Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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La Saga de Ra's Al Ghul
- Par asbl-creabulles
- Le 31/08/2014
La Saga de Ra's Al Ghul.
Scénariste: Barr Mark W., O’Neil Dennis
Dessinateur: BREYFOGLE Norm, BINGHAM Jerry et Tom GRINDBERG.
Coloristes: BREYFOGLE Norm, BINGHAM Jerry et Tom Grindberg.
Editions: Urban comics
Dépot légal: Juillet 2014.Résumé:
Ra’s Al Ghul, le père de Talia avec qui Batman a eu un fils prénommé Damian, est à la tête d'une des plus grandes organisations criminelles internationales qui sévit depuis des décennies voire des siècles. Mais quel est donc son secret? Sans aucun doute sa longue expérience due à sa longévité qu’il entretient grâce aux puits de Lazare depuis qu’il a découvert qu'il pouvait s’y régénérer de ses blessures, même fatales, à condition toutefois qu'il ne soit pas mort avant de s'y plonger. Est-ce un prophète ou un démon ? A chacun d’en décider. En tout cas, lui aura combattu ses démons dans ces puits d'énergie en frôlant à moult reprises la folie et la mort. Batman connaît son secret car il a réussi à se procurer la copie d'un manuscrit racontant l'histoire de Ra's Al Ghul. Mais c'est bien plus tard que les deux hommes se rencontreront comme adversaires ou comme partenaires selon que l'affaire les oppose ou les réunit, par exemple pour combattre l’homme qui cherchait à détenir les secrets de la pluviculture en engageant comme homme de main un dénommé Qayin, qui a assassiné la seule femme que Ra’s Al Ghul ait jamais aimé. Une chose est sûre, depuis que Talia a piégé Batman et enfanté Damian, des liens familiaux unissent ces deux hommes au caractère bien trempé et dotés d’aptitudes physiques exceptionnelles.
Mon avis. Ra's Al Ghul, l’un des personnages forts de l'univers de Batman, est largement mis en valeur dans ce bel album volumineux, chose tout à fait normale pour un tel protagoniste haut en couleurs et au passé dramatique (comment pourrait-il en être autrement lorsqu'on est censé avoir plus de 500 ans !). Cet album s'imposait donc car il nous permet enfin de mieux comprendre les liens qui ont toujours existé entre Batman, Ra’s Al Ghul, sa fille Talia et son petit-fils Damian, fils de Batman. La construction de l’album est un peu déroutante en raison de l’alternance brutale entre les différentes époques de la vie de Ra's Al Ghul, même si les changements de style entre les divers dessinateurs nous apportent une aide appréciable. La première partie nous propose un dessin du plus bel effet qu’on croirait réalisé au crayon de Norm Breyfogle. Les deux sections suivantes de Jerry Bingham et de Tom Grindberg sont plus classiques mais ne dénotent en rien grâce à la qualité du dessin.Une réussite une fois de plus pour Urban Comics!
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Elfes. Tome 6.
- Par asbl-creabulles
- Le 28/08/2014
La mission des Elfes Bleus.
Scénariste: Jean-Luc Istin.
Dessinateur: Kyko Duarte.
Coloristes: Diogo Saïto.
Editions: Soleil.
Dépot légal: Juin 2014.Résumé:
Un danger plane au-dessus de Borduria, à Aspen pour être plus précis. De puissants guerriers sont massacrés ou disparaissent sans laisser aucune trace. Le danger est tel qu’il faut solliciter l'aide d’Aamnon, roi des Elfes bleus, pour élucider ce mystère. La menace s'amplifie encore après l’échec de la première mission ordonnée par le roi, l’équipe envoyée n’ayant plus donné aucune nouvelle. Le roi Aamnon a compris que tant qu’on n’aura pas une idée du danger sur place, personne ne prendra le risque d'y aller. C’est pourquoi il décide d'envoyer son meilleur élément, Lanawyn, enquêter sur ces disparitions. Lorsqu’il disposera de son compte rendu à son retour, il enverra les Yrlanais. Lanawyn se charge alors de constituer une équipe d'élite regroupant les meilleurs éléments qu'elle pourra trouver comme Nerrom, un ork nécromancien; Oriann, un soldat passé maître dans l'art du combat; une des soeurs des sens, Laewyn, qui n'est autre que la fille de la grande prêtresse douée de pouvoirs psychiques,notamment le don de divination; enfin, et non des moindres, le commandant Tunnga. La mission presse surtout lorsqu'ils rencontrent le soldat Dann qui rapporte ce qui semble être la confirmation du danger.Mon avis:
Cette série n'en finit pas de m’étonner. Ayant en tête que chaque album se suffit à lui-même, quelle bonne surprise de découvrir cette seconde volée d’Elfes avec les mêmes auteurs. La qualité est toujours au rendez-vous. Le scénario est un véritable concentré d'idées pour créer des one shots (même si j'ai de plus en plus de mal à ne pas m’imaginer que ces séries vont pas finir par s'entremêler et produire un enchaînement de causes à effets à l'avenir). Quant au dessin de Kyko Duarte, il est extraordinaire, révélant des découpages percutants et une mise en scène exécutée avec un soin minutieux. Capable d’aborder des styles très différents, ce dessinateur ne cesse de me surprendre et de m'étonner par son efficacité (cf. Dans la paume du diable, World War Wolves, etc.). La mise en couleur respecte parfaitement son travail et réussit même à l'embellir, si c'est encore possible, en lui donnant davantage de profondeur dans chaque case, ce qui, je tiens à le souligner, est assez rare.
Nous abordons le deuxième cycle en quelque sorte, mais pour approfondir chaque personnage et chaque race il en faudra bien plus et c'est tant mieux car il y a de la matière en réserve !
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Vertiges de Quito
- Par asbl-creabulles
- Le 27/08/2014
Vertiges de Quito.
Scénariste, dessin et couleur: Didier Tronchet.
Editions: Futuropolis.
Dépot légal: Août 2014.Résumé:
Accompagné de sa femme Anne, de son fils Antoine et du chat de la famille, l’auteur a prévu un voyage d’un an en Équateur, dans ce pays aux paysages uniques situé entre la Colombie, le Pérou et la Colombie. Au final, leur séjour va durer trois ans. Après coup, ne prévoir qu’une année pour explorer cette partie du continent sud-américain paraît dérisoire. Car il y a beaucoup trop à voir, à découvrir et surtout trop de personnes au charisme incontournable ou inoubliable à rencontrer et à connaître. Les voici à Quito, la capitale. Perchée à 2800 mètres d’altitude, Quito donne le vertige au pied du volcan Guagua Pichincha qui la domine encore de ses 2000 mètres. Bâtie presque à la verticale et traversée par une seule rue qui serpente à travers la cité, la ville qui se situe sur une ligne de failles est parfois agitée de tremblements de terre comme en 1997. La ville surprend aussi par le survol d’avions qui rasent les toits des maisons ou s’y écrasent parfois comme celui tombé sur l’immeuble situé tout près de l’endroit où la famille séjourne. D’autres événements vont survenir comme cette scientifique française ayant reçu deux balles dans le thorax qu’on va laisser mourir sur un brancard à l’hôpital car elle n’a pas de sécurité sociale. Puis va venir la découverte d’autres horizons comme l’immense forêt amazonienne qui du coup leur semble bien plus paisible et moins risquée et où ils vont faire la connaissance des indiens, ou plutôt des indigènes comme Anne va le faire remarquer à l'auteur, ou comme le plus grand lac salé au monde. Plus rien ne semble les effrayer, pas même une surprise de taille: le diable !
Mon avis:Un album surprenant de vérité, de réalisme et de beauté humaine même si celle-ci frôle parfois l'horreur, le surnaturel ou la mort. D'autres auraient fui sans se retourner, mais Didier Tronchet nous rapporte sa vision des choses avec tellement de talent et d’enthousiasme qu’on en redemande. Trois histoires, trois lieux, trois périodes, un véritable concentré d'événements vécus en si peu de temps, là où une vie entière ne suffirait pas à d'autres. Émouvant, surprenant, souvent drôle et brillamment illustré et colorié, cet album nous fait penser que la vie à Quito n'est pas aussi dure qu’on le dit et surtout qu'on n’en profite pas assez. Mais à la différence de nous qui souvent ne découvrons la valeur des choses que lorsque nous les avons perdues, là-bas ils en ont conscience et vivent leur vie à chaque instant au lien de baisser les bras. Un hymne à la vie, voilà ce que pourrait nous enseigner cet album.
Alors, profitons du moment présent et vivons la vie dès maintenant ! -
Kogaratsu tome 13
- Par asbl-creabulles
- Le 21/08/2014
Tome 13: Taro.
Scénariste: Bosse.
Dessin et couleur: Michetz.
Editions: Dupuis.
Dépot légal: Juillet 2014.Résumé:
Dans le Japon du XVIIe siècle, Kogaratsu est invité à prendre le thé par son commanditaire qui vient de lui confier pour mission d'enlever un enfant lors de la cérémonie des lanternes. A son immense surprise, celui-ci n'est autre qu’Ishi qu’il a bien connue par le passé. Ishi a été contrainte par son oncle, le shogun, d’épouser Bando. De cette union naîtra Taro. Pour Bando, les affaires vont de mal en pis à cause d’une mauvaise gestion de ses avoirs et en raison de la guerre. Il se retrouve obligé de demander de l'argent à ses parents mais, en contrepartie, ceux-ci exigent que Taro leur soit confié jusqu'au remboursement intégral de la dette. En fait, l'appât du gain va venir compliquer les retrouvailles de Taro avec ses parents, poussant Ishi a demander son aide à Kogaratsu. Mais Taro est très bien gardé contraignant Kogaratsu à faire appel à toutes ses aptitudes non seulement de combattant hors pair mais aussi de fin
stratège.
Mon avis:Quatre ans d’attente pour tenir entre mes mains cet album que je me suis surpris à lire tout aussi agréablement que les tomes précédents. Certains seront peut-être déçus, s’attendant à un scénario plus compliqué, plus sophistiqué. Personnellement, je ne le suis pas. Michetz et Bosse restent fidèles à eux-mêmes et gardent ce même respect pour le Japon du XVIIè siècle sans en faire des tonnes pour épater la galerie. Voici un album dans la continuité des précédents, c'est-à-dire dans le respect des traditions, coutumes et codes d'honneur avec des rivalités de maîtres, des combats de samuraïs et de ronins, sans oublier la présence de femmes aguerries ayant du tempérament et au caractère toujours bien trempé. Au final un album bien mené, simple et efficace comme d’habitude. Tout simplement du pur Kogaratsu comme on l'aime.
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Aquaman
- Par asbl-creabulles
- Le 11/08/2014
Aquaman 3, La mort du Roi.
Scénariste: Geoff Johns
Dessinateur: Paul Pelletier.
Coloristes: Rod Reis.
Editions: Urban comics
Dépot légal: Juin 2014.Résumé:
Plus connu sous le nom d'Aquaman, le roi des sept mers, Arthur Curry a maintes fois combattu au sein de la JLA. Il a ainsi dû affronter Orm Curry, son propre demi-frère, pour sauvegarder la paix entre le peuple de la Terre et celui d'Atlantide, finissant par monter sur le trône d'Atlantide bien malgré lui et très loin d’avoir le soutien de la majorité du peuple qui vouait en réalité une confiance aveugle à son demi-frère. Car Arthur a été manipulé par Vulko, son conseiller principal, qui lui est aveuglément dévoué et convaincu d’agir au mieux, persuadé que c'était la meilleure solution pour Aquaman et son peuple. Mais à peine Aquaman a-t-il endossé son rôle de roi qu’il va devoir faire face non seulement à des humains devenus belliqueux envers son espèce depuis que celle-ci s'est attaquée à la Terre, mais aussi à plusieurs de ses proches qui conspirent contre lui. Aquaman n'est pas au bout de ses peines lorsque celui qui se présente comme le premier roi d'Atlantide vient frapper aux portes du royaume et revendiquer son droit au trône. Méra, l’épouse d’Aquaman, sera la première confrontée à cette nouvelle menace, poursuivie jusque dans son propre univers où elle s’était réfugiée, pensant lui échapper et trouver de l’aide auprès du roi de Xebel, Nérée, son ancien prétendant. Finalement, c’est elle qui va devoir venir en aide à Xebel. Aquaman arrivera-t-il à temps ?
Mon avis:
Aquaman continue sur sa fabuleuse lancée aquatique surdynamisée. Depuis son reboot chez DC, il nous revient en force grâce à ce scénariste, Geoff Johns, efficace, des dessinateurs comme Ivan Reis et Paul Pelletier toujours au top niveau et des couleurs qui réhaussent le tout avec brio. Les épisodes se suivent et s'enchaînent à un rythme soutenu et efficace sur la durée, ce qui devient de plus en plus rare. Car si l’action se déroule à un rythme effréné, les dessins de Paul Pelletier qui prends la suite d'Ivan Reis sont eux aussi toujours aussi détaillés et fournis, la cadence de parution n’altérant en rien la qualité des illustrations. Geoff Johns met l'accent sur sa relation avec son épouse Méra et la JLA face à ses nouvelles responsabilités de roi des sept mers.
Aventure, trahison, grande saga fantastique, amour, mythologie, tout y est pour mettre ce métis mi humain mi atlante au niveau des plus grand super héros de chez DC. Par le passé, la série Aquaman a connu des hauts et des bas. Espérons que cette fois, les prochains épisodes se maintiendront au même niveau de qualité.
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Gavrilo Princip, l'homme qui changea le siècle
- Par asbl-creabulles
- Le 07/08/2014
Gavrilo Princip, l'homme qui changea le siècle.
Scénario: Henrik, Rehr.
Dessin: Henrik, Rehr
Editions Futuropolis.
Dépot légal: Juin 2014.Histoire:
Chrétien orthodoxe serbe, Gavrilo Princip est né le jour de la Saint-Gabriel et porte donc son prénom. En raison de sa situation géographique, la Serbie se trouve alors au centre de toutes les convoitises. Quant aux Serbes, ils sont fiers de leur histoire, notamment du prince Lazare qui a réuni Serbes, Bosniaques, Slovènes et Croates contre l’envahisseur turc. C’est surtout cette partie de l'histoire de son pays que retiendra Gavrilo. Issu d’une famille pauvre, il part à Sarajevo rejoindre son frère Jovo mais n'ira pas à l'école militaire, trop chère pour lui pour le moment. En octobre 1908, l'annexion par l'empire autro-hongrois de la Bosnie et de l’Herzégovine, dont la population est apparentée aux Serbes, va mettre le feu aux poudres. En 1910, l’attentat raté de Bogdan Zerajic contre le gouverneur de Bosnie, Varezanin, motive davantage les nationalistes-anarchistes dont Gavrilo fait partie depuis sa rencontre à Belgrade avec Gabrinovic, un ouvrier-imprimeur tourné vers l'anarchisme et le socialisme et rapidement devenu membre d’une société secrète nationaliste serbe "la main noire". Atteint de la tuberculose comme beaucoup à l’époque, l’armée déclare Gavrilo inapte en 1912 alors qu’il voulait défendre son pays contre l’Empire ottoman. Il sera frustré de voir que la Serbie s’est alliée avec succès au Monténegro, à la Bulgarie et à la Grèce pour repousser les Turcs, même si la guerre reprendra vite entre les alliés au sujet de la Macédoine. Mais il reste fasciné par l’idée de la grande Serbie et bien décidé à accomplir une grande action pour son pays. Son destin le conduira à Sarajevo le 28 juin 1914.
Mon avis:Un récit bien documenté qui nous remémore les destins croisés de l’archiduc François-Ferdinand et de Gavrilo Princip lors de l’épisode dramatique de l’assassinat du prince, élément déclencheur de la première guerre mondiale. Un gros volume au dessin hachuré, serré et sombre qui colle parfaitement au drame humain qui va se jouer autour de François-Ferdinand, pourtant prévenu d'un attentat imminent, et de Gavrilo Princip qui veut à tout prix venger son pays d'une annexion à l'Autriche-Hongrie sans que le peuple ait été consulté, et qui est prêt à y laisser sa vie. Un one shot passionnant pour lequel Henrik Rehr a modifié son style graphique, parfaitement adapté à la gravité du sujet.
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Isabelle, la louve de France, tome 2/2. Suite et fin.
- Par asbl-creabulles
- Le 09/07/2014
Isabelle, la louve de France. Tome 2.
Scénario: Thierry Gloris.
Dessin: Jaime Calderón
CouleursJohann Corgié.
Editions Delcourt.
Dépot légal: Juin 2014.Résumé:
Irlande,1315. Tandis que les hommes d’Edouard II se battent pour protéger l'Angleterre, en France la course pour la succession de Philippe IV le Bel donne lieu à toutes les manœuvres possibles et inimaginables, y compris l’interdiction faite aux femmes d’accéder au trône. En conflit avec la France à propos du Duché d’Aquitaine, Edouard va finalement accepter de rendre hommage au roi Charles IV après qu’Isabelle, son épouse et fille du défunt roi Philippe le Bel, soit venue en France négocier un accord. Quel bonheur pour elle de retrouver son pays, loin de cette cour d’Angleterre où elle vit des moments que peu de gens pourraient lui envier tant son honneur est mis à mal et bien qu’elle ait donné un fils à Edouard II au prix de conditions plus que dégradantes. Bafouée, humiliée, elle sera même dépouillée de ses biens pour laisser place au jeune amant de son époux, Hugues Despenser, dont le père gouverne sans vergogne l’Angleterre. Finalement, c’est dans les bras de Roger Mortimer qu’Isabelle va trouver la force de se retourner contre Edouard. Elle sauvera la vie de son amant lors d’un dîner dit de paix au cours duquel Edouard comptait droguer tous ses ennemis "proches" en vue de les éliminer, et l’aidera à fuir pour rallier la rébellion contre Edouard. Elle le rejoindra plus tard après avoir réchappé d’une tentative d’assassinat sur sa personne. Désormais, les Despenser veulent leur peau à tout prix, mais de même qu’Edouard, devenu un véritable tyran, ils ont perdu une partie du soutien du Parlement. La reine Isabelle va tout mettre en œuvre pour unifier les ennemis d’Edouard afin de le contraindre à abdiquer et, surtout, lui faire payer ainsi qu’aux Despenser toutes les humiliations subies. Mais y parviendra-t-elle? Sera-t-elle à l’abri des trahisons et des manipulations durant sa régence?
Mon avis:Avec ce récit, Thierry Gloris nous immerge avec force et précision dans la vie tortueuse et difficile mais toujours noble d’Isabelle, cette reine mariée par alliance ayant su rester digne de son père et de son rang en dépit de tout ce qu’elle a pu subir durant son règne; il parvient même à faire monter le suspense à un niveau exceptionnel. L’auteur nous propose une vision d’Edouard II peu connue, peu exploitée et celle d’une Isabelle honnête et forte, déterminée à éduquer son fils comme il se doit, faire vengeance et redresser un pays tombé bien bas. Les dessins de Jaime Calderón sont parfaits pour porter un tel destin au bout du crayon qu’il maîtrise merveilleusement, tant dans les scènes de combat ou de chasse et les scènes plus intimes chargées d’émotions et parfois d’érotisme que dans les décors et les paysages hyper détaillés et magnifiquement rendus. Au vu de la précision du dessin des cottes de mailles, des broderies des robes ou des drapés des tentures et des objets ornant les salles des châteaux, on a du mal à imaginer comment Jaime Calderón parvient en si peu de temps à nous offrir un album d’une telle qualité. Au prix d’un immense travail sans aucun doute. En tout cas, on ne peut que lui dire: Chapeau ! Et si vous le pouvez, n’hésitez pas à acquérir le tirage de tête édité en noir et blanc car il vaut le détour même si la version mise en couleurs par Johann Corgié est tout aussi somptueuse. Une très belle réussite à tous points de vue.
A recommander vivement !
(SDJ)
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Le monde d'Aïcha
- Par asbl-creabulles
- Le 04/07/2014
Le Monde d'Aïcha, Le deuil de la famille.
Scénariste: Ugo Bertotti
Dessinateur: Ugo Bertotti.
Coloristes: FCO Plascencie et David Baron
Editions: Futuropolis
Dépot légal: Juin 2014.Résumé:
Yémen du Nord. Sabiha est violemment giflée par son mari auquel on vient de la dénoncer. Car à l’aube, elle a osé apparaître à visage découvert à sa fenêtre quand en principe il n’y a personne dehors, uniquement pour sentir l'air glisser sur son visage. Pour son mari c'est un véritable déshonneur. À l'âge de 11 ans, Sabiha a été mariée à un homme plus âgé qu’elle de 12 ans et depuis ce jour, elle doit porter le niqab. Des conditions de vie difficiles ont poussé sa famille à la "vendre" pour améliorer le quotidien. En principe, le premier acte sexuel aurait dû se passer après ses premières règles, mais son mari ne peut attendre. À peine âgée de 13 ans, Sabiha tombe enceinte. Son seul "réconfort" seront les mots de sa mère lui déclarant que c'est normal car toutes les filles doivent en passer par là. À 18 ans, elle a déjà mis au monde trois enfants, ce qui est conforme aux statistiques. Mais un jour, alors qu’elle passe de nouveau la tête par sa fenêtre sans niqab à l’orée du matin, elle reçoit une balle de fusil et se retrouve paralysée à l'hôpital. C’est là qu'elle va rencontrer la reporter-photographe Agnès Montanari à qui elle racontera son histoire. D’autres rencontres auront lieu tout aussi bouleversantes comme celle d’Hamedda de Houssin. Mariée à 13 ans, orpheline à 14 ans, très vite mère de quatre enfants, qui accepte de préparer les repas des militaires à la fin de la guerre civile pour survivre, Hamedda réussira finalement sa vie en ouvrant non sans mal un restaurant pour touristes en dépit de rumeurs et d’insultes incessantes. Le respect de son entourage ne viendra que plus tard lorsque le président du Yemen, Ali Abdallah Saleh, ira en personne dans son restaurant dont on lui a dit du bien, promettant à Hamedda qu’elle pourrait enfin vivre en sécurité et être libre de faire ce qu'elle veut.
Mon avis:
Mon avis : Avec en toile de fond la précarité de la condition féminine, cet album nous propose plusieurs témoignages bouleversants de femmes yéménites. D'entrée de jeu, on est pris à la gorge, non seulement par la cruauté de ces récits causés par de simples peccadilles comme cette femme qui souhaitait uniquement sentir l'air glisser sur son visage, mais aussi par la facilité avec laquelle des femmes passent du statut de "gamine libre et joyeuse" à celui d’"esclave soumise" à nos yeux, contraintes du jour au lendemain de porter le niqab. Si le sujet est dur, ce qui surprend dans ces témoignages c'est qu'on finit par admettre qu’il s’agit d’une manière de vivre désormais ancrée dans l’histoire du Yémen, presque naturelle pour des femmes qui n’ont jamais rien connu d’autre et que celles qui refusent de s’y soumettre sont rejetées par les autres femmes devenues invisibles sous ce voile noir, uniquement reconnaissables par leur voix.
Utilisant quelques photographies, Ugo Bertotti nous propose un dessin noir et blanc au trait assez épais parfois bruts mais suffisamment détaillé, sans ajouts superflus, pour illustrer des situations parfois dramatiques avec simplicité et justesse et rendre le récit aussi humain que possible. Émouvant, parfois angoissant, cet album intéressera, j'en suis sûr, les lecteurs qui se demandent encore comment des femmes passent d’un état de liberté à celui de femme au foyer, obligée de porter le niqab et d'accepter cet état afin qu'il devienne le plus naturel possible alors qu'aucun texte dans le Coran n'oblige la femme à se couvrir entièrement. A lire sans hésitation.