournables de la BD du genre, dont on attend le prochain et dernier tome avec impatience.
SDJuan
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LES DANOIS
- Par asbl-creabulles
- Le 31/01/2018
One shot
Scénario: Clarke
Dessin: Clarke
Couleurs: Cerise
Dépôt légal: Janvier 2018
Editeur:
Planches : 100Un récit interpellant à ne manquer sous aucun prétexte !
" De plus en plus de naissances seraient perturbées par un virus inconnu affectant les gènes des nouveau-nés: ces six derniers mois, on a enregistré pour la seule ville de Copenhague 830 naissances d'enfants blonds aux yeux bleus dans les communautés immigrées. Les implications d'un tel bouleversement pourraient se révéler catastrophiques..."L’histoire se passe en 2018 au Royaume du Danemark ou une épidémie insolite s’est déclarée: le virus blond. Que se passe-t-il quand les enfants de familles issues de l’immigration naissent avec des caractéristiques physiques peu habituelles? Comment la population, les communautés religieuses et les pouvoirs réagissent-ils? Quels sont les impacts sociologiques et politiques?
Clarke vous répond en vous proposant une fable originale. Dans "Les Danois", vous suivrez le quotidien de mères lambda à la recherche d’harmonie dans un phénomène dont elles ne comprennent pas la portée, les recherches criminelles de firmes pharmaceutiques et l’enquête de journalistes à la recherche de la première personne touchée par le virus blond. Malgré eux, des personnages faillibles et proches de nous se débrouillent comme ils peuvent dans un chaos génétique.
Pas d’effets spéciaux, de pleines pages ou d’envolées héroïques dans ce roman graphique. Il s’agit de conter de manière réaliste, humaniste et efficace, une anticipation plausible. Utilisation de découpages classiques, expressivité des personnages, dessins très bien exécutés et mouvements de décors aident la narration d’une histoire riche et complexe.Mon avis: Un grand plaisir de lecture assuré. Je vous conseille vivement Les Danois de Clarke. Cette BD ambitieuse est une vraie réussite. Sous la forme d’un thriller génétique aux personnages faillibles, Clarke aborde, sans clichés et avec une pointe d’humour empathique, le thème actuel du multiculturalisme. A souligner, le superbe dessin de la couverture "La Madone à l’hijab" et sa mise en page digne d’une collection de thrillers scandinaves bien connus. Entre nous, je vous le dis, ce roman graphique mériterait amplement une adaptation cinématographique. Qu’en pensez-vous ?Michel
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DUKE 2
- Par asbl-creabulles
- Le 30/01/2018
Tome 2: Celui qui tue
Scénario: Yves H.
Dessin: Hermann
Couleur: Hermann
Editeur:
Dépot légal: 26 Janvier 2018
Nombre de pages: 56Morgan "Duke" Finch pensait pouvoir mener une vie sans complication après avoir quitté Ogden. Il s'était même installé avec sa petite amie Peg. Mais quand Jim vient le voir pour lui demander de l'aider à neutraliser des bandits de grand chemin, véritables tueurs professionnels qui s'attaquent principalement aux diligences, Duke lui oppose d’abord un refus net. Mais après avoir appris que Mullings, le riche et puissant patron de la mine d’or, est prêt à verser 500 $ au Marshal Sharp et la même somme à quiconque débarrassera Ogden de ces crapules, il comprend que quelque chose se cache derrière cette offre. Il décide donc d'aller voir Mullings pour en avoir le cœur net et dans le même temps il met en garde son frère Clem pour qu'il n'intervienne pas dans ce genre d'affaire. En effet, c'est tout près de chez lui qu’une petite fille, seule rescapée et témoin de la dernière attaque, est retrouvée apeurée et traumatisée.
Mon avis: Au scénario, Yves H nous propose un western dans la plus pure tradition avec son lot de bandits de grand chemin, attaques à main armée, tireurs à la gâchette facile mais aussi une jeune rescapée du massacre de ses parents et un héros essayant de s’assagir et de se ranger. Les surprises vont bon train dans ce second tome d’une série dont l’avenir s’annonce prometteur. Le village d’Ogden est toujours le centre de l’intrigue malgré le départ de Duke. En réalité, il ne s’en est pas trop éloigné car sa famille est restée sur place. D’ailleurs son retour, il fallait s'en douter, va faire du bruit mais pas vraiment comme on aurait pu le croire. Yves H égrène habilement les éléments de l’histoire afin de nous tenir en haleine tout en révélant quelques informations sur le passé de Duke.
Quant aux dessins d'Hermann, ils sont comme toujours d'une qualité exceptionnelle. On sent bien qu’il cherche à nous surprendre, en créant de l’inédit, en se renouvelant sur chaque case, chaque décor, chaque angle de vue. Cette recherche de la nouveauté est un moyen pour lui de stimuler sa création. Il nous étonne jusque dans l’utilisation de scènes très anodines comme celle où la femme qui donne à manger à ses poules ou ce bouquetin au coucher du soleil. Il est clair qu’il prend plaisir à nous étonner, à nous surprendre. Les couleurs ne sont pas en reste, au contraire, à commencer par la superbe couverture de l’album qui accroche immédiatement le regard et se démarque des autres en boutique. Mais les planches sont tout aussi bluffantes, notamment dans le choix et le mélange des couleurs ou la recherche de nuances qu’il s’agisse des paysages, des rayons de lumière filtrant à travers le feuillage des arbres, etc. autant d’éléments qui témoignent d’un dessinateur à l’esprit créatif. Je conseille vivement de procéder à une seconde lecture de l’album pour véritablement prendre le temps d’apprécier tout le talent de l’artiste qu’est Hermann.
Illustration de la couverture du prochain tirage de tête Néerlandais - Fantasia, Amsterdam
Voir la chronique du tome 1
SDJuan
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VALOIS
- Par asbl-creabulles
- Le 28/01/2018
Tome 1: le mirage italien
Scénario: Thierry Gloris
Dessin: Jaime Calderón
Couleur: Felideus
Editeur:
Collection: Histoire & Histoires
Dépot légal: 24 janvier 2018
Nombre de pages: 48La guerre de Cent ans vient à peine de s’achever. Charles VIII, roi de France depuis 1483, se trouve dans l’obligation de prendre des décisions et ne peut compter que sur son entourage pour y parvenir. Sa sœur, Anne de Beaujeu, qui l’a élevé ne le sait que trop. En fait, Charles VIII est incapable de prendre seul une décision. L'Italie et ses cités-États sont alors au cœur de toutes les convoitises et Charles VIII aimerait bien qu'on le prenne au sérieux puisque le royaume de Naples semble bien être la solution à ses problèmes. De son côté, Blasco de Vilallonga, cadet d’une famille bourgeoise de Barcelone, se voit contraint de fuir sa ville à cause d’une querelle amoureuse l’ayant entraîné dans un affrontement au cours duquel il a blessé son adversaire. Il doit à présent s’enfuir pour rejoindre un monastère à Florence et y mener une vie monacale s'il veut échapper à la mort. Il chemine vers l’Italie en compagnie de son frère Arturo, du cardinal de Carpentras, Giuliano della Rovere, de Messire de Brie et d'Henri Guivre de Tersac, un jeune nobliau désargenté qui travaille au service de ce dernier. Mais durant leur périple vers Florence, la chance va les abandonner et ils vont tomber dans un guet-apens auxquels les Borgia, craints de tous, ne sont pas étrangers. En pleine rivalité avec Giuliano della Rovere, Rodrigo de Borja (Rodrigo Borgia en Italie), futur souverain pontife sous le nom d’Alexandre VI, vient d'échapper de justesse à une tentative d'assassinat par empoisonnement. Blasco et Henri vont devoir s'unir pour échapper à la mort et leurs destins en seront complètement bouleversés.
Mon avis: Thierry Gloris nous invite à suivre les débuts du règne de Charles VIII, jusqu’ici placé sous la tutelle de sa sœur Anne de Bretagne, alors qu’il cherche la reconnaissance en tant que roi. Outre le cheminement de Charles VIII, ce premier tome installe divers personnages en évitant – ce qui n’est pas toujours le cas des récits historiques – d’être rébarbatif, au contraire. Les jeunes Blasco et Henri apportent même une touche chevaleresque et téméraire. La plupart des personnages donnent lieu à une description de l'époque avec ses hiérarchies, ses frasques à tous les niveaux de l’échelle sociale, ses manipulations, ses luttes pour le pouvoir, ses alliances et ses désunions tant humaines que politiques. On découvre l'importance de l'Italie et de ses Cités-États prospères qui sont convoitées voire revendiquées comme c’est le cas par la France, qui organise une expédition vers Naples puisque Charles VIII en est le suzerain légitime, espérant ainsi monter une croisade vers Jérusalem dont il espère qu’elle lui vaudra le ralliement de l’ensemble de la chrétienté.
Que peut-on dire des dessins de Jaime Calderón qui n’aurait pas déjà été dit ? Ils sont toujours aussi détaillés et d'une précision phénoménale, le trait fin et minutieux, super-réaliste nous donnant une impression de profondeur et de volume. Les visages sont presque vivants alors qu’il s’agit bien de visages dessinés jusqu’au moindre détail et non de photos retravaillées comme on peut en voir chez d'autres auteurs. Les costumes sont tout aussi somptueux tout comme les décors avec de fabuleuses perspectives. Je reste toujours aussi stupéfait devant un tel résultat dont la qualité me fait penser au travail que réalisait Philippe Delaby (Murena) mais aussi à celui actuellement effectué par Éric Bourgier (Servitude), Eugenio Sicomoro (Lumière froide, La Porte au Ciel) ou Valentin Sécher (Méta-Baron) pour ne citer qu’eux. Véritablement, la grande classe!
Et comme si cela ne suffisait pas, son travail est encore magnifié par la magnifique mise en couleurs de Felideus (encore un artiste espagnol!), qui loin d’écraser le trait ou les détails, comme cela s’est malheureusement produit sur les travaux précédents de Jaime, les met en valeur et les respecte au plus haut point.
Sur pas mal de cases, Felideus arrive à nous donner l'impression qu’il s’agit d’images (ultra-)haute définition, certaines se rapprochant même de la 3D, voire de peintures. Du travail de pro que l’on a pu découvrir en 2017 sur "Les Traqueurs" avec Tirso au dessin ou "Les Chevaliers d'Héliopolis" avec Jérémy au dessin. Espérons que le tandem Calderón-Felideus continuera sur cette série, mais aussi les futures séries de Jaime Calderón dont le travail minutieux et élégant mérite amplement d’être ainsi mis en valeur.A noter qu'il existe une jaquette Canal BD dont vous pouvez découvrir le visuel ci-dessus.
SDJuan
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DEADPOOL
- Par asbl-creabulles
- Le 27/01/2018
Graphic Novel: Bad Blood
Histoire: Rob Liefeld
Scénario: Rob Liefeld, Chris Sims, Chad Bowers
Dessin: Rob Liefeld
Encrage: Rob Liefeld, Shelby Robertson, Adelso Corona, Marat Mychaels
Couleurs: Romulo Fajardo JR
Editeur: Panini Comics
Collection: Graphic Novel
Dépot légal: Août 2017
Nombre de pages: 128Deadpool, de son vrai nom Wade Wilson, est la recherche de l'arme ultime. Une arme tellement bien protégée qu'il ne parvient pas à en savoir davantage et encore moins à s’en approcher d'assez près pour se faire une idée de son efficacité. Car, à chaque à fois, apparaît un robot nommé Panpan (oui, vous avez bien lu !) qui lui file une raclée monumentale. S'il n'avait pas son pouvoir d’autoguérison (et d'autodérision), il aurait déjà passé l'arme à gauche. À tel point qu'il se sent obligé de demander de l'aide auprès de Domino. Mais quand on parle de Domino, Cable et l’équipe X-Force ne sont pas loin.
Mon avis: Le retour de l'X-Force et de Rob Liefeld constituent une agréable surprise. Ce roman graphique de 128 pages publié dans la collection "Marvel Graphic Novels" est totalement déjanté et tout à fait comme on les aime sous l’intitulé Deadpool qui, cette fois, est utilisé à très bon escient ! Rob Liefeld s’est chargé de l'histoire et Chris Sims et Chad Bowers du scénario. A eux trois, ils font vraiment des étincelles. Au final, sur une bonne intrigue, très simple mais aux rebondissement successifs, cette BD est très divertissante et nous permet de retrouver d’anciens personnages.
Coté dessin, je ne peux qu'être ravi de revoir Liefeld que j'apprécie beaucoup. Je sais qu’il a pas mal de détracteurs mais je n'en fais pas partie. Son trait est soigné et précis, nerveux et dynamique. Ses pages dégagent une telle énergie, une telle force, une telle clarté que je me demande pourquoi il s'est absenté aussi longtemps, et cela même s’il fait ici quelque peu l’impasse sur les décors, largement compensés par une mise en couleurs confiée à Romulo Fajardo qui rend cet album visuellement très plaisant à lire. Un très agréable moment de lecture à ne rater sous aucun prétexte si vous êtes comme moi amateur des dessins de Rob Liefeld.
SDJuan
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