Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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MAGES 1
- Par asbl-creabulles
- Le 25/07/2019
Tome 1: Aldoran
Scénario : Jean-Luc Istin
Dessin : Kyko Duarte
Couleurs : J. Nanjan
Dépot légal : Juin 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-302-07662-4
Nombre de pages : 48À 12 ans, la jeune Shannon n’a peur de rien. Sa vie se déroule paisiblement à Castlelek, un village indépendant et qui compte bien le rester malgré l’insistance du roi Gerald qui propose sa protection contre une "petite rémunération". Agacé par le refus persistant de la cité, le roi n’a plus aucun scrupule à utiliser d’autres moyens peu louables. Il envoie des mercenaires semer la terreur chez les habitants – parmi lesquels plusieurs victimes seront à déplorer – afin de les faire plier et les contraindre à demander sa protection. Tyrom, un vieil homme au gabarit hors normes qui a perdu la mémoire réussit à protéger Shannon de l’assaut d’un mercenaire sans vraiment comprendre comment sont apparus les pouvoirs qui lui ont permis de sauver la fillette. Toutefois, lors de l’attaque, la jeune Shannon n’a pu, malgré ses efforts, empêcher son père d’être mortellement touché et de rendre son dernier souffle dans ses bras.
Mon avis: Nouvelle série dans laquelle Jean-Luc Istin s'empare du destin des Mages sur les terres d'Arran. En fait, toutes les races qu’il évoque dans ses diverses séries ont des liens à la fois étroits et différents. Ainsi les Mages depuis le désastre causé par Lah'sa ne sont plus libres de faire ce qu'ils veulent. Ils doivent prêter allégeance à un seigneur humain. Pour ce premier cycle prévu en quatre tomes, Jean-Luc Istin et Nicolas Jarry vont nous raconter diverses aventures en reprenant le principe de catégorisation utilisé pour les Elfes (bleus, blancs, etc.) par le biais de quatre magies différentes: élémentaliste, runique, nécromancienne et alchimiste. Dans ce premier tome intitulé Aldoran du nom d’un mage ayant refusé l’allégeance et donc contraint de vivre caché, Istin brouille un peu les pistes pour mieux nous surprendre au fil du récit. On y découvre Tyrom et Shannon et on retrouve tous les ingrédients d’un récit déjà captivant, la découverte de l'autre, le défi aux règles, les trahisons, les manigances ainsi qu’une touche de mystère. Bref, un bon divertissement avec de l’action, du suspense et un scénario solide.
Côté dessin, on retrouve avec plaisir, comme pour le premier tome des Elfes, les superbes illustrations de Kyko Duarte. Son dessin précis et soigné s’exprime à merveille dans de somptueux décors, diverses scènes d’action et une galerie de personnages tous expressifs et hauts en couleurs. Il maîtrise parfaitement les différents angles de vues, premiers plans, plans d’ensemble, plongées, contre-plongées. La mise en couleurs de Nanjan est globalement agréable, peut-être un rien trop écrasante sur quelques scènes d'ombres.
Un très bon départ pour le dernier-né de l’univers de plus en plus riche de Jean-Luc Istin.
SDJuan
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NEVADA 1
- Par asbl-creabulles
- Le 24/07/2019
Tome 1 : L'étoile solitaire
Scénario : Jean-Pierre Pécau et Fred Duval
Dessin : Colin Wilson
Couleurs : Jean-Paul Fernandez
Dépot légal : mai 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-413-01059-3
Nombre de pages : 54Dans l’univers cinématographique hollywoodien naissant, Nevada Márquez est l’homme de la situation lorsqu’il s’agit de sauver la mise de producteurs et de réalisateurs. Il est expert en récupération de "stars" en plein égarement comme Miss Melody, cette jeune et belle actrice qui a soudainement quitté le lieu de tournage pour aller assouvir ses pulsions sexuelles dans un saloon discret du côté de la frontière mexicaine. Sitôt dit sitôt fait, Márquez récupère la jeune égarée et la ramène au studio sur sa moto. Plus tard à Beverly Hills, lors d’une réception chez la productrice Louise Hathaway, l’équipe de tournage apprend que Mc Nabb dit l’Étoile Solitaire, la star du film, est parti faire une virée à Tijuana en compagnie d’un cascadeur porté sur l’alcool. Il faut à tout prix le récupérer car si le tournage ne reprend pas au plus vite, c’est le financement du film qui sera menacé et la production sombrera dans la banqueroute. Heureusement Nevada est l’homme capable de résoudre ce problème. À peine arrivé sur place, il sait déjà qu’ils sont descendus au "Sed de Mal", une boîte de nuit où les patrons du Parti national révolutionnaire se rencontrent.
Mon avis: Un western situé dans le milieu du cinéma est le point de départ de cette aventure, sauf que le cow-boy cette fois se déplace en Harley Davidson. L’intrigue qui demeure classique est très contemporaine et de déroule dans les décors somptueux des grandes plaines américaines. Le scénario original de Fred Duval et Jean-Pierre Pécau met un certain temps à poser l'intrigue mais une fois engagée, celle-ci se révèle efficace en y mêlant tous les ingrédients du Far West. On discerne vers où les auteurs vont nous mener, même s’ils ne dévoilent pas tout, et on accroche à l’histoire. Le héros est plutôt sympathique mais au passé encore énigmatique, l’action plaisante à suivre.
Côté dessin, Colin Wilson est passé maître en la matière depuis bien longtemps déjà. Les États-Unis n’ont aucun secret pour lui. La première page est splendide mais ne reflète pas vraiment le contenu, sinon pour l'ambiance générale, mais il est un fait que Colin Wilson nous régale d’un très bel album. De splendides décors intérieurs comme extérieurs tant ouest-américains que mexicains. Un découpage efficace, une atmosphère poussiéreuse bien rendue, divers personnages typiques et ces ravissantes "pin up" de l’univers cinématographique hollywoodien. Le tout bénéficie d’une belle mise en couleurs de la part de Jean-Paul Fernandez.
Un premier tome accrocheur mêlant polar, bagarres et autres rebondissements laissant augurer de belles perspectives pour la suite.
SDJuan
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RAOWL
- Par asbl-creabulles
- Le 23/07/2019
Tome 1- La Belle et l’Affreux
Scénario : TEBO
Dessin : TEBO
Couleurs : TEBO et Anne-Claire Thibaut-Jouvray
Dépot légal : juin 2019
Editeur :
Nombre de pages : 70Il était une fois, une princesse qui attendait désespérément un beau prince charmant qui viendrait la secourir...enfin pas n’importe quel prince: "Un blond avec des muscles et pas trop de moustache…ça file des boutons quand on s’embrasse". Pas de chance: Raowl, malgré un costaud CV de sauveur de princesses et exterminateur de dragons qui puent, est loin de répondre aux critères sévères de sélection de la belle princesse.
Dans sa famille, on n’est ni charmant, ni blond: on naît en Bête. Alors, pour les bisous de princesses, c’est pas gagné !
Il est vrai aussi que, quand le Raowl se met à "sauver de la princesse", il aurait plutôt tendance à les soigner les dragons et autres monstres en tout genre. Notre ami est du genre à leur faire une ordonnance, à les éparpiller aux quatre coins, par petits bouts façon puzzle. Quand on lui fait trop, il correctionne plus, il explose, il disperse et ventile.
COOL LE RAOWL… mais cela tâche la belle robe des princesses.
Heureusement pour lui, comme dans tout conte de fée qui se respecte, la Bête tombe finalement, et ce après bien des coups d’épée, sur une ravissante blonde. La princesse possède un caractère bien trempé et le duo semble fait pour s’entendre.
La bête vient-elle de rencontrer sa ravissante "Belle". Nous voici déjà au Happy End et bisous ? Bien évidemment … mais non. Belle se fait enlever et l’Affreux se précipite dans un piège.
Et spoiler : Raowl le héros, s’il n’a semble-t-il, peur de rien, à son talon d’Achille (aie !): dès qu’il éternue il se transforme en prince charmant …lâche et veule !
Tebo nous a fabriqué un conte de fée Fantasy d’une grande richesse et complètement délirant. Avec Raowl "La Belle et l’Affreux", Tebo met le turbo. Beaucoup de gnons, d’humour, de dragons, de délires et de tendresse. Cela part dans tous les sens, mais avec l’habile Tebo aux manettes, l’action est parfaitement maîtrisée.
C’est décalé, inattendu et poilant mais jamais vulgaire ! Une BD grand public pour tous les âges (le lecteur choisissant lui-même son niveau de rigolade).
Un casting de personnages aux bouilles truculentes, un découpage qui roule (Raowl) et des couleurs soigneusement choisies, confortent la lecture d’un scénario qui décoiffe même les chauves.
Curieux, je ne connaissais pas (eh oui) les œuvres de Tebo et paf, me voilà en train de tourner les pages de "La Jeunesse de Mickey".
A plus tard !
Michel
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PICASSO s'en va-t-en guerre
- Par asbl-creabulles
- Le 22/07/2019
Scénario : Daniel Torres
Dessin : Daniel Torres
Couleurs : Daniel Torres
Traduction : Thomas Dassance
Dépot légal : mai 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-413-01742-4
Nombre de pages : 142Bordeaux, 1953. Francisco Torres – Paco pour son épouse, ses amis et connaissances – est un jeune dessinateur espagnol installé à Bordeaux qui signe ses BD sous le nom de Marcel. Un jour, il reçoit un appel de son éditeur qui lui annonce qu’un certain M. Ruiz vivant à Vallauris aimerait le rencontrer à propos d’un projet d’album dont il désire lui confier la réalisation. Sans hésiter, Paco enfourche sa moto direction la Côte d’Azur. Sur place, quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il arrive à la villa La Galloise de se retrouver en face du célèbre Pablo Ruiz Picasso. Républicains tous les deux et ayant fui l’Espagne en guerre, Pablo Picasso avait 55 ans en 1936 et Paco 9 ans seulement. Picasso lui expose son souhait d’être mis en scène dans un album dont l’action se situerait durant la guerre civile à laquelle il n’avait pas pu participer parce qu’il avait été refusé en raison de son âge.
Mon avis: Un album original car construit en deux parties. La première se concentre sur la rencontre entre les deux artistes en mal de n'avoir pu participer à la longue et meurtrière guerre civile qui a sévi en Espagne, de juillet 1936 à mars 1939. Une histoire prenante, sorte de révolte inassouvie exprimée par la BD de l'auteur Daniel Torres. La rencontre est animée du fait de leurs caractères bien trempés, Picasso souhaitant se forger un passé de combattant et "Marcel" restant attaché aux codes de la BD. Heureusement, la collaboration entre les deux hommes va s’apaiser pour déboucher sur une sorte de passion pour ce qu’ils vont faire ensemble. Cette aventure avec un grand A est prenante dès leur première rencontre, captivante même. On y croit et on ne lâche plus l'histoire. La seconde partie se veut plus biographique, plus didactique pour resituer les faits dans leur époque, leur contexte, des faits si riches en événements et en personnages qu’on peut regretter une présentation parfois trop brève même s’il est certain qu’aller au-delà aurait sans aucun doute rendu l’ensemble trop pesant. D’autant que Torres met également à profit cette section de l’album pour interpeller ses lecteurs sur des questions plus graves comme la propagande ou le rôle de l'art dans nos vies et ce que l'on peut en faire. En lisant la BD que l’auteur réalise à la demande de Picasso, on découvre un récit très riche, aux marges de la fiction et de son pouvoir de transformer la réalité.
Les dessins de Daniel Torres reconnaissables entre tous collent parfaitement au récit. Du pur Torres classique, dans le style ligne claire, pour la première partie, dans une bichromie mêlant blanc et vert gris, et un peu plus déstructuré pour la seconde partie en couleurs sépia. Le trait est réaliste, soigné, bien adapté aux différentes ambiances évoquées et très expressif s’agissant des personnages.
Une très belle surprise de la part d’un grand auteur espagnol bien trop absent sur le marché franco-belge alors qu'il continue à publier de très bons titres en Espagne.
SDJuan
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Les MENTORS
- Par asbl-creabulles
- Le 19/07/2019
Tome 1: Ana
Scénario : Zidrou
Dessin : Francis Porcel
Couleurs : Francis Porcel
Dépot légal : avril 2019
Editeur : Bamboo
Collection: Grand Angle
ISBN : 978-2-8189-6794-2
Nombre de pages : 441998, Ana est sur le point d’accoucher à la maternité d’un hôpital de Barcelone. En pleine opération, un commando armé fait irruption dans la salle d’accouchement et abat tous les membres de l’équipe médicale. L’un des agresseurs réalise alors une césarienne sur Ana pour s’emparer du bébé qu’il remplace par une bombe dans le ventre d’Ana. La police et les secours arrivent rapidement sur place et Ana est réopérée mais la bombe à peine extraite de son corps explose. Elle survit miraculeusement à l’explosion. Près de 20 ans plus tard, dans la région de Murcie, Joye, une jeune fille en cavale fuyant son proxénète et cherchant à rejoindre le Maroc survit en volant de l’argent à la tire principalement à des quinquagénaires. L’une de ses victimes ne se laisse pas faire et réussit même à faire intervenir la police. Mais ne sachant qu’en faire, les policiers la reconduisent hors de la commune où sa route va recroiser celle d’Ana.
Mon avis: Avec une couverture aussi mystérieuse et piquant notre curiosité, il fallait que le scénario soit à la hauteur. Et c'est bien le cas de ce thriller fantastique! Une fois encore, Zidrou nous surprend là où on ne l'attendait pas vraiment. La disparition d'un bébé suivi d’une chasse à l'homme – à femme dans ce cas bien précis – menée tambour battant.
Le ton est donné, c'est du sérieux. Zidrou nous offre un récit original, particulièrement captivant et très bien ficelé. Décidément la curiosité nous tient en haleine car le destin de ces deux femmes dépend de ce scénario dont on va attendre le dénouement avec impatience (puisqu’il s’agit d’un dyptique).
Francis Porcel, fidèle à lui-même nous propose un découpage efficace, des pages bien construites offrant ainsi une belle lisibilité presque cinématographique. Son trait est soigné, précis. Les décors sont riches en détails, les personnages ont des physionomies particulièrement expressives, l’ensemble se révèle très efficace. Bref c’est typiquement du Porcel. Et comme il se charge également des couleurs, l’ensemble se révèle très harmonieux, alternant les ambiances agréables et les plus oppressantes sans jamais altérer le trait du dessinateur.
Une belle réussite.
SDJuan
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GHOST WAR 2
- Par asbl-creabulles
- Le 12/07/2019
Tome 2: Le Faucon Noir
Scénario : Jean-Pierre Pécau
Dessin : Stefano Martino
Couleurs : Elmer Santos
Dépot légal : juin 2019
Editeur :
Collection: Science fiction
ISBN : 978-2-302-07648-8
Nombre de pages : 46La plateforme de forage pétrolier Exxon 1 au large de la Norvège a été victime de l’attaque surprise d’un groupe de bots surarmés qui se sont également attaqués à la terre ferme. Kane, Lida et ses nouveaux amis ont survécu à cet assaut car la forteresse où ils ont trouvé refuge constitue un endroit à l’abri de toute attaque extérieure et protège leurs stocks de munitions. Malgré tout, il est temps de riposter car ils se retrouvent très isolés. Leur but est de transformer leur propres méchas en machines de combat pour contrer ces machines de guerre qui, jusqu’à présent, demeurent un mystère total.
Mon avis: Jean-Pierre Pécau réussit à maintenir le suspense puisque l’on se demande toujours qui est cet ennemi. La question demeure au cœur du récit et ne trouvera donc sa réponse que dans le prochain épisode. Les personnages sont bien ancrés – humains d’un côté, robots guerriers inconnus de l’autre – tout au long d’un récit dynamique et attrayant durant lequel la prise en main des événements par notre héros et ses anciens et nouveaux amis alliés se précise. Reste un dénouement dont la teneur nous échappe encore. Côté dessin, Stefano Martino continue sur la lancée du tome 1. Un dessin énergique et efficace multipliant les décors et les scènes d’action, des personnages bien reconnaissables, avec des couleurs très réussies d'Elmer Santos offrant une atmosphère générale agréable pour un bon moment de lecture.
SDJuan
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BOOTBLACK 1/2
- Par asbl-creabulles
- Le 11/07/2019
Scénario : Mikaël
Dessin : Mikaël
Couleurs : Mikaël
Dépot légal : Mai 2019
Editeur : Dargaud
Nombre de planches: 54 + cahier graphique 8 pagesAvec Bootblack (Le cireur de chaussures), nous saluons le retour tant attendu de Mikaël dont nous avions pu apprécier l’excellent travail réalisé pour le dyptique "Giant" (Dargaud / juin 2017 et janvier 2018).
C’est en 1945, sur le vieux continent, que le récit démarre pour le lecteur.
Parmi les morts, nous découvrons un soldat américain ayant miraculeusement survécu. Isolé, seul, Al prend lentement conscience, dans le gâchis du champ de bataille, de l’échec des choix de sa vie et de son continuel déni d’identité. Mais qui est-il vraiment: américain natif, fils de migrants ou allemand? Al se souvient des trottoirs de New York et nous raconte son histoire.
Al (Tenberg), fils d’immigrants, tourne le dos, très jeune, à ses racines allemandes. Il est né en Amérique, il est américain. A 10 ans, un jour d’automne 1929, il perd ses parents et son foyer dans un incendie.
Parmi les natifs américains, les commentaires ne sont pas tendres. "Le ramassis d’immigrants qui s’entasse-là n’apporte que du trouble voilà tout. Ça débarque du bateau à la pelle et ça vient manger notre pitance déjà bien maigre depuis le début de cette foutue crise. Qu’ils retournent chez eux tous les culs-terreux avec leur gale et leurs poux. Maudits métèques".
La rue est dès lors son seul foyer et son ami Shiny sa seule famille. Il devient Bootblack, un cireur de chaussures parmi beaucoup d’autres insignifiants de New York. Il survit et les années se succèdent à astiquer, à décrotter et à cirer sur les mêmes trottoirs au ras du sol souillé.
Et puis un jour, il y a Maggie ou Margaret. Al le vaurien, le sans avenir, vêtu de guenilles, qui essaye juste de ne pas rester l’estomac vide, décide de conquérir "sa belle". Il va gagner plus d’argent, trouver quelque chose qui rapporte vraiment et ce par n’importe quel moyen…
"Il est facile pour des insignifiants bootblacks de livrer des enveloppes bien garnies d’un quartier à l’autre de Manhattan".
L’auteur, mélange habilement trois périodes de la vie du personnage central: 1945, 1929 et 1935. Les époques 1929 et 1935 se déroulent en Amérique, dans le même New York que Mikaël a déjà raconté dans "Giant" mais cette fois-ci, loin des nuages, dans la rue, au ras du bitume sur les trottoirs crasseux de la ville.
Mon avis: Mikaël est un très bon raconteur. On le savait. Avec Bootblack, il persiste et signe. A côté du mantra "prétexte" à l’intrigue (s’élever socialement, atteindre le rêve américain, quand on vit au ras du bitume), il y a la toile de fond de l’Amérique.
L’auteur se fait témoin d’une époque. Mikaël décrit, dessine et met en couleurs des thèmes universels, contemporains, déjà développés précédemment: la crise économique, le brassage des cultures, les migrants, le retour des extrêmes et la misère.
Le dessinateur joue sur la palette du monochrome et le sépia (sa marque de fabrique), rajoute des tons roses ou jaunes en fonction de la narration. Le cadrage est soigné, le rendu artisanal et le dessin expressif.
Je ne peux que vous conseiller de vous plonger, immerger dans la lecture de Bootblack, vous en ressortirez plus riche.
J’attends la suite de l’histoire !
Michel
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SAMURAI 13
- Par asbl-creabulles
- Le 10/07/2019
Tome 13: Piment rouge et alcool blanc
Scénario : Jean-François Di Giorgio
Dessin : Cristina Mormille
Couleurs : Lorenzo Pieri
Dépot légal : Mai 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-302-07647-1
Nombre de pages : 46Tandis que Takeo se laisse aller à songer à ce jour où il avait demandé Sayuri en mariage et aux plans d’avenir qu’ils avaient planifiés ensemble, la dure et triste réalité vient très vite se rappeler à lui: Sayuri n’est plus et la vie continue. De passage dans la région de Kansai, il reçoit de maître Akari, un ancien samuraï devenu moine bouddhiste, un message dans lequel celui-ci affirme à Takeo que Sayuri est toujours vivante. À peine a-t-il le temps de réaliser ce qu’il lui arrive qu’il tombe dans un piège mortel tendu par la belle sorcière Masseyo aidée de Kinichi, son partenaire, et de quelques ronins. Elle veut se venger de Takeo qu’elle tient pour responsable de la mort de ses trois sœurs. Mais sa bande vient de dérober, non sans faire de nombreuses victimes, le dernier morceau de Ionuchi, dernier étape pour s’emparer de la toute-puissance d’Ogetsuhime No-Kami. Comment Takeo va-t-il réussir à s’en sortir?
Mon avis: Aux commandes de la série depuis 2005, Jean-François Di Giorgio déborde d’idées et fait preuve d’un imaginaire qui semble inépuisable. Ce nouvel album suscitera certainement des avis opposés de la part des lecteurs mais il est certain que le scénariste assure un bel avenir à Takeo pour de nouvelles aventures. Car si une idylle renaît d’outre-tombe et qu’une ennemie terrifiante crie vengeance en orchestrant un plan machiavélique, le voyage s’annonce des plus périlleux !
La série a donc de beaux jours devant elle, d’autant qu’au fil des albums, Christina Mormile s’est complètement appropriée le personnage et son univers en nous offrant de très belles scènes de combat et une multitude de décors soignés et impressionnants. Son dessin bénéficie en outre d’une agréable mise en couleurs de Lorenzo Pieri qui lui apporte clarté et volume.
SDJuan