Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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BUONAPARTE 2
- Par asbl-creabulles
- Le 08/09/2022
Tome 2 . Trésor de guerre
Scénario : Fabienne PIGIÈRE et Rudi MIEL
Dessin : Iván GIL
Couleurs : 1ver2ânes
Dépot légal : juin 2022
Editeur :
Collection : Histoire & Histoires
Grand format
ISBN : 978-2-413-04361-4Après avoir abdiqué en juin 1815 puis s’être livré aux Anglais en juillet dans l’espoir d’obtenir l’asile en Angleterre, Napoléon est finalement déporté et emprisonné en octobre 1815 sur l’Île de Sainte-Hélène, un îlot volcanique de 122 km² en plein Atlantique Sud à environ 1900 km des côtés de la Namibie en Afrique australe. Son geôlier, le gouverneur Hudson Lowe, lui a certifié que l’Angleterre avait tout mis en œuvre pour que cet exil lui soit agréable. Mais rien n’y fait, l’empereur déchu s’ennuie dans sa résidence de Longwood House et ne pense qu’à une chose, s’enfuir de cette île-prison. C’est alors qu’en ce mois de juillet 1816, il va se produire un événement tout à fait inattendu. Un groupe d’hommes armés débarque sur l’île et se lance à l’assaut de la résidence de Napoléon dans le but de lui arracher des informations sur un trésor perdu qu’il aurait découvert durant la campagne d’Égypte entre 1798 et 1801. Si les agresseurs sont rapidement repoussés, le mystère persiste et intrigue fortement Lowe. D’autant que durant la traversée depuis l’Angleterre en octobre 1815 une mutinerie avait éclatée et une pièce d’or à l’effigie d’Alexandre le Grand retrouvée dans la main de l’un des mutins. Les Anglais avaient également intercepté une lettre codée de Napoléon prouvant l’intérêt qu’il portait à Alexandre le Grand. Hudson Lowe a notamment pour mission de tout faire pour obtenir ce code en perçant le mystère qui entoure la passion de Napoléon pour Alexandre le Grand et qui sait, pourvoir mettre la main sur le fabuleux trésor qu’il aurait découvert…
Mon avis : Dans ce deuxième tome, Rudi Miel et Fabienne Pigière ont souhaité mettre en avant l’environnement, l’ambiance générale et le ressenti de chacun à Sainte-Hélène. Même si l’espace est vaste, il est impossible d’échapper à l’atmosphère pesante de cette île-prison. Chacun s’efforce d’y vivre au mieux en faisant avec les moyens du bord. On ressent bien l'isolement voulu par les Anglais et les forces alliées. Le temps s’écoule inexorablement, chacun ressassant le passé. Notre attention se focalise sur le face à face – ou plutôt le bras de fer – entre Napoléon et Hudson Lowe qui cherche à obtenir des informations et confidences à propos du mythique trésor d'Alexandre Le Grand que l’empereur aurait acquis lors de sa campagne en Égypte.
Fiction et histoire se mêlent et se complètent dans un scénario qui maintient le suspense.
On a envie de savoir comment les choses vont évoluer même si on se doute bien de la fin.Ivan Gil nous offre de nouveau un très beau travail d’illustration, en particulier sur les décors qui restituent bien la proximité des lieux et les limites de l’île, et sur différents événements du passé comme ces batailles évoquées dans le récit.
On retrouve son trait fin, précis et réaliste sur les décors, les scènes d’action mais aussi les personnages qui confime s'il en était besoin le gros travail de documentation effectué.
Les couleurs d'1ver2ânes accompagnent parfaitement le récit lui donnant encore plus de vie et de profondeur.
Comme le précédent album, ce tome s’achève sur un très intéressant dossier documentaire préparé par Rudi Miel qui nous permet de découvrir les divers éléments historiques ayant inspiré le récit.SDJuan
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CORTO MALTESE 16
- Par asbl-creabulles
- Le 06/09/2022
Tome 16 . Nocturnes berlinois
Scénario :Díaz Canalès, Juan DIAZ CANALES
Dessin : Rubén PELLEJERO
Couleurs : Rubén PELLEJERO
Traduction : Hélène DAUNIOL-REMAUD
Dépôt légal : le 7 septembre 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-203-22168-0
Nombre de pages : 721924. Corto est à Berlin où il doit retrouver son vieil ami Jeremiah Steiner. Avec le journaliste et romancier Joseph Roth, ils se rendent au commissariat pour obtenir leurs permis de séjour. Tout à fait par hasard, Corto reconnaît la photo de Steiner sur le tableau des victimes anonymes. Il demande à en informer directement le commissaire Kahr qui, dès son départ, s’empresse de passer l’info au Doktor Eichwald. Plus tard dans la journée, Roth rejoint Corto et lui apprend que ces deux hommes font partie de l’organisation "Consul", un groupe clandestin qui œuvre pour renverser la République de Weimar. Son ami Steiner aurait été vu pour la dernière fois en compagnie de membres de la société hermétique Stella Matutina, à son retour de Suisse où il était parti assister au congrès des alchimistes de Sion. Retrouver cette société secrète est le point de départ idéal pour l’enquête de Corto. Rien de plus facile pour lui. Il débarque en plein rituel et est aussitôt pris pour Makropoulos, le magister templi, le maître du temple, fondateur de Stella Matutina, par tous les adeptes réunis pour une séance de transe hypnotique au cours de laquelle l’un des membres déclare être Steiner et savoir que son assassin se cache au panopticum, l’ancien musée de cire. C'est au cœur d’un Berlin au bord de la guerre civile entre républicains, communistes et extrémistes de droite que Corto va chercher à venger son ami. Il va faire d’étranges découvertes qui posent questions, notamment à propos d’une carte du jeu de tarot le plus vieux au monde, le Visconti-Sforza, à l’origine de l’assassinat de Steiner, et qui vont même le mener jusqu’à Prague…
Mon avis : D’entrée de jeu, on découvre un album à teneur plus sombre, plus noire comme dès la première page avec un acteur à la ressemblance bluffante avec Hitler et à l’encrage puissant sur fond rouge. Le ton est donné. Ensuite, les événements vont s’enchaîner à un rythme soutenu jusqu’à la dernière case, servant de champ d’action à notre héros toujours aussi fidèle aux principes qui ont fait sa réputation.
Sans rien perdre de son charme naturel, de la curiosité qui l’anime et sans crainte, Corto va parvenir à ses fins en bravant tous les dangers et en ne se fiant à personne.
L’album est bourré de références historiques, culturelles et/ou politiques de l’époque et donne envie d’en savoir davantage à propos du cinéma, du théâtre, de la littérature allemande mais aussi autrichienne des années folles de l’entre-deux-guerres.
Les auteurs, Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero, maîtrisent clairement le sujet grâce à un gros travail de recherche documentaire et marient à la perfection la fiction et l’histoire avec un grand H dans cette nouvelle aventure de Corto.
Une performance qui en ravira plus d’un, c’est certain.Au dessin, Ruben Pellejero nous régale d’un subtil mélange de traits fins et/ou achurés pour la plupart des décors et d’encrage noir et puissant tout à fait approprié aux nombreux passages sombres du récit et venant en souligner le côté polar dont il maîtrise parfaitement les codes.
Loin d’imiter ou de copier Pratt, Ruben Pellejero s’en est imprégné pour ne pas le dénaturer tout en nous offrant son traitement graphique très expressionniste dans ses planches. Encore une belle performance de sa part.
Le découpage et la mise en page de même que le choix des couleurs viennent non seulement diriger notre regard et notre attention vers les (nombreux) points d’intérêt de l’histoire mais également souligner les différentes ambiances qui la caractérisent.
Un album à ne rater sous aucun prétexte.SDJuan
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ASTERIX, Le Bouclier Arverne
- Par asbl-creabulles
- Le 06/09/2022
Tome 11- Le bouclier Arverne Astérix (albums Luxe en très grand format)
Scénario : René GOSCINY
Dessin : Albert UDERZO
Dépot légal : juin 2022
Editeur : Hachette
Album Luxe très grand format
ISBN : 978-2-01-400127-3
Nombre de pages : 88Déjà le 10e titre avec Uderzo au dessin dans cette belle collection (moins belle cette fois-ci).
En 2007, les mercantiles éditions Hachette (en ce qui concernent la BD en tout cas) rééditaient déjà les Asterix en grand format avec des nouvelles couleurs.
Je les achetais, appréciant le grand format et le petit dossier très intéressant.
Quelques albums plus tard, fini le dossier !
J’arrête évidemment !
Et il doit y avoir 5 ou 6 ans, arrive cette réédition luxueuse.
Dos toilé, même impression couleur que la réédition précédente, dossier plus conséquent et les planches originales en noir et blanc.
Attention aucune comparaison avec les beaux livres présentant des fac-similés, mais pour le prix démocratique, c’est honnête ou plutôt c’était car dans celui-ci, l’impression est médiocre, pâle. Les noirs sont gris (voir photo 1.)
Il suffit de feuilleter les collections Hachette d’intégrales BD pour constater que la qualité n’est pas toujours au rendez-vous mais les dossiers sont souvent intéressants.
Une autre souci ici, le fameux bouclier a ses couleurs inversées dans deux cases pour les nouvelles couleurs (bravo le ou la coloriste mais c’est sûrement une application numérique!). Voir photos 2 et 3.Dans la version originale (j’ai vérifié), les couleurs sont correctes.
Sinon, cette histoire est un bijou d’humour et de composition.
La verve scénaristique et le talent d‘Uderzo y atteignent des sommets et pour longtemps encore.
L’intrigue? Je vous laisse la relire, la lire peut-être… Comment ? Oui ? Pas possible !
En tout cas, je ne dirai rien. NA! PAR TOUTATIS!
J’espère quand même que le jour où toute la collection sera passée par cette édition, ils ne vont pas oser la rééditer dans leurs fameuses collections d’intégrales…M. Destrée
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SPIROU et FANTASIO 56 LA MORT DE SPIROU
- Par asbl-creabulles
- Le 01/09/2022
Tome 56 - La mort de Spirou
Scénario : Sophie GUERRIVE et Benjamin ABITAN
Dessin : Olivier SCHWARTZ
Couleurs : Alex DOUCET
Dépot légal : Août 2022
Editeur :
Format normal
ISBN : 978-2-8001-7383-2
Nombre de pages : 57Spirou, Fantasio et Spip remballent leurs affaires après avoir passé une nuit dans un camping situé à Champignac, non loin du domaine du comte, sous une tente inventée par Fantasio. Ils décident de passer saluer le comte avant de rentrer chez Dupuis où se poursuivent les préparatifs de la fête devant commémorer en grandes pompes le 100e anniversaire des éditions Dupuis. Sur la route, Spirou décide de lire la presse sur sa tablette et tombe sur l’enquête spéciale réalisée par Seccotine sur la cité sous-marine de Korallion. Rapidement, Spirou soupçonne qu’il se passe quelque chose d’étrange. Seccotine n’aurait jamais écrit un texte de cette nature. Il s’agit clairement d’une pub pour attirer les touristes. Ce n’est pas du tout son genre. De plus, Fantasio croit reconnaître Zorglub sur une photo. En fait il s’agit d’un certain Buzz Lorg, présenté comme consultant en technologies émergentes. Et même si Zorglub est censé être parti à la conquête de l’espace, Spirou n’en démord pas, c’est bien lui sur la photo. Avec l’aide inopinée de Champignac et surtout de certaines de ses inventions, Spirou et Fantasio décident de se rendre au plus vite à Korallion pour tirer l’affaire au clair…
Mon avis : Si dans le comics US, les auteurs ont pris l’habitude de faire (et les lecteurs de voir) mourir les super-héros – par exemple Superman ou le Phénix, mais aussi Wolverine et même dernièrement Wonder Woman – puis de les faire (les voir) revenir à la vie plusieurs mois ou années plus tard, c’est vraiment un grand coup que Benjamin Abitan et Sophie Guerrive ont voulu marquer en proposant aux lecteurs de Spirou un récit s’inspirant de la mort de Superman. En outre, il est tout à fait en phase avec notre époque : préoccupations écologiques, impact des réseaux sociaux, fausses informations, etc. mais aussi présence de la plupart des objets et outils modernes, smartphone, tablette, voiture électrique, etc.
Pour leur première aventure de Spirou et Fantasio, le nouveau duo Abitan et Guerrive s’en sort plutôt bien.
Très énergique, sans aucun temps mort, le récit nous transporte avec une légèreté déconcertante dans l’aventure avec un grand A.
Certains diront peut-être qu’il est ciblé jeunesse/ados mais je pense que les "jeunes" adultes… et certainement bien au-delà n’en perdront pas une miette.
Il fallait oser écrire une histoire où le héros principal va mourir alors qu’il s’agit d’une nouvelle équipe d’auteurs supposés avoir une démarche cohérente avec le style de la série et ses personnages pour ne pas les dénaturer, en réussissant à assimiler l’énorme cahier des charges légué par Franquin. Ils ont relevé le défi et ont même réussi à rendre hommage à leurs prédécesseurs.
Pour le moment, ils font le tri des idées qui ont germé dans leurs têtes pour nous proposer rapidement la fin de ce diptyque et qui sait... d'autres aventures !.Côté dessin, Olivier Schwartz déjà sollicité pour illustrer trois tomes de la collection "Spirou vu par..." (connue aussi sous les titres Une aventure de Spirou et Fantasio par… puis Le Spirou de …) se retrouve propulsé à la réalisation de son premier album dans la série-mère. Un album qu’il fallait terminer cette année, car c’est le centenaire de Dupuis !
Pour la ville sous-marine, Schwartz disposait de deux références dans les albums de Franquin: "Le repaire de la murène" (1957) et "Spirou et les Hommes-Bulles" (1964).
Ses illustrations allient modernisme et respect de la tradition.
On apprécie l’aisance de Schwartz à réaliser ce mélange particulièrement bien dosé entre le style traditionnel de l’école de Marcinelle de Franquin et autres Hergé, etc. comme cet uniforme de groom (même si Spirou ne l’est plus depuis longtemps) et un environnement, des décors, une atmosphère générale colorés et modernes si typiques de notre quotidien.
N'oublions pas l’écureuil Spip lui aussi bien présent.
J’apprécie beaucoup ce que fait Schwartz, son style de dessin, sa façon d’encrer, son trait souple et surtout l’énergie qu’il dégage.
Même si je l’attendais sur le troisième tome d’Atom Agency (avec Yann), ou sur un Spirou vu par … avec ce même Yann et si je pensais plutôt retrouver le duo Vehlmann et Yoann sur la série-mère, je suis enchanté et séduit par son travail sur cet épisode de la longue série des Aventures de Spirou et Fantasio.Un récit bien construit, une intrigue captivante, des scènes d’action efficaces et beaucoup d’idées neuves tant à l’écriture qu’au dessin et une très belle couverture qui accroche l’œil.
Cette série mythique de chez Dupuis a de beaux jours devant elle.Suite et fin de cette mort de Spirou dans le prochain tome !!!
SDJuan
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LES BÂTISSEURS Tome 1 Viollet-Le-Duc
- Par asbl-creabulles
- Le 30/08/2022
Tome 1 - Viollet-le-duc - L'homme qui ressuscita Notre-dame
Scénario : Salva RUBIO
Dessin : Eduardo OCAÑA
Couleurs : Mazi
Lettrage : Philémon CHAILLEUX
Dépot légal : avril 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-413-03773-6
Nombre de pages : 62Monument prestigieux, la cathédrale Notre-Dame a pourtant connu bien des vicissitudes. Dans les premières décennies du 19e siècle, elle sera même vouée à l’oubli, à l’abandon voire à la démolition vu son état de délabrement. Heureusement, Victor Hugo (dont le roman historique Notre-Dame de Paris paru en 1831 va la remettre sur le devant de la scène) est déterminé à sauver la cathédrale coûte que coûte. Il en discute avec Prosper Mérimée qui, outre la littérature, s’intéresse beaucoup à l’histoire. Ils sont tous deux résolus à sauver le monument parisien mais encore faut-il trouver l’homme de la situation et, surtout, batailler contre tous les opposants et détracteurs du style gothique jugé démodé et dépassé... Nommé inspecteur général des monuments historiques en 1834, Mérimée a bien quelqu’un en vue. Il faut agir vite car le gothique est en danger de mort partout en France. En 1838, à Narbonne, Eugène Viollet-le-Duc s’affaire sur le chantier de restauration de l’église. C’est son oncle, Étienne-Jean Delécluze, peintre et historien de l’art, qui lui a permis d’obtenir ce travail. Rentré chez lui à Paris, c’est son oncle, une nouvelle fois, qui va mettre Eugène en contact avec Mérimée, l’un de ses amis, qui a un emploi à lui proposer. Au cours de la rencontre, Mérimée qui a suivi les travaux d’Eugène depuis longtemps déjà, lui propose de diriger la restauration de l’église La Madeleine de Vézelay, joyau d’art roman et gothique qui, elle aussi, tombe en ruine. Eugène aura à sa disposition une équipe de tailleurs de pierres, des maîtres d’œuvre et des architectes. Mais avant toute chose, ils vont devoir convaincre ceux-là même qui haïssent le gothique et se déclarent prêts à détruire les monuments mais dont l’approbation est indispensable pour obtenir les financements nécessaires. C’est à une église de Vézelay en ruine et prête à s’écrouler qu’Eugène va faire face à partir de 1840. Un travail titanesque l’attend et sa carrière est en jeu avant même d’avoir débutée. Convaincu par cette restauration réussie qui frôle le miracle, Mérimée lui propose de restaurer Notre-Dame de Paris. Mais avant toute chose, il va devoir, s’il accepte, se mesurer à des architectes de renom comme Danjoy et Arveuf, en présentant un projet solide et moins coûteux. Rien n’est encore joué. Au final, sa détermination, sa persuasion, son amour du gothique vont être favorables à son projet et lui donner la victoire lors du concours. Avec l’architecte Jean-Baptiste Lassus et les sculpteurs Victor Geoffroy-Dechaume et Jean-Baptiste Millet qui partagent le même amour du gothique, Eugène Viollet-le-Duc peut se lancer dans le gigantesque projet de restauration de Notre-Dame. Vingt ans de sacrifices pour Viollet-le-Duc, dont le projet sera confronté à pas mal d’écueils et de difficultés, mais qui aura le bonheur de vivre la nouvelle consécration de la cathédrale le 31 mai 1864 par l’archevêque de Paris, Mgr Georges Darboy, cette date commémorant également le 8e centenaire de la cathédrale dont la première pierre fut posée en 1163.
Mon avis : Un scénario d’une grande richesse, certainement pas aisé à bâtir pour éviter l’écueil d’un récit trop lourd à digérer compte tenu de l’abondance d’éléments disponibles. On peut dire que Salva Rubio s’en sort très bien en allant à l’essentiel, en évitant un aspect trop pédagogique risquant de décourager certains lecteurs tout en soulignant les difficultés de tous ordres, y compris financier, rencontrées et surmontées, bref en rendant le récit attractif et plaisant à lire.
Côté dessin, Eduardo Ocaña a lui aussi réalisé un gros travail sur les décors vu le nombre de bâtiments évoqués sans oublier les innombrables chantiers de rénovation. Des décors très travaillés, avec un soin tout particulier apporté aux sculptures, à l’architecture, au travail de la pierre. Costumes, décors urbains, accessoires témoignent aussi d’un gros travail de recherche documentaire. La mise en page, les cadrages, les perspectives soulignent bien, là où il le faut, la nature titanesque des travaux.
Belle mise en couleurs de Mazi.
Un premier tome prometteur pour cette série historique qui devrait séduire les passionnés d’architecture.
L’album est enrichi d’un dossier de 6 pages intitulé "Objectif : Sauver Notre-Dame... À nouveau !" écrit par Salva Rubio évoquant les nombreuses autres restaurations dues à Viollet-le-Duc et, bien sûr, le terrible incendie de 2019.SDJuan
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LA KAHINA
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2022
Tome 1 . La reine berbère
Scénario : Simon TREINS
Dessin : Dragan PAUNOVIC
Couleurs : SCARLETT
Dépot légal : juin 2022
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-413-03762-0
Nombre de pages : 54Dans sa capitale de Kairouan, le puissant émir omeyyade Abou Al-Mouhajir Dinar est persuadé qu’il va pouvoir soumettre les tribus berbères rebelles. À la tête de son armée, il se met en route et parvient jusqu’aux gorges des Aurès ignorant le piège qui va se refermer sur lui. En effet, l’exarque Koceïla, qui représente les empereurs chrétiens d’Orient, l’attend de pied ferme dans ce passage qui n’a qu’une seule issue. Il lance l’attaque du haut des parois de ce passage étroit, obligeant l’émir et ses troupes à se précipiter vers … le roi berbère Tabeta et ses guerriers djerawa qui les attendent à la sortie. Au terme d’un combat acharné, l’émir et ses troupes sont massacrées tout comme le roi Tabeta qui a rempli avec honneur sa dernière mission. Sa fille Dihya, qui a développé des capacités divinatoires en communiquant avec le feu, a ressenti la mort de son père et décide de rassembler ses amazones djerawa pour rejoindre l’exarque Koceïla à Kairouan afin d’y regrouper les tribus locales contre les Musulmans. Ayant conscience que ni les Chrétiens d’Orient, ni les Berbères accepteront d’être dirigés par une femme, elle doit conclure une alliance. Elle se résigne à épouser le roi berbère djerawa Aberkan. Un mariage qui ne va pas faire long feu si elle veut que justice soit faite. A présent connue comme Kahina, la prêtresse, Dihya qui a aussi perdu son premier allié Koceïla se lance seule dans une lutte acharnée contre l’envahisseur musulman.
Mon avis: Ce nouvel album de la collection des Reines de Sang donne vraiment envie d'en savoir davantage sur cette reine guerrière berbère, juive selon les uns, chrétienne selon d'autres.
C'est la première femme, reine et plutôt féministe au sens où nous l’entendons aujourd’hui, qui a résisté à l'invasion musulmane et même infligé une défaite à l'envahisseur lors de leur premier affrontement.
Ce premier tome nous apprend qu'elle est considérée comme une prêtresse ou une sorcière, signification arabe du surnom "Kahina".
On découvre comment elle a pris la tête d’un regroupement de plusieurs tribus berbères chrétiennes, juives ou animistes et d’un certain nombre de Byzantins.
Au fil des événements, les agissements de ses semblables ne vont faire qu’exacerber son sens de la justice.
Au scénario, Simon Treins nous offre un récit certes linéaire mais des plus captivants.Les dessins du serbe Dragan Paunovic restituent parfaitement les ambiances et la dureté des événements avec beaucoup de scènes de bataille et de combat tant stratégique en plaine ou en zone montagneuse qu’au corps à corps.
Les tenues et costumes, berbères ou autres, sont particulièrement soignés et détaillés.
L’héroïne nous apparaît dans toute sa splendeur.
Paunovic dresse avec brio le portrait héroïque de cette femme guerrière et de ses amazones.
Beau travail sur le découpage qui insiste sur la dureté des situations.
Très agréable mise en couleurs de Scarlett venant notamment souligner l’intensité des nombreuses scènes d’action de l’album.
J'attends la suite avec beaucoup d'impatience.SDJuan
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DEUX VIES EN DESSINS TOME & JANRY
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2022
Une vie en dessins - TOME & JANRY
Scénario : TOME & JANRY
Dessin : TOME & JANRY
Couleurs : divers
Introduction : Charles-Louis DETOURNAY
Dépot légal : juin 2022
Editeur ;
Collection : Champaka Brussels
Format : 320mm (H) / 235mm (L)
ISBN : 978-2-390-41036-2
Nombre de pages : 256
Poids : 1584 gAprès François Walthéry (mars 2019), Yves Chaland (octobre 2019), Frank Pé (octobre 2020), Marcel Gotlib (novembre 2021), Victor Hubinon (janvier 2022) et Batem (janvier 2022), autant d’auteurs de renom publiés dans la collection de beaux livres "Une vie en dessins" coéditée par Dupuis et Champaka Brussels, voici venue l’heure de découvrir le magnifique parcours d’un duo hors normes : Tome et Janry, d’où l’adaptation du titre de la collection en "2
unevies en dessins" pour saluer ces deux auteurs aux noms inséparables.Je ne me lasse pas de parcourir avec admiration et curiosité – il n’y a pas d’autres mots – ces beaux ouvrages au contenu de qualité. On croit connaître chaque auteur, en réalité c’est l’occasion d’en apprendre beaucoup sur lui, sur son parcours personnel et son ascension artistique tout en se régalant visuellement de l’énorme travail documentaire réalisé sur ses illustrations, ses planches, ses couvertures, ses dessins…
Cette fois, ce n’est donc pas donc une vie, comme indiqué sur la couverture, mais bien "2
unevies en dessins" qui nous sont contées : Philippe Vandevelde, plus connu sous son pseudo Tome, et Jean-Richard Geurts, alias Janry, ont commencé ensemble et ils ne se sont plus quittés jusqu’à la triste disparition de Tome le 5 octobre 2019.Nés tous les deux en 1957, ces deux amis font connaissance à des cours du soir de bandes dessinées. Ensuite, plusieurs rencontres vont s’avérer déterminantes pour leurs carrières respectives, notamment Dupa, Stéphane De Becker (alias Stuf), André Geerts mais aussi Turk, de son vrai nom Philippe Liégeois, et Bob De Groot, etc. , sans oublier évidemment le maître : Franquin.
Ils sont vite remarqués par Alain de Kuyssche, à l’époque rédacteur en chef du journal Spirou, pour y animer la rubrique de jeux hebdomadaires Jeurêka. Désormais, Tome et Janry, noms inspirés des dessins animés Tom & Jerry d’Hanna-Barbera, vont réaliser des histoires courtes de Spirou. Ils font rapidement se faire remarquer et, profitant aussi un peu des bisbilles entre d’autres auteurs, ils se verront proposer de travailler sur la série et de rejoindre les grands noms qui l’animent alors, Franquin, Jijé, Nic, Fournier, Jo Almo, Maurice Rosy, Greg, Jean Roba, Peyo, Gos, Raoul Cauvin, etc.
L’album célèbre donc le 40e anniversaire de la publication de "Virus", leur première histoire de Spirou et Fantasio, d’abord parue dans le journal Spirou à partir de juin 1982 puis sous forme d’album (n° 33) en juillet 1984.
Cela fait donc 40 ans qu’ils ont publié cette première histoire complète (44 planches) qui sera suivie de très nombreux albums inoubliables parmi lesquels "Le réveil du Z" (septembre 1986), "Spirou à New York" (septembre 1987), "La Vallée des Bannis" (novembre 1989), "Le Rayon Noir" (avril 1993) pour ne citer que ceux-là, autant d’histoires qui leur ont donné la possibilité de faire évoluer les personnages dans des genres et sur des sujets qui étaient un peu limités. Déjà en 1987, l’album 38, "La jeunesse de Spirou", annonçait la naissance en 1990 de la série "Le petit Spirou" dans laquelle Tome et Janry ont pu enfin s’en donner à cœur joie et transgresser un peu les codes jugés trop rigides de la série.
Leur binôme assurait tant le dessin que le scénario partageant toutes leurs idées. Pour des raisons financières, ils ont d’abord conservé ces titres de scénariste et dessinateur mais chacun ayant trouvé sa voie puis Tome ayant commencé à travailler sur d’autres titres deviendra officiellement scénariste et Janry dessinateur. Même si les auteurs ont évolué, leur amitié indéfectible assurait les échanges d’idées, les remarques sur la manière de travailler au profit d’une belle complicité qui se ressent parfaitement dans leurs albums.
Fidèle à la collection, l’album réunit sur plus de 250 pages la biographie des auteurs largement complétée par d’innombrables reproductions d’originaux, planches et/ou illustrations, qui en font de sa lecture un réel plaisir.
Charles-Louis Detournay nous fait vivre, à travers ce livre d’exception, leur quotidien, agrémenté de diverses anecdotes. Il nous fait partager leurs aventures personnelles, nous fait découvrir leurs vies, leurs rencontres, évoquant leurs peurs, leurs doutes mais aussi leur audace, leur franchise, leurs envies, leur courage de relever un sacré défi avec succès nous donnant l’occasion de vivre des moments inoubliables de la bande dessinée.
Ce gros volume passionnant des éditions Dupuis/Champaka Brussels est vendu au prix de 55 €, mais vu la qualité et la quantité de son contenu, cela vaut vraiment la dépense.
Il existe aussi une version collector : tirage de tête à 699 ex. avec frontispice numéroté et signé, et couverture variante (voir ci-dessus).SDJuan
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ED GEIN - Autopsie d'un tueur en série
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2022
Ed Gein - Autopsie d'un tueur en série
Scénario : Harold SCHECHTER et Eric POWELL
Dessin : Eric POWELL
Couleurs : Eric POWELL
Traduction : Lucille CALAME
Dépot légal : avril 2022
Editeur :
Format comics
ISBN : 978-2-413-04642-4
Nombre de pages : 174Edward Gein est né dans une famille pas vraiment des plus accueillantes. Un père alcoolique et violent, une mère autoritaire et envahissante, elle-même battue par son mari, une mère surtout déçue d’avoir donné naissance à un second garçon après Henry alors qu’elle espérait tant une fille pour l’aider. Ed n’était donc pas le bienvenu dès sa naissance dans cette famille installée dans une ferme isolée du Wisconsin. Ne pouvant fréquenter qui il voulait, Ed s’est vite retrouvé isolé des autres enfants à l’école. Et à la maison, sa mère lui matraquait à longueur de temps qu’aucune femme n’était digne de confiance. Malgré tout, Ed va développer une adoration totale pour sa mère, encore plus après la mort de son père. Et quand son frère Henry va commencer à dire du mal de leur mère et prendre la décision de quitter le foyer familial, comme par hasard il sera retrouvé mort. Désormais seul avec sa mère, Ed est fier de s’en occuper, de l’accompagner durant sa maladie et ce jusqu’à sa mort. Mais cette perte va déclencher quelque chose dans la psyché du jeune Ed. Quelque chose d’irréversible, d’innommable…
Mon avis : Harold Schechter s'y connaît en tueurs en série et le démontre avec cet album où l’on côtoie l'un des plus terrifiants des États-Unis.
On suit le cheminement de ce gamin dominé par une mère bigote, étouffante et envahissante, maltraité par ses camarades de classe. Puis on vit son évolution malsaine et inquiétante à souhait.
Le récit prend la forme d’une enquête journalistique enrichie d’explications sur la santé mentale d’Ed Gein et d’évocation d’événements passés dans un style narratif essentiellement descriptif que certains pourront juger aride et peu distrayant.
Le sujet est dur, le ton du récit plutôt réaliste, pas de surprises, pas d’imprévu, on suit l’évolution d’Ed Gein vers ce qui sera son destin, il est difficile de comprendre ce qui peut transformer un gamin de prime abord faible et dominé en un malade mental et un tueur en série, en proie à des obsessions sexuelles déviantes, capables d’actes qui nous inspirent la plus grande répulsion.
La littérature et le cinéma d’horreur empruntent beaucoup au réel et ont ainsi donné naissance aux célèbres personnages de Norman Bates dans Psychose, le tueur nomme Buffalo Bill dans Le Silence des Agneaux ou encore Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse.Au dessin, Eric Powell, aussi présent sur le scénario, restitue à la perfection cet univers oppressant, violent et dérangeant.
Beau travail sur l'évolution du personnage au fil des années qui passent, des premiers événements et des actes odieux qui vont suivre.
Les faciès sont impressionnants.
Powell arrive presque à rendre palpable le personnage du tueur que l’on côtoie et que l’on accompagne au plus près.
On retrouve avec plaisir la griffe, la marque de fabrique d’Eric Powell notamment dans son travail sur les gris pour la mise en couleur.
Un album impressionnant de réalisme de 210 pages incluant 8 pages de dossier et 17 pages de croquis.
À ne surtout pas rater.SDJuan