Chroniques

Tome 1 - Le Fort des Landes
Scénario : Jérôme LE FRIS
Dessin : Didier POLI
Couleurs : Bruno TATTI
Dépot légal : Mars 2021
Editeur : 
Grand format
ISBN : 978-2-505-07322-2
Nombre de pages : 56

Ainsi que l’anticipaient les moines, l’apocalypse s’abat soudainement sur la planète en cet an mil annonçant l’entrée dans le II^e millénaire. Telle la fin du monde, un véritable bombardement de météorites détruit tout, marquant le déclin des civilisations. Les ténèbres s’installent, marquant le début du Temps de l’Obscure. Les rares humains rescapés se cachent dans les recoins et grottes encore accessibles pour tenter de survivre. Au fil des siècles, à l’extérieur la nature va lentement retrouver sa place mais il s’agit d’un monde hostile, tant la configuration des lieux, que la végétation, le climat bien sûr mais surtout les différentes espèces d’animaux sauvages, notamment les redoutables "écorcheurs". Le retour de la clarté et du soleil va pousser les survivants à quitter leurs cavernes. En partant à la découverte d’un monde dont ils connaissent peu l’histoire, ayant oublié tout le savoir des temps anciens, ils entrent dans "les âges perdus". Il faudra encore plusieurs milliers d’années pour que les humains s’organisent en de multiples clans se partageant les dons et bienfaits que la Terre peut de nouveau leur offrir au prix d’un fragile équilibre de répartition des terres et des ressources en fonction des saisons afin que tous en profitent. Chef du clan des Moòr, Primus va mettre à mal cet accord lorsqu’il décide de s’installer dans le Fort des Landes pendant la période réservée au clan des Lunes que dirige Arghana. En fait, cela fait plus de vingt saisons qu’il nourrit le projet de faire pousser une plante – l’engrain – qui éviterait leurs déplacements continus au milieu des hordes d’écorcheurs. Si son projet semble sur le point d’aboutir, il remet tout en question. Mon avis: Jérôme Le Gris nous propulse dans un monde naturel hostile où l’humanité rescapée de l’apocalypse va bénéficier d’une deuxième chance d’évoluer vers une nouvelle civilisation.
Pour l’instant, les humains survivants ayant perdu toutes leurs connaissances se partagent les ressources de la Terre grâce à un accord tacite entre les divers clans. Les lieux stratégiques de survie sont partagés à tour de rôle mais l’obligation de se déplacer expose chacun à un environnement difficile, inhospitalier et, surtout, dangereux. Les hommes sont une proie pour les grands prédateurs comme les écorcheurs. Un homme va tenter de tout changer à partir de textes anciens qu’il a pu récupérer. Sauf qu’en brisant l’ordre établi, son utopie pourtant salutaire pour les hommes, va occasionner des rivalités. Rien ne laisse prévoir le chaos qui va déferler à partir du Fort des Landes où Primus, sa fille Elaine, Hàran, Caratacos et bien d’autres pensent changer le monde.Un scénario original, bien pensé, agrémenté de nombreux rebondissements et d’effets de surprises inattendus et, parfois, incroyables.
C’est Didier Poli qui se charge d’illustrer cette plongée dans un univers post-apocalyptique où les dangers sont omniprésents, en particulier ces terribles prédateurs aux cornes, aux griffes, aux dents acérées très bien rendus mais aussi la pire espèce d’entre eux, l’homme évidemment.
La traque et la chasse, mais aussi les rivalités pour un territoire ou une proie, sont le prétexte à de belles scènes de combat. Le trait est réaliste et plein d’énergie. Le découpage accompagne parfaitement le déroulement des événements, notamment l’utilisation d’une grande variété de cases, étirées en longueur pour souligner la dureté, plus petites et rapprochées pour l’action, etc. Les personnages sont représentés avec beaucoup d’efficacité et parfaitement reconnaissables.
Bref un dessin de qualité tout à fait en phase avec la structure narrative.Issus de l’animation, les deux auteurs travaillent en étroite collaboration et sont vraiment en harmonie sur ce projet.
Les couleurs de Bruno Tatti offrent de belles ambiances venant souligner l’intensité du récit.
Début très engageant d’une histoire prévue en quatre tomes dont le scénario est déjà bâti (selon les dires de Jérôme Le Gris).

SDJuan

Cycle III - Les enfants de Jessica - Tome 4 - Guerre civile
Scénario : Luc BRUNSCHWIG
Dessin : Laurent HIRN
Couleurs : Laurent HIRN
Dépot légal : Juin 2021
Editeur : 
Format : Grand format
ISBN : 978-2-7548-2789-8
Nombre de pages : 63

C’est le grand jour pour Joshua Logan. Il s’apprête à comparaître devant le tribunal où il pourra enfin raconter sa version des faits à propos de l’attentat qui a coûté la vie à 508 personnes. Il espère aussi avoir la possibilité de revoir son épouse Xuan-Mai. Sauf que lors de son transfert les choses vont prendre une tournure dramatique et pas seulement pour lui mais aussi pour Cyrus, Adam... et même Xuan-Mai. De leur côté les manifestants de la marche de soutien à la secrétaire d’État Jessica Ruppert rencontrent de sérieuses difficultés sur leur parcours vers Washington lors de la traversée de certaines villes. Une femme shérif entre autres se montre inflexible, obligeant les marcheurs dont le nombre s’élève déjà à près de 25000 personnes et en constante augmentation, à faire un large détour ce qui risque de perturber le timing qui jusqu’à présent avait réussi à faire coïncider l’arrivée de la marche avec l’ouverture du procès de Joshua.Mon avis : Joshua, Jessica, Lucy et tant d'autres personnages de cette superbe série BD sont désormais tout près d’atteindre leurs buts respectifs. Nous arrivons doucement et sûrement à une conclusion des plus spectaculaires pour cette fantastique aventure dont nous suivons le déroulement depuis 1992.
Et la force des auteurs est d’avoir réussi à nous intéresser et nous passionner depuis tant d’années.
En texte et en images, ils donnent de la profondeur à chaque personnage. Après leur avoir donné vie, ils nous ont permis de les suivre, de les voir grandir et évoluer album après album sans négliger ou diminuer l'intensité dramatique des épisodes.
Mafia, flics véreux, faux coupable idéal, complots et intrigues de pouvoir, dérives politiques face à une utopie sociale possible et bien pensée, extrémisme idéologique mais aussi amour, rédemption et justice sont une fois de plus au rendez-vous.
Luc Brunschwig nous fait vivre des aventures captivantes avec énormément d'empathie grâce à son indéniable savoir-faire largement apprécié dans ses autres séries (L’esprit de Warren, Le sourire du clown, Holmes, Les frères Rubinstein et bien d’autres encore). A noter la récente récompense (Bulot d'Or) décernée lors du Festival BD de Dieppe (17-18 juillet 2021) à Luc et la "team Rubinstein" pour leur travail respectif sur Les Frères Rubinstein."Les enfants de Jessica" et "Car l'enfer est ici", les deux cycles aux multiples rebondissements faisant suite à la série culte "Le Pouvoir des Innocents" de la toute grande période Delcourt (pour ceux qui l'ont connue), témoignent d'un scénario savamment construit et pensé pour rester toujours aussi captivant en évitant de tomber dans le piège de la facilité.
En effet, il ne s’agit pas ici de tirer les choses en longueur et le lecteur est certain de trouver et son compte et un réel plaisir avec ce thriller solide doté d'un suspense qui fonctionne parfaitement.De même, au dessin, Laurent Hirn nous fait vivre cette aventure grâce à une mise en scène tout à fait surprenante avec des séquences d’allure très cinématographique et des cadrages fantastiques, offrant à ses dessins une intensité presque palpable.
On est littéralement dans l'action, on ressent les différentes émotions des personnages, tous bien reconnaissables pour une lecture très fluide.
Malgré l’abondance de thèmes évoqués tout au long de la série, le dessin nous guide sans difficulté et nous aide à nous remémorer les événements des épisodes antérieurs.
Laurent Hirn nous régale d’une très belle mise en couleurs qui ajoute lumière et profondeur à son dessin énergique.

Encore un magnifique travail de ce duo d’auteurs.

SDJuan

Furtif
Scénario : Mike COSTA
Dessin : Nate BELLEGARDE
Couleurs : Tamra BONVILLAIN
Couverture : Jason HOWARD
Dépot légal : juin 2021
Editeur :
Collection : Contrebande
Format : Format comics
ISBN : 978-2-413-04115-3
Planches : 144

Détroit dans l’État du Michigan a connu son heure de gloire grâce à l’automobile avant de tomber en déclin et même en faillite. Il n’est pas facile d’y vivre, surtout dans les quartiers les plus déshérités de l’East side. Même la jeunesse semble avoir perdu tout enthousiasme pour se projeter dans un avenir plaisant et positif. Les "bobos" ont beau faire croire que tout va bien et proposer des projets tous plus originaux et fous les uns que les autres mais surtout illusoires, la violence entretenue par des gangs et la pauvreté continuent de s’étendre sans que personne ne semble s’en préoccuper. Personne, sauf un certain Furtif, un super-héros qui a entrepris de faire régner la justice en ce bas monde. Mais qui se cache sous ce nom et ce costume ? Il faudra attendre qu’un soir Tony Barber, aperçoive son père Daniel, un ancien pompier, rentrant par la fenêtre de sa chambre revêtu de l’armure du super-héros du moment pour avoir la réponse. Tony n’en croit pas ses yeux. Encore moins après avoir entendu aux infos que ce même Furtif n’a pas hésité à s’en prendre à la police. Pour Tony, c’est impensable d’autant qu’il sait depuis peu que son père présente des signes sérieux de la maladie d’Alzheimer. Mon avis : Voici un comic book qui suscite vraiment l’intérêt en mêlant aventure (de qualité) de super-héros et réflexion sur des sujets bien plus graves. 
Detroit en est le décor et l’un des acteurs majeurs, et la raison d’être de chacun, tant le pompier Daniel Barber et son frère policier Éric que son fils Tony journaliste, les méchants de toutes sortes, les gangs de criminels… 
En auteur confirmé, Mike Costa aborde le sujet des super-héros qui en se plaçant au-dessus de la police et de la justice finissent par devenir contre-productifs en attirant d’autres super-vilains à chaque fois plus puissants et plus meurtriers. Autre sujet abordé de manière intelligente, la maladie d’Alzheimer qui s’attaque à la mémoire et d’autres fonctions mentales importantes.
Après des années d’action dans les rues de Détroit, Furtif se retrouve rattrapé par cette maladie qui ne l’aide pas mais qui, au contraire, va le faire déraper au point de devenir l’ennemi public numéro un.
Un bon album riche en rebondissements, avec une intrigue ménageant le suspense et faisant monter la tension à une vitesse vertigineuse jusqu’à un revirement final inattendu et instructif, le tout largement basé sur les ingrédients si typiques de l’univers des super-héros comme l’identité secrète, les capacités exceptionnelles, le fantastique, etc.Les dessins de Nate Bellegarde nous font vivre l’aventure intensément, notamment le malaise qui s’installe dans les situations qui échappent à tout contrôle quand Furtif perd la tête…
Dans un style très "comics", il nous fait vivre le choc de ces situations, la violence déchaînée résultant de cette perte de contrôle et la tristesse qui en résulte principalement à travers des personnages très expressifs.
Un ensemble plutôt dynamique, efficace et très fluide.

SDJuan

Scénario : Jorge BERNSTEIN
Dessin : Nikola WITKO
Couleurs :  Nikola WITKO
Dépot légal : mai 2021
Editeur : 
Collection :Pataquès
Format : 17 x 15 cm
ISBN : 978-2-413-03898-6
Nombre de pages : 104

Sur la banquise, les manchots n’ont pas vraiment l’air de s’inquiéter du réchauffement climatique, bien au contraire. Leur vie se déroule toujours dans cette même atmosphère de sérénité sauf qu’à présent ils cherchent plutôt à se rafraîchir… Malgré tout, un vent de révolte commence à souffler dans leur communauté. À Washington, Donald Trump s’apprête à recevoir la célèbre climatologue Helen Lawrence. Elle est venue l’alerter sur l’urgence d’agir face au réchauffement climatique. En fait, il ne l’écoute qu’une fois les mots "mission" et "guerre" prononcés. Il s’agira d’une simple mission d’étude scientifique… malgré tout baptisée "tempête de glace". Pour le budget et la coordination du plan de bataille écologique, tout reste à faire. Quant au personnel, Helen Lawrence devra faire avec une équipe de bras cassés…Mon avis : Professionnel de l’humour (Fastefoode, Kåtalög, Flic & Fun, CONversations, Les Supères, Basse-cour baston…), Jorge Bernstein nous propose un album totalement déjanté et loufoque sur la thématique pourtant apocalyptique du réchauffement climatique et de l’extinction de l’homme…
On rigole, on s’amuse bien en assistant à ce déploiement de situations et de personnages tous plus extrêmes et caricaturaux les uns que les autres. Les gags les plus farfelus s’empilent mais de manière tout à fait maîtrisée, dans un style très fluide et agréable à lire.
Au dessin se retrouve un autre pro du genre, Nikola Witko, illustrateur de nombreux albums (Le Poulpe, Profesor Furia, Cinéramdam) mais aussi scénariste (Les bijoux de famille) et auteur complet (El Chipo, L’homme qui ne valait plus rien, Kosmo, Le gros lot).
Un dessin très drôle, clair, tout à fait adapté au récit loufoque du scénariste, caricatural pour certains hauts dignitaires, très fun pour tous les autres personnages, soutenu par des couleurs vives et lumineuses. Pour (presque) tous publics.
Deux auteurs à découvrir plus en détails sur leurs blogs respectifs, The Blogstein pour l’un (BD) et le Cdt Whitkoff pour le second (Le blog du Commandant witkoff).

SDJuan

Tome 1 : La tempête
Scénario : DAMIÁN
Dessin : Alex FUENTES
Couleurs : Alex FUENTES
Dépot légal : juin 2021
Editeur : 
Format : 20 x 16 cm
ISBN : 979-10-34739-00-4
Nombre de pages : 128

Lors d'une visite scolaire dans les ruines d’un ancien château, cinq jeunes collégiens se chamaillent, Sara, Arnold, Mei, Driss et… Piero, le "dur" de la bande (du moins c’est lui qui le prétend), en fait un casse-pieds qui n’arrête pas de chercher misère à ses camarades. Lors d'un jeu qui tourne à la bousculade, il fait accidentellement tomber Sara dans un immense trou. Les autres s’approchent et y tombent à leur tour. Passée la chute, ils se retrouvent tous au fond, indemnes, à patauger dans l’eau. Là, ils découvrent un monde différent, peu accueillant, avec d'étranges créatures semblant venues d'ailleurs et plutôt hostiles mais aussi des gens bizarres qui ne ressemblent pas aux personnes qu'ils croisent habituellement. Ils ont tous l’impression d’être dans une sorte d’univers alternatif. Pour survivre face à ces monstres et espérer retourner dans leur réalité et leur époque, tous vont vite comprendre, y compris Piero, qu’ils devaient être solidaires les uns des autres.  Mon avis: Premier album d’une série jeunesse prévue en quatre tomes contenant chacun une histoire différente.
Les parents penseront aux célèbres romans d’aventures des non moins célèbres Bibliothèque Rose et Bibliothèque Verte sauf qu’ici il s’agit de BD en album au format comics avec couverture cartonnée souple.
Cette première aventure due à Damián (Les Enfants de la colère, The Killmasters, Marqués…) au scénario et Àlex Fuentes (GenPet avec Damián) au dessin commence de manière inattendue avant de nous plonger dans un univers inconnu et hostile, tel un voyage dans le temps.
Les personnages sont très atypiques, bien loin des standards classiques (on est bien en 2021 !) mais tous sont malins et futés.Les rebondissements ne manquent pas, les surprises se multiplient toujours plus insolites par exemple quand ils voient surgir une collection d’animaux inquiétants, quand même les fleurs et les plantes les agressent ou quand ils croisent des villageois insolites pratiquant le troc… autant de dangers qui vont les obliger à se rapprocher.
Un album bourré d’énergie autour d’un monde étrange et inhospitalier bien mis en valeur par des couleurs fortes qui accentuent encore l’atmosphère troublante et qui développe un certain aspect moral en véhiculant des valeurs positives d’échange, d’entraide, de solidarité et de tolérance aussi. 

SDJuan

Tome 3 : Le mariage Bensoussan
Scénario : Luc BRUNSCHWIG
Dessin : Étienne LE ROUX et Loic CHEVALLIER
Couleurs : Elvire DE COCK
Dépot légal : 2 JUIN 2021
Editeur :
Collection : Histoire & Histoires
Grand format
ISBN : 978-2-413-02391-3
Nombre de pages : 72

1943, au camp de déportation et d’extermination de Sobibor, au sud-est de l’actuelle Pologne, non loin des frontières de l’Ukraine et de la Biélorussie. Comme presque chaque jour, un nouveau convoi se présente. Les prisonniers sont invités à prendre une douche avant de repartir, leur dit-on, vers une nouvelle destination en Ukraine où un État juif les attend. Les plus faibles, vieillards, malades, infirmes mais aussi les enfants et bébés sont immédiatement dirigés vers un pseudo hôpital, en réalité vers une chambre à gaz. Les autres y seront rapidement conduits… Tout n’est que mensonge et tromperie. Parmi les valides, quelques travailleurs qualifiés sont sélectionnés. Moïse, qui a eu la vie sauve en devenant le coiffeur des officiers allemands du camp, se voit offrir la possibilité de choisir un assistant. Plusieurs se proposent, ce qui ne va pas lui faciliter la tâche sachant qu’il ne pourra en sélectionner qu’un seul. Quelques années plus tôt, Salomon de son côté, grâce à l’aide de Raphaël Bensoussan avait réussi à s’échapper de la prison où a passé cinq longues années. Plus tard, les deux frères Rubinstein vont se retrouver lors de la fête en l’honneur des fiançailles de Rina, la fille de Bensoussan, avec l’espoir de poursuivre une existence moins compliquée et tourmentée, mais là ce n’est pas gagné…Mon avis: Avec Luc Brunschwig nous poursuivons le récit bouleversant de vérité, tel un devoir de mémoire, de la vie des frères Rubinstein.
Ce troisième tome d’une saga prévue en neuf albums est tout aussi passionnant que les précédents et sans nul doute que les prochains vu le talent de narrateur de Luc Brunschwig.
On vit réellement le parcours de Moïse et Salomon, ces deux fils séparés souvent de manière dramatique mais qui parviennent à se retrouver et se débrouiller. Et malgré un chemin semé d’embûches, ils vont se rapprocher, chacun à sa manière, de grands événements historiques au point de faire partie de l’Histoire.
La description d’un parcours dur et imposant beaucoup de sacrifices constitue un témoignage réaliste d’événements que les jeunes générations ne peuvent qu’imaginer dans nos pays même si ce genre de discriminations et de violence génocidaire persiste dans bien des États et contrées de notre planète.
Une aventure riche en événements, une tension bien maîtrisée, des personnages de plus en plus approfondis et de plus en plus intéressants font de cette série l’une des meilleures, à mes yeux, du moment. Côté illustration, nous retrouvons avec plaisir le trio gagnant Étienne Le Roux, Loïc Chevallier, Elvire De Cock.
Le résultat est une nouvelle fois magnifique.
Le Roux travaille à fond les personnages, les expressions sur les visages bien sûr mais aussi les attitudes, les gestes, les mouvements des corps, cette gestuelle exprimant à elle seule une bonne partie de la narration.
Loïc Chevallier tel un miniaturiste s’applique à réaliser les décors où chaque détail est réfléchi et basé sur une documentation historique complète.
Le tout est ensuite fignolé par l’encrage d’Étienne Le Roux qui vient ajouter de la profondeur aux illustrations, avant la touche finale d’Elvire De Cock qui elle aussi réalise un travail d’orfèvre avec ses couleurs donnant vie et lumière aux images.
Des auteurs de talent pour cette série de plus en plus passionnante et riche en rebondissements.

SDJuan

Tome 1 : Le Garde du corps de Massoud
Scénario : Jean-Pierre PÉCAU
Dessin : Renato ARLEM
Couleurs : Thiago ROCHA
Dépot légal : mai 2021
Editeur : 
Collection : Histoire & Histoires
Grand format
ISBN : 978-2-413-03833-7
Nombre de pages : 60
A noter : dossier de 4 pages en fin de volume.

Jeune soldat de 19 ans au sein de l’armée soviétique du temps où l’URSS intervenait en Afghanistan au tout début des années 1980, Nikolaï n’en revient pas lorsqu’il apprend en septembre 2001 que le commandant Massoud est mort assassiné lors d’un attentat-suicide. Il se souvient que lors d’une patrouille dans un village - en réalité il était en quête de cannabis - son groupe avait été attiré dans un guet-apens par un gamin. Il s’était retrouvé prisonnier des moujahidines de ce même Massoud, en lutte contre les forces soviétiques d’occupation. Dans leur camp en pleine montagne, il en a bavé à l’époque, quasiment persuadé qu’il allait mourir. Mais il va découvrir et vivre une situation bien différente. En sauvant Massoud d’un attentat qui le visait, il va même gagner sa confiance. Au final, ce jeune tireur d’élite soviétique fera même partie de sa garde rapprochée. Mon avis : Premier tome d’une nouvelle collection produite en collaboration avec le magazine "Guerres et Histoires", consacrée à des hommes dits de l’ombre ayant joué un rôle important voire majeur dans des événements historiques aux côtés de personnages célèbres.
C’est Jean-Pierre Pécau, historien de formation et "expert" en séries à caractère historique qui nous relate la vie de Nikolaï Bystrov.
Il nous propose sous forme de one shot le récit biographique véridique et fidèle de l’histoire de ce soldat dont le plus grand regret sera d’avoir quitté Massoud en 1995, persuadé qu’il serait encore en vie s’il était resté à ses côtés.
On lit cet album comme un récit d’aventure à la différence qu’il s’agit ici de la vie réelle d’un homme.
Une narration solidement documentée, fluide, passionnante, où l’on découvre qu’au-delà des interventions étrangères, les Afghans se battent entre eux depuis toujours. Dossier historique de 4 pages en fin de volume revenant sur le conflit en Afghanistan et la vie de Nikolaï Bystrov.La partie illustration a été confiée au brésilien Renato Arlem.
Familier du comics US, il nous propose un dessin réaliste soigné restituant bien la dureté du sujet, la rudesse désagréable des paysages montagneux afghans, des conditions d’existence, des combats de guérilla.
On est en embuscade, on sent le danger qui peut arriver à tout moment mais on sent aussi le respect et la confiance entre Nikolaï et Massoud que l’on reconnaît au premier coup d’œil.
Belle mise en couleurs du brésilien Thiago Rocha, jouant parfaitement avec les ombres et la lumière.
Prochains titres annoncés dans la collection Histoires & Destins chez Delcourt: L’insurgée de Varsovie, Le Chirurgien de Diên Biên Phu et Le Dernier Kamikaze.

SDJuan

Tome 1
Scénario : AOISEI
Dessin : ANAJIRO
Couleurs : <N&B>
Dépot légal : Janvier 2021
Editeur : Delcourt
Collection : Seinen
Format manga
ISBN : 978-2-413-02402-6
Nombre de pages  : 194

Cela fait déjà trois ans qu’un attentat a eu lieu dans une classe de cinquième du collège Shiroiwa durant un jour d’examen. Un collégien, Hijiri Nakagoshi, victime de persécution, avait activé une bombe provoquant la mort de nombreux élèves. Rien ne pouvait laisser présager un tel drame, hormis peut-être le fait que cela faisait pas mal de temps qu'il n’assistait plus aux cours. Seuls sept élèves avaient survécu, gravement blessés. Aujourd'hui Takumi Shindô a réuni les six autres survivants de l’attentat dans le même collège. Il leur annonce qu’après avoir fait son enquête, il a la preuve qu'Hijiri a eu un complice pour perpétrer cet attentat. C’est ce complice qui lui a fourni la bombe. Et il est présent parmi ceux réunis aujourd’hui. Dans le même temps, dans un autre établissement scolaire, une lycéenne pénètre dans sa classe en portant une ceinture explosive.Mon avis : La nature dramatique de l’album ainsi que les thèmes abordés – le harcèlement scolaire et ses dérives, l'isolement et ses conséquences – interpellent tout de suite. Souffrir au point d’être poussé(e) à de tels actes fait froid dans le dos. Il s’agit donc d’une intrigue soutenue autour de deux histoires liées par une même thématique et qui semblent avoir un point en commun : la personne ayant fourni les bombes. Le récit développé par Aoisei est violent dans la description des événements et soulève beaucoup de questions sur les responsabilités à l’origine de tels drames et l’attitude que devaient adopter les témoins. On a peine à croire à ce qui arrive aux protagonistes même si la réalité nous le montre presque quotidiennement.Côté dessin, passé les premières pages qui permettent de bien se situer, ensuite tout s'éclaire et l’histoire prend son envol. Anajiro a pris soin de bien différencier les personnages pour nous offrir une narration aisée. Les scènes d'explosion se veulent réalistes pour clairement montrer les dégâts et dommages corporels que peuvent produire ces bombes humaines. Et plus encore lorsqu'il s'agit de gamins qui se font exploser en pleine classe. D’où les images des sept survivants qui apparaissent tous meurtris et/ou handicapés physiquement. L'énergie que dégagent en général les mangas est ici encore plus accentuée. La couverture donne tout de suite le ton. Une lecture édifiante, réservée à un public averti comme le précise l’éditeur.

SDJuan