Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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GASTON Méga Hors Série
- Par asbl-creabulles
- Le 20/04/2018
Méga Spirou
Hors-série
Spécial Gaston
Editeur:
Dépot légal: Avril 2018
Nombre de pages: 120 pages
Version kiosque: 6.90€
version librairie: 11,90€Accompagnant la sortie du film réalisé et interprété par Pierre-François Martin-Laval, Dupuis nous fait découvrir l'univers du gaffeur sachant gaffer, l'adorable Gaston Lagaffe. Ce Méga Spirou Hors Série nous plonge dans l'univers du film, avec plein d'anecdotes à la clé mais aussi des révélations sur les modifications nécessitées par une adaptation cinématographique se voulant plus "moderne" si l’on peut dire. On y retrouve les interviews des principaux comédiens, Pierre-François Martin-Laval dans le rôle de Prunelle, le patron de Gaston, Théo Fernandez dans la peau de Gaston, Alison Wheeler (M'oiselle Jeanne), Arnaud Ducret (Longtarin), Jérôme Commandeur (Aimé De Mesmaker) et bien d'autres qui nous parlent de leur lien avec le personnage de Gaston Lagaffe, de la manière dont ils ont été sélectionnés ou comment ils ont envisagé d’apprendre, de répéter, de jouer leurs rôles respectifs.
En fait de "modernisation", on se doit de constater que derrière chaque case, chaque gaffe ou chaque invention, Gaston était bien en avance sur son temps et qu’il défendait déjà des idées bien actuelles, comme l'écologie, la sauvegarde des espèces, etc. On découvre ainsi l'interview de représentants actuels menant ces combats, notamment Yann Arthus-Bertrand bien connu par ses livres, ses photographies, ses documentaires, ou Jean-François Juillard ancien reporter sans frontière qui dirige actuellement Greenpeace France, qui nous expliquent comment Franquin abordait la question de l’écologie et la traitait avec force et détermination. Idem avec l'écrivain et militant écologiste Cyril Dion, cocréateur du mouvement citoyen Colibris et réalisateur du film "Demain" ou du journaliste Pascal Canfin, directeur général du WWF France. Bien d’autres sujets sont abordés: côté cuisine c'est au tour de Philippe Etchebest et pour la chimie, Jean-Pierre Sauvage, colauréat du Prix Nobel 2016 pour ses travaux sur la chimie de coordination, etc... Chaque thème est illustré par une ou plusieurs planches tirées d’albums de Gaston par Franquin. C’est ici l’occasion de rappeler que Franquin a créé avec une efficacité extrême pour Amnesty International une planche qui sera utilisée pour ses diverses campagnes d’affichage.
N’oublions pas les hommages d'autres dessinateurs comme Erre, Fabcaro, Libon ou Zep, ainsi que celui de l'astro-physicien doublé d'un militant écologiste Hubert Reeves qui nous révèle ce désir intense qu'avait Franquin de vouloir lier la science à l'écologie.
Gaston un rebelle, un adepte de la désobéissance civile? José Bové et l'avocat Arnaud Gossement nous racontent quelques anecdotes démontrant de manière évidente que Gaston pouvait l'être tout naturellement et ce sans aucune agressivité.
En ce qui concerne plus directement la BD autour de Gaston, nous découvrons le lien qui existait entre Franquin et Frédéric Jannin, un véritable lien d’affection pour le créateur et son personnage. Nous découvrons comment ce dernier a réalisé un délicat travail de restauration en retravaillant les couleurs de la plupart des 940 planches que représente la collection complète des Gaston Lagaffe, ce qu'il a souhaité retoucher, ce qu'il a voulu préserver à tout prix.
Vous l'aurez compris, on s’amuse beaucoup à la lecture de ce Méga Spirou non seulement truffé d'hommages et de surprises mais qui va vous faire découvrir un Gaston Lagaffe que vous pensiez bien connaître et dont vous ne soupçonniez pas la face cachée.
Cet ouvrage est disponible en version magazine souple dans les kiosques (6,90 €) et en version album à couverture cartonnée chez votre libraire spécialisé (11,90 €).
A noter qu’il paraît presque en même temps que le tome 1 d’un autre ouvrage intitulé Gaston, en direct de la rédaction (Chroniqué ici)
SDJuan
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Les PETITES DISTANCES
- Par asbl-creabulles
- Le 19/04/2018
Scénario: Véro Cazot
Dessin: Camille Benyamina
Couleur: Camille Benyamina
Editeur:
Dépot légal: 22 avril.
Nombre de pages: 154Max est un jeune homme qui de plus en plus a l'impression de ne pas exister. En effet, les gens l'oublient dès qu'ils le quittent. Et lorsqu’ils le recroisent, ils ne le reconnaissent pas. Il a déjà ressenti cette impression avec sa mère pour qui il existait à peine, au point d’être transparent. Les choses semblent aller de mal en pis. Même sa psy, qu'il s'est enfin décidé à consulter, ne se souvient plus de lui. Même son colocataire ne le voit plus alors que Max vient à peine de s’installer chez lui. Plus les jours passent, plus il devient invisible aux yeux de tous. Plus personne ne le voit, ne le sent. Les gens lui passent au travers. Pourtant Léonie, une voisine qui vit seule à cause des fantômes et présences maléfiques qui la hantent chaque soir, semble être la seule personne capable de pouvoir entrer en contact avec lui. En effet, lorsqu'ils se sont traversés dans les escaliers, elle semble avoir senti sa présence. Max se décide donc à entrer en contact avec elle, mais rien ne semble se passer. Une nouvelle fois, il est invisible pour elle. Mais il finira par se sentir bien chez Léo et s'y installera, même invisible, même en tant que fantôme.
Mon avis: Voici une comédie sentimentale dans laquelle le fantastique va prendre le dessus petit à petit. A la base l’histoire est dure car elle parle du mal être, de la déprime, du cafard, des moments de doute ou de questionnement lorsque, comme dans le cas de Max, les gens ne se souviennent plus de vous au point d’avoir l’impression de ne plus exister, ou de vivre dans un monde parallèle. Mais comme dans la vie réelle, lentement ce sentiment va tendre vers le positif, le désir de s’affirmer et de vivre, pour finalement exister vraiment. Max va ainsi vivre auprès de sa voisine Léonie, dans son intimité, partager ses rencontres d’un soir, ses visites, en fait cohabiter avec elle dans la plus grande intimité. Une histoire de peurs, de phobies mais aussi d’amitiés et surtout d’amour et d’affirmation de soi que Véronique Cazot a bien maîtrisée dans cet album au scénario intelligent et surprenant.
Au dessin, Camille Benyamina réussit parfaitement à rendre cette impression d’intangibilité progressive en jouant avec les couleurs qu’elle superpose sur un même point, symbolisant deux corps qui se fondent sans pouvoir se toucher puisque Max au fil des pages devient impalpable. Son trait est juste et précis tant pour les scènes du quotidien que pour les scènes plus ou très intimes, en évitant le malsain ou le voyeurisme. Elle le fait avec justesse, tendresse parfois, avec une touche d’humour aussi, avec des couleurs agréables parfaitement adaptées à chaque atmosphère.
SDJuan
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VALHARDI Intégrale 4
- Par asbl-creabulles
- Le 16/04/2018
VALHARDI L’intégrale 4 (1956 1958)
Scénario: Jean Michel Charlier, Philip (Philippe Gillain)
Dessins et couleurs: Jijé (Joseph Gillain)
Introduction documentée de Jérôme Dupuis
Dépôt légal: Avril 2018
Editeur:
Collection: Patrimoine
Nombre de pages: 264Jean Valhardi, c’est le héros type, tel qu’on le concevait en 1941, incarnant la force, le courage, l’intelligence et la droiture. Jean Valhardi est surtout la première série réaliste d’expression francophone publiée dans Spirou !
En 1946, Joseph Gillain, qui a créé les traits de Valhardi sur une idée de Jean Doisy (intégrale 1) abandonne son personnage et choisit le jeune Eddy PAAPE pour le poursuivre (intégrales 2 et 3). Ce dernier, en duo avec les scénaristes Doisy, Delporte et Charlier, réalise des albums restés dans les mémoires, notamment "Le château maudit", véritable classique de l’école de Marcinelle.
Au milieu des années 50, lorsque Jijé décide de reprendre son personnage, il trouve son personnage changé. Valhardi, le gentil employé d’assurances passionné de camping a mûri et est devenu un détective indépendant.Valhardi par Jigé / première et seconde manières
Avec Jijé, Valhardi va affronter le grand banditisme. Les gangsters connaissent sa renommée et efficacité. "Valhardi, c’est la peste! Depuis des années, il mène la vie dure à bien des organisations! Autant d’enquêtes, autant des succès retentissants! Et s’il est sur notre piste!" (Le Mauvais œil, intégrale 4)
Pour Jijé, qui a ramené "Jerry Spring" dans ses bagages des Etats-Unis, "Valhardi" est très différent de son cow-boy préféré, et la différence tient évidemment au genre. Le western est un genre typé par les paysages et les costumes. "Valhardi", c’est autre chose, plus moderne. "De là, un dessin qui a un autre gueule" dira-t-il.
En effet, car entre le Valhardi première manière et celui des années cinquante, il y a une révolution technique: Joseph Gillain est passé de la plume au pinceau. Son héros y gagne en souplesse et en élégance.
Au passage, Gillain va relooker son personnage. Dans l’épisode "Le soleil noir", comme il semble loin le Jean Valhardi en costume croisé bleu à grands carreaux que Jijé a abandonné dix ans plus tôt! Fini les acolytes devenus ringards, l’auteur imagine Gégène comme compagnon, un jeune photographe beaucoup plus moderne.Dans cette intégrale 4, consacré au grand retour de Joseph Gillain, nous retrouvons des épisodes aussi mythiques que "Le soleil noir", "Le gang du diamant", "L’affaire Barnes" et "Le mauvais œil".
Comme pour se réattribuer complètement sa création, Jijé prend la décision de scénariser le premier épisode de Valhardi - deuxième époque, "Le soleil noir". Un titre qui évoque l’organisation secrète japonaise contre laquelle Valhardi va lutter avec succès. Pour "Le Gang du diamant", au titre également révélateur, il décide de contacter Jean-Michel Charlier qui a déjà brillamment travaillé sur la série avec Paape. À noter que le scénario des trois dernières planches s’égarera et que Jijé improvisera. Dans l’intégrale, vous trouverez en bonus la fin originale et très différente que donnait Charlier à ce second opus. Pour "L’affaire Barnes", Joseph Gillain demande à son fils de lui faire un synopsis d’une nouvelle histoire qui se déroulera au Mexique, pays pour lequel, y ayant vécu, Jijé n’a pas besoin de documentation. Philippe a les idées, son père s’occupe du découpage et bien évidemment de la mise en images. Collaboration informelle qui sera étendue à l’épisode suivant "Le mauvais œil"
Superbe ouvrage, bien documenté et passionnant de la splendide collection Dupuis Patrimoine dont le slogan "Des séries de légende éditées en recueils pour permettre à tous d'accéder à un patrimoine mythique de la BD" est bien mérité.
Pour en découvrir plus sur Joseph Gillain, maître graphique de la bande dessinée franco-belge, je vous conseille vivement de vous plonger dans la lecture de l’ouvrage "Quand Gillain raconte Jijé" (organisé autour de plusieurs thèmes, à l'image de la carrière de Jijé: "Premiers pas", "Spirou", "Les westerns", "Dessins humoristiques", "Les femmes", "La peinture", "Le métier de dessinateur").
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LEFRANC 29
- Par asbl-creabulles
- Le 15/04/2018
Tome 29: La stratégie du chaos
Scénario : Roger Seiter, Jacques Martin
Dessin : Régric
Couleurs : Bruno Wesel
Dépot légal : Avril 2018
Edition :
Nombre de pages :48En route vers l’Australie pour couvrir les Jeux Olympiques de Melbourne pour "Le Globe", le journaliste Guy Lefranc atterrit à Perth le 20 novembre 1956, deux jours avant leur ouverture officielle. Mais la tempête fait rage et son vol en correspondance est annulé. Par chance, un groupe de passagers en transit, dont il fait partie avec son ami Jean Duval et sa collègue américaine Janet Kear du New York Times, va pouvoir embarquer à bord d’un hydravion Latécoère 631. Leur appareil pris dans la tempête, avec deux moteurs touchés par la foudre, doit faire un amerrissage d’urgence. A bord, c’est la panique quand soudain apparaît un navire gigantesque de la taille d’un porte-avions. Curieusement, autour l’océan s’est transformé en une mer étale permettant à une sorte de tube ascenseur de descendre récupérer les passagers. À peine à bord, un missile tiré du navire fait exploser l’hydravion. Les rescapés de plus en plus intrigués sont cernés par des gardes armés, des indiens d’Amazonie de la tribu Korubo ne parlant pas leur langue, qui les guident vers des dortoirs. Parmi les rescapés, le riche homme d’affaires Jim Myers ne cesse de se montrer présomptueux et arrogant. Alors qu’il devient menaçant et exige de rencontrer le commandant resté invisible jusqu’à présent, il est abattu par l’un des gardes. Lefranc et d’autres passagers cherchent alors à en savoir davantage. Pendant ce temps à Melbourne, la police a abattu dans une zone interdite au public une femme cagoulée, elle aussi korubo, tenant en main un étrange boîtier. En outre, un avion de liaison Cessna en route vers Auckland est porté disparu depuis quelques jours et des pêcheurs ont remarqué une chaloupe métallique d’un modèle inconnu échouée sur le rivage. Ces événements et la disparition de deux avions à quelques jours de l’ouverture des J.O. sèment l’inquiétude parmi les forces de sécurité australiennes tandis qu’à bord du navire l’ambiance se dégrade laissant place au malaise et à une anxiété grandissante.
Mon avis: Mêlant histoire et fiction, ce 29e album de Lefranc est tout à fait fidèle à l’esprit des récits du célèbre personnage créé par Jacques Martin. Le contexte historique est habilement distillé par Roger Seiter tout au long d’un récit qui allie le mystère à l’aventure. Les fans de la ligne claire apprécieront dans les nombreux cartouches les divers éléments narratifs et descriptifs, notamment historiques, qui permettent de situer l’action. La lecture est attrayante car il a également intercalé entre les nombreuses scènes à bord du mystérieux navire divers éléments de l’intrigue se déroulant sur la terre ferme.
Un album de facture classique dans son contenu – le héros est souvent à l’initiative ou agit en soutien d’autres personnages pour préserver la paix ou éviter une catastrophe – mais aussi dans sa forme grâce au talent de Frédéric Legrain, alias Régric qui se montre tout à fait dans le ton des albums de Lefranc.
Le trait est typique du genre qu’il affectionne, les décors sont soignés et détaillés, les personnages sans défaut. La mise en couleurs de Bruno Wessel est douce et agréable et n’altère en rien les nombreux détails, y compris dans les scènes nocturnes ou celles situées dans une mer tempétueuse particulièrement bien rendue comme sur la couverture de l’album.
Un agréable moment de lecture pour petits et grands à commencer par tous les amateurs des aventures de Lefranc.
F. Patrick
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GASTON EN DIRECT DE LA RÈDACTION.
- Par asbl-creabulles
- Le 13/04/2018
Souvenez-vous, on a tous tenu entre nos mains chez soi ou chez un ami, chez le dentiste, chez le coiffeur ou ailleurs, une histoire de Gaston Lagaffe, en "strip" ou en pleine page d’un album. Et on est souvent vite devenu accroc – au point d’en redemander – à l’histoire d'amour de M'oiselle Jeanne, à ce policier toujours prêt à bondir sur Gaston pour lui coller une amende, aux ballades de Gaston à bord de sa fiat 509, à ses inventions aux conséquences souvent inattendues et parfois catastrophiques, à sa cuisine plus qu'expérimentale, etc. En revanche, les non-initiés sont souvent passés à côté des coulisses racontées par Delporte sous les noms de Prunelle ou Fantasio comme une sorte de journal intime de la rédaction.
Car c’est là que vous auriez pu vivre, sorties tout droit de l’imagination fertile des auteurs, des situations tristes comme le renvoi de Gaston Lagaffe du journal de Spirou, puis l'engouement témoigné par les lecteurs pour qu’il soit réembauché après l’appel à l'aide poignant et bouleversant lancé par Fantasio, ou d’autres plus farfelues comme l’histoire de la ficelle tendue entre la fenêtre de Gaston et la maison d'en face, les dégâts provoqués par un simple trou de 2 cm de diamètre à la foreuse, les drames de la circulation, l’auscultation d’une tuyauterie au moyen d’un stéthoscope, diverses publicités ingénieuses, les nombreuses signatures de contrat avortées sans raison (d'après Gaston), et bien d'autres encore.
Cet avis ne serait pas complet sans évoquer les multiples notes tout aussi croustillantes publiées sous forme d'encadrés intitulés "Fables express", "Avis ou note au personnel", "Étrange piraterie", ou "Ne dites pas... mais dites ...." ou "Il ne faut pas confondre ... et ...". Elles viennent parfois comme un cheveu sur la soupe mais produisent justement l’effet escompté.
Il faut reconnaître qu’on ne s'ennuyait jamais à la rédaction du journal de Spirou. Un jour, c’est Dan Daubeney qui débarque avec son fils et un lionceau pour prouver à ses collègues qu'il a réuni toute la documentation nécessaire pour sa prochaine histoire mettant en scène un jeune garçon et un lionceau. Une autre fois, c'est un singe qui vient mettre l'ambiance au studio !
Cette parution célébrant les 75 ans du journal de Spirou est aussi l'occasion de fêter le personnage emblématique qu'est Gaston dont le père, Franquin, est arrivé en 1946 en compagnie de Jijé, Morris et Will avec lesquels il a publié les aventures de nouveaux héros nommés Spirou et Fantasio. "En direct de la Rédak" était la rubrique centrale du journal permettant de retrouver les personnages principaux: Fantasio secrétaire de rédaction, Prunelle rédacteur, M'oiselle Jeanne archiviste, Yvon Lebrac du bureau de dessin, etc. Ce recueil tout droit sorti du magazine hebdomadaire constitue un condensé de plusieurs décennies de délires, d’anecdotes, de prises de becs fictives et d’autant plus croustillantes, d’encarts didactiques sur divers domaines et bien d'autres aventures désopilantes. Un superbe volume de 238 pages, largement illustré de nombreux fac-similés des dessins de Franquin en N&B ou à l'aquarelle.
Un incontournable pour tous les admirateurs de Gaston et pour tous ceux qui souhaitent en apprendre davantage sur ce personnage mythique de la BD franco-belge et fétiche de Franquin.
A noter qu’il paraît presque en même temps que le tome 1 d’un autre ouvrage collectif dans la série "Gaston Méga Hors série" intitulé "Gaston, le gaffeur qui avait du nez" (chroniqué ici).
SDJuan
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THÉODORE POUSSIN 13
- Par asbl-creabulles
- Le 11/04/2018
Tome 13: Le dernier voyage de l'Amok
Scénario : Frank Le Gall
Dessin : Frank Le Gall
Couleurs : Robin Le Gall
Dépot légal : Avril 2018
Editeur :
Collection : Grand Public
Nombre de planches :64Théodore Poussin a tout perdu. Aux côtés de monsieur Novembre, il ne cesse de réfléchir aux moyens de récupérer son île aux pirates et sa cocoteraie et de se venger de celui qui l’a dépossédé. Aujourd'hui s’il n'a plus rien, plus un sou, il a la ferme volonté de se relever. Se sentant animé par le besoin d'entreprendre une expédition punitive, il décide de monter un projet pour se venger du capitaine Crabb et de ses hommes. Rendez-vous est pris avec Buck pour financer son voyage. Les imprévus se succèdent et même un mystérieux monsieur Colombe surgit pour faire capoter l’affaire. Mais au final Théodore obtiendra de Buck l’aide tant espérée pour son expédition. Il peut donc acheter un bateau, le Quangle Wangle rebaptisé Amok, et engager une trentaine d’hommes d'équipage, des "durs à cuire", parmi lesquels Crabb aurait bien pu avoir infiltré un ou deux espions.
Mon avis: On se réjouit qu’après une longue pause Frank Le Gall ait redonné vie à Théodore Poussin. En réalité cela faisait quelques années déjà qu’il travaillait sur un nouvel album dont Dupuis a publié des planches dès 2013 sur son "blog.dupuis.com" (voir lien ci-dessous) et qui est paru en prépublication sous forme de "Cahiers Théodore Poussin", dans le Journal de Spirou et des quotidiens régionaux. Cette fois, le tome 13 intitulé "Le dernier voyage de l’Amok" est bien là. Ce qui commence comme une simple histoire de vengeance va lentement prendre le cap d'un récit d'aventure mais une aventure à taille humaine, où chaque personnage prend de l'ampleur d’une manière insoupçonnée au départ. C’est avec beaucoup d’humanité que Frank Le Gall nous sort de l'abîme où s'était plongé un Théodore Poussin méconnaissable. On retrouve des personnages humains et intéressants voire charismatiques, avec leurs défauts, leurs faiblesses, leurs moments de rancœur mais qui vont, en tout cas pour certains d'entre eux, évoluer et en sortir grandis. Une aventure de pirates agrémentée de manipulations, de trahisons, de traquenards, mais aussi empreinte d’amitié, de loyauté, et de pardon.
Un récit intelligent, très agréable à suivre grâce à son scénario bien construit qui nous fait découvrir un personnage plus déterminé que jamais à prendre "enfin" les choses en main ! De plus, nul besoin de connaître les précédents albums de la série pour comprendre l’intrigue.
Côté dessin, Frank Le Gall nous revient en force. Si la maquette de couverture s'est modernisée, le contenu dégage toujours autant d’énergie. Ses dessins emblématiques de la ligne claire ont gardé toute leur force. Les arrière-plans et décors sont réalistes sans chercher une parfaite reconstitution historique, à Singapour, sur l’Amok, dans les îles. Les ambiances sont presque palpables, tour à tour sombres, inquiétantes, parfois suffocantes, ou lumineuses, agréables et aérées. Invitation au voyage, cette nouvelle aventure très attendue de Théodore Poussin est une réussite et devrait réjouir les nombreux fans du héros.
A voir: https://www.dupuis.com/seriebd/theodore-poussin/130
SDJuan
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READY PLAYER ONE
- Par asbl-creabulles
- Le 10/04/2018
Un film de Steven Spielberg
Avec Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn plus
Genres Science fiction, Action
Nationalité Américain
Date de sortie 28 mars 2018
Durée du film: 2h 20minVu cet après-midi le dernier film de Spielberg. "Ready Player One" est le film de divertissement parfait dans l'acception la plus noble et positive du terme.
C'est un film qui embrasse la pop culture de ces 40 dernières années pour en faire un divertissement à large spectre qui va plaire au très grand nombre, de 12 à 50 ans.
Une histoire originale, un univers graphique étonnant mais très cohérent, un sous-texte à contre-courant des tendances actuelles, des effets visuels impressionnants, et surtout des références par dizaines qui embrassent les 40 dernières années de BD, de ciné, de littérature, de fantasy, d'épouvante, de fantastique, de manga, de science-fiction, d'animation, de jeu vidéo.Un film somme, un film synthèse, un film qui balaie une grande part des nombreuses années de la longue carrière de Steven Spielberg et qui est susceptible d'enchanter plusieurs générations de spectateurs.
J. J. Abrams nous avait gratifié en 2011 d'un hommage à l'œuvre de Spielberg des années 80 dans son "Super 8"; la série "Stranger Things" suscite l'engouement en surfant sur la vague nostalgique et vintage qui évoque l'époque idéalisée des 80's; la dernière adaptation de Stephen King, "Ça" de septembre dernier avait situé l'action dans les années 80 (au lieu des 60's).Le grand Steven, en conteur génial et en observateur avisé de notre société, comprend les ressorts intimes de cette tendance et les dépasse, les sublime en nous servant un divertissement parfait, avec des grands méchants (businessmen), des gentils (jeunes, innocents, confrontés à des adultes absents – même lorsqu'ils sont présents), des gens qui rêvent par procuration d'un monde meilleur mais manquent de courage et d'engagement...
Je vous recommande absolument de voir (et revoir) ce film tellement rempli de références et de citations qu'il vous faudra sans doute plusieurs visionnages pour en faire l'inventaire complet (si cela est possible), de vous ébahir lors de la séquence du film dans le film, de sourire quand, transformé en complice du réalisateur et de toute sa bande, vous reconnaîtrez vous-même les nombreuses références citées dans cette œuvre ÉNORME.Fin de la discussion.
Écrivez un message...
Chronique de Frédéiric Briones. Voir son site dédié au ciné ici: http://frederic-briones.com/
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SAN-ANTONIO
- Par asbl-creabulles
- Le 10/04/2018
Tome 1 : San-Antonio chez les gones
Scénario : Michaël Sanlaville
Dessin : Michaël Sanlaville
Couleurs : Michaël Sanlaville
Adapté de l'oeuvre de Frédéric Dard
Dépot légal : 21 mars 2018
Editeur :
Nombre de planches : 92Deux gamins ont disparu et un professeur a été égorgé dans l’école de Grangognant-au-Mont-d'Or, une petite commune de 400 habitants située à une trentaine de kilomètres de Lyon. L'enquête piétine, aucun indice sérieux n’a été relevé, aucun corps retrouvé. Le commissaire San-Antonio et son collègue Bérurier, alias Béru, prennent l'affaire en main. Si l'idée d’un agent d’infiltration apparaît comme une évidence, ce qui l'est moins c'est de faire passer Bérurier, dont tout le monde connaît les méthodes peu orthodoxes, pour le professeur remplaçant. En visite dans l’école, un inspecteur n’aura pas besoin de plus de 5 minutes pour faire un rapport défavorable au sujet de ce professeur ivre et colérique. C'est justement le temps dont San-Antonio a besoin pour comprendre ce qu'il se passe dans cette commune. Sur une photo des plus compromettantes retrouvée dans le sac à dos d'un des enfants figure le prénom d'un des deux disparus. De fil en aiguille, San-Antonio remonte jusqu'au domicile d'une ancienne cantatrice, Léocadie Soubise, chez qui l’on découvre une mallette remplie de photos coquines et qui organisait des parties de jambes en l'air avec les personnes les plus influentes du coin. En progressant dans son enquête, San-Antonio réalise que la drogue en devient un élément non négligeable qu’il va falloir prendre en compte, ou bien....
Mon avis: De la lecture des romans de San-Antonio, j’ai surtout retenu son langage fleuri dont la plupart des mots étaient improvisés ou pure invention. Il me fallait presque un glossaire à portée de main pour comprendre l’histoire alors que certains amis passionnés par ces romans faisaient exprès de jongler avec ces mots nouveaux pour m’énerver.
A la lecture des premières pages de l’album de Michaël Sanlaville, on est vite replongé dans cette ambiance si particulière. Les baffes tombent et pas des moindres, assenées par les mains ou plutôt les paluches du grand Bérurier qui aime la picole, qui pique des colères noires et qui, du coup, n'a plus aucune limite. C'est drôle et cela surprend. Le vocabulaire du grand et gros malabar ne déroge pas à la règle établie par Frédéric Dard.
San-Antonio non plus n'est pas éloigné du personnage du roman, sorte de compromis entre James Bond pour ce qui est du séducteur de ces dames et des méchants en tous genres et des coups de feu qui pleuvent mais sans les gadgets, les personnages d’OSS 117 ou SAS, dont il semble plus proche pour tout le côté chaud et, enfin, les tontons flingueurs pour toutes les baffes qui tombent dru.
Un scénario très dynamique et bien construit, une mise en scène drôle, parfois osée avec des personnages portés sur le sexe mais aussi sur l'alcool tel Bérurier, provocants aussi, un dessin dynamique et efficace alignant les scènes loufoques, truculentes et savoureuses, souvent exagérées pour notre plus grand plaisir et qui remplacent habilement les jeux de mots et termes d’argot des romans, beaucoup de clins d’œil aussi et apparitions de personnalités actuelles comme Gérard Depardieu, Philippe Bouvard, Alain Delon ou Eric Zemmour.
Un livre passionnant, drôle et souvent étonnant pour tous les publics.
SDJuan