Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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TANGO 3
- Par asbl-creabulles
- Le 01/05/2020
Tome 3 - A l'ombre de Panama
Scénario : MATZ
Dessin : Philippe XAVIER
Couleurs : Jérôme MAFFRE
Dépot légal : Septembre 2019
Editeur :
ISBN : 978-2-8036-7307-0
Nombre de planches : 54Après leur passage aux Bahamas, Mario et Tango naviguent au grand large où ils prennent du bon temps depuis un bon bout de temps déjà. Surtout Tango, car en vérité Mario donnerait tout pour se délecter d’un bon morceau de bœuf argentin. Risquant d’être à court d’eau potable, ils décident de faire escale à Curaçao pour se ravitailler et en profiter pour faire un bon repas. Là, ils font la connaissance d’un Français, un certain Charles Muller qui leur conseille un bon resto de viande. Rien de tel pour s’attirer toute la sympathie de Mario. Le lendemain, Tango et Mario lèvent l’ancre en direction de Panama. Ce n’est qu’en pleine mer qu’ils découvrent un passager clandestin à leur bord, Charles Muller. Se sentant menacé à Curaçao par des hommes à la mine patibulaire, l’homme avoue s’être discrètement faufilé sur leur bateau pour leur échapper. Convaincu par ses explications, Tango, contrairement à l’avis de Mario, décide de le garder à bord et de le déposer au Panama. Si nos deux héros pensaient être de nouveau tranquilles, en réalité les choses vont assez vite tourner au vinaigre. Mon avis: Je craignais que "Tango" soit un peu une copie du "Tueur", l’autre très bonne série de Matz. En fait, il n’en est rien et j’ai accroché dès les premières cases à cette série mettant en scène des héros attachants. Cohabiter sur un bateau des semaines durant n’est pas évident et on sent que le courant passe bien entre les deux héros finalement devenus des amis, chacun ayant réussi à conserver sa personnalité. Dans cet épisode, Matz nous permet d’entrevoir un peu mieux celle de Tango grâce à des révélations sur son passé qui nous éclairent sur son comportement vis-à-vis d’autrui, surtout lorsqu’on connaît sa tendance, parfois, à s’attirer les ennuis bien malgré lui. D’ailleurs c’est encore le cas avec Charles Muller, en réalité Laurent Beyrand, au passé peu louable (corruption, fraude fiscale, etc.). Matz sait y faire pour nous accrocher et attiser notre curiosité. L’aventure fait le reste. Je recommande.Les dessins de Philippe Xavier servent parfaitement l’histoire, offrant souvent des cases qui se suffisent à elles-mêmes, sans texte ni explication superflue, alternant habilement des scènes d’action avec d’autres plus calmes ou plus intimes. Les personnages sont hauts en couleurs et rendus très crédibles. Les décors sont magnifiques notamment tout ceux ayant l’océan pour toile de fond, ces villes paradisiaques, et nous invitent réellement au voyage. Le découpage dynamique, le trait réaliste et des couleurs très réussies donnant du volume au dessin accentuent encore cette impression.Un très bon moment de lecture et de dépaysement avec ces tomes 2 et 3 que devrait venir confirmer le tome 4 (sorti le 31 janvier peu avant les mesures de confinement). Il existe une version N&B tirée à 1000 exemplaires.
SDJuan
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LES OISEAUX NE SE RETOURNENT PAS
- Par asbl-creabulles
- Le 29/04/2020
Scénario : Nadia NAKHLÉ
Dessin : Nadia NAKHLÉ
Couleurs : Nadia NAKHLÉ
Dépot légal : Mars 2020
Collection : Mirages
Editeur :
ISBN : 978-2-413-02765-2
Nombre de planches : 221Amel, 12 ans, a perdu ses parents. Ses grands-parents ont enfin trouvé un moyen de l’éloigner de la guerre qui ravage le pays. Ils la confient à un couple qui a décidé de fuir et accepté de la faire passer pour l’un de leurs enfants. Amel doit juste se rappeler qu’à présent elle s’appelle Nina Hudhad, qu’elle a un frère Yassin et une sœur Alma. Mais au premier contrôle frontière, elle est séparée de sa nouvelle famille. Désormais c’est seule qu’elle doit poursuivre son périple parmi d’autres migrants ayant pris le même chemin. Sur sa route elle va croiser beaucoup de gens dont beaucoup de mauvaises personnes dont elle sait qu’elle doit se méfier et se protéger. Elle se laisse pourtant emmener dans un endroit calme par Aida qui essaye de la rassurer. Au matin, pourtant, Aida n'est plus là. Puis c’est la rencontre avec Bacem, un soldat qui s’est rebellé contre l’autorité et qui a déserté. Avec Bacem qui sait jouer du oud et qui l’a défendue contre un homme un peu trop entreprenant, le courant semble passer et elle se sent en sécurité.Mon avis: Sous forme de roman graphique, Nadia Nakhlé nous raconte à sa manière le parcours d’Amel, cette jeune migrante fuyant la guerre et ses violences. L’histoire se présente comme un témoignage quasi universel sur l’exode et le périple de réfugiés chassés de chez eux et à la recherche d’une nouvelle opportunité de refaire leur vie. Le texte, limité au strict minimum, se veut tantôt tendre et poétique, tantôt violent et réaliste mais s’il souligne souvent la peur, il laisse aussi une large place à l’espoir. On peut dire que dans son malheur la petite Amel a eu beaucoup de chance. Le dessin de Nadia Nakhlé est en parfaite harmonie avec l’histoire qu’elle nous raconte, passant très vite de la tendresse à des scènes dures, parfois même impressionnantes, et largement agrémenté de belles cases et pages bordées d’enluminures décorant le récit. Les illustrations s’appuient essentiellement sur le noir et blanc, quelques dégradés de gris et des touches de couleurs par-ci, par-là. Un album dur mais de toute beauté que je conseille à tout le monde !
SDJuan
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ALDOBRANDO
- Par asbl-creabulles
- Le 27/04/2020
Scénario : GIPI
Dessin : Luigi CRITONE
Couleurs : Francesco DANIELE & Claudia PALESCANDOLO
Dépot légal : Janvier 2020
Editeur :
ISBN : 9782203166677
Nombre de pages : 208Le père d'Aldobrando est bien conscient qu'il ne fera pas le poids face à "Branco le violeveuves" qu’il doit affronter lors d’un combat dans la "fosse" pour défendre son honneur. C’est pourquoi il n’hésite pas un instant à confier son gamin à un vieux mage qui est son redevable, obtenant sa promesse de le protéger, de l'éduquer, en somme de le préparer à la vie d'adulte. De fait, Aldobrando va grandir en suivant les instructions de son nouveau maître, sans jamais quitter la cabane où il vit désormais. Un jour, le mage décide de lui révéler la fabrication d’un sortilège. La potion nécessite d’ébouillanter un chat. Sauf que la bête se rebiffe et balafre grièvement le mage au visage d’un coup de griffe. Seule l’Herbe du Loup peut sauver le mage. Ni une, ni deux, Aldobrando décide de sortir et s'élance seul au dehors dans le froid et la neige espérant bien rapporter cette herbe même s’il n’est pas certain de la trouver puisqu’il n’en a jamais vue. A la nuit tombée, il trouve refuge dans une cavité creusée à même la neige. Le lendemain, il est réveillé par un jeune homme se faisant passer pour un seigneur et l'accusant d'avoir volé son refuge pour lui imposer de le servir et l'accompagner. Aldobrando ignore que ce jeune opportuniste vient d'assassiner le fils d'un Roi. Ses problèmes ne font que commencer… Mon avis: L’italien Gipi dont le travail a été à maintes reprises récompensé lors de divers festivals BD nous fait vivre les (més)aventures du jeune et frêle mais également naïf Aldobrando dans un monde médiéval brutal et cruel où il sera tour à tour protégé, manipulé, rejeté, emprisonné, trahi … Et Gipi réussit à nous faire trembler ou craquer mais aussi parfois rire aux côtés de ce petit personnage timide et incroyablement attachant. L'empathie fonctionne d'emblée pour cet être malchanceux tout au long des 200 pages d’une intrigue bien construite qui ne ménage pas les rebondissements et les révélations sur ses nombreux protagonistes. Cet univers ample et détaillé a débuté par l’aventure du jeu Bruti (Les Brutes), un jeu de cartes de combats à l’arme blanche dans le style heroic fantasy conçu par Gipi en 2015 sous financement participatif. C’est plus tard que Gipi a décidé de reprendre ce personnage d’Aldobrando en BD en l’enrichissant et en lui donnant une vie et une psychologie propres. Coté dessin, Luigi Critone avec son trait fin, réaliste et détaillé nous offre un album de toute beauté. Tout est superbement représenté, les décors en pleine nature, les châteaux, les ruelles sordides, les cachots… mais aussi et peut-être surtout les expressions et tempéraments des personnages masculins et féminins, force, violence, cruauté, fourberie mais aussi naïveté, faiblesse, tendresse, solidarité, joie et amour. Ajoutons à cette très belle galerie de caractères des cadrages et une mise en scène des plus efficaces. Pas étonnant dès lors que Luigi Critone ait été retenu pour le nouveau cycle de la série "Le Scorpion". Ses illustrations bénéficient en plus d’une très belle mise en couleurs créative et originale.
Le résultat est ce petit bijou d’album à ne rater sous aucun prétexte.
SDJuan
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THE MAGIC ORDER
- Par asbl-creabulles
- Le 21/04/2020
Scénario : Mark MILLAR
Dessin : Olivier COIPEL
Couleurs : Dave STEWART
Encrage : Thomas DAVIER
Dépot légal : Mai 2019
Edition : Panini Comics
Collection : Best of Fusion Comics
Nombre de planches :478
ISBN : 978-2-8094-7715-3
Info édition : Contient les épisodes US The Magic Order 1 à 6, inédits.Pour se protéger des mondes parallèles et de la magie noire et de ses ténèbres, le commun des mortels ne peut vraiment compter que sur les membres de la famille Moonstone: Regan, Gabriel, Cordelia et surtout leur père Léonard. Ils constituent le cercle intérieur de l’Ordre. Mais aujourd’hui, l’Ordre doit faire face à l’attaque en règle d’Albany, leur cousine, qui n’a pas hésité pour s’assurer de son coup à s’allier à un puissant sorcier n’ayant aucun scrupule à assassiner d’autres sorciers. Albany a de grands projets. Elle projette de dérober l’Orichalcum à la famille Moonstone, autrement dit le livre des sorts de l’ancienne Atlantide qui, entre de mauvaises mains, pourrait mettre à mal le sort de l’humanité toute entière. Mais ce n’est pas tout car, avec ses complices sorciers, elle vient également de dérober l’Horologium, un dévoreur de temps, mais pas que....Mon avis: Lorsque les plus terribles sortilèges de magie noire sont conservés dans un grimoire ancien protégé par une famille de grands sorciers, la menace risque bien d’apparaître au sein même de cette famille. Du pain bénit pour Millar qui nous propose un récit impressionnant, envoûtant et très bien construit situé à notre époque. Entre Harry Potter et sa baguette magique, Docteur Strange, Zatanna ou Scarlet Witch pour la puissance de leurs pouvoirs, l'album fait la part belle à la magie sous toutes ses formes. Si les premières pages captivent très habilement notre attention, la suite n’est pas en reste et voit les rebondissements et les surprises se multiplier. Les personnages sont bien travaillés et facilement reconnaissables tout au long d’un récit qui ne cesse de nous surprendre. Les dessins d’Olivier Coipel (collaborations innombrables chez DC Comics puis Marvel) contribuent largement à l’attrait de cet album. Coipel, qui a largement prouvé son savoir-faire, nous régale une nouvelle fois grâce à une mise en scène et un découpage dynamiques et des personnages si expressifs qu’ils en deviennent attachants ou repoussants et aisément reconnaissables, et toujours ce trait simple mais particulièrement efficace qu’il affectionne. A noter de très belles scènes d’action et de magie. Très agréable mise en couleurs de Dave Stewart, coloriste à la réputation affirmée et qu’on retrouve très souvent aux côtés de Mike Mignola. Mini-série de six épisodes publiée par Netflix avec le désir dévoilé par son achat à coups de millions de dollars du monde de Millar (Millar's World) pour en faire des adaptations pour le petit ou le grand écran.Un album très réussi pour un très bon moment de lecture. Un pur régal.
SDJuan
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CONAN LE CIMMÉRIEN 9
- Par asbl-creabulles
- Le 20/04/2020
Tome 9 : Les mangeurs d'hommes de Zamboula
Scénario : GESS
Dessin : GESS
Couleurs : GESS
Adaptation de: Robert E. Howard
Cahier explicatif de: : Patrice Louinet
Dépot légal : Mars 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-344-03345-6
Nombre de pages : 60Zamboula, aux confins du désert. Conan a trouvé une chambre à l’auberge d’Aram Baskh. La riche et réputée cité fondée par les Stygiens est désormais aux mains des Hyrkaniens du royaume de Turan et gouvernée par le satrape Jungir Khan manipulé, dit-on, par sa maîtresse Nafertari. La cité qui affiche une longue tradition marchande est fréquentée par de nombreux étrangers venus acheter ou vendre des marchandises, se reposer, s’amuser, boire et … profiter des filles. Un vieil homme met en garde Conan sur la disparition de voyageurs dans l’auberge d’Aram Baksh, en réalité le piège d’un démon: des voyageurs y seraient enlevés durant la nuit et conduits dans le désert en un lieu peuplé d’autres créatures démoniaques. Et de fait, cette nuit-là, le guerrier cimmérien est confronté à une créature qui s’est introduite dans sa chambre. L’ayant transpercée de son épée, Conan découvre qu’il s’agit d’un esclave cannibale du Darfar aux dents pointues. Alors qu’il se met en quête d’Aram Baksh pour en découdre directement avec lui, il entend les cris d’une femme sur laquelle s’acharnent trois autres monstres qui, à leur tour, vont périr transpercés par son épée. A peine sauvée, la femme demande à Conan de l’aider à sauver son mari que le grand prêtre Totrasmek d’Hanuman a ensorcelé avec du poison. Elle lui promet de s’offrir à lui s’il tue le prêtre. Conan accepte.Mon avis: Même si Howard confie lui-même que cette nouvelle a été un complément à but alimentaire et qu’il a cédé aux sirènes commerciales en intégrant une femme entièrement dévêtue pour être publié dans la revue Weird Tales, l’histoire n’en demeure pas moins captivante dans le genre et constitue un agréable moment de lecture. D’autant que l’adaptation qu’en fait Gess est bien pensée et préserve tout à fait l’esprit du personnage. Les mangeurs d’homme côtoient cette femme intrigante qui use de ses charmes pour manipuler Conan tout au long d’un récit dynamique, riche en rebondissements et bien rythmé par des scènes d’action spectaculaires et quelques surprises. Auteur complet, Gess (Carmen McCallum, L’Œil de la nuit, La Brigade chimérique, etc.) nous régale de superbes illustrations. Le soin apporté au cadre, aux décors, aux combats et au côté héroic-fantasy est saisissant, le tout est souligné par une mise en couleurs audacieuse dans des tonalités monochromes mettant bien son trait, plus nerveux qu'à son habitude, en valeur. A noter en fin d’album un cahier bonus de 12 pages (réservé à la première édition) comprenant une notice documentaire, deux planches (noir et blanc et couleurs) montrant le travail de Gess, et une galerie d’illustrations hommage signées Sylvain Ferret, Boris Beuzelin, Stéphane Brangier, Lionel Marty, Benoît Blary et Danijel Zezelj.
SDJuan
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EN FALSH
- Par asbl-creabulles
- Le 17/04/2020
Scénario : OZ
Dessin : Bastien SANCHEZ
Couleurs : N&B
Dépot légal : Mars 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-7560-7985-1
Nombre de pages : 152Banlieue parisienne. Pour les filles, la vie n’est pas évidente dans certains quartiers. À tout moment, elles peuvent se faire siffler, insulter voire molester par des garçons qui traînent dans la rue. Et justement, Sam est très énervé depuis que sa copine a été sifflée. Les coups vont pleuvoir mais lui aussi risque gros. De son côté, Modi poursuit ses études en sciences politiques tout en s’efforçant avec son ami Gregory de contrôler ses activités dans le quartier. Sauf que son frère Youssouf est le premier à empiéter sur ses affaires en dealant sa came à quelques blocs de là… Quant à Samir, entre deux petits boulots il enregistre des morceaux de rap et aimerait bien faire des clips. Adélaïde, de son côté, rêve de changer les choses dans le quartier par le biais de la politique… C'est ça la vie dans la banlieue. Ça grouille d'activités de toutes sortes, officielles, officieuses, souterraines, etc. qui toutes se côtoient, se croisent et parfois s'entrechoquent.Mon avis: Belle immersion dans la banlieue avec tous ses dangers, ses trafics, ses codes, son langage parlé et corporel et ses relations avec le "système". Le scénariste Patrick Wong, alias Oz, l’a bien connue et peut ainsi nous fait vivre de l'intérieur cette vie communautaire de quartier, de groupe, mais aussi de jeunes isolés ainsi que leurs rapports avec le monde politique qui semble les oublier et ne se manifester çà et là que pendant les périodes électorales. Le récit s’apparente à une docufiction nous expliquant le fonctionnement des classes sociales et la hiérarchie des trafics de drogue notamment l’importance du rôle de chacun. Si le vocabulaire des jeunes de banlieue avec ses expressions si particulières peut parfois déconcerter, le verlan est plus facile à déchiffrer avec un petit effort. Le tout donne un récit tout à fait crédible et plutôt impressionnant dans lequel les personnages sonnent juste. Après un premier tome consacré au trafic de drogue et la présentation des personnages, le deuxième sera consacré aux habitants des immeubles, le troisième au système judiciaire, le quatrième au milieu hospitalier et le cinquième à l'éducation. Vous l'aurez compris, tel un journaliste de terrain, Oz a entrepris cette étude sociologique visant à nous présenter tous les niveaux sociaux d’une banlieue dont les habitants sont condamnés à se débrouiller avec les moyens du bord.
Au dessin, Bastien Sanchez utilise un trait réaliste et fin qui va à l’essentiel. Il restitue parfaitement l’ambiance et les moments de calme, de tension ou de rage. On apprécie la crédibilité des situations illustrées, les rivalités, les bagarres bien sûr, mais aussi les longues périodes d’attente dans les escaliers, le tout donnant à l’ensemble un dynamisme bienvenu, que renforce encore l’utilisation de plans et cadrages variés, dont certains viennent accentuer les tensions à point nommé, mais aussi du noir et blanc et de toutes les nuances de gris qui collent parfaitement à des banlieues parfois sombres et inquiétantes. La lecture de ce premier tome tout à fait prometteur est très agréable et attise notre curiosité. A suivre donc.
SDJuan
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RENCONTRES MALÉFIQUES
- Par asbl-creabulles
- Le 16/04/2020
Scénario : Mike MIGNOLA & Warwick JOHNSON-CADWELL
Dessin : Warwick JOHNSON-CADWELL
Couleurs : Warwick JOHNSON-CADWELL
Dépot légal : Mars 2020
Collection : Contrebande
Editeur :
ISBN : 978-2-413-01022-7
Nombre de planches : 144Au village de Brudka, quelque part en Roumanie entre les Carpates et la Mer Noire, le professeur J. T. Meinhardt et son assistant M. Knox sont surpris en pleine nuit par un vampire. Cela n'arrange pas du tout leurs affaires car ils étaient venus dans l'espoir de lancer une attaque surprise sur les vampires lors de la fête de Walpurgis – la nuit du diable – afin d’en tuer un maximum. Malgré tout, ils décident de s'y rendre mais auparavant ils prennent contact avec M. Higgins qui a perdu son épouse, devenue vampire elle aussi. M. Higgins constitue un atout majeur et leur sera d’un grand soutien contre les vampires puisque c'est un loup-garou. Dans le récit suivant, nos deux associés sont à la recherche de Kurtz, le duc oublié. Cela fait bientôt 400 ans qu'il ne fait plus parler de lui, mais le professeur Meinhardt et M. Knox sont persuadés qu'un être aussi sanguinaire qui semait le chaos et la destruction et allait même jusqu'à tuer ses propres hommes après avoir massacré tous ses ennemis, est bel et bien vivant. Enfin, dans les premières pages d’un troisième récit (à suivre), outre les vampires, nos deux chasseurs vont apprendre qu’ils doivent aussi se méfier de bien d’autres monstres tout aussi terrifiants.Mon avis: Voici un album de récits de l'étrange et du surnaturel comme Mike Mignola sait si bien nous les conter seul ("Monsieur Higgins rentre au bercail") ou avec la complicité du britannique Warwick Johnson-Cadwell au scénario de "Nos rencontres avec le mal" et "Siegfried" (et également au dessin de l’ensemble des histoires). Si tous les ingrédients du genre sont bien là, vampires, loup-garous, monstres hybrides, etc., on apprécie l’humour présent tout au long des aventures de nos deux chasseurs de monstres si atypiques, souvent audacieux et parfois même téméraires mais en tout cas toujours déterminés. Les récits bien construits et riches en surprises et rebondissements constituent un agréable moment de lecture dans un coin sombre à la seule lueur d'une bougie pour avoir un maximum d'effet… Mdr ! Au dessin, Warwick Johnson-Cadwell se démarque du style habituel des illustrateurs US de Mignola en apportant sa touche. On est plus proche de l’univers BD franco-belge, du moins du style fortement typé et minimaliste de Lewis Trondheim, Christophe Blain ou Manu Larcenet par exemple, ce qui n’est pas du tout dérangeant. Au contraire, cela s’accorde bien avec la nature des aventures. Les héros sont du coup très charismatiques. En mélangeant des scènes drôles et violentes, il ne déroge pas à la règle du genre fantastique que Mignola sait si bien raconter. Des cases claires, un dessin énergique, un bon choix de couleurs servent parfaitement ces récits de monstres et de vampires en tous genres. A noter à la fin de cet album proposé au format comics un carnet de croquis annotés par W. Johnson-Cadwell.
SDJuan
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LE DRAGON NE DORT JAMAIS
- Par asbl-creabulles
- Le 15/04/2020
Scénario : Vojtech MASEK et Dzian BABAN
Dessin : Jiri GRUS
Couleurs : Jiri GRUS
Dépot légal : Mars 2020
Editeur :
ISBN : 978-2-203-19909-5
Nombre de pages : 152Quelque part en Bohême, au début du 11e siècle. Pavel et Mikulas, tous deux serfs au service du chevalier Albrecht Trautenbergu, ont reçu pour mission de trouver une nouvelle carrière de pierres. Mais force est de constater qu’ils rentrent bredouilles. Sur la route du retour, Pavel affamé préfère pêcher la truite et passer la nuit dans les bois. Au matin, il aperçoit une jeune fille jouant de la flûte et se lance à sa poursuite. Alerté par les cris de Pavel, Mikulas se jette à sa poursuite et le rattrape in extremis, l’empêchant de tomber dans un ravin au moment où la jeune fille, qui s’est transformée en corbeau, prend son envol. Alors qu’ils constatent que ce ravin est précisément l’endroit rêvé pour extraire de la pierre, un dragon surgit pour les attaquer. Leur seule issue est de prendre leurs jambes à leur cou. En route vers la tour où réside le chevalier Albrecht, ils s’interrogent sur l’apparition de cette jeune fille. Un piège pour faire tomber Pavel dans le ravin ? Pour le moment, ils racontent leur aventure à messire Albrecht et, surtout, lui laissent le soin de décider ce qu'il y a de mieux à faire: chasser le dragon pour exploiter la carrière ou chercher un autre lieu d'extraction de pierres. Mon avis: Aux commandes de cet album, trois artistes tchèques qui travaillent chacun dans d'autres domaines artistiques: la peinture pour le dessinateur Jiri Grus ; l’écriture, la musique et la réalisation pour le scénariste Dzian Baban ; quant au second scénariste, Vojtech Masek, il est aussi écrivain et a collaboré à différentes performances théâtrales. A eux trois, ils nous entraînent dans un récit médiéval fantastique de toute beauté. On se laisse porter par l'aventure que vivent les différents personnages à la fois touchants et drôles par leurs tempéraments et leurs contradictions. On admire la bravoure des uns et le désir des plus petits de quitter leur statut de simple serf pour enfin vivre décemment et profiter de la vie. Ils sont prêts à mentir, à se trahir mais au final prêts aussi à mourir pour atteindre leur but. Quant au valeureux chevalier pourfendeur de gens malhonnêtes, c'est une tout autre histoire… Les illustrations à l’aquarelle de Jiri Grus restituent bien l’atmosphère étrange et magique du récit grâce à l’emploi de couleurs chaudes mêlant le rouge, l’orange et le jaune, atmosphère que l’auteur souligne aussi en utilisant des plans larges pour les paysages, en accentuant parfois les traits des personnages et en insérant des illustrations symboliques (la scène du repas à la page 39, la sorcière à la page 125 ou le dragon à la page 137). Certaines pages pourraient faire office d'illustrations à elles toutes seules. L’emploi de cases et cadrages de différentes tailles sert parfaitement le rythme de cette aventure originale. Très belle surprise que cet album au format à l’italienne, visuellement réussi et animé d’une belle énergie.
SDJuan