VINCENT. Un saint au temps des mousquetaires
- Par asbl-creabulles
- Le 14/11/2016
Scénario : Jean Dufaux.
Dessin: Martin Jamar.
Couleurs : Martin Jamar.
Edition : Dargaud.
Dépot légal : Octobre 2016.
Histoire:
Paris, XVIIe siècle. Chaque jour le père Vincent arpente les rues d’une ville qu’il connaît bien, tout comme sa population, les habitants de sa paroisse bien sûr mais d’une manière générale les êtres humains, peu importe leur rang dans la société, leur occupation ou leur façon de vivre. Jérôme, un jeune garçon que Vincent connaissait bien, est retrouvé mort, assassiné. Inquiet de la tournure que prend l'enquête de police, il décide de mener sa propre enquête pour comprendre ce qui a pu se passer. Manon, la dernière personne à avoir vu Jérôme vivant, est une fille de joie dont le prêtre vient de racheter la liberté pour 6000 livres au tenancier du bouge où elle travaille, un certain Monsieur D'Aubrac. Manon aurait aperçu Jérôme à moitié ivre, en compagnie de ce Monsieur D'Aubrac et d’un autre homme peu ragoûtant au visage laid et grêlé. Étalant sa richesse, Jérôme était prêt à payer le prix fort pour passer un bon moment avec elle. Manon s’en souvient bien car à peine arrivé dans la chambre, Jérôme s’est effondré sur le lit et aussitôt endormi. En recoupant d’autres indices, le père Vincent va vite comprendre que l’homme au visage vérolé, La Couture, travaille pour le Duc d'Entragues, l'époux de la défunte mère de Jérôme, Anne d'Entragues. Le duc l’aurait engagé comme homme de main pour exécuter ses basses besognes. Animé par la volonté de faire la lumière sur la mort de Jérôme, le Père Vincent va mener une enquête acharnée en parallèle avec sa vie faite de prières, d’action charitables envers les pauvres et les nécessiteux, mais aussi de visites au roi Louis XIII qu’il accompagnera jusqu’à son dernier souffle.
Mon avis: Avec cet album, Jean Dufaux fait une incursion dans l’univers de la religion et des saints en faisant le choix à ses yeux évident d’un personnage historique ayant œuvré toute sa vie pour soulager la misère matérielle et morale. Dufaux ne s’est pas chargé d’écrire son hagiographie. Il nous propose une tranche de la vie de ce père qui ne craignait pas d'affronter les pires crapules des bas-fonds, mais qui n'hésitait pas non plus à tenir tête aux riches sans pour autant les calomnier ou les repousser, sachant qu'il aurait besoin de leur soutien pour aider les pauvres.
Un homme pragmatique donc, sachant mobiliser les dames de la noblesse et de la bourgeoisie pour ses œuvres de bienfaisance. Même le roi Louis XIII le fera venir auprès de lui pour l'accompagner dans ses derniers instants. Dufaux mélange habilement les genres historique et polar – le récit réaliste du futur Saint-Vincent de Paul et de son entourage et une enquête policière impliquant des personnages imaginaires – le tout sur fond de cape et d'épée dans ce Paris du XVIIe siècle où la vie ne tenait souvent qu'à un fil et où la religion occupait une place essentielle.
La partie illustration a été confiée à Martin Jamar qui a déjà collaboré avec Jean Dufaux sur les séries "Voleurs d’Empires" et "Double Masque". On prend plaisir à retrouver ici tout le talent de Jamar, un trait fin et précis, enrichi d’une infinité de détails, des cases superbes respectueuses de la réalité historique et des couleurs donnant de la profondeur au dessin. Le résultat est soigné et visiblement très documenté. Encore un bel album qui ravira autant les amateurs passionnés de beaux récits historiques que les fans d’investigations et de polar.
A noter: un album en N&B à tirage limité accompagné d'un ex-libris numéroté et signé a été publié chez PerspectivesArt9.