Chroniques
Quelques-unes des BD qui nous ont le plus marqués.
N’y voyez aucun a priori, aucune prise de tête, aucune volonté de gonfler nos egos mais tout simplement l’envie de vous faire partager nos impressions de lecture.
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Maudit Allende !
- Par asbl-creabulles
- Le 04/12/2015
Maudit Allende !
Scénario: Olivier Bras
Dessin et couleur: Jorge González
Edition: Futuropolis
Dépot légal: Novembre 2015
Histoire:
Fuyant le Chili en 1970 à la suite de l'élection de Salvador Allende, Léo et ses parents se sont installés à Pretoria en Afrique du Sud. Même si Allende a été élu démocratiquement, ils ont vécu sa venue au pouvoir comme l’arrivée du communisme. Ce n’est que bien des années plus tard que Léo va se décider à revenir au Chili, un pays qu'il n'a quasiment pas connu ou seulement à travers les propos de ses parents, leur vision d’un Pinochet sauveur de la nation, leurs souvenirs, leurs espoirs et désespoirs ou encore les matches de l’équipe chilienne de football. Léo tient à retrouver les traces d'Allende et de Pinochet afin de se faire sa propre idée de son pays et comprendre ce qu'il a pu traverser durant cette période troublée. Pour cela, il doit en savoir davantage sur Augusto Pinochet et Salvador Allende, leur vie, leur parcours, en s’informant sur ce qu’ils estimaient être le meilleur pour le Chili. C’est ainsi qu’il va découvrir qu’Allende devenu sénateur avait participé en 1952 à un duel qui n’avait fait aucune victime, les deux adversaires s'étant ratés mutuellement. Et comprendre que si pour certains Allende avait été ce qu'il y avait de mieux pour le pays, l’arrivée du général des armées Pinochet à la présidence lors du coup d’État de 1973 avait été perçue par d'autres comme le seul moyen de sauver le pays du communisme.
Mon avis: La narration de cette période sombre de l'histoire du Chili, perçue par certains comme un espoir de démocratie et de mesures sociales sous Allende mais brutalement avortée lors du coup d'état du 11 septembre 1973 qui a instauré la dictature de Pinochet, est portée avec passion tant par le scénariste Olivier Bras que par le dessinateur Jorge Gonzales. A travers les yeux de Léo, on voit défiler les différents points de vue, celui de ses parents, celui du peuple, celui de l'histoire par le biais des journaux internationaux, de la télévision et enfin le sien une fois rentré au Chili pour se faire sa propre idée.On s’habitue vite à l'illustration qui peut paraître un rien chaotique au début par ses multiples alternances de couleurs, de formats et de styles. Mais on reconnaît vite une succession de scènes et de périodes qui au final forment un tout cohérent et passionnant sur l’histoire du Chili qui plaira à tous les amateurs de récits historiques.
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Marvel Saga Hors Série 5
- Par asbl-creabulles
- Le 25/11/2015
INHUMAN 3/3
Scénario: Charles Soule
Dessin: Ryan Stegman, Joe Madureira, Pépé Larraz et André Araùjo
Couleur: Marte Garcia, Richard Isanove, Rachelle Rosenberg
Histoire: Après la bataille contre Thanos, Flèche Noire, le roi des Inhumains, a détruit la cité d'Attilan, libérant sur la Terre les brumes tératogènes qui ont révélé l'existence d’inhumains ignorant jusqu’ici qu’ils faisaient partie eux aussi de cette espèce remontant aux origines de l'humanité, des hommes de Cro-Magnon ayant été manipulés par les Krees, des extra-terrestres. Sous l’action de ces brumes, ces humains descendant d'Inhumains vont acquérir de nouveaux pouvoirs multiples et aléatoires. Le chaos provoqué par l’apparition de tels "surhumains" aux pouvoirs parfois effrayants va diviser non seulement l'humanité, mais aussi les super-héros ainsi que la famille royale des Inhumains. Avec la disparition de Flèche Noire, tenu pour mort, et le suicide de Karnak, la reine Médusa, son épouse, se retrouve contrainte et forcée d’apporter une aide à tous ces nouveaux inhumains qu’on appelle désormais "novhumains". Elle entreprend de reconstruire en toute hâte Attilan et les invite à la rejoindre dans ce nouveau refuge, prenant de gros risques en faisant confiance, sans vraiment en avoir le choix, à tous ces nouveaux arrivants. Car au sein même des novhumains, des factions se créent et s’affrontent entre anciens et nouveaux inhumains, venant même défier le pouvoir de la reine. L’un de ces novhumains, Lignée, doté du pouvoir de puiser son savoir dans la mémoire des Inhumains, va ainsi exercer une influence de plus en plus grande sur la reine. Étrangement, la réapparition du roi ne va pas faciliter la tâche de Médusa. Flèche Noire, quant à lui, estime que la reine n’a plus sa place à ses côtés sur le trône à cause de son attitude et des décisions qu’elle a prises. Médusa, quant à elle, insiste sur le fait qu’ayant été seule à tout prendre en charge, elle compte bien continuer à diriger Attilan. Car ce n'est pas son cœur mais bien son statut de reine qui lui a fait prendre ces décisions.
Mon avis : Cette nouvelle saga des Inhumains marquée par un nouveau bouleversement au sein de cette famille atypique va nous mener tout droit vers le cross-over Secret Wars dans lequel les Inhumains vont occuper une place de choix. Ce titre a peiné à prendre son envol car après des débuts prometteurs, la qualité a diminué au fil des épisodes et il a été à plusieurs reprises abandonné. Cette équipe a pourtant beaucoup d’atouts pour devenir une série-phare mais rien ne semble y faire. Espérons que cette fois sera la bonne. Ce n'est pas faute d'avoir eu de très bons dessinateurs dont le grand Neil Adams pour ne citer que lui. Elle redémarre sur du très bon côté dessin avec Ryan Stegman, Joe Madureira, Pepe Larraz et André Araùjo qui ont tous fait un travail remarquable. Le souci demeure la profusion de novhumains comme à l'époque de la prolifération des mutants dans les séries X-Men. On risque de finir par s'y perdre. Le scénario original développé par Charles Soule pour cette mini-série nous tient en haleine pour le moment, même s’il s’achève de manière un peu trop abrupte, peut-être à cause justement de cette prolifération de cross-over chez Marvel, devenue monnaie trop courante à mon goût. Attendons la suite de ce titre « Inhuman » pour se faire une idée et porter un jugement définitif. Petite cerise sur le gâteau, une mini-série est prévue sur Karnak, maître des arts martiaux, chez Marvel. Espérons que Panini la publiera aussi en VF. -
En descendant le fleuve et autres histoires
- Par asbl-creabulles
- Le 11/11/2015
Scénario, dessin et couleur: Gipi
Editeur: Futuropolis
Dépot légal: Novembre 2015
Histoires:
Deux hommes sont engagés dans une course effrénée sur le fleuve pour atteindre la mer au plus vite. Un cow-boy complètement déjanté collectionne les cœurs de ses victimes. Des "managers" prennent des paris contre le boxeur qu’ils entraînent. Des promeneurs partis à la cueillette aux champignons font attention de ne pas confondre les bons et les vénéneux. Un homme buvant un Campari la tête plongée dans un récipient rempli de la précieuse liqueur, est-ce cela le génie? A l’origine d’un accident impliquant une fillette, un homme est persuadé de ne pas avoir renversé une "renarde". Question: voyage à Venise ou histoire de la merde (sic)?
Mon avis: Nous partons à la découverte des petites histoires de Gipi, parfois drôles, parfois philosophiques, parfois dramatiques, mais toujours étonnantes et souvent troublantes par l'effet de surprise, l’inattendu qui survient à chaque récit, tout comme le dessin qui alterne sans aucune transition des planches couleurs superbes à des pages simplement crayonnées ou encrées. On est surpris voire désorienté de passer ainsi de la très belle illustration au dessin le plus simple voire rudimentaire, sauf si l’on devine une sorte d'improvisation derrière cette alternance. Les dessins ayant été réalisés à des époques différentes, on peut comprendre cette particularité.On retrouve tout l'esprit de Gipi dans chacune de ces histoires, la saisie d’un moment ou d’un souvenir, voire d’un récit plus élaboré qu’il transpose sur papier comme cela lui vient. C'est aussi tout le charme de ces histoires courtes rassemblées dans un seul album. Mais si la spontanéité colle parfaitement à certains récits, je pense qu’un album entièrement dessiné ou mis en couleurs aurait eu plus d'impact.
SDJ
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La Complainte des Landes Perdues, Cycle 3 les Sorcières
- Par asbl-creabulles
- Le 07/11/2015
Cycle 3 tome 1: Tête Noire
Scénario: Jean Dufaux
Dessin et couleurs: Béatrice Tillier
Couleurs: Béatrice Tillier
Lettrage : Jean-Marie Minguez
Editeur:
Dépot légal: Octobre 2015
Cycle : 3
ISBN : 978-2-505-06350-6
Nombre de pages :56Histoire:
Pour se présenter devant le roi Brendam, un jeune homme téméraire n’hésite pas à s'aventurer dans la forêt du royaume de Tête Noire. Bien mal va lui en prendre car il y sera mortellement blessé par Gus, son serviteur, qui l’a piégé et trahi. Vivien venait remettre une amulette au roi car, selon les dires de son père seigneur des Aguries, le souverain la reconnaîtrait immédiatement et en gage de gratitude permettrait au jeune homme d’entrer à sa cour. Bien que laissé pour mort, Vivien survivra, sauvé et ramené à la vie par Oriane, la fille de la sorcière régnant sur Tête Noire. Oriane confesse à Vivien qu’elle a entendu beaucoup de choses peu aimables à propos du roi Brendam et de son épouse, mais surtout son épouse. En effet, des rumeurs horribles circulent au sujet de la reine Jamaniel qui, dit-on, aurait ensorcelé le roi son époux.
Mon avis : Succédant à Rosinski et Philippe Delaby, c’est désormais la dessinatrice Béatrice Tillier qui est en charge de l’illustration de la série "Complaintes des landes perdues". Une touche féminine d’importance quand on sait que les femmes ne représentent que 15% de l’ensemble des auteurs de BD.On connaît Béatrice Tillier depuis 1996 par la série "Fée et Tendres Automates" grâce à son dessin admirable et reconnaissable entre tous. Puis elle a poursuivi son petit bonhomme de chemin, "sans hâte, sans bruit mais sûrement" selon la définition du Petit Robert et s’est fait un grand nom au sein de la bande dessinée franco-belge à travers sa participation à plusieurs collectifs, la mise en couleurs de Sheewokees dessiné par Olivier Brazao en 2003-2004, divers one shots comme "Mon voisin le Père Noël" en 2005 ou la réalisation de plusieurs couvertures de la série "La Compagnie des Glaces" à partir de 2006, avant d’affirmer, si besoin en est, son talent lors de sa première collaboration avec Jean Dufaux sur le "Bois des Vierges" en 2008.
C'est donc tout naturellement qu'elle s'impose – après le cycle du regretté Philippe Delaby terminé par Jérémy – sur "Complainte des landes perdues". Ce nouveau cycle intitulé "les Sorcières" lui sied à merveille. Une touche féminine élégante pour des héroïnes tantôt magnifiques, tantôt hideuses, mais toujours impressionnantes. Non seulement, elle maîtrise parfaitement ses personnages, tous charismatiques, mais aussi les costumes et les décors, notamment cette forêt luxuriante qui lui permet d’exprimer tout son savoir-faire et son talent de coloriste.
L’histoire ouvrant ce nouveau cycle, le troisième de la série, s’annonce prometteuse. On retrouve tous les éléments des premiers cycles, chevaliers, monstres, trahisons, etc. Mais Dufaux nous propose ici un récit plus ensorcelant mettant peut-être plus l’accent sur les femmes et davantage imprégné de fantastique, où les deux magies, la blanche et la noire, vont devoir s'affronter à un moment ou un autre pour qu’un nouveau monarque puisse monter sur le trône. Il s’appuie sur une dessinatrice brillante dont le travail soigné et fouillé mis en page de manière cinématographique semble lui faciliter la tâche. Comme toujours, Dufaux nous captive dès le début et on peut lui faire confiance pour gérer avec virtuosité l’insertion d’événements déclencheurs de nouvelles péripéties et la montée en puissance de ce nouveau cycle d’une série qui, rappelons-le, a été lancée en 1993.
Un nouveau cycle à ne pas rater.
Voir notre chronique du tome 2
SDJuan
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Meutes
- Par asbl-creabulles
- Le 04/11/2015
Lune Rouge
Scénario: Jean Dufaux
Dessin et couleur: Olivier Boiscommun
Editeur: Glénat
Dépot légal: Octobre 2015.
Histoire:
Otis Keller est une jeune adolescente qui comme toutes les filles de son âge aspire à sortir avec un garçon et en faire son petit ami. Otis a un petit frère, Oscar, âgé de 14 ans. Membre d’une confrérie secrète, leur père a prévu de faire son initiation lors de la fête du loup blanc afin qu’il accède à un rang supérieur au sein de la confrérie et puisse participer aux chasses durant certaines nuits de pleine lune. En fait, Otis déteste ces chasses où seuls les mâles sont acceptés. Un jour, un meurtre a été commis. Van Esse, le garagiste de la famille Keller, qui a découvert des gouttelettes de sang dans le coffre d'une voiture, décide de demander une grosse somme d'argent en échange de son silence car les affaires vont mal en ce moment. Son chantage sera bref car on retrouve son corps atrocement mutilé. Chargé de l’enquête, l'inspecteur Azedian découvre un carnet où figurent les noms de Keller et Becker ainsi que l’indication d’une somme de 100.000 euros. Une partie de chasse est alors organisée plus tôt que prévu, le gibier étant un certain inspecteur un peu trop curieux et tenace.
Mon avis: Un premier tome au scénario truffé de rebondissements, ce qui ne nous surprend guère compte tenu du tempérament impétueux des personnages créés par Dufaux pour cette histoire en deux tomes. Les loups-garous faisant partie intégrante de notre culture fantasmagorique comme les vampires, monstres et autres créatures fantastiques, Jean Dufaux s’en est emparés pour créer cet univers de confrérie exerçant un contrôle total sur ses membres mais les protégeant coûte que coûte, très semblable aux meutes aux mâles dominants, d’où le titre de la série. L’intrigue est bien construite et le résultat captivant.Le travail d’Olivier Boiscommun en couleurs directes contribue énormément à l’attrait de l’album, déjà par sa superbe couverture, empreinte de mystère et de mysticisme, qui nous intrigue et donne envie d'aller plus loin et de découvrir l’histoire, mais contrairement à cette couverture de couleur sombre, noir et rouge vif, l’album se présente dans des tons pastel, rendant la lecture très (trop ?) agréable. On attend donc la suite avec impatience pour connaître le destin à tout le moins préoccupant de la famille Keller et ses proches.
SDJ
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Hyver 1709
- Par asbl-creabulles
- Le 04/11/2015
Glénat
Histoire:
1709, en pleine guerre de succession d'Espagne, un hiver dévastateur vient aggraver un conflit qui semble ne plus finir. Le froid intense prive le peuple et les soldats du grain qui devient une denrée de plus en plus rare, voire inexistante. Aussi lorsque Loys Rohan propose aux ministres à Versailles d'acheter une cargaison de blé salvatrice. Le marché est évidemment vite conclu. Le blé se trouve à bord du navire du capitaine Téguise le Salétin. Guillaume, le complice de Rohan dans cette affaire et la seule personne à détenir le message indiquant le lieu choisi pour l'échange, est victime d’un accident qui très vite tourne mal.
Profitant de sa chute, un homme, en réalité un moine, n’hésite pas à le tuer et à découper l’une de ses jambes pour se repaître de sa chair. Mais surtout, il prend la fuite sur son cheval dont la selle contient le précieux message. Loys Rohan doit le retrouver dans les plus brefs délais, car il ne dispose que de 4 jours avant que le Capitaine Le Salétin lève l'ancre, laissant Rohan dans une situation, du coup, très peu enviable.
Mon avis:
Le scénario de Nathalie Sergeef et Philippe Xavier ne cherche pas à embellir cette époque particulièrement difficile et rude pour les hommes. Des personnages forts et charismatiques amplifient une situation dramatique dans laquelle chacun cherche à survivre, le peuple comme les soldats, tous rationnés et qui pour la plupart meurent de faim ou survivent difficilement le ventre vide, victimes de la famine.
Au dessin, Philippe Xavier fournit un travail remarquable et soigné, notamment dans de magnifiques scènes de course poursuite à pied ou à cheval dans de superbes décors de campagnes ou de forêts enneigées. L’ensemble est agrémenté, surtout dans les nombreuses scènes d’extérieurs, des très belles couleurs d’ambiance glaciale de Jean-Jacques Chagnaud. Un diptyque dont la première partie à la mise en scène soignée offre un résultat captivant et prometteur.
SDJ
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Les Cahiers Japonais
- Par asbl-creabulles
- Le 02/11/2015
Un Voyage Dans l'Empiire des Signes
Scénario, dessin et couleur: Igort
Edition: Futuropolis
Dépot légal: Octobre 2015
Après avoir lu "L'Emùpire des Signes" de Roland Barthes, pris comme exemple les cartes de Brian Eno "Stratégies Obliques" et ensuite nourri des préceptes de vie d'Ekiken, un samouraï à la fois médecin et botaniste, Igort tombera amoureux du Japon, présent en lui en pensée depuis son adolescence. En 1991, son rêve se réalise lorsqu’il évoque l'idée, novatrice selon lui, d'une collaboration entre auteurs nippons et européens devant Yuka Ando, la représentante des éditions Kodansha. En réalité, Katsuhiro Ôtomo et Alexandro Jodorowski sont déjà occupés à travailler ensemble sur ce nouveau concept, mais elle décide de l’inviter au Japon. En 1994, Igort signe son contrat avec un grand éditeur japonais. Sur place, il est logé dans un appartement certes de petite taille, à peine 14m², mais situé à côté du palais impérial dont les jardins majestueux vont devenir son lieu de prédilection pour se promener, dessiner et prendre des notes. Lorsqu’il reçoit le prix Morning Manga Fellowship, il est invité à prolonger son séjour à Tokyo en témoignage de gratitude. Il sera amené à faire des rencontres particulièrement intéressantes avec des auteurs qui deviendront des amis comme Jiro Taniguchi puis, plus tard, Hayao Miyazaki. Durant cette période, Igort s'intéresse aussi au cinéma japonais, notamment aux œuvres d'Hokusai Hiroshigé, ainsi qu’aux cartes postales, aux menkos (cartes à jouer japonaises), aux sumos, en fait à tout ce qui touche à la culture japonaise.
Puis un jour, on lui demande de réaliser quotidiennement 16 pages, une sorte de défi initiatique qu'Igort va relever haut la main non sans peine, incompréhension et parfois colère, mais réussissant à en produire 160 en deux semaines en prenant à peine le temps de se reposer. Retournant chaque année au Japon des années durant, il aura travaillé au total 11 ans pour le marché nippon. Tombé amoureux de ce pays qu'il connaît désormais à fond, Igort nous fait partager cet amour dans un style si particulier mais qui fonctionne à merveille. Tous ses dessins, croquis, récits et notes pris lors de ses séjours au Japon ont été réunis dans cet album paru chez Futuropolis sous forme de "roman graphique", véritable bande dessinée documentaire. Tout se suit, s'imbrique, se mélange dans un récit difficile à résumer car chaque chapitre mérite qu'on s'y attarde.
Ces Cahiers Japonais plairont sans aucun doute à tous les inconditionnels et passionnés du pays du soleil levant mais pas seulement. Ce voyage est prenant, émouvant, souvent didactique sans être rébarbatif. Un véritable hymne à la tradition, à la culture japonaise ancestrale mais aussi à celle beaucoup plus moderne que nous connaissons de nos jours à travers le 9e art dans son format manga. Nous souhaitons vivement faire partager le plaisir de cette lecture et donner envie à d’autres de s’y plonger à leur tour. Rappelons qu’Igort a déjà publié dans un genre plus militant les Cahiers ukrainiens en 2010 et les Cahiers russes sur la guerre oubliée du Caucase en 2012.
SDJ
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Face d'Ange
- Par asbl-creabulles
- Le 01/11/2015
Tome 2/2.
Scénario : Azpitarte Koldo
Dessin et couleur : Angel Unzueta
Dépot légal : septembre 2015
Editeur : Glénat
Histoire:
Paul Ares touche le fond. Accusé à tort et emprisonné pour le meurtre de sa femme qu'il n'a pas commis, il a également failli perdre sa fille Callie qu'il venait à peine de récupérer après des années de séparation à cause de l'alcool. Ce même alcool qui, des années auparavant, l’avait mis dans une situation quasi identique lorsqu’il s’était réveillé sans aucun souvenir dans une chambre d'hôtel à côté du cadavre d'une femme assassinée. Déjà à l'époque, son ami Bill était présent à ses côtés et l'avait sorti du pétrin. Amis, ils l'ont été jusqu’à l'armée mais à leur retour tout semblait les opposer. Car Bill a couché avec la femme de Paul, qui est retrouvée assassinée et leur fille, qui a été retirée à Paul à cause de ce meurtre, se retrouve finalement aux mains de Bill. Mais Callie est dans le coma et semble communiquer avec l'au-delà, un don qui serait héréditaire. La vérité pourrait-elle enfin apparaître au grand jour, quelles qu'en soient les conséquences?
Mon avis: Voici un bon polar fantastique qui va en surprendre plus d'un grâce à un dénouement digne des meilleurs films du genre. Au scénario, Koldo réussit à nous tenir en haleine et nous guider jusqu’à une conclusion surprenante. Si l'atmosphère pesante qui prévaut tout au long du récit est bien entretenue par un scénario efficace, elle bénéficie aussi largement de l’habileté et du savoir-faire d'Angel Unzueta au dessin grâce au recours à des jeux de couleurs pour les flashs-back, à une trame générale qui recrée l’ambiance des films des années 50 et à des illustrations caractéristiques de son talent dans les scènes mystiques auxquelles l’explosion de lumière donne toute leur crédibilité.
Un récit dur, magique et captivant avec des couvertures vintage collant parfaitement à l'intrigue. Du bon travail.
SDJ