Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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JUSTICE LEAGUE Récit complet n°5
- Par asbl-creabulles
- Le 08/04/2018
Titans : Bienvenue à Manhattan
Scénario : Dan Abnett, Marv Wolfman
Dessin : Geaorge Pérez, Minkyu Jung, Lee Weeks, et Brett Booth.
Couleurs : John Drake, Adriano Lucas, John Kalisz et Andrew Dalhouse.
Encrage : Romeo Tanghal, Lee Weeks, Norm Rapmund et Minkyu Jung
Couverture : Andrew Dalhouse, Brett Booth et Norm Rapmund.
Dépot légal : Janvier 2018
Editeur :
Collection : DC Presse
Planches :143Alors que des êtres dotés de super-pouvoirs ont surgi à Manhattan, se faisant appeler les Métas, dans le même temps, l'équipe des Titans de Wally West l’un des "Flash" actuels, comprenant Aqualad, Arsenal, Omen et Wonder Girl, vient s’installer en ville. Grâce aux avancées techno-organiques des Atlantes, Aqualad a fait construire la nouvelle tour des Titans en un temps record. La société "Méta Solution" semble s'intéresser aux personnes dotées de super-pouvoirs. Elle proclame haut et fort qu'elle peut leur venir en aide, qu’il s’agisse de les débarrasser de leurs pouvoirs ou de leur donner le moyen de les contrôler. Le gros souci est que cette société est dirigée par les "Cinq Redoutables", d'anciens ennemis jurés des Titans et de la Justice League qui se seraient reconvertis en agneaux altruistes et auraient renoncés à leurs propres pouvoirs pour aider les autres. Les Titans ne sont pas prêts à avaler de telles couleuvres et restent sceptiques sur les véritables intentions de cette société alors que Karen et Malcom Duncan, anciens membres de l’équipe, s’y rendent pour trouver une solution à leurs pouvoirs.
Dans la seconde partie, Batman/Nightwing, Aquaman/Aqualad, Wonder Woman/Wonder Girl, Flash (Barry Allen)/Flash (Wally West) se retrouvent piégés dans une sorte de bunker aux multiples portes et galeries où ils ont été attirés mais dont aucune ne semble mener vers une éventuelle sortie et dans lequel il n’y a aucun moyen de communiquer avec l'extérieur. Même Omen, la télépathe des Titans, n'arrive pas à entrer en communication avec ses amis. Quelqu'un semble les avoir réunis ici pour qu'ils livrent leurs secrets mais aussi leurs rancœurs les uns envers les autres, mentors contre anciens "protégés". Qui peut bien se cacher derrière tout ça ?
Mon avis: Si l’on peut se réjouir du retour des Titans, malheureusement les récits qui leur sont dédiés restent dans l’orbite de la Justice League ! Dommage qu’Urban mette toujours en avant cette dernière alors que tout démontre que l’équipe des Titans est aussi bonne que sa série "mère". À quand un album ou un titre propre aux équipes des Titans? Urban serait-il un éditeur trop frileux? Je ne pense pas être le seul à penser la même chose. D’autant plus qu'aux USA ces séries parallèles fonctionnent très bien depuis des décennies alors qu’ici c'est la croix et la bannière pour essayer de suivre leurs aventures en VF. Dan Abnett est à la tête des scénarios. Dans la première partie, nous accompagnons Wally West "Flash" revenu de la zone Flashpoint dans notre dimension où les souvenirs de la population ont été altérés ou effacés et réactivés grâce à ce retour de Flash. Seul le Superman actuel qui était resté dans l'ombre de celui récemment décédé partage encore tous les souvenirs de Wally West. La réapparition des ennemis communs à la Justice League renforce encore un peu plus le lien des Titans avec leurs aînés.
La seconde partie est davantage axée sur leurs rivalités mais n'en reste pas moins intéressante. Côté dessin, Lee Weeks s’est chargé du premier épisode (n°7 des Titans) puis il passe le relais à Brett Booth (n°8 et sv. des Titans). Les deux parties sont tout aussi énergiques l'une que l'autre, tout en gardant un cadrage plus classique pour la première. Sinon, on y retrouve le même punch, le même souci de proposer un dessin de qualité, efficace et puissant. Le découpage en oblique de Brett Booth bien connu des habitués de ce dessinateur ne nuit en rien à la lecture de l’épisode. L'encrage soigné réalisé par Lee Weeks et Norm Rapmund sert bien le mouvement que les deux dessinateurs ont souhaité donner à leur travail. Dans la seconde partie, Annual 1 Héritage, le résultat est tout à fait conforme aux standards actuels de DC, plutôt dynamique bien que dans une sorte de huis clos avec de multiples ennemis sortant de nulle part.
Un classique des New Teen Titans de Marv Wolfman et George Pérez (n° 7 avec la première apparition des Cinq Redoutables dans la série) viendra compléter ce volume épais de 160 pages proposé au prix très abordable de 5,90 €.
Info édition : Contient Titans (2016) #7-10, Titans (2016) Annual #1 et New Teen Titans (1980) #7.
SDJuan
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Moments clés du journal de SPIROU
- Par asbl-creabulles
- Le 01/04/2018
Scénario : François Ayroles
Dessin : François Ayroles
Couleurs : François Ayroles
Dépot légal : 02 mars 2018
Editeur :
Collection : Patrimoine
ISBN : 978-2-8001-7114-2
Nombre de planches : 310C’est en 1937 que Jean Dupuis et sa famille décident de créer un nouveau journal illustré pour la jeunesse qui paraîtra sous le titre "Journal de Spirou" (spirou = écureuil en wallon). Le projet semble facile à mettre en œuvre pour celui qui dirige déjà une maison d’édition à Marcinelle (aujourd’hui intégrée à Charleroi) publiant des romans illustrés ainsi que les magazines "Bonnes soirées" pour le public familial et "Le Moustique" pour le public masculin. Malgré tout, la famille Dupuis va prendre le temps de s’en occuper avec beaucoup d’application. Nommé directeur du journal, Charles Dupuis engage le romancier Jean Doisy pour animer les rubriques. Le dessinateur français Robert Velter, connu par la suite sous le pseudo Rob-Vel, sera recruté pour créer le personnage de Spirou. Avec sa femme, également dessinatrice, ils vont choisir de faire de Spirou un groom en s’inspirant de ceux que Robert avait côtoyés lorsqu’il travaillait comme stewart sur un paquebot transatlantique. Après un numéro gratuit de 4 pages distribué en Wallonie, le premier numéro du Journal de Spirou sort le jeudi 21 avril 1938, tiré à 80.000 exemplaires! Vous l’aurez compris, le journal célèbre ses 80 ans en cette année 2018!
François Ayroles qui s’est déjà attaqué à l’histoire de la bande dessinée ("28 moments clés de l’histoire de la bande dessinée" chez Le 9e monde en 2004, "Nouveaux moments clés de l’histoire de la bande dessinée" chez Alain Beaulet éditeur en 2008 et "Moments clés de l’Association" publié chez l’Association en 2012) nous revient en force en 2018 pour célébrer les 60 ans du Journal de Spirou et décrypter avec beaucoup de précision et d’anecdotes les moments stratégiques du journal depuis sa création en 1937 jusqu’à sa vente à un groupe financier en 1985 lorsque son directeur, Charles Dupuis, a pris sa retraite.
Le format adopté est original, présentant 150 textes plutôt anecdotiques accolés à 150 illustrations, tour à tour drôles, croustillants, tristes, dramatiques ou héroïques mais toujours avec l’intention de présenter et faire comprendre les diverses étapes stratégiques de l’histoire du journal durant la période 1937-1985. Et même s’il n’a jamais travaillé chez Dupuis et n’a pas connu cette époque, François Ayroles nous dépeint chaque moment important de la vie du journal ainsi que l’actualité du temps.
On notera par exemple la création du club Spirou pendant l’occupation et l’utilisation par Jean Doisy du journal comme moyen de transmission de messages destinés à aider la résistance; la première tentative par Charles Dupuis de recruter Hergé qui refusera l’offre sous prétexte qu’il travaille déjà pour la revue "Le Vingtième siècle", en particulier son supplément "Le Petit Vingtième" dans lequel seront publiées les premières aventures de Tintin; la dure réalité de la guerre 39-45 qui perturbera fortement la parution du journal; l’arrivée de Joseph Gillain, alias Jijé, qui reprend Spirou après que Rob-Vel en ait cédé les droits à Dupuis, avant de lui-même passer la série à Franquin en 1946; l’arrivée simultanée de Morris, Franquin, Paape et Peyo lors de la reconstruction du journal après-guerre; le refus d’engager Hergé lorsque ce dernier tentera de se recaser; l’arrivée de nombreux auteurs qui vont marquer la BD de leur empreinte comme Follet, Delporte, Hubinon, Charlier, Bercq, Tillieux, Macherot, Roba, Goscinny, Walthéry, Cauvin, Salvérius, Lambil, Maltaite ou Hausman; et bien d’autres moments-clés de ce qui fut l’âge d’or de la BD.
François Ayroles nous propose dans ce volume de format réduit mais épais de plus de 300 pages une description précise de ces événements illustrés par des dessins plaisants et souvent caricaturaux un peu dans le style de l’école dite de Marcinelle (rivale de l’école de Bruxelles et sa "ligne claire" symbolisée par Hergé) qui va privilégier le sens de la caricature et le récit d’humour par un trait dynamique, simple et en rondeur, d’où l’expression "gros nez" qui qualifiera un style de BD qui va marquer l’histoire du 9e art de manière indélébile.
Un album BD sous forme de livre documentaire à conseiller pour découvrir de façon ludique et plaisante les premières décennies de la bande dessinée à travers l'histoire du Journal de Spirou et de la maison Dupuis. Du pur plaisir.
SDJuan
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La BALLADE de DUSTY
- Par asbl-creabulles
- Le 31/03/2018
Tome 1/2: Bertha wagon à bestiaux
Scénario: Aurélien Ducoudray
Dessins: Gilles Aris
Couleurs: Albertine Ralenti
Dépôt légal: Mars 2018
Editeur: Bamboo Édition, collection Grand Angle
Nombre de pages: 54 planchesDans Tintin en Amérique, Hergé ne consacrait qu'une seule image à la grande dépression des années 30. Aurélien Ducoudray, quant à lui, a décidé d’y consacrer un diptyque: la ballade de Dusty. "Bertha wagon à bestiaux", l’album d’ouverture, vous est présenté aujourd’hui.
"1930 - États-Unis, pendant la Grande Dépression. Expropriée, la famille de Dusty va devoir habiter chez des voisins. La gamine ne décolère pas, car son père est parti à Washington demander avec quelques milliers d'autres manifestants des comptes au président... Mais c'est trop long… Elle décide d'aller le chercher ! Sur son chemin semé d'embuches elle va rencontrer de nombreux personnages (réels ou imaginaires), comme Tom Joad, le héros des Raisins de la colère de Steinbeck, les criminels Bonnie & Clyde ou encore les artistes du cirque du film Freaks." [Bamboo]
Le scénariste Aurélien Ducoudray oppose la vision enfantine de Dusty (10 ans au petit compteur de l’héroïne) à la dure réalité d’une Amérique en crise. Elle croisera, tour à tour, au cours d’une sorte de ballade initiatique de nombreux personnages réels, atypiques et/ou fictifs. Ci-dessous, "en version originale", par ordre d’apparition dans la ballade de Dusty:
Dusty Boxcar ou Bertha wagon à bestiaux / planche 10.
Tom Joad (Henri Fonda dans le film Les raisins de la colère / planche 23.
Dorothea Lange (1895-1965) / planche 31.
Photo de Dorothea Lange (mère migrante) / planche 33.
Bonnie et Clyde / planche 50.
Freaks (extrait du film de Tod Browning) / planche 54.Une belle brochette de portraits mythiques et de nombreux "laissés pour comptes" dont les fameux hobos (les nomades indésirables du rail) se croiseront dans le conte d’Aurélien. L’auteur nous propose un road trip grand public qui rend bien la vie, la violence et la tristesse de l’époque. Nous retrouverons avec plaisir la gamine Dusty, témoin improbable d’une sombre époque, dans le deuxième album en juin prochain.
Au dessin, Aurélien Ducoudray a choisi Gilles Aris qui, après huit années passées à dessiner des décors traits chez Ankama, signe ainsi son grand retour à la BD. Le traitement est dynamique et très caricatural. Trop à mon goût (mais c’est le choix des auteurs) pour être au diapason d’un drame d’une telle ampleur !
Mon conseil: Relisez le roman "Les raisins de la colère" de John Steinbeck ou visionnez-en le très beau film réalisé par John Ford pour compléter votre lecture BD du jour.
Michel
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DEFENDERS
- Par asbl-creabulles
- Le 28/03/2018
Tome 1 : Les Diamants sont éternels
Scénario : Brian M. Bendis
Dessin : David Marquez
Couleurs : Justin Ponsor
Dépot légal : 28 février 2018
Editeur : Panini Comics
Collection : 100% Marvel
Nombre de planches : 128Il y a du rififi à prévoir dans l’univers du crime organisé car Willis Stryke, alias Diamondback, un super criminel censé être mort, est réapparu et cherche à prendre la place du caïd Fisk qui régnait sur New-York et notamment Hell's Kitchen. Il décide de rassembler tous les parrains et autres barons de la pègre locale afin qu'ils travaillent ensemble mais aussi pour leur offrir sa protection et leur garantir des gains colossaux. Cette arrivée n'est pas du goût de tous, à commencer par les super-héros urbains, ceux que l’on nomme "Héros à louer" – Iron Fist et Luke Cage mais aussi Daredevil – qui veulent nettoyer le quartier et qui le font savoir de manière expéditive en faisant une apparition musclée pendant cette réunion. Furieux de leur ingérence dans ses affaires, Willis Stryke, ancien pote de Luke Cage devenu plus tard son ennemi, est bien décidé à montrer à ces justiciers qu'ils vont devoir faire face à de terribles représailles. Et d’ailleurs, celles-ci ne vont pas se faire attendre. Rendant visite à Jessica Jones sous un faux nom, il n’hésite pas à lui tirer dessus et lui mettre plusieurs balles dans le ventre. Puis il envoie une roquette sur Luke Cage, il lance une voiture en feu en direction d’Iron Fist et enfin provoque une explosion devant le tribunal d’où sort Matt Murdock. Mais une super-vilaine/héroïne, ex-petite amie de Spider-Man, fait également sa réapparition. Quel rôle la Chatte Noire va-t-elle jouer dans cet imbroglio, baronne de la pègre, ce qu'elle semble être devenue, ou alliée de justiciers en bien mauvaise posture ?
Mon avis: Cela faisait longtemps que je n'avais plus lu un récit aussi fort chez Marvel et, qui plus est, mettant en scène nos "héros à louer" Iron Fist et Luke "Power Man" Cage. La place abandonnée par Fisk ne sera donc pas restée vide longtemps. C'est un Diamondback hyperviolent qui nous revient de l'autre monde, bien en chair et en os. Assez puissant pour mettre une bonne dérouillée à nos super-héros urbains et embarquer une Chatte Noire qui essaye du mieux qu'elle peut de se sortir de cette voie de garage qui semble se refermer plus vite que prévu.
C’est le beau succès rencontré par les séries télévisées Punisher, Daredevil, Luke Cage ou Defenders produites par Netflix qui a incité Marvel à publier une nouvelle série. Loin des Défenseurs de la première époque (Silver Surfer, Dr Strange, Hulk, Namor rejoints par Iceberg, Angel, etc.), on retrouve dans cette nouvelle mouture Jessica Jones, son mari Luke Cage, Iron Fist et, bien sûr, Daredevil. Au scénario, Brian M. Bendis nous offre une aventure solide et très plaisante. Ayant l’habitude de gérer des équipes et, dans le cas présent, une équipe composée de personnages qu'il a créés comme Jessica Jones ou déjà scénarisés, il est à l’aise pour nous proposer un récit plutôt spectaculaire, plein d’action et de rebondissements.
Les dessins de David Marquez sont tout simplement bluffants, dynamiques et bourrés d'énergie. Il multiplie les plans et cadrages dignes des meilleurs films d'action et réussit à bien mettre en valeur les personnages. La force à l’état pur est naturellement présente mais Iron Fist donne vraiment l'impression d'être un maître en arts martiaux (ce qui lui faisait défaut depuis quelque temps déjà).
Ces Défenseurs (Defenders) version Bendis-Marquez 2018 sont une belle surprise. Le premier tome est plutôt sympathique mais ce bon résultat devra encore être confirmé.
SDJuan
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OBLIVION SONG
- Par asbl-creabulles
- Le 26/03/2018
Tome 1: Le chant de l'oubli
Scénario: Robert Kirkman
Dessin: Lorenzo Di Felici
Couleurs: Annalisa Leoni
Editeur: Delcourt Comics
Dépot légal: mars 2018
Nombre de pages: 160Nathan Cole organise des voyages interdimensionnels afin de récupérer un maximum d'humains partis de "l'autre côté", à Oblivion. Cela fait dix ans déjà que 300.000 habitants de Philadelphie ont mystérieusement disparu, littéralement happés dans cette autre dimension où vivent des monstres géants qui chassent les humains pour s'en nourrir. Nathan Cole et ses hommes ont déjà effectué plusieurs missions-suicide pour ramener des survivants mais devant les maigres résultats de leurs dernières expéditions sauvetage, le gouvernement ne veut plus les financer. De plus, une certaine inquiétude se fait jour concernant la solidité de la barrière séparant les deux mondes car si elle venait à se dégrader, les humains se retrouveraient impuissants face à ces monstres. Malgré tout, Nathan Cole ne peut se résoudre à abandonner et continue d’y aller seul, sans soutien, d'autant que son frère Edward est toujours coincé de l'autre côté. Quand les derniers rescapés qu’il ramène parlent d'un certain Ed qui aurait pris la tête d’une sorte de commando, il veut en avoir le cœur net coûte que coûte!
Mon avis: Robert Kirkman nous revient en force, après "The Walking Dead" dont le succès n'est plus à démontrer et qui lui a valu le prix Eisner Award en 2010. Le voici aux commandes d’une série de science-fiction interdimensionnelle qui ne nous lâche plus. Après un début typique des séries du genre, l’intrigue se complique rapidement et soulève de nombreuses questions pour notre plus grand plaisir. Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé de ne plus aider Nathan Cole dans ses missions de récupération de rescapés d’Oblivion ? Pourquoi certains ne souhaitent-ils pas être "rapatriés" de cette autre dimension et qui sont-ils ? Son frère Ed est-il toujours vivant et où se trouve-t-il ? À quoi correspond ce "chant de l'oubli" ? Kirkman nous propose un scénario solide, bien ficelé avec une bonne dose de mystères et de surprises pour nous tenir en haleine pendant un bon bout de temps, comme il en a l'habitude si l’on en juge d’après ses précédentes séries comme "Invincible", "Haunt" ou "Outcast" et "The Walking Dead" pour ne citer que quelques-uns de ses travaux.
La partie dessin a été confiée à Lorenzo di Felici qui après des débuts dans le monde de la BD italienne, franco-belge et américaine comme coloriste et dessinateur s’est rapidement hissé au rang de dessinateur attitré. Dans Oblivion song, il nous propose un dessin dynamique et clair, avec des personnages bien reconnaissables, des monstres atypiques et impressionnants face auxquels on n'aimerait pas trop se trouver. La mise en page est efficace, dans un style plutôt cinématographique qui confère son plein d'énergie à cette série.
La couverture donne tout de suite le ton et est très représentative du contenu, que ce soit pour les personnages, le style de dessin et les couleurs, ce qui devient de plus en plus rare, soulignons-le, dans le comics.
Les couleurs réalisées par sa compagne Annalisa Leoni apportent de la profondeur aux personnages et aux décors et font bien ressortir l’énergie qui se dégage de l’album. Un très bon moment de lecture fortement conseillé aux aficionados de ce genre de comics.
SDJuan
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SOURIRE 58
- Par asbl-creabulles
- Le 25/03/2018
Scénario : Patrick Weber
Dessin : Baudouin Deville
Couleurs : Baudouin Deville et Bérengère marquebreucq pour la couverture
Dépot légal : le 21 mars 2018
Editeur : Anspach
Nombre de planches :52Kathleen Van Overstraeten ignore encore qu'elle va vivre une aventure d'espionnage des plus périlleuses lorsqu'elle pose sa candidature au poste d’hôtesse à l'exposition universelle de 1958. Kathleen fera partie des 280 personnes sélectionnées sur près de 3000 postulantes. Si elle doit suivre une formation de quatre mois, elle est vite avantagée par rapport aux autres candidates grâce à son sourire surnommé "Sourire 58" par la responsable du recrutement. Les choses se compliquent lorsqu’elle croise un voleur à la tire qui lui arrache son sac à main en pleine visite guidée du chantier peu de jours avant l’inauguration de l’expo. Heureusement, son sac est aussitôt récupéré par Jean-Marc Spruydt qui passait par là. Kathleen sera choisie pour la cérémonie officielle d’inauguration de l’exposition puis pour l’accueil de hauts dignitaires et responsables des pavillons nationaux les jours suivants. Tout semblait donc aller pour le mieux pour Kathleen jusqu’à ce que les problèmes surgissent: une statue représentant le Christ décalé de la croix – œuvre de l’artiste tchèque Svoboda – est dérobée dans le pavillon du Vatican. Puis la délégation de l’URSS fait savoir que son pavillon a fait l’objet de ce qui s’apparente fortement à un sabotage. En pleine guerre froide, ces événements menacent directement les négociations de paix et risquent de transformer cette guerre froide en conflit ouvert.
Mon avis: Cet album tombe à pic pour célébrer les 60 ans de l'Expo 58 et de l'Atomium. A noter qu’il fait l’objet de deux expositions, l’une intitulée "Outdoor Atomium" présente au pied de l’Atomium du 23 mars au 16 octobre 2018 les grandes étapes de l'expo universelle de 1958 illustrées par des vignettes agrandies de l'album Sourire 58. La seconde se tiendra à la Galerie Champaka du 13 avril au 5 mai.
Le romancier et scénariste BD Patrick Weber nous plonge en pleine guerre froide avec ce thriller géopolitique autour de l’exposition universelle de 1958 qui réunit tous les ingrédients du genre: intrigue policière, négociations pour la paix sur fond de conflit USA/URSS, manipulations et trahisons, amours et faux-semblants, etc. L’innocente Kathleen va se retrouver mêlée malgré elle à la plupart de ces événements mais ne se laissera pas menée par le bout du nez aussi facilement qu’on aurait pu le penser. Un récit d’aventure très plaisant et agréable à lire et original par son traitement "à l'ancienne".
Le travail méticuleux de Baudouin Deville contribue largement à cette réussite et répond tout à fait à notre attente. Deville développe un style Ligne claire impeccable qui colle parfaitement au récit. Il met à profit ses talents de graphiste et d'illustrateur pour nous faire revivre à travers son dessin le Bruxelles de la fin des années 50 avec beaucoup de plaisir et de curiosité. Ses illustrations détaillées et très documentées (sur la base notamment des archives de la fille du commissaire général de l'exposition 58, Jacqueline Moens de Fernig) nous offrent une reconstitution des plus intéressantes du Bruxelles de l’époque, ses rues, ses places, ses automobiles et tramways, mais aussi les multiples costumes, tenues et coiffures, sans oublier les charmantes hôtesses d’accueil engagées pour l’Exposition universelle de 1958 qui a attiré 42 millions de visiteurs.
Un bel album dédié aux 60 ans de l'expo 58 qui devrait ravir tous les nostalgiques mais aussi curieux de cette belle époque, une expo qui fut le reflet d’une société confiante en son avenir et à l’origine de l’Atomium devenu au fil du temps le monument emblématique de Bruxelles. Les lecteurs assidus et connaisseurs reconnaîtront des personnages illustres de la Ligne claire que Deville s'est amusé à représenter parmi les visiteurs de l'expo.
A noter que c'est le premier album des Éditions Anspach. Souhaitons-leur la bienvenue dans le monde de la BD
SDJuan
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Le Vendangeur de Paname
- Par asbl-creabulles
- Le 24/03/2018
Une enquête de L’Écluse et la Bloseille
Scénario: Frédéric BAGÈRES
Couleurs: David FRANÇOIS
Dessins: David FRANÇOIS
Dépôt légal: 24 Janvier 2018
Éditeur: Delcourt HORS COLLECTION
Nombre de pages: 60 planches
"Deux policiers d’une incompétence rare relèvent le défi d’un tueur machiavélique… Le Paris du début du 20e siècle, son argot chantant, ses bouchons et ses estaminets ressuscités par un duo d’auteurs bien chambré…" (Delcourt).Paris 1912, Pierre Caillaux, la Bloseille (le petit nouveau fils de ministre pistonné), et l'Écluse, un alcoolique patenté "porté sur la boutanche", forment une belle paire d'inspecteurs. Ils ont été mis au placard et priés de ne surtout pas se mêler de l’enquête qui mobilise toutes les forces du 36 Quai des Orfèvres. Ainsi en a décidé le Commissaire Divisionnaire. Il a même été très clair sur ce point: "Avec la barbaque en devenir qui navigue en ce moment dans les rues de Pantruche, je tiens pas à voir un bleu bite et un soiffard se mobiliser pour nous ralentir". Nous voilà dans l’ambiance !
Bloseille et l'Écluse ont de toute façon d’autres chats à fouetter. Ils décident, de commun accord, de faire équipe pour plancher sur "le décapsulé de Bercy – Marc Grappa – un caviste de la cour Saint-Émilion qu’on a sabré au ras des épaules". Le duo, mal assorti, apprendra à se connaître et arrivera, tout de même (ouf !), à aller au bout de ses investigations.
Le scénariste Frédéric Bagères, dont c’est la première bande dessinée, nous offre avec Le Vendangeur de Paname, un vaudeville au langage fleuri avec un bouquet de personnages truculents, attachants et hauts en couleurs. Sur le ton de parodie (série TV), les auteurs nous font découvrir les méthodes de la toute nouvelle police scientifique en ce début de siècle. C’est drôle et pas au goût des anciens du 36.
Aux pinceaux de ce polar comique de la Belle époque, nous retrouvons David François, le dessinateur de l’excellent diptyque "Un homme de joie" (Casterman). Le dessin est souple et élégant. David François donne du dynamisme aux scènes dans des décors posés et splendides. Les visages des personnages sont très caricaturaux et expressifs. Un style graphique maitrisé collant à la narration de son complice Frédéric Bagères.
Appréciez l’encrage au pinceau David François d'une planche tirée de la bande dessinée "Le vendangeur de Paname". Moi, j’en redemande !
Michel
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MONDO REVERSO
- Par asbl-creabulles
- Le 21/03/2018
Tome 1: Cornelia & Lindbergh
Scénario : Arnaud Le Gouëfflec
Dessin : Dominique Bertail
Couleurs : Dominique Bertail
Dépot légal : Janvier 2018
Editeur : Fluide Glacial
Nombre de planches :70Cornelia est de retour en ville et les problèmes aussi. Ce n'est pas la shériffe qui va lui causer des ennuis car elle est rapidement abattue par une bande d’indiennes mais plutôt une pasteure nommée Hatchet, chasseuse de primes à ses heures perdues et dont Cornelia va devoir se méfier. Dans le village voisin, Mumu, dont tout le monde sait qu’elle n’est pas une petite sainte, connaît un médecin appelée Suzette, en réalité un homme, un imposteur qui cherche à sauver sa peau et qui s'appelle en fait Lindbergh. Ce dernier va devoir traiter en urgence le gros problème auquel est confrontée Mumu. Car Mumu se transforme, un pénis lui pousse entre les jambes. Or si ses acolytes l’apprennent, Mumu risque bien de devoir se cantonner dans un rôle ménager avec les autres hommes, préparer les repas et s'occuper de la lessive. Lindbergh sera sauvé par Myrtille qui lui raconte que Camille, qui n’a pas toujours été un homme, sait comment traiter ce genre de problèmes au moyen d’un breuvage magique capable de changer le genre. Lindbergh et Cornelia qu'il va croiser dans sa fuite, vont tout faire pour mettre la main sur le secret de Camille.
Mon avis: Voici un album plutôt atypique, dérangeant penseront certains, qui illustre bien le formatage auquel nous sommes soumis depuis des siècles selon lequel l'homme accomplit des tâches d'hommes et les femmes des tâches réservées aux femmes. Ici, les codes sont inversés, et je l'avoue, il faut un petit temps d'adaptation. On se demande même si et quand les choses vont devenir "normales". Le philtre serait-il la solution? Mais voilà, tout dépend de ce qu’on entend par "normal". Voir des femmes cow-boys, oups! "cow-girls", honnêtement ce n’est pas vraiment gênant, mais on sourit et on est embarrassé en voyant des hommes en robe, bas résille et talons aiguilles dans le rôle du sexe dit faible. Déjà, cela démontre bien que ça ne court pas les rues et qu'il y a beaucoup de chemin à faire.
Vous l'aurez compris, il s’agit d’un album qui va à l’encontre de nos stéréoptypes et qui cherche à provoquer, non pas dans le mauvais sens du terme, mais bien pour nous secouer un peu et nous faire (sou)rire au passage, d’autant que les dessins de Bertail sont de toute beauté (sans jeu de mot) et on en redemande. Il est vrai que là aussi on doit faire un petit effort d’adaptation dans un premier temps, mais à mesure que l'on tourne les pages, le côté drôle prend vite le dessus. Et si les transgenres viennent égayer l’album, on ne peut qu’apprécier la beauté des paysages, les jeux d'ombres, les costumes, les décors. Bertail multiplie les belles prises de vues et alterne les scènes burlesques avec quelques séquences un rien plus dramatiques. Le choix du brou de noix pour la couleur donne un très beau résultat et un très beau rendu notamment pour tout ce qui concerne les paysages et vastes plaines de l'Amérique des westerns.
Un album drôle, qui ne se prend pas au sérieux, débordant d’imagination et très original de par le thème choisi et dont on attend la suite avec impatience.
SDJuan