Ce mois d'avril 2018 a marqué la 36e édition du "Salón Internacional del Cómic de Barcelona" (Saló internacional del Còmic de Barcelona) qui a une nouvelle fois animé le site de la Fira Barcelona-Montjuïc. Ni la pluie (du samedi), ni la manifestation en faveur de la liberté d’expression (qui s’est élancée de la Plaça d’Espanya le dimanche sous un soleil radieux) n’ont découragé les fans et passionnés en tous genres, qu’ils soient seuls, entre amis ou en famille, de profiter de ce moment du 12 au 15 avril (118.000 visiteurs ont été dénombrés, comme en 2016 et 2017). La place de l’Univers, restée vide de toute exposition ou animation hormis un espace de création libre peu fréquenté, paraissait encore plus grande à traverser ! Comme de coutume depuis quelques années, la plupart des activités les plus porteuses étaient concentrées dans le palais 2: stands des principaux exposants; stands des maisons d’édition, grandes ou plus petites (Ecc, Norma, Panini, Planeta mais aussi Astiberri, Dib-Buks, Diábolo, La Cúpula, Ominiky, Ponent Mon, Yermo, etc.); stands des distributeurs comme La Casa del Libro, la FNAC, El Corte Inglés, SD Distribuciones; mais aussi l’Artist Alley et l’espace dédié aux fanzines regroupant divers dessinateurs, illustrateurs, scénaristes ou coloristes proposant directement leurs travaux au public; et bien sûr, l’inévitable ou indispensable – au choix – mais à coup sûr très attractive zone de démonstration des jeux vidéo vu le nombre de fans (des ados principalement mais on pouvait aussi y croiser quelques trentenaires voire quadragénaires) ainsi qu’un nouvel espace nommé "Comic Kids" proposant un large choix d’ateliers, conférences et activités variées destinés aux enfants.
Cette année, Ficomic et sa nouvelle directrice Meritxell Puig n’ont pas eu à craindre la concurrence des Jornadas Comiqueras (organisées par SD Distribuciones en collaboration avec la FNAC). En effet, ce festival bien installé et jouissant d’une excellente réputation auprès du public et des auteurs tant espagnols qu’étrangers, notamment ceux travaillant pour la BD franco-belge, n’a pas eu lieu alors qu’il créait une saine émulation entre les deux événements. Plusieurs habitués des Jornadas Comiqueras n’ont pas fait le déplacement de Barcelone cette année et quelques visiteurs sur place nous ont avoué s’interroger sur les raisons de l'arrêt soudain d’un festival qu’ils appréciaient beaucoup. De même, des auteurs ont regretté la disparition des JJCCs qu’ils appréciaient pour la qualité de l’accueil et de l’organisation et où ils ont partagé des moments de convivialité inoubliables.
Tout au long de ce festival 2018, nous avons consacré plusieurs heures à visiter les différentes expositions présentées sur deux niveaux du palais 4, tout autour d’espaces réservés à des ateliers de dessin et d’animation et des classes magistrales pour les plus jeunes et de zones de lecture et de repos. La première exposition en pénétrant au rez-de-chaussée intitulée "Superlópez xJan" présentait une sélection d’originaux et de reproduction des planches, dessins et illustrations de la série Superlópez créée en 1973 par Juan López Fernandez alias Jan, qui est également l’auteur de l’affiche du festival Ficomic 2018.
De part et d’autre de cette exposition, d’un côté un projet solidaire piloté par l’asbl Dibujos por Sonrisas en faveur des réfugiés intitulé "Cómic en vivo con dibujos por sonrisas", présentant une vingtaine de toiles blanches sur lesquelles sont apparus au fil des jours des dessins, illustrations ou peintures réalisés par divers auteurs, et de l’autre une fresque murale de 10 mètres consacrée à la faune sauvage et intitulée "The Wild Women at Ficomix 2018", œuvre de l’artiste belge Frank Pé.
En montant, on découvrait successivement les expositions consacrées à Jaime Martín (récompensé au salon 2017 du prix de la meilleure œuvre d’un auteur espagnol publiée en 2016 pour "Jamás tendré 20 años" ["Jamais je n’aurai 20 ans"], à Javi Rey (récompensé en 2017 du prix de l’auteur espagnol révélation 2016) et au fanzine Paranoidland (récompensé en 2017 du prix du meilleur fanzine 2016).
En poursuivant, on accédait à la très belle et intéressante exposition dédiée à Josep Maria Martín Saurí, récompensé du grand prix du festival Ficomic 2017, permettant d’admirer une large sélection d’originaux provenant de ses principaux ouvrages notamment "Odiseo" (réédité avec succès en 2007 par Normal Editorial à l’occasion du 25e anniversaire de sa parution), "La Mariposa y la Llama" produit en collaboration avec Enrique Sanchez Abuli, "La conjetura de Poincaré" avec le scénariste Raule (Jazz Maynard) chez Diábolo Ediciones et des posters de Conan. En face, sous l’égide de la Escuela Joso, on pouvait découvrir une série d’illustrations réalisées par une trentaine d’auteurs ayant exprimé leur vision personnelle des personnages de la série "Dead Inside", parmi lesquels Roger Ibañez, r.m. Guéra, Toni Fezjula, Diego Olmos, Fernando Blanco, etc.
Le palais 5, zone d’accueil et porte d’entrée au salon pour les détenteurs d’une accréditation, proposait également deux expositions, l’une intitulée "Jack Kirby The King of Comics" montrant une rétrospective de sa carrière, illustrée par une belle sélection d’originaux de ses innombrables travaux,
l’autre intitulée "Las Revistas del Boom del cómic (para adultos)", donnant l’occasion de découvrir le travail d’une cinquantaine d’artistes (qui ont débuté leur carrière dans différentes publications espagnoles comme El Víbora, Bésame Mucho, Comix internacional, Creepy, Zona 84, Kiss Comix et bien d’autres).
C’est également dans les salles et l’auditorium de ce palais 5 que se sont déroulés les conférences, tables rondes, master class, projections de films et documentaires, remises des prix, et autres rencontres avec les auteurs ainsi que les nombreuses présentations des nouveautés des différentes maisons d’édition. Grand succès également dans l’espace Comic Pro dédié à la rencontre entre jeunes auteurs et maisons d’éditions espagnoles et étrangères, en particulier les célèbres éditeurs américains.
Beaucoup d’auteurs espagnols étaient présents comme Carlos Pacheco, Josep Homs, Oriol, David Morancho, Jaime Martín, Daniel Torres, Rubén Pellejero, Sergio Sandoval, Belén Ortega, Gabor, Miguel Díaz Vizoso (qui vit en Belgique), Alberto Jimènez Alburquerque (Aja), Óscar Martín, Jordi Bernet, Marcial Toledano, Paco Roca, Ana Oncina, David López, Jesús Alonso Iglésias, et Jaime Calderón toujours aussi disponible pour son public grandissant sur le stand de Yermo Ediciones partagé avec la Escola femART (dont il est le directeur artistique), ainsi qu’Alex Sierra, Sergio Dàvila, Francis Portela, Javi Casado, Montse Martín et bien d’autres mais aussi Ester, l’épouse de Jaime, Jorge, son frère, et Quiquo, tous professeurs à l’école femART. N’oublions pas dans l’Artist Alley, Claudio Stassi, Rafa Garres, Ramon Bachs. Parmi les invités étrangers, nous avons reconnu l’italien Vittorio Giardino toujours aussi aimable et souriant, le très sympathique auteur allemand Ralf König, le français Fabrice Parme, les américains Matt Fraction et Roy Thomas, le belge Frank Pé, le japonais Stan Sakaï (installé en Californie et n'ayant jamais été publié au Japon), l’argentin Leonel Castellani, etc.
Bien que très sollicités, tous ces auteurs se sont montrés très affables et disponibles, acceptant volontiers de faire des selfies ou un brin de causette avec leurs lecteurs et admirateurs. Le personnel des stands d’édition s’est montré efficace pour gérer les (longues) files d’amateurs de dédicaces (notamment pour Carlos Pacheco, Stan Sakaï, Vittorio Giardino, Jordi Bernet, Ana Oncina, Ralf König et les quelques auteurs américains présents au festival comme Matt Fraction ou Roy Thomas) et a su se montrer à l’écoute du public même dans les pires moments. L’obligation d’achat d’albums en espagnol s’est généralisée et est bien acceptée (par les visiteurs étrangers). Côté négatif, on peut regretter qu’il soit désormais impossible pour les visiteurs d’un jour de sortir de l’enceinte du festival et d’y revenir. Cette nouvelle mesure a été ressentie comme une incommodité par tous ceux qui souhaitent faire une pause durant la journée. La gestion des longues files d’attente aux guichets pour les tickets d’un jour a également connu des petits ratés et quelques moments de confusion. Beaucoup de visiteurs ont regretté la diminution du nombre de libraires indépendants proposant des BD et comics neufs et d’occasion.
Lieu de promenade et de divertissement pour la plupart des visiteurs, en majorité des jeunes mais aussi des familles (beaucoup de cosplayers dont beaucoup arboraient des tenues réalisées avec talent et une pointe d’inventivité), lieu incontournable pour tous les collectionneurs et/ou fans de dédicaces/signatures d’auteurs, lieu culturel pour tous les amateurs d’expositions de dessins, illustrations et planches originaux, lieu de rencontre entre auteurs et lecteurs, entre auteurs et professionnels de la BD et de l’édition, mais aussi entre auteurs (pour qui le festival est souvent l’occasion de reprendre contact ou de se retrouver autour d’un verre), Ficomic a atteint son but même si l’on a ressenti une participation moindre (à l’exception de la journée du samedi qui reste la plus chargée) et un enthousiasme également moindre (les amateurs et passionnés de BD ont jugé l’affiche de cette année plutôt nationale qu’internationale malgré la présence de l’italien Vittorio Giardino, des américains Roy et Dann Thomas et Tillie Walden, des britanniques David Lloyd, Dave McKean et Jamie Delano, du belge Frank Pé ou de l’allemand Ralf König.
Créabulles tient tout particulièrement à remercier les auteurs en majorité espagnols (plus un italien et un argentin) qui ont accepté de participer à notre opération caritative 2018 en dédicaçant leurs albums avant ou pendant le festival. C’est une marque de confiance qui nous va droit au cœur. Un tout grand merci à Jésus Alonso Iglesias, Jaime Calderón, Leonel Castellani, Jaime Martín, Diego Olmos, Belén Ortega, Rubén Pellejero, Sergio Sandoval, Claudio Stassi et Marcial Toledano.
Prochains rendez-vous sur le site de Fira Barcelona-Montjuïc: le XXIV Salón del Manga de Barcelona (du 1er au 4 novembre 2018) et le 37e Salón Internacional del Cómic de Barcelona (du 4 au 7 avril 2019).
Palmarès du Festival 2018
- Grand prix du festival Ficomic 2018: Laura Pérez Vernetti
- Prix de la meilleure œuvre d’un auteur espagnol publiée en 2017: "Pinturas de Guerra" d’Ángel de la Calle paru chez Reino de Cordelia.
- Prix de la meilleure œuvre étrangère publiée en Espagne en 2017: "El arte de Charlie Chan Hock Chye. Una historia de Singapur" de Sonny Liew paru chez Dibbuks/Amok Ediciones.
- Prix de l’auteur révélation espagnole 2017 parrainé par la Fundación Divina Pastora: Ana Penyas pour "Estamos todas bien".
- Prix du meilleur fanzine espagnol 2018: "Los Diletantes".
- Prix de la meilleure œuvre par vote du public: "Alma Cubrae" de Gonzalo Torné de la Guardia (scénario), Sergio Sandoval (dessin), Mado Peña (couleurs) publié chez Evolution/Panini Cómics.
FPatrick et SDJuan
Date de dernière mise à jour : 23/04/2018
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