Sables Noirs
- Par asbl-creabulles
- Le 24/03/2015
20 semaines au Turkménistan.
Scénariste: Troubs.
Dessinateur: Troubs.
Editions: Futuropolis.
Dépot légal: Mars 2015.
Histoire:
En 2009, Troubs se rend en Asie centrale dans un État méconnu et secret, le Turkménistan. Doté d’un régime politique à parti unique nationaliste, le pays est membre de l’ONU mais ne dispose d’aucune ONG. Même Amnesty International ne peut s'y rendre. Occupé par les Russes pendant plus d'un siècle, le pays s’efforce de (sur)vivre depuis son indépendance en 1991. La culture y est quasi inexistante, y compris la simple lecture. Dessinateur de métier, Troubs a été invité par le centre culturel français d’Achgabat, à la frontière iranienne, dans le cadre du "projet Prévert" destiné à promouvoir la culture par le biais de la poésie. Les livres sont rares au Turkménistan et contrôlés par le pouvoir à l’exception du Coran, que l'on trouve partout sous les formes et les formats les plus variés, et du Ruhnama, sorte de recueil de préceptes religieux, réflexions philosophiques, communistes, légendes et références historiques mettant en avant le peuple turkmène et son leader, écrit par le président Niyazov en 2001 et qui fait partie intégrante du programme scolaire. Une tâche considérable mais exaltante attend notre dessinateur qui, cette fois, sera entouré par d'autres artistes locaux.
Mon avis: Troubs nous relate au quotidien son voyage depuis la France jusqu'au Turkménistan en nous faisant vivre avec passion chaque instant de ce périple qui en aurait refroidi plus d'un dans un pays aussi secret et silencieux où kidnapping et racket sont largement répandus. Durant son voyage, Troubs réussira à passer à travers sans encombre et il nous offre cet album sous forme de carnet de voyage. Le récit est largement agrémenté d’illustrations dans lesquelles il nous présente des constructions de style architectural grandiose de part et d'autrre du désert de sables noirs qui se trouve en plein coeur du pays, des routes dépeuplées, des yourtes, des chameaux mais surtout le quotidien particulièrement difficile des habitants. Si le tout est présenté avec l'humour pour ne pas offenser les Turkmènes, il réussit à nous faire partager l’étonnement et les silences qui caractérisent ce peuple secret fortement marqué par l'occupation russe. Le dessin simple, en noir et blanc, est parfait pour décrire ce voyage fantastique.
Dommage que les poèmes de Prévert n’aient pas encore été publiés à ce jour au Turkménistan.
(SDJ)