Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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Les DEUX COEURS de l'ÉGYPTE
- Par asbl-creabulles
- Le 02/05/2018
Tome 1: La barque des milliers d'années
Scénario: Makyo
Dessins planches 3 à 12 et insert page 15: Alessandro Calore
Dessins planches 13 à 64 Eugenio Sicomoro
Couleurs: Emiliano Tanzillo
Editeur:
Dépot légal: Avril 2018
Nombre de pages: 64Prêtre du second degré, Anoukis se retrouve propulsé au 21e siècle, portant dans ses bras le fils d'Amenhotep III et de la reine Tiyi. Malheureusement pour lui, il est tout de suite repéré. En effet pour sortir de la pyramide où il s’est retrouvé enfermé il a tenté de négocier avec le gardien en lui proposant sa chaîne en or datant de l’époque d'Amenhotep III. Comment pourrait-il expliquer qu'il vient tout droit d’une époque (fin 15e - début 14e siècles avant J.-C.) où il a vécu non seulement l'assassinat d'un paysan qui était un voyant réputé proche de la reine Tiyi, mais aussi le suicide d’Isère, la sœur de la reine Tiyi qu’il aimait d’un amour fou et pour laquelle il était prêt à renoncer à ses vœux, et la tentative d'assassinat de la reine Tiyi en personne? Et que vient-il faire plus de trois mille ans plus tard?
Mon avis: Il est clair que Makyo est passionné par l’Égypte antique et ça fait pas moins de 20 ans qu'il a ce projet en tête. Mais alors qu’on aurait pu craindre que sa connaissance approfondie du sujet rende la lecture difficile puisqu’il évoque toute sortes de divinités et de rituels de l’époque tout au long de l'album, en fait il n’en est rien. L'histoire se laisse lire avec beaucoup de plaisir malgré la complexité du rôle que chacun tient dans le récit. Dès les premières pages, la trame est posée et l’intrigue se noue et se dénoue sous nos yeux de manière captivante. Au fil des pages, on va ainsi découvrir tous les tenants et aboutissants d’une histoire qui nous entraîne dans l'Egypte des pharaons.
Les dessins sont pris en main par Alessandro Calore pour l'époque contemporaine et par Eugenio Sicomoro pour la période antique. Le résultat est époustouflant. Un pur régal pour les yeux. Certes leurs styles sont différents, ce qui en soi est une bonne chose pour différencier les époques, mais les couleurs sont réalisées par le même coloriste qui a ainsi donné à l’ensemble une belle homogénéité.
Si les deux dessinateurs sont très bons, Sicomoro nous offre une nouvelle fois des dessins d'une qualité rare. Tout est dans les détails, les ombres, le réalisme des visages aux expressions incroyables, les décors aux peintures et sculptures murales impressionnantes. Un vrai travail d'orfèvre tellement les détails sont travaillés.
Un récit passionnant et un régal pour les yeux dont on attend la suite avec beaucoup d'impatience.
SDJuan
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NEW MUTANTS
- Par asbl-creabulles
- Le 30/04/2018
Scénario : Chris Claremont
Dessin : Rick Leonardi, Mary Wilshire, Steve Leialoha et Bill Sienkiewicz
Couleurs : Petra Scotese, Michael Higgins et Glynis Wein
Encrage : Steve Leialoha, Bill Sienkiewicz
Couverture : Sienkiewicz, Bill
Dépot légal : Mars 2018
Edition : Panini Comics
Collection : Marvel Icons
Planches :478
Info édition : Contient les épisodes 18 à 38 de The New Mutants (1983)Mutante cheyenne, Danielle Moonstar a rejoint les Nouveaux Mutants à l'école du Professeur Xavier. Dans ses souvenirs, ses parents auraient été massacrés par un ours gigantesque et terrifiant, l’Ours Démon. Aujourd'hui, elle pressent que l’animal va s’en prendre à elle et qu’il approche à grands pas. Elle pourrait demander l'aide de la petite soeur de Colossus des X-Men, Illyana Raspoutine, alias Magik, qui est un peu sorcière, mais la confiance ne s’est guère établie entre les deux femmes. Rhane Sinclair, alias Wolfsbane, aurait pu voir que Danielle n’était pas dans son état normal grâce au lien psychique particulier qu’elle peut nouer lorsqu’elle se transforme en louve. Mais Danielle a toujours voulu régler son problème en guerrière, c’est-à-dire seule face à cet ours mystique. Une nuit, elle décide donc de partir l’affronter. Sans l’intervention de ses amis les Nouveaux Mutants envoyés par Rhane qui a senti qu’elle était blessée, Danielle aurait pu y laisser sa peau. Entretemps, Warlock, un alien techno-organique se dirige tout droit vers la Terre pour échapper à son père Magus. Mais pour survivre, il doit absorber de l'énergie au sein des matières vivantes qui l'entourent et constitue une réelle menace pour la Terre et ses habitants, sans parler de Magus, le plus puissant Technark, maître de la planète Kvch, qui s’est lancé à sa poursuite.
Mon avis: La série "Nouveaux Mutants" était l’une des meilleures à ses débuts. Le duo Claremont / Mc Leod faisait du très bon travail et elle était publiée en VF dans le mensuel Titans. Au numéro 18 de la série (Titans #76 paru en mai 1985), le dessin a été repris par Bill Sienkiewicz. Son style n’ayant pas été apprécié à sa juste valeur, la série sera abandonnée en VF (Titans #85) et on ne la retrouvera qu'avec la saga d'Asgard (Titans #100). Maintes republications de la période Sienkiewicz ont été tentées mais aucune avec cette qualité. Cet album est complet et de toute beauté. Un omnibus de premier choix pour les fans de la série et du dessinateur (que je suis), même si son trait m’avait semblé trop puissant, trop marqué à l'époque. Je me rappelle ne pas vraiment avoir apprécié cette rupture de style entre un dessin plus classique (celui de Mc Leod) et celui beaucoup plus explosé et en complet décalage avec les codes du genre de Sienkiewicz. Je regrette à présent de ne pas l'avoir apprécié comme il se doit car c'est véritablement du grand art !
Bill Sienkiewicz a en quelque sorte révolutionné les codes de la BD en proposant des dessins et découpages de page et de cases hors du commun, des visages expressifs et torturés, une mise en couleurs audacieuse exprimant parfaitement la complexité du travail d’illustration de scènes évoquant la magie ou la puissance d’êtres techno-organiques comme Warlock et son père Magus, etc. Quant à Chris Claremont, il a toujours élaboré ses scénarios sur le long terme, effectuant un travail en profondeur sur la trame du récit dans lequel sont insérés des indices annonciateurs d’événements à venir, avec des "cliffangers" efficaces et puissants comme il l’a toujours fait avec brio sur les X-Men. Il a toujours su préparer ses lecteurs à de gros événements qui sont depuis devenus mythiques.
On l’aura compris, cet album est une réussite en matière d’originalité, de créativité, d’inventivité…, un (très) gros album de la collection Marvel Icons à ne rater sous aucun prétexte, contenant des épisodes publiés pour la première fois dans leur intégralité en France.
SDJuan
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LIBERTALIA 2
- Par asbl-creabulles
- Le 29/04/2018
Tome 2 . Les murailles d'Eden
Scénario : Fabienne Pigière et Rudi Miel
Dessin : Paolo Grella
Couleurs : Paolo Grella
Dépot légal : avril 2018
Editeur :
Nombre de planches :46Quelque part sur l’île de Madagascar. Le capitaine Misson, un gentilhomme aventurier aux idéaux en totale contradiction avec son époque, et Carracioli, un moine défroqué, ont réussi à libérer des esclaves de leurs chaînes. Avec eux, et avec les hommes d’équipage, des pirates et flibustiers, ils fondent une colonie sur le modèle de leur idéal de société, une société libre de toute entrave, sans règlements ni contraintes. Elle portera le nom de "Libertalia". L'idée-force du projet est que le travail et le fruit du labeur apportent un profit à la colonie, et que les ressources bénéficient à tous. Dès lors, hommes et femmes pourront jouir d’une vie paisible et insouciante. Mais la liberté a aussi ses inconvénients. Car ce mot n’a pas la même signification pour tous. Misson et Carriacioli vont devoir se rendre à l'évidence: sans certaines règles, la liberté n'est pas viable et devient vite impossible, des mesures d’encadrement s'imposent. Un vote est proposé pour désigner des élus par groupe de dix ainsi qu’un "Grand Protecteur". Mais s’il y a un aspect des choses que seul Misson, qui n'a pas vraiment la même vision que Carracioli de cet idéal de liberté a déjà envisagé, c'est une protection contre la menace extérieure. Car Libertalia, il en a la certitude, ne sera certainement pas du goût de tout le monde et le danger viendra de l'extérieur de l'île.
Mon avis: Si Libertalia apparaît sous la plume de Daniel Defoe, on ne sait pas vraiment s’il s'agit d'une réalité ou d'une légende. Peu importe, car cela constitue un sujet idéal pour une belle aventure BD. Rudi Miel et Fabienne Pigière l’ont bien compris en nous invitant à partager le destin de ces hommes animés par un idéal de liberté exceptionnel qu’ils souhaitent faire partager à tous ceux qui les entourent, à commencer par les esclaves qu’ils ont "affranchis".
Dans ce deuxième tome, la réalité reprend le dessus et les choses semblent se compliquer au sein de cette communauté. On découvre peu à peu tout ce qui différencie Misson et Carracioli. Une certaine tension va même apparaître entre nos deux libérateurs dont les points de vue divergent sur la manière d’agir. Certaines limites, certaines contraintes se sont fait jour et des règles semblent inévitables. Leurs caractères s’affirment davantage et désormais ils pourraient s’opposer et s’affronter. Car leurs conceptions de la liberté sont très différentes, l'un suit une idéologie religieuse d’innocence et de pureté, l’autre songe à une protection par les armes et l'or. La tension monte au fil des pages et on attendra donc la fin de la trilogie avec impatience.
Au dessin, Paolo Grella se surpasse. Il nous offre des planches magnifiques et évocatrices, véritable invitation à l’aventure et au voyage. Son trait est précis et détaillé. Sa maîtrise des couleurs a encore progressé, mettant bien en valeur la qualité du dessin. De belles scènes torrides sur la plage, de combat en mer et sur terre dans une forêt luxuriante, le tout avec des personnages charismatiques et agréables à regarder. L’ensemble du contenu de l’album est à la hauteur de la couverture.
Je vous invite donc sans hésiter à l’abordage de ce bel album.
SDJuan
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DAREDEVIL 4
- Par asbl-creabulles
- Le 27/04/2018
Tome 4 . Pourpre
Scénario : Charles Soule
Dessin : Ron Garney, Goran Sudžuka et Marc Laming
Couleurs : Matt Milla et Miroslav Mrva
Dépot légal : Avril 2018
Editeur : Panini Comics
Collection : 100% Marvel
Nombre de pages: 136Daredevil est revenu à New York où il avait un allié en la personne de Sam Chung, son "apprenti" connu sous le nom de Blindspot. Malheureusement ce dernier est hospitalisé après que l'artiste mais avant tout criminel Vincent Van Gore lui a crevé les yeux. Daredevil veut à tout prix réparer cette monstrueuse agression dont il se sent responsable et qui le culpabilise. Il se rappelle que Bullseye (le Tireur) avait la possibilité de copier les "pouvoirs" de Daredevil. Ce serait l'occasion de pouvoir les transmettre à son ami devenu aveugle pour compenser partiellement sa récente cécité. Matt Murdock n’hésitera pas à placer un gros contrat sur sa propre tête, enfin celle de Daredevil, pour essayer d'attirer le Tireur. En même temps, il se remémore le chemin qu'il a parcouru pour retrouver son anonymat jusqu’ici préservé avec succès puisque même ses meilleurs amis ignorent que Matt Murdock et Daredevil ne font qu’une et même personne.
Mon avis: Voici enfin la réponse tant attendue par les fans de Daredevil à la question de savoir comment il a réussi à effacer de la mémoire collective son identité secrète – celle de Matt Murdock – même pour ses amis les plus proches. On retrouve un Matt Murdock/Daredevil rongé par le remord et un lourd sentiment de culpabilité depuis l’horrible agression dont a été victime son compagnon d’arme. Il est prêt à tous les sacrifices pour qu'il puisse récupérer un semblant de vue. Charles Soule nous propose un bon scénario qui tient très bien la route sur la durée en l’agrémentant de plusieurs flashes-back intéressants sur la personnalité de Daredevil.
La partie dessin a été confié à trois artistes. On apprécie de belles scènes d'action lorsque les super-criminels veulent s'en prendre au héros, notamment l'arrivée de l'Homme Pourpre et de ses fils. Les scènes de possession/domination de notre héros sont particulièrement bien rendues et impressionnantes. Un dessin à l’encrage réussi et de belles couleurs rendent la lecture de cet album agréable. A noter une couverture plutôt originale qui s’accorde parfaitement avec le contenu de l'album.
SDJuan
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FONDATION Z
- Par asbl-creabulles
- Le 25/04/2018
Fondation Z
Scénario : Pierre-Denis Filippi
Dessin : Fabrice Lebeault
Couleurs : Greg Guilhaumond
Dépot légal : Avril 2018
Editeur :
Nombre de pages: 68Spirou est censé suivre l'exemple de son grand-père et devenir un bon employé au service de l'Administration tout comme son père l’a fait avant lui, espérant être l'employé du mois. Pas du tout comme sa sœur Seccotine qui est devenue la honte de la famille pour ses parents depuis qu'elle a rejoint les rebelles. Elle vient justement de déjouer la sécurité pour dérober au nez et à la barbe de son frère son badge d’accès au niveau 7 dont elle a besoin pour porter un bon coup à l'Administration. Spirou se lance à ses trousses pour essayer de lui éviter la prison. Ensemble, ils se retrouvent face à trois robots géants armés. Heureusement, un agent répondant au nom de Fantasio vient les sauver in extremis. Il cherche alors à les enrôler pour retrouver la "Fondation Z". Après d'âpres négociations, nos trois héros se rendent compte qu'ils suivent un même idéal et Spirou les mènera sur le consortium alien dans le système Fripion, sur la planète Franqua pour retrouver le fameux Z.
Mon avis: Denis-Pierre Filippi (dont j'apprécie beaucoup "Le Voyage Extraordinaire" illustré par Silvio Camboni) nous livre une version surprenante et futuriste de héros bien connus qui font l’objet de modifications par rapport à la version originale donnant un résultat tout à fait efficace. Fantasio dans la peau d’un agent musclé, cela change radicalement de la version de Franquin et de ses successeurs mais c'est précisément la particularité de la collection "Le Spirou de" (à l’origine appelée "Une aventure de Spirou et Fantasio par …"). Par contre, on retrouve pas mal de références aux séries TV US ou manga et au cinéma tout au long d’un récit plutôt dense à l’intrigue captivante. Un petit bémol tout de même: la Fondation Z car on n’a pas, au final, toutes les réponses attendues ou espérées.
Au dessin, Fabrice Lebeault nous livre sa version de Spirou et Fantasio qui s’apparente beaucoup à son univers. On reconnaît bien son graphisme si particulier révélé par la série Horologiom avec notamment la voiture et autres objets volants et mécaniques. Il est tout à fait fidèle à son style, très aérien, dynamique, futuriste, incluant diverses références à des engins mythiques tels l’hélicoptère portatif, les voitures, etc. qui ont fait le succès de la série. A noter un beau travail sur les couleurs très variées et efficaces qui rendent la lecture très agréable.
Un album atypique, bien fait et surprenant, qui constitue une belle surprise.
SDJuan
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IRONS
- Par asbl-creabulles
- Le 24/04/2018
T1 – Ingénieur-conseil (histoire complète)
Scénario: Tristan Roulot
Dessins: Luc Brahy
Couleurs: Hugo Facio
Dépôt légal: avril 2018
Editeur: Lombard / Collection Troisième Vague
Nombre de planche: 54La collection Troisième Vague se veut la référence du thriller contemporain en bande dessinée. En mettant un peu de lumière sur des univers en général méconnus ou inaccessibles du grand public du 9e art, elle nous permet, en tout cas, d’en comprendre de façon "ludique" et passionnante une partie des rouages et enjeux du monde actuel.
Après la crise des subprimes dans Hedge Fund et le mythe de la fin du pétrole avec Koralovski, le lecteur peut découvrir cette fois, avec la série Irons, le monde assez opaque de l’ingénierie des ponts.
Ah oui au fait, notre nouvel (anti- ?) héros, Jack Irons est un ingénieur- conseil des ponts, brillant, sportif et… diagnostiqué dyssocial.
L’histoire :
Point Pleasant, Etats-Unis, décembre 1967. Un pont se rompt et la famille de Jack meurt noyée au fond du fleuve. Seul, lui survit au drame.
Est-ce donc pour régler des comptes avec son passé tragique que Jack Irons est devenu ingénieur en construction de ponts ? Que se cache-t-il derrière la personnalité atypique et froide de cet ingénieur ?
Aujourd’hui, nous le retrouvons sur l’île du Prince Edouard, bloqué par le blizzard canadien, essayant de rejoindre l’aéroport de Moncton. Coïncidence scénaristique, le pont qu’il doit traverser s’écroule.
Les bases du thriller sont posées … s’agit-il d’un accident, d’un attentat ou d’un défaut de conception de la géante infrastructure ? Notre héros misanthrope, se retrouvant bien malgré lui bloqué sur l’île, va se charger de découvrir la vérité.
Mon avis :
J’ai adoré ce premier opus, récit complet d’introduction à la série "Irons". Tristan Roulot, "habitué"de la collection Troisième vague, nous propose ici un scénario à rebondissements bien maitrisé et une intrigue dense. Le scénariste nous documente sur l’ingénierie des ponts tout en nous sensibilisant aux conséquences économiques et écologiques locales de telles constructions, et ce, en nous plongeant dans le quotidien d’un petit patelin de pêcheurs. Les dialogues sonnent justes et le casting des personnages, mêmes secondaires, se révèle judicieux.
Le dessin précis et détaillé de Luc Brahy étoffe le réalisme de cette nouvelle série. L’ambiance y est glaciale et sombre à souhait. Le pull et le bonnet (blizzard oblige) sont conseillés aux lecteurs frileux. Un coup de cœur également pour la subtile mise en couleurs d’Hugo Facio.
Un conseil, un seul: Achetez la BD !
Michel
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NOS EMBELLIES
- Par asbl-creabulles
- Le 23/04/2018
Scénario: Gwénola Morizur
Dessins: Marie Duvoisin
Couleurs: Marie Duvoisin
Dépôt légal: mars 2018
Editeur: Bamboo Édition, collection Grand Angle
Nombre de pages: 68 planchesAu moment où Lily apprend qu’elle est enceinte, Félix lui annonce qu’il va partir en tournée et lui confie Balthazar, son neveu, qui arrive du Canada pour passer les vacances de Noël en France. "Ne t’inquiète pas, un gamin de 7 ans tu l’emmènes au fast-food et tu lui fais voir la Tour Eiffel, il sera heureux comme tout !"
Lily tente sans succès d’apprivoiser ce petit inconnu qui parle peu et traîne avec lui la tristesse de la séparation de ses parents. "On laisse tomber la visite de la Tour Eiffel et je t’emmène faire un tour en montagne ?" Lily décide de quitter Paris avec Balthazar. "On the road", ils rencontrent Jimmy, un jeune homme en marge. Leur périple les amène tous les trois chez Pierrot, un berger solitaire délaissé par ses enfants.
Gwénola Morizur, scénariste du très bon "Bleu Pétrole", est passionnée par les histoires de fratrie et les liens parents/enfants. Pour elle, c’est dans ces liens que se joue une grande partie de l’humanité, de nos émotions et de nos contradictions. Gwénola était elle-même enceinte au moment où elle a écrit le scénario, c’est une période qui soulève des doutes, des questionnements que l’on retrouve également dans le personnage de Lily: "Comment fait-on pour devenir parent ?"
Résumons:
4 personnages déboussolés: une femme bouleversée par la nouvelle de sa grossesse, un enfant traumatisé par le divorce de ses parents, un fils rejeté pour sa différence et un berger solitaire.
1 ferme isolée dans la montagne avec de la neige
1 chien et quelques chèvres …Place à l’introspection et, peu à peu, les protagonistes de ce "huis clos à la montagne" laissent tomber leur défense, l’ambiance se détend, et ils confient leurs problèmes et retrouvent goût à la vie.
Réflexions profondes et sensibles sur des tranches de quotidien, "Nos embellies" nous propose un beau bouquet d’émotions positives. Les personnages sont attachants et le ton est juste, simplement humain.
Marie Duvoisin, au graphisme pour son premier album, nous propose une mise en images fluide et fouillée en parfaite adéquation avec le rythme du récit. Les décors sont soignés, tout en finesse et les couleurs tendres. Une réussite complète et prometteuse."Quelques mots sur ma technique de travail spécifique sur «Nos Embellies»".
Comme le scénario était complètement écrit lorsque nous avons signé le contrat, j'ai pu travailler tout le story-board en amont (mise en place de la narration, choix des cadrages, composition des planches et des cases). Ce qui permet de le laisser murir, le faire lire, vérifier l'efficacité du rythme sur l'ensemble de l'album, et enfin, l'affiner au cours d'échanges avec le ou la scénariste, ainsi que l’éditeur. trice. Ensuite, je suis passée aux planches, et ma méthode est tout ce qu'il y a de plus habituel: mes meilleurs amis sont Photoshop, ma table lumineuse, ma théière et ma patience.
Ah, et j'ai oublié les logiciels 3D, pour la mise en place des décors d'intérieur. Je peux ensuite résumer ma routine de travail par les étapes suivantes:
- impression du story-board (dans lequel j'ai inséré des captures d'écran des décors en 3D si nécessaire) pour travailler le crayonné par-dessus;
- scan & corrections sur ordinateur;
- impression du crayonné pour effectuer par-dessus l'encrage ou plutôt, dans mon cas, le clean au crayon de la planche;
- à nouveau scan & nettoyage;
- et enfin colorisation de la planche.Note : Vous pouvez suivre les travaux de Marie sur marieduvoisin.blogspot.be !
Michel
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DEATHSTROKE Rebirth 1
- Par asbl-creabulles
- Le 20/04/2018
Tome 1: Le Professionnel
Scénario: Christopher Priest
Dessin: Carlo Pagulayan, Larry Hama et Joe Bennett
Encrage: Jason Paz, Mark Morales et Belardino Brabo
Couleur: Jeromy Cox
Editeur:
Dépot légal: Mars 2018
Nombre de pages: 144Deathstroke, de son vrai nom Slade Wilson, a un passé plutôt lourd: il est un père sévère, quasi tortionnaire avec ses enfants Grant et Joseph qu’ils forment à la dure et qui ne le voient que pour être battus ou trainés de force chasser dans les pires conditions, mais il est aussi un époux peu présent auprès de sa femme bien que très porté sur la chose. Il est désormais l’un des mercenaires-assassins les plus dangereux et impitoyables au monde. Aujourd’hui, il doit intervenir dans une situation aux nombreuses implications géopolitiques mais aussi se sortir vivant d'une machination internationale impliquant entre autres Clock King, un criminel qui vit hors du temps. Il doit aussi protéger sa fille Rose, menacée de mort, qui se fait appeler Ravager du surnom de son demi-frère décédé en voulant essayer la drogue ayant rendu son père bien plus fort et plus rapide que la moyenne des hommes. Le commanditaire du contrat placé sur la tête de Rose vivant à Gotham, Batman et Robin vont dès lors se retrouver impliqués bien malgré eux et auront du mal à composer avec les règles imposées par Deathstroke.
Mon avis : Ceux qui ont connu la grande époque des New Teen Titans (Jeunes Titans en version française), série scénarisée par Marv Wolfman et dessinée par Georges Perez, connaissent bien ce super-vilain qui a donné bien des soucis à la jeune équipe des Titans qui s’est constituée autour de Raven à cause de l’arrivée de Starfire après qu’elle ait répondu à son appel à l’aide. C’est dans ces premiers épisodes qu’on a pu découvrir Deathstroke, un militaire "dopé" grâce à un produit miracle qui lui a donné des capacités surhumaines – force, rapidité, réflexes, régénération, intelligence – mais également son fils Ravager qui fera une brève apparition puisqu’il meurt lors d’un combat contre les Jeunes Titans en essayant de ressembler à son père. Par la suite, un second fils, Joseph, fera son apparition mais sera kidnappé et torturé et finira par rejoindre les Jeunes Titans sous le nom de Jericho. Et enfin, apparaît sa fille Rose, issue d’une aventure extraconjugale qui, elle aussi, rejoindra les Teen Titans. Aux commandes de cet album, on retrouve Christopher Priest qui a travaillé sur de nombreux personnages de Marvel et DC Comics. Dans cette première partie, qui contient de nombreux flashes-back, l’action est rondement menée, plaçant Slade / Deathstroke en plein milieu d’un thriller géopolitique, en proie à des manipulations et chantages en tous genres et confronté à des super-vilains comme Clock King et essayant d’éviter une épuration ethnique. L’intrigue mouvementée et de ce fait assez compliquée cède la place, en seconde partie, à un épisode plus classique centré sur Rose, devenue Ravager, qui fait l’objet de menaces de mort et Joseph va être amené à jouer un rôle non clairement défini pour le moment.
Les trois dessinateurs nous proposent un dessin de bonne facture rendant cet album plaisant à lire et à suivre. S’il est vrai que le trait de Carlo Pagulayan se révèle plus efficace et plus dynamique que celui de Joe Bennett et Larry Hama, cela ne nuit en rien à la lecture car l'homogénéité d’aspect est bien présente. On apprécie de très belles cases d'action pure ou d’autres dans lesquelles la tension est bien rendue mais aussi certaines plus intimistes davantage chargées en émotion. La plupart des planches bénéficient de nombreux décors. La mise en couleurs est globalement agréable.
Ce premier tome de Deathstroke Rebirth passionnera sans aucun doute les fans du personnage mais constitue une belle découverte pour un public non initié car il n'est pas vraiment nécessaire de connaître toute l'histoire de cet anti-héros pour l'apprécier à sa juste valeur.
SDJuan