SUITES ALGÉRIENNES
- Par asbl-creabulles
- Le 20/06/2021
Suites algériennes - 1962-2019 - Première partie
Scénario : Jacques FERRANDEZ
Dessin : Jacques FERRANDEZ
Couleurs : Jacques FERRANDEZ
Préface : Jean-Paul MARI
Dépot légal : mai 2021
Editeur :
Format : 18,4 x 26 cm
ISBN : 978-2-203-20296-2
Planches : 144
Jacques Ferrandez revient sur l’histoire de l’Algérie postcoloniale, après son accession à l’indépendance en 1962. Ce n’est qu’en 1991 que le peuple algérien sera appelé à participer aux premières élections législatives démocratiques. Mais devant la montée de l’islamisme (incarné par le FIS - Front islamique de Salut), l’armée intervient et proclame l’annulation des élections. C’est la guerre civile qui va mener le pays à une décennie de violence avec d’un côté l’armée qui se targue d’avoir libéré le pays de la colonisation française, et de l’autre, pêle-mêle, les "islamistes" brandissant le Coran, les pieds-noirs, les pieds-rouges, des femmes défendant leur liberté… et la France.
Paul-Yanis Alban, fils d’Octave et Samia que l’on a côtoyés dans les cinq albums des Carnets d’Orient consacrés à l’Algérie, désormais journaliste de la télévision française est envoyé sur place pour couvrir les événements.Mon avis : Qui mieux que Jacques Ferrandez pouvait nous raconter ces années de l’histoire de l’Algérie ? Lui qui après cinq Carnets d’Orient retraçant l’histoire de ce pays depuis sa conquête par la France en 1830 jusqu’à 1954, début de la guerre qui mènera à l’indépendance, suivis par cinq autres albums, aujourd’hui regroupés dans une nouvelle intégrale intitulée Carnets d’Algérie (anciens tomes 6 à 10 des Carnets d’Orient) qui retracent l’époque allant de 1954 à 1962.
"Suites Algériennes" (deux tomes annoncés) traite de l’Algérie libre et indépendante sauf que la population, majoritairement jeune, estime que cette liberté retrouvée a été bafouée et qu’elle-même est une "laissée-pour-compte". L’album débute par le voyage que l’auteur effectue en Algérie en 2019 en pleine révolte de la jeunesse. C’est le Hirak (qui culminera lors de l’anniversaire de l’insurrection du FLN de 1954), cet ensemble de manifestations pacifiques à caractère politique visant à réformer le pays en profondeur. Les slogans des manifestations sont clairs: "Pas de vote avec la bande", "Système dégage". Tous et toutes défilent avec un seul mot d’ordre : "Rendez-nous notre indépendance", qu’ils/elles ont le sentiment d’avoir perdue après le coup d’État de Houari Boumedienne en 1965. C’est ce mouvement qui a donné l’idée à Jacques Ferrandez de nous raconter l’Algérie depuis 1962. Alors qu’il voulait passer à autre chose, il s’est senti comme obligé de continuer ses récits sur cette période de l’après colonialisme, au vu de tout ce qui s’y est passé et s’y passe toujours depuis plus de 50 ans.l nous revient donc en mettant en scène quelques-uns de ses personnages, déjà vus lors des périodes précédentes dans ses autres albums, tels les nouveaux épisodes d’une série à succès. Et, surprise, il s’est illustré lui-même dans cet album où on le reconnaît aisément. Jacques Ferrandez revient sur ces périodes avec le savoir-faire qu’il a accumulé depuis plus de trente ans sur le sujet. Il nous propose ce récit captivant qui telle une galerie de portraits donne la parole à divers intervenants, chacun nous proposant sa vision des événements.
On retrouve avec plaisir son dessin réaliste faisant la part belle aux tonalités pastel. Paysages, décors urbains, bâtiments donnent lieu à de superbes aquarelles. Les personnages sont expressifs et vivants. Le récit s’anime sous nos yeux, on participe aux manifestations, à la réflexion des uns, au débat des autres. On ressent souvent la tension.
Un ouvrage donnant envie d’en savoir davantage sur l’histoire déchirée de l’Algérie.
SDJuan