Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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LE COEUR DES AMAZONES
- Par asbl-creabulles
- Le 21/03/2018
Scénario: Géraldine Bindi
Dessin: Christian Rossi
Couleur: Christian Rossi
Editeur:
Dépot légal: Mars 2018
Nombre de pages: 157La guerre de Troie s’éternise et les Grecs sont confrontés aux multiples attaques d’un ennemi inattendu, les Amazones qui vivent dans leur forêt impénétrable avec à leur tête la jeune reine Penthésilée. Voici venu le temps de la "fête des fleurs" célébrant le plaisir du combat si cher au cœur de ces femmes-guerrières mais également celui des sens et de la reproduction. Plusieurs beaux spécimens mâles sont capturés parmi les nombreux combattants grecs et conduits auprès des amazones qui n’auront que quelques jours pour en profiter. Les Grecs ignorent qu’une fois la fête des fleurs terminée, ils seront exécutés, tout comme plus tard les bébés de sexe masculin qui ne peuvent vivre avec les amazones. Seule Penthésilée ne trouvera pas son compte durant cette fête. Aucun roi ni prince ne figure parmi les mâles captifs. Pour soulager les émois de la reine, Protoé lui propose une décoction à base de plantes narcotiques et lui raconte qu’il y aurait un prince demi-dieu nommé Achille parmi les guerriers Grecs. Si cela semble être la solution idéale pour la jeune reine chasseresse, c’est pourtant elle qui va devenir la proie d’Achille et de ses hommes qui finiront par la capturer avec plusieurs de ses amazones. Cette confrontation va avoir de lourdes conséquences car en tombant amoureuse de son pire ennemi, Penthésilée va certes changer sa manière de voir les choses mais aussi le modèle social des amazones par ses choix qui vont à l’encontre de leurs traditions.
Mon avis: Cet album est le résultat d’un long travail de collaboration entre Géraldine Bindi dont c’est la première incursion – réussie disons-le tout de suite – dans le monde de la bande dessinée, et Christian Rossi, bien connu des amateurs grâce à ses nombreux albums depuis "Le chariot de Thespis" en 1982 jusqu’à ce magnifique "Cœur des Amazones" en 2018, en passant par "La Gloire d’Héra" (1996-2002), "Tirésias" (2001), "W.E.S.T." (2003-2011), "Deadline" (2013) ou "XIII Mystery" (T9 - 2015). Nous retrouvons ici les Amazones en pleine Guerre de Troie dans un scénario qui combine habilement les versions d'Homère et de Quintus de Smyrne où Penthésilée est transpercée par la lance d'Achille et celle d’Heinrich von Kleist dans laquelle Achille succombe à l'attaque des chiens de Penthésilée. On pourrait presque la résumer en disant qu’il s’agit d’une histoire d’amour impossible. Mais derrière ce portrait des amazones, beaucoup de questions sont abordées par Géraldine Bindi, dont plusieurs d’une actualité brûlante. "Je pense que les femmes peuvent se reconnaître dans les Amazones. Je pense qu’il y a une part d’amazone dans chaque femme", nous a-t-elle déclaré (lors de notre interview à retrouver ici). Surtout, au sein de ce groupe de guerrières, des individualités se manifestent et on sent germer chez certaines amazones la graine du pardon, le désir d'en finir avec la haine qu’elles ont nourri contre les hommes depuis des générations.
Côté dessin, cet album est réellement fascinant et nous donne l’occasion d’apprécier le magnifique dessin de Christian Rossi. D’ailleurs pour que l’ensemble demeure réaliste, celui-ci a tenu à ce que les dieux soient graphiquement invisibles même si on sent bien leur présence. Cette plongée au cœur de l’univers des amazones est l’occasion d’admirer de belles jeunes femmes très sexy mais sans jamais tomber dans l'excès. Ici, il n’est pas question de "blondes à forte poitrine". Les auteurs ont choisi d’un commun accord de présenter des femmes naturelles. Les amazones sont bien faites et attirantes mais très athlétiques et sportives puisque ce sont des guerrières toujours prêtes à se battre. Christian Rossi nous offre ce qu'il maîtrise à merveille, des corps nus ou presque, des guerriers à l'état pur, des visages expressifs (il a beaucoup travaillé d’après modèle vivant durant sa carrière) , de très beaux chevaux mais aussi des décors impressionnants. Son dessin est légèrement encré et coloré au lavis à base de brou de noix, une teinte chaude qui fait éclater la lumière dans la forêt magique et luxuriante où vivent les amazones, ainsi que sur leurs corps à la peau claire ou légèrement hâlée. Une illustration de couverture – une amazone en tenue de guerrière à la fière posture sur son cheval – révélatrice du contenu de l’album, de même qu’un titre "Le cœur des amazones", qui évoque ce cœur qui reste à conquérir du fait de cet amour impossible que ces guerrières se sont imposé.
Un magnifique univers onirique au cœur de la forêt d'Artémis pour faire flancher le cœur de tout lecteur aimant les belles aventures.
A noter, en ce moment vous pouvez aller admirer les planches exposées à la librairie Slumberland à Wavre !
Exposition du 15 mars au 15 avril !
Juan et Patrick
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GHOSTLAND
- Par asbl-creabulles
- Le 19/03/2018
Un film de Pascal Laugier
Avec Crystal Reed, Anastasia Phillips, Emilia Jones, ...
Genre Epouvante-horreur
Nationalités Français, Canadien
Date de sortie le 14 mars 2018
Durée du film: 1h31Synopsis du film:
Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque.
Tandis que Beth devient une auteur renommée spécialisée dans la littérature horrifique, Vera s’enlise dans une paranoïa destructrice. Seize ans plus tard, la famille est à nouveau réunie dans la maison que Vera et Pauline n’ont jamais quittée. Des évènements étranges vont alors commencer à se produire…L'avis de Frédéric Briones:
Le nouveau film de Pascal Laugier est une bombe d'intensité et de violence.
Le film assume avec vigueur son statut de film de genre, brutal, dur, criard, moite et angoissant.
Trois femmes seules, une intrusion violente, l'urgence de se défendre coûte que coûte.
Mais l'originalité du film réside dans le fait de traiter du chemin intérieur des victimes pendant et après l'événement et d'en mesurer les ravages plutôt que de mettre l'acte de survie et l'éventuel héroïsme au centre du film. Ce n'est pas un survival même si l'enjeu de survie est important.L'ambiance est rapidement et efficacement posée, étrange et pesante avant même l'attaque, avec son lot d'icônes (les poupées, H.P. Lovecraft...). Pendant un moment on est dans le film qui fait peur, à la mode en ce moment (Conjuring, Insidious, etc.), puis on rentre soudain dans un cinéma de tension frontal et brutal qui évite ou limite les effets gores mais exacerbe l'ouragan de folie qui s'abat. On est alors dans le cinéma de Rob Zombie.
Il faut donc être prêt à être secoué et dérangé dans le confort de son fauteuil. Ce film mérite son interdiction aux moins de 16 ans. Clairement.D'autant que le trio d'actrices est épatant d'authenticité et que la mise en scène est particulièrement maîtrisée et habile pour maintenir la tension tout au long du métrage. Celui-ci s'avère anxiogène et éprouvant, ce qui était clairement le but recherché.
On est vraiment content de sortir de la salle et de revoir la lumière, preuve en soi que cette plongée dans les ténèbres et la violence aveugle et limite surnaturelle est plutôt réussie.
Après c'est purement une affaire de goût.
Pour ma part, c'est réussi. À petite dose, c'est OK pour moi.Suivez les chroniques de frédéric ici
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LA PETITE SOURIANTE
- Par asbl-creabulles
- Le 17/03/2018
One Shot
Scénario: Zidrou
Dessins: Benoît Springer
Couleurs: Benoît Springer et Séverine Lambour
Dépôt légal: février 2018
Editeur: "Grand Public"
Nombre de pages: 54 pages + cahier graphiqueCombien de fois faut-il tuer un amour pour qu’il cesse de vous hanter ?
Telle est la question que nous posent de manière ironique, les auteurs de "La petite souriante". Dans un format compact, à la couverture "usée", Zidrou et Benoît Springer nous proposent un thriller gore avec Josep Pia dit Pepito ou Pep, dans le rôle de l’éleveur d’autruches, Isabela dans celui de sa maîtresse haineuse et belle-fille et enfin Dora dans celui de son increvable épouse.
Dès les premières planches, le ton est donné. Sous les regards inquiétants de ses « "poulets de plus de 100 kilos", Josep massacre à coups de lourde masse la tête de sa gênante épouse. Il se débarrasse ensuite du corps en le balançant au fond d’un puits. Le plan des amants diaboliques semble être une complète réussite. Rentrant chez lui, apaisé du devoir pénible accompli, Joseph croise alors …son épouse souriante sur le pas de la porte.Après le succès de librairie des albums "Le Beau Voyage" et "L’indivision", le duo Springer-Zidrou récidive avec "La petite souriante", un récit crade et sordide. Jugez-en: une épouse qui ne meurt jamais, des amants psychopathes aux mœurs incestueuses, un décor crasseux, des autruches, de la haine, le tout saupoudré de couches de rancœur.
À ma connaissance, il s’agit du premier thriller scénarisé par le prolifique Super Zidrou et c’est à mon humble avis, une grande réussite ! Le récit de Zidrou est noir de chez glauque mais ironique et efficace. Du récit brutal se détachent quelques petites perles telles que la visite de l’autrucherie par un groupe de petits vieux d'une maison de retraite et le délicieux "tu n’as pas oublié le beurre au moins" que je vous conseille de découvrir. C’est bidonnant.
Benoît Springer appuie de sa palette bichromique l'intensité et l’atmosphère de brutalité dans laquelle trempe "La petite souriante". Le découpage est rythmé, les plans idéalement cadrés et les personnages tous extrêmes, très expressifs.
"La petite souriante" est inspiré par une célèbre chanson écrite par Edmond Bouchaud en 1908, intitulée "Elle était souriante". Personnellement, le récit me rappelle plutôt une autre chanson popularisée par Steve Warring: Le matou revient (adaptation d'une chanson américaine, écrite en 1893 par Harry S. Miller sous le titre "The Cat Came Back). Je terminerai donc exceptionnellement ma chronique en chantant :
"Le fermier découragé envoie son chaton chez le boucher
Pour qu'il en fasse du hachis Parmentier, du hamburger.
Le chat hurle et disparaît dans la machine.
«De la viande poilue» est affiché sur la vitrine.
Mais le matou revient le jour suivant
Le matou revient, il est toujours vivant."Michel
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BATMAN Detective Comics 2
- Par asbl-creabulles
- Le 12/03/2018
Tome 2 . Le Syndicat des victimes
Scénario : Margueritte Bennett et James Tynion IV
Dessin : Ben Oliver, Al Barrionuevo, Szymon Kudranski, Carmen Carnero, Alvaro Martínez, Eddy Barrows,
Couleurs : Hi-Fi, Ben Oliver, Brad Anderson, Gabe Eltaeb et Lucas Adriano
Encrage : Paul Fernandez, Ben Oliver, Szymon Kudranski, Scott Hanna, Al Barrionuevo, Eber et Julio Ferreira,
Couverture : Jason Fabok, et Brad Anderson
Dépot légal : Le 12 janvier 2018
Achev. impr. : décembre 2017
Editeur : Urban Comics
Collection : DC Rebirth
Planches :158Une nouvelle équipe a vu le jour, créée à l’initiative de Batman et entraînée par Batwoman, sa cousine Kate Kane dans la vie privée. Beaucoup parmi les membres et co-équipiers de Batman se posent des questions depuis l’attaque des monstres et depuis qu’ils ont vu Red Robin disparaître considérant, à commencer d'ailleurs par Batman, qu'il est sans doute mort. Ils redoutent surtout que le venin monstrogène crée d’autres monstres et s’interrogent sur les chances de réussite d’une telle équipe et sur ses motivations puisque la plupart de ses membres sont des filles de super-vilains – Batwoman, Spoiler ou Orphan – ou d'anciens criminels comme Gueule d'Argile. L’arrivée du "Syndicat des Victimes", un groupe aux pouvoirs extraordinaires pouvant battre cette nouvelle Bat-équipe ne va pas faciliter les choses surtout lorsque ce Syndicat demande à Batman de retirer son masque et de prendre sa retraite. A leurs yeux, c’est la présence de Batman à Gotham qui est la cause principale des malheurs qui s'y produisent et qui fait que les super-vilains y prolifèrent en causant beaucoup de victimes collatérales. Sans l’aide de Red Robin, Batman et Batwoman se demandent s'ils vont réussir à contrecarrer l’action de ce Syndicat alors même qu’il a réussi à semer le doute au sein de la nouvelle Bat-équipe.
La seconde partie de l’album est un retour aux sources, aux origines du personnage qu’est devenu aujourd’hui Batwoman. Kate Kane se destinait à une carrière au sein de l'armée jusqu'à ce que ses supérieurs découvrent son homosexualité et la remercient. Après cet échec, elle sera prise en main par son père, Jacob Kane, qui va l’entraîner aussi durement qu'à l'armée dans le but d’en faire "Colonie Prime", le premier membre d’une organisation militaire étudiant le mode opératoire de Batman et opérant à Gotham City. Mais elle préférera étudier seule Batman et se rapprocher de sa méthode de combat contre les criminels de Gotham. Elle découvrira par la suite qu'il n'est autre que son cousin Bruce Wayne. Aujourd'hui, elle va devoir affronter celui qui a endossé le rôle de Colonie Prime. Son père, désormais en prison, va lui proposer un deal qu'elle ne pourra refuser. Mais comment faire confiance à un père devenu criminel ?
Mon avis: Batman et ses partenaires ne sont pas les bienvenus aux yeux du Syndicat des Victimes et le trouble s'insinue lorsque ce dernier explique qu’il n’y aurait pas ou peu de victimes collatérales s’il n’y avait pas de super-héros. La nouvelle équipe constituée par Batman et entrainée par Batwoman acquiert toute sa puissance et sa crédibilité dans ce second tome de Batman Détective Comics. Il faut dire que les personnages sont ceux de séries – Batman Eternal et Batman & Robin Eternal – pilotées par le même scénariste. Il a donc tout loisir de les diriger comme il l’entend et cela se ressent. Il joue de leurs états d'âme, de leurs doutes, de leurs interrogations sur leur maintien ou non dans une équipe de prime à bord improbable mais qui parviendra à se forger une identité et une raison d’être sauf pour l’un de ses membres qui décidera de la quitter. On notera surtout l’omniprésence de la violence dans les séries Batman avec des ennemis de plus en plus agressifs et n’hésitant plus à tuer, ce qui d’un certain point de vue justifie pleinement l’appellation "super-vilains". Coté dessin, c’est selon le goût de chacun. Pour ma part, je n’y vois que du bon. Pour les épisodes du Syndicat des Victimes, Eddy Barrows, Alvaro Martinez, Al Barrionuevo et Carmen Carnero nous offrent un travail de qualité donnant un très beau résultat globalement cohérent tant sur les personnages que les décors. Les héros sont charismatiques, expressifs, leurs mouvements clairs et fluides, les décors d’arrière-plan soignés et bien fournis, les scènes d'actions superbes avec des cadrages dynamiques. L’encrage réalisé par Raul Fernandez, Eber Ferreira (finitions Julio Ferreira) et Al Barrionuevo est également à la hauteur. Les couleurs soulignent le travail des artistes, leur donnant de la profondeur et jouant également avec la lumière.
Dans la seconde partie de cet album, consacrée aux origines de Batwoman, on prend plaisir à retrouver cette héroïne souvent considérée comme mystérieuse. Pour cet épisode, James Tynion IV est rejoint par Marguerite Bennett au scénario. Tous deux connaissent bien le personnage sur lequel ils ont déjà travaillé ensemble. Ils donnent de la profondeur à Kate Kane, n’hésitant pas à rapprocher les Bat-cousins Bruce et Kate, et nous apportent des précisions sur la nature des relations entre Kate et son père et du même coup sur les origines de "Colonie Prime". Sur cet épisode, les illustrations de Ben Oliver s'apparentent davantage à de la peinture alternant les tons chauds et froids et agrémentée de beaux jeux de lumière.
Un très bel album vivement recommandé à tous les amateurs de Batman.
SDJuan
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TÉLÉMAQUE
- Par asbl-creabulles
- Le 12/03/2018
Tome 1: A la recherche d'Ulysse
Scénario : Kid Toussaint
Dessin : Kenny Ruiz
Couleurs : Noiry
Dépot légal : le 3 mars 2018
Editeur :
Collection : Dupuis "Tous Public"
Planches :54Dix ans déjà qu’Ulysse est parti mener la guerre contre Troie et aucune trace de lui ni des autres membres de l'équipage qui l'accompagnait. Devenue régente, son épouse Pénélope ne peut prendre aucune décision militaire et va devoir choisir un nouvel époux pour régner sur Ithaque. Leur fils Télémaque est encore trop jeune pour monter sur le trône et le danger peut survenir à tout moment, surtout depuis que Néoptolème, le fils d'Achille, s’est mis en quête de nouveaux territoires, dont Ithaque ! Ne faisant ni une ni deux, Télémaque décide de partir à la recherche de son père en commençant par l’endroit où il pense obtenir des réponses, chez le Roi de Pylos, Nestor, l’ancien compagnon d'armes de son père. Sur place Nestor annonce à Télémaque qu'Ulysse n'est plus et qu’il doit se faire à cette idée. Ce n'est pas l'avis de la princesse Polycaste, la fille de Nestor, qui voit aussi dans la venue de Télémaque une occasion de fuir un mariage forcé. Ensemble, ils se lancent à la poursuite d’Éole, le dieu des vents, pour savoir quelle direction prendre. Malgré l'arrogance de Télémaque, Polycaste va réussir à obtenir d'Éole qu’il les aide en leur donnant un coup de pouce en la "personne" de Zéphyr, le vent de l’Ouest. Bien d'autres surprises, bonnes ou mauvaises, attendent notre jeune équipe intrépide dans cette nouvelle quête: retrouver le Roi d'Ithaque.
Mon avis: Avec "Télémaque", Kid Toussaint nous emmène en mer retrouver les héros et dieux de la mythologie qui ont bercé notre enfance, mais dans une version très actuelle et une interprétation très libre qui fera peut-être grincer les dents des puristes mais qui devrait ravir la jeune génération avec ses nombreuses scènes rocambolesques. Et, qui sait, la pousser à en savoir davantage et à se documenter sur l'Odyssée d’Homère.
Avec des dessins bourrés d'énergie dans un style proche du manga tout en gardant les codes de la BD franco-belge, cette nouvelle série jeunesse a tout pour séduire les jeunes lecteurs. Kenny Ruiz, qui a déjà travaillé avec Kid Toussaint sur la série Magic 7, a su rendre Télémaque des plus sympathiques, des plus intrépides et téméraires, voire casse-cou, aux côtés de son équivalent féminin en la personne de la jolie princesse Polycaste. Elle ne se gêne pas pour lui dire ce qu’elle pense et même le remettre à sa place par de petites claques bien placées et au bon moment. Ces personnages, qui vont s'étoffer au fil du récit, sont bien typés et bien reconnaissables, formant une équipe hétéroclite des plus loufoques parfaitement maîtrisée par Kenny Ruiz.
Le récit est bien mis en valeur par la colorisation de facture classique et réussie de Noiry, apportant de la clarté et de la profondeur au dessin efficace et plaisant de Kenny Ruiz.
Une aventure agréable, pleine d’énergie et drôle dont on espère qu’elle attirera un nouveau public de jeunes lecteurs vers la BD.
SDJuan
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AKKINEN
- Par asbl-creabulles
- Le 09/03/2018
Akkinen - Eone Toxique
Roman graphique
Scénario: Iwan LÉPINGLE
Dessins et couleurs: Iwan LÉPINGLE
Dépôt légal: janvier 2018
Éditeur: Sarbacane
Nombre de pages: 100 pages"Alors, on a creusé. Les compagnies sont arrivées, dont Geotrupe, elles en ont trouvé, du sable bitumeux, et en grande quantité ! Et elles ont continué de creuser. Jusqu’à cinquante mètres de profondeur… ". Akkinen Zone toxique est un roman graphique réalisé par l’auteur Iwan LÉPINGLE.
En 2002, Iwan Lépingle, professeur de maths devient conteur en publiant "Kizilkum", sa première BD, chez Les Humanoïdes Associés. Puis suit "Rio Negro" en 2007 qui confirme son goût du voyage et des grands espaces.
Akkinen, qui vient de sortir aux éditions Sarbacane, est à la fois une chronique sociale, un drame écologique et un roman construit sous forme d’intrigue policière. Par le biais d’un dessin clair et précis, en bichromie, l’auteur nous raconte l’histoire de Gaspar et sa fille qui s’installent à Akkinen, une ville du Grand Nord. Tout le monde ici travaille plus ou moins pour Geotrupe, une entreprise d’exploitation de sables bitumeux dirigée par Elias, "un sacré numéro" mais surtout le frère de Gaspar.
Iwan Lépingle, nous, propose un roman graphique passionnant. L’intrigue est captivante et le suspense bien mené et soutenu tout au long des 100 pages de l’histoire. Les personnages sont attachants, expressifs. Si l’histoire tourne autour d’une exploitation de sables bitumineux – Geotrupe qui pourrit les eaux, dirige la ville et corrompt ses habitants – elle conte également de façon touchante et subtile les relations pères- filles et une histoire de frères. Le ton est juste. Akkinen c’est aussi la magie et la poésie: les sculptures robots d’Aslak, sa "douce folie" et les peintures de Tessie, fille de Gaspar. Et surtout, une leçon pour un retour à la Terre.
Ci-après un lien indispensable pour en apprendre davantage sur l’exploitation des sables bitumeux et son important impact environnemental https://fr.wikipedia.org/wiki/Sable_bitumineux .
Michel
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Le 3e Œil
- Par asbl-creabulles
- Le 02/03/2018
Le Sommeil Empoisonné
Scénario: Didier Tronchet
Dessins et couleurs: Baron Brumaire
Dépôt légal: 14 Février 2018
Editeur:
Nombre de pages: 54 pagesUn retour inattendu...ou un nouveau départ ?
Violine est une petite fille pas comme les autres imaginée par le duo Didier Tronchet et Fabrice Tarrin pour les éditions Dupuis. Après dix ans d’absence, Violine a grandi et elle nous revient adolescente avec un nouveau dessinateur: Baron Brumaire. Selon moi, il n'est pas indispensable d'avoir lu les albums précédents (ce qui est mon cas d’ailleurs) pour apprécier le nouveau triptyque des "aventures indiennes" de Violine. Il vous suffit de savoir que Violine a 16 ans et qu’elle lit dans les têtes.
Le synopsis: Violine se sert de ses pouvoirs particuliers pour tricher à l’école et en fait profiter les copains. Un jour, sa mère lui demande de les utiliser dans un but plus noble et d’essayer d’entrer en communication avec un jeune indien qui ne parle pas, Tsampa. Cet enfant est hanté par des rêves de serpent et est en danger. Violine décide de l’aider et s’embarque dans une histoire qui combine action et mystère autour d’un royaume maudit à la frontière de l'Inde.
Mon avis: Un scénario trépidant de Didier Tronchet pour une aventure à rebondissements pleine d’humour. C’est charmant, spontané, les personnages sont attachants et on ne s’ennuie pas tout au long des 54 planches de ce premier volet. J’ai été séduit par le graphisme vif et léger de Baron Brumaire, nouvel illustrateur du monde de Violine. Baron Brumaire, en parfaite osmose avec le récit en souligne le ton, l’ambiance et le rythme. Son dessin fluide – croquis dépouillé à l’ancienne, rehaussé d’une palette de couleurs vives – se démarque très agréablement de la production BD actuelle pour "jeune lectorat". Je vous conseille vivement l’achat de la BD "Le Sommeil Empoisonné": c’est neuf, frais et cela fait du bien.
À noter qu'il existe une première version inachevée du 3e Œil, dessinée par Jean-Marc Krings (successeur de Fabrice Tarrin pour les aventures de Violine), dont les 20 premières planches en noir et blanc sont parues sous forme d'album en 2013 chez "La Vache qui Médite". La présente chronique concerne la nouvelle version au scénario modifié et illustrée par Baron Brumaire.
Michel
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La FORME DE L'EAU
- Par asbl-creabulles
- Le 28/02/2018
Un film de Guillermo del Toro
Avec: Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins, Doug Jones
Genres: Fantastique, Drame, Romance
Nationalité: Américain
Date de sortie: 21 février 2018
Durée: 2h03Résumé: Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…
Avis: Un film d'une beauté rare qui m'a laissé sans voix.
Une histoire d'amour hors norme qui va au-delà des différences, des monstres humains plus laids et effrayants que les non humains... Et l'eau, l'onde et la douceur des remous, des va-et-vient de l'amour, de l'amitié et des sentiments.
Les femmes sont douces et fortes et les hommes sont pleutres.
La musique est belle et désuète, et l'ambiance rétro est magnifiquement rendue.
Le film baigne dans des couleurs vertes et rouille qui font penser à "La Cité des enfants perdus" de Jeunet. L'esthétique tient d'ailleurs une place très importante et Guillermo del Toro signe sans doute le plus beau film de sa carrière, dans la magnifique lignée du Labyrinthe de Pan et peut enfin rentrer officiellement au panthéon des très grands réalisateurs où il figurait déjà pour moi.
Frédéric Briones qui vient de créer son site: http://frederic-briones.com/