Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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DJINN Tome 13.
- Par asbl-creabulles
- Le 01/11/2016
Tome 13, dernier tome de la série: Kim Nelson.
Scénario : Jean Dufaux.
Dessin : Ana Mirallès.
Couleurs : Ana Mirallès.
Editeur: Dargaud.
Dépot légal: Octobre 2016.Histoire:
Lorsqu'elle reçoit une invitation à se rendre au palais d’Eschnapur, Kim Nelson ne peut résister à la tentation, pleine d’espoir d'en apprendre davantage sur ses aïeux. Mais une mauvaise surprise l'attend à son arrivée. Elle retrouve une ancienne connaissance qu'elle aurait souhaité ne jamais revoir : Ebu Sarki, un homme infâme qui jadis l'avait complètement soumise et qui lui inspire de la répugnance. Sa surprise sera encore plus grande lorsqu’elle rencontre Saru Rakti, la Rani d'Eschnapur, sœur du défunt Maharadjah. Kim Nelson est littéralement sidérée par la jeunesse de la Rani. En effet, une malédiction l’a enfermée dans le corps d’une jeune fille tant que le Maharadjah vivra. Mais, anéanti par la mort de son épouse Tamyla, le Maharadjah finit par se donner la mort, mettant ainsi fin à la malédiction. Cependant, pour retrouver son apparence physique de femme âgée, la Rani demande à Kim Nelson de partir à la recherche d’une perle noire contenant l’antidote. Cette perle fait partie du fabuleux trésor ottoman que Kim a toujours espéré découvrir. Elle se réjouit de ce voyage en Afrique qui lui permettra également de connaître ses origines. Seule une Djinn peut effectuer une telle mission, mais cette fois elle va devoir l’accomplir en compagnie d’Ebu Sarki qui lui est à la recherche du trésor et qui revendique déjà la moitié du butin.
Mon avis: Jean Dufaux termine la série en beauté. Il fait en quelque sorte le point sur le déroulement des événements et leurs nombreux développements. Ce dernier cycle se situant avant le cycle africain, cet éclairage chronologique nous apporte des réponses qui sont les bienvenues. Jean Dufaux a su entretenir le suspense jusqu'au bout avec beaucoup d'habileté et d’efficacité. Le récit est très explicite et rondement mené. On est impressionné de voir comment il a réussi à refermer autant de ramifications et conclure cette saga, même si cela a nécessité un quatrième tome.
Côté illustration, Ana Miralles a fait preuve d’une remarquable évolution tout au long de cette série. On ne peut qu’admirer sa maîtrise de l’art du dessin. Cette minutie dans les moindres détails, reconnaissable entre mille, rend la série tellement exceptionnelle qu'on ne se lasse pas de la contempler. Chaque personnage, chaque case constitue en soi une splendide illustration, sans oublier les couvertures, toutes plus belles les unes que les autres. On est presque attristé de savoir que cet album est le dernier de la série et on en redemande volontiers. Gardons l’espoir car il semblerait qu’un préquel soit en projet depuis quelques mois déjà, avec comme personnage central, vous l'aurez deviné, Jade !
A noter: une version limitée à 999 exemplaires à été tiré pour les magasins Slumberland et BD-World en Belgique.
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SEPT CANNIBALES
- Par asbl-creabulles
- Le 01/11/2016
Tome 19: Sept compagnons repoussent les limites du mal.
Scénario : Sylvain Runberg.
Dessin : Tirso.
Couleurs : Tomeu Morey.
Editeur: Delcourt, collection: Conquistador.
Dépot légal: Octobre 2016.Histoire:
Sept amis de très longue date partagent plusieurs points communs. Ils sont issus de familles très aisées ou sont eux-mêmes devenus riches. Surtout, ils éprouvent le besoin de défier le politiquement correct et ont absolument besoin d'émotions fortes, de sexe, de violence et de meurtres. Depuis pas mal de temps déjà, ils se donnent rendez-vous chaque année pour commettre l'impensable et l'irréparable. Leur premier méfait sera le passage à tabac d’un sans-abri. Puis ils décident de violer et d’assassiner une jeune femme déshéritée. Et ainsi de suite jusqu'au jour où l'un d'eux a l'idée de tuer et de dévorer sa victime. Pour attirer leur proie dans ce piège mortel et ultra violent, ils organisent régulièrement un concours d’élégance et de beauté en faisant croire aux candidates qu'elles vont participer à un grand événement de mode ou un concours de beauté. Mais cette fois, c’est l'heureuse élue qui va les surprendre, et certainement pas dans le sens qu'ils escomptaient.
Mon avis : Voici l’une des plus violentes histoires de toute la série intégrant de nombreux flashes-back qui de prime abord peuvent déranger mais qui racontent cette progression fulgurante vers le mal absolu. Le scénario de Sylvain Runberg captive de bout en bout et fait en sorte de rendre les personnages de plus en plus haïssables, sans nous laisser la moindre raison d’éprouver une quelconque sympathie pour aucun d’entre eux. Côté dessin, c'est le grand retour de Tirso Cons que l'on n'avait plus eu l’occasion de voir depuis (trop) longtemps. Ici, il se surpasse dans un album plein d'énergie, de punch dans les scènes d'action et surtout de violence en tous genres. Les très nombreux personnages apparaissant dans le récit sont tous hauts en couleurs et l’action se déroule dans des décors somptueux qui en feront rêver plus d'un. Les couleurs de Tomeu Morey épousent parfaitement les différtentes ambiances en leur donnant encore plus d'impact. Splendides couleurs pour les paysages paradisiaques, les lieux de grand luxe; durs et sombres pour les actes violents. Une histoire qui mériterait incontestablement un spin-off de leur dernière proie.SDJ
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Le SPIROU de FRANK PÉ et ZIDROU
- Par asbl-creabulles
- Le 21/10/2016
SPIROU: La lumière de Bornéo.
Scénario : Zidrou.
Dessin : Frank Pé.
Couleurs : Cerise.
Editeur: Dupuis.
Dépot légal: Octobre 2016.Histoire:
Dans la réserve naturelle de Kituri, au sud-est du Mozundu, Fauvette et Kurt son tuteur, un photographe auquel son père a confié la fillette, ont surpris des braconniers venant d’abattre un gorille. Ceux-ci n’hésitent pas à tirer pour se débarrasser de ces témoins gênants. Seule Fauvette en réchappera. Des années plus tard, la gamine qui a été ballottée à travers le monde se voit contrainte de quitter le Canada et sa grand-mère dont la santé est devenue trop fragile pour venir en Belgique vivre avec son père qu'elle n'a plus vu depuis sa plus tendre enfance. Propriétaire du cirque Circo Mundo, celui-ci rechigne à se charger de Fauvette, sous prétexte qu’il est trop occupé pour respecter les délais de la première de son tout nouveau spectacle. C’est alors que Spirou se présente comme le baby-sitter tout désigné pour s’occuper de la fillette pendant quelques jours. En effet, il vient de claquer la porte de son journal – le Moustique – furieux qu’on lui ait demandé d'édulcorer son article jugé trop critique envers des promoteurs en Palombie dont le projet de méga-barrage menace de polluer toute la région et d’obliger la faune et les Indiens vivant sur ces terres depuis des siècles à se délocaliser. A Bruxelles, la presse est en émoi car de superbes peintures ont été livrées à la Galerie Bernard de manière anonyme. L’info se propage sur le net et multiplie les visiteurs parmi lesquels de richissimes spéculateurs qui s'en donnent à cœur joie, notamment le cheik Ibn-Mah-Zout et le señor Rastrillo y Platañes pour le plus grand bonheur du galiériste. A la rédaction du Moustique, c'est Fantasio, seul en l’absence de Spirou, qui va se charger d’enquêter sur l’affaire de ce généreux donateur. De son côté, Champignac a découvert dans son jardin un champignon noir qui "ne devrait pas exister" et qui se propage à travers le monde à une vitesse folle.
Mon avis: Lorsque deux "pointures" de la bande dessinée se penchent sur le groom le plus connu dans l’univers du 9e art le résultat est époustouflant. En charge des illustrations, Frank Pé s'en donne évidemment à cœur joie avec tous les animaux – sauvages et du cirque – mais pas seulement ! Spirou et Fantasio ainsi que tous les autres personnages de la série sont tout aussi remarquables et maîtrisés. Frank Pé a une manière incomparable de dessiner les animaux sauvages et les personnages. On retrouve partout sa griffe incomparable. La mise en couleurs est un vrai régal et alors qu’on s’attendait à ce qu’elle soit de la main du "maître", c’est Cerise qui s’en est chargée pour un résultat bluffant.
Coté scénario, on sent que Zidrou a pris du plaisir à mettre en scène autant de personnages hauts en couleurs puisqu’on retrouve de multiples références aux engins de Champignac, à Spip très présent et drôle, à Noé et son univers tout à fait à part, et même au Marsu, même si on ne le voit pas, etc. Un album sévère pour la race humaine mais qui grâce au talent de Zidrou devient attachant et émouvant jusqu'à la dernière page. Remercions au passage l'éditeur ou les auteurs qui ont préféré nous proposer un seul gros volume de 88 pages alors qu'ils auraient très bien pu exploiter le récit sur deux tomes. Encore un récit bien écrit et magnifiquement illustré.
A noter que les librairies belges BD-World et Slumberland proposent une édition spéciale tirée à 1249 exemplaires avec couverture variante et croquis supplémentaires exclusifs. Seul petit regret concernant l’absence de traduction des dialogues au début de l’album dans la réserve naturelle de Kituri.
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THE LONG AND WINDING ROAD
- Par asbl-creabulles
- Le 14/10/2016
Scénario : Christopher.
Dessin : Ruben Pellejero.
Couleurs : Ruben Pellejero.
Editeur: Kennes.
Dépot légal: Octobre 2016.Histoire:
Ulysse n'a jamais eu beaucoup d’estime pour son père. Il a le souvenir d’un homme banal, sans aucune originalité, et de prises de bec et engueulades à répétition. Venir à ses funérailles lui a même été pénible. En guise d’héritage, il n’a reçu qu’une camionnette d'un autre temps et une feuille de route, route que son père avait empruntée il y a bien des années pour aller en Angleterre avec un groupe d’amis assister au festival de l’île de Wight, là où il voudrait que ses cendres soient dispersées. Un jour, Ulysse rencontre de nouveau par hasard les trois amis de son père qu’il avait aperçus aux obsèques. Ils vont lui raconter la grande aventure rock qu’ils ont partagée en 1970 car en réalité ils étaient tous des musiciens sur le point de créer un groupe. Ulysse va apprendre énormément de choses sur son père, notamment découvrir qu’il a vécu de nombreuses aventures passionnantes et passionnées et que son grand amour impossible de l’époque a eu jusqu’à nos jours des répercussions qu’Ulysse n’aurait jamais pu soupçonner.
Mon avis:Belle aventure d'un fils ignorant presque tout de son père qu’il découvre rocker et aventurier, alors qu'il le croyait éteint et menant une vie terne et monotone, un peu à l’image de son propre couple. Ce voyage vers l'Angleterre va prendre l’allure d’un voyage dans le temps mais aussi d’un voyage intérieur qui va changer la vie d’Ulysse. Non seulement en découvrant que son père était un être beaucoup plus digne d’estime qu'il n'y paraissait mais aussi en se découvrant lui-même. Ulysse du coup retrouve goût à la vie et à la passion.
Une introspection bien pensée et bien menée par le scénariste Christopher qui a trouvé en Rubén Pellejero le dessinateur idéal pour la mettre en image de façon plaisante et efficace, parfois plus intimiste, parfois plus dure et triste, parfois poétique ou de manière psychédélique. Une nouvelle fois, du grand Pellejero pour illustrer ce roman graphique imposant avec beaucoup de finesse et de savoir-faire dans un style reconnaissable entre tous. Impressionnant aussi par le fait qu'il utilise si peu de couleurs souvent même en bichromie, sa marque de fabrique. Quel talent ! Ajoutons au passage qu’il vient de reprendre – et il fallait oser le faire – les aventures de Corto Maltese avec Juan Díaz Canales au scénario. Tout un programme d’une qualité impeccable et implacable !
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ELFES 15
- Par asbl-creabulles
- Le 14/10/2016
Tome 15: Noir comme le sang.
Scénario : Hadrien.
Dessin : Popescu.
Couleurs : Olivier Héban.
Stryboard: Stéphane Créty.
Editeur: Soleil.
Dépot légal: Septembre 2016.Histoire:
Né elfe noir, Gaw'yn n'a pu aller contre sa destinée d’assassin. Durant toute sa vie, il a été éduqué à seule fin de tuer. Il vient de décimer un village entier, famille après famille, laissant seulement la vie sauve à Dyfeline, une jeune fille qui a su éveillé en lui compassion et amour. A peine ont-ils embarqué sur un navire marchand où Gaw’yn s’efforce de se justifier auprès de Dyfeline qu'ils sont capturés par une bande de barbares ayant à leur tête une semi-elfe noire nommée Lp’Hen. Le piège qui se referme sur eux est encore plus terrible qu'il n'y paraît car la cale où sont jetés les prisonniers renferme des goules dont la morsure infecte et transforme aussitôt les proies en zombies. Lp'Hen accroît ainsi une armée de morts vivants qu'elle contrôle au moyen d’une bague de nécromancie. Malgré les efforts de Gaw'yn pour protéger Dyfeline, celle-ci se fait mordre et se transforme aussitôt en goule. Dépité, Gaw'yn n’a plus qu’une idée en tête : s’enfuir, mais comme il est pris au piège sur le bateau, il décide de se mêler aux membres de l'équipage de Lp'Hen qui voit en lui une arme redoutable. Ce qu'elle ignore, c'est qu’il veut trouver un remède pour soigner Dyfeline. La situation va se compliquer lorsqu'il découvre que le but de Lp'Hen aux ordres de Lah-saa n'est pas seulement de conquérir l'Empire du Sud de Dumn mais d'envahir la Citadelle de Slurce et de soumettre les Elfes Noirs.
Mon avis: Gaw'yn nous révèle une nouvelle facette des elfes noirs pourtant réputés assassins sans aucune pitié. En fait, ils peuvent tomber amoureux et cela change la donne. Tout peut donc arriver et Marc Hadrien le démontre habilement dans cet album bourré de testostérone et truffé de rebondissements et revirements de situations souvent inattendus, en particulier certaines alliances secrètes qui surprendront plus d'un lecteur. De nouveaux dessinateurs sont également arrivés sur la série comme Bojan Vukic (tome 14) ou Augustin Popescu pour le présent album magnifiquement illustré. La qualité est toujours au rendez-vous, tant pour les nombreuses et belles scènes de combat que pour les différents décors, toujours aussi denses et soignés, sur mer lors des scènes de vie à bord ou sur terre où l’on retrouve une grande diversité de paysages et sites naturels mais aussi de décors urbains et ce d'autant plus que tous bénéficient d’une mise en couleurs leur donnant le volume nécessaire pour les rendre très agréables à l’oeil. Toujours aussi captivante, la série Elfes ne déçoit pas, même si on peut commencer à croire qu'on tire un peu sur la corde. Espérons que de nouvelles idées vont démentir ce petit arrière goût pas encore trop prononcé. J'attends le nouvel album avec Kyko Duarte au dessin avec une grande impatience pour me faire une idée claire.SDJ
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TEBORI 2
- Par asbl-creabulles
- Le 14/10/2016
Tome 2
Scénario : Jose Robledo.
Dessin : Marcial Toledano.
Couleurs : Marcial Toledano.
Editeur: Dargaud.
Dépot légal: Septembre 2016.Histoire:
Yoshiro a enfin trouvé sa voie. Il s'est éloigné de la violence du gang de motards dont il faisait partie et est devenu maître en matière de tatouage Tebori, un tatouage traditionnel japonais entièrement réalisé à la main. Il a remplacé son maître Horiseuun, désormais incapable de travailler à cause d’un accident, pour les clients exceptionnels, exigeants et très dangereux que sont les Yakuzas. Yoshiro possède le don de tatouer instinctivement les désirs de ses clients. Ceux-ci font des confidences au jeune tatoueur, en toute confiance, mais ce qu'il ne sait pas, c'est que sa petite amie, Otsuya, n'est pas vraiment celle qu'il croit. En effet, elle travaille pour Interpol et a trouvé le moyen de parvenir à ses fins.
Mon avis: Une nouvelle fois, le scénario de José Robledo nous apporte son lot de surprises à propos de Yoshi mais également de son entourage (trop) proche, tout en y incluant une touche plus qu'intéressante sur la culture japonaise des tatouages ou les légendes nippones, notamment le code de l'honneur des yakuzas et leur intimité. La trame s'épaissit et les personnages prennent de la profondeur. Petit à petit, José nous laisse entrevoir, sans dévoiler trop d’informations, les événements qui vont se produire avec leur lot de trahisons, de fantastique et de règles d'honneur. On imagine ce que tout ceci va engendrer comme violence inéluctable dans un troisième tome qui s'annonce plein de testostérone et de nouvelles surprises.Les dessins sont toujours aussi efficaces, donnant la place qu’ils méritent aux tatouages mais pas seulement. Les émotions, les scènes d'actions, les traditions japonaises et leurs geeks, tout est parfaitement représenté sous des angles de vues variés et savamment calculés. Marcial Toledano nous offre un second tome dans son style si particulier, à la griffe désormais reconnaissable entre toutes. Il réussit même à s’approprier les couleurs, utilisant des tons flashys pour ses couvertures et multipliant les jeux d’ombre pour les personnages. Il fallait oser le faire et le publier et c'est tant mieux. J'adore.
SDJ
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Forçats
- Par asbl-creabulles
- Le 14/10/2016
Tome 1: Dans l'enfer du bagne.
Scénario : Patrice Perna.
Dessin : Fabien Bedouel.
Couleurs : Florence Fantini.
Editeur: Les arènes BD.
Dépot légal: Septembre 2016.Histoire:
Eugène Dieudonné est emprisonné à Cayenne depuis bien trop longtemps déjà pour un délit qu'il affirme ne pas avoir commis. Son rival en amour en a fait un accusé idéal et en même temps s’est débarrassé de lui une fois pour toutes. En tout cas, innocent ou pas, la Guyane n'est pas faite pour Dieudonné, ni pour aucun être humain d’ailleurs, et encore moins Cayenne ! À plusieurs reprises, Dieudonné a essayé de s'évader. Sa dernière tentative avec deux autres codétenus semblait être la bonne. Mais rien n'y a fait et une fois de plus, il a fini au trou. C'est un journaliste venu en reportage à Cayenne qui va lui offrir l'opportunité de revoir la lumière en lui servant de guide auprès des autres détenus. Cette fois, il est bien décidé à se tenir à carreau et à profiter de l’occasion pour dénoncer les conditions inhumaines de détention. Les prisonniers décédés par exemple ne sont pas enterrés car ils n’ont pas droit à une sépulture. Leurs cadavres sont jetés en pâture aux requins. Une sortie au large organisée pour permettre au journaliste de le vérifier de visu va offrir à Dieudonné une opportunité de disparaître. Mais y parviendra-t-il et peut-on vraiment s'échapper d’un tel endroit ? Arrivera-t-il à convaincre le journaliste de devenir son complice ? Mais surtout, comment échapper à ces satanés courants qui ramènent tout sur les côtes de la Guyane française où il serait aussitôt remis en prison.
Mon avis: Dire qu’il s’agit d’un récit bien documenté et bourré de rebondissements – surtout là où on s’y attend le moins – résume bien cet album. L’atmosphère est dure, sombre, humide, particulièrement pesante. On a vraiment le sentiment d’être à Cayenne. On n'ose imaginer le calvaire qu’a vécu Dieudonné le forçat, la tension accumulée, l'endurance et la force de caractère dont il a dû faire preuve. Heureusement, il a acquis le respect de son maton pouvant ainsi vivre un petit peu mieux sa détention. Patrice Perna réussit pleinement à nous faire vivre et ressentir cette existence difficile à travers son récit, bien aidé – il faut l'avouer – par le trait marqué et sombre de Fabien Bedouel. L’encrage caractérise ses illustrations, un peu dans le style de l'un de mes dessinateurs préférés, le britannique Mike Mignola. La couverture donne le ton et plusieurs scènes de l’album sont très dures, reflétant bien la réalité de la vie de forçat. La mise en couleurs de Florence Fantini donne un résultat bluffant car avec quelques teintes seulement elle réussit à imprégner le récit de cette atmosphère pesante et angoissante. A lire sans modération sous peine d'aller au trou pour mauvaise conduite..
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ISABELLAE 5
- Par asbl-creabulles
- Le 02/10/2016
Tome 5: la geste des Dieux obscurs
Scénario : Raule.
Dessin : Gabor.
Couleurs : gabor.
Editeur: Le Lombard.
Dépot légal: Septembre 2016.Histoire:
Irlande. Alors que la guerre fait rage entre Irlandais, Anglais et Normands, Isabellae et ses amis se retrouvent confrontés à des "fomoires" tout droit sortis des contes et légendes des terres celtiques. Contre toute attente, les druides ont pris parti pour ces monstres qu’ils aident à récupérer leurs terres qu'ils sont venus reprendre par la force mais aussi pour chasser l’ennemi anglais. Pendant un temps, Isabellae et ses amis sont pleins d’espoir, persuadés de pouvoir éliminer les fomoires puisque ce sont des êtres qui saignent et qui peuvent mourir, mais la venue de Bres, le très puissant Dieu obscur des Fomoires va rapidement refaire pencher la balance en faveur des monstres. Isabellae va-t-elle réussir à unifier les forces humaines face à cet ennemi commun ? Sans l'union des Anglais, des Celtes et des Normands en guerre depuis bien trop longtemps, l'affrontement contre l’alliance druides/fomoires et leur dieu Bres semble vaine. Isabellae en vient même à douter qu’il y aura des survivants dans son camp.
Mon avis: Isabellae a quitté le Japon mais demeure une farouche combattante contre le mal incarné, toujours décidée à protéger les innocents, à commencer par sa famille et ses proches. Au scénario, Raule lui a trouvé des ennemis à sa taille en piochant dans les mythes et légendes celtes, ce qui laisse augurer une suite prometteuse. Isabellae n’est-t-elle pas conçue pour résister au pire avec l'aide de ses amis ! Pourtant cette fois, elle a du pain sur la planche face à des dieux et leurs servants plus machiavéliques les uns que les autres, nous offrant ainsi une surprise, bonne ou mauvaise à vous de le découvrir. En charge du dessin et de la mise en couleurs, Gabor nous propose des cases toujours aussi efficaces et pleines d'énergie dans un style mêlant franco-belge, comics et manga. Les très nombreuses scènes de combats sont particulièrement impressionnantes. Gabor maîtrise parfaitement ses personnages, toujours hauts en couleurs, dynamiques et aisément reconnaissables alors même qu’une grande partie du récit se déroule dans l'obscurité d’une nuit inquiétante. La série nous surprend une nouvelle fois et on attend le prochain épisode avec impatience.