THORGAL SAGA 1
- Par asbl-creabulles
- Le 19/03/2023
Tome 1 . Adieu Aaricia
Scénario : Robin RECHT
Dessin : Robin RECHT
Couleurs : Gaétan GEORGES
Adapté de : Jean Van Hamme & Grzegorz Rosinski
Dépot légal : février 2023
Editeur : Le Lombard
Grand format
EAN/ISBN : 978-2-8036-7906-5
Nombre de pages : 110
Ce merveilleux livre mérite que je le feuillette avec vous.
Mais avant laissez-moi écrire quelques lignes d’introduction.
Il y a trois ans, il est proposé à Robin Recht d'écrire et de dessiner une aventure de Thorgal en dehors des chemins de la série classique (continuée par Yann et Vignaux, dont le dernier récit m’a décidé à arrêter la série… ça veut tout dire).
Aaricia sera donc le premier album à inaugurer cette nouvelle collection au Lombard, intitulée Thorgal Saga !
Quel honneur pour Robin !
Honneur autant mérité que cet album est de toute beauté.
Il a mis tout son talent d’auteur complet pour faire vivre un récit adulte où les personnages prennent une dimension plus humaine que de simples créatures de papier malmenées dans des récits guerriers, de vengeance, de quête dans un univers de légendes, de contes, de fantastique ou de SF habilement concocté par l’imagination sans fin de Van Hamme et si magnifiquement dessiné par Rosinski.
Une des meilleures BD d’aventures épiques sans aucun doute avec des personnages inoubliables et si attachants.
Robin Recht en s’inspirant du trait de Rosinski (et non en le copiant comme j’ai pu lire) met tout de suite le lecteur à l’aise.
Nous sommes bien dans le monde de Thorgal.
Mais ici (avis personnel), c’est plus qu’une aventure divertissante ou inquiétante.
Il y a une dimension intérieure plus riche.
Les tourments vécus par les personnages nous semblent plus proches.
Dans les derniers récits de Van Hamme et Rosinski, Thorgal est souvent éloigné d'Aaricia et n’aspire qu’à la retrouver mais il doit vivre ses aventures avant…
Ici aussi, Thorgal veut retrouver Aaricia mais le lecteur sait que ce sera plus dramatique qu’une simple aventure…
Robin Recht, humble et modeste, dit dans les interviews qu’il ne fait que prendre des personnages emblématiques et qu’il les fait vivre en attendant que d’autres prennent la suite dans cette Thorgal Saga.
Peut-être mais j’ajouterai qu’il est digne et mérite de redonner vie à Thorgal et sa famille afin que ce héros ne disparaisse dans des scénarios et des traits confus…
Ce livre est plus qu’une BD, qu’une aventure. C’est un jalon dans la vie d’un personnage de papier emblématique.
C’est une œuvre ! Simplement…
Merci Robin Recht.Maintenant, feuilletons-le ensemble.
Je devine que vous allez relire cette chronique en ayant le livre en main
Sur la couverture, les tons bleu nuit indiquent le moment où Thorgal, les épaules affaissées, observe la combustion d’un drakkar.
Des flammes, s’échappe une fumée donnant naissance à une Aaricia jeune aux yeux inquiets.
Tous les éléments portent le regard vers le feu. Les collines à gauche et à droite. Le personnage vêtu d’un manteau sombre et bien campé dans la neige accroche nos yeux qui deviennent les siens. La couleur des lettres proche de celle du feu.
Quel équilibre parfait pour cette couverture !
Et les trois flèches plantées, celles qui dépassent du carquois, l’arc sont des symboles dans l’histoire de Thorgal et dans ce récit (mais le lecteur ne le sait pas encore), elles auront une valeur significative.
Les pages de gardes montrent une rive ou une ombre seule est en attente.
10 pages de prologue s’ouvrant par 4 cases dont la grande d’ouverture montre le rocher où tout a commencé.
Je vous laisse contempler ses vignettes quasi muettes où la douleur de Thorgal est tellement sensible.
Apparait le serpent Nidhogg sublimé par le dessinateur.
Les deux dernières planches du prologue avec l’anneau dans la neige et la destruction du drakkar attestent de la réflexion de l’auteur devant ses brouillons avant la composition de ses planches au langage parfait.Le titre.
Le récit commence sur la plage puis au village où nous allons revivre un instant passé avec Aaricia et Thorgal enfants.
Mais il y a des modifications importantes et de nouveaux personnages.
Les skraenlingar et Skraeling-la-noire, race de très haute taille.
C’est une évidence, Rosinski est un maître pour dessiner la beauté féminine mais Robin Recht le sait et ne s’y frotte pas. Toutefois Skraeling-la-noire est impressionnante et dégage une force mesurable.
L’intrigue en quelques mots : Solveig, la fille du roi Gandalf est blessée et Aaricia a disparu.
Je n’aime pas raconter l’histoire dans mes chroniques.
Je vous laisse tourner les pages aux teintes connues, voir pages 32 à 37.
La confrontation entre les deux Thorgal. Quelle richesse de sentiments !
Puis on dirait le grand-père et son petit-fils mais c’est le passé sage et expérimenté avec le présent fougueux et enthousiaste.
La rencontre avec l’ennemi, d’une violence bien marquée.
Un moment de répit dans un autre village éprouvé par une attaque.
Robin Recht soigne les personnages qui mènent l’action et les figurants sont esquissés. Comme au cinéma, ils remplissent l’espace mais sont sitôt oubliés par le spectateur. Ici évidemment, les traits plus succincts seront remarqués mais seulement si on arrête sa lecture.
Arrêtez-vous plutôt au langage des cases. Tellement parfait qu’il en est jubilatoire.
Ces compositions entraînent le lecteur dans un récit si beau, si profond, si humain.
La traversée du fleuve sera un nouveau moment inoubliable pour le jeune Thorgal.
Quand le vieux sera encore tourmenté par le serpent.
Le final sera terrible.
Après des pages dans les tons froids (70 à 73) viennent le feu et le sang de l’affrontement sanglant et barbare.
Suivez les flèches de Thorgal !
Gandalf, Skraeling et ses guerriers, les deux Thorgal sont d’une bravoure extrême.
Et le talent du dessinateur nous fait vivre aussi des sensations extrêmes.
Et sans limite de pages !
Cette liberté est aussi dans la réussite de l’album et de son ensemble.
Page 90, un drame qui se termine par un dernier affrontement d’une force jamais ressentie dans la saga surtout que le lecteur est confronté par toutes les réflexions des pages antérieures.
Page 100, quelle souffrance pour les Thorgal…
Page 102, l’épilogue en 7 pages.
Le rouge domine.
Le serpent aussi
Et le jeune Thorgal est devenu un autre qui ne peut plus vivre les aventures que nous connaissons…
Un chef d’œuvre !
M. Destrée