Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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PAPI GÉNIAL ET SA BULLE QUI VA PARTOUT
- Par asbl-creabulles
- Le 15/09/2021
Tome 1 : Le gros robot de l'espace pas gentil du tout
Scénario : Tony EMERIAU
Dessin : Tony EMERIAU
Couleurs : Tony EMERIAU
Dépot légal : juin 2021
Editeur :
Petit normal
ISBN : 978-2-380-75411-7
Nombre de pages : 34Papi est un véritable génie. Parmi ses inventions, il y a surtout cette "bulle qui va partout", un moyen de transport fantastique capable de trouver seul son chemin. Il suffit d’y insérer un dessin ou une photo du lieu où l’on souhaite aller pour y être transporté. Accompagné de son robot-chien, Papi montre la carte postale envoyée par Ninon et Oscar, ses petits-enfants, et aussitôt la bulle les transporte auprès d’eux. Ils sont littéralement fascinés par cette bulle magique, ce qui donne une idée à Oscar. Il file récupérer son livre d’aventures spatiales où il se souvient avoir lu l’histoire d’une planète où vit un méchant robot. Papi décide de les accompagner pour ce voyage intersidéral qui va leur réserver bien des surprises! Mon avis. Dès les premiers dessins, on se rend vite compte que le texte aurait été superflu d’autant que l’album cible les très jeunes "lecteurs" n’ayant pas encore commencé l’apprentissage de la lecture…
Tout est fait pour que le visuel soit parlant comme cet extraterrestre impressionnant et fasse passer et si possible comprendre un message d’humanité, de bonté et même de tolérance.
Le dessin est agréable, coloré, expressif, explicite et explicatif, il se suffit à lui-même, il a un sens complet. La narration est claire.
Parallèlement, Tony Emeriau scénarise aussi d’autres BD dites "jeunesse" (avec dialogues), par exemple La Bande à Julio ou Lola (presque) super, ainsi que des histoires d’humour, mais attention car c’est un genre qu’il ne destine pas uniquement aux plus jeunes lecteurs… -
FÉROCE T1
- Par asbl-creabulles
- Le 11/09/2021
Tome 1 . Taïga de sang
Scénario : Gregorio HARRIET
Dessin : Alex MACHO
Couleurs :Aguirre, Garluk AGUIRRE
Dépot légal : Septembre 2021
Editeur :
Grand Format
ISBN : 978-2-344-04412-4
Nombre de pages : 56Janvier 2019, quelque part dans la vallée de la rivière Bikine, en pleine forêt du Kraï du Primorié, une région située à l’extrême sud de l’Extrême-Orient russe, limitrophe de la Chine et de la Corée du Nord, en bordure de la mer du Japon. Sabine Kôditz vient d’atterrir accompagnée d’une petite équipe pour tourner un documentaire sur le tigre de l’amour, plus connu sous le nom de tigre de Sibérie. Elle agit pour le compte du WWF et est chaleureusement accueillie par Mikhail Marayev, le responsable du WWF de Vladivostok qui lui présente Nikolay Kjaluzjuga et Viktor Zhekov, deux inspecteurs de l’"Amur Tiger Center", qui seront chargés de l’escorter. En fait, elle connaît très bien la région car elle y est déjà venue pour "fourrer son nez" dans le trafic illégal de bois d’essences protégées organisé par la mafia russe. Son reportage avait fait sensation à l’époque. Mais si certains affirment que son passage a fait changer les choses, elle constate très vite que la taïga est encore plus menacée car le trafic de bois se poursuit de plus belle et, cette fois, aux mains de la mafia sino-russe. Si le danger ne venait que de là... En effet, non loin de là un braconnier a blessé un tigre qui, selon les légendes, se serait transformé en Amba, autrement dit un esprit vengeur de la forêt qui s’est désormais mis en chasse... Plus personne n’est à l’abri. Mon avis: Au scénario, Gregorio Harriet (La Honte et l’Oubli, Les Dragons de la Frontière) nous propose une de ces histoires dont il a fait sa matière, une histoire inspirée de faits réels, qui aborde des préoccupations très actuelles et qui se déroule dans un milieu naturel peu connu, au cœur de la taïga où un tigre blessé va transformer les chasseurs et mafieux de toutes sortes en proies.
Les défenseurs de la nature et Nikolay et son fils Kostya semblent être les seuls à raisonner en conséquence, suscitant une vive animosité à leur égard. De même, en ce qui concerne Sabine Kôditz.
Les bases étant posées, le récit bascule alors très vite, faisant monter l’adrénaline pour ne plus s’arrêter et c’est là que réside tout le talent et le savoir-faire de l’auteur.
Une bonne intrigue, un suspense bien maîtrisé et une histoire bien documentée. La partie illustration est assurée par Alex Macho qui met à profit sa longue expérience dans l’animation et le story-board.
L’ensemble revêt un aspect très cinématographique.
Les cases très nombreuses et variées enchaînent les scènes d’action en pleine forêt enneigée, à pied, en jeep, en véhicule tout-terrain "harvester" ou en moto-neige. Bourrées d’énergie et de testostérone, elles révèlent aussi un soin du détail très marqué et une clarté impressionnante.
Sous le trait réaliste de Macho, les personnages sont expressifs et charismatiques, affichant tout l’éventail des faciès, du joli minois à la trogne patibulaire…
Très agréable mise en couleurs de Garluk Aguirre mettant bien en valeur le travail du dessinateur et soulignant les différentes ambiances par une belle alternance de tons chauds et froids.
Une couverture choc qui ne passe pas inaperçue parmi les dizaines de nouveautés sur les présentoirs de nos libraires.Un excellent moment de lecture à ne pas rater.SDJuan
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WOLVERINE Black, White & Blood
- Par asbl-creabulles
- Le 10/09/2021
Black, White & Blood
Scénario : Gerry DUGGAN, Matthew ROSENBERG, John RIDLEY, Steven S. DeKNIGHT, Declan SHALVEY, Ed BRISSON, Kelly THOMPSON, Chris CLAREMONT, Donny CATES, Saladin AHMED, Jed MacKEY Vita AYALA
Dessin : Adam KUBERT, Chris BACHALO, Joshua CASSARA, Salvador LARROCA, Jorge FORNÈS, Khary RANDOLPH, Declan SHALVEY, Greg LAND, Jesús SAÍZ, Leonard KIRK, Kevin WALKER, Paulo SISQUEIRA
Couleurs : Guru-eFX, Kevin WALKER, Chris BACHALO, Salvador LARROCA, Jorge FORNÈS, Declan SHALVEY, Khary RANDOLPH, Jesús SAÍZ, Frank D'ARMATA, Andres MOSSA, Frank MARTIN JR.
Encrage : Jay LEISTEN,
Lettrage : Bit RAMONE
Traduction : Mathieu AUVERDIN
Dépot légal : Août 2021
Editeur : Panini Comics
Collection : Marvel Hors Collection
Grand format : 23 x 33 cm
ISBN :979-10-39100-39-7
Nombre de pages : 136Cet album grand format réunit de nombreuses histoires courtes nées sous la plume et le crayon de grands noms du comics et initialement parues en VO dans quatre tomes.
- Alors qu’il n’est encore que l’arme X, Wolverine se retourne contre ceux qui lui font affronter des bêtes et monstres plus féroces à chaque fois. Mais qui sont vraiment les monstres ?
- Wolverine affronte des agents de l’Hydra qui sont partis à la recherche de Nick Fury. Ils vont peut-être bien s’en mordre les doigts.
- Un shérif rentre chez lui prévenir son épouse que ses complices de mauvais coups risquent bien de vouloir se venger.
- Un savant a trouvé le moyen d’extraire le gène X faisant des mutants des êtres dangereux. Sabertouth a été engagé pour le retrouver et au passage compte bien s’amuser en se bastonnant avec son vieil ennemi Wolverine.
- Wolverine est tombé dans le piège d’Arcade. Pour s’en sortir vivant, il va devoir trouver un moyen de s’extirper du jeu.
- À Madripoor, Wolverine et Kate Pride affrontent de nouveaux ennemis alors qu’ils ont perdu leurs pouvoirs.
- Le Samuraï d’Argent a kidnappé la fille adoptive de Mariko et Logan. Pour la récupérer, ils vont devoir affronter 32 guerriers.
- Le Cavalier Fantôme cosmique est revenu dans le passé pour assister au mythique combat entre Wolverine et le... Fléau !
- Magic vient de déposer Wolverine sur Mars pour court-circuiter l’A.I.M., une organisation criminelle venue chercher des armes déposées par des dieux extraterrestres.
- Mystique, de la confrérie des mauvais mutants, vient demander à Wolverine où se trouve Malicia qui a récemment rejoint les X-Men. C’est l’annonce d’un futur combat à mort.
- De vieux ennemis ont refait surface en Terre Sauvage et cela n’augure rien de bon pour Wolverine.
- Un groupe de Reavers, mi-hommes mi-machines, ont laissé de nombreuses victimes derrière eux. Wolverine a retrouvé leur trace. Mon avis: Cela faisait un petit temps, pour ne pas dire longtemps, que je n’avais plus lu d’aussi bons récits d’aventure de Wolverine, et c’est une prouesse quand on sait qu’il s’agit d’histoires courtes.
Chacune d’entre elles est bien calibrée et adaptée aux différents personnages invités.
Wolverine s’y prête d’autant mieux qu’il a eu différentes facettes depuis sa première parution dans Hulk. On passe ainsi de l’Arme-X à Madripoor, on évoque ses liens avec Kitty Pride, Mariko, Sabretooth, Mystique, les Reavers, etc. autant de personnages qui ont joué un grand rôle dans sa vie.
Les illustrations sont proposées en noir et blanc avec différents niveaux de gris et le rouge. C’est très habilement fait et selon la thématique de l’histoire et l’équipe artistique qui l’a réalisée, cela donne une sensation dramatique supplémentaire ou en souligne l’aspect poétique ou symbolique. Les illustrations sont de très bonne qualité. Il faut dire que nous trouvons quelques "grosses pointures" du comics comme Chris Claremont, Chris Bachalo, Kev Walker, Greg Land, Adam Kubert - Salvador Larroca, mais aussi d’autres moins attendus comme Jorge Fornès qui fait de l’excellent travail et que nous retrouvons de plus en plus, en ce moment, dans ce genre d’histoires, par exemple sur des épisodes de Daredevil.Même si certaines histoires sont plus marquantes que d’autres, l’album se révèle globalement de toute beauté tant pour les fans du héros que pour ceux qui n’arrivaient plus à suivre ses aventures mais aussi pour tous ceux qui veulent lire un "comics" de qualité.
Le grand format (23 x 33 cm) est une bonne idée pour permettre d’apprécier le travail des artistes.
Un album à couverture souple, enrichi d’un cahier graphique de 9 pages intitulé "Couvertures" + 2 pages proposant de brèves biographies sur chaque auteur et 1 page "En coulisses" proposant un rapide survol du monde des super-héros.SDJuan
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CORTO MALTESE Océan noir
- Par asbl-creabulles
- Le 06/09/2021
Océan noir
Scénario : Martin QUENEHEN
Dessin : Bastien VIVÈS
Couleurs : <N&B>
Lettrage : Philippe GLOGOWSKI
D'après Hugo PRATT
Dépot légal : Septembre 2021
Editeur :
Collection : Corto Maltese
Format souple
ISBN : 978-2-203-22473-5
Nombre de pages : 1662001 en Mer de Chine. Corto Maltese est venu aider des pirates à dérober des objets de valeur sur le yacht de son richissime propriétaire, des tableaux, des bijoux peut-être... Alors qu’il patiente sur sa petite embarcation, prêt à filer au plus vite une fois le trésor dérobé, il entend des coups de feu. Il se précipite à bord pour découvrir ce qu’il se passe. Des hommes gisent au sol, tués par les pirates qui avaient donné leur parole qu’il n’y aurait aucune victime. Il aperçoit un vieil homme terrifié qu’il s’empresse de ramener sur son embarcation avant de s’éloigner au plus vite du yacht. L’homme tient précieusement entre ses bras un livre intitulé "Comentarios Reales de los Incas". Il demande à Corto de le mener jusqu’au Japon car il désire revoir sa fille. Sur place, lors d’une représentation théâtrale l’homme est blessé à mort par un samouraï masqué sous les yeux terrifiés de sa fille et ceux de Corto. Avant de mourir, il a juste le temps de prononcer un mot : Callahuaya. Ayant récupéré le livre, Corto découvre qu’il contiendrait le moyen de retrouver la tête d’or du Callahuaya. Mais avant de prendre la route des Andes, il apprend aussi que la victime, le docteur Fukuda, faisait partie d’une secte nationaliste nommée Océan noir et que le Naicho, autrement dit les services secrets japonais, s’intéressent aussi au fameux livre… Mon avis: Dessiner un Corto Maltese… Pas mal de temps s’est écoulé depuis la petite graine semée dans la tête de Bastien Vivès par Benoît Mouchart, directeur éditorial BD chez Casterman, jusqu’à l’aboutissement de ce projet.
C’est Martin Quenehen, avec qui Vivès a fait Quatorze juillet (un polar abordant le grave sujet des attentats toujours présents dans les esprits jusque dans ce petit village au fin fond du Vercors) qui a enclenché le processus. Ne cessant de lui parler de Pratt et de Corto Maltese, Bastien Vivès a finalement demandé à son complice de lui écrire une histoire. C’est ainsi qu’est né Océan Noir.
Il m’a fallu un petit temps d’adaptation pour m’imprégner complètement de ce Corto Maltese évoluant dans un univers contemporain, au tout début de notre XXIe siècle… autour du 11 septembre 2001 pour être plus précis.
Au départ, on se dit que ça ne va pas le faire. Puis, contre toute attente, la magie fonctionne. On retrouve notre Corto Maltese toujours prêt pour l’aventure, aidant les plus faibles, suivant les traces d’un trésor présumé, faisant face aux autorités quelles qu’elles soient et comme toujours, bien entouré de filles certes ravissantes et sensuelles à souhait mais tout aussi déterminées, libres et aventurières que lui. Des filles prêtes à s’engager dans des missions à ses côtés mais usant de leur libre arbitre à tout moment pour choisir d’aller ou non jusqu’à leur terme.
Il n’y a pas à dire, le Corto Maltese de Quenehen et Vivès conserve les atouts ayant fait la renommée du personnage. À cette différence que les auteurs ont en quelque sorte "adapté" le héros de Pratt pour le faire vivre selon leurs propres codes, leur propre langage.
Ce faisant, ils nous régalent d’un personnage modernisé, un beau gosse aventurier plein de vivacité et d’entrain qu’ils font évoluer dans un contexte globalement plus nerveux. Côté dessin, on reconnaît bien le trait de Vivès, efficace et ciblant toujours le principal, mais quelque part il a mis un soupçon de Pratt dans sa façon de poser les personnages, les décors mais aussi la plume et l’encre. Notre ami Raspoutine est ainsi très fidèle à lui-même.
Une belle surprise, un très agréable moment de lecture … avant de retrouver Corto sous la plume de Juan Díaz Canalès et le crayon de Rubén Pellejero.
L’album existe aussi en édition luxe grand format avec couverture rigide et jaquette illustrée, augmentée d'un cahier graphique de 16 pages en fin d'album. Les quatorze premières planches ont été mises en couleur par Patrizia Zanotti.À l'occasion de la Fête de la BD de Bruxelles, une exposition d’illustrations grand format issues des albums d’Hugo Pratt est organisée au Parc de Bruxelles. Elle présente plus de 100 dessins illustrant les différentes facettes de la personnalité complexe, séduisante et passionnante de Corto. Elles seront exposées sur les grilles du Parc de Bruxelles (en face du Palais royal) du 9 septembre au 9 octobre 2021.
SDJuan
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BOB MORANE T1
- Par asbl-creabulles
- Le 02/09/2021
Tome 1 : Les 1001 Démons de l'Ombre Jaune
Scénario : Christophe BEC et Éric CORBEYRAN
Dessin : Paolo GRELLA
Couleurs : Sébastien GÉRARD
Dépot légal : Septembre 2021
Editeur :
Grand format
ISBN : 978-2-302-09107-8
Nombre de ages : 56Indochine sous contrôle français en 1954. Un avion survole la jungle au sud de la province d’Annam (protectorat français correspondant à la zone centrale du Vietnam actuel). Bob Morane et Bill Ballantine sont sur le point d’être parachutés en compagnie du professeur Borulnik, un anthropologue, et d’une escouade de douze paras. La mission commence mal car Bill, dont c’est le premier saut, hésite à suivre tout de suite le commandant Bob Morane et le professeur. Les quelques secondes qu’il fait perdre aux autres membres de l’expédition va leur faire rater le point de chute, les faisant atterrir en pleine zone hostile, sous le feu des "Viet Minh". Au sol, Bob a vite pris conscience du problème. Laissant le professeur seul, il part pour tenter de venir en aide à Bill et à ses hommes. Sur place, c’est un véritable massacre. Tous les paras sont morts, à l’exception de Bill qui s’était retrouvé suspendu à son parachute accroché dans un arbre. De là, il a tout vu. Des femmes, de véritables furies armées de sabres, ont fondu sur les paras et les ont tous massacrés. En fait, ils ne sont pas au bout de leurs surprises après avoir rejoint dans la nuit le fortin de la base française où le général Beaufranchet les attendait. Le général leur fait des révélations tout aussi incroyables concernant des rumeurs d’attaques perpétrées par des femmes qui trucident tous les hommes dans la zone. Même lui s’est sorti d’une attaque avec une simple balafre sur le visage. Pour Bob, la situation est grave car il a perdu son escorte pour mener sa mission à bien et il ne pourra pas compter sur l’appui du général qui est en manque d’effectif. De plus, le courant ne passe plus vraiment entre les deux hommes à cause d’une ancienne querelle remontant à la guerre contre les Allemands. C’est alors qu’arrive un homme blessé, Jean Charpentier, un cinéaste venu accompagner un détachement pour réaliser un film documentaire. Lui aussi a été attaqué par des femmes. Une chance, il a tout filmé. Mon avis : Peu de temps après la disparition d’Henri Vernes, le papa de Bob Morane, une nouvelle histoire sort en librairie.
Créé en 1953, le personnage a vécu de multiples aventures sous le crayon de très bons et nombreux auteurs (Pierre Joubert, Dino Attanasio, Gérald Forton, William Vance, René Follet, Patrice Sanahujas, Coria … salués par Christophe Bec en page de garde). Aujourd’hui, c'est une nouvelle équipe artistique qui reprend le flambeau. Même si le reboot – ayant reçu un accueil mitigé, voire désapprouvé par certains puristes – dû à Dimitri Armand au dessin et Luc Brunschwig associé à Aurélien Ducoudray au scénario m'avait bien plu, donnant une vision peut-être un rien "trop moderne" du héros, on peut dire que cette nouvelle version devrait ravir les fidèles de Bob Morane. Elle a même reçu l’aval d’Henri Vernes qui, interrogé à propos de cette nouvelle BD Bob Morane, a répondu : "Je dirais continuité et respect".
De fait, cette version de Christophe Bec et Éric Corbeyran au scénario et Paolo Grella au dessin est davantage fidèle à la série d’origine. Christophe Bec ne cache pas que ce projet a mis du temps, plusieurs longues années semées d’embûches, d’obstacles, d’échecs … avant de voir enfin le jour.
D'entrée de jeu, l’histoire se déroule en Extrême-Orient. Elle met en scène de belles guerrières et est agrémentée d’une bonne dose de science-fiction. Les (bonnes) bases sont posées. Il ne reste plus à Bob et Bill qu’à faire le reste pour contrer les projets diaboliques d'un vieil ennemi : L'Ombre Jaune.
Clairement ça commence très fort et, en plus, tous les ingrédients pour faire une bonne BD d'aventure sont là : des héros toujours prêts à se battre, une intrigue internationale, des recherches scientifiques détournées de leur objectif initial pour créer des armes vivantes, un ennemi à la taille des héros, des flashes-back limpides, des dialogues bien amenés. On retrouve tous les éléments qui ont fait le succès de la série.
Christophe Bec et Éric Corbeyran s'en donnent à cœur joie avec un scénario des plus efficaces et bien mené de bout en bout où surprises, rebondissements et suspense sont au rendez-vous. Ils sont bien à la hauteur de nos attentes sur un tel projet.La deuxième grosse surprise à mes yeux réside dans le niveau de qualité des illustrations réalisées par Paolo Grella. Dès la prise en main de l’album en effet, c’est la première chose que l’on remarque : le dessin ! Quelle superbe couverture, dans un style typique de la grande époque Bob Morane.
L’album suit le même schéma tout en restant assez moderne pour préserver la marque du dessinateur (Paolo est un "jeune" quarantenaire !). J'espère que le public ressentira la même chose.
Les couleurs de Sébastien Gérard complètent le tableau en assurant la continuité avec la série-mère. Un très beau travail de mise en lumière donnant encore plus d'énergie au récit y compris sur les scènes sombres. Les rares flashes-back sont clairement différenciés dans des tons grisés facilitant la lecture.
Paolo Grella a bien assimilé les personnages de la série, il nous offre une belle mise en page, un découpage dynamique, des scènes d'action réussies, une narration fluide et n’oublions pas un Monsieur Ming, alias l'Ombre Jaune, des plus impressionnants, même s’il est peu présent dans l’album.
Un très bon album qui devrait ravir le plus grand nombre de lecteurs en commençant par les "fans" et les plus soucieux de purisme mais aussi, espérons-le, de nouveaux lecteurs.SDJuan
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CAPABLANCA
- Par asbl-creabulles
- Le 29/08/2021
Scénario : Joan MUNDET
Dessin : Joan MUNDET
Couleurs : Joan MUNDET
Dépot légal : 2020/2021
Editeur : BD Must
Format : Grand format
ISBN : 978-2-87535-510-2
Nombre de pages : +/- 54L’action se déroule en Catalogne au début du XVIIe siècle. Tout commence en 1604 avec l'enquête sur la mort d'une jeune femme dont le corps a été retrouvé au bord du Camino Real aussi appelé Camino Ignaciano (chemin ignatien). Pour rappel, il s’agit du chemin parcouru en 1522 par Ignacio de Loyola, prêtre et théologien fondateur de la Compagnie de Jésus, autrement dit l’Ordre des Jésuites, depuis sa maison natale d’Azpeitia en Euskadi jusqu’à Manresa non loin de Montserrat (au nord de Barcelone) sur les terres du Pays basque, de Rioja, Navarre, Aragon et Catalogne.
Après la découverte du cadavre, le procureur en personne décide de se charger du dossier. Alors que la présence de boutons sur le corps de la victime donne à penser qu’elle était malade, on découvre sur elle un certificat de bonne santé. Ce document va permettre de l’identifier et de poursuivre l’enquête. Cette femme s'appelle Doña Joana Parès. Elle est de nationalité française. Elle est la deuxième épouse d'Antich Muntada avec qui elle a eu un enfant nommé Joan. Après le décès de sa première femme avec laquelle il a eu deux fils – désormais les demi-frères de Joan – Antich Muntada s’est remarié, ce que ses deux garçons n’ont pas du tout apprécié. Après la naissance de Joan, l’un d’eux en particulier, Sébastiá, n’a eu de cesse de rendre la vie impossible à son jeune demi-frère, l’humilier, le traiter de bâtard. Heureusement, Joan avait le soutien de Jerónita la femme de l’autre frère…Les années passent et nous voici en 1607. La milice urbaine catalane pourchasse un redoutable bandit nommé Caracreu et sa bande de malfrats. Une véritable course poursuite s’est engagée qui menace la paix dans la région. Un peu plus tard, un certain Don Rodrigo de Ucero y Acosta fait son apparition chez les Muntada. Il revendique le "château" de Pera et l’ensemble du domaine sur lequel les Muntada ont installé leur ferme. Il brandit un testament signé par Don Gregorio de Clasqueri, le seigneur des lieux qui lui lègue la propriété de tous ses biens. La vie paisible semble s’éloigner encore un peu plus pour les Muntada. Tous les événements survenus depuis la mort de cette femme vont s’enchaîner et venir chambouler la vie des uns et des autres, en commençant par celle du jeune Joan Muntada. Ce n’est que le début d’une longue descente aux enfers pour celui qui va devenir le brigand connu sous le nom de Capablanca.Mon avis: Joan Mundet nous propose une œuvre de fiction sur fond historique se déroulant au XVIIe siècle dans la région de la Sierra de l’Obac (à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Barcelone).
C’est là que trouvaient refuge et sévissaient des hors-la-loi et bandits de grand chemin catalans qui terrorisaient tous ceux qui se hasardaient à traverser la région. Selon, la légende le bandit Capablanca se serait caché dans une grotte au pied du Muronell, au cœur même de cette zone rocheuse calcaire comportant plusieurs grottes et gouffres dans son sous-sol.
La zone est aujourd’hui transformée en "Parc Natural de Sant Llorenç del Munt i l'Obac".Non seulement l’auteur nous raconte mais il nous fait réellement vivre l'histoire de ce jeune homme dont le caractère et le rapport à la vie vont évoluer et se transformer au fil des albums à mesure qu’il découvre qu’il vit dans un monde cruel et sans pitié. Il va s’instruire mais surtout se former au maniement de la "tolédienne" autrement dit l’épée, devenir plus fort et un redoutable combattant jusqu’à … [pas de spoiler :-)].
Joan Mundet nous propose une œuvre de fiction historique dans un style plutôt picaresque. Il a une maîtrise parfaite de la narration qui a été pensée dans son ensemble. En effet, dans son format original l’histoire est prévue en six albums comportant chacun 112 pages réparties en 8 chapitres, chaque album constituant en quelque sorte un épisode complet. En dépit d’un découpage différent, la VF offre une lecture plaisante grâce au fait qu’elle est éditée en packs de 3 tomes de +/-56 pages chacun.
La partie graphique colle tout à fait à la narration avec une grande diversité de plans, des décors fouillés, des personnages expressifs.
La VF bénéficie d’une mise en couleurs contrairement aux albums espagnols dans lesquels l’auteur nous offre un magnifique noir et blanc.
On sent le dessin pensé pour du noir et blanc au départ. Un trait net et précis mis en valeur par un encrage puissant (en 2019, la réédition en intégrale chez Panini España dans la collection Evolution Comics bénéficie elle aussi d’une mise en couleurs).
Ces couleurs sont plutôt atypiques, une sorte de trichromie à dominante sépia mais aussi quelques cases en gris bleuté.La série est prévue (en VF) en quatre cycles de trois tomes dont le troisième est actuellement en librairie, chaque pack étant vendu avec ex-libris numérotés et pour ce pack (tomes 4 à 6) un dossier format A4 broché.SDJuan
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RÉCRÉ A3
- Par asbl-creabulles
- Le 29/08/2021
Tome 1 : Cornes aux Fulgures et Plats de Nitrons
Scénario : SYLXX
Dessin : YOCKMAN
Couleurs : LILLY
Dépot légal : juin 2021
Editeur :
Format normal
ISBN : 978-2-302-09423-9
Planches : 46Actarustre, prince d’Oeufort, a réussi à bord de son vaisseau Goldorak à sauver une fois de plus la Terre en déglinguant le dernier golgouth envoyé par le Grand Stratosphère, le chef des Veglans, qui n’en peut plus d’avoir à ses ordres une bande d’incapables, parmi lesquels Minablos et Hydargus. Ayant rangé "goldo" pour une prochaine mission, Actarustre se retrouve chargé d’aller accueillir le nouveau membre engagé par le Centre, Candide, une jeune fille qu’il entreprend aussitôt, fidèle à sa réputation, de draguer… Peu après, le célèbre Albatard, capitaine de l’Atlantise et lui aussi corsaire de l’espace, vient prévenir Actarustre et ses amis d’une autre menace : Raaflesia la reine des Sylfilles vient de s’allier aux Veglans. Mais le vrai défi est-il réellement dans l’espace ?Mon avis: 2021 marque le grand retour des séries animées japonaises, Albator et surtout le très attendu Goldorak notamment, qui ont baigné la jeunesse de tous ceux qui les suivaient sur Antenne 2 grâce à Dorothée qui avait ouvert son émission "Récré A2" à la fin des années 1970 aux dessins animés du pays du soleil levant. Goldorak (UFO Robot Grendizer en version originale) est une série animée japonaise réalisée en 1975 par Toei Animation d'après le manga de Gō Nagai. Quarante ans plus tard, en octobre 2021, Goldorak va donc faire son grand retour sur la chaîne Mangas, en version remasterisée et non censurée.
Et pour patienter, voici déjà une belle parodie réalisée par des connaisseurs et passionnés, Sylvain Cordurié, alias Sylxx, au scénario et Boris Beuzelin, alias Yockwan, au dessin, qui ont créé un mix de trois héros, Candy, Albator et Goldorak, le tout étant davantage plongé dans l’univers de ce dernier… même si Lily aurait sans aucun doute préféré Candy. Il est prévu de voir d'autres personnages de l'époque (Capitaine Flam entre autres) dans les prochains albums.
Les échanges sont drôles et parfois même décapants. On sent que les auteurs se sont amusés, qu'ils ont la maîtrise et la connaissance de ces univers pour éviter le côté "geek" afin de rester accessible au plus grand nombre. Certains diront que c’est trop gentillet et pas assez trash mais sans doute fallait-il séduire un public plus jeune que les anciens "fans". L’humour est omniprésent, tantôt gentil et acidulé, tantôt moqueur et méchant du genre qui en met plein la tronche à .... [pas de spoiler ici].Du côté dessin, Yockman a réussi à métamorphoser et pasticher ces trois univers avec des personnages un rien caricaturés mais toujours parfaitement reconnaissables même s’ils portent des noms pastichés. Une mise en page et des cadrages performants, un trait énergique réussi, en particulier pour les personnages représentés dans un style très manga, bien sûr, avec des expressions exagérées parfois même burlesques.
Très agréable mise en couleurs de Sandrine Cordurié, alias Lily, apportant lumière et volume à ces aventures de "space opera" en version "Récré A3".
Mais que de souvenirs pour les gamins des années Récré A2 (sur Antenne 2) suivies du Club Dorothée (sur TF1) !SDJuan
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RECONSTRUKT ?
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2021
TT de l'expo Enki Bilal RECONSTRUKT
Si vous avez lu mes chroniques expos, vous savez qu’actuellement, les œuvres de Bilal sont visibles chez Artcurial et à la Galerie Barbier à Paris dans des expos complémentaires.
Comme à leur habitude, les Éditions Barbier proposent un très beau livre catalogue pour poursuivre et revivre l’exposition chez soi.
Il a été imprimé à 500 exemplaires accompagnés d’une sérigraphie originale numérotée et signée.
Très belle réalisation à la couverture en gros carton tenu par un dos toilé contenant des pages d’un épais papier blancIl se compose de trois parties.
1 _ reconstrukt présente 7 calques sur pages blanches ainsi que les travaux couleurs autour des 7 dessins qui seront exposés.
2 _ déconstrukt montre des cases des derniers albums et des illustrations couleurs.
3 _ inside Guernica-déflagrations propose les dessins des enfants qui ont vécu l’atrocité des conflits guerriers.
Ces scènes terribles vécues par ces jeunes rejoignent à leur manière l’univers de Bilal.
En effet, la guerre est très présente dans ces BD. Il dessine une humanité hantée, traumatisée par les guerres passées.
Il représente aussi un monde conduit et formaté par les technologies à venir dans un futur teinté de SF débridée.
Les états liquides, solides, gazeux, le métal, les habits sont tous imprégnés par Sa marque, son style de dessin imitable peut-être au début, du temps des points et des multiples traits mais Inimitables actuellement car c’est un mélange de couleur très personnalisé que le Maître manie et étale sur le papier blanc ou teinté.
Une vision très intérieure où la Mémoire serait le héros (dixit Bilal). Mais trop personnelle et déroutante pour certains.
Mais n’est-ce pas le propre des grands artistes, de ne pas faire l’unanimité ?M.Destrée